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Le compte de la crise financière sera environ de 4000 milles milliards de dollars. Celle-ci est le chiffre final estimé par le Fond monétaire international dans le rapport présenté hier à Washington, près du siège de l’organisation économique. Le chef du département des marchés monétaires et financiers, l’économiste José Vinals, il a déclaré que les pertes monétaires mondiales sont pour deux tiers à la charge des banques internationales, pendant que la partie restante est à la charge des États de la communauté internationale.

Inévitables, elles seront les répercussions sur les comptes publics des différents pays occidentaux qu’ils ont dû soutenir leurs économies nationales et leurs banques. En Europe, le PIB de nombreux pays, il enregistrera un solde négatif plus élevé. Les pays intéressés seront la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, l’Espagne, l’Italie et l’Irlande.

Le directeur du département de marchés monétaires du FMI a encore affirmé que d’autres actions monétaires seront nécessaires pour renforcer le système financier mondial. La crise économique frappe toutes les classes sociales soit dans les économies occidentales soit dans les pays émergents. Les économistes du Fond monétaire international ont aussi indiqué le montant des capitaux nécessaires pour rejoindre une complète stabilité des banques: presque 725 milliards de dollars pour les banques de la zone euro, 500 milliards pour les instituts bancaires américains et environ 225 milliards pour les banques de la Grande-Bretagne. Dernière réflexion, trop dure à dire, mais nécessaire : la crise économique est loin d’être finie.

Antonio Torrenzano

 

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Conversation avec Sir Ralph Dahrendorf, économiste, sociologue britannique et homme politique allemand. En 1957 il commence sa carrière d’enseignant à l’Université de Hambourg; en 1960 à l’Université de Tubinga; en 1966 à l’Université de Constance où il enseignera jusqu’en 1969. Son travail permet la réalisation de nombreux apports à la création de la Communauté européenne. Il est l’auteur d’importants travaux sur les classes sociales et les conflits de classes dans la société industrielle (1973) où il analyse les problèmes de la société poste capitaliste. Du 1974 au 1984, il est le directeur de la London School of Economics. Du 1987 au 1997, Sir Ralph Dahrendorf est le doyen du St. Anthony’s College à l’Université d’Oxford. En 2007, il reçoit le Prix Prince des Asturies en Sciences sociales. Considéré comme l’un des auteurs fondateurs de la «Théorie du Conflit social», il est auteur de nombreux essais dans plusieurs langues diplomatiques dont «Class and Class Conflict in Industrial Society», Stanford, Stanford university press, 1959; «Society and Democracy in Germany», New York & London, Norton & Company, 1967; «The Modern Social Conflict», University of California press, Berkeley and Los Angeles, 1988; «Reflections on the Revolution in Europe», New York, Random House, 1990. La conversation a eu lieu dans les villes de Trento,Santa Margherita Ligure et dans la ville de Cologne.

Antonio Torrenzano. Le sommet de Londres a été un nouveau Bretton Woods?

Ralph Dahrendorf. Dans cette phase désordonnée, la situation est différente. Il n’y a pas de vainqueur et les États-Unis ne sortiront pas tout seuls de la crise économique et financière. Ils n’ont pas la force financière nécessaire :l’endettement américain est déjà très élève. En 1944, à Bretton Woods, John Maynard Keynes s’était déjà aperçu que le monde, il allait vivre une nouvelle situation géopolitique et du nouveau rôle dominant du dollar et des États-Unis. La crise contemporaine est mondiale et il faudra trouver de solutions mondiales en mettant de côté tous les possibles intérêts nationaux. Donc, une situation historique différente.

Antonio Torrenzano. Est-ce que vous êtes sceptique sur les décisions que les chefs d’État et de gouvernement des principales économies mondiales ont prises à Londres?

Ralph Dahrendorf. Les chefs d’État ont produit des déclarations sur les nouvelles règles à écrire pour le système. Le Fonds monétaire international sera renforcé et il y a une première affirmation sur les paradis fiscaux. Rien de vraiment important. Je prévois que la reprise économique sera longue et lente. La communauté internationale reviendra en matière économique à la période historique de Ronald Reagan et de Margaret Tahatcher avec un 20% en moins de richesse et pour certains aspects à un style de vie qu’il ressemblera aux années soixante. Styles de vie des années soixante avec une profonde dichotomie: le monde aura beaucoup plus de technologie, mais sans la confiance de ces années. En voulant être plus optimistes, nous pouvons prévoir que la crise portera à un changement d’habitudes économiques et sociales, avec plus attention à l’économie réelle et à un éloignement de la culture de l’excès du risque sans risque dans le système financier. L’usage des cartes de crédit diminuera et tout cela sera, peut-être, une situation nouvelle.

