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Conversation avec Jean Ziegler, juriste, écrivain, professeur à l’université de Genève, ancien rapporteur spécial de la Commission de droits de l’homme des Nations Unies pour le droit à l’alimentation. Auteurs de nombreux essais, traduits dans plusieurs langues étrangères, dont «L’empire de la honte», aux éditions Fayard, 2003, «Les nouveaux maîtres du monde et ceux qui leur résistent» Fayard, 2002; «La faim dans le monde expliquée à mon fils»,1999. Le dialogue a eu lieu à Genève.

Antonio Torrenzano. Le sommet financier du G-20 de la moitié du mois de novembre, il n’a donné aucune réponse sur certaines questions brulantes. Par exemple, les relations et les interdépendances nord/sud de la planète. Pourquoi, à votre avis ?

Jean Ziegler. L’Occident mène une politique suicidaire. Maintenant, les riches maigrissent et les pauvres meurent, dit un proverbe. L’ONU a identifié huit tragédies à éliminer prioritairement. Ce sont les objectifs du millénaire à réaliser d’ici à 2015 : éradiquer l’extrême pauvreté et la faim ; assurer à tous les enfants en âge scolaire un enseignement de base ; promouvoir l’égalité entre les sexes et l’autonomie des femmes ; réduire la mortalité infantile, améliorer la santé des mères ; combattre le sida, la malaria et d’autres épidémies ; garantir la protection de l’environnement ; établir un pacte mondial pour le développement. Ces objectifs ont été chiffrés à 82 milliards de dollars annuels sur cinq ans. Depuis 2000, l’Occident dit qu’il n’a pas d’argent, mais le mois d’octobre dernier, en trois heures et demie, les 27 pays de l’Union Européenne ont libéré presque de 1.600 milliard d’euros pour le crédit interbancaire afin d’augmenter la liquidité des leurs instituts de crédit. Savez-vous, combien d’argent il suffirait pour éliminer les huit tragédies indiquées par les Nations Unies ? Il suffirait seulement l’1% de ces 1.600 milliards.

Antonio Torrenzano. Les conséquences économiques de la crise financière seront beaucoup plus graves pour les pays en développement que pour les pays riches, déclarait au Monde fin octobre Kemal Dervis, dirigeant du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Dans vos dernières conférences autant que dans vos derniers essais, vous répétez que les peuples du Sud ont décidé de revendiquer une addition. Une addition très salée.

Jean Ziegler. Une addition à l’Occident bien sûr. Mais l’Occident reste sourd et aveugle aux revendications du sud de la planète. La faim dans cette région du monde augmente d’une façon vertigineuse. Toutes les cinq secondes, un enfant de moins de dix ans meurt de faim dans le monde et 100 000 personnes meurent de misère. 923 millions d’êtres humains, plus d’un homme sur six, sont en permanence gravement sous-alimentés. Ce massacre quotidien de la faim s’intensifie. Le Nigeria, par exemple, est le huitième producteur de pétrole au monde, le premier en Afrique. C’est le pays le plus peuplé du continent avec 147 millions d’habitants. L’espérance de vie par chaque individu n’est que de quarante-sept ans. Plus de 70% de la population vit dans une situation d’extrême pauvreté. La sous-alimentation est permanente. Il y a absence d’écoles, de services sanitaires. Tout cela en raison de la corruption endémique des dictateurs militaires qui se sont succédé au pouvoir depuis 1966. Le lien de confiance entre les citoyens et l’État est brisé par la corruption et le pillage. Mais les responsabilités sont partagées. Les sociétés pétrolières qui exploitent les immenses richesses du pays: SHELL, ELF, EXXON, TEXACO, sont les complices actifs des généraux. Les sociétés pétrolières favorisent la corruption parce qu’elle les sert. Lorsqu’on négocie le partage des richesses et des biens, il est infiniment plus favorable d’avoir des corrompus en face de soi qu’un gouvernement démocratiquement élu qui défend l’intérêt public. Je condamne la corruption.

Antonio Torrenzano. La crise financière a-t-elle montré le vrai visage de la finance mondiale ? Encore, les paradis fiscaux pourront-ils être réglementés?

Jean Ziegler. La main invisible du marché est finalement devenue visible: c’est celle des prédateurs. Or ces mensonges se sont effondrés. La conscience collective va entrer dans un processus d’apprentissage et d’analyse et la riposte sociale va s’organiser. Comment va s’organiser cette riposte sociale ? Nous ne le savons pas encore, mais c’est la question centrale. Les paradis fiscaux ? Il faut les éliminer totalement. C’est l’une des mesures les plus urgentes à prendre. Il faut rétablir la prééminence du secteur public lorsqu’il s’agit de services publics, imposer une normativité stricte aux capitaux, réguler les bourses pour éviter la spéculation. Le libre-échange est un mal quand l’État perd sa force normative. L’intérêt du pays, ce sont la justice sociale, la distribution équitable des ressources, la démocratie sociale.

Antonio Torrenzano. Et l’annulation de la dette ?

