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Les nouveaux pourparlers de Genève, après trois sessions ratées en 2016, se sont ouverts jeudi dernier, mais rien ne semble réellement avancer au septième jour de discussions sous l’égide des Nations Unies.

Les délégations du régime et de l’opposition n’ont pas encore dialogué directement et les points à l’ordre autant que le processus à suivre font encore objet de débat. L’opposition souhaite aborder les questions relatives à la transition politique, alors que le régime veut prioritairement parler de la lutte contre le terrorisme.

Le chef des négociateurs de l’opposition syrienne à Genève, Nasr al-Hariri, a appelé la nouvelle administration américaine à jouer un rôle constructif dans la recherche d’une solution politique au conflit. Les États-Unis font de la lutte contre le groupe jihadiste État islamique la priorité de leur politique au Moyen-Orient, mais n’ont pas encore indiqué quel rôle ils entendaient jouer dans la recherche d’une solution politique au conflit.

De sa part, la Russie, qui joue gros dans le processus, multiplie les rencontres bilatérales pour tenter de sortir les négociations de l’enlisement. Moscou a accusé jeudi le principal groupe de l’opposition syrienne participant à la conférence de Genève de chercher à saboter le processus. “Le prétendu Haut Comité pour les négociations refuse de coopérer sur un pied d’égalité avec les plates-formes de Moscou et du Caire (deux groupes plus restreints de l’opposition qui ont les faveurs de la Russie) et il sabote dans les faits un dialogue véritable”, a déclaré Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.

La paralysie semble être générale autour du dossier syrien. Aucune question de procédure et, encore moins, de fond ne semble réglée.

Sur le terrain, les forces du régime de Damas ont repris jeudi, selon Moscou et l’armée syrienne, la ville historique de Palmyre aux jihadistes de DAECH. Cette oasis située dans le centre de la Syrie change une nouvelle fois de main. Elle avait été conquise en mai 2015 par l’État islamique, reprise par le régime en mars 2016 avant de retomber dans les mains des jihadistes encore une fois au mois de décembre 2016. L’EI s’est totalement retiré de Palmyre, a également indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme. Depuis 2015, les jihadistes ont détruit les plus beaux temples de cette cité vieille de plus de 2.000 ans et inscrite par l’UNESCO au patrimoine mondial de l’humanité.

Le conflit syrien, qui va entrer le 15 mars dans sa septième année, a fait plus de 310.000 morts et des millions de réfugiés dans la région et en Europe.

Antonio Torrenzano

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L’émissaire spécial des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a rencontré dimanche deux groupes de l’opposition. Vendredi dernier, Staffan de Mistura a distribué aux délégations un mémorandum de travail sur les démarches procédurales de ces nouveaux pourparlers, mais la perspective de s’engager sur les questions de fond (une nouvelle Constitution, des élections présidées par les Nations Unies) apparait encore dérisoire.

Selon le mémorandum de Staffan de Mistura, le plan de travail se fonde sur la résolution 2254 votée par le Conseil de sécurité de l’ONU en décembre 2015 qui appelle à un cessez-le-feu et à un règlement politique de la guerre en Syrie. L’agenda se concentrerait en outre sur ces trois points clés à aborder avec les deux composantes politiques pour parvenir au but.

Le diplomate italo-suédois a communiqué au Haut Comité des négociations (HCN), principale délégation de l’opposition, qu’il souhaiterait unifier tous les groupes de l’opposition pour faciliter les discussions face à face avec la délégation du régime de Damas. Djihadi Makdissi, qui dirige les opposants de la “plate-forme du Caire”, a suggéré toutefois qu’il n’était pas question de fusionner les délégations, mais qu’il se coordonnait avec le HCN.

Le HCN a remis aujourd’hui à l’envoyé de l’ONU pour la Syrie, une déclaration en réponse à son mémorandum de procédure sur les discussions. Le HCN rejette la volonté de l’émissaire des Nations Unies d’aborder en parallèle la gouvernance, une nouvelle Constitution et les élections politiques. Comme le groupe d’opposition dit du Caire, le HCN veut d’abord des avancées sur un gouvernement de transition avant de négocier les autres questions. Il rejette par ailleurs tout gouvernement élargi et souhaite le départ du président Bachar el-Assad.

