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Conversation avec Donald Kaberuka, économiste, septième président élu du groupe de la Banque africaine de Développement (BAD) depuis le 1er septembre 2005. En qualité de Président, Donald Kaberuka préside le conseil d’administration de la Banque africaine de développement et celui du Fonds africain de développement. La Banque africaine du développement a 77 membres et elle est une des cinq principales banques de développement dans le monde qui assiste les Pays dans la réalisation de leurs objectifs de développement. De 1997 à son élection à la tête de l’organisation économique internationale, il a été ministre des Finances et de la Planification économique du Rwanda et il est reconnu comme le principal architecte de la réussite du programme de reconstruction et de réforme économique de son pays, en situation de postconflit. Il a commencé et mis en oeuvre des réformes économiques dans les domaines fiscaux, monétaire et budgétaire, y compris l’indépendance de la Banque centrale. Ces réformes ont été couronnées par la reprise largement reconnue de l’économie du Rwanda et par une croissance économique soutenue. L’entretien a été développé auprès du Parlement européen au mois de septembre 2009 où le Président de la Banque africaine de développement a été en visite.

Antonio Torrenzano.Pendant votre visite auprès du Parlement européen, vous avez affirmé que l’Afrique a été durement touchée par la crise économique et qu’un milliard de personnes ne peuvent pas être ignorées. L’Afrique a en effet enregistré depuis des années, le début d’un décollage économique très perceptible. Mais avec la crise mondiale, je m’interroge sur l’avenir de ces succès économiques africains.

Donald Kaberuka. Cette crise est très mal tombée et qui affirmait que l’Afrique était découplée de la crise financière mondiale, il a affirmé une notion complètement fausse. Si vous regardez l’Histoire de l’Afrique de 40 dernières années, une grande part des problèmes économiques étaient générés par des facteurs internes au Continent africain. Cette crise est due, en revanche, à des facteurs totalement extérieurs. Les flux de capitaux, presque 54 milliards de dollars, qui sont en Afrique désormais plus élevés que l’aide étrangère au continent (50 milliards de dollars), ils ont commencé à diminuer. Ces flux de capitaux financent principalement les infrastructures et le secteur minier. Par la crise financière et puis économique, ces financements ont commencé à se retirer. Depuis septembre 2008, la bourse au Nigeria est tombée de 60% ; au Kenya de 40%. La solution donc devra venir de l’extérieur.

Antonio Torrenzano. J’ai toujours cru et, malheureusement, l’évolution de la conjoncture depuis un an a confirmé les craintes que l’on pouvait avoir : il n’y a pas de zone qui échappe aux conséquences de cette crise.

Donald Kaberuka. Nous avons mis un milliard de dollars sur la table pour éviter l’effondrement du commerce, ce qui représente une belle somme pour la Banque africaine de développement. Nous avons débloqué aussi un appui budgétaire supplémentaire. Il y a des régions en Afrique, notamment à l’est, où l’intégration régionale et le commerce ont augmenté de façon phénoménale au cours des dix dernières années. Et nous voyons que ce sont ces régions qui résistent le mieux à la crise. Cela n’est dû ni aux minéraux, ni au pétrole, mais aux réformes importantes et au développement d’un marché au niveau régional. L’enjeu pour nous est de maintenir le rythme des réformes et de l’intégration régionale.

Antonio Torrenzano. Pourquoi la diversification de l’économie africaine est-elle une question prioritaire de la stratégie de la banque africaine de développement ?

Donald Kaberuka. La diversification de l’économie africaine a été lente. L’Afrique ne peut être indéfiniment dépendante des matières premières. Nous devons investir dans les infrastructures, les compétences et soutenir le secteur privé. C’est au cœur de notre stratégie. C’est pour tout ça, par exemple, que nous avons consenti un prêt au Botswana pour qu’il réduise sa dépendance aux diamants. Par la même stratégie, nous avons aidé l’État de la Zambie à être moins dépendant du cuivre. Aujourd’hui, la plus grande partie du continent vit en paix. Maintenant, il faut créer de la confiance. En tant que banque, nous pensons que le meilleur moyen de le faire, c’est d’encourager les pays à coopérer en matière économique.

Antonio Torrenzano

 

 

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Le prochain sommet du G20 à Pittsburgh quelles mesures prendra-t-il pour répondre aux besoins des Pays à faible revenu ? Pour ce qui concerne les engagements de l’aide publique mondiale au développement (APD), la réunion internationale des Chefs d’État et de gouvernement ira-t-elle au-delà des déclarations de principes ?

