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L’attaque lancée par le maréchal Khalifa Haftar contre les autorités de Tripoli, gouvernement reconnu par la communauté internationale, n’est pas surprenante tant est l’obsession du maréchal de s’imposer comme le chef incontestable de la Libye. Galvanisé par ses anciens succès militaires, Khalifa Haftar, 74 ans, ne cache plus ses ambitions : être le nouveau Kadhafi.

Le maréchal a lancé son blitz sur Tripoli (opération militaire baptisée Libérer Tripoli) profitant de la situation d’instabilité politique qui prévaut depuis plus d’un mois en Algérie. Le militaire de l’Est libyen a donné l’ordre à ses milices de marcher sur la capitale avec le but de déclencher un nouveau conflit et le dominer. Depuis 2015, deux autorités se disputent le pouvoir en Libye : le gouvernement d’union nationale de Fayez al-Sarraj, établi fin 2015 en vertu d’un accord international parrainé par l’ONU et basé à Tripoli; une autorité rivale installée dans l’est du pays et contrôlée par l’Armée nationale libyenne (ANL) de Khalifa Haftar.

«L’heure a sonné», a déclaré jeudi 6 avril 2019, le maréchal Khalifa Haftar dans un message sonore publié sur la page Facebook de l’ANL, en dictant à ses troupes de brûler le pavé sur Tripoli où elles ne devaient épargner que les civils, les institutions de l’État et les ressortissants étrangers. La même soirée, l’officier Ahmad al Mesmari, le porte-parole du maréchal Khalifa Haftar, confirmait la nouvelle que les forces de l’ANL étaient aux portes de la capitale.

De sa part, le président du Conseil du gouvernement reconnu Fayez al Serraj ordonnait aux troupes loyales au GNA de se «tenir prêtes à faire face à toute menace». Des affrontements ont opposé ce vendredi une coalition de groupes armés loyaux au gouvernement d’union nationale aux forces de l’armée nationale libyenne (ANL) de Khalifa Haftar à une cinquantaine de kilomètres de la capitale Tripoli. Selon une source de sécurité du GNA, les combats se déroulent dans les régions de Soug al-Khamis, al-Saeh et Soug al-Sabt, à moins de 50 km au sud de Tripoli, un territoire fondamentalement de fermes agricoles. Le bureau média de l’ANL a confirmé des combats près de Tripoli. « Les forces armées et les soldats de toutes les régions de Libye sont actuellement engagés dans des affrontements violents à la périphérie de Tripoli contre les milices armées », a-t-il indiqué sur la page Facebook.

En tout cas, il s’agit des premiers combats qui nous donnent des informations claires sur les deux forces militaires depuis l’installation du GNA à Tripoli fin mars 2016. À l’échelle militaire, on ne sait pas si l’offensive a l’ambitionne à encercler la ville de Tripoli ou à entrer vraiment dans la capitale. Du côté du gouvernement internationalement reconnu, Fathi Bach Agha, ministre de l’Intérieur, a multiplié ses déclarations depuis ce jeudi. Il est en train d’accuser, sans le nommer, un pays arabe pour avoir donné le feu vert à cette offensive de Khalifa Haftar. Il y a moins d’une semaine, Khalifa Haftar avait été en Arabie saoudite. Il avait rencontré le roi Salman et le prince héritier. Même le président du conseil gouvernement d’union nationale de Fayez al-Sarraj contre la France.

Washington, Paris, Londres, Rome et Abou Dhabi ont réagi dans un communiqué commun, demandant à «toutes les parties» libyennes de faire baisser «immédiatement les tensions». Le Kremlin a pour sa part mis en garde la communauté diplomatique contre la possible «reprise du bain de sang» en Libye. Moscou a appelé tous les acteurs politiques du pays à un règlement «pacifique et politique» du conflit. «Nous estimons indispensable de poursuivre tous les efforts possibles pour une résolution complète de la situation avec des moyens politiques et pacifiques», a déclaré le porte-parole Dimitri Peskov qui insiste sur le fait que Moscou ne participe «d’aucune manière» au soutien militaire des troupes du maréchal Khalifa Haftar, même s’il a été reçu à Moscou en 2017 par le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Cette escalade des tensions intervient 10 jours avant la tenue de la Conférence nationale libyenne sous l’égide des Nations Unies, du 14 au 16 avril, appelées à dresser une feuille de route pour sortir le pays du chaos.

