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graca_machel_image_1670Conversation avec Graça Machel, activiste pour la défense des Droits humains, ancien ministre de la Culture et de l’Éducation au Mozambique du 1975 au 1989. Épouse de Samora Machel, le premier président de la République populaire du Mozambique en 1975, elle fut la seule femme au gouvernement. Pendant son mandat politique, Graça Machel remplace les programmes scolaires datant de l’époque coloniale et met également en place des cours du soir pour adultes. Son action contribue à l’augmentation du taux d’alphabétisation et du nombre d’enfants scolarisés au Monzabique. Le 19 octobre 1986, son mari Samora Machel meurt dans un accident aérien. Après la mort du président,Graça Machel se consacre à des causes humanitaires et se bat pour les droits des femmes et des enfants. En 1996, elle rédige un rapport pour l’UNESCO en traitant l’impact des conflits armés sur les enfants. Toujours en 1996, la communauté internationale découvre encore une fois le caractère de cette femme de 70 ans, brillante, mais discrète qui renonça à la candidature au secrétariat général de l’ONU en décriant le manque de volonté politique de l’organisation pour changer le monde. Graça Machel et Nelson Mandela se sont rencontrés dans les années 1990 alors qu’ils étaient tous les deux très, très seuls, avait-elle confié. Elle peinait à se remettre de la mort de son mari et père de ses deux enfants, Samora Machel, tué dans un accident d’avion en 1986, imputé au gouvernement d’apartheid sud-africain. En 1998, Graça Machel épouse en secondes noces le Nelson Mandela, dont elle partage la vie jusqu’à sa disparition en 2013. Elle est membre des Global Elders, une organisation non gouvernementale composée d’anciens dirigeants rassemblés en 2007 par Nelson Mandela afin de contribuer à résoudre les problèmes les plus importants de la planète. À présent, elle travaille avec des associations contre le sida et la pauvreté. Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) lui décerne la médaille Nansen en 1995 pour son action humanitaire en faveur des enfants réfugiés. Elle est également membre de l’Africa Progress Panel, une fondation basée à Genève et présidée par Kofi Annan. Le dialogue a eu lieu dans la ville italienne de Reggio Émilia pendant une rencontre organisée par la Mairie de la ville, le musée Casa Cervi dans le village de Gattatico et la fondation Reggio Children le 25 avril 2015.

Antonio Torrenzano. Syrie, Irak, Libye : ces pays ne sont plus qu’un champ de ruines. Le conflit syrien a déjà fait plus de 200.000 morts et des millions de personnes. Le chaos et la violence atteignent des niveaux littéralement stupéfiants dans ces Pays. Pourquoi la communauté internationale n’a-t-elle pas encore trouvé des solutions à ces conflits ?

Graça Machel. Comme je le dis toujours : nous pourrons atteindre à des solutions acceptables si la bonne volonté de tout le monde est là. La communauté internationale a désormais la capacité de faire d’énormes progrès pour l’Humanité. La seule chose qui manque est la bonne volonté !! Mais, suis-je heureuse ? Non ! Je voudrais une vision beaucoup plus clairvoyante et un discernement qui peut faire preuve de la complexité de l’Histoire contemporaine !

Antonio Torrenzano. Quelles sont vos suggestions en ce qui concerne le passage historique que le Continent africain est en train de vivre ?

Graça Machel. Je pense que dans dix ans, le Continent  africain présentera un visage absolument différent. Dans le continent, nous sommes en train de produire une évolution économique, politique, sociale de premier plan. En ce qui concerne les femmes : des femmes qualifiées seront aux plus hauts niveaux de la prise de décision. J’espère que la clairvoyance féminine peut apporter d’importantes nouveautés dans la politique, dans l’économie, dans les affaires, la science, la technologie. Il y a une nouvelle génération de leaders féminins qui est en train d’arriver.

Antonio Torrenzano. Vous avez été ministre de la Culture et de l’Éducation du premier gouvernement du Mozambique après l’indépendance. Pensez-vous que vos rêves pour le Mozambique et l’Afrique ont été réalisés ?