La crise économique a des effets économiques et sociaux sur les pays africains dangereux. Notamment la baisse des recettes d’exportation et la forte réduction des entrées de capitaux et d’importants déficits budgétaires qui ne permettent pas de recourir aux mesures de relance budgétaire comme le président du groupe de la Banque africaine de développement Donald Keberuka a souligné il y a quelques jours à Strasbourg près du Parlement européen.

La Banque mondiale estime que l’urgence de développement déclenchée par la crise économique menace de précipiter 90 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté et de mettre les objectifs du Millénaire pour le développement hors de portée. Pour Shanta Devarajan, économiste en chef pour la région Afrique à la Banque mondiale, l’impact de la crise financière et économique globale a quatre canaux pour l’Afrique. «D’abord, il y a les flux de capitaux. Ces flux représentent maintenant à peu près 53 milliards de dollars. Le niveau de flux de capitaux est désormais plus élevé que l’aide étrangère en Afrique (celle-ci s’élève à peu près à 50 milliards de dollars). Ces financements et ces flux de capitaux financent principalement les infrastructures et le secteur minier. Les flux de capitaux sont beaucoup plus diversifiés. Et, comme la crise est une crise du capital, ces flux de capitaux en Afrique ont commencé à diminuer. La République Démocratique du Congo, affirme toujours l’économiste de la Banque mondiale, a calculé que les financements en provenance de l’étranger vont diminuer de 1,8 milliard de dollars. Ça, c’est sérieux, parce que, comme je viens de le dire, ces investissements financent les infrastructures dont l’Afrique a besoin. Et maintenant, on ne peut pas financer ces projets qui sont très importants pour la croissance africaine».

Le deuxième canal de transmission, a affirmé toujours Shanta Devarajan pendant un colloque près de l’Institut français des relations internationales, « est celui des transferts de revenus des travailleurs africains qui travaillent à l’étranger, et qui envoient leur argent à leurs familles en Afrique. Ce niveau a augmenté jusqu’à 20 milliards de dollars en 2008, et maintenant on pense que ce niveau va diminuer, ou être constant en 2009. Cette fois, le problème est un peu plus sérieux, car nous avons pensé aux transferts de revenus comme un outil contracyclique. Quand l’économie a une récession, normalement les transferts de revenus augmentent. Mais cette fois-ci la crise a commencé dans les pays où les travailleurs migrants vivent, où ils travaillent. Pour l’Afrique, c’est beaucoup plus sérieux parce que 77% des transferts de revenus viennent de l’Europe de l’Ouest et des États-Unis» . Donc, même seulement avec les transferts de revenu, on peut avoir une récession très sérieuse dans quelques petits pays par exemple le Lesotho.

Troisièmement, il y a la question de l’aide étrangère continue Shanta Devarajan qui affirme : «ça, c’est un petit mystère, car on ne sait jamais ce qu’il va se passer avec l’Aide étrangère. Tous les gouvernements, tous les bailleurs de fonds, ont dit qu’ils vont maintenir les montants de l’aide. Malgré les promesses des bailleurs de fonds, je me demande si on peut maintenir ce niveau d’aide étrangère. Mais entre les promesses faites en 2005 et la réalité d’aujourd’hui, il y a l’événement bouleversant de la crise économique mondiale. Quatrièmement, c’est le prix des produits primaires. Cette chute de prix des produits primaires a produit une diminution pour les Pays du continent africain de liquidité monétaire. Il y a encore un autre aspect de cette crise dont il faut tenir compte, c’est que quelques pays africains avaient de grands déséquilibres macroéconomiques avant la crise. Si vous ajoutez ce problème aux autres, affirme toujours Shanta Devarajan, le résultat est un taux de croissance moyen de l’Afrique qui va diminuer presque de 2 points de pourcentage du PIB cette année. Le taux de croissance de 2008 fixé à 5,4%, il a été 3,3% ». Maintenant, cette diminution, cette chute du taux de croissance créeront des problèmes très importants dans le moyen terme. Quoi faire alors ? Quelles mesures pour limiter les impacts prendra-t-il la réunion internationale de Pittsburgh ?

Seulement une constatation : l’augmentation de la pauvreté en Afrique conduit à l’instabilité politique et même à l’effondrement des États du continent. Cette instabilité politique a comme conséquence un impact direct sur toute la communauté internationale. La Somalie est un exemple très clair.

