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Le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté samedi à l’unanimité de ses membres une résolution réclamant un cessez-le-feu immédiat dans l’ensemble de la Syrie. La Résolution 2401 (2018), rédigée par le Koweït et la Suède, demande à tous les acteurs du conflit de cesser les hostilités sur l’ensemble du territoire syrien pour une période minimum de 30 jours consécutifs. Dans leur résolution, les membres du Conseil ont tenu à souligner qu’affamer les civils, comme méthode de combat, est illégal par le droit international humanitaire.

Cette « pause humanitaire » exigée par les 15 membres du Conseil doit permettre « l’acheminement sûr, sans entrave et soutenu » de l’aide et des services humanitaires ainsi que l’évacuation médicale des malades et des blessés conformément au droit international en vigueur. Dans leur résolution, les membres du Conseil affirment que la cessation des hostilités en Syrie ne s’appliquera pas aux opérations militaires menées contre les groupes terroristes. Immédiatement après le début de la cessation des hostilités, tous les acteurs militaires du conflit devront permettre aux convois humanitaires de l’ONU d’accéder à toutes les zones où la population syrienne a besoin.

En Syrie, une véritable tragédie humanitaire s’intensifie d’heure en heure dans la Ghouta orientale, région située en banlieue de Damas. La Ghouta orientale, où 400 000 civils sont pris au piège, est contrôlée par les insurgés depuis cinq ans. Mais depuis dimanche dernier, les forces syriennes de Bachar Al-Assad mènent des offensives aériennes pour essayer d’expulser les rebelles. « La Ghouta orientale est un exemple vivant de catastrophe entièrement connue, prévisible et évitable qui se déroule sous nos yeux », a dénoncé le Secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires humanitaires, Mark Lowcock.

« Tout le monde sait que près de 400.000 personnes sont assiégées. Et qu’elles sont assiégées depuis plus de quatre ans. Tout le monde sait que dans la Ghouta orientale, des milliers et des milliers d’enfants sont confrontés à la malnutrition aiguë, une situation que nous n’avons pas connue ailleurs en Syrie depuis le début du conflit. Tout le monde sait en outre que plus de 700 personnes ont besoin d’une évacuation médicale urgente vers les hôpitaux situés à quelques kilomètres dans la ville de Damas », a rappelé le chef du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

Près de sept ans de violence incessante en Syrie ont entraîné le déplacement de la moitié de la population syrienne, soit 6,1 millions de déplacés internes et 5,5 millions de Syriens réfugiés dans la région. En décembre 2017, les agences des Nations Unies et 270 ONG partenaires ont publié un plan de 4,4 milliards de dollars conçu pour venir en aide à plus de 5 millions de réfugiés syriens et 3,9 millions de membres des communautés d’accueil dans les pays voisins.

Antonio Torrenzano

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Le Congrès du dialogue national syrien, convoqué à Sotchi par Moscou et soutenu par l’Iran et la Turquie avec le but de relancer un possible processus politique de paix, s’est déroulé hier dans la station balnéaire de la mer Noire. Après une journée de travail et des débats, les délégués présents se sont mis d’accord sur la création d’un comité qui devrait “rédiger une étude de réforme constitutionnelle“, selon le communiqué final de la réunion. “Le peuple syrien décide seul du futur de son pays par des voies démocratiques […] sans pression ou d’interférence extérieure“, ont-ils ajouté.

Le Comité travaillera sous l’égide des Nations Unies et “devrait intégrer le gouvernement, l’opposition représentée lors des pourparlers de Genève, des experts syriens, la société civile, des indépendants, des chefs tribaux et des femmes“, a souligné l’émissaire de l’ONU Staffan de Mistura à la presse internationale.

Le Congrès du dialogue national syrien – convoqué par Moscou, principal allié de Bachar al-Assad, avec le soutien de Téhéran et Ankara – avait l’ambition de transformer les succès militaires du régime de Damas en une solution réaliste diplomatique. Moscou, qui avait lancé plus de 1.600 invitations pour Sotchi, a obtenu le refus des principaux groupes d’opposition, la désapprobation de la communauté Kurde furieuse de l’offensive de la Turquie contre leur territoire d’Afrine et le rejet de la communauté occidentale craignant un affaiblissement du processus de Genève organisé par les Nations Unies et un accord privilégiant le gouvernement de Damas.