Graça Machel. J’ai donné mes plus jeunes années à une cause qui n’a pas entièrement rempli ses objectifs. Je voulais éradiquer l’analphabétisme dans mon Pays. Je voulais que chaque enfant dût aller à l’école. J’espérais qu’il y aurait eu plus de femmes à des postes de responsabilité. D’autre part, si je regarde le nombre de jeunes femmes qui sont maintenant à l’université, je pense : “Oui !! Nous avons fait assez bien”. Le Mozambique est l’un des pays qui a le niveau le plus élevé de femmes parlementaires. Je suis fier des progrès qui ont été accomplis. À présent, il faudra bien renforcer la société civile pour avoir un développement durable et croyable. Je voudrais encore que les femmes protégeassent encore mieux leurs intérêts et leurs droits.

Antonio Torrenzano. Les Sud-Africains ont une grande dette envers Graça Machel, a un jour déclaré votre ami le Nobel de la Paix Desmond Tutu. Elle a apporté de la joie à Nelson Mandela.

Graça Machel. Sa présence remplissait chaque moment de ma vie, chaque détail de mon existence. L’absence de Nelson Mandela sera toujours en nous.

Antonio Torrenzano

 

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syrie_champ_ruinesSera-t-il possible de trouver une nouvelle approche pour relancer le processus de Genève bloqué depuis février 2014 ? Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a donné pour instruction à Staffan de Mistura de reprendre les discussions sur la base du communiqué de Genève 1. De nouvelles consultations diplomatiques auront donc lieu le mois prochain à Genève, à partir du 4 mai 2015.

La semaine dernière, Ban Ki-moon avait communiqué le désir d’une relance du processus politique pour tenter de résoudre le conflit vieux de quatre ans. Les prédécesseurs de Staffan de Mistura, Kofi Annan et Lakhdar Brahimi, avaient tous les deux jeté l’éponge après avoir constaté leur échec dans la recherche d’une solution politique pour faire cesser les hostilités. La réunion Genève 2 avait pris fin sur une impasse il y a plus d’un an, en février 2014. Des contacts entrepris par Moscou depuis le début de l’année n’avaient rien donné non plus. À partir du 4 mai 2015, le médiateur diplomatique pour la Syrie Staffan de Mistura donnera donc le coup d’envoi à des «consultations séparées» avec les différentes parties du conflit syrien.

Ces nouvelles consultations se tiendront au Palais des Nations comme a annoncé le porte-parole des Nations Unies Ahmad Fawzi à Genève. Les invitations ont été lancées à tous les acteurs impliqués par la crise syrienne, a précisé le porte-parole de l’organisation onusienne. Ces consultations séparées commenceront par les Syriens, le gouvernement et l’opposition, a-t-il ajouté. Ahmad Fawzi, interrogé sur le fait de savoir si l’État islamique et le front Al-Nosra seront conviés aux discussions, a répondu: «non, il s’agit de groupes terroristes».

Les consultations dureront 4 à 6 semaines. Sur le terrain toutefois la guerre continue. Le pays n’est plus qu’un champ de ruines en le regardant par des photos satellitaires. La guerre civile a déjà fait plus de 200.000 morts et des millions de personnes pour se sauver ont quitté le pays prises en étau entre la fureur du groupe État islamique et celle du régime de Damas. Le chaos et la violence atteignent des niveaux littéralement stupéfiants et resteront dans l’Histoire comme les crimes les plus abominables de ce siècle.

Antonio Torrenzano

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sommet_tollerance_onu_new_york_imageÀ l’occasion d’une réunion spéciale de l’Assemblée générale des Nations Unies visant à promouvoir la réconciliation et lutter contre la menace de l’extrémisme, l’organisation a appelé les États les plus influents de la communauté internationale à contribuer à la recherche des solutions pour la paix. Cette réunion a rassemblé au siège de l’ONU de New York, les États membres et des leaders religieux du monde entier autour d’un débat sur la promotion de la tolérance et de la réconciliation.

