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Le diplomate italo-suédois Staffan de Mistura est le nouveau médiateur de l’ONU pour le conflit syrien. Staffan de Mistura succède à l’Algérien Lakhdar Brahimi en héritant une mission jugée impossible par de nombreux diplomates. Staffan de Mistura, 67 ans, a la double nationalité italienne et suédoise. Il a occupé différents postes à l’ONU, en particulier représentant de l’ONU pour pour le Liban (2001-2004), pour l’Irak (2007-2009), pour l’Afghanistan (2010-2011). Staffan de Mistura a aussi été directeur adjoint du Programme alimentaire mondial.

Le prédécesseur de Staffan de Mistura, Lakhdar Brahimi a démissionné après deux ans d’efforts infructueux pour régler un conflit qui en Syrie a fait plus de 170 000 morts depuis 2011. Avant lui, l’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan avait jeté l’éponge après seulement six mois en 2012. La nomination a été confirmée au Conseil de sécurité de l’ONU et annoncée officiellement par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon. Le même, dans une conférence de presse, avait prévenu la communauté internationale en affirmant que le nouveau médiateur «n’aura pas de baguette magique» pour régler le conflit.

Dans une interview au quotidien The Guardian, le vice-ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal Moqdad a affirmé que Damas tente toujours de trouver une solution politique au conflit malgré l’échec des négociations de Genève. Interrogé sur la nomination de Staffan de Mistura au poste d’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, le vice-ministre a répondu que ce dernier devait rester neutre et reconnaître l’élection de Bachar el-Assad pour un nouveau mandat présidentiel. « Les Britanniques, les Américains, les Français et les Européens dans leur ensemble doivent changer et s’adapter aux nouvelles réalités en Syrie. Ils doivent respecter la volonté du peuple syrien. J’espère qu’il en sera ainsi, même si j’en doute », a conclu le diplomate.

De sa part, l’opposition syrienne au régime de Damas a choisi son nouveau représentant: elle a élu Hadi Al-Bahra comme son nouveau chef. La coalition syrienne est reconnue par plusieurs pays, dont les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France, comme la seule représentante légitime de l’opposition syrienne. Hadi Al-Bahra est un ingénieur industriel qui a fait ses études aux États-Unis et qui parle couramment l’anglais. Il a passé la plus grande partie de sa vie en Arabie Saoudite où il a géré plusieurs entreprises. À Genève, il a été à la tête de l’équipe de négociations de l’opposition lors de la réunion de Genève 2, qui a eu lieu au début de l’année 2014 afin de trouver une solution. Négociation diplomatique qui avait terminée sans succès.

Antonio Torrenzano

 

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syrie_iarak_violence_imageLes récents succès en Irak et en Syrie de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) prouvent que depuis une décennie d’année la stabilité au Moyen-Orient a toujours été sur le fil du rasoir. L’EIIL contrôlait depuis plusieurs années une partie de la province d’Anbar, où il avait conclu une alliance en 2006 avec une trentaine de tribus locales qui représentaient 70% de la population de la région. Pour ses tactiques extrêmement belliqueuses, cette organisation djihadiste a prospéré grâce au terrain fertile fourni par la guerre civile en Syrie et au soutien que lui apporte la population sunnite irakienne.

Depuis le 9 juin 2014, début de l’offensive EIIL, les brigades ont mis la main sur Mossoul, deuxième ville d’Irak, une grande partie de sa province Ninive (nord), de Tikrit et d’autres secteurs des provinces de Salaheddine (nord), Diyala (est) et avancent désormais à l’ouest. Selon l’OSDH, cette brigade contrôlerait désormais l’essentiel de la rive nord-est de l’Euphrate, des zones près de la frontière turque à la ville d’Al Boussayra, située à plus de 300 km en direction du sud-est. La prise de Mossoul par exemple a été soigneusement préparée en coopération avec les alliés locaux de l’organisation comme certaines tribus arabes et des anciens officiers du parti Baas irakien. La chute de Mossoul a également gonflé les caisses de l’organisation. L’ancien gouverneur de la province de Ninive, Atil al-Nujaifi, a indiqué en effet que les jihadistes se sont emparés de 430 millions de dollars et de lingots d’or de la banque centrale de la ville. Avec un tel butin de guerre, l’Organisation ne risquera plus d’avoir de problèmes financiers pour les années à venir.

