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refugee_camp_yarmouk_imageL’État islamique a pris mercredi le contrôle d’une grande partie du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, un quartier de Damas. C’est la première fois que l’organisation jihadiste, qui contrôle depuis 2013 de vastes régions du nord syrien, pénètre dans des lieux pas loin de la capitale syrienne. Le camp est situé à environ sept kilomètres du centre de Damas.

Selon le directeur des affaires politiques de l’OLP en Syrie, des combats étaient en cours déjà mercredi soir entre djihadistes et groupes armés palestiniens. Pour la première fois, Daech, qui contrôle depuis 2013 de vastes territoires syriens, se rapproche dangereusement de la capitale syrienne. Avec plus de 150.000 habitants avant la guerre civile, le camp de Yarmouk était devenu une véritable ville, dotée d’écoles, d’hôpitaux, de commerces.

Un processus accompagné durant 50 ans par l’UNRWA, l’organisme de l’ONU qui supervise l’aide aux réfugiés palestiniens. Mais depuis 2012, le camp s’est retrouvé sous les tirs croisés de l’armée syrienne, des groupes rebelles syriens et des factions palestiniennes. Le siège mené par le gouvernement de Damas avait poussé la population à l’exil ou à la misère. Dernièrement, seules 18.000 personnes vivaient, ou survivaient, encore dans ce camp.

En février 2014, les groupes rebelles syriens s’étaient toutefois retirés du camp en laissant l’endroit sous l’autorité des groupes palestiniens. Selon la BBC, une entente pour l’acheminement d’aide humanitaire était sur le point d’aboutir quand le camp a été pris d’assaut mercredi matin par les djihadistes de l’État islamique, qui ne se sont pas battus contre l’armée syrienne, mais contre un groupe palestinien opposé au régime de Damas.

Antonio Torrenzano

 

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syria_briefing_security_council_30_october_2014Pendant la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation en Syrie, la Sous-Secrétaire générale des Nations Unies aux affaires humanitaires, Kyung-wha Kang, a souligné que la poursuite des violences en Syrie aggraverait la crise humanitaire.

«La situation en Syrie s’aggrave», a dit Kyung-wha Kang. La Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires, qui s’exprimait au nom de la Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires, Valerie Amos, a déclaré que la poursuite des violences à travers le pays est la cause principale de l’aggravation de la situation humanitaire en Syrie. Elle a indiqué qu’au mois de septembre 2014, des attaques indiscriminées contre des zones densément peuplées, y compris contre des écoles et des hôpitaux, avaient fait de nombreuses victimes civiles.

En octobre, le bombardement d’une école à Homs avait fait 50 morts, dont 29 enfants. «Le 27 octobre, deux autres écoles de la partie d’Alep contrôlée par le gouvernement syrien ont été bombardées». Au cours du mois dernier, «200.000 personnes ont fui l’avancée brutale de l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL), cherchant refuge en Turquie». «Presque 14.000 personnes ont cherché refuge en Iraq en augmentant le nombre de réfugiés et d’individus déplacés dans ce pays», a-t-elle détaillé. La Sous-Secrétaire générale a communiqué de plus que l’EIIL et d’autres parties au conflit en Syrie ont détruit villages et villes dans la plus grande impunité. «Le 25 octobre, un petit camp de personnes déplacées à Idlib a été la cible de ce type de bombardement, causant la mort de nombreuses personnes, dont des femmes et des enfants», a-t-elle ainsi signalé. L’acheminement de l’aide humanitaire dans certaines des zones les plus touchées par le conflit ne peut pas toujours se dérouler, a-t-elle ajouté. Pour sa part, le Programme alimentaire mondial (PAM) se trouve, dans certaines occasions, dans l’incapacité de porter assistance aux quelque 600 000 personnes visées par l’EIIL dans les gouvernorats de Deir ez-Zorand et de Raqqa.

