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eiil_image_hic_etnuncDe Damas à Bagdad, le monde musulman est traversé d’un conflit sanglant. L’État irakien est au but de l’implosion, la Syrie est dans le chaos d’une guerre civile qui perdure depuis trois ans, le Liban est de plus en plus instable en ce qui concerne la stabilité politique du pays. Toutes ces convulsions dérivent d’un processus historique commencé depuis longtemps; mais, cette fois au Moyen-Orient pourrait se jouer un nouvel avenir géopolitique et géostratégique.

Pour Lakhdar Brahimi, ancien émissaire de l’ONU pour la Syrie, l’offensive jihadiste en Irak serait le résultat de l’inertie de la communauté internationale face au conflit qui ravage la Syrie depuis 2011. «C’est une règle bien connue, le conflit en Syrie ne pouvait pas rester enfermé dans les frontières d’un seul pays», a déclaré Lakhdar Brahimi, qui a démissionné en mai 2014 après deux ans d’efforts infructueux et l’échec de la Conférence de Genève 2. La communauté internationale a «malheureusement négligé le problème syrien et n’a pas aidé à le résoudre. Voilà le résultat : l’offensive jihadiste menée en Irak par l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), qui est l’une des forces les plus importantes en Syrie».

L’unité de la Nation irakienne est aujourd’hui mise en question. Les divisions confessionnelles sont extrêmement profondes, les mêmes produisent depuis 2003 un très haut niveau d’instabilité. La guerre en 2003 a segmenté pas seulement la société irakienne, mais elle a aussi créé une ligne de faille dans tout le Moyen-Orient. La dynamique de ces divisions confessionnelles est qualifiée par les experts «d’irakisation». Le conflit en Syrie par exemple parmi le régime de Damas et les rebelles a exacerbé ces divisions identitaires en opposant forces armées chiites pro-Assad et rebelles sunnites. La même chose à été faite en Irak par le premier ministre Nouri al-Maliki qui a imposé un pouvoir confessionnel. Aujourd’hui, ces crises politiques confessionnelles et désormais territoriales sont en train de toucher leurs azimuts. Le scénario syrien risque de s’installer définitivement en Irak, et l’Irak de se syrianiser. Cette évolution menace aujourd’hui l’Irak et son unité, mais dans un futur très proche cette évolution pourrait menacer tous les pays de la région.

Antonio Torrenzano

 

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crise_syrie_2011-2014_imageLe scrutin pour l’élection présidentielle syrienne a pris fin mardi à minuit et le dépouillement des voix a commencé. Les bureaux de vote ont ouvert mardi à 07h00 heure locale de Damas et ils ont fermé à minuit. Plus de 15 millions d’électeurs inscrits devaient donner leurs voix à l’un des trois candidats à la présidence, parmi lesquels le président sortant, Bachar el-Assad. En théorie, il s’agirait de la première élection dans le pays depuis un demi-siècle puisque Bachar al-Assad et, avant lui, son père Hafez avaient été désignés par référendum. Des observateurs iraniens et russes ont supervisé le scrutin. Pour Noah Bonsey, de l’International Crisis Group, l’élection présidentielle ne changera pas la situation sur le terrain, au contraire le conflit perdurera. Pour Waddah Abed Rabbo en revanche, directeur du quotidien d’Al-Watan, «l’élection facilitera la reprise des pourparlers de paix».

 

Mais, si le résultat est connu d’avance, la question du futur de la nation syrienne demeure de manière brûlante encore sans aucune solution. Il y a deux voies pour une fin de la crise. La première est la négociation diplomatique entre les parties en conflit, l’autre est la poursuite de la guerre civile jusqu’à la victoire de l’un sur l’autre sur le terrain. Quels sont-ils alors les points qu’il faut rétenir ? Partons du concret, des données immédiates : le président Al-Assad n’a jamais eu l’intention de partir et son objectif reste à gagner la bataille. La même chose pour l’opposition politique au régime de Damas. Pour Damas et pour l’opposition, c’est tout ou rien. Nous ne devrions attendre aucune pitié de la part du régime envers ses adversaires politiques et viceversa. Il n’y aura pas de pardon pour les groupes armés de l’opposition, il n’y aura pas de pitié pour le clan Assad après une chute possible du régime baasiste. La famille Assad dirige la Syrie d’une main de fer depuis plus de 40 ans pendant lesquels il a muselé toute dissidence. À la tête d’une armée restée autour du régime, malgré de nombreuses défections, Assad a toujours les soutiens russe et iranien et de l’aide précieuse des combattants du Hezbollah libanais.