«Nous vous avons rassemblé aujourd’hui ici parce que nous sommes profondément préoccupés par la montée de l’extrémisme et du radicalisme », a déclaré le Secrétaire général dans un discours à l’ouverture du débat, ajoutant qu’il est désormais nécessaire de s’attaquer à la racine de ces problèmes afin de pouvoir mettre en œuvre des stratégies de prévention. «l’État islamique, Al-Chabab et Boko Haram font partie d’une nouvelle génération de groupes terroristes qui menacent la paix et la sécurité internationales […]. Mais les problèmes vont bien au-delà du Moyen-Orient et de l’Afrique. Le racisme, l’antisémitisme et l’islamophobie alimentent la haine et occasionnent des pertes en vies humaines y compris dans les sociétés démocratiques globalement pacifiques » a mis en garde le chef de l’ONU.

Le Haut-Représentant pour l’Alliance des civilisations Nassir Abdulaziz Al-Nasser a invité au contraire les Pays à contribuer à une vision du monde capable de présenter une alternative face aux idéologies extrémismes. Le Haut-Représentant de l’ONU a expliqué que sans une action préventive mondiale sur des questions telles que l’immigration, les médias et l’éducation, les extrémistes continueront d’attirer et de recruter de plus en plus des jeunes. «Nous avons beaucoup à faire pour améliorer nos propres environnements sociaux générateurs de marginalisation, d’austérité économique et de manque d’opportunité égale», a dit Abdulaziz Al-Nasser.

Reprenant cette idée, le Président de l’Assemblée générale de l’ONU, Sam Kutesa, a déclaré que : « le développement social pourrait réduire la marginalisation. Marginalisation, qui dans certains cas pousse la violence à l’extrémisme et au recrutement de terroristes. Relever les défis de la pauvreté, ainsi que le manque de possibilités d’éducation ou d’emploi peut constituer la base d’une approche mondiale visant à créer des sociétés pacifiques ». Ban Ki-moon a annoncé que les idées débattues pendant cette réunion seront ensuite reprises par l’ONU pour produire un nouveau plan d’action contre l’extrémisme, qui sera présenté à l’Assemblée générale pendant l’année 2015. « Ce programme mettra l’accent sur les valeurs centrales de paix, de justice et de dignité humaine comme la vraie alternative à la haine et à la peur semées par les extrémistes ».

Antonio Torrenzano

 

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lybie_combats_imageLes femmes libyennes pourront-elles jouer un rôle crucial dans la résolution de la crise à laquelle est confronté leur pays ? Selon Bernardino Léon, haut responsable des Nations Unies pour la Libye, les femmes peuvent influencer de manière réaliste la résolution du conflit en cours dans le Pays. S’adressant à environ 250 femmes libyennes rassemblées à Tripoli à l’occasion d’une réunion visant à inclure les femmes dans le dialogue politique du pays, le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la Libye a affirmé : «Nous comptons sur les femmes de Libye, qui étaient si actives lors de la révolution du 17 février, afin qu’elles continuent à plaider en faveur d’une solution pacifique ». « Les femmes doivent jouer un rôle essentiel dans le suivi du processus politique et participer au nouveau gouvernement d’unité », a ajouté Bernardino Léon en soulignant que la participation des femmes dans le processus de transition du Pays est de première nécessité.

Depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, le théâtre libyen est morcelé entre une multitude de pouvoirs locaux. Le désordre qui a suivi la chute de Kadhafi a amené les Libyens à se replier sur leur identité primaire, le village, la tribu. La Libye divisée est en proie au désordre, à un chaos propice à l’implantation des djihadistes de l’État islamique. L’installation de l’organisation de l’État islamique en Libye remonte au printemps 2014, lorsque des combattants libyens en Syrie, affiliés au groupe EILL, sont revenus dans leur pays d’origine. Aujourd’hui, la branche libyenne Daech est implantée à Derna, Benghazi, Syrte, et même à Tripoli, où elle a mené plusieurs attaques. Les djihadistes sont présents un peu partout dans le pays, mais jamais de manière exclusive.