Pour un grand nombre d’observateurs, l’objectif transnational de L’EIIL serait celui d’imposer un califat englobant de larges portions de l’ouest de la Syrie et du centre de l’Irak. Les ennemis de l’EIIL, c’est-à-dire les autres brigades islamistes, accusent Abou Bakr al Baghdadi à combattre seulement pour conquérir des territoires en exploitant la situation chaotique en Syrie et dans le voisin pays irakien. Mais, sur le plan politique, l’ascension d’EIIL quelles répercussions aura-t-elle dans la région tout entière ? En plus, l’EIIL pourra-t-il devenir le nouveau chef du jihad mondial ? Les effectifs de l’EIIL s’élèveraient désormais à 28.000 combattants répartis entre la Syrie et l’Irak. En Irak, le groupe recrute principalement des jeunes sunnites radicalisés par la marginalisation politique et socio-économique de leur communauté. Quant à l’armement, l’organisation dispose d’équipements procurés ou volés pendant ses conquêtes. « En Syrie, le groupe a pu s’emparer d’importantes quantités d’armes provenant des bases militaires du régime autour d’Alep et d’autres régions qu’il a occupées. Quant à l’Irak, le groupe a dépouillé l’armée de ses munitions et véhicules dans les zones où celle-ci a abandonné ses positions», a précisé Aron Lund, auteur de plusieurs mémorandums sur les groupes islamistes pour l’Institut suédois des Affaires internationales. Selon The Guardian, la richesse financière serait en revanche estimée à plus de deux milliards de dollars en plaçant ce groupe à la tête de toutes les organisations terroristes dans le monde.

Sur le plan diplomatique, cette évolution soulignerait le besoin urgent d’une nouvelle action diplomatique de la communauté internationale au sujet de la Syrie. La guerre civile en Syrie pourrait durer encore une décennie d’année. Le terrain syrien reste aujourd’hui, malgré les gains territoriaux de l’EIIL, largement partagé entre plusieurs groupes d’influences, à savoir les forces de Bachar el-Assad, l’Armée syrienne libre (ASL), Al-Nosra, ainsi que les milices kurdes et le Front islamique. La consolidation des deux camps en confrontation sur le terrain reste donc stable,virulente, sans un vainqueur. Téhéran et la Russie soutiennent la Syrie. En parallèle, le djihad mondial combat Damas par des forces qui arrivent d’autres continents et un pouvoir financier qui provient par de généreuses donations de certains individus et organisations qui s’identifient avec le programme idéologique du conflit. Dans ce cas-là, l’action diplomatique devrait surmonter très vite l’impasse dans laquelle ne se trouve pas seulement la guerre sur le terrain, mais également la table des négociations. Sans un nouveau plan diplomatique, la Syrie pourrait devenir «une deuxième Somalie» et à long terme toute la région pourrait exploser si une solution n’était pas trouvée.

Antonio Torrenzano

 

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eiil_image_hic_etnuncDe Damas à Bagdad, le monde musulman est traversé d’un conflit sanglant. L’État irakien est au but de l’implosion, la Syrie est dans le chaos d’une guerre civile qui perdure depuis trois ans, le Liban est de plus en plus instable en ce qui concerne la stabilité politique du pays. Toutes ces convulsions dérivent d’un processus historique commencé depuis longtemps; mais, cette fois au Moyen-Orient pourrait se jouer un nouvel avenir géopolitique et géostratégique.