En visite en Libye, le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, s’est dit jeudi préoccupé par le risque de confrontation. «Je suis profondément préoccupé par les mouvements militaires en Libye et le risque de confrontation. Il n’y a pas de solution militaire. Seul le dialogue intra-libyen peut résoudre les problèmes », a dit Antonio Guterres sur son compte Twitter. « Je quitte la Libye avec une profonde inquiétude et un coeur lourd », a ensuite déclaré le secrétaire des Nations Unies à l’aéroport, « espérant toujours possible d’éviter une confrontation sanglante à Tripoli et ses environs». Réunis vendredi en France, les ministres des Affaires étrangères des sept pays les plus industrialisés (G7) ont exhorté «tous les acteurs à stopper immédiatement tous les mouvements militaires vers Tripoli, qui entrave les perspectives du processus politique mené par l’ONU».

Le maréchal Khalifa Haftar jusqu’où ira-t-il ? Si certains voient en lui un nouveau Muammar Kadhafi, il n’en a pas moins le soutien de l’entière communauté internationale, même si lui bénéficie de solides soutiens à l’étranger. L’homme fort de la Cyrénaïque s’imposera-t-il sur la chaotique scène politique libyenne ? Né en 1943, dans la ville d’Ajdabiya, dans l’est, le jeune Khalifa entre à l’Académie militaire royale à 20 ans. Il y fait la connaissance de Muammar Kadhafi. Ensemble, ils trament le coup d’État qui, dans la nuit du 31 août au 1er septembre 1969, met à la porte le roi Idris Ier et installe Kadhafi à la tête du pays.

En 1978, Kadhafi envoie Khalifa Haftar suivre une formation militaire à Moscou. Huit ans plus tard, l’ancien chef libyen lui confie la délicate conquête de la bande d’Aozou, aride langue de terre à l’extrême nord du Tchad. L’opération militaire est un échec. L’armée du président tchadien Hissène Habré,soutenue par les forces françaises, anéantit le corps militaire libyen. Le maréchal Haftar est capturé avec plusieurs centaines d’hommes. Humilié, Kadhafi l’abandonne à son sort. Son ancien compagnon d’armes restera au Tchad soutenu par la CIA américaine jusqu’à l’arrivée au pouvoir d’Idriss Déby, nouveau président tchadien soutenu par Mouammar Kadhafi.

Avec Idriss Déby, Khalifa Haftar est déclaré persona non grata. Les services secrets USA le rapatrient vers les États-Unis et l’installent dans une petite ville de la Virginie occidentale. Là-bas, Khalifa Haftar demeurera vingt ans. Haftar, l’homme des Américains ou l’homme de tous les services secrets ? Cette réputation lui colle à la peau lorsqu’il rentre en Libye en 2011 et soutient l’insurrection anti-Kadhafi. Il prend la direction des combats contre les troupes du Raïs, mais il se retrouve englué dans des luttes de pouvoir. L’Histoire aurait pu s’arrêter là, mais Khalifa Haftar est très habile et il connait très bien les alchimies précaires du chaos libyen.

Antonio Torrenzano

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Au Yémen, une catastrophe humanitaire est en train de déchirer la population. Sur un pays de 27 millions d’habitants, 14 millions d’individus ont besoin d’une aide alimentaire urgente et ils pourraient bientôt se retrouver au bord de la famine. Depuis 2017, la catastrophe est devenue encore plus pressante pour une épidémie de choléra, conséquence directe de la dégradation des conditions de vie, qui a infecté plus de 1,1 million d’individus selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

La guerre civile qui a eu son début en 2014 parmi les communautés chiites Houthis et les partisans d’Abd Rabbo Mansour Hadi, le président du pays, qui vit en exil en Arabie Saoudite, a été une de principales conséquences de cette ruine. À présent, le conflit a fait quelque 10 000 morts selon le dernier bilan des Nations Unies et plus de 1,8 million d’enfants font face à un risque sévère de famine. Aujourd’hui, l’impact de la guerre touche particulièrement les enfants et les femmes, qui meurent de faim et de maladie alors que des camions remplis de vivres sont bloqués dans le port d’Hodeïda depuis plusieurs jours. Selon l’UNICEF, 400 000 enfants souffrent de malnutrition aiguë sévère.