L’État islamique ne gouverne intégralement aucun territoire, à la différence de la Syrie ou de l’Irak, mais il est également dangereux. En outre, il est très difficile d’évaluer leurs effectifs. On estime entre 800 et 2000 le nombre de Libyens qui ont combattu en Irak et en Syrie et qui sont devenus membres de Daech en retournant en Libye. Dans l’ouest du pays, des groupes armés criminels collaborent occasionnellement avec les djihadistes, mais ils ne sont pas proprement affiliés au groupe. Seule certitude, ils sont dans une dynamique de croissance.

De sa part, la haute représentante pour les Affaires étrangères de l’Union européenne Federica Mogherini a adressé un “Salam Aleykoum” (que la paix soit avec vous) aux pays du bassin méditerranéen, en souhaitant davantage de dialogue avec la région pour lutter contre le terrorisme et le jihadisme chez les jeunes. «Tous les pays de la région sont confrontés á une situation sécuritaire fragile qui s’est dégradée en raison de plusieurs conflits armés, notamment en Syrie et en Libye», a-t-elle ajouté avant d’insister sur la nécessité d’un dialogue d’égal à égal plus direct et plus politique. « Au coeur des préoccupations communes, une montée du radicalisme auprès de nos jeunes qui sont de plus en plus nombreux à suivre l’appel du jihadisme au nord et au sud de la Méditerranée », a-t-elle expliqué. « La meilleure façon de travailler ensemble pour la sécurité de notre région est celle de renforcer la coopération dans tous les domaines: économique, culturel, politique», a dit enfin Federica Mogherini.

Les efforts pour la paix menés jusqu’à présent restent toutefois des tentatives encore peu efficaces. En Libye, il est nécessaire de trouver rapidement des solutions pour ne pas avoir un autre conflit syrien.

Antonio Torrenzano

 

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anton_refugié_yarmouk_camp_imageLe Secrétaire général de l’Organisation, Ban Ki-moon, a déploré la catastrophe dans le camp de Yarmouk en Syrie où 18.000 réfugiés palestiniens sont pris en otage par des militants extrémistes.

«Au titre des horreurs dont la Syrie est le théâtre, le camp de réfugiés de Yarmouk est le cercle le plus profond de l’enfer », a déclaré M. Ban Ki-moon à la presse. « Ce camp de réfugiés commence à ressembler à un camp de la mort. Les habitants de Yarmouk – dont 3.500 enfants – sont transformés en boucliers humains». Après plus de deux ans d’un siège sans merci, les résidents font désormais face à une double menace. D’un côté, les extrémistes de l’État islamique (EIIL) à l’intérieur du camp; de l’autre, les forces gouvernementales faisant le siège à l’extérieur, au point qu’il est pratiquement impossible pour les civils de quitter Yarmouk.

« Nous disposons de rapports inquiétants faisant état d’un assaut massif sur le camp et tous ses civils », s’est inquiété le chef de l’ONU. « Les civils doivent être épargnés. Les civils doivent être protégés en tout temps», a insisté le Secrétaire général, appelant les États bénéficiant d’une influence sur le gouvernement de la Syrie et les parties prenantes au conflit à peser en ce sens. Ban Ki-moon a également appelé à une action concertée de la communauté internationale sans son ensemble pour sauver les vies des civils de Yarmouk.

« Les civils doivent être épargnés. Les civils doivent être protégés », a insisté le Secrétaire général, appelant tous les États bénéficiant d’une influence sur le gouvernement de la Syrie et les parties prenantes au conflit à peser en ce sens. Le secrétaire des Nations Unies a également appelé à une action concertée toute la communauté internationale pour sauver les vies des civils de Yarmouk. «Nous pouvons tous convenir que ce qui se passe à Yarmouk est inacceptable», a-t-il dit. «Nous pouvons tous agir pour mettre fin à la souffrance. Nous pouvons tous refuser de tolérer l’intolérable ».

Antonio Torrenzano

 

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les-chretiens-d-irak-et-du-levant-sont-forces-a-quitter-leurs-villesIrak, Syrie, Kenya, Nigeria, Libye : l’actualité est sombre pour les chrétiens au Moyen-Orient. Les chrétiens doivent faire face, dans de nombreux pays, à des persécutions et des discriminations qui suscitent souvent une indifférence des médias et une méconnaissance de la part des sociétés occidentales elles-mêmes.