Antonio Torrenzano. Une longue crise économique pourrait-elle provoquer de nouveaux conflits sociaux ?

Ralph Dahrendorf. Dans la société occidentale, j’observe une colère diffuse. L’envie de trouver des coupables. Ces protestations, pour le moment, ils sont individuels ou ils se développent en manifestations de masse traditionnelle. L’Europe dans ce siècle, sera-t-elle elle à la guide du monde ?

Antonio Torrenzano

 

*Dans l’image Ralph Dahrendorf auprès de l’université Helmut Schimdt pendant un séminaire avec des étudiants.

 

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Conversation avec Saskia Sassen, sociologue, écrivaine, professeur de sociologie à l’université Columbia, membre du Comité pour la pensée globale. Saskia Sassen a été notamment codirectrice du département économie du Global Chicago Project. Auteur de nombreux essais, traduits dans différentes langues étrangères, dont «La globalisation. Une sociologie», aux éditions Gallimard, Paris, 2009. Le dialogue avec Saskia Sassen a eu lieu dans la ville de Bologne et Rome.

Antonio Torrenzano. La communauté internationale se confronte aujourd’hui à une triple crise: crise du système capitaliste, crise de la mondialisation libérale, crise du capitalisme financier. Le collapsus de l’économie de marché du mois de septembre 2008 est-il comparable à celui de l’économie planifiée dont il marqua la fin du système soviétique ? Pouvons-nous conclure que le monde est revenu au point de départ de 1989 ?

Saskia Sassen. Dans mon dernier essai sur la mondialisation, je souligne que les événements d’il y a vingt ans, ils ont aussi marqué le début de l’ère du libéralisme et l’appauvrissement massif d’entiers Pays. La fin de la guerre froide, elle a lancé une des phases économiques les plus brutales de l’ère moderne. Les États-Unis, une fois archivée la justice distributive de la période keynésienne, ils sont devenus l’espace et la ligne de frontière pour une nouvelle et radicale réorganisation du capitalisme jusqu’au 2008. Le 1989, il a ouvert les portes au projet américain de transformer l’entier globe dans un marché dominé par les grandes multinationales. Dans cette phase historique, les grandes multinationales, mais aussi la finance américaine, elles ont développé de modalités inédites de produire profit – par exemple – les subprimes. Ces mécanismes financiers, impensables dans la précédente période au 1989, ils sont devenus une partie intégrante du capitalisme avancé jusqu’à la crise financière de ces derniers mois.

Antonio Torrenzano. Capitalisme financier sauvage que l’historien Éric Hobsbawn considérait, dès le début des années 1990, comme la principale menace qui pesait sur le monde de l’après 1989.

Saskia Sassen. Dans mon dernier essai, j’ai retrouvé au moins trois mécanismes qui ont activé de nouvelles formes d’accumulation primitive dans la phase suivante au 1989. Le plus visible, il a été la réalisation des programmes d’ajustement structural dans le sud du monde par le Fond monétaire international et par l’Organisation mondiale du Commerce. Le deuxième mécanisme a été la croissance du travail informel et la réduction à de plus justes proportions du secteur manufacturier dans le nord de la planète. Il y a eu, enfin, l’élaboration de nouveaux types de crédit hypothécaires pour l’acquisition d’habitations orientées à individus avec de bas revenus économiques et vendus sur le marché financier. La finance au haut risque a amorcé un ensemble de macros crises qu’ils ont mis en difficulté l’entier système économique mondial dans ces derniers vingt ans.

Antonio Torrenzano. Les crises alimentaires et les élevées migrations d’individus du sud du monde, elles sont devenues graves et fréquentes. Dans vos essais, vous affirmez que l’ère de la mondialisation coïncide avec une très forte augmentation de flux migratoires. Est-ce que la pauvreté peut être un facteur d’instabilité internationale ? Quel a-t-il été l’effet de la chute du mur sur les mouvements des individus à travers les frontières ?