Pour le directeur de la région arabe au Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), Luay Shabaneh, «le manque de nourriture, les déplacements, la malnutrition, les épidémies et l’érosion des soins de santé ont lourdement affecté la santé et le bien-être de 1,1 million de femmes enceintes provoquant de nombreux cas de bébés prématurés ou ayant un faible poids». Un porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM) à Genève, Hervé Verhoosel, a rappelé mercredi passé que le Yémen est à présent la plus grande crise alimentaire dans le monde. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a lancé un appel à l’arrêt des combats au Yémen, parlant d’un “pays au bord du gouffre”.

Depuis trois ans et demi de conflit, la situation au Yémen est désastreuse. Les pillages et les assassinats sont des histoires quotidiennes dans le pays. Exactions et crimes de guerre, de la part de tous les belligérants, sont désormais devenus conformes à des normes de brutalité établie. La pauvreté croissante est visible partout et, au cours de ces dernières trois années, le conflit n’a montré aucun signe d’apaisement. Sur cette guerre à huis clos, la communauté diplomatique a révélé son échec autant qu’une grande partie du monde occidental qui méconnait cette disgrâce.

Antonio Torrenzano

À lire également : “Yémen : voyage aux racines de la guerre”, Carnet Hic et Nunc, août 2018, http://e-south.blog.lemonde.fr/2018/08/14/yemen-voyage-aux-racines-de-la-guerre/

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La guerre civile a eu son début en 2014 parmi les communautés chiites Houthis et les partisans d’Abd Rabbo Mansour Hadi, le président du pays, qui vit en exil en Arabie Saoudite. La guerre civile est une des conséquences du «Conflit du Saada» débuté au nord-ouest du pays en 2004 en raison du sentiment de marginalisation des tribus du Nord qui se sentaient délaissées par le pouvoir central après la réunification du pays en 1990.

Depuis mars 2015, le conflit au Yémen s’est internationalisé. Le 25 mars 2015, une coalition internationale, menée par l’Arabie saoudite, lançait des frappes aériennes contre le groupe armé des Houthis déclenchant un conflit armé de grande ampleur. Jusqu’à présent, l’Arabie saoudite a décidé de ne pas s’engager sur le terrain par ses propres troupes militaires. Les analystes occidentaux affirment que depuis 2015, l’Arabie saoudite mène une politique étrangère plus stratégique que dans son passé. Ses récentes initiatives visant à modifier le statu quo de plusieurs pays de la région sont sans doute les plus audacieuses qu’ait connues l’Arabie saoudite depuis la Seconde Guerre mondiale. Au Yémen, la Dynastie royale saoudite a été toujours hostile à la conduite charismatique exercée par certains imams zaydites jusqu’en 1962 et par les houthistes entre 2003 et 2015. Certains analystes occidentaux affirment encore que le projet politique contemporain de l’Arabie saoudite puisse être celui de reconfigurer le paysage politique du Yémen, défaire la révolution de 2011, annuler les gains territoriaux des houthistes et enfin réinstaurer une autorité amie.

Depuis trois ans et demi de conflit, la situation au Yémen est désastreuse. Selon les Nations Unies, le conflit a fait plus de 10 000 morts, en majorité des civils, et plus de 52 000 blessés. Même les conditions de vie au Yémen sont absolument catastrophiques. Selon l’ONU, il s’agit de la «pire crise humanitaire du monde». La violence, les maladies menacent des millions d’individus et d’enfants; la pauvreté prive d’avenir le pays. La détérioration dangereuse du conflit a vu une croissance du manque général de nourriture, la résurgence de l’épidémie de choléra qui en 2017 a déjà touché un million de personnes. Malgré l’acuité de cette crise humanitaire et la mobilisation des acteurs internationaux en vue d’un règlement pacifique du conflit, le Yémen reste impuissant à sauver sa population et son avenir.