Si deux ou trois “groupes politiques n’ont pas pu participer, je n’en fais pas une tragédie“, a relativisé Sergueï Lavrov à la fin de la réunion, saluant au contraire “un premier pas, un pas très important” en vue d’un règlement politique. En effet, la réunion -qui devait permettre à Moscou d’affermir son autorité dans la conduite du processus politique en Syrie – a été moins favorable pour le Kremlin. Déjà à l’ouverture du sommet, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a dû faire face aux protestations vives de certains délégués excédés par le soutien de Moscou à Bachar el-Assad. Certes, la présence de quelques personnalités issues de l’opposition la plus dure aurait pu contribuer à donner une plus ferme légitimité à cette réunion en renforçant également le poids de la médiation diplomatique russe.

À présent, le dialogue entre Syriens demeure toujours impossible. Paradoxalement, le succès incomplet et insuffisant de Sotchi est une bonne nouvelle pour les pourparlers de Genève. Genève reste, plus que jamais, le seul milieu juridique légitime pour mener de prochaines négociations. De facto, les Nations Unies se retrouvent au centre du jeu. Les débats seront encore nombreux, mais il faudra faire vite. Depuis longtemps, le conflit syrien provoque une très forte instabilité dans l’entière région du Proche-Orient.

Antonio Torrenzano

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Staffan de Mistura a invité le gouvernement de Damas et l’opposition Syrienne à participer à une nouvelle réunion sous l’égide des Nations Unies à Vienne, en Autriche, les jours 25 et 26 janvier 2018. La réunion, qui se déroulera dans le siège de l’organisation, s’inscrira dans le cadre du processus politique de Genève, a précisé M. de Mistura dans une déclaration à la presse.

L’Envoyé spécial a dit espérer que les deux délégations participeront à cette rencontre pour des échanges de vues avec lui et son équipe. Staffan de Mistura a souligné que « toute initiative politique des acteurs internationaux devrait être évaluée par sa capacité à contribuer et à soutenir le processus politique de Genève facilité par les Nations Unies et la complète mise en œuvre de la résolution 2254 (2015)».

En ce qui concerne la situation sur le terrain, une recrudescence de la violence dans la Ghouta orientale et dans le gouvernorat d’Idlib a accru l’insécurité des civils alors que les conditions de ces régions étaient déjà désespérées, a indiqué mardi passé le Programme alimentaire mondial. «Depuis la fin de l’année dernière, des frappes aériennes ont détruit des bâtiments civils, tuant des centaines de personnes dans les deux territoires et dans le cas d’Idlib, déplaçant environ 100 000 personnes», a déclaré la porte-parole du PAM, Bettina Luescher, lors d’une conférence de presse à Genève.

Les Nations Unies ont dénoncé encore une fois l’impact dévastateur de violences de la guerre sur les civils, en particulier dans les régions d’Idlib, de la Ghouta orientale. « Les civils dans les zones touchées ont un besoin urgent de protection et d’aide humanitaire, mais les combats limitent le déplacement des personnes et des fournitures. Au cours des dernières semaines, l’intensification des bombardements, des tirs de mortier et des combats a forcé des dizaines de milliers de personnes à fuir », a souligné l’équipe de l’ONU pour l’affaire syrienne.

«Au total, 417.000 personnes vivent actuellement en état de siège en Syrie, la plus grande partie dans la Ghouta orientale, où vivent près de 400 000 personnes», a enfin déclaré Bettina Luescher.

Antonio Torrenzano

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Après six ans et demi de guerre, la Syrie est en train de payer «un lourd tribut» économique et social a déclaré le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires, Mark Lowcock, la semaine passée à Damas. «J’ai vu cette semaine le bilan colossal des hostilités», a déclaré Mark Lowcock, dans une déclaration aux médias au troisième jour de sa visite en Syrie.

