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Les pourparlers de paix sur la Syrie ont repris lundi 10 juillet à Genève sous l’égide des Nations Unies, avec l’espoir de réaliser de significatives avancées alors que le conflit ravage le pays depuis six ans. Ces négociations interviennent une semaine après la fin de discussions à Astana au Kazakhstan entre la Russie, l’Iran et la Turquie portant notamment sur l’établissement de plusieurs zones de désescalade.

Le round, qui devrait se tenir jusqu’au 14 juillet, a commencé lundi dans la matinée par une rencontre entre Staffan de Mistura et la délégation du gouvernement syrien. Le médiateur de l’ONU a ensuite rencontré les différents représentants de l’opposition, dont ceux du Haut Comité syrien pour les Négociations. La délégation du régime de Damas a été donc la première à ouvrir la septième séance des rencontres. L’ambassadeur syrien aux Nations Unies Bachar al-Jaafari n’a fait aucune déclaration contrairement à l’envoyé de l’ONU qui a souligné que la semaine allait être intensive.

De sa part la délégation du principal groupe d’opposition politique, le Haut Comité des négociations, a admis au contraire d’avoir de modestes attentes. Pour le Haut Comité, la priorité serait de pouvoir maintenir le processus politique de Genève face aux «tentatives de la Russie de détourner l’attention à Astana», a dit l’un de ses porte-parole Yehia al-Aridi.

S’exprimant lors d’une conférence de presse à l’issue de la première journée de discussions, le diplomate Staffan de Mistura a jugé que «les possibilités de progrès sont plus élevées que dans le passé. Nous assistons peut-être à une phase de simplification du conflit le plus complexe qui existe actuellement», a-t-il ajouté, en mentionnant le pacte russo-américain sur un cessez-le-feu dans le sud de la Syrie et la victoire sur le groupe État islamique à Mossoul en Irak.

Le septième cycle de discussions est axé sur quatre dossiers: la rédaction d’une nouvelle Constitution, la gouvernance (transition politique), la tenue d’élections et la lutte contre le terrorisme. Les précédents rounds n’ont pas abouti à des avancées concrètes. Sur le terrain, la trêve décidée par le président américain Donald Trump et le chef russe Vladimir Poutine au G20 d’Hambourg semblerait être honorée jusqu’à présent.

Antonio Torrenzano

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La mosquée Al-Nouri et le minaret penché de Mossoul ont été réduits en poussière à coup d’explosifs par Daech. Son histoire et son architecture hors du commun en faisaient le symbole de la vieille ville. L’un des emblèmes du patrimoine religieux irakien, un symbole d’identité.

Dans un communiqué de presse, la chef de l’UNESCO Irina Bokova a déploré la destruction du minaret Al-Hadba et de la mosquée Al-Nuri à Mossoul, qui «figuraient parmi les sites emblématiques de la ville et étaient des symboles de résilience et d’appartenance ».

Située dans l’ouest de Mossoul, la Grande mosquée d’Al-Nouri était considérée comme l’une des principales mosquées d’Iraq. Bâtie entre 1171 et 1173 sous l’ordre de Nur ad-Din, l’une des figures principales de la contre-croisade, la mosquée Al-Nouri était célèbre pour l’inclinaison de son minaret haut de 45 mètres. Cette particularité architecturale était devenue au fil du temps un véritable signe symbolique. La tradition en effet affirmait que l’inclinaison était un témoignage de vénération à l’isra, le voyage nocturne du Prophète Mohammed, raconté dans la 17e sourate du Coran.

En aout 2014 après la prise de la ville, l’État islamique nourrissait l’intention de détruire la mosquée Al-Nouri ainsi que d’autres édifices religieux ou historiques, qualifiés selon l’organisation terroriste d’idolâtres. Paradoxalement, le 3 juillet 2014 à l’intérieur du monument, Abou Bakr al-Baghdadi s’était autoproclamé calife de l’État islamique.