Sur un pays de 27 millions d’habitants, 22,2 millions ont besoin d’une aide alimentaire, dont 8,4 millions sont dans une situation de famine imminente. Depuis 2017, il s’est ajouté une épidémie de choléra – conséquence directe de la dégradation des conditions de vie – qui a infecté plus de 1,1 million d’individus selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Le directeur régional de l’UNICEF au Moyen-Orient et pour l’Afrique du Nord, Geert Cappelaere, a dressé un tableau très sombre de la situation du pays. «Cette guerre civile est considérée à juste titre comme l’une des crises humanitaires les pires que le monde ait connues», a déclaré-t-il en face aux médias. « Il n’est pas exagéré de dire qu’aujourd’hui, presque chaque enfant yéménite a besoin d’aide. Les trois années de guerre et les décennies de sous-développement ont eu des effets tragiques». De sa part, La Directrice exécutive de l’UNICEF, Henrietta Fore, s’est dite « horrifiée» de la violence du conflit en signalant que des frappes meurtrières contre les enfants sont « absolument inacceptables» . « Je suis horrifié par le raid aérien contre des enfants innocents dont certains portaient des sacs à dos de l’UNICEF, dans un bus scolaire au Yémen», a  ajouté Henrietta Fore sur son compte Twitter.

Des atteintes aux droits humains et des crimes de guerre sont perpétrés dans tout le pays par toutes les parties au conflit, causant des souffrances insupportables et des violences sans précédent dans cette nation la plus pauvre de la région. Exactions et crimes de guerre, de la part de tous les belligérants, sont désormais devenus conformes à des normes de brutalité établie. La pauvreté croissante est visible partout. À présent, des millions de Yéménites sont confrontés « à une insécurité alimentaire aiguë et à une résurgence possible du choléra ou de la diarrhée aqueuse », a dit le diplomate onusien Mark Lowcock dans une déclaration publiée par le bureau de presse de l’ONU. Un enfant sur quatre n’est pas scolarisé en raison du conflit, « ce qui les prive d’occasions favorables et les expose plus que jamais aux risques de recrutement par des groupes armés et à d’autres violations de leurs droits », a souligné le diplomate onusien.

Les pillages et les assassinats sont des histoires quotidiennes et au cours des trois années qui ont suivi, le conflit au Yémen n’a pas montré des signes d’apaisement. Sur cette guerre à huis clos, une grande partie du monde ignore ce conflit.

Antonio Torrenzano

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Aucune solution politique réelle n’a pas été concrétisée lors de la huitième séance des pourparlers de paix sur la Syrie, l’a déclaré aujourd’hui Staffan de Mistura lors d’une conférence de presse.

Nous n’avons pas réussi à ces négociations”, a remarqué l’émissaire onusien en annonçant la clôture de ce dernier cycle de rencontres. “Une chance d’or a été ratée à la fin de l’année au moment où il y a une claire indication de tous… que les opérations militaires arrivent à leur terme“, a déploré l’émissaire onusien lors d’une conférence de presse tenue à l’issue de ce dernier cycle de pourparlers à Genève. Le 8e cycle de pourparlers avait débuté le 28 novembre dernier.

Staffan de Mistura a accusé le gouvernement de Damas d’avoir fait capoter les pourparlers de Genève en refusant de dialoguer avec l’opposition, parlant “d’occasion en or manquée“. “Je suis déçu (…) c’est une occasion en or manquée“, a souligné le médiateur de l’ONU. La délégation diplomatique du gouvernement syrien était revenue dimanche passé à Genève pour la reprise des discussions après plus d’une semaine d’absence. Une fois arrivé à Genève, le chef de la délégation Bachar al Djaafari s’était refusé à tout commentaire. Staffan de Mistura avait rencontré hier et mardi les deux délégations de manière séparée comme d’habitude.

