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deuxième_reunion_vienne_imageLa capitale autrichienne a accueilli aujourd’hui le deuxième sommet sur la crise syrienne en regroupant une vingtaine de pays. D’une part la Russie et l’Iran, alliés du régime de Damas; de l’autre les États-Unis, les pays du Golfe, l’UE. La réunion s’est déroulée après les attentats de Paris par un groupe de terroristes qui a dirigé son regard barbare sur six endroits de la capitale française.

Les grandes puissances se sont entendues sur un calendrier de transition politique en Syrie en proie à des combats sanglants depuis quatre ans et demi. Ces événements ont accru la détermination à aller de l’avant durant ce deuxième round de négociations. Ni le régime syrien ni ses opposants n’étaient pour l’instant présents à Vienne. Avant le début des négociations, qui ont duré presque sept heures, les représentants des dix-sept pays et trois organisations internationales, réunies autour des chefs des diplomaties américaine et russe, avaient appelé tout le monde à surmonter leurs divergences pour renforcer la lutte contre le terrorisme. Les attaques terroristes de Paris ont été donc un coup d’accélérateur en ce qui concerne les négociations.

Cette deuxième réunion internationale a été précédée par la déclaration du secrétaire d’État américain John Kerry, qui avait sous-entendu l’idée d’un possible règlement politique. «Je ne peux pas vous dire […] que nous sommes au seuil d’un accord complet. Non. Il reste beaucoup de travail à faire», avait reconnu John Kerry qui a réagi aux attentats commis à Paris en déclarant : «Les actes odieux et abominables commis en France ne feront que renforcer notre détermination commune».

Le communiqué final publié après la réunion met entre parenthèses les sujets de tension pour insister sur les points d’accord. C’est-à-dire, le rencontre d’ici le 1er janvier parmi les représentants de l’opposition syrienne et du régime de Damas, formation d’un gouvernement de transition dans les six mois, organisation d’élections d’ici 18 mois : une feuille de route très précise. Le Groupe international de soutien à la Syrie « est tombé d’accord sur la nécessité de réunir le gouvernement syrien et des représentants de l’opposition pour des négociations formelles, sous les auspices de l’ONU, dès que possible, avec l’objectif du 1er janvier prochain».

«Nous avons toujours des divergences concernant ce qu’il doit advenir de Bachar al-Assad», a souligné le Secrétaire d’État américain John Kerry lors d’une conférence de presse aux côtés de son homologue russe Sergueï Lavrov et du représentant des Nations Unies pour la Syrie Staffan de Mistura. La Russie comme l’Iran s’opposent en effet aux États-Unis et à leurs alliés en ce qui concerne les groupes syriens qui devront être qualifiés ou non caractérisés comme de “terroristes” et ceux qui pourront être considérés comme appartenant à l’opposition.

La Jordanie sera chargée de «coordonner une liste commune de groupes terroristes» sous l’égide du Conseil de sécurité de l’ONU à partir des propositions des différents participants, a expliqué Serguei Lavrov. Le consensus a été en revanche sans réserve sur la nécessité de coordonner la lutte internationale contre le terrorisme et écraser Daech.

Antonio Torrenzano

 

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syrie_guerre_totale_imageL’aviation russe a mené mercredi ses premiers bombardements en Syrie à la demande du président Bachar al-Assad. Les bombardements sont intervenus quelques heures avant que la Russie ne présente à l’ONU un projet de résolution visant à «coordonner toutes les forces qui font face à l’État islamique et aux autres structures terroristes». L’accélération de l’engagement de Moscou s’inscrit sur fond de bras de fer entre le président américain Barack Obama et son homologue russe sur le sort à réserver à Bachar al-Assad, tyran pour l’un et rempart contre l’EI pour l’autre. Pour la première fois depuis 36 ans, la Russie intervient aussi loin de son territoire. La dernière fois avait été en 1979 en Afghanistan. Moscou est retourné au centre du jeu. Tout au long de cette crise, les alliés traditionnels de la Syrie, l’Iran et la Russie, ont prêté un appui solide au régime de Bachar el-Assad.

En Syrie, la révolte a éclaté, en 2011. Ce qui a été au départ une révolte locale contre la corruption s’est transformé bientôt en une lutte pour le pouvoir d’envergure régionale et après internationale. La guerre a donné lieu à une rivalité qualifiée de «guerre froide» entre l’Iran et l’Arabie saoudite à l’échelle régionale et à une rivalité mondiale parmi les États-Unis et la Russie surtout après les événements marquants en Ukraine.

