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Voilà encore une année qui se termine et voilà le moment de faire des bilans. Loin de moi des idées de vous ennuyer avec un long discours chiffré, je remercie simplement toutes celles et tous ceux qui nous ont honorés de leur visite sur les pages numériques du carnet.

Je tiens donc au nom de toute l’équipe, à remercier de tous les maitres à penser, tous les prix Nobel, tous les écrivains, les journalistes, les professeurs et les fonctionnaires internationaux qui ont bien voulu nous accorder des entretiens et répondre à nos questions. J’espère que par ces conversations et ces dialogues, nous avons pu fixer des idées qui pourront être des options pour demain.

Nos remerciements vont également à tous les lecteurs et à tous les internautes qui nous ont donné de précieux conseils et qui nous ont soulignés, dans une manière ponctuelle et prépositive, leurs critiques ou nos manques. Quelque soit le devenir de notre travail, nous pouvons être fiers du chemin parcouru ensemble avec vos tous et toutes.

Au moment où j’écris, l’alliance de l’économie et de la technique soutenue par la science qui devait offrir de possibilités infinies et une croissance illimitée, elle a raté sa mission. La crise financière et économique est toujours là; le nord de la planète se découvre différent et pauvre, mais il oublie encore l’absolue indigence de certaines régions du sud du monde où les enfants meurent par une simple rougeole.

Au moment où j’écris, de nombreux conflits, bien… très bien visibles, continuent à tuer de milliers d’individus. Au moment où j’écris nombreux de réfugiés, ils ne sont pas rentrés chez eux et, peut-être, ils ne retourneront pas chez leurs habitations pour une longue période. Au moment où j’écris, je reste avec mes interrogations sans réserve, avec l’objectivité du présent, l’utilisation de la critique et du dialogue pour la mise à la question de toute certitude.

Qu’est-ce qui reste quand il ne reste rien ? Ceci, affirme Maurice Bellet : que nous soyons humains envers les humains, qu’entre nous demeure l’entre nous qui nous fait hommes.

Antonio Torrenzano

 

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Conversation avec Sylvie Kayitesi Zaïnabo, ancienne ministre de la Fonction publique et du Travail du Rwanda, présidente de la Commission rwandaise des droits de la personne. Juriste très engagée en faveur des droits des femmes et de l’enfant dans son pays, Sylvie Kaytesi Zainabo a été associate protection officer auprès du Haut Commissariat pour les Réfugiés des Nations Unies de 1996 à 1999. Dans l’année 2007, Sylvie Kayitesi Zainabo a été élue présidente du Réseau des institutions nationales africaines pour les droits humains. Le dialogue a eu lieu à Paris, auprès de l’organisation internationale UNESCO.

Antonio Torrenzano. Selon vous, quels sont-ils les principaux défis auxquels l’Afrique doit faire face pour les droits humains ?

Sylvie Kayitesi Zaïnabo. L’Afrique à présent doit encore résoudre de nombreux défis qui affectent l’effective protection juridique des droits humains des populations du continent. La pauvreté, par exemple, est le principal défi. Mais, il y a encore la question des réfugiés et des déplacés dans leurs propres pays à cause des conflits internes ou des conflits régionaux. Il y a encore le renforcement des droits des femmes ou le rôle des femmes dans la reconstruction des pays en situation de post-conflit. Le rôle des femmes dans le développement socio-économique de leurs pays joue un rôle crucial à présent.

Antonio Torrenzano. Que représente-t-il et comment fonctionne-t-il le réseau des institutions nationales africaines pour les droits de l’homme en Afrique ?

Sylvie Kayitesi Zaïnabo. Les Institutions nationales des droits humains occupent effectivement un siège particulier dans le réseau mondial des organisations responsables de promouvoir les droits de l’homme. En tant qu’institutions étatiques, elles constituent de véritables passerelles entre la société civile et les gouvernements. La création de ce type d’institution, dans chaque pays, s’est d’ailleurs faite sous l’orientation des principes de Paris tels qu’ils ont été établis par la résolution n.1992/54 de la commission des Nations Unies, elle-même confirmée par l’Assemblée générale de l’ONU dans sa résolution n.48/134 du 20 octobre 1993. Les institutions nationales, toutefois, rencontrent des difficultés, ayant à faire face à plusieurs défis dans la mesure où elles cherchent non seulement à gagner la confiance des populations, mais aussi à être plus efficaces par rapport aux autres organisations de défense des droits de l’homme.Le réseau a été créé en 1996. Il a pour vocation de soutenir l’établissement et le renforcement des Institutions nationales des droits humains sur tout le continent. À l’origine, cette organisation de coordination et de promotion avait pris l’appellation de Comité de coordination des institutions nationales africaines. C’est seulement dans le mois d’octobre 2007 que le Comité a changé son nom pour se transformer en réseau. Aujourd’hui, nous collaborons ainsi avec d’autres institutions nationales à travers le monde, mais également avec le Haut Commissariat aux Droits de l’Homme, le Comité international de coordination pour la promotion et la protection des droits de l’homme (CIC), la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, la Communauté des pays de l’Afrique de l’Est et encore bien d’autres organisations intergouvernementales et non gouvernementales.