Les négociations de Genève n’ont pas encore trouvé une issue diplomatique réelle à un conflit qui ravage depuis 2011 le pays. Staffan de Mistura a organisé sept cycles de pourparlers dans la Ville genevoise depuis 2016, sans résultat. Jusqu’à présent, la délégation du régime a toujours refusé de discuter face à face avec les représentants de l’opposition, auxquels elle reproche d’exiger le départ du président syrien Bachar al-Assad comme condition préalable à toute solution politique.

De son côté, le président Vladimir Poutine a organisé des discussions parallèles en Russie avec l’Iran, autre allié de Damas, et la Turquie, soutien des rebelles. La prochaine réunion d’Astana aura lieu les 21 et 22 décembre 2017 dans la capitale du Kazakhstan, a déclaré lundi le ministre kazakh des Affaires étrangères.

Antonio Torrenzano

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La 8e séance des négociations sur la Syrie a enfin démarré mercredi à Genève près du Palais des Nations avec l’arrivée de la délégation du gouvernement de Damas. Hier, la délégation diplomatique du gouvernement a de façon claire averti qu’il était hors de question de discuter de l’avenir du président Bachar el-Assad. Sujet ultrasensible qui avait fait capoter toutes les précédentes réunions dans la Ville genevoise.

À ce sujet, mercredi, Staffan de Mistura avait appelé les délégations à s’abstenir de faire des déclarations visant à «délégitimer» l’autre acteur des négociations. Une façon pour le médiateur onusien de souligner qu’il n’appréciait guère «les déclarations malvenues faites ces derniers jours» devant la télé et la presse internationale.

Les pourparlers de paix sur la Syrie se sont poursuivis jeudi à Genève avec des discussions bilatérales de l’envoyé spécial de l’ONU, Staffan de Mistura, avec les délégations du gouvernement et de l’opposition. Ce huitième cycle de pourparlers inter-syriens doit mettre l’accent sur la rédaction d’une nouvelle Constitution pour le pays et l’organisation d’élections politiques sous l’égide de l’ONU. La nouveauté réside dans le fait que les deux délégations sont entretenues en même temps par Staffan de Mistura au Palais des Nations, mais dans deux salles séparées de quelques mètres seulement.

Lors de ces discussions de proximité, le médiateur doit ainsi faire la navette entre les deux pièces. L’équipe de l’Envoyé spécial estime que « le moment est venu de faire de réels progrès en ce qui concerne le processus politique, dans l’intérêt du peuple syrien». Staffan de Mistura, lors d’une conférence de presse, a en outre annoncé jeudi que les négociations allaient se poursuivre jusqu’au 15 décembre et se concentrer sur la rédaction d’une Constitution et l’organisation d’élections supervisées par l’ONU. Le médiateur a précisé en outre que les discussions seraient suspendues vendredi soir et qu’elles reprendraient mardi pour durer jusqu’à la mi-décembre.

Le 8e round des pourparlers de Genève intervient alors que la situation humanitaire dans la Ghouta orientale est devenue critique. La situation dans cette région rebelle, territoire assiégé depuis 2013 à la périphérie de Damas, a été évoquée dans le cadre des consultations de l’équipe de Staffan de Mistura avec le Groupe de travail sur l’accès humanitaire créé par le “Groupe de soutien international à la Syrie”. À l’issue de ces consultations, Jan Egeland, Conseiller spécial de l’envoyé spécial pour la Syrie, a souligné la «frustration des organisations humanitaires en raison des difficultés d’accès dans certaines provinces syriennes». Les combats «ont pris fin cette année à Homs, Alep, Raqqa, ils pourraient prendre fin dans la région de Deir Ezzor, et elles se sont déplacées dans la Ghouta orientale, désormais dans l’œil du cyclone », a déclaré Jan Egeland, lors d’un point de presse à Genève.