Le départ de Bachar al Assad reste encore au cœur des désaccords. Toutefois, avec le désengagement des États-Unis durant les derniers mois de Barack Obama et l’absence de la nouvelle Administration du dossier des négociations, l’opposition n’a plus de véritable soutien pour obtenir des gains à Genève. Donald Trump, qui a demandé au Pentagone de nouveaux plans pour lutter contre les djihadistes de l’EI d’ici fin février, n’a jusqu’à présent pas donné des indications sur l’implication américaine dans les efforts diplomatiques pour résoudre le conflit. Nasr al-Hariri, président de la délégation du Haut Comité des négociations (HCN), a sollicité pour demain une rencontre avec les représentants russes.

Antonio Torrenzano

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Les attentats commis samedi à Homs, dans l’ouest de la Syrie, qui ont fait 42 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), peuvent-ils faire dérailler les pourparlers de paix ? Les raids aériens de l’armée syrienne de représailles peuvent-ils jeter de l’huile sur le feu sur une situation déjà difficile ?

Les attentats n’ont pas été explicitement revendiqués, mais l’alliance rebelle Tahrir al-Cham, créée en janvier et hostile aux processus de paix, s’en est félicitée. « Cinq kamikazes ont attaqué deux sections de la Sécurité d’État et de la sécurité militaire à Homs. […] Dieu soit loué », dit-elle sur le réseau Telegram. Tahrir al-Cham réunit plusieurs groupes djihadistes, dont le Front Fateh al-Cham, ex-Front al-Nosra, qui dit avoir rompu en juillet avec Al-Qaïda. Depuis sa création, l’alliance, dont le nom signifie Libération du Levant, affronte d’autres groupes insurgés, dont l’Armée syrienne libre (ASL) et ceux qui se réclament du groupe armé État islamique.

Après l’attentat, l’aviation syrienne a bombardé le dernier quartier de la ville qui est aux mains des insurgés, où 50 blessés ont été dénombrés, selon l’OSDH. D’autres raids aériens ont fait six morts à Douma, dans la banlieue est de Damas, et quatre à Hama, a ajouteé l’organisation. Pour le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, Rami Abdel Rahmane, l’attentat de Homs est “un message aussi bien au régime qu’à l’opposition et à la communauté internationale que Fateh al-Cham est là et que personne ne peut l’isoler”.

Les attentats ont ravivé à Genève les tensions entre les deux délégations qui sont en train depuis jeudi de reprendre un parcours politique afin de faire terminer la sanglante guerre en Syrie. Les deux parties se sont accusées de vouloir faire dérailler le processus diplomatique. Pour Bachar Al-Jaafari, le chef de la délégation du régime syrien, “l’attaque terroriste qui s’est produite à Homs n‘était pas seulement une attaque militaire, mais aussi une attaque politique”. La délégation du régime de Damas a en outre demandé à l’opposition de condamner publiquement l’attentat.

Le chef de l’opposition syrienne à Genève, Nasr al-Hariri, s’est exprimé samedi soir. “Notre position est claire, nous condamnons le terrorisme et les terroristes, nous condamnons Daech et Al Nosra (ex-branche syrienne d’Al Qaïda)”, a déclaré al-Hariri lors d’une conférence de presse.

De sa part, l’Envoyé spécial Staffan de Mistura a estimé que les attaques de Homs visaient à faire dérailler les négociations de paix. “Chaque fois, que nous avons des pourparlers, il y a toujours quelqu’un qui essaye de faire dérailler le processus.”, a-t-il déclaré à la presse.