Cette nouvelle destruction marque encore plus les blessures de la société irakienne déjà affectée par une tragédie humanitaire sans précédent. Depuis le début de l’offensive à Mossoul, lancée en octobre 2017, entre 750.000 et 800.000 personnes ont été déplacées et un grand nombre d’entre elles sont aujourd’hui captives ou utilisées comme boucliers humains. En Irak, selon l’ONU, trois millions de personnes sont déplacées et 6,2 millions d’individus nécessitent une aide humanitaire d’urgence.

Antonio Torrenzano

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Après la cérémonie d’ouverture au théâtre grec de Taormine et la photo de famille, les chefs d’État et de gouvernement des pays les plus riches du monde ont entamé leurs réunions selon le calendrier fixé par la présidence italienne à Taormine.

Le premier ministre italien Paolo Gentiloni, à la fin du premier après-midi de travail, a communiqué à la presse que les sept dirigeants politiques ont signé une déclaration commune contre le terrorisme international. La première journée du G7 a réaffirmé la cohésion de ses membres sur le terrorisme après l’attentat meurtrier de Manchester en Grande-Bretagne qui a fait 22 morts, dont de nombreux enfants. Dans la déclaration, les membres condamnent “de manière ferme le terrorisme et toutes ses manifestations […]”. La lutte à la terreur reste une des plus grandes priorités des membres du sommet G7. Les mêmes seront en outre unis à préserver de toute manière leurs valeurs démocratiques et leurs styles de vie.

Le premier ministre britannique Theresa May, qui rentrera déjà ce vendredi soir à Londres, a communiqué pendant sa conférence de presse que les sept membres ont mis au point de nouvelles réponses pour combattre le terrorisme islamiste et DAECH sur le terrain et sur le Web. Les États travailleront avec les entreprises du Net pour bloquer et effacer toute propagande terroriste, la haine et toute possible radicalisation. L’organisation de l’État islamique – a affirmé le premier ministre britannique Theresa May – reste encore une menace puissante. Après ses défaites en Syrie et en Irak, DAECH reste solide en Lybie et beaucoup des rebelles sont en train de retourner en Europe. À ce sujet, le premier ministre britannique a reçu l’appui du président français Emmanuel Macron qui a promis son aide dans cette lutte. 

Les deux se sont rencontrés également en bilatérale. Theresa May a eu aussi une rencontre bilatérale avec le président américain qui a réaffirmé sa volonté de conclure avec la Grande-Bretagne un nouvel accord commercial après le divorce avec l’Union européenne. Sur le phénomène des migrations en Méditerranée et la brulante question des migrants qui fuient du Proche-Orien et de l’Afrique, un compromis semblait se dessiner en mettant en avant la nécessité d’une approche globale et non uniquement axée sur l’aspect sécuritaire de ce problème historique du XXI siècle.

En ce qui concerne, au contraire, les autres dossiers des pourparlers de Taormine, de manière particulière échanges commerciaux, rôle de l’Otan, traités de libre-échange et climat, les divergences restent nombreuses et profondes entre Américains et Européens. Le sommet s’achève dans moins de 24h : les sherpas travailleront toute la nuit pour rédiger une possible déclaration qui puisse conjuguer les différentes opinions.

Antonio Torrenzano

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Les graves violations contre les enfants en Syrie ont atteint un niveau record en 2016, assure l’Unicef, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance, dans un rapport publié lundi 13 mars. Dans un communiqué, l’agence onusienne a souligné que les cas vérifiés de meurtres, de mutilations et de recrutements d’enfants ont augmenté de manière significative l’année dernière dans un contexte d’escalade drastique de la violence dans tout le pays.

Selon ce nouveau bilan sur l’impact du conflit sur les enfants rédigé par l’agence onusienne, au moins 652 mineurs ont été tués l’année dernière – soit une augmentation de 20 % par rapport à 2015 – faisant de 2016 la pire année pour les enfants de Syrie depuis que la vérification formelle des incidents contre les enfants a débuté en 2014. Parmi ces victimes, 255 enfants ont été tués dans ou à proximité d’une école. Le Fonds a également recensé pas moins de 338 attaques contre des hôpitaux et du personnel médical.