Sous le choc de la tragédie du Kenya, le pape François a dénoncé dans ces jours la violence jihadiste qui frappe depuis longtemps les chrétiens d’Orients et les autres minorités. Les Églises en Terre sainte sont profondément affligées par cette violence « faussement perpétrée au nom de la religion»; c’est ce qu’ont affirmé les chefs des Églises de Jérusalem dans leur traditionnel message de Pâques. Les responsables chrétiens dénoncent encore des comportements « barbares » qui déshumanisent pas seulement les victimes, mais également les bourreaux. Ils rappellent que les communautés chrétiennes les plus anciennes en Égypte, en Irak et en Syrie sont les plus atteintes par cette violence au nom de la religion.

Une violence, jour après jour, qui devient toujours plus absurde, plus insensée. Barbare! Ces persécutions sont menées par des individus ou par des groupes islamistes de l’Irak au Kenya en passant par la Libye, du Pakistan au Nigeria. « Les vrais martyrs ne meurent pas les poings fermés, mais les mains jointes », comme les 21 chrétiens coptes tués par les djihadistes de l’État islamique en Libye. Ou encore les victimes de l’attaque du campus de Garissa, au Kenya, tués par la furie des extrémistes somaliens.

Comment s’opposer face à ce mal ? Selon le teologue Raniero Cantalamessa, chacun doit se mobiliser : « il ne faut pas dormir ! (…) Nous risquons tous – institutions et individus du monde occidental – de devenir des Ponce Pilate qui se lavent les mains » a-t-il averti, dénonçant au passage « l’inquiétante indifférence des institutions mondiales et de l’opinion publique face à tout cela ».

Antonio Torrenzano

 

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refugee_camp_yarmouk_imageL’État islamique a pris mercredi le contrôle d’une grande partie du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, un quartier de Damas. C’est la première fois que l’organisation jihadiste, qui contrôle depuis 2013 de vastes régions du nord syrien, pénètre dans des lieux pas loin de la capitale syrienne. Le camp est situé à environ sept kilomètres du centre de Damas.

Selon le directeur des affaires politiques de l’OLP en Syrie, des combats étaient en cours déjà mercredi soir entre djihadistes et groupes armés palestiniens. Pour la première fois, Daech, qui contrôle depuis 2013 de vastes territoires syriens, se rapproche dangereusement de la capitale syrienne. Avec plus de 150.000 habitants avant la guerre civile, le camp de Yarmouk était devenu une véritable ville, dotée d’écoles, d’hôpitaux, de commerces.

Un processus accompagné durant 50 ans par l’UNRWA, l’organisme de l’ONU qui supervise l’aide aux réfugiés palestiniens. Mais depuis 2012, le camp s’est retrouvé sous les tirs croisés de l’armée syrienne, des groupes rebelles syriens et des factions palestiniennes. Le siège mené par le gouvernement de Damas avait poussé la population à l’exil ou à la misère. Dernièrement, seules 18.000 personnes vivaient, ou survivaient, encore dans ce camp.

En février 2014, les groupes rebelles syriens s’étaient toutefois retirés du camp en laissant l’endroit sous l’autorité des groupes palestiniens. Selon la BBC, une entente pour l’acheminement d’aide humanitaire était sur le point d’aboutir quand le camp a été pris d’assaut mercredi matin par les djihadistes de l’État islamique, qui ne se sont pas battus contre l’armée syrienne, mais contre un groupe palestinien opposé au régime de Damas.

Antonio Torrenzano

 

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carla_del_ponte_&_paulo_pinheiro_imageLe Conseil des droits de l’homme a examiné le matin 17 mars 2015 le dernier rapport de la commission d’enquête internationale indépendante sur la République arabe syrienne. Le rapport répertorie les violations du droit humanitaire entre septembre 2011 et janvier 2015 et décrit la grave situation humaine et humanitaire de la population syrienne lors de la conférence de presse au Palais de la Nation à Genève. Présentant le rapport de la commission, également composée de Karen Koning AbuZayd, Carla Del Ponte et Vitit Muntarbhorn, son président, M. Paulo Sérgio Pinheiro, a notamment indiqué que les commissaires n’avaient pu se rendre sur le territoire syrien et avaient fondé leur travail sur des entretiens avec les victimes et les témoins oculaires. Le conflit syrien constitue une menace pour toute la région dont Daech représente l’évolution de cette guerre désormais internationale.

