Les membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont exprimé lundi soir leur préoccupation concernant la situation dans la ville de Mossoul en Iraq où les minorités religieuses et ethniques sont menacées par le groupe armé l’État islamique en Iraq et au Levant (EIIL). Les membres du Conseil de sécurité ont également exprimé leur inquiétude concernant la situation précaire de tous ceux qui s’opposent idéologie extrémiste de l’EIIL, qui sont menacés d’enlèvement, de meurtre, de confiscation de leurs biens. À Mossoul les maisons de certains membres des minorités confessionnelles ont été marquées.
Dans un communiqué de presse, le Conseil de sécurité des Nations Unies regrette que « les communautés minoritaires qui ont vécu ensemble pendant des centaines d’années à Mossoul et dans la province de Ninive aient été directement attaquées et persécutées par l’EIIL et les groupes armés associés. Des dizaines de milliers de membres de ces minorités ethniques et religieuses ont été déplacés ou contraints de fuir, tandis que d’autres ont été enlevés et exécutés». Les 15 membres du Conseil de l’ONU condamnent dans les termes les plus forts la persécution systématique des individus issus des minorités et de ceux qui refusent d’accepter l’idéologie extrémiste de l’EIIL et les groupes armés associés en Iraq », ont-ils ajouté.
Le Conseil a rappelé que le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations constitue l’une des menaces les plus graves pour la paix et la sécurité à l’échelle internationale, et que tous les actes de terrorisme sont criminels et injustifiables, quelle que soit leur motivation. Ils ont également réaffirmé que le terrorisme ne peut pas et ne doit pas être associé à une religion, nationalité ou civilisation. Les attaques systématiques ou généralisées contre des populations civiles en raison de leur origine ethnique, leurs croyances religieuses ou opinions peuvent constituer un crime contre l’humanité, dont les auteurs doivent être tenus responsables.
Selon Mgr Casmoussa, archevêque émérite de Mossoul des Chaldéens, ce qui se passe actuellement à Mossoul « n’est pas un simple épisode qui est fâcheux pour les chrétiens». Il s’agit « de la survie de la petite communauté chrétienne, orthodoxe et catholique, et de toutes les minorités ». Pour l’archevêque émérite, les églises et les institutions religieuses sont prises « en otages ». Les chrétiens ne sont pas la seule minorité prise en otage. Les chiites subissent également les mêmes persécutions, comme d’autres minorités. Les Turkmènes, qui forment le troisième plus important groupe ethnique du pays, ils sont victimes de persécutions depuis de longues années et ils sont également devenus la cible des insurgés.
Le 6 juillet, Aydin Maroof, responsable du bureau politique du Front turkmène, a communiqué aux médias locaux que 200 Turkmènes avaient été tués et que 200 000 autres avaient été déplacés dans les attaques de l’EIIL à Ninive et Kirkuk. Selon Human Rights Watch, l’EIIL a mené des raids sur Guba et Shireekhan, des villages proches de Mossoul où vivent des Turkmènes chiites, le 23 juin. Des maisons et des fermes ont été pillées, quatre lieux de prière chiites ont été détruits par des explosions et environ 950 familles turkmènes ont été contraintes de quitter la zone. D’autres lieux de prière fréquentés par des Turkmènes ont également été pris pour cible à Tal Afar, à 50 km à l’ouest de Mossoul. Selon Human Rights Watch aussi la communauté yézidie a été menacée par l’EIIL. Les yézidis appartiennent à une religion ancienne associée à la foi zoroastrienne. Au fil des ans, les yézidis irakiens, qui étaient environ 500 000, ont subi des persécutions et des attaques significatives, mais l’avancée de l’EIIL représente cette fois une menace très grave. Pour Letta Tayler, chercheuse à Human Rights Watch (HRW), en ce moment en Irak nous assistons à une accélération du déplacement de masse des minorités religieuses.
Antonio Torrenzano