Saskia Sassen. L’effondrement du mur de Berlin a rendu lisibles deux trends importants: l’affaiblissement de la surveillance sur les marchandises et sur les capitaux et le défi à la liberté de mouvement des gens. Puis, dans la dernière décennie, le contrôle sur les migrants a été renforcé. Je me demande si l’ouverture des frontières pour de flux d’argent et de marchandises peut coexister avec des vérifications toujours de plus en plus étroites pour les individus. Pour ce qui concerne, le cas des États-Unis: la militarisation des frontières a – par exemple – favorisé un plus grand numéro d’immigrés clandestins. Les politiques de l’Union européenne, en revanche, ont été contradictoires : rigoureuses dans la défense des droits humains, fragiles dans la gestion des flux annuels de migrants qui peuvent résider et travailler dans le Continent européen. J’ai écrit beaucoup à ce sujet : je pense encore que les murs sont insoutenables et qu’ils sont le symptôme d’une crise que le pouvoir ne sait plus comment gérer.

Antonio Torrenzano

 

 

* Un spécial remerciement au photoreporter Gianni Ansaldi pour l’image.

 

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Les chefs d’État et de gouvernement réunis à Londres pour le sommet du G20, le jeudi 2 avril, sont parvenus à plusieurs compromis pour corriger la finance mondiale et relancer l’économie confrontée à sa pire récession depuis la Seconde Guerre mondiale. Quelques réflexions sans illusions, elles sont donc possibles. Le problème dans son drame est simple. C’est comme avoir accumulé deux ou trois kilogrammes de trop pour quinze ans et être resté sédentaire. Et quand quelqu’un ira chez le diététicien, le médecin nutritionniste il lui dira de perdre 35 kilogrammes, mais les kilos de trop ne pourront pas être écoulés en quelques semaines ou quelques mois… Au contraire, il faudra attendre dix ans environ. Si le catastrophisme est critiquable pour les leaders politiques, l’honnête intellectuelle (vertu de temps difficiles) nous oblige à l’affirmer. Les quatre mots que les gens ordinaires ont appris depuis l’automne 2008 jusqu’à présent, c’est-à-dire : subprimes, Alt A, Assureurs monoline et ARS, ils ont couté à l’économie mondiale environ 300 milliards de dollars. Et pour les gens ordinaires qui commencent leur initiation au langage de l’économie ou un cours en gestion des affaires, tout cela fait cher, très cher. Mais, à ces mots déjà appris, il y aura encore un certain nombre à apprendre. Par exemple CDS (credit default swaps) dont la valeur est à aujourd’hui de presque 60.000 milliards de dollars… plus qu’un PNB mondial. Mais aussi credit card risk, c’est-à-dire le marché de carte de crédit que, par exemple, aux États-Unis il est en train de suivre la voie tracée par les crédits subprimes. Mais aussi carry trade ou encore risque municipal.

Deuxième réflexion. Les interventions publiques effectuées depuis l’automne 2008 (c’est-à-dire 1000 milliards de dollars du plan Obama aux États-Unis et 1700 milliards d’euros d’interventions publiques européennes au profit de banques), elles n’ont pas produit les effets espérés. Au contraire, les interventions ont empêché au système financier de caler, mais pas de décélérer. Cette crise a longtemps été sous-estimée, aussi niée, méconnue, cantonnée avec embarras. Tout le monde a entendu parler de la crise des subprimes pour la première fois dans le mois de juillet 2007, mais déjà au mois de septembre de la même année, le marché interbancaire était dans une préoccupante anxiété cardiaque. Pourquoi,alors, les premières interventions de correction ont-elles été effectuées quinze mois après, c’est-à-dire au mois d’octobre 2008 ?

Troisième constat. Ce qui a disparu… au-delà de l’argent, c’est la confiance et celle-ci ne reviendra pas si la communauté internationale n’applique pas de nouvelles règles à la finance. La responsabilité de cette crise est de l’entière communauté occidentale. La réponse devra donc être nouvelle et unique. Le sommet de Londres a également décidé de se réunir à nouveau, probablement à la fin du mois de septembre à New York pour une évaluation de tout ce qu’on a décidé. Dernière réflexion, trop dure à dire, mais nécessaire : la crise économique est loin d’être finie.