Il y a une escalade de la violence sans précédent en Syrie, a déclaré M. Paulo Sergio Pinheiro, président de la Commission, en ajoutant que cette violence est une menace pour toute la région. Paulo Sérgio Pinheiro, président de la Commission d’enquête internationale, a en outre constaté que les civils ont toujours été les premières victimes de la violence depuis les premières manifestations pacifiques il y a tout juste quatre ans et qui ont dégénéré en une guerre civile qui entre dans sa cinquième année.

Les femmes, les enfants, les hommes, les jeunes garçons, les vieillards, les handicapés sont considérés comme des cibles légitimes par les forces gouvernementales, les organisations extrémistes et terroristes. Dans ce le conflit en cours il n’y a aucun respect des règles internationales, pourquoi ? Carla Del Ponte : ” entre les belligérants, tout est permis. Je n’ai jamais vu cela de manière aussi systématique. Dès qu’on attrape un ennemi, on le torture ou on le tue, ou les deux. C’est incroyable. C’est le règne de la vengeance et de la cruauté. Le problème, c’est que nous avons besoin d’une volonté politique pour la création d’un tribunal chargé de juger les auteurs de crime de guerre, car sinon, ce sera une tragédie pour la justice internationale”.

Face à cette culture d’impunité qui prévaut dans le pays, la commission juge absolument nécessaire la mise en œuvre effective d’une stratégie coordonnée d’imputabilité. Le président du Conseil des droits de l’homme, M. Joachim Rücker, a affirmé que le rapport fait froid au dos, pourquoi ? Carla Del Ponte : ” les violations des droits de l’homme sont commises de fait de toutes les parties en conflit. Les horreurs dépassent celles de la guerre des Balkans. Dans les Balkans, on a tué, c’était déjà assez grave. Mais, la situation est pire: on ne tue pas seulement, on torture avant. Et ces fanatiques pratiquent une torture lente pour que la mort soit la plus lente et la plus douloureuse possible “.

Le rapport narre une situation abominable, d’enfer. Il n’y a pas des limites à la puissance destructrice de tous les groupes extrémistes et gouvernementaux, cela sur une échelle sans précédent. Carla Del Ponte : “Je n’ai plus de mots pour décrire la gravité des crimes perpétrés dans la région. Alors que le nombre de victimes ne cesse d’augmenter, leurs histoires et leurs souffrances semblent toujours plus étouffées par l’ampleur de la tragédie. Les crimes commis sont abominables, il n’y a pas de différence. Il n’y a pas des bons et des méchants, ils sont tous méchants, car tous commettent des crimes…”

Antonio Torrenzano

 

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crimes_contre_humanité_daech_imageL’État islamique pourrait avoir commis des crimes internationaux abominables en Irak selon le nouveau rapport publié jeudi 19 mars par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH). Le compte rendu, qui a été mis noir sur blanc par une équipe d’enquête envoyée dans la région par le Commissariat onusien à la fin de l’année dernière, s’appuie sur des entretiens approfondis de plus de 100 personnes qui ont été les témoins d’attaques en Iraq ou qui ont survécu à ces attaques entre le mois de juin 2014 et février 2015.

Le mémorandum documente un éventail de violations commises par l’État islamique contre de nombreux groupes ethniques et religieux en Iraq, dont certaines pourraient constituer un génocide. Le schéma manifeste des attaques contre les Yézidis – a déclaré le rapport – il suggère fortement que l’État islamique pourrait avoir perpétré un ethnocide. Dans certains cas, souligne de même le texte, «des villages ont été entièrement vidés de leurs populations yézidies». Dans de nombreux villages yézidis, la population a été regroupée. Les hommes et garçons de plus de 14 ans ont été séparés des femmes et des filles. Les hommes ont été emmenés plus loin et abattus par Daech, tandis que les femmes étaient enlevées comme «butin de guerre».