Antonio Torrenzano

 

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Conversation avec Stéphane Hessel, écrivain, diplomate, cosmopolite. Né à Berlin, dans une famille d’origine juive luthérienne polonaise prussienne, immigré à Paris à 7 ans, bachelier en philosophie à 15, deux fois reçu à École Normale Superieure, d’abord comme élève étranger puis comme français naturalisé à 20 ans. Arrêté par la Gestapo en 1944, déporté à Buchenwald et Dora, il survivra, comme dit-il toujours, qu’à de constants concours de circonstances favorables. À la Libération, reçu au concours du Quai d’Orsay, il entame une carrière de diplomate auprès des Nations Unies. Le 1945, le voit au service de la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme aux Nations Unies, dans la proximité de René Cassin. Sa carrière de diplomate le mènera en Afrique, à Saigon, à Alger, à Genève, à New York, au Burundi au service de thématiques centrées sur la coopération internationale, l’aide au développement (PNUD-ONU), la promotion culturelle des immigrés, la réconciliation entre les hommes. Auteur de nombreux essais dont «Danse avec le siècle», autobiographie publiée en 1997 aux éditions Seuil; «Dix Pas dans le nouveau siècle», toujours aux éditions Seuil, 2002. Le recueil de poèmes français, allemand et anglais «Ô ma mémoire» que Stéphane Hessel récitait en 1944, publié en 2006; le dernier livre «Citoyen sans frontières» conversations avec J.M.Helvig en 2008 .

Antonio Torrenzano. Vous avez toujours affirmé que la Déclaration universelle des droits de l’homme a créé un monde différent, que ses 30 articles s’appliquent à tous les hommes et toutes les femmes du monde, et que même si le respect intégral des droits de l’homme n’a jamais été atteint, quel que soit l’État, les citoyens, les peuples connaissent ces droits, peuvent s’y référer et demander aux États qu’ils soient appliqués. Le XXIe siècle sera-t-il le siècle de la revendication des peuples pour le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales ?

Stéphane Hessel. Il est nécessaire de donner à tous les peuples du monde la possibilité de jouir de leurs droits . Beaucoup de ces pays ont raté ce passage, mais aussi notre contribution, entreprise avec des moyens insuffisants, a eu des résultats déplorables. Après l’indépendance de ces Pays, notre responsabilité était de les aider à trouver la voie de leur propre organisation dans la construction d’un État de droit. Mais, notre écoute à l’égard de ce que réclamaient vraiment les populations paysannes ou les jeunes du sud de la planète a été très médiocre. Toutefois, la Déclaration universelle des droits de l’homme a créé une façon nouvelle de penser. Les dictateurs, les régimes autoritaires qui existent encore en grand nombre, ils sont de moins en moins acceptés par leurs populations elles-mêmes au nom des valeurs internationales. Leur base est de plus en plus fragile, surtout avec les dernières élaborations juridiques, comme la création de la Cour criminelle internationale. On peut dire aujourd’hui qu’un chef d’État n’est plus à l’abri d’une contestation qui viendrait peut-être de chez lui,mais peut être aussi de l’extérieur. C’est un phénomène très neuf et il ne faut pas sous-estimer ce progrès.

Antonio Torrenzano. Le progrès de revendication.

Stéphane Hessel. Oui, bien sûr, la revendication démocratique, la revendication de la lutte contre l’arbitraire, la revendication pour les droits des individus. Là où ces droits sont bafoués, tous les régimes dictatoriaux trouveront désormais des hommes et des femmes à protester, pour rappeler aux autorités responsables leurs devoirs. La lutte pour les droits humains est encore très longue, mais passionnante. Passionnante, parce qu’il s’agit de soutenir cette lutte à faveur des populations qui n’ont pas encore joui de leurs droits, de surmonter les obstacles et donner un visage pacifique au monde de demain.