Antonio Torrenzano

 

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Conversation avec Kenneth Rogoff, essayiste, professeur auprès de l’université de Harvard, ancien économiste près du Fond monétaire international, il écrit régulièrement des articles d’économie pour l’hebdomadaire Les Échos. En janvier 2009, lors d’un congrès de l’association américaine American Economic Association (AEA), Rogoff et Carmen Reinhart de l’Université du Maryland ont présenté les fruits de leurs recherches sur les impacts économiques des crises bancaires. Analysant les effets de 14 crises bancaires sévères, incluant celles survenues pendant la Grande Dépression, en Suède et au Japon, ils affirment que les conséquences négatives de la crise financière de 2008 sur l’économie américaine se prolongeront au moins jusqu’en 2011. Les deux auteurs estiment aussi que le taux de chômage atteindra au minimum 11% aux États-Unis avant de diminuer. Par ailleurs, la crise immobilière américaine prendra au moins cinq ans à se résorber à partir de 2009 et le prix des maisons pourra perdre en moyenne 36% de leur valeur maximale. Auteur de nombreux essais techniques, traduits dans plusieurs langues étrangères, dont l’essai écrit en collaboration avec Maurice Obstfeld, «Foundations of International Macroeconomics», MIT Press, New York, 1996. Son dernier livre avec Carmen Reinhart est titré «This Time is Different: Eight Centuries of Financial Folly» . Le dialogue s’est développé à Rome pendant la réunion internationale du G30 au mois de mai 2009.

Antonio Torrenzano. Les États occidentaux sont encore obligés à soutenir avec des aides économiques leurs économies, mais ce soutien financier doublera la dette publique des États occidentaux. Qu’est-ce qu’il arrivera aux États-Unis ?

Kenneth Rogoff. La dette publique américaine doublera sa valeur d’ici au 2014. Pour la nation américaine, il coutera très cher de mettre à zéro cette valeur passive. D’ici au 2014, la dette publique des États-Unis sera semblable à celui de quelques États européens, par exemple comme l’Italie. La croissance économique américaine de bref terme aura un coût énorme dans une longue période temporaire et les familles américaines sans aucune différence de revenu, elles devront payer le poids de la dette publique.

Antonio Torrenzano. Mais un très long soutien monétaire public peut-il être la réponse décisive?

Kenneth Rogoff. Le soutien public fonctionne parce que dans les poches des citoyens il y a encore de l’argent, mais dans quelque temps aussi celles-là se videront. Nos modèles montrent qu’aussi une économie pesamment endettée peut, en théorie, continuer à vivre pour des années, mêmes décennies, avant de s’écrouler. Pour le moment, jusqu’à quand l’État conservera du crédit la crise sera contenue. La mauvaise nouvelle est que le rythme par lequel la dette publique est en train de grandir, ceci pourrait provoquer une deuxième violente vague de crises financières d’ici à peu. Aujourd’hui, la dette publique du monde occidental a atteint des niveaux comparables à une situation d’après-guerre. Il est évident que la stratégie contemporaine n’est pas soutenable.

Antonio Torrenzano. Alors, si cette stratégie est insoutenable, jusqu’à quand pourrons-nous continuer à accumuler de la dette publique ?

Kenneth Rogoff. Nous ne le savons pas. À présent, nos modèles macro-économiques ils peuvent souligner les Pays qu’ils sont les plus vulnérables, mais ils ne peuvent pas spécifier exactement où et quand les crises éclateront. Pour les États-Unis, la chose la plus préoccupante est l’énorme dépendance des prêts à l’étranger, en particulier de la Chine. Les économies asiatiques sont conscientes que s’ils continuent à accumuler de titres de crédit américains, ils courent le même risque que les Européens firent il y a trente ans, quand ils accumulèrent de titres d’État USA puis dévalués par l’inflation.

Antonio Torrenzano. Les banques américaines et européennes ont recommencé à produire de bons profits, mais il y a encore le problème pas complètement résolu des titres toxiques à dévaluer. Pour le bureau américain Federal Reserve, ces titres seraient 599 milliards de dollars, mais en additionnant les titres toxiques en Europe on arriverait à 1000 milliards. À quoi, alors, sont-ils servis les vérifications sur les banques américaines du printemps dernier, surnommé « stress test» ?

Kenneth Rogoff. Je crois que l’action de surveillance et de transparence du système financier c’est la juste réponse, que la communauté internationale devra rendre réelle très bientôt. En théorie, la surveillance du monde de la finance et de ses produits ne devrait plus constituer un problème dans les années prochaines. Mais, j’affirme tout ceci en ligne de principe parce que les vérifications sur les banques américaines effectuées le printemps dernier, elles ont été un simple exercice de communication intérieure et extérieure vers le marché domestique et la communauté internationale. Les bilans des banques américaines ne sont pas encore en règle comme, au contraire, les instituts bancaires ont cherché de nous le faire croire.