 

En deuxième lieu, l’approche occidentale de la révolte syrienne a été dominée dès le début par des idéaux démocratiques et non par une vraie realpolitik. Beaucoup de responsables occidentaux n’ont pas eu une vision à long terme. Ils n’ont pas eu le pragmatisme nécessaire à la résolution du conflit. En qualifiant d’illégitime le régime de Damas, les Occidentaux ont été moralement justes, mais ils ont affacé toute possibilité de jouer un rôle constructif pour une solution diplomatique à la crise. La plupart des pays occidentaux ont fermé leurs ambassades à Damas pour protester contre la violence, mais ils ont coupé toute opportunité de parler au régime sans comprendre de manière plus concrète les évolutions internes en Syrie. En outre, la non participation de l’Iran à la conference de Genève II au mois de janvier 2014 a été une autre grave erreur. L’Iran aurait pu jouer un rôle important pour tenter de convaincre le régime syrien de changer sa position. Cette exclusion n’a servi à rien. Au contraire, cette absence a contribué à prolonger la guerre et retarder une solution diplomatique possible du conflit. L’Occident cessera-t-il de nourrir de faux espoirs et d’adopter une attitude pragmatique axée sur l’obtention de résultats ? Aucune solution n’est aujourd’hui en vue.

 

Antonio Torrenzano

 

 

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elezione_campagna_assad_imageLes électeurs syriens ont commencé à voter en vue de la présidentielle du 3 juin prochain déjà de mercredi 28 mai. L’ambassade syrienne du Liban, l’une des 43 chancelleries à avoir mis en place un bureau de vote, a été prise d’assaut par des milliers de syriens, au point de créer des perturbations dans la capitale libanaise. «Nous sommes là pour les élections. Nous espérons voir plus de réformes et nous choisirons un président qui sera un bon chef pour le pays», affirmait Haji Hussein, un réfugié syrien originaire de Damas.

 

Selon le Ministère syrien des Affaires étrangères, 40.000 citoyens étaient inscrits sur ces listes au Liban, qui accueille plus d’un million de réfugiés syriens. À Beyrouth, toutes les entrées de la ville étaient bloquées par des embouteillages. Sur le bulletin de vote figurent trois candidats, et Bachar el-Assad apparaît flanqué de figures politiques de second plan.

 

À Amman, en Jordanie, des centaines de Syriens faisaient également la queue devant leur ambassade située dans le quartier cossu d’Abdoun, dans l’ouest de la capitale, brandissant des drapeaux syriens. Une trentaine de militants, au contraire, scandaient des slogans anti-gouvernementaux et brandissaient des bannières proclamant notamment « non à l’élection sanglante et non à la réélection du meurtrier».

 

Toujours en Jordanie, le gouvernement a expulsé lundi 26 mai l’ambassadeur syrien à Amman, mais l’ambassade reste ouverte. Damas pourra nommer un nouvel ambassadeur, a indiqué le Ministère des Affaires étrangères jordanien, en soulignant que ce développement ne signifiait pas une rupture des relations diplomatiques entre les deux Pays. L’opposition syrienne qualifie ce scrutin de farce puisque cette élection se tiendra uniquement dans les régions tenues par le régime et par une loi qui exclue de facto toute candidature dissidente. L’Arabie Saoudite, le Qatar, la France, le Royaume-Uni ou la Turquie ont interdit le vote sur leur territoire.

 

Antonio Torrenzano

 

 

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syrie_refugies_onu_imageConversation avec Frédéric Pichon, chercheur associé à l’institut Monde Arabe Méditerranée de l’université François-Rabelais de Tours. Il vient de publier un livre consacré au conflit syrien : «Syrie, pourquoi l’Occident s’est trompé.» aux éditions du Rocher, 2014. Pour l’auteur, l’élection présidentielle en Syrie du 3 juin ne manque pas d’intérêt.

Bruno Besson. Pourquoi cette élection en pleine guerre ?