Sur le terrain, la guerre n’est pas terminée. Un convoi d’aide humanitaire n’a pu accéder à la zone du Ghouta lundi en raison des violences, a précisé un porte-parole du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA). Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), trois millions de Syriens vivent encore dans des zones assiégées ou difficiles d’accès. En outre, dix millions de personnes sont confrontées en Syrie à des difficultés alimentaires. Selon l’ONU, le nombre de personnes qui dépendrait d’une assistance humanitaire s’élève à plus de 13 millions.

Antonio Torrenzano

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La délégation du régime de Damas est arrivée mercredi en Suisse pour participer aux négociations de paix sur la Syrie sous l’égide des Nations Unies. La délégation diplomatique du régime de Damas est dirigée par l’ambassadeur syrien Bachar al-Jaafari. La délégation du gouvernement syrien, qui était attendue lundi, a retardé son arrivée à mercredi pour protester contre les déclarations de l’opposition qui réclamait le départ de Bachar al-Assad.

Le gouvernement de Bachar el-Assad, déjà peu enclin à faire des concessions à l’opposition, alors qu’il a pratiquement remporté la victoire militaire du conflit contre les rebelles et les jihadistes, avait refusé d’envoyer une délégation en raison des déclarations intempestives de l’opposition. La Russie, alliée militaire et politique de Damas, a convaincu le régime de participer à la 8e séance des pourparlers. Selon l’agence officielle syrienne Sana, qui cite une source au Ministère syrien des Affaires étrangères, la décision de venir à Genève a été prise “après deux jours d’intenses contacts entre les parties syrienne et russe“.

Malgré cet évènement imprévu, Staffan de Mistura a maintenu son programme d’ouvrir le 8e cycle par une rencontre avec la délégation de l’opposition syrienne mardi 28 novembre. La 8e séance des pourparlers de Genève reste toutefois une épreuve pour la diplomatie du Kremlin. Les manœuvres diplomatiques de Vladimir Poutine pour la paix dans le pays fourniront-elles les réponses attendues ?

Jusqu’à présent le Kremlin avec le concours de l’Iran, autre soutien du régime de Damas et de la Turquie et de l’Arabie Saoudite, à protection des rebelles, a organisé sept réunions mêlant opposition et régime syrien à Astana, au Kazakhstan et multiplié avec succès ses initiatives diplomatiques. Quatre zones de désescalade des combats ont été créées en Syrie, là où les Nations Unies avaient échoué. Le même a également annoncé la tenue d’un prochain “Congrès du dialogue national” syrien rassemblant tous les acteurs du conflit à Sotchi en Russie, qui devrait servir de dynamisant au processus de Genève. Le processus de Genève pourtant demeure le seul cadre agréé par la communauté diplomatique internationale pour la recherche d’une solution politique en Syrie. La Russie le sait bien. Moscou sait qu’elle a besoin de l’ONU si elle veut sauvegarder ses intérêts en Syrie.

Depuis six ans de guerre, ces négociations de paix nous disent encore d’autres choses : par exemple, l’Union européenne a été absente du processus … au-delà de nulle part pour la paix dans la région; inutile à défendre les minorités écrasées par DAECH (voir l’Holocauste du peuple Yazzidi). Sur le dossier syrien, les États-Unis se sont repliés sur eux-mêmes depuis l’élection de Donald Trump. Mais en Syrie, l’Amérique s’était déjà repliée sur elle-même avec l’ancien président Barack Obama.

La 8e séance des pourparlers de Genève fournira-t-elle de précieuses indications sur les chances de réussite de la Paix ? À présent, les déclarations de l’ancien Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires des Nations Unies, Stephen O’Brien, sont encore d’une actualité historique embarrassante : “En Syrie, personne ne peut échapper à sa part de honte”.

Antonio Torrenzano

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Les représentants du gouvernement et de l’opposition syrienne devaient se retrouver aujourd’hui à Genève pour le début de la 8e séance des négociations de paix mené par l’ONU, mais le régime de Damas a annoncé que sa délégation diplomatique n’arriverait que demain, mercredi 29 novembre 2017.