Le mémorandum affirme en outre qu’en 2016 plus de 850 enfants ont été recrutés pour participer au conflit, soit plus du double du nombre enregistré en 2015. Les enfants sont utilisés et recrutés pour se battre directement sur les lignes de front et assument des rôles de plus en plus liés aux combats, y compris, dans des cas extrêmes, ceux de bourreaux, kamikazes ou gardiens de prison.

Les enfants les plus vulnérables en Syrie sont les 2,8 millions qui vivent dans les zones difficiles d’accès, notamment les 280.000 enfants vivant dans des zones assiégées, pratiquement coupées de toute aide humanitaire. Après six ans de guerre, près de 6 millions d’enfants dépendent maintenant de l’aide humanitaire, un chiffre multiplié par douze depuis 2012. Des millions d’enfants sont déplacés, certains jusqu’à sept fois. Plus de 2,3 millions d’enfants sont maintenant réfugiés en Turquie, au Liban, en Jordanie, en Égypte et en Irak.

« Le degré de souffrance est sans précédent. Des millions d’enfants en Syrie sont attaqués chaque jour. Leur vie est complètement bouleversée », a déclaré depuis Homs, en Syrie, le Directeur régional de l’UNICEF pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Geert Cappelaere. «Chaque enfant est marqué à vie, avec des conséquences terribles sur sa santé, son bien-être et son avenir ».

Antonio Torrenzano

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Les nouveaux pourparlers de Genève, après trois sessions ratées en 2016, se sont ouverts jeudi dernier, mais rien ne semble réellement avancer au septième jour de discussions sous l’égide des Nations Unies.

Les délégations du régime et de l’opposition n’ont pas encore dialogué directement et les points à l’ordre autant que le processus à suivre font encore objet de débat. L’opposition souhaite aborder les questions relatives à la transition politique, alors que le régime veut prioritairement parler de la lutte contre le terrorisme.

Le chef des négociateurs de l’opposition syrienne à Genève, Nasr al-Hariri, a appelé la nouvelle administration américaine à jouer un rôle constructif dans la recherche d’une solution politique au conflit. Les États-Unis font de la lutte contre le groupe jihadiste État islamique la priorité de leur politique au Moyen-Orient, mais n’ont pas encore indiqué quel rôle ils entendaient jouer dans la recherche d’une solution politique au conflit.

De sa part, la Russie, qui joue gros dans le processus, multiplie les rencontres bilatérales pour tenter de sortir les négociations de l’enlisement. Moscou a accusé jeudi le principal groupe de l’opposition syrienne participant à la conférence de Genève de chercher à saboter le processus. “Le prétendu Haut Comité pour les négociations refuse de coopérer sur un pied d’égalité avec les plates-formes de Moscou et du Caire (deux groupes plus restreints de l’opposition qui ont les faveurs de la Russie) et il sabote dans les faits un dialogue véritable”, a déclaré Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.

La paralysie semble être générale autour du dossier syrien. Aucune question de procédure et, encore moins, de fond ne semble réglée.

Sur le terrain, les forces du régime de Damas ont repris jeudi, selon Moscou et l’armée syrienne, la ville historique de Palmyre aux jihadistes de DAECH. Cette oasis située dans le centre de la Syrie change une nouvelle fois de main. Elle avait été conquise en mai 2015 par l’État islamique, reprise par le régime en mars 2016 avant de retomber dans les mains des jihadistes encore une fois au mois de décembre 2016. L’EI s’est totalement retiré de Palmyre, a également indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme. Depuis 2015, les jihadistes ont détruit les plus beaux temples de cette cité vieille de plus de 2.000 ans et inscrite par l’UNESCO au patrimoine mondial de l’humanité.

Le conflit syrien, qui va entrer le 15 mars dans sa septième année, a fait plus de 310.000 morts et des millions de réfugiés dans la région et en Europe.