 

Frédéric Pichon. Cela résulte de la modification de la Constitution syrienne en 2012. Il y a plusieurs candidats, mais, évidemment, personne n’est dupe sur les chances des deux concurrents d’Assad. N’empêche, on peut estimer que la moitié des électeurs pourra voter, car si l’opposition contrôle la moitié du territoire, la majorité de la population est dans la zone sous contrôle gouvernemental. Quant au processus électoral lui-même, il faut arrêter l’hypocrisie : à Cuba, il n’y en a pas eu depuis soixante ans ! Quant aux pays du Golfe… »

 

Bruno Besson. Cela va changer quoi à la situation syrienne ?

 

Frédéric Pichon. Rien à la situation de la population tant que durera la guerre. Mais, sur le fond, Assad ayant tenu le choc, à l’occasion de cette élection, de plus en plus de ses opposants politiques, de guerre lasse, n’hésitent plus à dire publiquement qu’ils préfèrent désormais le régime aux djihadistes. Ensuite, Assad réélu, pourra se présenter aux yeux des démocraties comme leur allié dans la lutte contre le terrorisme, ce qui, il ne faut pas s’y tromper, lui donne une certaine légitimité : il vaut peut-être mieux traiter avec lui qu’avec ceux qui le combattent – et nous combattent au Mali – les armes à la main. Plusieurs pays l’ont compris et les mêmes rouvrent leurs ambassades (l’Union européenne n’a jamais fermé la sienne).

 

Bruno Besson. Assad notre allié contre le terrorisme, est-ce crédible ?

 

Frédéric Pichon. D’ores et déjà, mais évidemment sans publicité, la France ne traite plus tout à fait Assad comme au début de la guerre : d’ailleurs, un diplomate français fait maintenant, discrètement, la navette régulière entre Paris et Damas. Et quand Paris demande à Damas de l’aider à “traiter” le problème des djihadistes français en Syrie, Assad répond qu’il attend d’abord la réouverture de l’ambassade de France à Damas… Enfin, Paris n’ignore pas le rôle de ses amis qataris dans le recrutement et le financement du djihadisme (y compris français) en Syrie, confirmé par plusieurs sources, notamment des associations internationales de défense de droits de l’homme.

 

Bruno Besson

 

*Un particulier remerciement à la publication La Nouvelle République (http://www.lanouvellerepublique.fr/) pour l’entretien de Bruno Besson.

 

 

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Le pape François a lancé à Amman, pendant sa visite en Terre Sainte près du site de «Béthanie au-delà- du-Jourdain », un appel pour une “solution pacifique” à la crise syrienne. Toujours dans l’église latine de ce lieu, le pontife a rencontré plusieurs centaines de réfugiés syriens, ainsi que de jeunes handicapés.

 

Pape François à Béthanie dans son appel à faveur de la paix en Syrie a dit  : « Que cessent les violences et que soit respecté le droit humanitaire, en garantissant l’assistance nécessaire à la population qui souffre ! Que tous abandonnent la prétention de laisser aux armes la solution des problèmes et que l’on revienne sur le chemin de la négociation. La solution, en effet, ne peut venir que du dialogue et de la modération, de la compassion pour celui qui souffre, de la recherche d’une solution politique et du sens de la responsabilité envers les frères ».

 

Le pontife a fustigé encore avec force « la haine et la cupidité qui sont la racine du mal». « Qui se cache derrière la vente d’armes ? » , s ‘est alors interrogé le Pontife. «Qui s’occupe de vendre des armes aux belligérants en alimentant ainsi le conflit ?». Des questions que le Pape n’a pas hésité à poser à la conscience de chacun, et spécialement des acteurs directs et indirects du conflit syrien. Il ne faut pas hésiter à prier pour ces « pauvres criminels », a-t-il encore déclaré. Le Pape a également adressé un appel à toute la communauté internationale pour qu’elle accroisse son action de soutien et d’aide, et « qu’elle ne laisse pas seule la Jordanie », face à l’afflux de réfugiés.

 

« La Jordanie a offert un accueil généreux à un grand nombre de réfugiés palestiniens et irakiens, ainsi qu’à d’autres venus de régions en conflit, notamment la Syrie voisine, ravagée par un conflit qui a duré trop longtemps. Une telle générosité mérite l’appréciation et le soutien de la communauté internationale », a-t-il souligné. Le Pape a consacré l’autre partie de son discours à la question délicate de la liberté religieuse dans la région, que de nombreux chrétiens quittent face à la montée des violences. «Les chrétiens se considèrent et sont effectivement des citoyens à part entière. Et comme tels, ils cherchent, avec les autres citoyens musulmans, à donner leur contribution particulière à la société », a insisté François, en citant leur rôle dans l’éducation et la santé et rappelant qu’ils sont là « depuis le temps des apôtres ».

