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Le Congrès du dialogue national syrien, convoqué à Sotchi par Moscou et soutenu par l’Iran et la Turquie avec le but de relancer un possible processus politique de paix, s’est déroulé hier dans la station balnéaire de la mer Noire. Après une journée de travail et des débats, les délégués présents se sont mis d’accord sur la création d’un comité qui devrait “rédiger une étude de réforme constitutionnelle“, selon le communiqué final de la réunion. “Le peuple syrien décide seul du futur de son pays par des voies démocratiques […] sans pression ou d’interférence extérieure“, ont-ils ajouté.

Le Comité travaillera sous l’égide des Nations Unies et “devrait intégrer le gouvernement, l’opposition représentée lors des pourparlers de Genève, des experts syriens, la société civile, des indépendants, des chefs tribaux et des femmes“, a souligné l’émissaire de l’ONU Staffan de Mistura à la presse internationale.

Le Congrès du dialogue national syrien – convoqué par Moscou, principal allié de Bachar al-Assad, avec le soutien de Téhéran et Ankara – avait l’ambition de transformer les succès militaires du régime de Damas en une solution réaliste diplomatique. Moscou, qui avait lancé plus de 1.600 invitations pour Sotchi, a obtenu le refus des principaux groupes d’opposition, la désapprobation de la communauté Kurde furieuse de l’offensive de la Turquie contre leur territoire d’Afrine et le rejet de la communauté occidentale craignant un affaiblissement du processus de Genève organisé par les Nations Unies et un accord privilégiant le gouvernement de Damas.

Si deux ou trois “groupes politiques n’ont pas pu participer, je n’en fais pas une tragédie“, a relativisé Sergueï Lavrov à la fin de la réunion, saluant au contraire “un premier pas, un pas très important” en vue d’un règlement politique. En effet, la réunion -qui devait permettre à Moscou d’affermir son autorité dans la conduite du processus politique en Syrie – a été moins favorable pour le Kremlin. Déjà à l’ouverture du sommet, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a dû faire face aux protestations vives de certains délégués excédés par le soutien de Moscou à Bachar el-Assad. Certes, la présence de quelques personnalités issues de l’opposition la plus dure aurait pu contribuer à donner une plus ferme légitimité à cette réunion en renforçant également le poids de la médiation diplomatique russe.

À présent, le dialogue entre Syriens demeure toujours impossible. Paradoxalement, le succès incomplet et insuffisant de Sotchi est une bonne nouvelle pour les pourparlers de Genève. Genève reste, plus que jamais, le seul milieu juridique légitime pour mener de prochaines négociations. De facto, les Nations Unies se retrouvent au centre du jeu. Les débats seront encore nombreux, mais il faudra faire vite. Depuis longtemps, le conflit syrien provoque une très forte instabilité dans l’entière région du Proche-Orient.

Antonio Torrenzano

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réunion_paris_2juin2015_image_1962La France a réuni mardi 2 juin à Paris ses partenaires au sein de la coalition internationale contre l’État islamique en Irak et en Syrie. Cette seconde réunion restreinte des ministres des Affaires étrangères de la coalition contre Daech avait l’objectif de méditer sur la stratégie de la coalition, à un moment où la situation sur le terrain est particulièrement fragile; la nécessité de parvenir à des solutions politiques durables pour résoudre la crise irakienne et le conflit syrien. La réunion a donc fait le point sur la situation sur le terrain en Syrie et en Irak et les possibles et nouvelles stratégies militaires à déplier alors que les djihadistes continuent à gagner du terrain.

La réunion était coprésidée par Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères et du Développement international, Haïder al-Abadi, premier ministre irakien, et John Kerry, secrétaire d’État des États-Unis, représenté à Paris par le secrétaire d’État adjoint, Antony Blinken. Vingt-quatre délégations ont pris part à cette réunion (Allemagne, Arabie saoudite, Australie, Bahreïn, Belgique, Canada, Danemark, Espagne, Égypte, Émirats arabes unis, États-Unis, France, Irak, Italie, Jordanie, Koweït, l’Organisation des Nations unies en qualité d’observateur, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Qatar, Royaume-Uni, Turquie et l’Union européenne).

Les participants ont rappelé également la protection des minorités persécutées et les conditions de leur retour, comme annoncé lors de la réunion sur ce sujet au conseil de sécurité des Nations unies que Laurent Fabius a présidé le 27 mars. Ils ont discuté aussi de la protection du patrimoine en danger alors que l’Assemblée générale des Nations unies vient d’adopter une résolution sur ce sujet. Irina Bokova, directrice générale de l’UNESCO et Antonio Guterres, Haut-commissaire pour les réfugiés, ils ont été invités à participer à ces échanges pendant la journée de travail. Les partenaires de la coalition réunis à Paris ont exprimé en outre leur intention de se rencontrer, en format plénier, au niveau des chefs d’État et de gouvernement, en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies au mois de septembre 2015.