Antonio Torrenzano

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syrian_woman_refugees_crisis_imageDepuis 2011, la guerre est devenue le quotidien des Syriens. Une situation dramatique à laquelle s’est ajoutée l’expansion du groupe terroriste Daech dans la région. En cinq ans, il a fait plus de 300.000 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. En revanche, ils seraient 400.000 selon un rapport cité par le quotidien anglais “The Guardian”. Le bilan reste toutefois très difficile à établir.

Depuis cinq ans, la guerre en Syrie n’épargne personne. Mais, elle touche plus durement ceux qui sont le moins à même d’y faire face : les enfants. Les enfants sont en train de payer un prix fort, révèle l’Unicef. La situation des enfants en Syrie est de plus en plus alarmante. Environ 3,7 millions d’enfants – soit 1 sur 3 – risquent la mort, des blessures, des violences sexuelles, des enlèvements et des recrutements dans des groupes armés. En outre, les pourparlers de paix, menés par les Nations Unies, n’ont pas encore trouvé des solutions politiques à ce conflit qui se perpétue jusqu’aujourd’hui.

Depuis cinq ans enfin, la Syrie est devenue le théâtre de plusieurs conflits meurtriers d’origine régionale et mondiale. D’une part, le conflit a fait réapparaître des fractures entre Moscou et Washington; d’autre part, la guerre a montré comme l’Europe a sous-estimé ce cauchemar. Mais l’internationalisation de cette affaire passe également par un autre conflit : celui entre le peuple Kurde et la Turquie.

Qu’est-ce qu’il arrivera en Syrie après l’élection du nouveau président américain Donald Trump ? Le président américain élu, dans une interview exclusive au quotidien “The Wall Street Journal” a dit que sa priorité est Daech et non le président syrien Bachar al-Assad. «Maintenant nous soutenons des rebelles contre la Syrie – a dit encore Donald Trump – et nous n’avons aucune idée de qui sont ces gens». Le nouveau président a fait savoir même qu’il romprait radicalement avec le bellicisme des néo-conservateurs en déclarant sur ce dossier un rapprochement avec la Russie. Hier, l’administration syrienne avait précisé qu’elle travaillerait avec la nouvelle administration américaine moins hostile. La guerre est en tout cas loin d’être terminée.

Antonio Torrenzano

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reunion_lausanne_john_kerry_imageLa réunion de Lausanne consacrée à la Syrie s’est achevé ce samedi soir sans des avancées concrètes. Pour la diplomatie russe, après cette rencontre, il faudra prolonger “les contacts au cours des prochains jours”.  Au contraire à Lausanne pour la diplomatie américaine, il y a eu “des idées nouvelles, des tensions, mais pas de rancoeur”.

La réunion s’est ouverte à 15h30 près de l’hôtel Beau Rivage et elle a été précédée par un tête-à-tête entre le secrétaire d’État américain John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov, qui ne s’étaient pas revus depuis le début de l’offensive russo-syrienne lancée il y a trois semaines sur la ville d’Alep Nord.

Cette rencontre d’un format nouveau a regroupé Moscou, Washington, le Qatar, la Turquie, l’Arabie saoudite, l’Iran, l’Égypte, l’Irak et la Jordanie, ainsi que l’émissaire des Nations Unies Staffan de Mistura. Le but de ces nouveaux pourparlers était de trouver de nouvelles solutions politiques afin de faire cesser le conflit qui dure depuis 2011. Après plus de 4 heures de discussions, plusieurs ministres ont quitté l’hôtel Beau-Rivage sans faire des déclarations.

Antonio Torenzano

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johnkerry_sergueilavrov_image_reunionsyrieÀ Lausanne que pourra-t-il se produire de ces nouvelles réunions diplomatiques? La rencontre ne vise pas à un résultat immédiat, mais la rencontre essayera de trouver de nouvelles idées pour parvenir à une possible cessation des hostilités. Le processus est devenu difficile et jour après jour plus problématique.  La Syrie est un cauchemar politique depuis longtemps, mais la diplomatie internationale n’a pas encore déchiffré le néfaste danger du dossier :  une bombe à retardement pour toute la région du Moyen-Orient. Depuis 2014, le conflit en Syrie s’est complexifié et internationalisé, provoquant la mort de plus de 300.000 personnes et dévastant le pays. Plus de 13,5 millions de Syriens, dont six millions d’enfants, ont besoin d’aide humanitaire, selon les Nations Unies.