Le rapport, demandé par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à l’initiative du gouvernement iraquien, spécifie le meurtre brutal et ciblé de centaines d’hommes et garçons yézidis dans les plaines de Ninive en août dernier. Les femmes et des filles yézidies échappées à la mort, elles ont décrit d’avoir été vendues ou remises en «cadeau» à des membres de groupe terroriste. Des témoins ont entendu des filles, d’à peine six et neuf ans, appeler à l’aide alors qu’elles se faisaient violer dans une maison utilisée par les combattants du Daech. Un témoin a décrit l’histoire de deux membres de l’EIIL assis en train de rire, alors que deux jeunes filles étaient violées dans la pièce voisine. Une femme enceinte, violée à plusieurs reprises par un “docteur-bourreau” de l’EIIL pendant deux mois et demi, a déclaré qu’il s’asseyait de manière intentionnelle sur son ventre afin de donner la mort au bébé, car c’était un infidèle. Des survivants ont dit à l’équipe des Nations Unies d’avoir été sauvés par les corps d’autres personnes tombées sur eux. Mais, un traitement brutal a été infligé par l’État islamique également à d’autres groupes ethniques, dont les chiites, les chrétiens, kurdes, mandéens, sabéens et turkmènes. Le rapport documente des abus généralisés, dont des meurtres, tortures, viols, esclavage sexuel, conversions forcées, enrôlement des enfants. Tous ces abus, indique-t-il, pourraient constituer des violations du droit international des droits de l’homme et du droit humanitaire.

L’équipe d’enquête a aussi reçu des informations par de multiples sources qui affirment que des forces de sécurité iraquiennes avaient commis de graves violations des droits de l’homme lors de leurs opérations de contre-offensive contre l’organisation terroriste. Selon le rapport, au cours de l’automne 2014 et alors que la campagne militaire contre l’EIIL progressait, des milices semblaient opérer en toute impunité, laissant un cortège de morts et de destruction derrière elles. Le mémorandum met aussi en évidence le fait que depuis la chute de Mossoul en juin dernier, la distinction entre les forces gouvernementales iraquiennes régulières et irrégulières est devenue de plus en plus floue. Il suggère que, bien que des informations supplémentaires sur le lien entre les milices et le gouvernement soient nécessaires, des incidents indiquent, à tout le moins, l’incapacité du gouvernement à protéger les personnes sous sa juridiction. Le rapport revendique par le Conseil des droits de l’homme d’exhorter le Conseil de sécurité de l’ONU à traiter avec le maximum d’analyse ces crimes contre l’humanité et de porter la situation en Iraq devant la Cour pénale internationale.

Antonio Torrenzano

 

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alain_touraine_image_genova_2014_imageConversation avec Alain Touraine, sociologue, écrivain. En 1958, il a créé le laboratoire de sociologie industrielle devenue en 1970 le Centre d’études des mouvements sociaux de l’École pratique des hautes études (EHESS). La crise de Mai 68 l’amène à diagnostiquer le passage d’une pure domination économique à une domination culturelle: à l’opposition entre prolétaires et bourgeois se substituerait une opposition entre ceux qui ont des «savoir-faire» et ceux dont la position dans le système médiatique assure une large influence. De 1966 à 1969, il enseigne à la faculté des lettres de l’université de Paris X-Nanterre et depuis le 1960, il est directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences sociales. En 1981, il fond et dirige (jusqu’en 1993) le Centre d’analyse et d’intervention sociologiques de l’EHESS à Paris, dont il est toujours membre. Il est membre honoraire étranger de l’American Academy of Arts and Sciences et de l’Académie polonaise des sciences. Alain Touraine est docteur honoris causa des plusieurs universités françaises et étrangères dont l’université de Montréal et de Laval au Canada, l’université de Santiago, l’université de La Paz en Bolivie et de Bologne en 1995, l’université de Córdoba, l’université de Louvain. Il est auteur de nombreuses publications dont « La Critique de la modernité», Paris, éditions Fayard, 1992; « Qu’est-ce que la démocratie ?», en 1994; «Le Monde des femmes» en 2006, « Penser autrement » en 2007 toujours aux éditions Fayard ; «Après la crise », Paris, éditions Seuil, 2010; « Carnets de campagne », éditions Robert Laffont, 2012; en 2013 son dernier essai «La fin des sociétés», Paris, éditions Seuil. Le dialogue avec le sociologue a eu lieu à Milan et Gênes auprès du Palazzo Ducale pendant le festival international “La storia in Piazza”.

