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andree_glucksmann_image_03La conversation avec André Glucksmann a eu lieu à Rimini pendant la XXXe édition des journées internationales d’études sur “Islands without an archipelago. Economies,the masses,nation states in search of a new sovereignty” organisées par le centre de recherche Pio Manzù.

Antonio Torrenzano. Pourquoi soutenez-vous que le premier droit de chaque homme, il est ce de s’opposer contre l’inhumanité de sa condition?

André Glucksmann. La bataille pour les droits humains ne peut pas être fondée sur un idéal abstrait de l’homme ou de l’humanité. Au contraire, telle défense doit être motivée seulement par l’expérience de ce qui est inhumain. Je peux affirmer que l’universalité des droits de l’homme a du sens surtout dans l’universalité de l’inhumain. Voilà parce que les droits ne doivent pas servir à la construction d’un paradis en Terre, mais seul à combattre, bien que possible, l’enfer que nous y trouvons devant. Ce n’est pas l’idée d’un bien suprême qui mobilise les hommes, mais la résistance au mal. J’ai toujours été sans illusions et lointain de l’idéalisme présent dans la Déclaration des droits de l’homme. La même sensibilité vaut aussi pour d’autres personnes qui ont partagé avec moi cette idée: Bernard Kouchenr, Michel Foucault. Ces derniers avaient toujours critiqué chaque définition idéaliste ou métaphysique de l’homme. En conséquence, je n’ai jamais adhéré à la conception des droits de l’homme élaborée au XVIII et au XIX siècle qui postulait la promotion d’un simple idéal humain. Une telle perspective, il me semble trop colonial et je ne peux pas là absolument partager. En outre, devant à un idéal vague, les affronts et les menaces qui pèsent sur l’homme – c’est-à-dire les champs de torture nazis, les tortures, l’humiliation et les oppressions – ils m’apparaissaient comme réalités terriblement concrètes et universelles.

Antonio Torrenzano.Comment expliquez-vous les nombreuses faillites des processus de paix dans le continent africain ?

André Glucksmann. Les “peace builders” considèrent souvent le conflit armé comme un pur objet d’intervention. Ils ne considèrent presque jamais que les guerres sont en revanche un processus plus complexe. Ce processus se concentre sur la construction d’institutions principalement à niveau national et il ignore cependant les causes de fond de la violence soutenues sur le terrain. C’est une approche seulement technique! En outre, quand la communauté internationale montre sa disponibilité à traiter avec la violence endémique sur le terrain, il se concentre en général seulement sur les leviers nationaux ou internationaux de la violence sans analyser la vraie situation et les vrais rapports de force. Une raison de la faillite, dans la gestion de beaucoup de conflits dans le continent africain, est que l’attitude vers la paix a amplement négligé les changements d’organisation des sociétés locales. En plusieurs de régions de conflit, la diminution des compétences de l’État national et la création de mouvements rebelles et de milices, ils ont laissé marges d’action à la formation de nouveaux centres pas nationaux d’autorité qu’ils ont introduit nouvelles modalités de surveillance politique, social et économique.

Antonio Torrenzano. Dans les prochains cinquante ans, Michael Ignatieff soutient dans ses écrits, nous devons nous attendre de voir ultérieurement fragmenté le consentement moral qui soutint la Déclaration universelle des droits de l’homme du 1948. Pourquoi la mondialisation économique n’a-t-elle pas porté une globalisation morale ?

André Glucksmann. Notre premier droit est celui de combattre l’inhumain et de résister à l’oppression en obligeant le pouvoir à respecter l’homme. Ceci concerne la défense des libertés fondamentales qu’ils permettent le progrès démocratique. Chaque homme doit avoir toujours la possibilité de défendre sa propre dignité, n’en oubliant pas qu’il s’agit d’une possibilité toujours relative, possibilité devenue encore plus relative aujourd’hui dans les pays occidentaux.Le respect absolu des droits humains n’existe pas, aussi les pays démocratiques les piétinent. Mais une démocratie garantit toujours à ceux qui veulent faire respecter les droits, la possibilité de s’exprimer et se faire écouter de l’opinion publique. La démocratie n’est pas une réalité parfaite, mais une réalité dans laquelle il est possible de dénoncer qui viole les droits. Aujourd’hui, cette possibilité est étendue plus qu’au passé. Aux États-Unis, par exemple, les tortures sont dénoncées et il y aura des condamnations. Pendant la guerre de l’Algérie, la France a torturé sans problème et aucun militaire n’a jamais été jugé. Il y a encore des États qui utilisent dans une en manière foulée le sujet des droits de l’Homme. La Russie, par exemple, veut faire condamner les atrocités commises par les Américains dans les prisons iraquiennes, mais elle refuse chaque ingérence en Cecenie où les tortures sont une pratique normale depuis dix ans.

Antonio Torrenzano. Pensez-vous à Beslan ?