La délégation du gouvernement n’est pas encore arrivée, mais l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie a reçu un message disant qu’elle prévoyait d’arriver demain, a affirmé Alessandra Vellucci, porte-parole des Nations Unies à Genève en ajoutant que Staffan de Mistura, allait rencontrer la délégation de l’opposition syrienne déjà en ville. Staffan de Mistura a participé mardi matin à une rencontre avec des représentants des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, organisée à l’initiative de la France. Pendant la réunion, le médiateur a annoncé que le régime de Damas avait accepté de mettre en place un cessez-le-feu dans la Ghouta orientale. “Je viens d’être informé par les Russes que lors de la réunion du P5, la Russie a proposé – et le gouvernement a accepté – un cessez-le-feu dans la Ghouta orientale“, a-t-il déclaré à l’issue de la rencontre avec l’opposition syrienne.

Militairement, le conflit syrien est en train de toucher son moment final, mais le processus politique reste toujours dans l’impasse. La Russie et le régime du président Bachar el-Assad ont gagné la guerre, mais bâtir la paix par un traité diplomatique est une autre chose. Le médiateur pour la Syrie, Staffan de Mistura, a dit plusieurs fois ”espérer un signal clair d’ici à la fin de l’année pour la paix”, mais les Nations Unies ne maîtrisent plus de manière unique l’ordre du jour des négociations. Au cours des derniers mois, les accords d’Astana sur la mise en place de zones de désescalade ont été l’occasion pour la diplomatie du Kremlin de prendre la main sur les négociations de paix. Les rencontres de Sotchi du 22 novembre 2017 ont consolidé la voie entreprise par Moscou.

Pour obtenir les effets diplomatiques souhaités, Vladimir Poutine travaille depuis deux ans sur les autres acteurs de la région : le rapprochement avec la Turquie a été une première étape; la rencontre du 5 octobre 2017 avec le roi Salman d’Arabie Saoudite a été l’étape définitive. Dans la visite officielle du Roi Salman à Moscou, le souverain saoudien s’était engagé à organiser de façon rationnelle l’opposition syrienne pour qu’elle se présentât unifiée aux négociations visant à trouver un accord politique. La Promesse a été tenue aujourd’hui à Genève : pour la première fois, l’opposition syrienne s’est montrée avec une seule et unique délégation pour négocier avec le régime.

L’ambiance de la 8e séance des pourparlers de Genève devrait fournir de précieuses indications sur les chances de réussite des manœuvres diplomatiques tentées par Vladimir Poutine pour la paix en Syrie. Sur le terrain, après plus de 6 années de guerre, le conflit a fait plus de 340.000 morts, des millions de déplacés et de réfugiés. Pour conclure, l’ONU estime qu’il faudra au moins 250 milliards de dollars pour reconstruire la Syrie.

Antonio Torrenzano

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Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires des Nations Unies, Stephen O’Brien, a de nouveau exhorté le Conseil de sécurité à tout tenter pour que la population syrienne cesse de «payer le prix d’un échec politique et diplomatique». S’exprimant pour la dernière fois devant le Conseil de sécurité en sa qualité de Secrétaire général adjoint, Stephen O’Brien, a regretté qu’aucun moyen n’ait été trouvé pour mettre fin aux souffrances de millions de personnes en Syrie et à la situation humanitaire précaire au Moyen-Orient.

Stephen O’Brien a énuméré 27 rapports du Secrétaire général ONU soumis au Conseil de sécurité depuis sa prise de fonctions en juin 2015, ainsi que 55 comptes rendus qu’il a présentés devant le Conseil, dont 30 mémorandums sur la Syrie. « Le Conseil de sécurité connaît tous les détails des conséquences meurtrières du conflit syrien », a-t-il ajouté.

« Séance après séance, nous avons décrit les destructions dans le détail », a rappelé Stephen O’Brien, en regrettant cependant qu’aucune responsabilité n’ait été dégagée concernant les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité. «Personne ne peut échapper à sa part de honte », a-t-il dit, en soulignant que 500.000 Syriens avaient été tués dans ce conflit, sans parler des millions de blessés et de déplacés.