Antonio Torrenzano. Avons-nous besoin d’une organisation des Nations Unies encore plus forte et solide ?

Stéphane Hessel. Nous avons terriblement besoin d’une organisation mondiale forte, qui surmonte ses faiblesses. L’ONU n’est pas une entité abstraite. À mon sens, il ne s’agit pas de réformer l’ONU, il s’agit de réaffirmer le primat de cette institution pour les États membres.Si l’ONU paraît insuffisamment efficace, c’est que ses États membres et, notamment les plus puissants d’entre eux, n’ont trop souvent pas pris au sérieux les engagements qu’ils ont pris en signant la Charte. La Charte n’a pas vieilli, même si la situation du monde et les défis nouveaux exigent une adaptation de son fonctionnement pratique. Pour remplir ces missions, cette organisation internationale a besoin de la coopération énergique des nations qui assument dans le monde actuel les principales responsabilités, au plan mondial et au plan régional. Il faut renforcer cette organisation pour que les conditions d’entrée en guerre des États-Unis en Irak, par exemple, elles ne se reproduisent plus. Pour que le Rwanda ne se reproduise plus. Dans ce nouveau climat de financiarisation de l’économie et de dégradation de la planète, la réaction de la communauté internationale devra être forte et nouvelle. De plus, il faut bien se rendre compte qu’on ne pourra réformer ce monde dangereux que si on le fait très largement tous ensemble. Ce qui signifie qu’il faut renforcer les institutions internationales, notamment les Nations Unies, grâce à un appui plus fort des États, mais aussi de l’opinion publique, afin qu’elles puissent faire face à ces nouveaux grands défis. Cette organisation a survécu aux crises, aux disparités, aux difficultés entre les différents États membres et elle constitue aujourd’hui une grille selon laquelle on doit pouvoir lire l’avenir.

Antonio Torrenzano. Quels seront-ils, à votre avis, les défis du XXIe siècle ?

Stéphane Hessel. Un risque de violence nouvelle à l’intérieur même des États et dans toute la communauté internationale.Les impacts du terrorisme où de violents conflits ethniques sont désormais une réalité. Le deuxième grand défi, évident, mais pas suffisamment pris en compte, concerne la dégradation de la planète. Le troisième défi, à mon avis encore plus grave, concerne l’écart croissant entre les très riches et les très pauvres. Cet écart a toujours existé, mais le développement économique n’a pas encore réussi à réduire cette fracture. Les grands défis pour les nouvelles générations sont là. Se désengager… c’est renoncer à l’avenir.

Antonio Torrenzano

 

*Un spécial remerciement à l’artiste Esquivel Arcadio (quotidien La prensa) pour l’illustration.

 

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Conversation avec Monique Ilboudo, juriste, écrivain, ancien ministre pour la Promotion des droits humains au Burkina Faso.Professeur de droit, elle a enseigné le droit privé à l’université d’Ouagadougou. Militante convaincue des droits de l’homme et en particulier de ceux des femmes, elle est aussi une figure importante dans la littérature africaine de langue francophone. Auteur de nombreux essais, dont «Le mal de peau », Paris, éditions Serpent à plumes, 2001; «Droit de cité, être femme au Burkina Faso», éditions du Remue-ménage, 2006. Le dialogue a eu lieu à Paris auprès de l’organisation internationale UNESCO.

Antonio Torrenzano. Vous avez plusieurs fois déclaré que la pauvreté est une question de droits humains. Mais, comment travailler pour faire accepter à la communauté internationale cette vision ?

Monique Iboudo. Faire admettre que la pauvreté constitue une violation des droits humains est difficile, mais je suis sûr que cela permettra à nos pays d’avancer plus rapidement. La lutte contre la pauvreté n’est pas une question de charité ou de philanthropie. Ceux qui en sont victimes, ils sont des individus qui ont des droits déjà codifiés dans la Charte des Nations Unies et dans beaucoup de Conventions internationales. La seule question à se poser devrait-elle donc être : comment satisfaire ces droits ? La question du bien-être des individus n’est pas seulement une question économique. La liberté, la dignité, la responsabilisation des citoyens sont des facteurs déterminants. Si vous traitez les gens comme des incapables, eux-mêmes ne se sentent pas en mesure de pousser à la réalisation de certains objectifs. De fait, si l’on admettait que la pauvreté est une question de droits humains, on pourrait aborder autrement la question des responsabilités. Du point de vue individuel, par exemple, si chacun sentait que la solidarité est un droit pour autrui et un devoir pour soi, le monde changerait plus rapidement.