Antonio Torrenzano

 

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Conversation avec Nouriel Roubini, économiste, écrivain, professeur d’économie au Stern School of Business de l’université de New York. Il est aussi président de la société RGE Monitor, un groupe de consultants économiques spécialisé en analyse financière. Au début des années 2000, Nouriel Roubini a été surnommé «Dr. Catastrophe» à cause de ses prédictions économiques plus pessimistes que la plupart de ses collègues. Il a été économiste senior aux affaires internationales pour le Council of Economic Advisers (juillet 1998 – juillet 1999), conseiller senior Au Département du Trésor des États-Unis de juillet 1999 à juin 2000. En 2005, selon Fortune, Roubini a affirmé que le « prix des maisons surfait sur une vague spéculative qui aurait coulé bientôt l’économie». En septembre 2006, il a annoncé lors d’un discours devant un auditoire de spécialistes, sceptiques, du Fond monétaire international qu’une crise économique était en gestation : « Dans les mois et les années à venir, les États-Unis vont probablement vivre une dépréciation immobilière qui ne se voit qu’une fois dans une vie, un choc pétrolier, une diminution prononcée de la confiance des consommateurs et, ultimement, une grave récession. À cette époque, il a été qualifié désormais comme Cassandre. Auteur de nombreux essais publiés dans plusieurs langues étrangères, dont l’analyse rédigée avec Alberto Alesina et Gerald Cohen, «Political Cycles and the Macroeconomy» , The MIT Press, 1997; le livre écrit avec Marc Uzan, «New International Financial Architecture», Edward Elgar Publishing, New York, 2006. Le dialogue s’est développé à Milan dans le mois de juin 2009 auprès de l’université italienne Bocconi.

Antonio Torrenzano. Observant la situation mondiale à présent, la récession que vous aviez déjà annoncée est-elle plus désastreuse ?

Nouriel Roubini. La crise financière et économique a été très violente. Elle a détruit d’immenses richesses et es États occidentaux ne sont pas sortis de ce tunnel néfaste. C’est une pure illusion qui affirme le contraire. Les données statistiques ils nous indiquent que le PIB pour les États-Unis autant que pour les autres États occidentaux pourra revenir à être favorable à partir de janvier 2010. Les entreprises occidentales sont encore en graves difficultés parce qu’elles ne réussissent pas à projeter de nouveaux investissements. Les mêmes ont nombreux problèmes à obtenir de nouvelles sommes monétaires par les banques. Les améliorations de productivité sont seulement apparentes et elles sont dues à deux facteurs: une réduction impitoyable du personnel et du salaire horaire. Le pire n’est pas encore passé.

Antonio Torrenzano. Croyez-vous que la croissance économique en 2010 sera faible ?

Nouriel Roubini. En 2010 et aussi pour l’année suivante, la croissance économique sera faible. Je prévois que les États-Unis pourront atteindre une réelle croissance économique autour à 1 %, pour l’Europe cette donnée sera, en revanche, inférieure. Pour certains analystes, la crise économique est terminée, mais cet optimisme peut être considéré seulement en rapport au cours économique désastreux de l’année dernière.

Antonio Torrenzano. Le monde en a-t-il tiré les enseignements ?

Nouriel Roubini. Le capitalisme occidental n’a pas encore guéri ses blessures et il n’a pas d’une manière appropriée réglementé son système de surveillance vers le monde de la finance qu’a produite la crise économique. Le procès sera donc long et très douloureux.

Antonio Torrenzano. Les banques américaines ont recommencé à produire de bons profits, mais les réserves monétaires cantonnées elles me semblent insuffisantes. Il y a encore le problème pas complètement résolu pour ce qui concerne les titres toxiques à dévaluer. Pour le bureau américain Federal Reserve, ces titres seraient 599 milliards de dollars, mais en additionnant les titres toxiques en Europe on arriverait à 1000 milliards.

Nouriel Roubini. Les banques ont produit d’excellents profits, mais avec une bonne dose d’inconsciences, car ils ne sont pas en train de cantonner des réserves monétaires proportionnées. Les mêmes, de plus, n’ont pas encore dévalué leurs produits financiers toxiques qui sont encore à l’intérieur de leurs bilans d’entreprise. Les bilans des tous les instituts de crédit doivent encore comptabiliser les vraies pertes.

Antonio Torrenzano. Donc,les États occidentaux seront encore obligés à soutenir avec des aides monétaires leurs économies. Mais, qu’est-ce qu’il arrivera quand ces aides termineront?