Les pays du Golfe, les États-Unis et la plupart des puissances européennes ont toujours déclaré d’une voix unanime qu’Assad avait perdu sa légitimité et qu’il devait se retirer. Les États occidentaux ont été les premiers à soutenir l’opposition syrienne, avant d’être rejoints, quelques mois plus tard, par l’Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie. Mais les mêmes, ils ont toujours eu beaucoup de difficultés à représenter l’opposition syrienne de manière efficace. L’opposition syrienne est naturellement fragmentée; il s’agit d’un mouvement peu structuré et décentralisé. La communauté internationale a tenté d’unifier ce mouvement extrêmement hétérogène et localisé, mais ces efforts se sont avérés peu fructueux.

Pourquoi peu fructueux ? Parce que la vraie et barbare opposition en Syrie et dans presque tout le Moyen-Orient est désormais Daech. Et Daech, il fait maintenant peur également aux mêmes puissances régionales sunnites qui l’avait financé et soutenu. En outre, les efforts diplomatiques de la communauté internationale pour dénouer la crise syrienne, tout comme les tentatives de stabiliser l’Irak ou de mettre fin au conflit israélo-palestinien, jusqu’à présent se sont révélés un échec.

La seule certitude est que le conflit syrien a fait en quatre ans plus de 240.000 morts. De 2011 au mai 2014, 2,7 millions de réfugiés syriens forcés de fuir la guerre civile ont été enregistrés hors de leur pays; ce chiffre équivaut à plus de la moitié du nombre de Palestiniens ayant obtenu le statut de réfugié depuis les 66 années que dure le conflit israélo-palestinien. La situation dans l’année 2015 ne fait qu’empirer. On évalue en outre que plus de 4,5 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur de la Syrie, ce qui signifie qu’au total, un tiers de la population syrienne est réfugiée ou déplacée. Le bilan réel toutefois pourrait certainement être plus élevé que les 240.000 comptabilisés.

Antonio Torrenzano

 

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Homs_Syria_Septembre_2015Les Syriens n’ont plus d’espoir. Ils sont toujours plus nombreux à vouloir quitter leur pays. Dans un entretien au nonce apostolique en Syrie, Mgr Mario Zenari évoque la tristesse de voir, chaque jour, la nation se vider de ses jeunes, femmes et enfants qui quittent le pays vers l’Europe.

Pour le sous-secrétaire de l’ONU aux affaires humanitaires Stephen O’Brien, la détérioration des conditions de vie des civils au cours du dernier mois en Syrie s’est encore une fois exacerbée. «La souffrance humaine en Syrie s’est aggravée au cours du dernier mois», a-t-il déclaré. Des attaques contre les hôpitaux et les écoles de Damas, Alep et Daraa ont également eu lieu «à une fréquence angoissante» au cours du dernier mois en détruisant encore un peu plus le système de santé et la structure éducative du pays.

«Aujourd’hui, la Syrie est l’un des endroits les plus dangereux au monde pour les enfants », a-t-il affirmé Stephen O’Brien en rappelant que 5,6 millions d’enfants syriens ont besoin d’une assistance humanitaire, dont 2 millions sont déscolarisés. «Nous sommes extrêmement préoccupés par des centaines de milliers d’enfants dans les zones contrôlées par Daech, forcés de suivre un programme scolaire conçu par le groupe terroriste ».

Les effets de la crise en Syrie ne sont plus seulement d’ampleur nationale ou régionale, mais ils sont bien globaux », a déclaré le secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires humanitaires en ajoutant que le conflit a provoqué l’un des exodes de réfugiés les plus terribles depuis la Seconde Guerre mondiale.

Antonio Torrenzano

 

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temple_baalshamin_imageLes combattants de l’organisation djihadiste Daech ont détruit à l’explosif un temple érigé en l’honneur du dieu solaire Baal Shamin dans la cité antique de Palmyre, vieux de 2.000 ans. Le temple de Baalshamin était le sanctuaire le plus important du site de Palmyre après celui de Bêl, selon le Musée du Louvre à Paris.

Ce temple dédié à Baalshamin, le dieu du ciel phénicien, a commencé à être érigé en l’an 17 puis a été agrandi et embelli par l’empereur romain Hadrien en 130. Daech considère les oeuvres religieuses préislamiques, notamment les statues, comme de l’idolâtrie. Il a pour cela déjà détruit plusieurs joyaux archéologiques en Irak, suscitant de vives craintes de la communauté internationale.