Pour le Premier ministre irakien: « la coalition internationale réputée de combattre Daech dans son pays et en Syrie est un échec ». « Beaucoup de mots, mais peu d’actions sur le terrain», a critiqué Haider al-Abadi à Paris, où il est venu rejoindre les partenaires de cette coalition. En dix mois d’opérations, les forces de la coalition ont procédé à 4.000 frappes aériennes sans pouvoir arrêter l’avancée des djihadistes. En effet malgré les frappes aériennes, l’État islamiste a continué à gagner du terrain dans ces dernières semaines avec les prises de Ramadi, à l’ouest de l’Irak et de la cité antique de Palmyre, en Syrie. De leur part, les partenaires de la Coalition ont pris acte de la détérioration continue de la situation en Syrie ainsi que de l’incapacité et de l’absence de volonté du régime d’Assad à lutter contre Daech. Ils ont rappelé leur souhait de préserver l’unité et la souveraineté de la Syrie et ont appelé au prompt lancement d’un véritable processus politique inclusif, sous les auspices des Nations Unies, en vue de mettre en œuvre les principes du communiqué de Genève – y compris la mise en place, par consentement mutuel, d’un organe de gouvernement transitoire doté de la plénitude du pouvoir exécutif.

Ils ont affirmé que seule une transition politique permettra d’établir les conditions nécessaires pour renverser la vague d’extrémisme et de radicalisme engendrée par les abus du régime et de lutter efficacement contre toutes les organisations terroristes en Syrie, y compris Daech. Toujours mardi à Paris, la coalition internationale a adopté une déclaration réaffirmant son soutien aux forces irakiennes. Dans le communiqué de presse, les acteurs de la coalition ont souligné que la lutte contre Daech en Syrie et en Irak demeure leur principale priorité, tout en constatant que Daech tente d’étendre son emprise à d’autres régions frappées par des crises politiques et des situations d’instabilité, comme en Libye. Les partenaires de la Coalition ont réaffirmé la nécessité pour la communauté internationale d’appuyer les processus visant à traiter les causes locales des crises politiques et de l’instabilité, et d’éradiquer ce groupe terroriste et son idéologie destructrice, où qu’ils se manifestent.

Selon le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, les opérations militaires de la coalition internationale anti-Daesh doivent être autorisées par le Conseil de sécurité de l’ONU et se dérouler avec l’accord des autorités syriennes. Dans une longue interview à la chaine de télévision américaine Bloomberg, le ministre des Affaires étrangères russe a notamment affirmé « évidemment, nous ne sommes pas contre les efforts de la coalition en vue d’affaiblir un dangereux groupe terroriste, mais la possibilité existait déjà de combattre ce groupe avant le début de ces opérations. Comme je l’ai déjà dit, nous préférons travailler en nous appuyant sur le droit international », a dit Sergueï Lavrov. En même temps, le diplomate russe a qualifié d’«erreur» la posture de Washington consistant à refuser de solliciter l’autorisation des autorités syriennes pour entamer des raids aériens sur les positions de Daesh en territoire syrien. En Irak, comme a souligné le ministre Lavrov, le gouvernement a bien été consulté et a donné son consentement aux bombardements.

Pour la diplomatie russe, le conflit syrien ne peut être résolu que par la voie diplomatique en sachant que : « les efforts de l’ONU et de l’envoyé spécial de l’organisation Staffan de Mistura visent l’inclusion de toutes les composantes de la société syrienne dans le processus de règlement politique, les acteurs internationaux doivent se demander qui représente le plus de danger : El-Assad ou Daesh ?», a estimé Sergueï Lavrov.

Sur le terrain, de manière inexorable, la carte du Moyen-Orient est en train d’être redessinée par l’État islamique. Mais, tout cela risque-t-il d’être un véritable casse-tête pour la Coalition internationale ?

Antonio Torrenzano

 

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colloques_moscou_janvier-2015Les colloques entre une partie de l’opposition syrienne et les représentants diplomatiques du régime de Damas sont terminés hier à Moscou sans des résultats réels. Toutefois, déjà mercredi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avait rappelé à tout le monde que “personne n’a l’illusion que quelques jours de discussion vont résoudre tous les problèmes”.

Nous avons convenu avec nos amis russes que les discussions devaient continuer pour arriver à de (nouvelles) consultations dans le futur“, a déclaré le chef de la délégation du régime, l’ambassadeur syrien à l’ONU, Bachar Jaafari. Pendant la conférence de presse, Bachar Jaafari a reconnu qu’il n’y avait “pas de résultats parce qu’il s’agissait d’une première rencontre, d’une rencontre consultative“. Le diplomate syrien a toutefois critiqué l’attitude des opposants. “Nous n’avons pas entendu une seule position unifiée des délégations de l’opposition. Ce que certains pouvaient accepter était rejeté par les autres“, a-t-il affirmé.