Kyung-wha Kang a exhorté en outre la communauté internationale à honorer son engagement de financement pour l’exploitation du secours humanitaire. La sous-secrétaire générale des Nations Unies aux affaires humanitaires a aussi souligné que près d’un million de personnes est dans le besoin et que seulement 39% de l’appel humanitaire d’un montant de 2,3 milliards de dollars a été financé. «Les conséquences sont dramatiques: l’aide alimentaire va être réduite, et ce sont plus de 4 millions de Syriens qui vont en pâtir. Un million de personnes ne recevront ni couvertures, ni vêtements chauds, ni fuel pour faire face à l’hiver», a-t-elle prévenu. « J’appelle donc la communauté internationale à redoubler d’efforts pour que nous puissions répondre à des besoins de la population».

Antonio Torrenzano

 

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conseil_securite_onu_imageLe Conseil de sécurité de l’ONU a autorisé lundi 14 juillet une nouvelle action humanitaire destinée à la Syrie. Les convois humanitaires suivront un chemin par les frontières extérieures du pays sans la permission de Damas. Tout ça permettra d’aider un million de civils dans des zones tenues par l’opposition.

La résolution a été adoptée à l’unanimité, y compris par la Russie et la Chine. Les négociations sur le texte ont duré cinq semaines. Moscou proposait un contrôle des camions laissant au gouvernement syrien un droit de regard alors que les Occidentaux refusaient que Damas puisse ralentir l’acheminement de l’aide. Cette résolution est valable pour six mois et devra être renouvelée par le même Conseil de sécurité.

Les passages transfrontaliers se feront par quatre points, dont deux en Turquie (Bab al-Salam et Bab al-Hawa), un en Irak (Al Yarubiyah) et un en Jordanie (Al-Ramtha). Le chargement des camions sera soumis, avant de franchir la frontière, à un «mécanisme de contrôle» établi par l’ONU «afin de confirmer la nature humanitaire » et les autorités syriennes seront simplement informées. Aux termes de la résolution, le Conseil «décide que les agences humanitaires de l’ONU et leurs partenaires sont autorisés à utiliser des itinéraires à travers les lignes de front et les points de passage frontaliers de Bal al-Salam, Bab al-Hawa, Al Yarubiyah et Al-Ramtha, en plus de ceux déjà en usage», dans le but de secourir les civils «par les voies les plus directes».

L’ONU estime que ce système devrait permettre de ravitailler en nourriture et médicaments entre 1,3 et 1,9 million de civils supplémentaires, dans des zones tenues par la rébellion armée. Selon les Nations Unies, 10,8 millions de Syriens ont besoin de secours, trois millions de Syriens se sont aussi réfugiés dans les pays voisins et le conflit a fait plus de 170.000 morts depuis mars 2011.

Antonio Torrenzano

 

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Le diplomate italo-suédois Staffan de Mistura est le nouveau médiateur de l’ONU pour le conflit syrien. Staffan de Mistura succède à l’Algérien Lakhdar Brahimi en héritant une mission jugée impossible par de nombreux diplomates. Staffan de Mistura, 67 ans, a la double nationalité italienne et suédoise. Il a occupé différents postes à l’ONU, en particulier représentant de l’ONU pour pour le Liban (2001-2004), pour l’Irak (2007-2009), pour l’Afghanistan (2010-2011). Staffan de Mistura a aussi été directeur adjoint du Programme alimentaire mondial.

Le prédécesseur de Staffan de Mistura, Lakhdar Brahimi a démissionné après deux ans d’efforts infructueux pour régler un conflit qui en Syrie a fait plus de 170 000 morts depuis 2011. Avant lui, l’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan avait jeté l’éponge après seulement six mois en 2012. La nomination a été confirmée au Conseil de sécurité de l’ONU et annoncée officiellement par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon. Le même, dans une conférence de presse, avait prévenu la communauté internationale en affirmant que le nouveau médiateur «n’aura pas de baguette magique» pour régler le conflit.

Dans une interview au quotidien The Guardian, le vice-ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal Moqdad a affirmé que Damas tente toujours de trouver une solution politique au conflit malgré l’échec des négociations de Genève. Interrogé sur la nomination de Staffan de Mistura au poste d’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, le vice-ministre a répondu que ce dernier devait rester neutre et reconnaître l’élection de Bachar el-Assad pour un nouveau mandat présidentiel. « Les Britanniques, les Américains, les Français et les Européens dans leur ensemble doivent changer et s’adapter aux nouvelles réalités en Syrie. Ils doivent respecter la volonté du peuple syrien. J’espère qu’il en sera ainsi, même si j’en doute », a conclu le diplomate.