Antonio Torrenzano

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sommet_astana_pourparlers_2017_imageLes nouveaux pourparlers de paix entre rebelles syriens et la délégation du régime de Damas ont débuté lundi 23 janvier à Astana au Kazakhstan. À Astana, les pourparlers, qui devraient  durer au moins deux jours, ont été ouverts à l’hôtel Rixos par le ministre kazakh des Affaires étrangères, Kaïrat Abdrakhmanov, devant les deux délégations. Moscou, la Turquie et l’Iran sont les parrains de la conférence qui a débuté lundi dans  la capitale du Kazakhstan.

Il s’agit d’abord évidemment de consolider le cessez-le-feu, a déclaré le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov. Cette trêve, en partie respectée, ne concerne pas les territoires tenus par les jihadistes de DAECH et du groupe Fateh el-Cham (ancienne branche syrienne d’el-Qaëda). Le deuxième objectif est, selon Moscou, de persuader les chefs des combattants à une paix négociée par un processus politique.

Après les vaines tentatives d’établir la paix à Genève en 2012, 2014, 2016; la réunion d’Astana devient alors un vrai test de la vision diplomatique russe pour mettre fin à la guerre. Cette réunion pourrait-elle  devenir une nouvelle chance après l’échec des précédents pourparlers ? À présent il y a une seule certitude, les deux délégations syriennes reprennent le chemin politique pour une éventuelle fin négociée du conflit. Les membres des délégations sont arrivés dans la journée de dimanche dans la capitale kazakhe pour le sommet. Les Kurdes n’ont pas été invités à y participer.

Rebelles et représentants du régime syrien ont tous assuré que leurs discussions seront avant tout centrées sur le renforcement de la trêve, sur la mise en place des mécanismes de surveillance et sur la possibilité de faire avancer des solutions politiques après six ans de guerre. 

D’un point de vue de l’évolution militaire en Syrie, ces pourparlers consacrent le changement stratégique qui s’est opéré dans le Pays après l’intervention de l’armée russe et le désengagement progressif de l’administration Obama. Toujours lundi, le nouveau porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer, a affirmé que les États-Unis seraient  prêts à mener des opérations conjointes avec l’armée russe contre les jihadistes de Daech.

Antonio Torrenzano

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syrie_alep_image_2016À l’occasion de sa dernière conférence de presse près du siège des Nations Unies à New York, le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon a qualifié le carnage en Syrie de «trou béant dans la conscience mondiale». La ville d’Alep «est désormais synonyme d’enfer», a déclaré encore le secrétaire devant la presse internationale.

«Comme je l’ai dit au Conseil de sécurité, nous avons collectivement laissé tomber le peuple syrien. La paix ne prévaudra que si elle est accompagnée de compassion, de justice et si les responsables des crimes abominables que nous avons observés rendent des comptes».

De sa part, le Conseiller spécial de Staffan de Mistura, Jan Egeland s’est dit convaincu que l’histoire d’Alep restera comme « un chapitre noir dans l’histoire des relations internationales ».

Antonio Torrenzano

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conflit_syrien_refugiés_imageLa paix est répudiée en Syrie. Encore une fois, les civils en paient le prix fort. Le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) a annoncé mercredi qu’au moins 96 enfants ont été tués et 223 ont été blessés dans la partie est de la ville syrienne d’Alep. «Les enfants d’Alep sont pris au piège dans un cauchemar », a déclaré dans un communiqué le Directeur exécutif adjoint de l’UNICEF, Justin Forsyth. « Il n’y a pas assez de mots pour décrire la souffrance qu’ils vivent», a-t-il ajouté.

Le système de santé dans la partie est d’Alep est en ruine avec le départ d’environ 30 médecins. Il ne reste pratiquement aucun équipement ou médecine d’urgence pour soigner les blessés alors que la ville connait un nombre toujours croissant de cas de traumatismes. «Rien ne peut justifier de telles agressions sur les enfants et un tel mépris total de la vie humaine», a dit encore Justin Forsyth. « La souffrance, et le choc chez les enfants, sont certainement le pire que nous avons vu», a-t-il souligné.