La guerre civile et révolutionnaire qui déchire la Syrie depuis 2011 s’est cristallisée dans un espace de destructions massives et de fronts multiples à l’évolution aléatoire. Le pays urbain (75 % de la population en 2011) n’est plus qu’un champ de ruines, les 7 millions de réfugiés répertoriés s’entassent dans des camps à l’intérieur (1,2 million dans la banlieue de Damas) et à l’extérieur du pays (Liban, Turquie, Jordanie). Les capacités industrielles sont presque entièrement détruites. Se projeter dans un avenir, même à court terme est difficile. Les rounds de négociations ont, jusqu’à ce jour, tourné court. Les différentes parties prenantes restent figées sur leurs positions.

Un bilan économique désolant.

Le produit intérieur brut (PIB) de la Syrie est inférieur à la moitié de ce qu’il était avant la guerre, et le remplacement des infrastructures et des logements détruits coûtera des centaines de milliards de dollars. En moins de six années, l’économie syrienne s’est transformée en une économie de guerre et de pénurie. Une agriculture de subsistance existe seulement dans les régions les moins touchées par la guerre. L’agriculture syrienne, traditionnellement exportatrice, s’est transformée en agriculture de subsistance. « L’industrie du phosphate, branche dans laquelle la Syrie détenait le 10e rang mondial, s’est effondrée. Évaluée à plus de 2 millions de tonnes annuelles en 2011, au 1er semestre 2014, selon la Compagnie générale des phosphates et des mines, la production totale s’était élevée à 493 822 tonnes. Les ventes n’avaient rapporté que 30 millions de dollars, dont 28 millions à l’exportation et le reste pour la fabrication locale de fertilisants».1

La Syrie urbaine et commerçante est détruite en dehors de Damas. Le secteur industriel lourd, essentiellement situé dans les localités urbaines de combat n’existe plus. Les usines textiles se résument à présent à quelques manufactures dans les régions contrôlées par le régime. La ressource touristique qui représentait 2,3 milliards de dollars en 2010 (c’est-à-dire avant le conflit) a disparu. Seules les zones portuaires fonctionnent, car elles alimentent le pays de Bachar Al-Assad en produits d’importation venus de Russie ou d’Iran. L’effort militaire russe a donné un élan significatif à l’espace portuaire, mais il est principalement opéré par les Russes eux-mêmes.2

Une situation sociale désastreuse.

Un Au plan social, en ce qui concerne la santé, sur les 780 établissements recensés dans les six principales villes, environ un tiers a été endommagé. Plus grave encore, l’essentiel des personnels médicaux et hospitaliers, souvent ciblé directement par les actions militaires entre l’armée de Damas et l’opposition syrienne dans les zones de guerre, a fui le pays.3 En matière d’éducation, 1 417 établissements allant de la crèche à l’université ont été endommagés dans les combats, soit 14,8 % d’entre eux. Alep et Deraa ont été les villes les plus touchées. Deux millions d’enfants sont sortis du système scolaire et 50 000 enseignants sont sans emplois.4

Enfin, comme dans toute économie de guerre, les commerces illicites, le marché clandestin et la corruption représentent les différentes formes d’une activité parallèle qui enrichit une minorité de la population alors que l’autre vit dans la pénurie. C’est pourquoi la domination des zones transfrontalières (par exemple les frontières avec le Liban et celle avec la Turquie) est un enjeu majeur pour tous les acteurs sur le terrain de guerre qui se disputent sa surveillance.

Antonio Torrenzano

1 Jean-Claude Cousseran, Jean-françois Daguzan, Agnès Levallois, Manon-Nour Tannous, La ”Syrie utile” : éléments pour des solutions de sortie de crise, Paris, Observatoire du monde arabo-musulman et du Sahel, Fondation pour la recherche stratégique, juillet, 2016, pp.15-16. URL:https://www.frstrategie.org/web/documents/programmes/observatoire-du-monde-arabo-musulman-et-du-sahel/publications/4.pdf

2 Jean-Claude Cousseran, Jean-françois Daguzan, Agnès Levallois, Manon-Nour Tannous, Ibidem, pp. 17-19.

3 Shanta Devarajan, Lili Mottaghi, Quy-Toan Do, Lin Abde, Mohamed Jelil, Syria : Reconstruction for Peace, in Middle East and North Africa Economic Monitor, avril 2016, Washington DC, World Bank press, 2016, pp. 22-24.

4 Source statistique UNICEF Nations Unies, au mois de novembre 2017.