De sa part, l’opposition syrienne au régime de Damas a choisi son nouveau représentant: elle a élu Hadi Al-Bahra comme son nouveau chef. La coalition syrienne est reconnue par plusieurs pays, dont les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France, comme la seule représentante légitime de l’opposition syrienne. Hadi Al-Bahra est un ingénieur industriel qui a fait ses études aux États-Unis et qui parle couramment l’anglais. Il a passé la plus grande partie de sa vie en Arabie Saoudite où il a géré plusieurs entreprises. À Genève, il a été à la tête de l’équipe de négociations de l’opposition lors de la réunion de Genève 2, qui a eu lieu au début de l’année 2014 afin de trouver une solution. Négociation diplomatique qui avait terminée sans succès.

Antonio Torrenzano

 

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eiil_image_hic_etnuncDe Damas à Bagdad, le monde musulman est traversé d’un conflit sanglant. L’État irakien est au but de l’implosion, la Syrie est dans le chaos d’une guerre civile qui perdure depuis trois ans, le Liban est de plus en plus instable en ce qui concerne la stabilité politique du pays. Toutes ces convulsions dérivent d’un processus historique commencé depuis longtemps; mais, cette fois au Moyen-Orient pourrait se jouer un nouvel avenir géopolitique et géostratégique.

Pour Lakhdar Brahimi, ancien émissaire de l’ONU pour la Syrie, l’offensive jihadiste en Irak serait le résultat de l’inertie de la communauté internationale face au conflit qui ravage la Syrie depuis 2011. «C’est une règle bien connue, le conflit en Syrie ne pouvait pas rester enfermé dans les frontières d’un seul pays», a déclaré Lakhdar Brahimi, qui a démissionné en mai 2014 après deux ans d’efforts infructueux et l’échec de la Conférence de Genève 2. La communauté internationale a «malheureusement négligé le problème syrien et n’a pas aidé à le résoudre. Voilà le résultat : l’offensive jihadiste menée en Irak par l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), qui est l’une des forces les plus importantes en Syrie».

L’unité de la Nation irakienne est aujourd’hui mise en question. Les divisions confessionnelles sont extrêmement profondes, les mêmes produisent depuis 2003 un très haut niveau d’instabilité. La guerre en 2003 a segmenté pas seulement la société irakienne, mais elle a aussi créé une ligne de faille dans tout le Moyen-Orient. La dynamique de ces divisions confessionnelles est qualifiée par les experts «d’irakisation». Le conflit en Syrie par exemple parmi le régime de Damas et les rebelles a exacerbé ces divisions identitaires en opposant forces armées chiites pro-Assad et rebelles sunnites. La même chose à été faite en Irak par le premier ministre Nouri al-Maliki qui a imposé un pouvoir confessionnel. Aujourd’hui, ces crises politiques confessionnelles et désormais territoriales sont en train de toucher leurs azimuts. Le scénario syrien risque de s’installer définitivement en Irak, et l’Irak de se syrianiser. Cette évolution menace aujourd’hui l’Irak et son unité, mais dans un futur très proche cette évolution pourrait menacer tous les pays de la région.

Antonio Torrenzano

 

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refugies_syriens_traversent_frontiere_regionLe président syrien Bachar al-Assad a remporté sans surprise l’élection présidentielle avec plus de 88,7% des suffrages. Selon les résultats définitifs lus mercredi par le président du Parlement Mohammad al-Laham, Bachar al-Assad a obtenu 88,7% des suffrages exprimés. Ses deux concurrents ont obtenu respectivement 4,3% pour Hassan al-Nouri et 3,2% pour Maher al-Hajjar. L’élection présidentielle s’est déroulée dans les zones contrôlées par le régime, soit 40% du territoire où vivent 60% de la population.