 

« La liberté religieuse est un droit fondamental et nous espérons qu’elle soit tenue en grande considération dans tout le Moyen-Orient. Cela comporte la liberté individuelle et collective de suivre sa propre conscience en matière religieuse : autrement dit, la liberté de culte, la liberté de choisir la religion que l’on croit être vraie et de professer publiquement sa propre foi », a déclaré le pontife.

Antonio Torrenzano

 

 

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hcr_syrian_refs_imageL’agence technique FAO des Nations Unies dans un rapport publié jeudi 15 mai a communiqué que les conditions de sécheresse et la poursuite des conflits sont en train de contribuer à la détérioration de la situation de sécurité alimentaire en Syrie. Dans les provinces d’Al-Quneitra, Al-Ghab, Tartus, Lattakia et Idleb, la situation demeure en phase « d’alerte sécheresse », avec des précipitations cumulées inférieures à 50% de la moyenne saisonnière.

 

« La pression continue à monter sur les familles déplacées et d’autres agriculteurs sont devenus vulnérables », a déclaré le Représentant de la FAO en Syrie, Eriko Hibi, dans un communiqué de presse. Le blé et l’orge sont les deux principales cultures vivrières du pays. Les emblavures totales auraient diminué d’environ 15% par rapport à la moyenne des dernières années, et la FAO estime la production de blé pour 2014 à 1,97 million de tonnes, soit 52% de moins que la moyenne pour la période 2001-2011.

 

Ces conditions météorologiques, associées à l’impact des conflits, risqueraient d’augmenter l’écart entre la production locale et les besoins alimentaires intérieurs cette année. La FAO a publié ses dernières perspectives de la sécurité alimentaire sur le Pays syrien par le biais de son Système mondial d’information et d’alerte rapide (SMIAR) alors que les agriculteurs se préparent à récolter leurs céréales d’hiver au cours des prochaines semaines.

 

Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), la Syrie est devenue la plus importante crise de déplacement de populations au monde ainsi qu’une menace grandissante pour la paix et la sécurité dans la région. La même agence onusienne a demandé dimanche 4 mai 2014 un nouveau et majeur soutien international pour toute la population syrienne déplacée en Iraq, dans la Jordanie, au Liban, en Turquie et en Égypte. Le Haut Commisariat a réitéré l’impératif à renforcer la solidarité internationale et le partage de la charge soutenus par les Pays hôtes et généré par plus de 2,7 millions de réfugiés syriens dans la région. Un appui massif de la communauté internationale demeure nécessaire, a déclaré le Représentant du Haut Commissariat.

Antonio Torrenzano

 

 

* Dans l’image, une famille de réfugiés syriens au Liban. Un remerciement particulier pour la photo à UNHCR/McConnell.

 

 

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ban_kimoon_lakhdhar_brahimi_newyork_imageLe diplomate algérien Lakhdar Brahimi, représentant spécial de l’ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, a déposé sa démission. Brahimi, diplomate algérien, avait cherché en vain à trouver une solution politique pour le conflit syrien pendant la conférence de paix Genève 2. Lors d’un point de presse au siège des Nations Unies à New York, le secrétaire des Nations Unies Ban Ki-Moon a dit de regretter cette démission.

 

« Pendant près de deux ans, Brahimi a tenté de mettre fin à la brutale guerre civile en Syrie qui continue de s’aggraver » , a rappelé le Secrétaire général. « Il a fait face à des obstacles presque impossibles à surmonter, avec une nation syrienne, une région du Moyen-Orient et une communauté internationale qui sont irrémédiablement divisées dans leurs approches pour mettre fin au conflit » , a ajouté le Chef de l’ONU en regrettant que les « parties en conflit, et en particulier le gouvernement, se soient montrées si réticentes à profiter de cette occasion pour mettre fin aux souffrances du pays ». Ban Ki-moon a appelé une nouvelle fois le gouvernement syrien et l’opposition à faire preuve de clairvoyance et de sens de responsabilité. Il a aussi estimé que l’incapacité du Conseil de sécurité de l’ONU et des pays qui ont une influence sur la situation en Syrie n’ont pas soutenu les efforts de Brahimi pour mettre fin à la tragédie syrienne. Une tragédie qui est un « échec pour nous tous ».

