Les Nations Unies ont annoncé un nouveau cycle des rencontres entre les représentants du gouvernement de Damas et de l’opposition syrienne à Genève à partir du 25 janvier 2016. La tenue de ces discussions en Suisse fait suite à l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une feuille de route pour une solution politique du conflit qui est entré dans sa cinquième année.
Le 19 décembre 2015, le Conseil de sécurité des Nations Unies avait voté une résolution sur un processus de paix et sur une transition politique en Syrie en ouvrant la voie à un premier cessez-le-feu. La résolution du 19 décembre 2015 a été une entente inédite : pour la première fois, les membres du Conseil de sécurité ont adopté à l’unanimité, y compris la Russie, une décision qui établit une solution politique du conflit. Outre aux négociations opposition-régime et le cessez-le-feu, les textes prévoient un gouvernement de transition dans les six mois et des élections dans les 18 mois. Le médiateur de l’ONU Staffan de Mistura espère réunir encore une fois dans la ville genevoise les acteurs principaux de la guerre. Le médiateur des Nations Unies dit «compter dans ce processus sur la totale coopération des parties syriennes concernées» en estimant que «les développements sur le terrain ne doivent pas faire dérailler ce processus». Damas est prêt à participer au nouveau cycle de réunions, l’a annoncé à Pékin le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem en visite en Chine.
De nombreuses questions restent toutefois encore ouvertes et sans une réponse. La Syrie n’a jamais connu d’élections libres. En outre, comment tenir un scrutin politique sur le territoire de Daech et d’Al Nosra ? DAECH administre un territoire de plus de 200 000 km² à cheval sur la Syrie et l’Irak sur lequel vit une population estimée à une dizaine de millions d’individus. Il faudra d’abord restaurer le concept d’État et les pouvoirs centraux du Pays syrien, sinon Daech ou d’autres groupes continueront à prospérer. Le concept d’État, dans la région, est une notion très récente. Les pouvoirs tribaux en Syrie pensent au contraire en termes d’État-Territoires et pas d’État-nation. Remplacer un dictateur par un autre provoquera seulement d’autres chaos. En Tunisie, la société était prête à ce changement et tout cela a fonctionné, mais en Syrie la situation est distincte.
Les grandes puissances continuent de s’opposer sur la destinée à réserver dans une transition au président Bachar al-Assad. Les Pays occidentaux et l’opposition syrienne veulent son départ rapide du pouvoir, contrairement à Moscou et Téhéran. Bachar est soutenu par les Russes et les Iraniens qui ne le lâcheront jamais, contrairement à ce que certains annoncent régulièrement. Les Occidentaux ont au contraire une crédibilité fragile pour avoir été toujours trop faible à faire remarquer à la Turquie et à l’Arabie Saoudite, anciens mécènes financiers de l’État islamique, leurs responsabilités. Enfin, au Moyen-Orient il est en train de se dérouler une lutte sanglante et communautaire entre Kurdes, Arabes, sunnites, chiites, alaouites pour une nouvelle composition politique. Le monde musulman est traversé d’un conflit sanglant. Toutes ces convulsions dérivent d’un processus historique commencé depuis longtemps; mais, dans cette occasion dans la région pourrait se jouer un nouvel avenir géopolitique et géostratégique.
Antonio Torrenzano