Pour Lakhdar Brahimi, ancien émissaire de l’ONU pour la Syrie, l’offensive jihadiste en Irak serait le résultat de l’inertie de la communauté internationale face au conflit qui ravage la Syrie depuis 2011. «C’est une règle bien connue, le conflit en Syrie ne pouvait pas rester enfermé dans les frontières d’un seul pays», a déclaré Lakhdar Brahimi, qui a démissionné en mai 2014 après deux ans d’efforts infructueux et l’échec de la Conférence de Genève 2. La communauté internationale a «malheureusement négligé le problème syrien et n’a pas aidé à le résoudre. Voilà le résultat : l’offensive jihadiste menée en Irak par l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), qui est l’une des forces les plus importantes en Syrie».

L’unité de la Nation irakienne est aujourd’hui mise en question. Les divisions confessionnelles sont extrêmement profondes, les mêmes produisent depuis 2003 un très haut niveau d’instabilité. La guerre en 2003 a segmenté pas seulement la société irakienne, mais elle a aussi créé une ligne de faille dans tout le Moyen-Orient. La dynamique de ces divisions confessionnelles est qualifiée par les experts «d’irakisation». Le conflit en Syrie par exemple parmi le régime de Damas et les rebelles a exacerbé ces divisions identitaires en opposant forces armées chiites pro-Assad et rebelles sunnites. La même chose à été faite en Irak par le premier ministre Nouri al-Maliki qui a imposé un pouvoir confessionnel. Aujourd’hui, ces crises politiques confessionnelles et désormais territoriales sont en train de toucher leurs azimuts. Le scénario syrien risque de s’installer définitivement en Irak, et l’Irak de se syrianiser. Cette évolution menace aujourd’hui l’Irak et son unité, mais dans un futur très proche cette évolution pourrait menacer tous les pays de la région.

Antonio Torrenzano

 

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syrie_pays_moyen_orient_imageLe 3 juin 2014, le président syrien Bachar al-Assad a remporté sans surprise l’élection présidentielle avec plus de 88,7% des votes, mais la Syrie reste en proie depuis mars 2011 à des violences qui ont fait plus de 162.000 morts. Le conflit a débuté par une révolte pacifique qui s’est transformée en insurrection armée par rapport à la répression menée par le régime de Bachar al-Assad. Voilà donc une synthétique chronologie des événements jusqu’aujourd’hui.

Année 2011.

Le 15 et le 16 mars 2011, ils ont lieu à Damas des rassemblements pour une Syrie sans tyrannie. Plusieurs manifestations contre le pouvoir sont ensuite réprimées dans la même capitale et Deraa (sud). Le régime dénonce dans cette occasion une rébellion armée de groupes salafistes. Le 23 mars, quelques jours après les rassemblements du 15 mars, la répression de manifestations à Deraa fait au moins 100 morts surtout militants des droits de l’Homme. La répression avait commencé après l’arrestation et la torture d’élèves soupçonnés d’avoir écrit des slogans contre le régime sur les murs.

Le 30 juillet 2011 : Création de l’Armée syrienne libre (ASL), dirigée par un colonel réfugié en Turquie. L’ASL est composée essentiellement de civils ayant rejoint la rébellion, encadrés par des déserteurs. Le 18 août, le président américain Barack Obama et ses alliés occidentaux appellent le président Bachar al-Assad à partir et les mêmes renforcent les sanctions contre le régime de Damas. Quatre octobre 2011 : premier veto russo-chinois à un projet de résolution condamnant Damas pour la répression des manifestations.

Année 2012.

Le premier mars 2012 : l’armée prend l’autorité du quartier de Baba Amr, bastion de la rébellion à Homs (centre), après un mois de bombardements et des centaines de morts. Le 16 juin, des observateurs des Nations Unies chargés de surveiller un cessez-le-feu complètement ignoré suspendent leurs opérations. À la fin du mois de juin 2012 : accord à Genève parmi les grandes puissances sur une transition politique, qui maintient le flou sur la destinée du président Bachar al-Assad. L’Accord diplomatique n’a jamais été appliqué.