Antonio Torrenzano. Le monde est en train de vivre des changements radicaux. Depuis longtemps, nous sommes dans une période d’instabilité internationale et nous ne savons ce qui en sortira. Le paradoxe est aussi l’incertitude cognitive et l’incertitude historique sur ce qui s’est produit. Ces incertitudes provoquent plusieurs formes d’individualismes, égoïsmes et nouvelles solitudes humaines. Pourquoi ?

Alain Touraine. Il existe plusieurs formes d’individualisme. En premier lieu, il y a l’individualisme qui est le résultat de la désocialisation avec des jeunes qui échappent à la famille, à l’autorité et une montée de la délinquance. Cet aspect négatif d’une société qui se défait est considérable. La deuxième forme d’individualisme est le communautarisme. « Je suis un individu, j’ai une identité et je veux vivre avec des gens qui ont la même identité ». Enfin, il y a un troisième type d’individualisme qui fait qu’un sujet ne croit plus à la transcendance d’une parole divine ou de la loi. Dans ce troisième type, le sujet trouve le principe de légitimité seulement en lui-même. L’économie a été disjointe du social et le social ne s’appuie plus sur rien. L’économie fonctionne pour elle-même et, dans cette manière, elle vide le monde social de son sens. Le problème plus urgent, aujourd’hui, c’est de redonner à la société de nouveaux moyens pour se reconnaître et de se représenter.

Antonio Torrenzano. Qui sommes-nous ? Et quelles sont nos préoccupations communes ? Imaginons un instant que le monde soit véritablement un « village planète »,  selon la métaphore qui sert souvent à décrire l’interdépendance contemporaine. À quoi ce village ressemblerait-il ?

Alain Touraine. Nous nous sommes enfermés dans une vision de l’avenir copiée sur le passé de plus en plus loin de la réalité. Aujourd’hui, nous vivons dans un monde qui n’est ni pensé, ni contrôlé, ni choisi. Nous ne sommes même plus capables d’identifier nos besoins. Il faut renouveler nos schémas d’analyse de la société qui cachent la réalité telle pour comme elle est concrètement. Quelle serait alors la bonne nouvelle ? Une prise de conscience de l’amplitude, de la profondeur et de la complexité des changements sociaux en cours. On pourrait discuter longtemps des bienfaits et des méfaits de cette mondialisation, mais ce processus a porté à l’hégémonie de l’économie et à l’augmentation de zones de misère. Nous devons repenser ce village partant du vécu de chaque citoyen et de sa créativité porteuse de sensibilité civile. Le nouveau terrain de la politique devra redémarrer de la créativité de chaque citoyen et leurs aspirations.

Antonio Torrenzano. Est-il urgent de renouer de nouvelles utopies pour arrêter le déclin ?

Alain Touraine. Le philosophe Michel Foucault après la mort de Jean-Paul Sartre parle de l’homme qui laisse une trace dans le sable qui s’efface avec le vent. Une belle image, révélatrice d’un monde au déclin. Le processus est déjà enclenché et ces changements surviennent et se succèdent à une vitesse fulgurante. Les décideurs doivent être conscients de ces risques. Notre devoir d’intellectuels, c’est d’arrêter ce déclin. Une société divisée en castes n’est plus une démocratie. Nous avons besoin d’un autre type de vie collective et individuelle fondé sur la défense des droits humains universels contre toutes les logiques d’intérêt et de pouvoir. De quelle démocratie pourrions-nous discuter sans une égalité de possibilités ?

Antonio Torrenzano