ActualitéBlogrollWeblogs

nations_unies_newyork_imageLa défense des chrétiens d’Orient et des minorités persécutées sera au cœur d’une réunion le 27 mars prochain au Conseil de Sécurité de Nations Unies. Le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, a annoncé qu’il présiderait personnellement cette réunion pour signifier l’engagement de la France sur ce dossier.

« Nous, la France, nous n’acceptions pas ces persécutions », a déclaré Laurent Fabius. «Je vais réunir le conseil de sécurité de l’ONU et lancer un appel au monde pour les chrétiens d’Orient», a-t-il annoncé. Selon le ministre français, cette réunion, qu’il «présidera personnellement», montrera la volonté de nombreux pays de ne pas accepter « les atrocités commises par les jihadistes qui refusent que les minorités aient le droit d’exister ».

« Nous sommes ravis d’apprendre cette initiative», a déclaré le directeur de l’AED Marc Fromager. « Nous constatons depuis quelques semaines, quelque mois, en tout cas depuis l’été dernier avec cette actualité au Moyen-Orient, la prise de Mossoul et de la Plaine de Ninive, qu’il y a une réelle mobilisation, sensibilisation de la population française et donc, par voie de ricochet, des parlementaires et des responsables politiques sur cette question des chrétiens d’Orient, sur ce qui se passe au Moyen-Orient».

Aujourd’hui, les chrétiens d’Orient qui sont menacés de disparition, ce sont ceux de l’Irak et de la Syrie. Après le début du conflit en Syrie et la violente agression de l’État islamique en Irak, 40% de la population chrétienne a disparu. Et si la guerre continue à persister dans ces pays, les chrétiens continueront à fuir. Avant la guerre, les chrétiens d’Alep par exemple c’étaient au nombre d’environ 300 000. Des 4000 fidèles qui fréquentaient la paroisse de Père Rodrigo Miranda (un missionnaire chilien de l’Institut de la Parole incarnée), il n’en reste que 25 aujourd’hui. Tous les autres ont fui, ou bien « ils ont été tués, surtout les femmes et les jeunes. Il y a eu beaucoup d’enlèvements», nous a expliqué le curé. En effet, les chrétiens de Syrie ont plus que les autres été pris pour cible par des groupes islamistes radicaux.

Selon Mgr Mario Zenari, le nonce apostolique à Damas, «depuis longtemps la communauté chrétienne vit dans cette situation de tension. Mais au-delà des chrétiens, tout le monde a peur de ces événements, surtout ceux qui vivent dans ces zones contrôlées par les djihadistes». Alors que le conflit en Syrie entre dans sa cinquième année, huit responsables des Nations Unies ont prévenu toute la communauté vendredi 13 mars par un communiqué mixte que l’incapacité de la communauté internationale à mettre fin à cette guerre mettrait en cause sa même crédibilité. Une crise qui continue d’avoir un coût humain inacceptable. Une crise que la communauté internationale n’a pas réussi à stopper. En quatre ans de guerre, le conflit a tué plus de 200.000 personnes. Plus de 12,2 millions de personnes en Syrie ont besoin d’une assistance et 3,9 millions de personnes ont fui le pays en quête de sécurité.

Sur le front humanitaire, Mgr Zenari souligne enfin que l’on assiste à une des «catastrophes les plus graves depuis la Seconde Guerre mondiale. Et cela, sous les yeux de tout le monde». «Il faut arrêter et résoudre la guerre civile, mais en même temps il faut aussi arrêter l’avancée du califat».

Antonio Torrenzano

 

ActualitéBlogrollWeblogs

guerra-siriana-attivista-che-compra-coperte-ai-civiliLe conflit en Syrie qui dure depuis quatreans reste d’une extrême violence. Il a fait plus de 200.000 personnes tuées depuis le début de la crise en mars 2011. Quelque 12,2 millions de personnes ont maintenant besoin d’aide humanitaire, et plus de 11 millions ont été forcés de fuir leurs maisons. Des millions d’enfants syriens souffrent de traumatismes et de problèmes de santé, et plus de la moitié des services publics de la Syrie ont été détruits. La spirale de la violence ne connaît pas de répit.