Antonio Torrenzano.

 

 

* Dans l’image President Barack Obama and Treasury Secretary Timothy Geithner take part in a round table meeting in London on April 2, 2009 during the G20 summit.

 

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Conversation avec Amartya Sen, économiste,prix Nobel pour l’économie en 1998pour ses travaux sur la famine, sur la théorie du développement humain, sur l’économie du bien-être, sur les mécanismes fondamentaux de la pauvreté et sur le libéralisme politique. De 1998 à 2004, il a été directeur et professeur à l’université de Cambridge devenant ainsi le premier universitaire asiatique à diriger un des collèges de l’université. Amartya Sen est aussi partie prenante dans le débat sur la mondialisation. Il est le président honoraire de l’ONG Oxfam. Parmi ses nombreuses contributions sur l’économie du développement, Amartya Sen a fait des études sur les inégalités entre les hommes et les femmes. Il est aujourd’hui professeur à l’université américaine Harvard. Auteur de nombreux essais, livres traduits en plus de trente langues, dont «L’économie est une science morale?», Paris, La Découverte, 2004; «Rationalité et liberté en économie», Paris,Odile Jacob, 2005; «La Démocratie des autres : pourquoi la liberté n’est pas une invention de l’Occident», Paris, Payot, 2005;«L’Inde. Histoire, culture et identité» et «Identité et violence», toujours aux éditions Odile Jacob, Paris, 2007. Le dialogue avec le prix Nobel a eu lieu à Milan pendant les journées d’étude sur l’économie coopérative, au mois de février 2009.

Antonio Torrenzano. J’aimerais commercer ce dialogue avec vous en discutant sur les différents facteurs qu’ils ont donnés lieu à la crise économique.

Amartya Sen. Nous avons eu différentes situations qui se sont mélangées entre elles. Une crise alimentaire ravageuse qui a frappé les pays en voie de développement par l’augmentation des prix des matières premières. À cette crise s’est ajoutée la crise pétrolifère avec l’augmentation vertigineuse des prix et enfin la crise financière qui a porté la communauté internationale à la récession mondiale. Les analystes se sont aperçus de tout ceci, seulement quand les bourses financières et les banques commerciales ont été frappées,mais les problèmes persistaient depuis longtemps. Aujourd’hui sur la crise économique, il pèse aussi la confiance des citoyens: facteur fondamental pour faire fonctionner l’économie et la société de marché.

Antonio Torrenzano. Est-ce que la société occidentale a vécu sur l’illusion de l’autocontrôle des marchés ?

Amartya Sen. Oui, le monde occidental a vécu sur l’illusion de l’autocontrôle des marchés. En réduisant la surveillance et le rôle de la vigilance sur la finance, surtout aux États-Unis, on a construit une bombe à l’horlogerie prête à éclater et tout ceci, il est arrivé de manière définitive au mois de septembre 2008. La communauté internationale se trouve à présent avec l’obligation de réécrire de nouvelles règles, car il ne s’agit plus d’un simple cours cyclique de récession économique. La leçon d’un des pères fondateurs de l’économie, Adam Smith, elle a été oubliée. Smith, il avait écrit, presque il y a 250 ans, la «Théorie des sentiments moraux». Dans cette théorie, l’économiste soutenait que le marché pur, il n’est pas l’optimum d’excellence et il faut se préoccuper, en même temps, des désavantagés et des pauvres. Alan Greenspan, l’ancien gouverneur de la Federal Reserve des États-Unis, aurait dû réfléchir en relisant la théorie d’Adam Smith. Le marché a besoin de confiance réciproque et pas d’excès dans la recherche du profit. Le seul système ne peut pas atteindre de résultat excellent. Il faut, au contraire, reconnaître le rôle qui a toujours eu l’institution publique de surveillance du marché

Antonio Torrenzano. Un nouveau système capitaliste?