 

Au même moment, les militants de l’opposition politique en exil ont répété sur tous les réseaux sociaux que l’élection est illégitime en affirmant que le peuple veut la chute du régime. Certains pays occidentaux qui soutient l’opposition syrienne modérée ont dénoncé la tenue du scrutin dans un pays à feu et à sang, et l’OSDH a affirmé que le régime avait forcé des citoyens à voter sous peine d’arrestation. Quelques heures avant l’annonce des résultats, le secrétaire d’Etat américain John Kerry, en visite chez le voisin libanais, avait qualifié le scrutin de mardi de “non-élection”, et appelé les alliés du régime à travailler pour mettre fin à la guerre. Ces élections présidentielles « n’ont aucun sens, parce que vous ne pouvez pas avoir d’élections alors que des millions de votre peuple ne peuvent même pas voter, n’ont pas la capacité de contester ces élections, n’ont pas de choix », a ajouté le secrétaire d’Etat américain Kerry toujours à Beyrouth.

 

Mercredi, la coordinatrice du désarmement chimique syrien pour l’ONU a une nouvelle fois appelé mercredi la Syrie à évacuer ses derniers conteneurs d’armes chimiques. Quelque 7,2% de l’arsenal d’armes chimiques syriennes est toujours en Syrie, a expliqué Sigrid Kaag lors d’une conférence de presse aux Nations unies à New York. Dans un communiqué publié après leur rencontre le 4 juin à Bruxelles, les dirigeants du G7 ont «dénoncé le simulacre d’élection» en Syrie. De l’autre côté, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a qualifié l’élection “illégitime”. «Nous appelons le régime à reprendre de véritables négociations politiques qui créeront les conditions permettant la réelle expression de la volonté du peuple syrien», a-t-elle ajouté. Enfin, le président de la Banque mondiale, Jim Yong-kim, a appelé la communauté internationale à soutenir le Liban et la Jordanie, qui accueillent plus de 1,6 million de réfugiés syriens, jugeant «décevante» l’aide économique apportée jusqu’ici.

 

Antonio Torrenzano

 

 

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crise_syrie_2011-2014_imageLe scrutin pour l’élection présidentielle syrienne a pris fin mardi à minuit et le dépouillement des voix a commencé. Les bureaux de vote ont ouvert mardi à 07h00 heure locale de Damas et ils ont fermé à minuit. Plus de 15 millions d’électeurs inscrits devaient donner leurs voix à l’un des trois candidats à la présidence, parmi lesquels le président sortant, Bachar el-Assad. En théorie, il s’agirait de la première élection dans le pays depuis un demi-siècle puisque Bachar al-Assad et, avant lui, son père Hafez avaient été désignés par référendum. Des observateurs iraniens et russes ont supervisé le scrutin. Pour Noah Bonsey, de l’International Crisis Group, l’élection présidentielle ne changera pas la situation sur le terrain, au contraire le conflit perdurera. Pour Waddah Abed Rabbo en revanche, directeur du quotidien d’Al-Watan, «l’élection facilitera la reprise des pourparlers de paix».

 

Mais, si le résultat est connu d’avance, la question du futur de la nation syrienne demeure de manière brûlante encore sans aucune solution. Il y a deux voies pour une fin de la crise. La première est la négociation diplomatique entre les parties en conflit, l’autre est la poursuite de la guerre civile jusqu’à la victoire de l’un sur l’autre sur le terrain. Quels sont-ils alors les points qu’il faut rétenir ? Partons du concret, des données immédiates : le président Al-Assad n’a jamais eu l’intention de partir et son objectif reste à gagner la bataille. La même chose pour l’opposition politique au régime de Damas. Pour Damas et pour l’opposition, c’est tout ou rien. Nous ne devrions attendre aucune pitié de la part du régime envers ses adversaires politiques et viceversa. Il n’y aura pas de pardon pour les groupes armés de l’opposition, il n’y aura pas de pitié pour le clan Assad après une chute possible du régime baasiste. La famille Assad dirige la Syrie d’une main de fer depuis plus de 40 ans pendant lesquels il a muselé toute dissidence. À la tête d’une armée restée autour du régime, malgré de nombreuses défections, Assad a toujours les soutiens russe et iranien et de l’aide précieuse des combattants du Hezbollah libanais.