Jean Ziegler. Oui, tout est là. C’est le garrot qui crée la faim et empêche le développement. Cela dit, l’annulation pure et simple de la dette n’est pas la seule solution, parce qu’il y a des régimes corrompus. La société civile et les réseaux des ONG avaient proposé un mécanisme qui convertirait la dette des 49 pays les moins avancés en monnaie locale afin de contribuer au développement, sous la surveillance du FMI. Tout cela, il peut être une voie. Mais il y a une vraie hypocrisie consistant à dire que si les pays du Tiers-Monde ne payaient pas leur dette, le système bancaire mondial s’effondrerait. Or, les chiffres démontrent que c’est absolument faux. La dernière crise boursière, elle a brulé des richesses qui sont 14 fois supérieures à l’ensemble de la dette des 122 pays du Tiers-Monde et l’économie a parfaitement digéré tout cela. Sur cette hypocrisie profitent presque 500 grandes sociétés transcontinentales du monde qui ont administré l’année dernière plus de 54% du produit mondial brut. Nous vivons la reféodalisation du monde! Les nouveaux seigneurs féodaux ont un pouvoir infiniment plus puissant que dans le passé. Mais je suis certain que ce processus va déboucher sur un nouveau contrat social planétaire. Le contraire du marché auto régulé est la loi. Jean-Jacques Rousseau, il écrivait dans le Contrat social : « Entre le faible et le fort, c’est la liberté qui opprime et c’est la loi qui libère.» Je suis absolument certain que les peuples occidentaux vont comprendre que l’inhumanité infligée aux autres détruit l’humanité qui est en eux. Nous sommes doués d’impératifs moraux, de conscience d’identité. Ce règne des prédateurs, reconnaissable au massacre quotidien de la faim, n’est plus acceptable. Un nouveau contrat de solidarité et de dialogue entre le sud et l’occident va s’approfondir par des peuples libérés de leur aliénation.

Antonio Torrenzano

 

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Conversation avec Thomas Pogge, écrivain,philosophe,professeur à l’université de Yale aux États-Unis, conseiller auprès de l’agence UNESCO des Nations Unies pour la lutte contre la pauvreté. Thomas Pogge a consacré une partie importante de sa recherche scientifique à l’analyse et à la recherche de solutions contre la pauvreté absolue et il a publié nombreux essais sur ce sujet. Auteur de plusieurs livres, traduits dans différentes langues étrangères, dont «The Ethics of Assistance: Morality and the Distant Needy.», Cambridge, Cambridge University Press 2004; «World Poverty and Human Rights : Cosmopolitan Responsibilities and Reforms.», Cambridge, Polity Press 2002. Le dialogue a eu lieu à Paris auprès de l’Organisation internationale UNESCO des Nations Unies.

Antonio Torrenzano. Vous avez écrit un essai intitulé: «La pauvreté dans le monde et les droits humains ». La pauvreté est-elle la négation d’un Droit humain? Encore, comment définissez-vous la pauvreté?

Thomas Pogge. Je ne dis pas que la pauvreté est par essence un problème de droits humains, ni que tous les cas de pauvreté relèvent de droits humains. Mais j’affirme que presque toute la pauvreté du monde contemporain est un problème de droits humains. Dès lors que la pauvreté est largement causée par autrui (par la conduite et la gouvernance des pays riches), il faudrait alors considérer cela comme une violation des droits humains. Le régime actuel du commerce mondial, par exemple, il contribue à la perpétuation de la pauvreté à travers l’ouverture du marché asymétrique qui a eu lieu dans les années 1990. Les pays pauvres n’ont toujours pas libre d’accès à nos marchés et ils sont encore gênés par les droits antidumping, les quotas et les subventions massives, par exemple sur les produits agricoles et textiles. Non seulement ces subventions rendent les produits des pays pauvres non compétitifs sur les marchés des pays riches, mais elles les empêchent aussi d’être écoulés sur les autres marchés parce qu’elles permettent aux pays riches de vendre partout leurs propres produits moins cher. En soutenant un ordre économique mondial qui préserve le droit des pays riches d’imposer de telles mesures protectionnistes dans le système du commerce mondial, ces derniers contribuent largement à entretenir le problème de la pauvreté dans le monde. Quelle définition donner à la pauvreté? La pauvreté est couramment définie en termes de revenu, mais il y a des définitions beaucoup plus larges qui tiennent compte aussi d’autres aspects de la privation. Le premier objectif du Millénaire se réfère à une définition de la pauvreté fondée sur le revenu qui est parfaitement acceptable à niveau économique et de privations. Mais d’un point de vue philosophique, la définition économique de la pauvreté n’est pas trop importante parce que du point de vue moral dépasse largement la notion de faible revenu.

Antonio Torrenzano. Le premier objectif du Millénaire des Nations Unies est de réduire de moitié la proportion de la population vivant avec moins d’un dollar par jour. Cet objectif est-il réalisable après la catastrophe financière de l’automne 2008 ?

Thomas Pogge. Je suis pessimiste, car il n’y a tout simplement aucune volonté politique de réaliser ces objectifs. Aujourd’hui, chaque pays doit assumer sa propre éradication de la pauvreté et, la plupart des pays riches, ils ne voient aucune urgence à concourir à ce processus. Ils ne pensent pas qu’ils devraient, par exemple, assouplir les lois du marché de manière à ce que les pays pauvres atteignent plus facilement l’objectif. La responsabilité est rejetée dans la plupart des cas sur les mêmes pays pauvres. De plus, la crise financière et la longue récession économique qui se produira dans le nord de la planète ne feront pas réellement rejoindre l’objectif. Il était un objectif facile à atteindre parce qu’il avait été formulé pour pouvoir être atteint dans l’année 2015. Le plan prévoyait de réduire de moitié le pourcentage de la population des pays du Sud du monde qui vit dans une grande pauvreté. Si on calcule cela en donne numérique, il s’agissait seulement de réduire de 20 % le nombre de gens très pauvres de 2000 à 2015. L’objectif révisé n’est pas très ambitieux, mais après le bouleversement financier, même cette réduction me semble une utopie.

Antonio Torrenzano.Dans vos récents séminaires vous avez comparé le problème de la pauvreté dans le Sud du monde avec certaines catastrophes du siècle dernier, je pense par exemple à la dernière guerre aux Balkans. La mondialisation a-t-elle contribué à augmenter les violations des droits humains liés à la pauvreté ?