Nouriel Roubini. À présent, personne ne peut prévoir la fin des aides économiques aux marchés nationaux. Et quand ceux-ci s’interrompront, personne n’est apte à prévoir ce qu’il arrivera, surtout pour ce qui concerne les consommations domestiques. Les aides sont aussi en train de gonfler de manière considérable la dette publique de chaque État occidental à tel point que nous risquons d’avoir une nouvelle récession économique.

A.T. Prévoyez – vous des risques de rechute ?

Nouriel Roubini. Je pense à la fin de l’année 2010. Le problème n’est pas seulement américain, mais aussi européen.

Antonio Torrenzano

 

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Les États-Unis accueilleront le sommet du G20 sur la crise économique les 24 et 25 septembre prochains à Pittsburgh en Pennsylvanie. Dans la même période à New York, au siège des Nations Unies, il se déroulera le débat général de la soixante-quatrième assemblée de l’organisation mondiale. La dernière quinzaine du mois de septembre 2009, elle sera donc riche d’engagements pour la communauté diplomatique mondiale et pour le monde de l’économie.

Douze mois plus tard de la faillite de la banque américaine Lehman Brothers, après la réunion du G20 à Washington, le sommet G20 de Londres, les assemblées de printemps des deux institutions mondiales de l’économie FMI et Banque mondiale et la réunion du G8 à l’Aquila, la communauté internationale se retrouvera à New York et à Pittsburgh pour trouver d’autres solutions et faire le point sur la crise économique mondiale. Le problème de la récession est là, la crise continue à produire de nouveaux chômeurs, elle continue à toucher très profondément les travailleurs, les consommateurs, les entreprises, les épargnants sauf… que pour les bonus bancaires et les paradis fiscaux. L’ancienne économie de la confiance est encore une économie de la panique.

Le sommet de Pittsburgh ne devra pas encore perdre de vue que cette crise est aussi une crise de la mondialisation libérale. Mondialisation libérale qui a appauvri l’idée de démocratie, car elle soutenait l’absence de règles, de transparence, l’absence de vérifications, l’absence de légalité. Absence de la légalité que la catastrophe financière a mise en évidence à travers la croissance d’un capitalisme illégal et l’absence d’institutions internationales apte à le contrarier ou à en balancer l’influence et son vorace pouvoir.

Aujourd’hui, le phénomène de la misère touche même l’Occident capitaliste qui s’en croyait à l’abri. Selon les chiffres statistiques internationaux (FMI, World Bank, Trade Union Advisory Committee), presque 60 millions de personnes vivent aux États-Unis avec moins de sept dollars par jour. La situation est analogue dans l’Europe de Maastricht où presque 20 millions de chômeurs courent un risque de pauvreté et 28 millions d’autres n’ont pas accès à un logement décent selon les statistiques publiées par la Commission européenne. Aujourd’hui, 200 sociétés transnationales gèrent plus de 23% du commerce mondial et 1% des plus riches détient plus de 57% des richesses produites.

L’augmentation des richesses a-t-elle produit l’enrichissement de tous les individus de la planète? Non. Au niveau mondial 103 200 individus, pour la plupart propriétaires privés de l’économie, détiennent un patrimoine financier de plus de 30 millions de dollars. Mais, si l’on se réfère aux statistiques de l’organisation des Nations Unies, plus de 80 pays ont aujourd’hui un revenu par habitant plus bas qu’il y a dix ans. Après plusieurs années de domination de l’économie sur la politique et après plusieurs années de mépris des règles des marchés financiers, le rêve idéologique d’une perfection du marché qui pouvait se réguler tout seul, il est terminé. La main invisible et les vertus du marché (le marché qui doit s’occuper du marché), n’ont pas montré leur efficacité ni leurs mérites.

Comme le professeur Ralph Dahrendorf avait affirmé avant sa disparition dans les pages de ce carnet numérique, aujourd’hui nous nous trouvons devant à un concept vide de démocratie et un principe vide d’égalité d’opportunités. Si, comme Hannah Arendt écrivait, la politique repose sur la pluralité humaine et sur l’agir ensemble. La démocratie contemporaine n’est plus donc l’expression privilégiée. La mondialisation jusqu’à présent n’a pas offert une chance unique de donner à la démocratie une nouvelle dimension: celle de la défense de l’identité, de la diversité et du pluralisme.

Cette mondialisation encore n’a pas eu une dimension véritablement universelle : celle d’une communauté mondiale qui aurait eu en commun la diversité et la liberté en partage. La tâche n’est pas simple, mais les puissances occidentales semblent encore avoir quelques difficultés à imaginer l’architecture de leur structure de discussions sur les problèmes du monde.