L’Histoire retiendra que tout avait commencé au mois de mars 2011 quand un petit souffle de l’ancien vent du printemps arabe en provenant de la Tunisie et de l’Égypte fait entrer une partie des Syriens en rébellion contre le régime de Bachar El-Assad. La révolte était partie de Deera, chef-lieu de province à 150 km au sud de Damas, puis elle s’était propagée aux villes côtières de Baniyas et Lattaquié, à la banlieue de Damas, à Homs, à Hama et aux petites villes non lointaines de Rastan, Talbisseh, Maaret al-Nouman, Idleb, pour atteindre en juillet 2011 la province de Deir ez-Zor. Il y avait deux points communs entre les différentes zones qui défiaient le régime de Bachar al-Assad.

En premier lieu, il s’agissait des espaces périphériques sur le plan économique et politique négligés dans le cadre du passage de l’économie socialiste à l’économie de marché; des petites villes qui avaient grossi trop vite sans un opportun soutien économique et social de la part du pouvoir central de Damas. Depuis l’arrivée au pouvoir de Bachar al-Assad, la Syrie s’était ouverte aux investissements étrangers, mais tout cela avait créé peu d’emplois et engendré beaucoup de frustrations. Les libéralisations économiques creusent des écarts de revenu au sein de la société syrienne. Elles génèrent une croissance économique captée par une élite, mais n’engendrent pas de développement comme dans d’autres Pays émergents. Le deuxième point : cette révolte au début ne concernait dans sa considérable majorité que des territoires arabes sunnites. La révolte n’était pas comparable aux événements de Tunisie et d’Égypte. Elle était différente en raison de son caractère communautariste.

Les territoires de la révolte étaient exclusivement sunnites en opposition aux alaouites. L’animosité des sunnites à l’égard des alaouites avait grandi au cours des dernières décennies à cause du favoritisme de l’État vers cette dernière communauté. Les alaouites demeuraient privilégiés grâce à leur intégration dans les réseaux du pouvoir. Et aujourd’hui, que reste-t-il ? Il reste un Pays en ruine, une population confrontée à une situation humanitaire catastrophique. Selon les experts, la guerre civile a aussi engendré une inflation record qui dépasse 240% à présent. Les investissements, le tourisme et le commerce extérieur sont proches de zéro et la production pétrolière a chuté presque de 80%. Depuis cinq ans, loin d’être une simple crise nationale ou régionale, la guerre civile syrienne a rapidement pris un accent international en impliquant États-Unis, Chine, Russie, Iran, Liban, nombreuses agences internationales de l’ONU et de même multiples organisations terroristes d’Al-Qaida à l’État islamique.

Alors que la guerre en Syrie entre dans sa cinquième année, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a appelé jeudi la communauté internationale à ne pas abandonner les Syriens et à les aider trouver une solution politique pour mettre fin à ce conflit. « Les Syriens se sentent de plus en plus abandonnés par le monde alors qu’ils entrent dans la cinquième année d’une guerre qui déchire leur pays. Ils continuent, ainsi que leurs voisins, de souffrir sous les yeux d’une communauté internationale, toujours divisée et incapable de prendre des mesures collectives pour arrêter le massacre et la destruction », a dit le chef de l’ONU dans une déclaration à la presse.

L’Organisation des Nations Unies continue de fournir tous les jours une assistance au peuple syrien pour sauver des vies. À Alep, l’envoyé spécial Staffan de Mistura travaille sans relâche pour parvenir à une suspension de l’utilisation d’armes lourdes afin que les Nations Unies puissent fournir d’aide humanitaire à la population assiégée de la ville. Mais le chef de l’ONU a rappelé que l’aide humanitaire ne suffit pas à soulager les souffrances, ni à arrêter la guerre. Selon lui, il est impératif de mettre fin au conflit syrien « si nous voulons éteindre les feux de l’extrémisme violent et du sectarisme qui se répandent dans toute la région ».

Antonio Torrenzano

ActualitéBlogrollWeblogs

ruines_hatra_irak_cite_vieille_2000_ans_inscrite_patrimoine_unesco_imageAprès le site archéologique de Nimrud, l’État islamique poursuit son nettoyage culturel par la destruction au bulldozer des vestiges de la ville d’Hatra fondée au temps de la domination des Séleucides. Le site archéologique est une ville circulaire de près de deux kilomètres de diamètre inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO et se trouve à 110 kilomètres au sud de Mossoul. La ville d’Hatra s’était développée au cours des trois premiers siècles de l’ère chrétienne et elle fut détruite par les Perses d’Ardachîr Iᵉʳ et Shapur Iᵉʳ en 241. La ville fut de même une étape importante sur la route de la soie : c’est-à-dire une grande cité arabe du niveau de Palmyre (Syrie), Pétra (Jordanie) ou Baalbek (Liban).

Mais, à présent, quels sont les sites historiques détruits par l’État islamique en Irak ?