Thomas Pogge. La mondialisation n’est pas un phénomène homogène particulier. En fait, du point de vue de la pauvreté, la manière dont la mondialisation a été dirigée ces quinze dernières années est bien pire que ce qu’elle aurait pu être. Le chemin de la mondialisation qui a été choisi a engendré et, c’était prévisible, une pauvreté bien plus grande que nécessaire. En ce sens, elle conduit à la violation des droits humains. J’ai comparé le problème de la pauvreté absolue aux exterminations actives et délibérées du siècle dernier parce qu’il s’était moralement urgent, il y a cinquante ans, poursuivre une politique capable de vaincre le défi nazi et de mettre fin à l’Holocauste; aujourd’hui, il est très urgent de traiter le problème de la pauvreté dans le monde qu’il serre un milliard d’individus. La communauté internationale a eu jusqu’à ce moment une approche ridicule sur ce problème. Les pays riches ont consacré seulement un peu plus de 50 milliards de dollars par an à l’aide publique au développement jusqu’à présent, dont seulement 4 milliards de dollars ont été investis dans des prestations sociales élémentaires. Comparés à leurs PNB cumulés de quelque 26 000 milliards de dollars, ces 4 milliards représentent évidemment un montant extrêmement faible pour un problème aussi vaste.

Antonio Torrenzano. Pourquoi la communauté internationale n’a-t-elle pas su concilier les droits économiques et sociaux, d’une part, et les droits civils et politiques, d’autre part, pour tout le monde ?

Thomas Pogge. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, il y a une longue polémique entre ceux qui pensent que les droits civils et politiques sont les vrais droits de l’homme et ceux qui disent que les droits économiques et sociaux sont plus importants que les droits civils et politiques. Ces deux types de droit sont, bien sûr, d’une importance capitale et se renforcent mutuellement. Comme l’a fait observer Amartya Sen, les droits civils et politiques sont des supports très importants pour les droits économiques et sociaux. Dans un pays ayant une presse libre et un système politique ouvert et compétitif, les besoins élémentaires des pauvres seront plus sûrement satisfaits. Inversement, dans un pays où les droits économiques et sociaux sont garantis, où les gens n’ont pas à mobiliser toute leur énergie pour assurer leur prochain repas, une véritable démocratie a plus de chance d’exister. Donc, au rang empirique, je pense qu’il y a une forte corrélation. Sur le plan théorique, je pense encore que les droits de la personne sont indivisibles dans le sens où une vie humaine dans laquelle certains de ces droits sont insatisfaits est une vie brisée. Comme philosophe, je souligne que la pauvreté est une très grande responsabilité morale, bien plus grande que n’importe quelle autre de nos présentes responsabilités. Nous sommes complices d’un immense crime contre l’humanité commis en avalisant le présent ordre économique mondial.

Antonio Torrenzano

 

Net Bibliogr@phie.

Pour en savoir plus sur les recherches de Thomas Pogge, voir le site http://www.policyinnovations.org ou la page web http://www.etikk.org/globaljustice de l’université de Oslo. Consultez-vous aussi la page personelle du philosophe au suivant adresse: http://pantheon.yale.edu

 

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Les Pays qui vivent dans une pauvreté extrême, ils cohabitent avec le XXI siècle, mais leur réalité ressemble à celle de XIV siècle: guerres civiles, épidémies, malnutrition. Ce sont de Pays surtout concentrés en Afrique et en Asie centrale. Du 1990 au 2007, ces Nations ont eu de revenus nationaux négatifs, c’est-à-dire de -5% dans leurs PIB. Dans ces Pays vivent environ un milliard d’individus: le dernier milliard comme il l’a définit Paul Collier dans son dernier essai «The bottom millions». Leur situation est destinée d’empirer, leurs possibilités d’intégration avec le reste de la planète à diminuer. Aucune définition de la pauvreté n’a fait l’objet de consensus à l’échelle internationale jusqu’à présent. Sans doute parce qu’il existe de nombreuses façons d’envisager cette réalité, selon qu’on y porte un regard politique, un regard engagé dans le développement, dans l’action sociale, selon encore que l’on est issu du monde scientifique. Mais, à l’échelle du globe, la pauvreté n’a ni couleur, ni frontière.

Sur une partie de l’Afrique, la terre a toujours été difficile et la vie précaire. Cependant, au fil des siècles, les sociétés africaines avaient appris à s’adapter aux contraintes écologiques, à l’irrégularité des pluies comme à la fragilité des sols. Le drame actuel de l’Afrique ne tient ni à son climat ni à ses sols, mais au fait que l’homme a transformé des fragilités en déséquilibres. L’adoption de modèles économiques venus du nord, il me racontait Edgar Pisani pendant un entretien, ils ont détruit les modes de faire, les comportements, la culture des Africains. Ces modèles ont même empêché que les Africains se les approprient. Ces modèles ont déstructuré le système communautaire qui assurait la solidarité des membres du clan et rien n’a pu combler ce vide. Ainsi, l’Afrique a été livrée corps et âme à des concepts, des outils, des technologies, des organisations, des valeurs, des règles de procédure, des choix qui n’étaient pas siens. Au lieu de l’enrichir, ils l’ont mutilée.L’Afrique s’est glissée dans des habits faits pour des autres.Extravagante présomption des pays riches, pour lesquels il ne peut y avoir de société accomplie qu’à l’image de la leur.

Tout le monde, affirmait Edgar Pisani dans l’entretien du mois d’août 2008, s’est fait le complice de cette aliénation culturelle: les gouvernements du nord, les agences internationales, les organismes de coopération, les églises. Les Africains aussi; parce qu’ils ont utilisé l’aide qui leur était nécessaire comme une potion magique, non comme un instrument d’appui à leur propre développement. Tout cela explique l’appauvrissement du continent.