Le dix-huit juillet, quatre hauts responsables en première ligne dans la répression de la révolte, dont le beau-frère d’Assad, sont tués à Damas dans un attentat, qui intervient au lendemain du lancement par les rebelles de l’ASL de la bataille de Damas. Le 20 juillet, les rebelles lancent la bataille d’Alep Nord. En août, entrée en action massive des armes lourdes, dont les avions bombardiers. Le onze novembre 2012, les membres de l’opposition signent, après de fortes pressions occidentales et arabes, un accord pour constituer une Coalition nationale de l’opposition.

Année 2013.

Le 14 février 2013 : les Gardiens de la révolution, garde prétorienne du pouvoir iranien, annoncent qu’un de leurs commandants a été tué en Syrie par des rebelles. Leur chef avait admis en septembre l’envoi de conseillers militaires.Le 5 juin 2013, le régime et son allié, le Hezbollah chiite libanais, prennent aux rebelles la ville clé de Qousseir, près de la frontière libanaise. Le 21 août : offensive dans deux zones contrôlées par les rebelles près de Damas. L’opposition et les pays occidentaux accusent Damas d’avoir tué des centaines de personnes avec des gaz toxiques. En septembre, un accord diplomatique russo-américain sur le démantèlement de l’arsenal chimique syrien d’ici mi-2014 écarte in extremis la menace d’une frappe américaine, brandie après l’attaque chimique.

Année 2014.

Le 22 janvier 2014, une conférence pour la paix en Syrie s’ouvre à Genève entre le régime de Damas et l’opposition en exil. Le sommet s’ouvre à Montreux sous l’égide de l’ONU, puis les négociations se poursuivent dans la ville genevoise. La conférence diplomatique, nommée Genève II, aura deux séances, mais cette se terminera le 15 février 2014 sur un constat total d’échec. Le 9 mai, l’armée syrienne entre dans la vieille ville de Homs assiégée et bombardée pendant plus de deux ans après le retrait des 2.000 derniers rebelles en vertu d’un accord sans précédent entre belligérants. Les civils syriens commencent à retourner dans la ville dévastée de Homs en tentant de soustraire à la ruine définitive le peu qui reste. Dans le même mois,mais le quatorze mai, le diplomate algérien et émissaire international pour la Syrie Lakhdar Brahimi jette l’éponge comme avait déjà fait son prédécesseur Kofi Annan.

Le trois juin 2014 : élection présidentielle dans les zones tenues par le régime. Bachar al-Assad remporte le scrutin présidentiel sans surprise. L’opposition syrienne dénonce comme une farce cette élection. L’Arabie Saoudite, le Qatar, la France, le Royaume-Uni et la Turquie avaient interdit le vote sur leur territoire. Mais, sur le terrain, ne change rien. Le conflit devient malheureusement encore plus complexe avec des combats entre groupes jihadistes rivaux venus de l’étranger et le régime de Damas. Le conflit entre rebelles et régime a fait plus de 150 000 morts, 6.5 millions de déplacés et presque 2,6 millions de réfugiés depuis mars 2011.

Antonio Torrenzano

 

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refugies_syriens_traversent_frontiere_regionLe président syrien Bachar al-Assad a remporté sans surprise l’élection présidentielle avec plus de 88,7% des suffrages. Selon les résultats définitifs lus mercredi par le président du Parlement Mohammad al-Laham, Bachar al-Assad a obtenu 88,7% des suffrages exprimés. Ses deux concurrents ont obtenu respectivement 4,3% pour Hassan al-Nouri et 3,2% pour Maher al-Hajjar. L’élection présidentielle s’est déroulée dans les zones contrôlées par le régime, soit 40% du territoire où vivent 60% de la population.