Amartya Sen. Je dois dire que je suis très sceptique quand j’entends parler de nouveau capitalisme. En réalité, je ne sais pas combien d’utilité a aujourd’hui le terme capitalisme. Je crois que nous avons la nécessité d’un nouvel équilibre entre institutions financières et comme les institutions internationales pourront garantir ce nouvel équilibre économique fondé sur principes d’équité et redistribution de la richesse vers tous. Pour faire tout ça, la communauté internationale a besoin de se poser encore une fois la question sur l’utilité d’une démocratie globale. La communauté internationale doit maintenant s’interroger et ne plus retarder ses choix de décisions historiques. Réponses claires sur le sujet de l’équitable distribution de la richesse. L’économie de marché dépend, en outre, d’expectatives psychologiques. Il y a donc besoin de confiance et de nouvelles et certaines perspectives.

Antonio Torrenzano. Qu’est-ce que vous pensez de l’économie coopérative et du secteur no profit?

Amartya Sen. L’économie coopérative est née d’une situation de crise en Italie aux débuts de 1900 par Camillo Prampolini. Elle servait pour donner de réponses aux besoins des individus plus pauvres de la population dans ce pays. Le secteur no profit a aidé, développé, donné de la confiance dans ces dernières années à tous les individus qui avaient été mis aux marges du système de marché et du libéralisme. Ce modèle fonde sa force sur le dialogue, sur la relation, sur une redistribution équitable de la richesse. L’économie de marché à présent devrait apprendre cette règle fondamentale du secteur économique sans but lucratif. Aujourd’hui, une collaboration constructive est la priorité de laquelle partir.

Antonio Torrenzano

 

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Le sommet du G20 se déroulera à l’Excel Centre, au coeur des Docklands, dans l’est de Londres. Les objectifs sont très hauts. Assurer la reprise économique mondiale pour ce qui concerne la croissance et l’emploi; dessiner les contours d’un système financier renforcé en s’appuyant sur le plan d’action de Washington; convenir des principes et un processus d’une réforme des institutions financières internationales. L’accord final devrait parvenir à édifier des actions coordonnées pour relancer l’économie mondiale et la réforme de systèmes financiers afin de progresser dans la mise en œuvre des lignes d’action de Washington prises au mois de novembre 2008.

Au Sommet, les chefs d’État et de gouvernement des principales économies du monde, ainsi que les responsables des grandes institutions économiques, ils discuteront encore sur les principes d’une réforme des institutions financières internationales comme le Fonds monétaire international (FMI), le Forum sur la stabilité financière (FSF) et la Banque mondiale.

L’agglomération urbaine de Londres est devenue blindée. La police s’attend que la City (le quartier financier de Londres) située dans le centre, autant que l’Excel Centre, ils attireront particulièrement l’attention de nombreux manifestants. Nombreuses banques du quartier financier, elles ont préféré par exemple accorder trois jours de repos à leurs employés; d’autres ont invité leurs cadres à s’habiller de manière décontractée pour ne pas attirer l’attention en venant travailler. Les attentes placées en cette réunion du G20 sont gigantesques et les problèmes ne manquent pas. Le sommet devra donc trouver une nouvelle vision du monde dans l’urgence.

Antonio Torrenzano

 

* Un spécial remerciement à l’artiste et dessinateur de presse Patrick Chappatte pour l’illustration. 

 

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Conversation avec Giulio Tremonti, professeur de droit fiscal à l’université de Pavie, avocat , il a été visiting professor auprès de l’Institute Comparative Law à l’université d’Oxford. Ministre de l’Économie et des Finances dans l’actuel gouvernement italien , il dirige la branche italienne de l’Institut Aspen. Directeur de la revue italienne de droit fiscal et de science des finances, il est auteur de nombreux essais, dont «Il fantasma della povertà»,Milan, aux éditions Mondadori, 1995; «Lo Stato criminogeno», Roma, éditions Laterza, 1998; «Rischi fatali. L’Europa vecchia, la Cina, il mercatismo suicida: come reagire», Milan, éditions Mondadori,2005; «La paura e la speranza. Europa: la crisi globale che si avvicina e la via per superarla», Milan, 2008. L’entretien a eu lieu à Rome, à la fin du mois de mars 2009.

Antonio Torrenzano. La tourmente financière mondiale continue de causer des dégâts à travers le monde.Comment expliquez-vous la crise globale ?