Quoi faire alors? L’urgence dans ce moment tue l’avenir, il m’a répondu Jeffrey Sachs pendant notre dernier dialogue. Le public ne se rend pas compte qu’il existe quotidiennement dans les pays les plus pauvres un tsunami silencieux qui mérite une mobilisation autant que celle de tsunamis visibles. Un désastre est actuellement à l’œuvre dans la plupart des pays d’Afrique et dans de nombreuses parties du tiers-monde. Encore, dans nombreux Pays en voie de développement, la faim peut déterminer et modifier l’avenir,la fréquence scolaire des garçons et des filles, leurs projets, leurs reves.

La faim a créé une situation de vulnérabilité qui augmente pas seulement la diffusion du SIDA, mais les possibilités aussi de contracter la tuberculose ou d’autres maladies chroniques.Nous avons besoin d’un consentement mondial pour pouvoir réaliser l’effacement de la faim. Nous devons réduire de la moitié le numéro d’individus qui vivent en souffrant la faim dans le monde. Faim qu’à aujourd’hui, elle tient en esclavage presque 800 millions d’individus dont 400 millions, ce sont des enfants.

Ce carnet numérique, c’est déjà occupé de la pauvreté comme problème urgent avec deux conversations au mois d’août 2008 avec l’économiste Jeffrey Sachs et l’ancien ministre de l’Agriculture Edgar Pisani, mais aussi au mois d’octobre 2008 avec Éric Toussaint, économiste et président du Comité pour l’annulation de la dette du Tiers Monde–Belgique. Encore, dans l’année 2007, toujours au mois de novembre, cette rubrique a publié un dossier approfondi dédié au Continent africain et plusieurs débats avec l’économiste Samir Amin, M.me Sheila Sisulu (sous-directeur exécutif du Programme alimentaire mondial des Nations Unies), le journaliste Giulio Albanese (directeur de l’agence internationale de presse MISNA).

La crise financière et les bouleversements économiques de ces derniers mois, ils nous obligent à retourner sur ce sujet pour rappeler à la communauté internationale le silence de ces prisonniers inconnus, abandonnés aux humiliations à l’autre but du monde, à ne pas oublier ce silence et à le faire retentir par les moyens de la parole. Aucune société n’est parfaite, il soutenait Claude Lévi-Strauss dans «Tristes tropiques». Toutes comportent par nature une impureté incompatible avec les normes qu’elles proclament, et qui se traduit concrètement par une certaine dose d’injustice, d’insensibilité,de cruauté. Un humanisme bien ordonné ne commence pas, il affirmait toujours Claude Lévi-Strauss dans l’essai «L’origine des manières de table», par soi-même, mais place le monde avant la vie, la vie avant l’homme, le respect des autres êtres avant l’amour-propre.Des réflexions, aujourd’hui, encore très contemporaines.

Antonio Torrenzano

 

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Conversation avec Muhammad Yunus, économiste, entrepreneur bangladais connu pour avoir fondé la première institution de microcrédit, la Grameen Bank, prix Nobel de la paix en 2006. Surnommé le «banquier des pauvres », après avoir occupé le poste de sous-directeur au Planning Commission du gouvernement de son Pays, il devient responsable du département d’économie de l’université de Chittagong où avec des étudiants, il crée un groupe de recherche-action, dont les premiers travaux porteront surtout sur des questions agronomiques. Ce n’est que dans un second temps que Muhammad Yunus en vient à penser qu’une grande partie des problèmes rencontrés par les paysans pauvres de Jobra (le village voisin à l’Université de Chittagong) tiennent à leurs difficultés d’accès à des capitaux. C’est ainsi que le jeune professeur d’économie en vient à proposer un premier microprêt à quelques dizaines d’habitants du village, en utilisant son propre argent. L’effet de ces prêts au montant dérisoire s’avère rapidement très favorable sur la situation matérielle des bénéficiaires. Après avoir tenté d’impliquer qu’une banque commerciale dans le lancement d’une première ligne d’action de microcrédit, l’économiste Yunus décide de créer son propre programme. Celui-ci est officiellement mis en place en 1977, sous le nom de « Grameen ». La « Grameen bank» obtiendra le statut d’établissement bancaire en 1983. Auteur de nombreux essais, traduits dans plusieurs langues diplomatiques, dont «Portraits de microentrepreneurs», avec Jacques Attali, éditions le Cherche midi, Paris 2006; «Vers un monde sans pauvreté», avec Alan Jolis,Paris, édition Lattès, 1997; Muhammad Yunus a publié son dernier livre «Vers un nouveau capitalisme», toujours aux éditions Lattès en 2008. Le dialogue s’est développé dans plusieurs reprises en Italie dans les villes de Bologne et Rome.

Antonio Torrenzano. Qu’est-ce que vous pensez de la dernière crise financière aux États-Unis et dans presque tout l’occident développé ?

Muhammad Yunus. Une manifestation typique des défauts du système. L’occident a été tellement obnubilé par le fait de faire de l’argent pour soi-même qui est arrivé à convaincre les autres, sachant ou devinant qu’il y avait un risque d’échec, mais en tant que vendeur il a embellissé le tableau… Et dans cette manière que les banques ont vendu à des personnes qui n’avaient rien demandé et qui ne comprenaient rien, même pas les éléments juridiques écrits sur les contrats, des prêts qu’ils n’ont pas pu rembourser. Ces individus n’avaient pas dès le début les moyens financiers pour conclure leurs contrats à l’échéance fixée. Avec la crise, rien ne marche plus comme prévu et la catastrophe est sans précédent. Il y a, toutefois, toujours le même problème: après chaque catastrophe financière, le système oublie ce qui arrive à ces victimes du rêve qu’on a leur vendu.

Antonio Torrenzano. Croyez-vous que le capitalisme contemporain a oublié l’individu dans le sens politique de la parole ?