Nimrud : fondée au XIIIe siècle avant l’ère chrétienne, la cité appelée à l’origine Kalhu, elle était l’un des sites archéologiques irakiens les plus connus et un lieu important de la civilisation mésopotamienne. Elle se trouve à 30 km au sud de Mossoul. L’UNESCO a dénoncé «un crime de guerre».

Le musée de Mossoul. Il s’agit du plus important musée d’Irak après celui de Bagdad. Une vidéo diffusée le 26 février montre des membres de l’EI détruire à coup de masse des statues, certaines en provenance des sites de Nimroud et Hatra.

Le mausolée Nabi Younès à Mossoul. La tombe du prophète Jonas, aussi connu sous le nom de Nabi Younès, c’était l’un des mausolées les plus célèbres de Mossoul et un important lieu de pèlerinage. Elle a été dynamitée le 24 juillet 2014.

La bibliothèque de Mossoul. Des milliers de livres et des manuscrits ont été brûlés en février 2014. L’UNESCO a décrit la destruction de ces oeuvres comme une nouvelle phase de la campagne de «nettoyage culturel» des terroristes.

Le mausolée Al-Arbain à Tikrit. Le mausolée Al-Arbaïn était connu pour être le lieu de sépulture de 40 figures de l’Islam, dont des compagnons du Prophète Mahomet. Le site archéologique a été détruit en septembre 2014.

L’église verte de Tikrit. Un imposant symbole de la présence chrétienne au Moyen-Orient. La cathédrale, appelée «église verte», a été fondée il y a environ 1.300 ans. Elle était considérée comme la plus célèbre de la ville de Tikrit. L’église a été détruite fin septembre 2014.

Les nouvelles sur la destruction des anciens vestiges de la ville d’Hatra, elles ont été communiquées par le porte-parole du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) dans la province de Ninive, Saïd Mumuzini, qui a affirmé au site d’informations Rudaw que des «militants de l’EI avaient utilisé des bulldozers pour détruire Hatra». Le dessein des djihadistes est de détruire le patrimoine irakien – site après site – puisqu’ils estiment que les sculptures et les tombes favorisent l’idolâtrie.

Antonio Torrenzano

 

ActualitéBlogrollWeblogs

assyrian_mural_sculptures_baghdad_museumLe secrétaire des Nations Unies, Ban Ki-moon a condamné ce vendredi la destruction du site archéologique de la ville de Nimrud en Iraq en qualifiant l’action d’un crime de guerre. En effet, en vertu des statuts de Rome de la Cour Pénale Internationale, la destruction délibérée du patrimoine culturel est un crime de guerre. La ville de Nimrud, fondée il y a plus de 3300 ans, était une capitale de l’empire assyrien, dont les fresques, les palais et les œuvres sont célèbres dans le monde entier, dans la littérature et  dans les textes sacrés.

De sa part, la directrice de l’UNESCO a déclaré que «cette nouvelle attaque contre le peuple iraquien rappelle que le nettoyage culturel qui sévit en Iraq n’épargne rien ni personne : il étrangle les vies humaines, les minorités et s’accompagne de la destruction systématique du patrimoine millénaire de l’humanité». Irina Bokova a encore ajouté : «Nous ne pouvons pas rester silencieux. La destruction délibérée du patrimoine culturel constitue un crime de guerre, et j’en appelle à tous les responsables politiques et religieux de la région à se lever contre cette nouvelle barbarie et rappeler qu’il n’y a aucune justification politique ou religieuse à la destruction du patrimoine culturel de l’humanité ».

De même, l’UNESCO est déterminée à tout mettre en œuvre pour documenter et protéger le patrimoine de l’Iraq et enrayer la lutte contre la circulation illicite des objets culturels pour stopper le financement au terrorisme. Pour lutter contre ce trafic illicite, l’UNESCO est déjà en contact avec l’Organisation mondiale des douanes,l’ Interpol et le Conseil international des musées afin de ne pas tolérer la vente illicite des objets du patrimoine iraquien.

L’enjeu est la survie de la culture et de la société iraquienne, mais aussi la Mémoire Historique de l’Humanité.