 

Au même moment, les militants de l’opposition politique en exil ont répété sur tous les réseaux sociaux que l’élection est illégitime en affirmant que le peuple veut la chute du régime. Certains pays occidentaux qui soutient l’opposition syrienne modérée ont dénoncé la tenue du scrutin dans un pays à feu et à sang, et l’OSDH a affirmé que le régime avait forcé des citoyens à voter sous peine d’arrestation. Quelques heures avant l’annonce des résultats, le secrétaire d’Etat américain John Kerry, en visite chez le voisin libanais, avait qualifié le scrutin de mardi de “non-élection”, et appelé les alliés du régime à travailler pour mettre fin à la guerre. Ces élections présidentielles « n’ont aucun sens, parce que vous ne pouvez pas avoir d’élections alors que des millions de votre peuple ne peuvent même pas voter, n’ont pas la capacité de contester ces élections, n’ont pas de choix », a ajouté le secrétaire d’Etat américain Kerry toujours à Beyrouth.

 

Mercredi, la coordinatrice du désarmement chimique syrien pour l’ONU a une nouvelle fois appelé mercredi la Syrie à évacuer ses derniers conteneurs d’armes chimiques. Quelque 7,2% de l’arsenal d’armes chimiques syriennes est toujours en Syrie, a expliqué Sigrid Kaag lors d’une conférence de presse aux Nations unies à New York. Dans un communiqué publié après leur rencontre le 4 juin à Bruxelles, les dirigeants du G7 ont «dénoncé le simulacre d’élection» en Syrie. De l’autre côté, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a qualifié l’élection “illégitime”. «Nous appelons le régime à reprendre de véritables négociations politiques qui créeront les conditions permettant la réelle expression de la volonté du peuple syrien», a-t-elle ajouté. Enfin, le président de la Banque mondiale, Jim Yong-kim, a appelé la communauté internationale à soutenir le Liban et la Jordanie, qui accueillent plus de 1,6 million de réfugiés syriens, jugeant «décevante» l’aide économique apportée jusqu’ici.

 

Antonio Torrenzano

 

 

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crise_syrie_2011-2014_imageLe scrutin pour l’élection présidentielle syrienne a pris fin mardi à minuit et le dépouillement des voix a commencé. Les bureaux de vote ont ouvert mardi à 07h00 heure locale de Damas et ils ont fermé à minuit. Plus de 15 millions d’électeurs inscrits devaient donner leurs voix à l’un des trois candidats à la présidence, parmi lesquels le président sortant, Bachar el-Assad. En théorie, il s’agirait de la première élection dans le pays depuis un demi-siècle puisque Bachar al-Assad et, avant lui, son père Hafez avaient été désignés par référendum. Des observateurs iraniens et russes ont supervisé le scrutin. Pour Noah Bonsey, de l’International Crisis Group, l’élection présidentielle ne changera pas la situation sur le terrain, au contraire le conflit perdurera. Pour Waddah Abed Rabbo en revanche, directeur du quotidien d’Al-Watan, «l’élection facilitera la reprise des pourparlers de paix».

 

Mais, si le résultat est connu d’avance, la question du futur de la nation syrienne demeure de manière brûlante encore sans aucune solution. Il y a deux voies pour une fin de la crise. La première est la négociation diplomatique entre les parties en conflit, l’autre est la poursuite de la guerre civile jusqu’à la victoire de l’un sur l’autre sur le terrain. Quels sont-ils alors les points qu’il faut rétenir ? Partons du concret, des données immédiates : le président Al-Assad n’a jamais eu l’intention de partir et son objectif reste à gagner la bataille. La même chose pour l’opposition politique au régime de Damas. Pour Damas et pour l’opposition, c’est tout ou rien. Nous ne devrions attendre aucune pitié de la part du régime envers ses adversaires politiques et viceversa. Il n’y aura pas de pardon pour les groupes armés de l’opposition, il n’y aura pas de pitié pour le clan Assad après une chute possible du régime baasiste. La famille Assad dirige la Syrie d’une main de fer depuis plus de 40 ans pendant lesquels il a muselé toute dissidence. À la tête d’une armée restée autour du régime, malgré de nombreuses défections, Assad a toujours les soutiens russe et iranien et de l’aide précieuse des combattants du Hezbollah libanais.