Muhammad Yunus. La dérégulation des marchés financiers a produit cette catastrophe. La communauté internationale devra à présent produire une nouvelle planification et de rigides vérifications de la finance internationale pour que le bénéfice puisse se distribuer vers tout le monde, vers les économies plus faibles et les individus plus démunis. Le problème central du capitalisme unidimensionnel veut que le seul but de l’entreprise soit de gagner de l’argent,de maximiser son profit et que le bonheur soit lié à la consommation. Dans le capitalisme unidimensionnel, tout le monde espère gagner de l’argent en faisant des affaires, de posséder de plus en plus des biens économiques ou de l’argent pour être heureux. Mais, de quel bonheur parle-t-il l’occident ? Le bonheur ne pas un multiple de richesse de ce qu’un individu possède. Ceci n’a pas de sens. L’homme est un être multidimensionnel qui aime aider et coopérer avec les autres sujets humains. En revanche, l’homme artificieusement dessiné par le système capitaliste ne devrait que de gagner de plus en plus de l’argent. La différence entre les deux représentations sociologiques, il est abyssal. L’individu multidimensionnel souffre s’il voit ses congénères en difficulté, il s’implique pour créer un monde meilleur ; l’homme économique est égoïste, seul et ses relations sociales sont projections exclusivement visées à de nouveaux profits.

Antonio Torrenzano. Pourquoi et comment la Grameen Bank est-elle différente des banques traditionnelles ?

Muhammad Yunus. Les instituts traditionnels prêtent de l’argent à qui il en a déjà. Le microcrédit renverse cette pratique: nous donnons de prêts aux pauvres. La garantie unique est la confiance. Qui a reçu de prêts il sait que, s’il rend l’argent dans la limite temporelle préétablie, il pourra accéder à d’autres sommes allouées. Il est un système vertueux qui fonctionne pratiquement toujours. Grâce à cette expérience au Bangladesh, le 80% des pauvres, il est entré dans les programmes du microcrédit. Le défi est d’arriver au 100%: dans cette manière non seulement on améliore l’existence des gens, mais on stimule l’économie du Pays. Il y a des choses que j’ai apprises en cours de route et que je ferais sans doute différemment, à la lumière de ce que je sais aujourd’hui. Dans tout cas, je continuerai à tout essayer pour voir si telle ou telle idée peut marcher,comme nous l’avons fait pour la banque, sans jamais m’arrêter en me disant que ça ne fonctionnera jamais. Le meilleur moyen de savoir si l’on peut réussir quelque chose est d’essayer. La finance et l’investissement ont été toujours vus comme des modèles du rendement, du capital et de l’intérêt avec toutes les limites qu’une vision mono thématique elle peut avoir. Je suis content de ce que j’ai fait,et de l’avoir fait. Content d’avoir trouvé en face de moi du répondant,de la motivation de la part des personnes auxquelles je m’adressais.Content d’avoir été obstiné, de n’avoir jamais laissé tomber,d’y avoir toujours cru même dans les périodes de découragement. Il faut croire dans l’homme multidimensionnel. Croire en ses énormes capacités, qui sont illimitées et qu’il est dommage de ne pas utiliser. Chacun n’utilise qu’une part infime du potentiel qu’il a en lui,et c’est un vrai gâchis. La vie est un processus irréversible,il n’y aura pas de deuxième chance. Depuis le 1989 à aujourd’hui, notre expérience a offert la possibilité de destiner des ressources à des initiatives d’utilité sociale.

Antonio Torrenzano

 

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Le 15 novembre, vingt États se rencontreront à Washington pour définir dans la brève période de réponses sur comme soulager la crise économique et en faciliter la conclusion. Ceux-ci prendront en outre décisions de longue période pour redessiner les règles de la finance internationale.

Le sommet G20 de moitié novembre est, donc, le début d’un procès qu’il pourra être décisif à la politique économique internationale des prochaines années. La rencontre est historiquement semblable aux négociations préparatoires de la conférence de Bretton Woods avec les mêmes «options réelles» pour la communauté internationale de prendre une nouvelle direction. Les choix pas audacieux failliraient et elles produiraient d’insignifiants effets tampon au statu quo de l’économie d’aujourd’hui. La situation, pour beaucoup de raisons, est-elle identique à celle-là racontée par l’économiste Richard Gardner dans l’essai «The Sterling Dollar Diplomacy» du 1955 et publié par l’Oxford universiy press l’an suivant.

L’architecture du système international financier contemporain n’a pas fonctionné et elle s’est montrée incapable de protéger soit les États soit les individus. La crise financière mondiale exige une réaction mondiale donc, de choix audacieux contre l’aggravation de l’économie réelle et la longue récession amorcée par la crise financière.

Joseph Stiglitz, pendant une réunion près des Nations unies il y a quelques jours, débat convoqué par le président de l’assemblée générale de l’ONU, il a dit: «il ne faut pas perdre de vue que la crise financière touche des individus, des êtres humains. Devant cette crise mondiale, les réactions doivent être guidées par des débuts de solidarité et de justice sociale et ils doivent dépasser les frontières nationales. Il faut repenser l’équilibre nécessaire entre gouvernements et marché, en respectant les débuts de transparence et vigilance. Nous devons nous mettre dans cette perspective qu’il nous permet de comprendre que les marchés et l’économie en générale ne sont pas un but en soi, mais qu’ils sont là pour servir les citoyens. Elle a été inquiétante l’excessive attention qui a mis l’accent seulement sur la recherche de profits à avantage de peu dans ces derniers quinze ans. Les intérêts des entreprises, des actionnaires et des consommateurs ne sont pas identiques aux mêmes intérêts des citoyens.»