Les réunions internationales du G8, G14, G20, par exemple, peuvent-elles être la nouvelle architecture pour gérer les problèmes de cette nouvelle période historique? Reste à savoir si trouver le bon point « G », comme affirme Hubert Vedrine, changera véritablement quelque chose à la représentativité et à la marche du monde. On s’achemine vers un système baroque fait de multiplication de «G» dans tous les sens. Mais pour autant, continue Hubert Vedrine, pas de gouvernance ni de communauté internationale. Pas de solutions ni de préconisations globales. Parce qu’il n’y a pas d’autorité mondiale, pas de vainqueur, comme après la guerre. Pas d’harmonisation d’un monde fondé sur des valeurs communes.

Antonio Torrenzano

 

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Riccardo Petrella, écrivain, juriste, professeur près de l’université catholique de Louvain en Belgique. En 1967, il travaille à Vienne (Autriche) au Centre européen de Recherches en Sciences sociales de l’UNESCO dont il sera nommé Directeur en 1970. Ses champs de recherche sont le développement régional, l’innovation technologique, la recherche comparative transnationale. En 1978,il rejoint la Commission Européenne dans le cadre du Programme FAST (Forecasting and Assessment in Science and Technology).Directeur de ce programme de 1979 jusqu’en 1994. Conseiller à la Commission européenne en matière de politique de la science et de la technologie entre 1997 et décembre 2003. Il a été aussi le fondateur et le premier secrétaire général de la European Interuniversity Association for Education on Society, Science and Technology (connue en tant que ESST) regroupant 15 universités européennes. Il a été également pendant trois ans professeur au Collège d’Europe à Bruges et à l’Université de Liège. Fondateur du Comité mondial de l’eau, Riccardo Petrella a été aussi “visiting professor” dans plusieurs universités au Canada, aux États-Unis, au Brésil, en Argentine, en Corée du Sud et dans de nombreux pays d’Europe occidentale. La conversation a eu lieu auprès de l’université italienne de Udine au mois de février 2009. 

Antonio Torrenzano. L’eau est-elle devenue une ressource plus que rare ?

Riccardo Petrella. L’eau est essentielle sur le plan biologique autant que l’air. Vous pouvez substituer tout ce que vous voulez pour vivre sauf ces deux éléments. Cette essentialité de ces deux éléments en fait des biens communs pour tout le monde. Ces deux éléments sont aussi un droit pour chaque individu. L’eau ne peut pas être considérée comme un bien économique or comme l’or bleu du XXIe siècle. Personne ne peut avoir le droit de la faire devenir objet d’appropriation privée. La raréfaction de l’eau est le résultat de nos actions dilapidatrices et déprédatrices. Nous la rendons rare parce que les prélèvements que nous faisons sur les ressources hydriques en terme de pompage de l’eau de nappe ou de surface sont plus importants que le renouvellement naturel de l’eau.Si nous continuons avec notre mode de production à haute intensité énergétique nous produirons un colossal désastre. L’effet de serre qui participe au réchauffement de la planète fait fondre les glaciers. Donc, il fait monter le niveau de la mer. L’eau douce va ainsi devenir de moins en moins importante à cause de la pénétration de l’eau salée. Si on continue comme ça, les études montrent qu’en 2032, 60 % de la population mondiale vont vivre dans des régions à forte pénurie d’eau, contre 25 % à l’heure actuelle.

Antonio Torrenzano. Dans quelles régions du monde le problème de l’eau est-il devenu crucial ? 

Riccardo Petrella. Les statistiques montrent qu’il y a trois pays qui pourront avoir de gros problèmes au niveau de l’approvisionnement de l’eau dans les 30 prochaines années : la Chine, l’Inde et les États-Unis. Ces trois pays ont abusé de leurs réserves d’eau. Beaucoup de fleuves sont ainsi devenus secs. Le Colorado, par exemple, aux États-Unis est le premier fleuve au monde qui ne porte plus l’eau à la mer. En 2020, le risque sera que 60% de la planète se trouvera sans plus d’eau potable. Les mots clés sont connus : limiter la consommation domestique d’eau, reconvertir le développement, rééduquer les gouvernements à considérer l’eau comme ressource publique et un bien commun qui va s’épuiser. Le noeud est tout à fait politique. Dans certaines régions du Moyen-Orient,par exemple, une bouteille d’eau est plus chère qu’un litre de pétrole. Il peut sembler absurde, mais c’est au contraire une réalité. Tout cela parce qu’on ne veut pas reconnaître que l’eau est un bien commun. La communauté internationale devra se doter de nouveaux instruments politiques, financiers et techniques pour résoudre le problème de manière efficace. L’eau ne peut pas devenir une boisson comme une autre.