 

En deuxième lieu, l’approche occidentale de la révolte syrienne a été dominée dès le début par des idéaux démocratiques et non par une vraie realpolitik. Beaucoup de responsables occidentaux n’ont pas eu une vision à long terme. Ils n’ont pas eu le pragmatisme nécessaire à la résolution du conflit. En qualifiant d’illégitime le régime de Damas, les Occidentaux ont été moralement justes, mais ils ont affacé toute possibilité de jouer un rôle constructif pour une solution diplomatique à la crise. La plupart des pays occidentaux ont fermé leurs ambassades à Damas pour protester contre la violence, mais ils ont coupé toute opportunité de parler au régime sans comprendre de manière plus concrète les évolutions internes en Syrie. En outre, la non participation de l’Iran à la conference de Genève II au mois de janvier 2014 a été une autre grave erreur. L’Iran aurait pu jouer un rôle important pour tenter de convaincre le régime syrien de changer sa position. Cette exclusion n’a servi à rien. Au contraire, cette absence a contribué à prolonger la guerre et retarder une solution diplomatique possible du conflit. L’Occident cessera-t-il de nourrir de faux espoirs et d’adopter une attitude pragmatique axée sur l’obtention de résultats ? Aucune solution n’est aujourd’hui en vue.

 

Antonio Torrenzano

 

 

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syrie_election_03juin2014Les Syriens ont commencé à voter aujourd’hui pour une élection présidentielle qui devrait se traduire par une victoire de Bachar Al-Assad dans un pays déchiré par une guerre civile qui a fait plus de 160.000 morts. Les bureaux de vote ont ouvert à 7h, heure locale de Damas, dans les zones du pays contrôlées par le régime du président sortant.

 

Bachar Al-Assad affronte deux concurrents peu connus dont la candidature a été approuvée par le Parlement. Il s’agit d’Hassan al Nouri, ancien membre du gouvernement, et du parlementaire Maher Hajjar. Depuis un demi-siècle, un seul candidat était autorisé à se présenter et les sept derniers scrutins présidentiels se sont résumés à des plébiscites de Bachar Al-Assad ou de son père Hafez, qui n’a jamais obtenu moins de 99 % des voix. Son fils a quant à lui recueilli 97,6% il y a sept ans. En Syrie comme à l’étranger, les opposants du chef de l’État parlent d’une mascarade et jugent qu’aucun scrutin digne de ce nom ne peut avoir lieu dans un pays dont des régions entières échappent aux autorités et qui compte des millions de déplacés.

 

La campagne électorale pour la présidentielle du 3 juin s’est achevée hier, dimanche 2 juin. Le parti Baas, qui domine la Syrie depuis un demi-siècle, a appelé à réélire M. Assad, au pouvoir depuis la mort de son père en 2000. Le parti a souligné la nécessité de voter « non seulement pour un président de la République, mais pour un dirigeant […] qui fait face à la guerre […], soit le dirigeant symbole Bachar al-Assad qui demeure aux côtés de son peuple aux coins de la patrie ». À Damas, les rues sont couvertes d’affiches de M. Assad, qui apparaît en tenue décontractée, en costume. Face à lui, ses deux adversaires et leurs rares affiches qui sont noyées sous celles de M. Assad. Plusieurs dizaines de milliers d’expatriés ont déjà voté la semaine dernière, mais il ne s’agit que d’une petite proportion des trois millions de réfugiés et de Syriens de l’étranger. Des réfugiés opposés au régime ont manifesté au Liban et en Turquie pour dénoncer le vote, évoquant des tentatives d’intimidation pour obliger certains à voter ou encore de bus remplis de Syriens venus de Damas juste pour voter dans les ambassades. La France, l’Allemagne et la Belgique avaient pour leur part interdit le vote sur leur sol, de même, selon Damas, que les Emirats arabes unis.