Selon Soheir Sarmini, un membre du parti de la Jeunesse nationale syrienne, un mouvement toléré par Damas, “le but de la rencontre de Moscou était de briser la glace entre le gouvernement et l’opposition“. La priorité des débats pour l’opposition a été l’arrêt des bombardements, la libération de prisonniers politiques, un processus pour l’acheminement de l’aide humanitaire.

Un accord de principe très générique, appelé «Les principes de Moscou», a été signé parmi les sujets des colloques dans la capitale russe. Les participants ont donné leur accord de principe à une série de dix points très généraux établie par le modérateur des pourparlers, l’expert russe Vitaly Naoumkine. Le texte diplomatique souligne en particulier le respect de la souveraineté de la Syrie, son unité et son intégrité territoriale, la lutte contre le terrorisme international, la conclusion de la crise syrienne par des moyens politiques de manière homogène aux principes du communiqué de Genève I du 30 juin 2012.

Antonio Torrenzano

 

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refugies_syriens_imageMoscou accueille jusqu’au 29 janvier de représentants de l’opposition syrienne et des émissaires de la diplomatie du régime de Damas afin de renouer le dialogue après presque quatre ans de guerre. Plusieurs membres de différents groupes de l’opposition syrienne et les 6 membres de la délégation officielle menée par l’ambassadeur de Syrie à l’ONU se sont réunis dans une résidence de la diplomatie à Moscou depuis ce matin. Il s’agit des premières considérations entre des membres de l’opposition, notamment des représentants du Comité de coordination nationale pour les forces du changement démocratique (CCND), et des plénipotentiaires du régime depuis l’échec de Genève II en février 2014.

Toute l’opposition toutefois n’est pas représentée puisque la Coalition nationale de l’opposition il n’y a pas. Cette Coalition, basée à Istanbul a, pour sa part, exclu sa contribution en déclarant que les discussions auraient du avoir lieu sous l’égide de l’ONU dans un Pays neutre. Le nouveau président de la Coalition nationale de l’opposition syrienne, Khaled Khoja, avait exclu son apport par une conférence de presse lundi 26 janvier 2015. «Le dialogue avec le régime souhaité par Moscou est hors de question», a-t-il déclaré devant la presse à Istanbul.

Il s’agissait des premières déclarations de Khaled Khoja depuis son élection au sein du mouvement. Khaled Khoja, premier turkmène élu à ce poste, a la réputation d’être plus indépendant des soutiens régionaux à la Coalition que son prédécesseur, M. Bahra, près des Saoudiens. M. Khoja a quitté la Syrie dans les années 1980, après deux passages en prison, il vit en exil en Turquie. Né à Damas en 1965, il est l’un des membres fondateurs du Conseil national syrien. La Coalition, souvent accusée d’être éloignée de la réalité du conflit, est traversée par des conflits internes alimentés notamment par ses différents appuis financiers et politiques : en premier lieu le Qatar et l’Arabie saoudite. Les deux pays sont des alliés historiques de l’opposition syrienne, mais des rivaux régionaux au Moyen-Orient.

Pour le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, les discussions qui sont en train de se dérouler à Moscou sont une possibilité pour renouer le dialogue. Il faut d’abord trouver un accord au sein de l’opposition : « Les rencontres entre les représentants des divers groupes d’opposition syriens à Moscou ne sont pas des négociations. L’objectif est de permettre aux opposants d’approfondir une plateforme afin qu’ils puissent avoir une approche commune en vue de négociations avec le gouvernement. Quant aux négociations avec le gouvernement, cela constituera l’étape suivante. Nous estimons qu’après deux jours de contact entre les opposants, les représentants du gouvernement de Syrie pourront les rencontrer, mais pour établir des contacts personnels ». La diplomatie russe en outre est en train de travailler de concert avec la diplomatie égyptienne. Diplomatie égyptienne qui a également réuni l’opposition syrienne au Caire la semaine dernière avant ces trois jours de colloques à Moscou.

«Nous sommes venus avec une liste de dix points. Pour éviter de faire la même erreur que l’opposition à Genève II, nous n’allons pas aborder tout de suite la question d’un gouvernement transitoire », a affirmé l’un des participants de l’opposition au dialogue. De sa part, le régime de Damas a affirmé : «ce qui se déroule à Moscou n’est pas une négociation sur une solution au conflit. Ce sont juste des préparatifs pour une conférence».

Après la session de discussions de la matinée, les Syriens rencontreront le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avant de reprendre leurs pourparlers. Des discussions entre l’opposition et les diplomatiques de Damas sont aussi prévues demain jeudi 29 janvier. L’opposition s’était déjà réunie lundi et mardi pour tenter d’établir une position commune. Après presque quatre ans de conflit qui a fait 200.000 tués et plus de 6 millions de réfugiés, la diplomatie russe réussira-t-elle à mettre un terme de conclusion à la guerre civile en Syrie ?

Antonio Torrenzano