Antonio Torrenzano

 

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Conversation avec Rajendra Pachauri, ingénieur, économiste indien, né à Nainital un petit village du Himalaya, directeur de l’agence technique IPCC (intergovernmental panel on climate change) des Nations Unies. Prix Nobel pour la Paix 2007 pour les efforts et les études développés sur le global warming. Rajendra Pachauri a été associé à divers établissements universitaires et instituts de recherche. Il a été membre : du Comité exécutif du Centre international de l’Inde, New Delhi (1985), du Conseil d’administration de l’India Habitat Centre toujours à New Delhi, de la Cour des gouverneurs de l’Administrative Staff College de l’Inde (1979-1981). En 2007, le prix Nobel de la paix a été attribué à Rajendra Pachauri et Al Gore pour leurs actions liées au changement climatique. La conversation a eu lieu au mois de mars 2009 pendant une visite du prix Nobel auprès du Parlement européen.

Antonio Torrenzano. L’agence technique IPCC a produit dans les derniers mois plusieurs rapports sur les effets du réchauffement global et l’évolution du climat. Changement climatique, qui est sans doute la plus grande menace contemporaine. Est-ce que selon vous, les questions relatives aux changements climatiques devront être traitées aussi comme questions éthiques ?

Rajendra Pachauri. Nous sommes devant à un problème éthique, où l’intérêt de l’individu doit être conjugué avec l’intérêt commun. Tous les individus doivent comprendre que sauvegarder l’état de santé de notre planète est un devoir. Pour une longue période, dans beaucoup de nations du monde, on a préféré éviter le sujet, sujet aujourd’hui devenu dangereux pour la santé de la planète. Les changements climatiques vont probablement affecter grandement la disponibilité en eau à travers le monde. Pourquoi ? Parce que les modèles de précipitations vont changer, les glaciers vont fondre et la demande en eau va augmenter. Plusieurs régions dans le monde risquent d’entrer en conflit pour le contrôle de ressources naturelles telles que l’eau. Nous devons faire savoir à chaque habitant de notre planète que nous nous trouvons devant à un gros problème. Nous avons été clairs sur les conséquences du changement climatique: elles seront pires. Nos documents soulignent le sens d’urgence et ils exposent aussi que les coûts des actions ne sont pas élevés et les solutions accessibles.

Antonio Torrenzano. Est-ce que vous croyez qu’il faudra agir tout de suite au maximum avec la conférence sur les Changements climatiques des Nations Unies qui se déroulera au Copenhague dans le prochain mois de décembre 2009 ?

Rajendra Pachauri. Il faudra agir très bientôt. Si nous voulons que la température terrestre ne dépasse pas les 2° Celsius à la fin de ce siècle, il devra y être une nette diminution nette de gaz à effet de serre d’ici à l’an 2015. Il n’y a pas beaucoup de temps. Nous devons aborder cette question par une approche sociale, puis avec une approche biophysique. Une autre menace concerne les événements extrêmes, comme des inondations, la sécheresse, des vagues de chaleur, qui vont augmenter en fréquence et en intensité. De grands mouvements de population pourraient être causés aussi par le manque de ressources naturelles comme l’eau avec de graves conséquences pour la production agricole. Les ressortissants de ces régions du monde sans une suffisante production agricole, ils n’auraient d’autres choix que de se déplacer au risque de provoquer des conflits. Les années plus chaudes dans l’histoire de météorologie, elles ont été concentrées parmi le 1995 et le 2006. L’augmentation de la température a été ainsi élevée, qu’on enregistre aussi l’élévation des températures océaniques à la profondeur de trois kilomètres. Au Pôle Sud, par exemple, pour cette élévation de température, il commence à manquer du krill, la nourriture des pingouins. De plus, l’Organisation météorologique mondiale a établi que depuis dix ans le nombre d’événements extrêmes, selon leur définition, a doublé. Les effets du réchauffement planétaire soulignent aussi la vulnérabilité des sociétés dans les Pays du sud du monde.

Antonio Torrenzano. Concernant les glaciers, devons-nous être inquiets à tel sujet ? De quelles menaces s’agit-il ?