Antonio Torrenzano

 

ActualitéBlogrollWeblogs

image_femmes_2015_daechLes combattants de l’État islamique qui opèrent en Irak et en Syrie ont réduit à l’esclavage sexuel des milliers de femmes qu’ils ont capturées comme butin de guerre. Plus de 12.000 jeunes filles et fillette ont été enlevées en Irak selon le dernier compte rendu de l’ONG Minority Rights Group International and the Ceasefire Centre for Civilian Rights. Les auteurs du rapport expliquent que le commerce illicite en Irak a éclaté ces dernières années et que l’État islamique est devenu le personnage principal dans les commerces de filles. Les prisonnières sont conduites ensuite dans des bordels. Des journalistes britanniques ont appris que certains de ces lupanars sont gérés par des femmes musulmanes ayant des passeports européens.

La militante irakienne des droits de l’homme Hannah Eduard a raconté les détails de ces tragiques histoires aux journalistes russes de la Voix de Russie. Hannah Eduard a affirmé que : « on enlève de jeunes filles et des adolescentes, principalement des chrétiennes et des yézidis. Le commerce s’effectue essentiellement à l’intérieur de l’État islamique dont les caïds vendent les femmes capturées aux simples combattants. Mais, les esclaves sont aussi parfois vendues à des personnes étrangères qui sont prêtes à payer. On sait notamment que des habitants de Mossoul ont réussi à libérer certaines filles en les rachetant tout simplement aux islamistes ». Hannah Eduard poursuit son récit : « une fille a raconté que tous les 18 jours on la mariait à un nouveau combattant. De nombreuses filles ont été tuées à leur retour à domicile par leurs propres parents : lorsqu’elles ont été violées, on les considère comme étant l’opprobre de la famille. Après cela, un autre problème surgit: comment rééduquer les prisonnières libérées, car la plupart d’entre elles ont subi des violences sexuelles ? Nous sommes en train de prévenir plusieurs cas ».

Maltraitées, vendues et violées pour 90% d’entre elles, les femmes au nord de l’Irak subissent d’importantes violences. Des centaines, peut-être des milliers de femmes ont été mariées de force. D’autres ont été torturées et tuées. Amnesty International explique que ces femmes sont souvent très jeunes : « la majorité de ces esclaves sexuelles sont des enfants, des filles âgées de 14, 15 ans ou encore plus jeune». Pour échapper à la barbarie, elles décident souvent de se donner la mort. Les femmes capturées qui sont parvenues à parler aux défenseurs des droits affirment que les terroristes de l’EI violent leurs victimes quotidiennement. Mais, le pire est que si chaque jeune fille essaye de se suicider ou de s’échapper, elle est torturée avec des câbles électriques. Une fille yézidie a expliqué avoir été emmenée en Syrie avec 350 d’autres filles où elles ont été exposées et vendues dans la rue à l’état d’esclaves. Le prix d’achat ? Entre 120 et 600 dollars. En 2014, Daech a capturé au moins 3.000 femmes et filles en Irak, dont la majorité vient de la minorité yézidie. Selon un communiqué d’Amnesty International publiée ce mardi, ces jeunes femmes choisissent bien souvent de se suicider plutôt que d’endurer les violences des hommes de l’État islamique.

Antonio Torrenzano

Le compte rendu de l’ONG Minority Rights Group International and the Ceasefire Centre for Civilian Rights, on peut le lire au suivant adresse numérique : http://www.minorityrights.org/13017/reports/ceasefire-report-no-place-to-turn.pdf

ActualitéBlogrollWeblogs

conseil_securite_onu_imageLe Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une résolution dont l’objectif est de réduire la puissance financière du groupe terroriste de l’État islamique qui produit des millions de dollars par la contrebande de pétrole et par le commerce illicite d’antiquités. Le texte juridique, coparrainé par les États-Unis et la Russie, souligne à tous les États l’obligation de s’abstenir de toute transaction pétrolière directe ou indirecte avec le groupe terroriste de l’EI et de paralyser le plus possible tous les avoirs financiers du groupe.

Le Conseil de sécurité appelle tous les États membres de signaler à l’ONU les saisies de pétrole brut ou raffiné venu de zones contrôlées par les jihadistes en Syrie et en Irak. Selon un rapport de l’ONU en datant le mois de novembre 2014, les jihadistes gagneraient de 850.000 à 1,65 million de dollars par jour en vendant du pétrole à des intermédiaires privés. Mais certains experts estiment que ces revenus ont diminué de moitié sous l’effet des bombardements menés par la coalition et de la baisse du prix du brut sur les marchés.