Giulio Tremonti. Aujourd’hui, j’ai le sentiment que nous sommes comme dans un jeu vidéo. Chaque moment que nous abattons un monstre, nous croyons avoir gagné, mais un deuxième monstre plus fort resurgit. Dans ce moment, dans notre jeu vidéo, nous avons à présent presque six monstres: les sub-primes, l’effondrement du crédit, la faillite des grandes institutions financières, l’effondrement de marchés financiers, une récession économique.

Antonio Torrenzano. Professeur Tremonti, quand vous étiez en train de répondre, j’ai compté cinq monstres… le sixième ?

Giulio Tremonti. J’ai oublié l’ensemble des produits dérivés, dont l’encours représente douze fois le PIB mondial et que personne n’est en mesure de cerner précisément. Au cours de la dernière décennie, la mondialisation a entrainé une dégénérescence du capitalisme. L’ancien capitalisme était basé sur un type idéal d’entreprises; aujourd’hui, en revanche, le coeur du capitalisme mondial n’est plus dans les mains de ces entreprises, mais dans celles des fonds d’investissement. Une fois, la gestion des entreprises reposait sur deux piliers : le bilan et le compte de résultat. Dans ces dernières années, au contraire, tout le monde s’était focalisé sur le résultat en oubliant la valeur patrimoniale telle qu’elle s’exprime dans le bilan d’une entité. Or la valeur patrimoniale est essentielle dans une perspective de long terme.

Antonio Torrenzano. La mondialisation a produit donc un marché unique avec toutes ses limites.

Giulio Tremonti. La globalisation a produit un marché mondial unique, mais les juridictions sont restées différentes et nationales. Nombreux sont les endroits où les réglementations restent théoriques et sans que personne ne les respecte.

Antonio Torrenzano. Le G8 est-il encore représentatif ?

Giulio Tremonti. Maintenant le G8 pèse seulement la moitié du PIB mondial. Il y a dix ans, le PIB du G7 représentait presque 80% de la richesse du monde. Aujourd’hui, le G8 n’est donc plus représentatif de la planète dans laquelle nous vivons. D’un autre côté, le G20 n’est pas optimal non plus. Comment, par exemple, peut-on justifier l’absence de l’Égypte et de l’Espagne dans cette nouvelle institution internationale ? En qualité de ministre du Gouvernement italien, nous sommes ouverts à toute solution qui élargit le G8 à la nouvelle situation internationale. Mais, pour nous, la chose plus importante, c’est surtout d’avancer sur le fond de problèmes. Le siècle passé était fondé sur le capitalisme originel, il faut que ce siècle fonctionne sur de nouveaux standards juridiques. Cela signifie que c’est la loi qui transmet les valeurs éthiques vers l’économie.

Antonio Torrenzano

 

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Conversation avec George Soros, financier américain, né le 12 août 1930 à Budapest (Hongrie) et devenu célèbre pour ses activités de spéculation sur les devises dans les années 1990 et ses activités de philanthropie. George Soros est actuellement président de Soros Fund Management et de l’Open Society Institute. Ancien élève de Karl Popper, il est auteur de nombreux essais dont «The New Paradigm for Financial Markets: The Credit Crisis of 2008 and What It Means», New York (2008); «The Age of Fallibility: Consequences of the War on Terror», New York (2006);«The Bubble of American Supremacy: Correcting the Misuse of American Power» (2003);«Open Society: Reforming Global Capitalism», New York (2000);«Science and the Open Society: The Future of Karl Popper’s Philosophy» ècrit ensemble à Mark Amadeus Notturno, New York (2000);«The Crisis of Global Capitalism: Open Society Endangered», New York (1998) et «The Alchemy of Finance», New York (1988). L’entretien a eu lieu au World economic Forum 2009 à Davos.

Antonio Torrenzano. La tourmente financière mondiale continue de causer des dégâts à travers le monde. La récession a, en effet, gagné de nouveaux pays tels que la Finlande et le Danemark alors que plusieurs États continuaient de payer pour soutenir leurs banques, sans rassurer les Bourses déprimées. Selon vous, la crise économique sera-t-elle longue ? Est-ce que la stimulation monétaire injectée dans le système financier jusqu’à présent, elle a été suffisante ?

George Soros. C’est difficile à le prévoir. Ce qu’on peut imaginer, c’est que les États-Unis difficilement reverront une croissance de leur PIB du 3% chaque année dans la prochaine décennie. La stimulation monétaire a été importante pour freiner l’effondrement, mais elle n’est pas suffisante pour inverser la route. Le système a besoin encore au moins de mille milliards de dollars.