Rajendra Pachauri. À l’échelle planétaire, nous ne pouvons vraiment pas ignorer ces questions, car lorsque vous regardez les effets des changements climatiques, vous devez réellement prendre en considération ses effets sur les individus qui sont les moins bien équipés pour y faire face. Dans certaines régions du monde, l’approvisionnement stable de l’eau par les réseaux de fleuves et des rivières, il provient par ces glaciers. C’est le cas de l’Asie du Sud ou des certaines régions de la Chine. Tout cela pourrait influer et réduire les ressources d’eau dans ces régions. Un autre problème lié aux glaciers, il serait la hausse du niveau de la mer. Cela est déjà commencé en raison de la dilatation thermique des océans causée par les températures plus élevées. Si les grands blocs glacés de l’Antarctique de l’Ouest ou les glaciers du Groenland posés sur les terres venaient à s’effondrer, tout cela se traduirait par une hausse du niveau de la mer. On ne peut pas le prédire, mais la possibilité existe. Le réchauffement global et l’évolution du climat sont une source de préoccupation pour l’histoire récente de notre planète. Il faut agir, agir très vite. Je ne crois pas que la communauté internationale puisse encore attendre pour réduire ses effets sur le climat. Nous devons prendre des mesures vigoureuses.

Antonio Torrenzano

 

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« Les écosystèmes arctiques, dont l’espèce la plus connue est lours blanc, sont menacés. Les populations autochtones, notamment les Inuits, voient aussi leur condition de vie se dégrader avec la fonte de la banquise. Les glaces sont le témoin des évolutions climatiques mais leur disparition aura des conséquences qui iront au delà des régions polaires : la fonte des calottes glaciaires entraînera une montée du niveau des océans qui modifiera les littoraux du monde entier Les écosystèmes arctiques, dont l’espèce la plus connue est lours blanc, sont menacés. Les populations autochtones, notamment les Inuits, voient aussi leur condition de vie se dégrader avec la fonte de la banquise. Les glaces sont le témoin des évolutions climatiques mais leur disparition aura des conséquences qui iront au delà des régions polaires : la fonte des calottes glaciaires entraînera une montée du niveau des océans qui modifiera les littoraux du monde entier » .

 

* Un spécial remerciement au photographe, reporter et écologiste français Yann Arthus-Bertrand pour la video sur l’Arctique.

 

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Le réchauffement global est un problème contemporain concernant le monde entier et strictement lié à d’autres sujets comme la pauvreté, le développement économique et la croissance de la population. L’ignorer, dans cette circonstance, serait pire parce que la température moyenne sur Terre a augmenté de 0.6° Celsius depuis la fin des années 1800. On s’attend qu’elle puisse encore d’augmenter de 1.4 à 5.8° Celsius d’ici à l’an 2100. Tout ça constitue un rapide et profond changement.

Les principales raisons de cette montée de température ont été un siècle et demi d’industrialisation effrénée et sans règles qui a conduit la planète à manifester les premiers signes d’un possible collapsus. Ces activités ont augmenté les quantités de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, en particulier le dioxyde de carbone, le méthane et l’oxyde nitreux. Ces gaz sont essentiels à la vie sur terre ; ils empêchent une partie de la chaleur solaire de retourner dans l’espace et, sans eux, la planète serait un lieu froid et aride. Mais en quantités toujours croissantes, ces gaz sont en train d’augmenter la température globale à des niveaux artificiellement élevés qui modifient le climat. Le niveau de la mer a augmenté de 10 à 20 cm au cours du XXe siècle et une hausse supplémentaire de 9 à 88 cm est prévue d’ici l’an 2100. Si cette prévision devenait une réalité, la mer pourrait déborder dans des zones côtières fortement peuplées de pays comme le Bangladesh ou il pourrait aussi causer la disparition d’entières nations comme l’État des îles des Maldives en ayant comme conséquence la massive migration de milliards de personnes.

La tendance contemporaine du réchauffement est prévue pour causer encore des extinctions d’espèces. De nombreuses espèces de plantes et d’animaux, déjà affaiblies par la pollution et la perte de leur habitat, pourraient disparaître dans les 100 prochaines années. Les récentes tempêtes, inondations et sécheresses, par exemple, ont tendance à démontrer ce que les modèles d’ordinateurs prédisent comme fréquents événements météorologiques extrêmes. Pour éviter des effets irréversibles, l’adoption d’un nouveau traité international sur le climat est nécessaire. Les chefs d’État et les représentants des gouvernements doivent travailler ensemble pour atteindre un accord pour la protection de la Planète et assurer que les émissions globales de gaz à effet de serre soient stabilisées d’ici à l’an 2015. La conférence sur les Changements climatiques des Nations Unies qui se déroulera au Copenhague dans le prochain mois de décembre 2009, elle sera peut-être la dernière possibilité.

Le diagnostic est sévère et la communauté internationale devra probablement faire face à des difficultés de plus en plus grandes. Mais, avec un peu de courage et le maximum de bon sens, il est encore possible de construire l’avenir autrement.

Antonio Torrenzano

 

* Un particulier remerciement au service de presse de l’organisation UNFCCC des Nations Unies pour la documentation fournie.