Toujours selon le prix Nobel: «La crise nous donne la possibilité de revoir notre doctrine économique et de la compléter avec les grands changements qu’ils sont intervenus dans ces derniers ans, mais qu’ils n’ont pas été codifiés dans les traités mondiaux. Il faut opérer des réformes profondes pour douer les économies de systèmes financiers robustes et qu’elles puissent soutenir la promotion de la prospérité. Ces systèmes devront être plus équitables et non dissimulés. Aujourd’hui,les Nations Unies représentent la seule institution légitime dans ce domaine. Cependant, la réponse à la crise exigera des nouveaux choix et ensuite de faire recours au Fond monétaire international et à la Banque mondiale. Mais ces deux institutions, en priorité, dans les dernières années, elles ont adopté une approche personnelle selon laquelle les forces de marché étaient suffisantes à la réglementation de l’économie.»

Le 15 novembre à Washington, la vertu sauvera-t-elle le monde? La finance de marché a eu la propriété de faire voir dans une longue période les résultats catastrophiques de son immoralité. Et si même la catastrophe de cette magnitude ne parvenait pas à prendre des choix courageux, alors nous pourrons nous demander quel degré de convulsion il faudra atteindre pour obtenir du système le premier doute…

Antonio Torrenzano

 

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Conversation avec John Perkins, écrivain, économiste, consultant financier. Perkins naît le 28 janvier du 1945 à Hanover dans le New Hampshire. Il a fréquenté le Tilton High School, le Middlebury Collège et le Boston University School of Management dans les années 60. Il a travaillé pour une société internationale de conseil de Boston comme chef économiste, mais il était, dans la réalité, un sicaire de l’économie. Il a vécu et travaillé en Afrique, en Asie, au Moyen-Orient, en Amérique latine. Il a tenu caché son rôle jusqu’aux événements du 11 septembre 2001 qui l’a convaincu à révéler les secrets de sa vie et la corruption économique de la mondialisation. Aujourd’hui, John Perkins est un écrivain et un partisan pacifique pour les droits des tribus autochtones et dans les mouvements à défense de l’environnement. Auteur de nombreux essais, traduits dans plusieurs langues diplomatiques, dont «Les Confessions d’un assassin financier», Paris, éditions Ariane, 2006 et «The Secret History Of The American Empire», New York, Peguin group, 2008. Le dialogue s’est développé en deux reprises :à Milan où l’auteur a présenté son livre «Les Confessions d’un assassin financier» en 2007 près de la librairie Feltrinelli et par téléphone dans l’été 2008. Son site web http://www.johnperkins.org.

 

Antonio Torrenzano. Quels rôles ont-ils joués les grandes corporations dans ces dernières années? Pourquoi parlez-vous de pouvoir absolu de corporations dans votre dernier livre «The Secret History Of The American Empire» ?

John Perkins. À la base du pouvoir absolu des corporations, il y a les grandes multinationales. Ce sont les grandes corporations à définir la manière et le style de vie de tous les citoyens de la planète. Les corporations sont de dictatures impérialistes dans lesquelles un numéro très resserré d’individus prend d’importantes décisions planétaires en produisant une grande quantité de profits. Les corporations se sont montrées, dans ces dernières années, très efficaces dans la gestion des ressources rares, dans la manipulation de l’opinion publique, dans l’accroissement d’une grande quantité de profits. Contrairement aux vrais idéaux de justice, ces patrimoines privés sont terriblement avides, matérialistes et ils agissent par la plus grande discrétion. Je compare les corporations à des nuages qui entourent la planète et qu’ils influent sur les décisions politiques de chaque État. Dans mes nombreux débats avec des étudiants, j’ai expliqué que les présidents de ces multinationales sont comparables à des souverains absolus, mais ils ne sont pas élus par le peuple ni sujets à la volonté de la loi et avec un mandat de gestion illimitée dans le temps. Ces individus contrôlent les médias, les gouvernements et, à travers des portes à tambour, ils se remuent avec désinvolture entre le monde des affaires et le monde de la politique dans presque tout le monde occidental. Toujours dans mes discours, j’avertis en outre et souvent l’exigence de rappeler à qui m’écoute un élément pas connu souvent par tout le monde. C’est-à-dire, que les grandes institutions économiques internationales comme le Fond monétaire international ou la Banque mondiale ne sont pas des institutions indépendantes. Elles ont été depuis longtemps, au contraire, des institutions vivement conditionnées par la politique américaine. Les États-Unis maîtrisent presque le 17% de votes près du Fond monétaire international et presque le 16% de votes auprès de la Banque mondiale. Les étudiants que j’ai rencontrés, à la fin de chaque débat, ils m’ont toujours dit: «continuez-vous à dire la vérité, nous avons besoin de nouveaux espoirs, continuez-vous à indiquer de nouvelles solutions ».

Antonio Torrenzano. Vous avez travaillé pour ces corporations comme sicaire financier, comme vous vous appelez dans l’essai «Les Confessions d’un assassin financier». Pourquoi avez-vous décidé de dénoncer cette partie secrète de l’économie mondiale et aussi secrète à l’opinion publique .

John Perkins. Oui, j’ai travaillé pour ce système, mais après les événements du 11 septembre 2001, j’ai choisi de dénoncer et décrire la réalité. Sicaire financier… ? Oui, c’est comme ça que nous nous appelions. Officiellement, j’étais un économiste en chef. Mais nous nous appelions les tueurs à gages économiques. C’était de l’ironie! Notre travail consistait à construire le maximum de profits, créer des situations où le maximum de ressources était drainé vers nos multinationales, vers le marché financier, vers notre gouvernement et nous avons été très efficaces. Nous travaillions en créant des manipulations économiques, des fraudes aussi par la corruption de personnes dans d’autres États qui aimaient notre mode de vie. Pour une longue période, j’ai été séduit par ce système: le pouvoir, l’argent, le sexe; ils exerçaient une forte attirance sur moi. Mais, un jour un très haut sentiment de culpabilité m’a convaincu à dénoncer cette partie secrète de l’économie globale. La crise financière d’aujourd’hui est une conséquence de ce système malade. Je savais que je devais raconter la vraie histoire. C’est la seule manière pour retrouver la sécurité de tout le monde, reconstruire les régions dévastées de la planète, effacer définitivement la pauvreté et les personnes qui meurent de faim chaque jour… désormais un peu partout. Je crois à présent que le système peut-il changer.