Washington, Moscou et les pays régionaux se retrouvent donc aujourd’hui en Suisse pour essayer une nouvelle fois une solution de trêve. Avec peu d’espoir, on peut imaginer que les deux grandes puissances feront des pressions politiques sur leurs alliés régionaux afin d’obtenir un nouveau cessez-le-feu. De manière particulière, les États-Unis ne veulent plus maîtriser la question syrienne en tête à tête avec Moscou en désirant à la table de discussion les acteurs étatiques régionaux qui ont plus d’influence sur le terrain. La Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar, qui soutiennent la rébellion, seront présents. Autre grand protagoniste du conflit, l’Iran, engagé militairement à côté de Damas, a annoncé vendredi soir sa participation.

“Je n’attends rien de spécial” de cette rencontre, avait lancé pour sa part vendredi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Sur le terrain, les Russes sont en avantage militaire à court terme, mais Moscou se retrouve dans impasse diplomatique de long terme et un désastre humanitaire. 

À Lausanne sera également présent Staffan de Mistura, l’envoyé spécial de l’ONU et les représentants de l’Égypte, de l’Irak et la Jordanie. Mais les pays européens,particulièrement la France et la Grande-Bretagne qui ont dernièrement adopté une ligne différente envers Moscou, n’ont pas été conviés.

Antonio Torrenzano

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serguei_lavrov_john_kerry_imageLa diplomatie internationale se réunit ce week-end à Lausanne et Londres pour de nouveaux dialogues sur la Syrie. Les deux réunions internationales: la première rencontre samedi à Lausanne et la seconde dimanche à Londres, elles devraient avoir le but de tenter d’imposer un énième cessez-le-feu. Dans la ville suisse, les deux ministres des Affaires étrangères, John Kerry et Sergueï Lavrov, devraient être encadrés par leurs homologues de Pays du golfe et de la Turquie.

L’émissaire des Nations Unies Staffan de Mistura participera à la réunion de Lausanne et il fera également partie des discussions avec John Kerry et Serguei Lavrov. Devant la presse, l’adjoint de Staffan de Mistura, Ramy Ezzeldin Ramzy, n’a pas souhaité dire les attentes de l’ONU sur la rencontre de samedi entre les ministres des Affaires étrangères américain, russe, turc, qatari et saoudien. Il a toutefois ajouté que Staffan de Mistura poursuivait d’intenses consultations pour tenter d’améliorer la situation humanitaire, mais aussi sur les questions politiques.

«À Lausanne, le principal sujet de conversation sera la brutalité continue du siège d’Alep et les frappes intentionnelles de l’armée russe et du régime syrien», a prévenu le porte-parole du département d’État américain. À Lausanne, les discussions devraient en outre porter sur la proposition formulée par l’émissaire des Nations unies, Staffan de Mistura, d’organiser l’évacuation des djihadistes de l’ex-Front al Nosra pour rétablir le cessez-le-feu. Leur nombre fait cependant débat, ce qui pourrait empêcher tout accord.

John Kerry retrouvera son homologue russe Sergueï Lavrov pour «parler d’une approche multilatérale de résolution de la crise en Syrie», a toujours expliqué le porte-parole du département d’État américain. La réunion de Lausanne se tiendra sur une journée au Beau-Rivage, là où avaient déjà eu lieu en 2015 des négociations beaucoup plus longues sur le programme nucléaire iranien.