Le Conseil de sécurité exhorte en outre toute la communauté internationale d’interdire le commerce de biens culturels volés en Syrie, résolution qui s’appliquait déjà à l’Irak. Cet élément est la principale nouveauté de la résolution qui interdit de manière spécifique le commerce illicite des oeuvres d’art et antiquités dérobées en Syrie. «Tous les États membres, indique le texte, devront prendre les mesures nécessaires pour prévenir le commerce de biens culturels irakiens et syriens» sortis illégalement d’Irak depuis août 1990 et de Syrie depuis mars 2011 (date du début de la crise syrienne). Le Conseil avait déjà adopté en août 2014 une résolution pour couper les fonds aux jihadistes en menaçant de sanctionner les pays qui leur achèteraient du pétrole. Il s’agissait également d’endiguer le flux de combattants étrangers partis rejoindre l’EI en Irak et en Syrie et qui dépasse désormais les 20.000. La nouvelle résolution cherche à réduire ces flux financiers, la Russie a été à l’origine de cette initiative.

De sa part, le Parlement européen a condamné la violence de l’EILL et appelé à plus de soutien pour aider les victimes. À présent, 12,2 millions de Syriens ont besoin d’aide humanitaire à cause du conflit dans la région. Lors du débat, qui s’est déroulé en session plénière le 11 février, les députés ont également appelé à agir sur les Européens qui rejoignent des filières jihadistes. Christos Stylianides, commissaire chargé de l’Aide humanitaire UE, a décrit la situation humanitaire en Irak, en Syrie et dans les pays voisins comme étant « dévastatrice ». « Près de 20 millions de personnes ont besoin d’une aide urgente », a-t-il dit, présentant la nouvelle initiative de la Commission qui fournirait un milliard d’euros supplémentaires pour résoudre la situation en Syrie et en Irak. Elmar Brok, député allemand et président de la commission des affaires étrangères, a appelé à une coalition plus large contre Daesh. Le député conservateur et réformiste britannique Charles Tannock a ensuite encouragé toute la communauté internationale à agir sur la question des citoyens européens qui rejoignent le groupe Daesh ou d’autres filières jihadistes : « nous devons coordonner la collecte et le partage d’informations et assurer que des lois sont mises en place dans tous les États de l’UE pour poursuivre ceux qui ont commis des atrocités dont des kidnappings, bombardements, conversions religieuses forcées et rituels d’exécution d’otages ».

Javier Couso Permuy, député espagnol membre de la Gauche unitaire européenne, a appelé encore à mettre fin au soutien des milices étrangères et à l’achat de pétrole : «nous devons arrêter de financer toute sorte de milices et d’acheter du pétrole provenant des exploitations contrôlées par Daesh». «Daesh est autant la conséquence que la cause » des problèmes dans la région, a déclaré Alyn Smith, député vert britannique. Il a ensuite parlé du rôle de certains États membres en Irak et confirmé son soutien à la Commission européenne. «La normalisation des relations diplomatiques avec la Syrie est une condition indispensable pour instaurer une coopération humanitaire, mais également reprendre la coopération sécuritaire avec les services syriens pour lutter contre les filières djihadistes qui menacent la stabilité des pays européens », a déclaré Marie-Christine Arnautu.

Antonio Torrenzano

 

ActualitéBlogrollEconomieWeblogs

alep_ville_detruite_imageAprès quatre ans de conflit, la Syrie est en train de subir des dégâts économiques et sociaux qui n’auraient pas été inimaginables avant 2011. Les données statistiques disponibles sont minimales, mais une estimation reste possible. Le prix de la guerre aurait été de plus de 140 milliards de dollars jusqu’aujourd’hui, c’est-à-dire 170 % du PIB syrien. Certains économistes prévoient que même si la croissance économique syrienne devait être de 5% au moins chaque année, il lui faudrait plus de 30 ans pour se remettre de la guerre.

Avant le conflit en 2009, le produit intérieur brut se répartissait dans les proportions suivantes : agriculture 19 %, industrie 34 % et services 47 %. Depuis 2010, le PIB a été presque divisé par deux. La Syrie exportait avant la guerre près de 92 % de son pétrole vers l’Union européenne et sa production pétrolière d’avant-guerre était de 400.000 barils par jour. Aujourd’hui elle n’est que d’à peine 15.000 barils. La dévaluation de la monnaie continue : le dollar est passé de 47 à 150 livres syriennes. Le secteur du tourisme, par exemple, dont l’activité s’élevait à six milliards de dollars soit 10% du PIB avant le conflit, n’est plus qu’un souvenir à présent. Au mois d’octobre 2013, l’ONU avait estimé que l’économie syrienne avait perdu 103 milliards de dollars entre le début du conflit et la moitié de l’année 2013, dont 49 milliards pour la seule année 2012. Le chômage s’élevait jusqu’au premier trimestre de l’année 2013 à 2.3 millions de postes de travail (surtout de travailleurs) en raison de l’arrêt de nombreuses usines et la fuite d’hommes d’affaires hors du pays avec leurs capitaux. Le résultat aujourd’hui serait le suivant : le taux de chômage s’approche aujourd’hui au 58% et la moitié des 23 millions de Syriens vivent à présent sous le seuil de pauvreté dont 4,4 millions survivent dans une pauvreté extrême, toujours selon les Nations Unies.