Antonio Torrenzano

 

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Conversation avec Poul Nyrup Rasmussen, 65 ans, économiste, ancien premier ministre de la République de Danemark du 1993 au 2001. Depuis le 2004, Poul Nyrup Rasmussen est député et président du parti socialiste européen au Parlement de Strasbourg. La conversation a eu lieu à Bruxelles au mois de novembre 2008.

Antonio Torrenzano.Qu’est-ce qu’il changera dans les relations UE-USA après l’élection présidentielle de Barack Obama aux États-Unis?

Poul Nyrup Rasmussen. J’espère qu’avec l’élection à la Maison Blanche du Président Barack Obama se concrétise un nouveau dialogue constructif entre l’Union européenne et les États-Unis. Il y a de problèmes très pressants que nous devons affronter: le climat, la pauvreté absolue, la crise financière, la paix. Problèmes surs lesquels, je souhaite qu’il y a une très grande syntonie entre États-Unis et l’Europe. Le message proposé pendant la campagne électorale par le nouveau président américain a été bruyant: tout ceci n’arrivait pas depuis les temps du mouvement pour les droits civils. Les démocrates américains veulent vraiment travailler en partenariat avec les autres acteurs internationaux pour trouver de nouvelles solutions à l’instabilité internationale du système. Dans le dernier deux ans, j’ai eu beaucoup de rencontres avec les démocrates américains en participant à plusieurs séminaires près des universités de Berkeley, Harvard, Columbia. Par ses rencontres, j’ai tiré beaucoup de réflexions personnelles: les démocrates aux États-Unis ont une «road map» bien précise pour résoudre quelques-unes problèmes qui serrent la planète.Et, je pense encore que nombreux points de vue sont semblables dans le domaine européen.

Antonio Torrenzano. Quels, par exemple? Vous, déjà il y a deux ans, dénonciez les excès de la spéculation financière en invoquant une nouvelle réglementation des marchés financiers par une manière plus responsable.

Poul Nyrup Rasmussen. Il s’agit de trouver de nouvelles idées et de solutions pour régler les marchés financiers. Mais, aussi, le Fond monétaire international et d’autres institutions mondiales. La crise financière n’est pas terminée. Tout cela rend très urgente l’élaboration d’un nouveau plan d’action mondiale partagée par tout le système international. Pour ce qui concerne, en revanche, l’Europe, nous devons agir sur deux fronts: par une initiative commune contre récession et une réforme des marchés financiers. Nous sommes obligés, car aucune intervention tampon n’aurait pas d’effets durables. Une ligne d’action à intérieur du marché européen je l’ai proposé au président de tour de l’Union Européenne. Une action simultanée dans laquelle tous les gouvernements de l’UE devraient synchroniser leurs respectifs investissements en infrastructures, innovation, énergies renouvelables, formation. Car aujourd’hui, le taux d’interdépendance dans l’Union Européenne fait si qu’un 1/3 du PIB de chacun État, il dépende de celui de l’État voisin. La simultanéité de ces interventions, il aurait un effet multiplicateur. Avec mon groupe de collaborateurs, nous avons calculé qu’en investissant le 1% en plus dans chaque année et pour quatre ans, par l’action heureuse de la somme de l’intervention nationale et avec l’effet du marché unique, on pourrait obtenir des résultats économiques avantageux pour faire sortir l’Europe de la crise.

Antonio Torrenzano. Le problème se pose néanmoins pour ces États qu’ils n’ont pas plus de marges économiques de bilan pour investir. Il y a encore, par exemple, les limites que le Pacte de stabilité fixe aux États membres. Et, quoi dire, en outre, de l’opposition entre les membres européennes sur les solutions à prendre ?

Poul Nyrup Rasmussen. Le pacte de stabilité prévoit des souplesses pour les investissements structuraux. Sans un plan économique contre la récession, les dépenses sociales et le chômage augmenteraient. L’Allemagne croit que cette coordination n’est pas nécessaire. Mais je continue à affirmer: laissons-nous de côté les désaccords entre les États européens et arrêtons-nous tout de suite la récession qui est en train d’entamer l’économie réelle. La situation économique d’aujourd’hui est un test politique pour l’Europe. Comment pourra-t-elle expliquer à ses citoyens autrement que pour sauver les banques elle a construit une action concertée, tandis que pour sauver leurs postes de travail elle ne pourra pas ?

Antonio Torrenzano

 

*Dans l’image Poul Nyrup Rasmussen avec Ann Linde aux Etats-Unis pendant une visite des députés socialistes du Parlement européen à Washington en 2007.

 

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Conversation avec Robert Reich, professeur d’économie à la Goldman school of public policy l’université de Berkeley, ancien secrétaire au travail de l’administration Clinton. Aujourd’hui, il est l’un des conseillers économiques de Barack Obama, 44e président américain. Le professeur Reich est auteur de nombreux essais économiques et il vient de publier en France, aux éditions Vuibert:«Super-capitalisme. Le choc entre le système économique émergent et la démocratie». Le dialogue avec le professeur Reich a eu lieu par téléphone.

Antonio Torrenzano. J’aimerais commencer ce dialogue avec la différence entre capitalisme et super-capitalisme dont vous parlez dans votre dernier essai. Un super-capitalisme qui a porté la planète à une extraordinaire crise financière, à une crise alimentaire, à une crise des ressources rares.