 

« Je laisse la Syrie dans une situation difficile », a affirmé pour sa part Lakhdhar Brahimi pendant la conférence de presse. Les Nations Unies et la Ligue arabe sont en train de trouver un nouveau successeur. Selon le secrétaire général de la Ligue arabe, le successeur qui devra être nommé conjointement avec l’ONU ne devra pas « forcément être arabe, mais avoir les poids d’un ancien président ou chef de gouvernement ». Plusieurs sont déjà les candidatures étudiées par les deux organisations internationales, dont celle de l’ex-ministre tunisien des Affaires étrangères Kamel Morjane. La démission du diplomate algérien sera effective le 31 mai 2014, a annoncé le bureau du Secrétaire général de l’ONU.

Antonio Torrenzano

 

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syrie_destruction_guerre_imageSelon Sigrid Kaag, qui dirige la mission intergouvernementale de l’ONU et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), la Syrie n’a pas respecté la date du 27 avril 2014 qu’elle s’était elle-même fixée pour la destruction de son restant stock d’armes chimiques.

 

Le régime syrien doit remettre encore 8% de son arsenal qu’il avait promis de livrer au plus tard dimanche, a annoncé la chef de mission ONU. Sigrid Kaag a par ailleurs appelé la Syrie à détruire le stock restant « dans les plus brefs délais » et à respecter ses obligations. Il reste « 7,5 à 8% du matériel d’armes chimiques […] encore dans le pays, sur un site spécifique », a-t-elle dit. « Près de 6,5% d’armes chimiques doivent être évacués pour être détruits à l’extérieur du pays », tandis qu’un « petit pourcentage » doit être détruit sur place.

 

Le régime syrien avait récemment fait l’objet de critiques pour ne pas avoir respecté les délais de livraison de ses stocks d’agents chimiques, qui peuvent devenir des gaz mortels s’ils sont mélangés. Le 6 février 2014, le Conseil de sécurité de l’ONU avait adressé au régime de Damas un avertissement en lui demandant de « respecter ses obligations » et d’accélérer le transport hors de Syrie de ses armes chimiques.

 

La Syrie s’était engagée à détruire son arsenal chimique dans le cadre d’un accord russo-américain du mois de septembre 2013. L’accord,approuvé par l’ONU, avait évité la perspective d’une frappe américaine contre le régime syrien accusé malgré ses démentis d’avoir mené une attaque chimique près de Damas ayant fait des centaines de morts en août 2013. Le protocole obligerait le régime de Damas à détruire tout son arsenal d’armes chimiques au 30 juin 2014.

 

Antonio Torrenzano

 

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Après trois ans de conflit, la Syrie a subi des dégâts qui seront compliqués à réparer. Les données statistiques disponibles sont minimales, mais une estimation reste possible. Le coût de la guerre aurait été de plus de 100 milliards de dollars jusqu’aujourd’hui, c’est-à-dire 170 % du PIB syrien. Certains économistes prévoient que même si la croissance économique syrienne devait être de 5 % au moins chaque année, il lui faudrait plus de 30 ans pour se remettre de la guerre.

 

Avant le conflit en 2009, le produit intérieur brut se répartissait dans les proportions suivantes : agriculture 19 %, industrie 34 % et services 47 %. Depuis 2010, le PIB a été presque divisé par deux. La Syrie exportait avant la guerre près de 92 % de son pétrole vers l’Union européenne et sa production pétrolière d’avant-guerre était de 400.000 barils par jour. Aujourd’hui elle n’est que d’à peine 15.000 barils. La dévaluation de la monnaie continue : le dollar est passé de 47 à 150 livres syriennes. Le secteur du tourisme, par exemple, dont l’activité s’élevait à six milliards de dollars soit 10% du PIB avant le conflit, n’est plus qu’un souvenir à présent. Au mois d’octobre 2013, l’ONU avait estimé que l’économie syrienne avait perdu 103 milliards de dollars entre le début du conflit et la moitié de l’année 2013, dont 49 milliards pour la seule année 2012. Le chômage s’élevait jusqu’au premier trimestre de l’année 2013 à 2.3 millions de postes de travail (surtout de travailleurs) en raison de l’arrêt de nombreuses usines et la fuite d’hommes d’affaires hors du pays avec leurs capitaux. Le résultat aujourd’hui serait le suivant : le taux de chômage s’approche aujourd’hui au 50% et la moitié des 23 millions de Syriens vivent à présent sous le seuil de pauvreté dont 4,4 millions survivent dans une pauvreté extrême, toujours selon les Nations Unies.