Mais, le conflit en Syrie a également provoqué au sein des pays de la région des transformations économiques. Un document de travail de la Banque mondiale publié récemment a montré par exemple les effets économiques directs et indirects de ce conflit sur six pays de la Région du levant : la Turquie, la Syrie, le Liban, la Jordanie, l’Iraq et l’Égypte. Le conflit a fortement perturbé les échanges commerciaux parmi ces pays, alors qu’ils avaient été multipliés par sept entre le début et la fin des années 2000. Le même a apposé une limite aux travaux de renforcement des liens commerciaux intra régionaux qui étaient se manifestés à la suite de la signature d’un accord entre la Turquie, la Syrie, le Liban et la Jordanie en 2010. Les analyses de la Banque Mondiale montrent que la guerre a entraîné, jusqu’à présent, des pertes de production se chiffrant à près de 35 milliards de dollars (aux prix de 2007) pour les six pays concernés. En d’autres termes, le poids économique cumulé de ces économies, mesuré par leur produit intérieur brut, aurait été supérieur de 35 milliards de dollars si la guerre n’avait pas éclaté… Ce coût considéré dans son ensemble est tout simplement équivalent au PIB syrien de 2007.

Toutefois, ces pertes sont inégalement réparties. Les pays les plus touchés par la guerre, la Syrie et l’Iraq, paient le plus lourd tribut sur le plan des coûts économiques directs et du manque à gagner dû à l’absence d’une intégration économique plus poussée: en Syrie et en Iraq, le revenu moyen par habitant en termes constants est ainsi inférieur de respectivement 25 et 28% à ce qu’il aurait pu être sans le conflit. Les coûts directement imputables à la guerre sont considérables, puisqu’ils sont associés à une diminution du PIB par habitant de 14% en Syrie et de 16% en Iraq. Selon l’Economist intelligence unit, le PIB syrien a été de 29 milliards de dollars en 2014, bien loin des 60 milliards enregistrés en 2010. Les sanctions internationales adoptées depuis 2011 ont largement contribué à paralyser de manière principale le secteur bancaire et le secteur pétrolier autant que tous les autres. L’embargo commercial auquel la Syrie est soumise constitue le principal facteur à l’origine de ces coûts directs, suivis par la diminution des effectifs et des compétences de sa population active due aux pertes humaines et à l’exode des réfugiés, la destruction des infrastructures, et l’augmentation du coût de l’activité économique dans les zones touchées par le conflit.

Les autres pays de la région ont subi des pertes au niveau du revenu moyen par habitant sans pour autant enregistrer des pertes de revenu global dues aux effets directs du conflit. L’afflux de réfugiés au Liban, en Jordanie et en Turquie a en effet dopé la consommation, l’investissement et l’offre de main-d’œuvre, et par conséquent la taille de leur économie. Mais, dans tous les cas, comme le revenu global a moins augmenté que la population, la guerre a eu un impact négatif sur le niveau de vie dans ces pays : au Liban, le revenu moyen par habitant est inférieur de 11% au niveau qu’il aurait pu atteindre s’il n’y avait pas eu de guerre, tandis que la baisse est limitée à 1,5% en Turquie, en Jordanie et en Égypte. Pour ces trois pays, le manque à gagner dû au gel des initiatives d’intégration commerciale est supérieur aux coûts directs de la guerre. En Syrie, la quasi-totalité des secteurs économiques a souffert, mais la propriété foncière a été particulièrement touchée du fait de la forte chute de la demande de terrains causée par l’exode d’un très grand nombre d’habitants. Au Liban et en Turquie, en revanche, les propriétaires terriens ou les détenteurs d’entreprise ont eu un avantage de la crise syrienne, car l’afflux de réfugiés syriens a contribué à augmenter la demande locale de biens et de services (faisant ainsi augmenter les prix) mais aussi l’offre de main-d’œuvre. Les effets directs du conflit dans la région ne constituent donc malheureusement qu’une partie des coûts économiques réels de la guerre civile en Syrie et de la progression de Groupe État Islamique. La guerre a mis fin au développement d’un commerce intra régional et aux plans de renforcement de l’intégration commerciale. Mais, l’économie syrienne a jusqu’à présent évité le pire, c’est-à-dire l’effondrement complet par l’action financière de la Russie et de l’Iran. L’Iran a ouvert depuis juillet 2013 une ligne de crédit de 3,8 milliards de dollars à faveur du régime de Damas. Moscou, en revanche, est en train de jouer un rôle de soutien industriel pour l’économie du pays.