À l’échelle diplomatique, la situation entre Washington et Moscou reste toujours dans l’impasse. L’administration américaine de Barack Obama semble alterner sa politique entre la tentation de trouver un accord de paix en Syrie et celle de ne pas laisser devenir la Russie un acteur important dans la région. Mais de manière générale, la politique américaine en Syrie est fragile depuis longtemps: l’administration Obama quasi à la fin de son mandat présidentiel n’a pas un projet politique pour l’avenir de ce Pays. Pour Washington, la Syrie est seulement une zone de passage stratégique pour le transit de l’énergie, notamment depuis la découverte en Méditerranée de ressources pétrolières et gazières. Le silence de l’Union européenne et sa quasi-absence du dossier font penser de l’Europe la même chose. Ce sont les hydrocarbures qui déterminent les positionnements géostratégiques des puissances occidentales et de leurs alliés. La question énergétique intervient en effet à plusieurs niveaux dans ce conflit. Enfin, les États-Unis doivent également faire face à un autre élément dans le dossier syrien : le rapprochement turco-russe. Ces nouvelles relations, jugées inattendues par de nombreux diplomates après l’attaque d’un bombardier russe par les forces d’Ankara en novembre 2015, compliquent le panorama en ce qui concerne les analyses américaines. Neutraliser la Russie, devenue un acteur de premier plan dans le conflit, reste alors un objectif prioritaire des États-Unis. À présent, l’objectif reste donc d’empêcher un vrai processus de négociation tant que le régime de Bachar Al Assad est encore au pouvoir.

De sa part il y a tout juste un an, Moscou a débuté sur le terrain syrien par ses opérations militaires en soutien au régime de Damas en dévoilant des armements jamais utilisés : bombardiers, systèmes de missiles multirôles, un nouveau GPS, collecte d’informations. Les bombardements sur le convoi humanitaire du 19 septembre et sur la ville d’Alep le 23 septembre ont encore plus éloigné la possible collaboration politique parmi les deux puissances mondiales. Les sièges des Nations Unies sont donc devenus les lieux d’un affrontement verbal quotidien entre Washington et Moscou. «Ce que fait la Russie, c’est de la barbarie», a martelé Samantha Power, ambassadrice des États-Unis auprès de l’ONU, en oubliant toutefois que son Pays fournit des armes, payées par les Saoudiens, à des groupes liés à al-Qaida. De leur côté, les autorités russes ont dénoncé la «passivité» face à DAECH et ont réclamé une enquête minutieuse sur l’attaque du convoi humanitaire détruit le 19 septembre 2016. Cette semaine, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a décidé de créer la commission d’enquête interne sur l’attaque au convoi des camions. Cette commission «sera chargée d’enquêter sur l’incident concernant une opération de secours conjointe de l’ONU et du Croissant-Rouge arabe syrien à destination d’Urum al-Kubra, en Syrie, le 19 septembre», a annoncé le porte-parole du Secrétaire général dans une déclaration à la presse.

Les discussions qui se déroulent à l’ONU autour d’Alep mettent en lumière les obstacles qui se dressent en Syrie, dans la lutte contre Daech, mais également contre l’ancien Front al-Nosra (al-Qaida). L’urgence de sortir de la guerre est pour l’instant non prioritaire. Les différents acteurs du conflit qui ravage la Syrie et menace toute la région veulent-ils vraiment la paix ?

Antonio Torrenzano

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devastations_sans_fin_syrie_imageLa guerre en Syrie a fait plus de 300.000 morts depuis sa naissance au mois de mars 2011, a indiqué aujourd’hui l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) en publiant un nouveau dossier en ce qui concerne les violences et les décès causés par ce conflit dévastateur.

Ce nouveau bilan a été annoncé au lendemain de l’entrée en vigueur de la nouvelle trêve négociée entre Russes et Américains pour essayer de mettre fin au conflit. Selon l’OSDH, le nombre de disparitions a atteint 301.781 parmi lesquels 86.692 civils dont 15.099 enfants à la date du 12 septembre. Les civils sont en train de payer un lourd tribut dans les violences de cette guerre.