 

Le pays est dévasté par trois ans d’un conflit qui fait encore des dizaines de morts chaque jour dans les bombardements et les combats. La révolte pacifique commencé au mois mars 2011 pour des réformes politiques s’est en effet transformée, face à une répression brutale, dans une insurrection armée avant de devenir une guerre complexe et généralisée. Le régime n’a jamais reconnu la contestation pacifique et a toujours parlé de « terroristes armés » agissant au service d’un «complot étranger».

 

Antonio Torrenzano

 

 

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elezione_campagna_assad_imageLes électeurs syriens ont commencé à voter en vue de la présidentielle du 3 juin prochain déjà de mercredi 28 mai. L’ambassade syrienne du Liban, l’une des 43 chancelleries à avoir mis en place un bureau de vote, a été prise d’assaut par des milliers de syriens, au point de créer des perturbations dans la capitale libanaise. «Nous sommes là pour les élections. Nous espérons voir plus de réformes et nous choisirons un président qui sera un bon chef pour le pays», affirmait Haji Hussein, un réfugié syrien originaire de Damas.

 

Selon le Ministère syrien des Affaires étrangères, 40.000 citoyens étaient inscrits sur ces listes au Liban, qui accueille plus d’un million de réfugiés syriens. À Beyrouth, toutes les entrées de la ville étaient bloquées par des embouteillages. Sur le bulletin de vote figurent trois candidats, et Bachar el-Assad apparaît flanqué de figures politiques de second plan.

 

À Amman, en Jordanie, des centaines de Syriens faisaient également la queue devant leur ambassade située dans le quartier cossu d’Abdoun, dans l’ouest de la capitale, brandissant des drapeaux syriens. Une trentaine de militants, au contraire, scandaient des slogans anti-gouvernementaux et brandissaient des bannières proclamant notamment « non à l’élection sanglante et non à la réélection du meurtrier».

 

Toujours en Jordanie, le gouvernement a expulsé lundi 26 mai l’ambassadeur syrien à Amman, mais l’ambassade reste ouverte. Damas pourra nommer un nouvel ambassadeur, a indiqué le Ministère des Affaires étrangères jordanien, en soulignant que ce développement ne signifiait pas une rupture des relations diplomatiques entre les deux Pays. L’opposition syrienne qualifie ce scrutin de farce puisque cette élection se tiendra uniquement dans les régions tenues par le régime et par une loi qui exclue de facto toute candidature dissidente. L’Arabie Saoudite, le Qatar, la France, le Royaume-Uni ou la Turquie ont interdit le vote sur leur territoire.

 

Antonio Torrenzano

 

 

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syrie_refugies_onu_imageConversation avec Frédéric Pichon, chercheur associé à l’institut Monde Arabe Méditerranée de l’université François-Rabelais de Tours. Il vient de publier un livre consacré au conflit syrien : «Syrie, pourquoi l’Occident s’est trompé.» aux éditions du Rocher, 2014. Pour l’auteur, l’élection présidentielle en Syrie du 3 juin ne manque pas d’intérêt.

Bruno Besson. Pourquoi cette élection en pleine guerre ?

 

Frédéric Pichon. Cela résulte de la modification de la Constitution syrienne en 2012. Il y a plusieurs candidats, mais, évidemment, personne n’est dupe sur les chances des deux concurrents d’Assad. N’empêche, on peut estimer que la moitié des électeurs pourra voter, car si l’opposition contrôle la moitié du territoire, la majorité de la population est dans la zone sous contrôle gouvernemental. Quant au processus électoral lui-même, il faut arrêter l’hypocrisie : à Cuba, il n’y en a pas eu depuis soixante ans ! Quant aux pays du Golfe… »

 

Bruno Besson. Cela va changer quoi à la situation syrienne ?