La faim et l’indigence sont devenues l’ennemi quotidien des masses populaires dans toute la Syrie. L’économiste Jihad Yazigi, responsable du site d’information économique The Syria Report, explique que « l’économie syrienne s’est radicalement transformée et elle a été en grande partie détruite. De même, les grandes entreprises ont cessé de produire. De nombreux acteurs industriels et financiers ont quitté le pays ».

Antonio Torrenzano

*Document de travail de la Banque Mondiale n°1 sur l’impact économique du conflit syrien dans la région du Levant (Turquie, Syrie, Liban, Jordanie, Irak et Égypte). Site web http://documents.banquemondiale.org/curated/fr/2004/12/22316371/economic-effects-syrian-war-spread-islamic-state-levant

Document de travail de la Banque Mondiale n°2 sur les prospectives économiques de la région du Levant (Turquie, Syrie, Liban, Jordanie, Irak et Égypte). Les deux textes sont en langue anglaise. Site web http://documents.banquemondiale.org/curated/fr/2014/03/19705527/over-horizon-new-levant

ActualitéBlogrollWeblogs

manuscript_collection_dominicaire_mossoul_imageUn gigantesque autodafé il a été produit par les combattants de Daech auprès de la Bibliothèque centrale de la ville de Mossoul. Des militants de l’État islamique auraient pris possession de la Bibliothèque centrale de la ville, l’une des plus riches du pays, pour en brûler quelque 2.000 livres la semaine passée. Une multitude d’ouvrages détruit par le feu seulement parce qu’ils encourageraient l’infidélité et la désobéissance vers Dieu. Selon quelques témoins de l’attaque, ils auraient apporté plus de 2000 livres dans des pick-up afin de les détruire. Selon al-ArabTV, il pourrait être le plus grand bûcher de l’Histoire. L’obscurantisme de l’État islamique continue de s’abattre sur Mossoul, deuxième ville d’Irak, prise par les jihadistes l’été dernier.

Pourquoi la culture est-elle l’ennemi féroce de Daech ? Le député irakien Hakim Al Zamili soutient que : « Daesh perçoit la culture, la civilisation et la science comme des ennemis féroces. » Dans les zones contrôlées par l’État islamique, le fait de cachait un livre est passible d’une condamnation à mort. Pour l’UNESCO «ces autodafés marqueraient une étape supplémentaire dans le nettoyage culturel perpétré dans les régions sous le contrôle des groupes extrémistes armés en Iraq. Ces autodafés s’ajouteraient à la destruction systématique du patrimoine et à la persécution des minorités qui visent à annihiler la diversité culturelle qui est l’âme du peuple iraquien », a déclaré la Directrice générale Irina Bokova dans un communiqué de presse. « Brûler les livres s’inscrit dans la lignée des atteintes à la culture au savoir et à la mémoire, comme récemment à Tombouctou (Mali), avec l’incendie des manuscrits du Centre Ahmed Baba. Cette violence témoigne d’un plan fanatique, qui vise à la fois les vies humaines et tous les produits de la pensée », a ajouté Mme Bokova.

Selon un professeur d’histoire de l’université de Mossoul interrogé par l’agence américaine Associated Press, Daech a commencé à détruire les livres de plusieurs bibliothèques de la ville le mois dernier. Ils s’en sont pris en particulier à la bibliothèque du musée de Mossoul, où sont conservées des œuvres datant de 5.000 ans avant Jésus-Christ. Mais, toujours à Mossoul, l’État islamique continue également à détruire les églises des autres confessions religieuses. Ces derniers auraient aussi détruit des mausolées qu’ils considèrent comme une déviance de l’Islam. Depuis l’offensive menée par l’organisation en Irak et en Syrie, de nombreux trésors historiques et archéologiques ont déjà été détruits par l’État islamique toujours sous prétexte d’apostasie ou de paganisme. C’est le cas par exemple de la tombe du Prophète Jonas, également à Mossoul, un site archéologique datant du VIIIe siècle av. J.-C., qui a été détruit à l’explosif le 24 juillet 2014.