Sur le terrain, les armes se sont tué lundi soir après l’entrée en vigueur du compromis par la Russie et les États-Unis, énième effort pour mettre un terme à plus de cinq ans de conflit. “C’est globalement calme sur tous les fronts, surtout dans les régions de Damas, d’Alep et d’Idleb, hormis quelques roquettes tirées dans le sud juste après le début de la trêve“, a dit à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien ds droits de l’Homme, en allusion aux principales zones de combats entre rebelles et régime. Cet accord ne s’applique pas toutefois aux zones contrôlées par DAECH et le Front Fatah al-Cham. Si la trêve tient, cette cessation des hostilités devrait déboucher sur une collaboration entre Moscou et Washington contre les deux groupes terroristes. Elle devra également permettre l’acheminement d’aides humanitaires aux zones assiégées, notamment dans la ville divisée d’Alep.

Antonio Torrenzano

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syrie_treve_12septembre2016Dans la nuit de dimanche à lundi 12 septembre, une trêve dans une large partie du territoire syrien devrait faire cesser la violence et toutes hostilités sur le terrain. Moins de sept mois après l’accord de cessation des hostilités (entré en vigueur le 27 février 2016, mais violé par tous les acteurs du conflit), une nouvelle trêve devrait permettre l’entrée de l’aide humanitaire de l’ONU dans les zones assiégées.

Cet accord, négocié depuis le mois de juillet par le secrétaire d’État américain John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov, se base sur plus de cinq documents restés confidentiels par une commune entente entre Washington et Moscou. Le régime syrien et ses alliés ont approuvé samedi 10 septembre le cessez-le-feu. L’opposition l’a accueilli avec circonspection. L’Iran a salué de manière favorable le compromis en appelant les autres acteurs la mise en place d’un «mécanisme de surveillance, en particulier du contrôle des frontières ». Le Hezbollah libanais a de même annoncé son soutien au cessez-le-feu. Même approche favorable en Turquie qui mène depuis la fin août une offensive dans le nord de la Syrie contre l’État islamique et les Kurdes. Cet accord ne s’applique pas toutefois aux zones contrôlées par DAECH et le Front Fatah al-Cham.

De son côté, l’opposition politique en exil a manifesté ses doutes après les nouveaux bombardements meurtriers de samedi 10 septembre et de dimanche. L’absence d’un mécanisme de contrôle de l’arrêt des combats laisse certains observateurs sceptiques sur l’efficacité de ce compromis dans la longue durée. Le conflit a déjà fait plus de 290.000 morts depuis 2011. La réalité habituelle en Syrie est inacceptable. L’économie syrienne a perdu 202,6 milliards de dollars entre le début du conflit en mars 2011 et fin 2014, soit près de quatre fois le PIB du pays. Le déficit budgétaire était de 35,7 % en 2013, de 40,5 % en 2014 et le ratio de couverture des importations par les exportations a dégringolé, passant de 82,7 % en 2010 à 29,7 % en 2014. De sa part, la devise ne cesse de flamber : il est passé de 50 LS pour un dollar avant le conflit à 340 LS à présent.

Parmi les milliers d’usines disparues, on peut citer celles des multinationales Nestlé et Total, cette dernière fabriquait des lubrifiants dans la région entre Damas et Homs. D’autres usines, notamment celles de la région industrielle d’Alep, l’ancienne capitale économique, ont été soit détruites, soit démantelées et réinstallées dans des pays comme la Turquie. Avant le conflit, le montant des réserves en divises était estimé à 21 milliards de dollars. Aujourd’hui, le même s’est effondré. L’État syrien a accru de façon remarquable sa dépendance financière vis-à-vis de ses principaux alliés: la Russie et l’Iran. En 2013, l’Iran a accordé à la Syrie 4,6 milliards de dollars, dont 3,6 milliards sous forme de facilités de paiement (uniquement consacrés aux importations de pétrole) et un milliard pour financer des importations diverses.

Qu’est-ce qu’il arrivera depuis mardi ? Une impasse de longue durée avec ces conditions sociales risque de faire perpétuer le conflit dont personne ne saurait plus prédire l’issue.

Antonio Torrenzano