Antonio Torrenzano. Est-ce qui devrait débourser ces mille milliards nécessaires au système? Le secteur bancaire reste sinistré et les États continuent à intervenir, le plus souvent en entrant au capital des banques.

George Soros. Il faudra les trouver parce que le système financier mondial est ainsi uni qu’il ne peut pas avoir de nouvelles crises bancaires aux périphéries moins avancées de la planète. Pour financer tout ceci, il faudra créer de la monnaie internationale, c’est le moment de relancer les droits spéciaux de prélèvement et en émettre pour les mille milliards qu’ils servent. Japon, Europe et les autres Pays OECD devront donner ou prêter argent par le Fond monétaire international.

Antonio Torrenzano. Quels seront-ils les régions périphériques intéressées par la crise économique? Déjà, plusieurs banques internationales ont décidé de donner leurs secours aux Pays de l’Europe de l’Est. La Banque européenne pour la reconstruction et le développement et la Banque européenne d’investissement, par exemple, elles ont déjà communiqué qui sont disposées à apporter jusqu’à 25 milliards d’euros sur deux ans aux banques et entreprises d’Europe de l’Est pour les aider à surmonter la crise.

George Soros. L’Europe de l’Est est une région intéressée par la crise économique, mais aussi l’Amérique latine et les Pays producteurs de matières premières. Après la faillite de la banque Lehman Brothers, tous les pays industrialisés ont dû garantir que leurs banques ne seraient pas échouées, mais les pays les plus périphériques n’ont pas pu garantir la même chose avec la même crédibilité.

Antonio Torrenzano. Qu’est-ce que vous pensez de la création d’une “Bad Bank” dans laquelle concentrer les titres toxiques ?

George Soros. La formule doit être originale parce que contrairement aux solutions mêmes exposées jusqu’à maintenant, la meilleure solution serait de faire confluer dans la “Bad Bank” pas seulement les titres toxiques, mais aussi le capital roulant pour créer une “Good Bank”.

Antonio Torrenzano

 

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Le sommet du G20 qui se tiendra à Londres à partir du deux avril apportera-t-il des mesures pouvant mettre fin à la crise économique et financière ? Le sommet redessinera-t-il l’architecture de l’ensemble du système pour que de nouvelles catastrophes ne puissent plus se reproduire ? Telles sont les interrogations qui reviennent dans la bouche de plusieurs spécialistes et économistes dans ces derniers jours. Après le premier sommet du G20 à Washington, en novembre 2008, la réunion du G20 à Londres sera un sommet avec de nombreuses attentes.

De nombreux facteurs ont été avancés dans ces mois pour expliquer la crise de sub-primes et l’imprévoyance d’institutions financières compétentes. Plusieurs spécialistes ont soutenu que la crise a été l’échec d’un mouvement d’intensification des échanges, mais, en même temps, la prise de conscience que la mondialisation ne restera plus sur la même trajectoire. Des autres, ils ont affirmé que l’excès du risque sans risque a été à l’origine de la crise bancaire et financière puis économique de cette dernière période. Selon, encore, certains analystes, ce sommet arrive trop tard. Trop tard pour ce qui concerne les plans de relance économique.

Entre les deux thèses, je crois qu’il faut aussi s’interroger sur la limitation de l’horizon temporel au court terme de notre société occidentale. Société occidentale qui a désappris à évaluer les risques, société occidentale qui s’est contentée du présent sans redonner de la valeur à l’avenir, société occidentale qui a oublié encore que nous vivons tous sur une seule et même Terre et que le globe peut s’essouffler ou exploser. Intégrer aux scénarios du présent l’avenir, il signifiera pour l’occident accepter de rouvrir les portes de l’interprétation et effacer la dérive d’un occidentalisme arrogant et belliqueux qui a prévalu trop souvent dans la dernière décennie.

L’urgence, l’instant sont des stimulants dont on peut se priver sans effort. Le temps de suspenses est désormais terminé avec les mauvaises nouvelles et la crise économique mondiale continue de causer des dégâts à travers le monde. Il est temps de retrouver de nouveaux points de repère.

Antonio Torrenzano