À Moscou, le président «Vladimir Poutine a exprimé l’espoir que la rencontre prévue le 15 octobre à Lausanne (…) soit productive afin de contribuer réellement au règlement» du conflit syrien. Sergueï Lavrov a précisé que les discussions se dérouleraient en présence de la Turquie, de l’Arabie saoudite et peut-être du Qatar, trois pays qui soutiennent l’opposition syrienne. Mais ni Moscou, ni Washington n’ont confirmé la présence de l’Iran, acteur fondamental de la crise syrienne et allié du président Bachar el-Assad.«Notre position à Lausanne sera très claire», a déclaré Serguei Lavrov en déplacement dans la capitale arménienne Erevan. «Nous voulons travailler de manière concrète et voir jusqu’à quel point nos partenaires sont prêts à respecter la résolution du Conseil de sécurité», a-t-il dit, selon des propos cités par les agences de presse russes. «Nous n’allons rien proposer d’autre», a-t-il ajouté.

Au lendemain de Lausanne, John Kerry retrouvera dimanche à Londres ses «partenaires internationaux», c’est-à-dire le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France. Lausanne marquera la première entrevue entre Kerry et Lavrov depuis le gel de leurs négociations, annoncé le 3 octobre par Washington après l’échec d’un cessez-le-feu qu’ils avaient initié et qui n’a duré qu’une semaine. Mais leur dialogue sur la Syrie n’a jamais vraiment été rompu, les deux hommes se téléphonaient encore ces derniers jours. Le département d’État a d’ailleurs souligné que si les discussions bilatérales étaient suspendues, elles n’étaient pas mortes et il n’a pas exclu un tête-à-tête à Lausanne.

Antonio Torrenzano

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conflit_syrien_refugiés_imageLa paix est répudiée en Syrie. Encore une fois, les civils en paient le prix fort. Le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) a annoncé mercredi qu’au moins 96 enfants ont été tués et 223 ont été blessés dans la partie est de la ville syrienne d’Alep. «Les enfants d’Alep sont pris au piège dans un cauchemar », a déclaré dans un communiqué le Directeur exécutif adjoint de l’UNICEF, Justin Forsyth. « Il n’y a pas assez de mots pour décrire la souffrance qu’ils vivent», a-t-il ajouté.

Le système de santé dans la partie est d’Alep est en ruine avec le départ d’environ 30 médecins. Il ne reste pratiquement aucun équipement ou médecine d’urgence pour soigner les blessés alors que la ville connait un nombre toujours croissant de cas de traumatismes. «Rien ne peut justifier de telles agressions sur les enfants et un tel mépris total de la vie humaine», a dit encore Justin Forsyth. « La souffrance, et le choc chez les enfants, sont certainement le pire que nous avons vu», a-t-il souligné.

À l’échelle diplomatique, la situation entre Washington et Moscou reste toujours dans l’impasse. L’administration américaine de Barack Obama semble alterner sa politique entre la tentation de trouver un accord de paix en Syrie et celle de ne pas laisser devenir la Russie un acteur important dans la région. Mais de manière générale, la politique américaine en Syrie est fragile depuis longtemps: l’administration Obama quasi à la fin de son mandat présidentiel n’a pas un projet politique pour l’avenir de ce Pays. Pour Washington, la Syrie est seulement une zone de passage stratégique pour le transit de l’énergie, notamment depuis la découverte en Méditerranée de ressources pétrolières et gazières. Le silence de l’Union européenne et sa quasi-absence du dossier font penser de l’Europe la même chose. Ce sont les hydrocarbures qui déterminent les positionnements géostratégiques des puissances occidentales et de leurs alliés. La question énergétique intervient en effet à plusieurs niveaux dans ce conflit. Enfin, les États-Unis doivent également faire face à un autre élément dans le dossier syrien : le rapprochement turco-russe. Ces nouvelles relations, jugées inattendues par de nombreux diplomates après l’attaque d’un bombardier russe par les forces d’Ankara en novembre 2015, compliquent le panorama en ce qui concerne les analyses américaines. Neutraliser la Russie, devenue un acteur de premier plan dans le conflit, reste alors un objectif prioritaire des États-Unis. À présent, l’objectif reste donc d’empêcher un vrai processus de négociation tant que le régime de Bachar Al Assad est encore au pouvoir.