André Glucksmann. Je pense encore à Beslan, je pense encore aux violences systématiques qui arrivent en Cecenie, à la violence perpétrée sur les femmes, sur les enfants, sur les hommes. Je pense aux cent mille individus disparus dont il y a plus de nouvelles. Ces disparus ne comptent pas pour les chancelleries politiques. Est-ce que les dissidents n’ont jamais compté pour les gouvernements ? La situation peut certainement changer, nous pouvons encore trouver reliquats de moral qui encore hébergent dans beaucoup d’individus. Qu’est-ce que nous répondrons à nos fils quand ils nous revendiqueront quoi nous avons fait pour cette tragédie démesurée? Comment répondrons-nous ?

Antonio Torrenzano

 

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Giacchino Lanza Tomasi, est le fils adoptif de Giuseppe Tomasi di Lampedusa, musicien,surintendant du Théatre San Carlo de Naples, directeur artistique pour la section musique classique du Festival international de Taormina Arte, ancien directeur de l’Institut culturel de langue italienne à New York auprès de l’ambassade d’Italie aux Nations Unies. La conversation qui a eu lieu à Taormine au mois d’aout, le dialogue cherche de faire le point sur l’écrivain Giuseppe Tomasi di Lampedusa à cinquante ans de sa mort.

 

Antonio Torrenzano.La nouvelle édition italienne du Guépard de Giuseppe Tomasi de Lampedusa est précédé par votre nouvelle introduction qui résume les complexes adversités de l’édition du roman. Dans la première partie de la préface,vous évoquez-le tourmenté parcours du livre avec les deux moments clé:le refus de la publication d’Elio Vittorini par la maison d’édition Mondadori et les éditions Einaudi et la sortie posthume en 1958 chez la maison Feltrinelli.Mais vous introduisez aussi une série de matériels utiles à la compréhension du personnage Giuseppe Tomasi de Lampedusa: comme les notes personnelles du prince, vergés sur son carnet ou les lettres à ses amis.

 

Giacchino Lanza Tomasi. Giuseppe Tomasi di Lampedusa commence à écrire son roman après le mois juin de 1955 et il termine la première rédaction à la fin de 1956.Le roman ne naissait pas au hasard, mais il était le fruit d’une expérience autobiographique de mon père, durée toute la vie.Le projet initial était raconter la journée d’un prince sicilien en 1860.Comme il affirmait:“les 24 heures d’un Prince sicilien vécu avant le jour du débarquement de Garibaldi”. Plus tard il se rendue conte que cette organisation du livre était limitative et il a décidée de raconter une période historique plus longue depuis 1860 au 1885 avec la mort du prince. Puis avec la mort réelle de son arrière-grand-père arrivée en 1910. Tomasi di Lampedusa présenta le premier chapitre au mois de mars du 1956 à son cousin Lucio Piccolo et d’autres amis. Les autres chapitres furent terminés l’an suivant dans le mois de mars 1957. La rédaction du manuscrit fut fait sur de grands cahiers formés protocole.Farncesco Orlando, étudiant et ami de Tomasi di Lampedusa,sous dictée, il tapa à la machine la première rédaction en quatre copies qu’il envoya à l’édition Mondadori et Einaudi. Dans une lettre à Guido Laiolo du 7 juin 1956, l’écrivain communique que:“le roman est composé par cinq longs chapitres,trois épisodes ils se déroulent en 1860,le quatrième en 1883,le dernier et l’épilogue en 1910, où il montre la désagrégation progressive de l’aristocratie.Le protagoniste, c’est moi-même et le personnage de Tancredi est mon fils adoptif Gioacchino”. Dans une lettre suivante toujours à Guido Laiolo, du 2 janvier 1957, l’écrivain affirme:ce n’est pas un roman historique.Le protagoniste Don Fabrizio exprimecomplètement mes idées.Le Guépard est l’aristocratie vue de l’intérieur sans complaisances, mais aussi sans intentions narratives comme De Roberto”.Cependant, il y avait un sixième chapitre, resté pas achevé,titré Le Canzoniere de la Maison Salina. J’ai retrouvé ce chapitre inachevé à la maison de Giuseppe Bianchieri, petit-fils du prince et frère de l’ambassadeur Boris Bianchieri à Rome. Le chapitre était conservé dans une enveloppe avec l’inscription: “matérielle autour du Guépard”. Le chapitre prévoyait 17 sonnets, mais Giuseppe Tomasi di Lampedusa, avant sa mort, avait écrit seulement deux sonnets, une ode et une introduction.

 

A.T. Est-ce que comment vous décririez votre père adoptif? Francesco Orlando décrit Giuseppe Tomasi di Lampedusa comme un intellectuel qui converse dans une manière claire et concrète.Un esprit pénétrant et charmant pour ses interlocuteurs, intellectuel subtil à résoudre les petits embarras dans tous les rapports humains. Ils mélangeaient en mesure différente savoirs raffinés,désenchantement sénile, pessimisme aristocratique et formation positiviste.