Le Secrétaire général adjoint a lancé un «dernier appel» aux membres du Conseil pour qu’ils retournent la situation «de toute urgence» devant la Cour pénale internationale, les invitant aussi à apporter leur plein soutien au mécanisme international, impartial et indépendant, chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en Syrie.

Antonio Torrenzano

 

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L’envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a annoncé vendredi la fin du cinquième round de pourparlers de paix sur la Syrie. Dans sa conférence de presse, l’envoyé des Nations Unies a affirmé que dans cette séance les dossiers clés ont été abordés.

“À l’issue de ce round, je peux dire avec prudence que tous les invités sont entrés avec nous dans les détails considérables concernant la substance du programme, pratiquant la même méthodologie que nous avons établie“, a-t-il indiqué. L’envoyé de l’ONU a précisé en outre que quatre dossiers, “de manière particulière la gouvernance, la nouvelle Constitution, les élections générales ainsi que la lutte contre le terrorisme”, ont été presque tous abordés lors des discussions. “Personne ne peut nier, et je ne peux pas nier, qu’il y a de sérieux défis et que je ne vois pas que ce développement conduit immédiatement à un accord de paix” , a-t-il souligné.

Le fossé reste immense entre les belligérants. L’opposition syrienne au régime de Damas a indiqué qu’elle refuse tout rôle actuel ou futur pour Bachar al-Assad, au moment où la nouvelle administration américaine a annoncé que le départ du président syrien n’était “plus une priorité” pour mettre fin au conflit. “L’opposition n’acceptera jamais que Bachar al-Assad ait un rôle à aucun moment (…), notre position ne va pas changer”, a déclaré aux médias Monzer Makhos, un des porte-paroles du Haut Comité des négociations (HCN), qui rassemble des groupes politiques de l’opposition syrienne.

La cinquième séance des pourparlers de paix entre l’opposition syrienne et le régime de Bachar el-Assad s’était démarrée à Genève le 23 mars 2017, trois semaines après les précédentes discussions du mois de février. Les pourparlers de paix sur la Syrie ont pour but de trouver une solution politique à la crise en Syrie. Quatre séances de négociations avaient déjà été organisées à Genève sous l’égide de l’ONU depuis 2016, mais sans parvenir à une solution diplomatique à ce conflit qui a fait plus de 320.000 morts et des millions de déplacés dans la région du Proche-Orient et en Europe.

L’Union européenne (UE) accueillera une conférence internationale sur la Syrie le 5 avril 2017 à Bruxelles, avant que le Conseil de Sécurité des Nations Unies n’aborde le dossier à New York. “Nous allons nous déplacer à Bruxelles” où une conférence sur la Syrie est convenue, a rappelé Staffan de Mistura, tout en espérant qu’une occasion sera offerte pour “clarifier l’engagement international, notamment sur le dossier de l’aide humanitaire“.

Antonio Torrenzano

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La première session des pourparlers s’est achevée à Genève comme prévu vendredi 3 mars. Huit jours de discussions autour du dossier syrien n’ont pas permis des avancées essentielles. De petits pas ont été accomplis, aucun des belligérants n’a pris le risque de claquer la porte des négociations, mais les positions entre le régime de Damas et l’opposition restent irréconciliables. Il s’agit du quatrième round de négociations depuis le début du conflit en 2011.

Les discussions reprendront probablement d’ici quelques semaines, selon des sources diplomatiques proches aux négociations. Staffan de Mistura, toutefois, avait prévenu à l’avance tout le monde le 23 février : il n’y aura pas de miracle à Genève. Les positions irréconciliables, qui avaient déjà abouti à l’échec les trois sessions précédentes, sont restées inchangées.

La raison est toujours la même : l’opposition veut le départ du président Al Assad, alors que Damas refuse de manière catégorique de discuter de l’avenir du chef de l’État. Point de discorde qui a encore une fois produit l’impossibilité de faire avancer les pourparlers de Genève IV et rééditer la paralysie de précédentes négociations. La feuille de route pour un règlement politique du conflit selon la résolution 2254 de l’ONU n’a pas encore un consensus unanime.

Antonio Torrenzano