 

Frédéric Pichon. Rien à la situation de la population tant que durera la guerre. Mais, sur le fond, Assad ayant tenu le choc, à l’occasion de cette élection, de plus en plus de ses opposants politiques, de guerre lasse, n’hésitent plus à dire publiquement qu’ils préfèrent désormais le régime aux djihadistes. Ensuite, Assad réélu, pourra se présenter aux yeux des démocraties comme leur allié dans la lutte contre le terrorisme, ce qui, il ne faut pas s’y tromper, lui donne une certaine légitimité : il vaut peut-être mieux traiter avec lui qu’avec ceux qui le combattent – et nous combattent au Mali – les armes à la main. Plusieurs pays l’ont compris et les mêmes rouvrent leurs ambassades (l’Union européenne n’a jamais fermé la sienne).

 

Bruno Besson. Assad notre allié contre le terrorisme, est-ce crédible ?

 

Frédéric Pichon. D’ores et déjà, mais évidemment sans publicité, la France ne traite plus tout à fait Assad comme au début de la guerre : d’ailleurs, un diplomate français fait maintenant, discrètement, la navette régulière entre Paris et Damas. Et quand Paris demande à Damas de l’aider à “traiter” le problème des djihadistes français en Syrie, Assad répond qu’il attend d’abord la réouverture de l’ambassade de France à Damas… Enfin, Paris n’ignore pas le rôle de ses amis qataris dans le recrutement et le financement du djihadisme (y compris français) en Syrie, confirmé par plusieurs sources, notamment des associations internationales de défense de droits de l’homme.

 

Bruno Besson

 

*Un particulier remerciement à la publication La Nouvelle République (http://www.lanouvellerepublique.fr/) pour l’entretien de Bruno Besson.

 

 

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marché_economique_homs_imageSelon un nouveau rapport des Nations Unies publié mercredi 28 mai, l’économie syrienne est exsangue. Pour l’enquête, qui a analysé les deux derniers trimestres de l’année dernière, trois quarts des Syriens vivent à présent dans la pauvreté et plus de la moitié (54,3%) dans l’extrême pauvreté. Alors que le conflit s’éternise, 20% de la population a maintenant à peine les moyens de répondre à ses besoins de base.

 

« Les chiffres sont renversants », a déclaré Rabie Nasser, chercheur au Centre syrien de recherche politique à Damas. « À la fin de 2013, la perte économique totale depuis le début du conflit a été estimée à 143,8 milliards de dollars». Le compte-rendu note également que la dette publique du Pays a continué d’augmenter dans la seconde moitié de 2013. À la fin de la même année, la dette représentait 126% du PIB, avec une proportion croissante d’emprunts étrangers principalement en provenance d’Iran. Le système éducatif d’un côté vacille : plus de la moitié d’enfants d’âge scolaire (51,8%) ne va plus à l’école. À la fin de 2013, 4.000 écoles étaient hors service parce qu’elles avaient été détruites, endommagées ou accueillaient des personnes déplacées. De l’autre côté, le système de santé est frappé par les dégâts causés aux infrastructures médicales, la fuite de professionnels de la santé, l’effondrement de l’industrie pharmaceutique. 61 hôpitaux publics sur 91 établissements ont été endommagés et près de la moitié (45%) sont hors service, tandis que 53 hôpitaux privés ont également été touchés.

 

« La Syrie est ravagée par le chômage », a souligné Alex Pollock, directeur du programme de microfinance au sein de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA). Pour l’économiste, qui a travaillé avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Centre syrien de recherche politique pour réaliser ce memorandum, « depuis le début du conflit, 11 millions de personnes ont perdu leurs principaux moyens de soutien financier alors que 2,67 millions de personnes ont rejoint les rangs des chômeurs».

 

Antonio Torrenzano