 

Giacchino Lanza Tomasi. Un homme très cultivé que pour toute sa vie avait lu et voyagé en Europe. J’affirmerais sicilien dans le plus profond de son coeur,européen dans le plus profond de son esprit. Il parlait anglais,français et alemand.Il connaissait l’espagnol,lisait le russe.L’écrivain avait un esprit laïque, mais profondément intéressé aux sujets religieux.Une grande ampleur de vision historique unie à une perception aiguë de la réalité sociale et politique de l’Italie de cette époque-là et d’aujourd’hui. Un sens délicieux de l’humour. Plusieurs critiques ont affirmé et considéré Tomasi di Lampedusa un écrivain conservateur, mais lui il n’était pas comme ça.Il étudiait Marx,Croce,Gramsci, lisait Lenin et il croyait dans la Révolution française.Célébré comme écrivain de l’aristocratie, il avait toujours considéré la décapitation de Louis XVI :”la meilleure tête détachée de l’histoire.” Il était convaincu que l’histoire dût, de temps en temps, se remuer avec de formidables secousses.Je crois que Giuseppe Tomasi de Lampedusa dans ces écrits a toujours été au-dessus de l’histoire. L’histoire pour l’écrivain était un éternel s’écouler, toujours immuable où le pouvoir est toujours le meme: on change les noms, mais ne pas les manières. Même si la morale de changer pour ne pas changer,il était considérée par Tomasi di Lampedusa dégoûtante. Dans l’intimité, il était taciturne et réservé, il tendait à rester plus avec les choses qui avec les gens, c’était certainement un homme de secrets.Sa journée commençait très bientôt au matin.Il sortait de la maison, achetait le Corriere della Sera et le Giornale di Sicilia qui lisait au café en travaillant.Très intéressé à la politique internationale, il s’amusait à marquer les fautes de la pièce quotidienne. Par la littérature et par la politique, il tirait une leçon morale:comme on agit.La télévision ne lui plaisait pas.Je rappelle que quand une gigantesque télévision apparut dans la maison de son cher cousin Casimiro Piccolo, il décréta en disant:”avec cette fanfreluche on ne pourra converser plus jamais”. Il méprisait les personnes sans curiosité en nous poussant à regarder toujours ailleurs.

 

A.T. Est-ce que le personnage de Tancredi dans le roman a été inspiré à votre personne?

 

Giacchino Lanza Tomasi. Oui, le personnage de Tancredi c’est moi physiquement. Tomasi de Lampedusa pensait à moi quand il écrivait Tancredi. La partie du roman avec Tancredi qui poursuit Angélica dans les couloirs de Donnafugata fut inspirée à moi et à ma fiancée de cette époque là, M.lle Mirella Radice.En le 1953,Giuseppe Tomasi de Lampedusa pense faire quelque chose pour animer Palerme. Il est un homme de culture très haute et il a lu presque tout pour l’epoque.Et alors il prend à fréquenter un groupe de jeunes connus chez le baron Bebbuzzo Sgadari di Lo Monaco. Bebbuzzo était une personne originale d’aristocrate. Dans sa maison ils venaient reçus beaucoup d’intellectuels:Bacchelli, Berenson, Calvino. Auprès de l’ancienne maison Lo Monaco,Tomasi di Lampedusa connaît Francesco Orlando,Francesco Agnello, Antonio Pasqualino, moi-même et ma fiancée de l’époque Mirella Radice.À ce groupe de garçons et jeunes filles, Tomasi di Lampedusa commence à donner des leçons de littérature anglaise et littérature française.Les rencontres se déroulaient trois fois par semaine, près de la maison du Prince, en rue Butera à Palerme, à 18.00 heures. Le cours était tourné principalement à Francesco Orlando, alors jeune étudiant universitaire de 19 ans, inscrit à la deuxième année de la faculté de droit. Les autres garçons participaient occasionnellement, trois ou quatre fois par mois. Notre groupe était formé par dix personnes et ce groupe devint le nouveau point de repère du Prince di Lampedusa. Francesco Orlando deviendra son disciple, je serai adopté successivement. Les leçons de Tomasi de Lampedusa sont basées sur une expérience extraordinaire des textes. Il nous rappelait souvent:”ce que vous entendrez,ce n’est pas que la somme de mes souvenirs et de mes impressions de trente ans de lectures désordonnées passée à travers mon cerveau et marquée dans mon mémoire.Vous avez peu à espérer”. Les rencontres avec Tomasi di Lampedusa nous poussèrent à regarder ailleurs. Ailleurs comme le même affirmait avec sa métaphore: “un seau plein d’eau de mer n’est pas la mer. Pour connaître la mer il faut la sonder, la naviguer et en faillant faire naufrage. Mais tout cela sera réalisé par vous… j’espère seulement être une flèche indicatrice.”

 

Antonio Torrenzano