Le Conseil des droits de l’homme a examiné le matin 17 mars 2015 le dernier rapport de la commission d’enquête internationale indépendante sur la République arabe syrienne. Le rapport répertorie les violations du droit humanitaire entre septembre 2011 et janvier 2015 et décrit la grave situation humaine et humanitaire de la population syrienne lors de la conférence de presse au Palais de la Nation à Genève. Présentant le rapport de la commission, également composée de Karen Koning AbuZayd, Carla Del Ponte et Vitit Muntarbhorn, son président, M. Paulo Sérgio Pinheiro, a notamment indiqué que les commissaires n’avaient pu se rendre sur le territoire syrien et avaient fondé leur travail sur des entretiens avec les victimes et les témoins oculaires. Le conflit syrien constitue une menace pour toute la région dont Daech représente l’évolution de cette guerre désormais internationale.
Il y a une escalade de la violence sans précédent en Syrie, a déclaré M. Paulo Sergio Pinheiro, président de la Commission, en ajoutant que cette violence est une menace pour toute la région. Paulo Sérgio Pinheiro, président de la Commission d’enquête internationale, a en outre constaté que les civils ont toujours été les premières victimes de la violence depuis les premières manifestations pacifiques il y a tout juste quatre ans et qui ont dégénéré en une guerre civile qui entre dans sa cinquième année.
Les femmes, les enfants, les hommes, les jeunes garçons, les vieillards, les handicapés sont considérés comme des cibles légitimes par les forces gouvernementales, les organisations extrémistes et terroristes. Dans ce le conflit en cours il n’y a aucun respect des règles internationales, pourquoi ? Carla Del Ponte : ” entre les belligérants, tout est permis. Je n’ai jamais vu cela de manière aussi systématique. Dès qu’on attrape un ennemi, on le torture ou on le tue, ou les deux. C’est incroyable. C’est le règne de la vengeance et de la cruauté. Le problème, c’est que nous avons besoin d’une volonté politique pour la création d’un tribunal chargé de juger les auteurs de crime de guerre, car sinon, ce sera une tragédie pour la justice internationale”.
Face à cette culture d’impunité qui prévaut dans le pays, la commission juge absolument nécessaire la mise en œuvre effective d’une stratégie coordonnée d’imputabilité. Le président du Conseil des droits de l’homme, M. Joachim Rücker, a affirmé que le rapport fait froid au dos, pourquoi ? Carla Del Ponte : ” les violations des droits de l’homme sont commises de fait de toutes les parties en conflit. Les horreurs dépassent celles de la guerre des Balkans. Dans les Balkans, on a tué, c’était déjà assez grave. Mais, la situation est pire: on ne tue pas seulement, on torture avant. Et ces fanatiques pratiquent une torture lente pour que la mort soit la plus lente et la plus douloureuse possible “.
Le rapport narre une situation abominable, d’enfer. Il n’y a pas des limites à la puissance destructrice de tous les groupes extrémistes et gouvernementaux, cela sur une échelle sans précédent. Carla Del Ponte : “Je n’ai plus de mots pour décrire la gravité des crimes perpétrés dans la région. Alors que le nombre de victimes ne cesse d’augmenter, leurs histoires et leurs souffrances semblent toujours plus étouffées par l’ampleur de la tragédie. Les crimes commis sont abominables, il n’y a pas de différence. Il n’y a pas des bons et des méchants, ils sont tous méchants, car tous commettent des crimes…”
Antonio Torrenzano