Antonio Torrenzano. Changer l’approche de la lutte contre la pauvreté est-il donc fondamental?

Monique Iboudo. Ce que je demande ! C’est une question de justice et de respect pour la dignité de chaque individu. C’est pour cette raison que cette réflexion doit être largement partagée. Si nous étions plus nombreux à considérer cette approche comme réalisable, cela pourrait déjà changer les politiques du développement. Depuis quelques années, on parle beaucoup de développement humain durable. Il s’agit de faire de l’être humain le point de départ et le point d’arrivée des politiques et des actions de développement. Jusqu’à ce moment, il a été difficile, mais pas impossible à rejoindre. Si cette vision était davantage partagée, on pourrait porter la réflexion un peu plus loin. Pour les pays africains, il est en effet la question essentielle. Si nous arrivons à être solidaires entre nous, nous avancerons plus vite. Saisir la pauvreté en termes de droits humains nous obligerait à revoir toutes les politiques, tous les programmes, tout ce qui concourt au développement des pays pour faire du respect des droits humains une priorité.

Antonio Torrenzano

 

*Un spécial remerciement à l’artiste Plantu pour l’illustration.

 

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Au Palais de Chaillot, à Paris, le 10 décembre 1948, cinquante-quatre États adoptent la Déclaration universelle des droits de l’homme. Aucun n’a voté contre, huit se sont abstenus. La Commission des Nations Unies est présidée d’Eléanor Roosevelt,rédacteurs déterminants René Cassin, Stéphane Hessel, Charles Malik.

 

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Soixante années après l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, qu’en est-il du respect fondamental dû à toute personne humaine, en tant que sujet de droit, libre et responsable ? Qu’en est-il du respect de la dignité et de l’intégralité de l’individu, point de repère à partir duquel s’édifient et se déploient les droits humains ? Le chaos international de notre présent a-t-il de conséquences aussi sur les droits de l’homme, une discipline en pleine évolution?

La Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée par l’assemblée générale des Nations Unies, le 10 décembre 1948 à Paris, a été le premier pas vers la réalisation de cet objectif. Avec le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, tous les deux adoptés en 1966, la Déclaration universelle constitue ce que l’on appelle la charte internationale des droits de l’individu. Depuis le 1966, les droits humains et les libertés fondamentales ont été codifiés dans des centaines d’instruments juridiques universels et régionaux qui touchent presque tous les aspects de la vie humaine et ils couvrent un large éventail de droits civils, politiques, économiques et sociaux.

Ces codifications fixent les limites dans lesquelles l’État peut exercer son pouvoir et elles exigent des obligations de la part de l’État pour qu’il prenne des mesures afin de garantir un environnement pour faire jouir à tous les êtres humains de leurs droits. Les droits humains peuvent donc se définir comme la somme des droits de chaque individu, reconnus par les États souverains et codifiés dans le droit international. Si, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les droits de l’homme ont évolué essentiellement à l’intérieur de l’État-nation, les Nations Unies ont joué, dans ces 60 derniers ans, le meilleur rôle dans le développement et la définition de ces garanties pour tous.

L’universalité des droits de l’homme a été parfois contestée. Certaines critiques dénonçaient, par exemple, que la notion même de droit humain était occidentale et elle ne valait sa diffusion à travers le monde qu’à une attitude des pays développés. Mais, une étude effectuée par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) en 1968 a clairement montré que les aspirations profondes qui sous-tendent les droits de l’homme correspondent à des notions (celles de justice,d’intégrité et de dignité de l’individu, le droit de ne pas être opprimé ni persécuté et le droit de l’individu de participer aux affaires de la collectivité) que l’on retrouve en tout temps dans toutes les civilisations. Aujourd’hui, l’universalité des droits de l’homme n’est plus à prouver, car la grande majorité des pays, parmi lesquels se retrouvent les cultures, les religions et les traditions politiques les plus diverses, ont adopté et ratifié les principaux instruments relatifs aux droits de l’individu. Le  défi, comme l’a fait récemment remarquer l’ancien secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan,est aujourd’hui de solliciter les normes déjà adoptées.

C’est à ces interrogations fondamentales que s’emploient à répondre les dialogues avec des juristes et des philosophes, les contributions photographiques et vidéo contenues dans ce dossier du mois de décembre de mon carnet numérique.

Antonio Torrenzano

 

*Un spécial remerciement à l’artiste Patrick Chappatte pour l’illustration.