Robert Reich. Le capitalisme que nous avons eu dans le passé est différent de celui d’aujourd’hui. Le super-capitalisme contemporain est très compétitif. Les tarifs d’accès aux marchés sont très bas, les consommateurs peuvent choisir de biens économiques et de produits dans chaque angle du monde, les investisseurs peuvent tourner la planète à la recherche de profits toujours plus élevés, l’argent voyage à la vitesse de la lumière, biens économiques et actions ils peuvent être achetés sur internet. Chaque investisseur et consommateur, il a l’entier globe à disposition. Tout ceci a créé un capitalisme différent de ce que nous avions il y a dix ans. Avoir eu plus d’occasions pour acheter ou investir, il a produit de hautes discriminations et cette nouvelle phase que j’appelle super-capitalisme, il a dramatiquement réduit la sphère des droits civils et des droits publics des citoyens. Un élève pourcentage de conservateurs aux États-Unis croyait, avant de la crise financière, que le bien-être de consommateurs était la valeur unique dont il fallait s’occuper. Au contraire, beaucoup de monde dans plusieurs reprises, ils croyaient que cette évolution aurait pu imploser. Le super-capitalisme doit être balancé par de nouvelles règles juridiques et économiques. La seule manière aujourd’hui pour protéger la démocratie et nos droits civils,c’est limiter cette évolution de l’économie.

Antonio Torrenzano. Vous affirmez que les citoyens sont impuissants devant le super-capitalisme. Je crois, en effet, que la crise des «subprimes» aux États-Unis et la crise financière planétaire, il est une confirmation de sa théorie. Mais, comme pourra-t-on changer le système économique occidental, défendre l’intérêt public et la dignité de l’individu ?

Robert Reich. Les citoyens sont devenus impuissants à cause des immenses capitaux des grandes entreprises qui ont noyé les institutions démocratiques. Aux États-Unis, de hauts dirigeants, des gestionnaires des grandes corporations, les sociétés de lobbying ont pris Washington. Le même arrive à Bruxelles ou dans d’autres Capitales de l’économie mondiale. Si nous cédons à la tentation de penser seulement sur la base des consommations et des investissements, nous oublions notre rôle de citoyens. Je vous fais un exemple:le droit à l’éducation. Un citoyen bien instruit est fondamental au fonctionnement de la démocratie, mais maintenant on discute d’éducation seulement comme fruit d’un investissement privé. Pas plus comme un bien public! Considérer une maîtrise universitaire seulement comme un passepartout vers un salaire plus haut, il signifie confirmer l’idéologie d’un super-capitalisme qui érode l’idée même d’avoir des intérêts communs ou des intentions solidaires. Est-ce que vous me demandez de ce qui est la responsabilité pour fortifier la démocratie? Il touche à nous tous de le faire, c’est une responsabilité et une obligation de tous les citoyens. Les institutions publiques sont composées par des citoyens. Si l’opinion publique permet que les institutions soient dégradées, corrompues, conquises par des fortunes privées ou par de grandes corporations, l’État il ne pourra plus fonctionner. Chacun de nous, il est avant tout un citoyen puis un consommateur. Nous devrons retourner à nous comporter comme citoyens : protéger nos droits civils et sauvegarder la démocratie des règles.

Antonio Torrenzano. La crise financière mondiale impose une nouvelle réglementation des marchés, mais plus en général de l’ingénierie financière même utilisée jusqu’à aujourd’hui. Le sommet économique du 15 novembre du G20 pourra-t-il remédier à ce désastre?

Robert Reich. Pour une longue période, de Ronald Reagan à Margaret Thatcher, la tendance a été celle de ne pas donner de règles aux marchés financiers. Maintenant, on ira dans une direction opposée. Si les institutions politiques étaient encore dominées par des richesses privées et par le pouvoir des grandes corporations, les règles ne pourraient plus être dans l’intérêt collectif. Au contraire, ils serviraient seulement à protéger les riches et les puissants. L’opinion publique mondiale nous y communique plus que jamais, aujourd’hui, qu’il faut se doter de nouvelles et plus efficaces lois à l’intérêt de tous.

Antonio Torrenzano

 

 

Net Bibliogr@phie.

Pour d’autres renseignements sur les activités scientifiques, les publications et les colloques du professeur Robert Reich, consulter son carnet numérique http://robertreich.blogspot.com ou son home page http://www.robertreich.org.Encore, le site universitaire de la Goldam school of public policy de l’université de Berkeley http://gspp.berkeley.edu

 

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David Axelrod, 53 ans, principal conseiller de Barack Obama, celui qui a conseillé de choisir au 44ème président des États-Unis comme slogan «Yes, we can». Axelrod a rencontré Barack Obama en 1992 en ayant en commun avec le futur président la passion pour le basket de rue, pour les causes progressistes et la même vision de l’avenir.

D’abord journaliste au Chicago Tribune, Axelrod commence son aventure dans la politique huit ans auparavant en offrant ses services à un autre sénateur démocrate de l’Illinois,Paul Simon. En quelques années, il devient un consultant politique très respecté, spécialisé dans la communication et les messages que les candidats doivent offrir à leurs électeurs.

Par son travail, David Axelrod fait gagner Richard Daley à la mairie de Chicago, John Street à la mairie de Philadelphie, Patrick Deval au poste de gouverneur du Massachusetts. En 2004, il aide Barack Obama à se faire élire sénateur de l’Illinois.

Depuis cette date, pour le 44e président des États-Unis élu le 4 novembre 2008, il a toujours contrôlé et développé la stratégie présidentielle, la publicité aux discours, les débats, le buzz orchestré sur Internet et dans les médias. David Axelrod a été celui qui, même dans le moment de crise de la campagne contre le candidat républicaine McCain, a maintenu le cap avec les paroles comme «espoir» ou «changement».

Jusqu’aux dernières conférences de presse, avant l’élection présidentielle, David Axelrod a toujours affirmé: «Si je parviens à mener Barack Obama jusqu’à la Maison Blanche, j’aurai fait quelque chose d’important dans ma vie et pour mon Pays. Barack Obam c’est ma croisade ».

Antonio Torrenzano