 

En deuxième lieu, l’approche occidentale de la révolte syrienne a été dominée dès le début par des idéaux démocratiques et non par une vraie realpolitik. Beaucoup de responsables occidentaux n’ont pas eu une vision à long terme. Ils n’ont pas eu le pragmatisme nécessaire à la résolution du conflit. En qualifiant d’illégitime le régime de Damas, les Occidentaux ont été moralement justes, mais ils ont affacé toute possibilité de jouer un rôle constructif pour une solution diplomatique à la crise. La plupart des pays occidentaux ont fermé leurs ambassades à Damas pour protester contre la violence, mais ils ont coupé toute opportunité de parler au régime sans comprendre de manière plus concrète les évolutions internes en Syrie. En outre, la non participation de l’Iran à la conference de Genève II au mois de janvier 2014 a été une autre grave erreur. L’Iran aurait pu jouer un rôle important pour tenter de convaincre le régime syrien de changer sa position. Cette exclusion n’a servi à rien. Au contraire, cette absence a contribué à prolonger la guerre et retarder une solution diplomatique possible du conflit. L’Occident cessera-t-il de nourrir de faux espoirs et d’adopter une attitude pragmatique axée sur l’obtention de résultats ? Aucune solution n’est aujourd’hui en vue.

 

Antonio Torrenzano

 

 

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syrie_refugies_onu_imageConversation avec Frédéric Pichon, chercheur associé à l’institut Monde Arabe Méditerranée de l’université François-Rabelais de Tours. Il vient de publier un livre consacré au conflit syrien : «Syrie, pourquoi l’Occident s’est trompé.» aux éditions du Rocher, 2014. Pour l’auteur, l’élection présidentielle en Syrie du 3 juin ne manque pas d’intérêt.

Bruno Besson. Pourquoi cette élection en pleine guerre ?

 

Frédéric Pichon. Cela résulte de la modification de la Constitution syrienne en 2012. Il y a plusieurs candidats, mais, évidemment, personne n’est dupe sur les chances des deux concurrents d’Assad. N’empêche, on peut estimer que la moitié des électeurs pourra voter, car si l’opposition contrôle la moitié du territoire, la majorité de la population est dans la zone sous contrôle gouvernemental. Quant au processus électoral lui-même, il faut arrêter l’hypocrisie : à Cuba, il n’y en a pas eu depuis soixante ans ! Quant aux pays du Golfe… »

 

Bruno Besson. Cela va changer quoi à la situation syrienne ?

 

Frédéric Pichon. Rien à la situation de la population tant que durera la guerre. Mais, sur le fond, Assad ayant tenu le choc, à l’occasion de cette élection, de plus en plus de ses opposants politiques, de guerre lasse, n’hésitent plus à dire publiquement qu’ils préfèrent désormais le régime aux djihadistes. Ensuite, Assad réélu, pourra se présenter aux yeux des démocraties comme leur allié dans la lutte contre le terrorisme, ce qui, il ne faut pas s’y tromper, lui donne une certaine légitimité : il vaut peut-être mieux traiter avec lui qu’avec ceux qui le combattent – et nous combattent au Mali – les armes à la main. Plusieurs pays l’ont compris et les mêmes rouvrent leurs ambassades (l’Union européenne n’a jamais fermé la sienne).

 

Bruno Besson. Assad notre allié contre le terrorisme, est-ce crédible ?

 

Frédéric Pichon. D’ores et déjà, mais évidemment sans publicité, la France ne traite plus tout à fait Assad comme au début de la guerre : d’ailleurs, un diplomate français fait maintenant, discrètement, la navette régulière entre Paris et Damas. Et quand Paris demande à Damas de l’aider à “traiter” le problème des djihadistes français en Syrie, Assad répond qu’il attend d’abord la réouverture de l’ambassade de France à Damas… Enfin, Paris n’ignore pas le rôle de ses amis qataris dans le recrutement et le financement du djihadisme (y compris français) en Syrie, confirmé par plusieurs sources, notamment des associations internationales de défense de droits de l’homme.

 

Bruno Besson

 

*Un particulier remerciement à la publication La Nouvelle République (http://www.lanouvellerepublique.fr/) pour l’entretien de Bruno Besson.