 

Selon l’Economist intelligence unit, le PIB syrien atteindra 34 milliards de dollars en 2014, bien loin des 60 milliards enregistrés en 2010. Les sanctions internationales adoptées depuis 2011 ont largement contribué à paralyser de manière principale le secteur bancaire et le secteur pétrolier autant que tous les autres. La faim et l’indigence sont devenues l’ennemi quotidien des masses populaires dans toute la Syrie. L’économiste Jihad Yazigi, responsable du site d’information économique The Syria Report, explique que «l’économie syrienne s’est radicalement transformée et elle a été en grande partie détruite ». De vastes segments de l’économie syrienne, souligne-t-il Jihad Yazigi « ils ont cessé de produire et de nombreux acteurs économiques ont quitté le pays ».

 

Mais, l’économie syrienne a jusqu’à présent évité l’effondrement complet par l’action financière et économique de la Russie et de l’Iran. L’Iran a ouvert en juillet 2013 une ligne de crédit de 3,6 milliards de dollars à faveur du régime de Damas. Moscou, en revanche, l’autre allié du régime est en train de jouer un rôle de soutien industriel pour l’économie du pays. En décembre 2013, Damas a signé un accord autorisant une compagnie russe à rechercher des hydrocarbures dans ses fonds sous-marins. À tous les niveaux, les pertes donc sont importantes : humaines (plus de 140.000 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme), émigrations, pire situation économique.

Antonio Torrenzano

 

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réfugiés_syriens_crise_humanitaire_imageLes réfugiés syriens seront très bientôt les plus nombreux de la communauté internationale. Avec 2,4 millions de réfugiés, les Syriens sont en train de dépasser les Afghans et de devenir les exilés les plus nombreux dans le monde, a souligné le Haut Commissaire de Nations Unies aux réfugiés Antonio Guterres devant l’assemblée générale de l’ONU. « Il est inacceptable qu’une catastrophe humanitaire de cette ampleur puisse avoir lieu sous nos yeux sans la moindre indication d’un quelconque progrès pour arrêter ce bain de sang », a encore affirmé le haut fonctionnaire du Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) Antonio Guterres.

 

Selon le coordonnateur régional pour la Syrie du HCR, 85% des réfugiés syriens ne sont pas logés dans des camps, mais ils vivent au sein des communautés hôtes, ce qui a un impact considérable sur ces communautés qui font déjà face à des problèmes de pénurie, de chômage et de manque de services. 9,3 millions de Syriens, soit près de la moitié de la population, ont besoin d’aide et sur ce total, environ 2,4 millions de personnes ont fui le pays au cours des trois années de guerre civile. Le HCR a indiqué qu’à présent 900.000 réfugiés syriens se trouvent au Liban, 600.000 en Turquie, 590.000 en Jordanie, 215.000 dans le nord de l’Iraq, 135.000 en Égypte, et 20.000 en Afrique du Nord.

 

Le conflit a fait plus de 137.000 morts selon le dernier bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (janvier 2014) en majorité des combattants. L’année 2013 a été la plus meurtrière avec plus de 73.000 morts. La guerre a tué au moins 46.266 civils, en particulier 7000 enfants et 4600 femmes. Au moins, 52.290 soldats et combattants pro-régime syrien et étrangers ont été tués, en particulier 262 membres du Hezbollah chiite libanais et 286 autres combattants chiites non Syriens. Les pertes au sein de l’armée s’élèvent à plus de 32.000 soldats, tandis que rebelles et djihadistes comptent 29.000 morts. Toujours selon l’OSDH, au moins 17.000 personnes sont détenues dans les prisons du régime, tandis que 6000 soldats et miliciens du régime de Damas sont prisonniers des groupes rebelles et djihadistes.

Antonio Torrenzano