De sa part il y a tout juste un an, Moscou a débuté sur le terrain syrien par ses opérations militaires en soutien au régime de Damas en dévoilant des armements jamais utilisés : bombardiers, systèmes de missiles multirôles, un nouveau GPS, collecte d’informations. Les bombardements sur le convoi humanitaire du 19 septembre et sur la ville d’Alep le 23 septembre ont encore plus éloigné la possible collaboration politique parmi les deux puissances mondiales. Les sièges des Nations Unies sont donc devenus les lieux d’un affrontement verbal quotidien entre Washington et Moscou. «Ce que fait la Russie, c’est de la barbarie», a martelé Samantha Power, ambassadrice des États-Unis auprès de l’ONU, en oubliant toutefois que son Pays fournit des armes, payées par les Saoudiens, à des groupes liés à al-Qaida. De leur côté, les autorités russes ont dénoncé la «passivité» face à DAECH et ont réclamé une enquête minutieuse sur l’attaque du convoi humanitaire détruit le 19 septembre 2016. Cette semaine, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a décidé de créer la commission d’enquête interne sur l’attaque au convoi des camions. Cette commission «sera chargée d’enquêter sur l’incident concernant une opération de secours conjointe de l’ONU et du Croissant-Rouge arabe syrien à destination d’Urum al-Kubra, en Syrie, le 19 septembre», a annoncé le porte-parole du Secrétaire général dans une déclaration à la presse.

Les discussions qui se déroulent à l’ONU autour d’Alep mettent en lumière les obstacles qui se dressent en Syrie, dans la lutte contre Daech, mais également contre l’ancien Front al-Nosra (al-Qaida). L’urgence de sortir de la guerre est pour l’instant non prioritaire. Les différents acteurs du conflit qui ravage la Syrie et menace toute la région veulent-ils vraiment la paix ?

Antonio Torrenzano

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Alep-Syrie_siège_violence_imageÀ Alep, le régime de Damas et les rebelles sont en train de se jouer la destinée finale du conflit.

Pour le régime de Damas, reprendre l’insurgée d’Alep représenterait une victoire de Bachar Al-Assad depuis cinq ans de guerre, comme pour la Russie, engagée en Syrie depuis septembre 2015. La victoire pourrait porter un coup irréversible aux rebelles soutenus par l’Occident, qui se trouveraient chassés de tout centre-ville majeur et marginalisés dans le Nord face aux forces djihadistes. En outre, la victoire pourrait servir à Damas et à Moscou comme moyen de pression dans les prochaines négociations internationales qui pourraient reprendre alors très bientôt. Sur le terrain, les forces syriennes du président Bachar Al-Assad sont appuyées par des forces iraniennes et des miliciens chiites étrangers, et dans les airs par l’aviation russe qui a pris le contrôle total depuis le mois de juillet de la dernière route d’approvisionnement des quartiers de l’est d’Alep aux mains des rebelles. Cette route, dite “Route du Castello”, unit la ville à des zones rurales tenues par les rebelles au nord et à la frontière turque. Entre 250.000 et 300.000 civils s’y trouvent aujourd’hui pris au piège, selon les Nations unies.

En revanche, pour les rebelles, qu’ils n’ont jamais réussi à prendre la commande définitive d’une seule région du pays en continuité avec les zones frontalières, contrôler Alep constituerait un saut qualitatif, une chance de continuer la guerre, sinon le jeu pour eux serait terminé ! Alep était la capitale économique et la deuxième grande métropole syrienne. Si Alep échappe aux rebelles, aucun autre territoire d’une telle importance, aucune autre ville syrienne ne pourraient désormais faire leur affaire ! Sortir du piège du siège pourrait donc constituer pour les rebelles une chance de continuer de manière différente la guerre. Même la Turquie veut la victoire des bandes armées à Alep, ce qui lui permettrait de justifier sa politique étrangère opaque et non transparente et pour d’autres intérêts stratégiques. En effet, il ne faut pas oublier qu’en raison de sa situation stratégique et de sa proximité avec l’Anatolie, la ville d’Alep a beaucoup compté sous domination ottomane. À l’époque, elle était déjà la deuxième grande métropole de l’Empire après Constantinople, le premier centre de commerce entre l’est et l’ouest, et si les ambassades occidentales étaient basées à Istanbul, la ville d’Alep a toujours été le siège des missions consulaires. Sans oublier non plus que le « Traité de Sèvres », conclu au mois d’août 1920 entre les alliés et l’Empire ottoman, rattachant Alep et sa région à la Syrie, fut refusé par Mustafa Kemal Ataturk qui l’annexa tout comme il annexa l’Anatolie et l’Arménie.