 

 

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marché_economique_homs_imageSelon un nouveau rapport des Nations Unies publié mercredi 28 mai, l’économie syrienne est exsangue. Pour l’enquête, qui a analysé les deux derniers trimestres de l’année dernière, trois quarts des Syriens vivent à présent dans la pauvreté et plus de la moitié (54,3%) dans l’extrême pauvreté. Alors que le conflit s’éternise, 20% de la population a maintenant à peine les moyens de répondre à ses besoins de base.

 

« Les chiffres sont renversants », a déclaré Rabie Nasser, chercheur au Centre syrien de recherche politique à Damas. « À la fin de 2013, la perte économique totale depuis le début du conflit a été estimée à 143,8 milliards de dollars». Le compte-rendu note également que la dette publique du Pays a continué d’augmenter dans la seconde moitié de 2013. À la fin de la même année, la dette représentait 126% du PIB, avec une proportion croissante d’emprunts étrangers principalement en provenance d’Iran. Le système éducatif d’un côté vacille : plus de la moitié d’enfants d’âge scolaire (51,8%) ne va plus à l’école. À la fin de 2013, 4.000 écoles étaient hors service parce qu’elles avaient été détruites, endommagées ou accueillaient des personnes déplacées. De l’autre côté, le système de santé est frappé par les dégâts causés aux infrastructures médicales, la fuite de professionnels de la santé, l’effondrement de l’industrie pharmaceutique. 61 hôpitaux publics sur 91 établissements ont été endommagés et près de la moitié (45%) sont hors service, tandis que 53 hôpitaux privés ont également été touchés.

 

« La Syrie est ravagée par le chômage », a souligné Alex Pollock, directeur du programme de microfinance au sein de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA). Pour l’économiste, qui a travaillé avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Centre syrien de recherche politique pour réaliser ce memorandum, « depuis le début du conflit, 11 millions de personnes ont perdu leurs principaux moyens de soutien financier alors que 2,67 millions de personnes ont rejoint les rangs des chômeurs».

 

Antonio Torrenzano

 

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ban_kimoon_lakhdhar_brahimi_newyork_imageLe diplomate algérien Lakhdar Brahimi, représentant spécial de l’ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, a déposé sa démission. Brahimi, diplomate algérien, avait cherché en vain à trouver une solution politique pour le conflit syrien pendant la conférence de paix Genève 2. Lors d’un point de presse au siège des Nations Unies à New York, le secrétaire des Nations Unies Ban Ki-Moon a dit de regretter cette démission.

 

« Pendant près de deux ans, Brahimi a tenté de mettre fin à la brutale guerre civile en Syrie qui continue de s’aggraver » , a rappelé le Secrétaire général. « Il a fait face à des obstacles presque impossibles à surmonter, avec une nation syrienne, une région du Moyen-Orient et une communauté internationale qui sont irrémédiablement divisées dans leurs approches pour mettre fin au conflit » , a ajouté le Chef de l’ONU en regrettant que les « parties en conflit, et en particulier le gouvernement, se soient montrées si réticentes à profiter de cette occasion pour mettre fin aux souffrances du pays ». Ban Ki-moon a appelé une nouvelle fois le gouvernement syrien et l’opposition à faire preuve de clairvoyance et de sens de responsabilité. Il a aussi estimé que l’incapacité du Conseil de sécurité de l’ONU et des pays qui ont une influence sur la situation en Syrie n’ont pas soutenu les efforts de Brahimi pour mettre fin à la tragédie syrienne. Une tragédie qui est un « échec pour nous tous ».

 

« Je laisse la Syrie dans une situation difficile », a affirmé pour sa part Lakhdhar Brahimi pendant la conférence de presse. Les Nations Unies et la Ligue arabe sont en train de trouver un nouveau successeur. Selon le secrétaire général de la Ligue arabe, le successeur qui devra être nommé conjointement avec l’ONU ne devra pas « forcément être arabe, mais avoir les poids d’un ancien président ou chef de gouvernement ». Plusieurs sont déjà les candidatures étudiées par les deux organisations internationales, dont celle de l’ex-ministre tunisien des Affaires étrangères Kamel Morjane. La démission du diplomate algérien sera effective le 31 mai 2014, a annoncé le bureau du Secrétaire général de l’ONU.

Antonio Torrenzano