Antonio Torrenzano

* Dans l’image, un manuscrit de la collection dominicaine de Mossoul près de la Bibliothèque : grammaire & rhétorique arabe.

 

ActualitéBlogrollWeblogs

réfugiés_syrie_imageQuel est-il le bilan de la guerre civile après quatre de conflit en Syrie ? Selon le nouveau compte rendu publié samedi 7 février par l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), le nombre de morts serait de 210.000 décès, dont 10.664 enfants et 6.780 femmes.

Selon cette organisation, qui suit l’évolution du conflit par l’action de son réseau d’informateurs sur le terrain, elle aurait recensé également 38.325 morts parmi les rebelles syriens et 24.989 jihadistes étrangers. Les victimes au sein des forces du régime de Damas s’élèveraient à 45.385 soldats, 29.943 miliciens des forces de défense nationale, 640 membres du Hezbollah chiite libanais et 2.502 miliciens chiites venus d’autres pays. Le tableau serait “certainement plus élevé que le 210.000 comptabilisés, en raison du grand nombre de disparus dont on ignore le sort”, a souligné M. Abdel Rahmane, chef de l’organisme.

Sur le terrain, le nombre de morts et de réfugiés n’a cessé de croitre. La Syrie comptait en 2011 plus de 23 millions d’habitants avant le début du conflit. Aujourd’hui selon l’ONU, 3,73 millions de Syriens ont fui leur pays et sont officiellement comptabilisés comme réfugiés à l’étranger. Mais, le conflit en Syrie a aussi provoqué au sein des pays de la région des transformations économiques qui auraient été inimaginables avant 2011. Un document de travail de la Banque mondiale publié récemment a montré par exemple les effets économiques directs et indirects de ce conflit sur six pays de la région du Levant: la Turquie, la Syrie, le Liban, la Jordanie, l’Iraq et l’Égypte. Le conflit a fortement perturbé les échanges commerciaux parmi ces pays, alors qu’ils avaient été multipliés par sept entre le début et la fin des années 2000. Le même a apposé une limite aux travaux de renforcement des liens commerciaux intra régionaux qui étaient se manifestés à la suite de la signature d’un accord entre la Turquie, la Syrie, le Liban et la Jordanie en 2010.

La guerre de Syrie est loin d’être finie. Mais, encore une fois, cette poudrière au Proche-Orient risque d’avoir des conséquences qui pourraient être planétaires.

Antonio Torrenzano

 

ActualitéBlogrollWeblogs

colloques_moscou_janvier-2015Les colloques entre une partie de l’opposition syrienne et les représentants diplomatiques du régime de Damas sont terminés hier à Moscou sans des résultats réels. Toutefois, déjà mercredi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avait rappelé à tout le monde que “personne n’a l’illusion que quelques jours de discussion vont résoudre tous les problèmes”.

Nous avons convenu avec nos amis russes que les discussions devaient continuer pour arriver à de (nouvelles) consultations dans le futur“, a déclaré le chef de la délégation du régime, l’ambassadeur syrien à l’ONU, Bachar Jaafari. Pendant la conférence de presse, Bachar Jaafari a reconnu qu’il n’y avait “pas de résultats parce qu’il s’agissait d’une première rencontre, d’une rencontre consultative“. Le diplomate syrien a toutefois critiqué l’attitude des opposants. “Nous n’avons pas entendu une seule position unifiée des délégations de l’opposition. Ce que certains pouvaient accepter était rejeté par les autres“, a-t-il affirmé.

Selon Soheir Sarmini, un membre du parti de la Jeunesse nationale syrienne, un mouvement toléré par Damas, “le but de la rencontre de Moscou était de briser la glace entre le gouvernement et l’opposition“. La priorité des débats pour l’opposition a été l’arrêt des bombardements, la libération de prisonniers politiques, un processus pour l’acheminement de l’aide humanitaire.

Un accord de principe très générique, appelé «Les principes de Moscou», a été signé parmi les sujets des colloques dans la capitale russe. Les participants ont donné leur accord de principe à une série de dix points très généraux établie par le modérateur des pourparlers, l’expert russe Vitaly Naoumkine. Le texte diplomatique souligne en particulier le respect de la souveraineté de la Syrie, son unité et son intégrité territoriale, la lutte contre le terrorisme international, la conclusion de la crise syrienne par des moyens politiques de manière homogène aux principes du communiqué de Genève I du 30 juin 2012.

Antonio Torrenzano