Le conflit à Alep n’est pas éclaté pour une division religieuse entre les rebelles et les factions pro-régime de Damas, mais principalement sur des divisions sociales et sur un clivage historique entre populations urbaines et rurales. C’est pour cette raison que l’insurrection anti-Assad dans l’ouest d’Alep a été toujours inexistante. Le régime de Damas applique une stratégie de siège comparable à celle qu’ont connue pendant plus de deux ans et demi les habitants de Homs.

Le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, s’est dit samedi consterné par l’escalade militaire dans la ville d’Alep, en Syrie, qui fait face, selon lui, « aux bombardements les plus intenses depuis le début du conflit syrien ». Selon la presse, un véritable déluge de feu s’est abattu depuis deux jours sur les quartiers rebelles d’Alep que les forces du gouvernement syrien, soutenu par la Russie, tentent de reprendre. Mercredi, lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée à la situation en Syrie, Ban Ki-moon avait exhorté les membres du Conseil des Nations Unies à user de toute leur influence pour rétablir le cessez-le-feu dans ce pays, permettre le retour de l’aide humanitaire et remettre le processus politique sur les rails pour «sortir les Syriens de l’enfer dans lequel ils sont pris au piège».

La bataille d’Alep reste toutefois décisive pour les deux acteurs au sol. Rien à l’horizon ne suggère une autre conclusion. La tragédie syrienne nous déshonore, mais elle est un sérieux échec de la communauté internationale occidentale.

Antonio Torrenzano

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L’envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie Staffan de Mistura, lors d’un point de presse à Genève, a exprimé sa préoccupation pour la paralysie de l’aide humanitaire dans le pays syrien. Aucun convoi n’a pas encore accédé aux zones assiégées depuis le début du mois d’août. 

«Aucune aide humanitaire n’arrive en Syrie en ce moment, sauf à Deir ez-Zor », a-t-il affirmé. Staffan de Mistura a réclamé une hypothétique trêve humanitaire à commencer par la ville d’Alep, pour permettre aux convois des Nations Unies d’avoir accès aux individus qui se trouvent dans une situation de besoins.

L’Envoyé de l’ONU a en outre dénoncé la poursuite des combats. « En Syrie, ce que nous entendons et voyons, ce ne sont qu’offensives, contre-offensives, roquettes, bombes, mortiers, canons, napalm, chlore,frappes aériennes, kamikazes», a-t-il dit.

De sa part, la Commission internationale indépendante d’enquête sur la Syrie a exprimé sa profonde préoccupation pour la sécurité des civils vivants dans la zone est de la ville d’Alep. Selon la Commission d’enquête, la mise en place de couloirs humanitaires serait urgente et ils devraient être conformes aux principes du droit international.

«Les civils qui choisissent de rester, ils doivent avoir un accès sans des entraves à l’appui humanitaire», a précisé la Commission.  La même a de nouveau souligné qu’indépendamment de l’existence de couloirs humanitaires, «l’obligation légale pour les belligérants reste celle de ne pas diriger d’attaques contre des civils». Alors que les attaques et les violences se poursuivent dans toute la Syrie, la Commission demande à la communauté internationale, en particulier aux États soutenant les acteurs locaux du conflit, de faire pression pour un retour aux négociations politiques.

Antonio Torrenzano