Nos plus sombres prédictions sont malheureusement en train de se réaliser “, a déploré M. Abdulkarim du musée syrien de Damas. Les jihadistes ” ont commis des exécutions dans le théâtre antique, ils ont détruit en juillet la fameuse statue du Lion d’Athéna, qui se trouvait à l’entrée du musée de Palmyre, et ils ont transformé le musée en tribunal et en prison. Ils ont également assassiné mardi l’ancien directeur des Antiquités de la ville Khaled al-Assad “, a-t-il poursuivi. De sa part, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme a confirmé la destruction de ce monument historique.

La destruction d’un des plus célèbres temples de la cité antique de Palmyre, en Syrie, par l’État islamique est un “crime de guerre” et une “perte immense” pour l’humanité, a dénoncé lundi la directrice générale de l’UNESCO. « J’appelle la communauté internationale à rester unie contre cette épuration culturelle récurrente », a ajouté Irina Bokova dans un communiqué publié au lendemain de l’annonce de la destruction du temple de Baalshamin, classé au patrimoine mondial de l’humanité.

Antonio Torrenzano

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monastère_mar_elian_imageUne nouvelle tragédie pour les chrétiens de Syrie : les terroristes de l’État islamique ont détruit le monastère de Mar Elian. Le monastère construit il y a 1500 ans a été rasé à coup de bulldozer. On estime qu’environ 1400 syriaques orthodoxes et 400 catholiques assyriens vivaient à Al-Qaryatain avant de tomber aux mains de l’EILL.

Le monastère de Mar Elian a été érigé dans une oasis et était affilié à la communauté de Dei Mar Musa al Habashi, refondée par le jésuite italien Paolo Dall’Oglio, enlevé le 29 juillet 2013 à Raqqa. C’est également dans ces lieux qu’a été enlevé le père Jacques Mourad en mai dernier ainsi que plusieurs dizaines de civils au début du mois d’août. Ce centre historique de la vie monastique en Syrie avait accueilli et protégé des milliers de réfugiés depuis le début de la guerre qui ravage le pays depuis mars 2011. Sur la destruction de Mar Elian, le patriarche syriaque catholique Ignace III Younan a adressé à toute la communauté internationale et à la communauté diplomatique une déclaration suite à la destruction du monastère de Saint Elian et de l’enlèvement de plusieurs dizaines de chrétiens par ce DAECH.

«Des horreurs à n’en plus finir…, a-t-il affirmé le Patriarche. Les criminels de DAECH ont détruit notre monastère syriaque catholique de Mar Elian, Qaryatain, vieux d’au moins 15 siècles. Le prêtre qui le desservait, le père Jacques Mourad, est toujours enlevé depuis trois mois, sûrement par ces mêmes terroristes qui se réclament de la religion de la miséricorde et commettent toutes sortes d’absurdités ».

«J’essaie de communiquer avec notre administrateur du diocèse de Homs – continue dans sa déclaration le Patriarche – parce que nous craignons pour des dizaines de familles prises en otage. Jusqu’à quand le monde dit “civilisé” gardera-t-il un silence hypocrite, quand tout le monde est au courant des horreurs commises par ces barbares ? Comment un pays qui se dit défenseur des droits de l’homme ferme-t-il les yeux devant des aberrations telles que décapiter, confiner en esclavage et violer enfants et femmes ?.. Est-ce ça la démocratie ? En somme, nous devons le crier à haute voix : nous craignons DAECH, parce que nous avons été abandonnés et nous n’avons pas les moyens de nous défendre ».

Antonio Torrenzano

 

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staffan_de_mistura_imageLa Syrie est composée de 23 millions d’habitants. Ceux qui sont directement concernés dans le conflit armé sont plus d’un million et demi d’individus, les autres 21 millions de personnes n’ont pas le droit de parler, mais ils subissent les violences. La population syrienne est en train de payer le prix fort du jeu des puissants. À ce terrible bouleversement de la géographie humaine, il s’ajoute une économie nationale désormais presque à zéro avec des services de base dans la globalité du pays qui sont en train de s’effondrer en plaçant les communautés locales dans une position d’extrême vulnérabilité. Selon le même dossier de la Commission européenne, plus de 60% des infrastructures hospitalières ont été détruites alors que plus d’un million de personnes nécessitent des soins médicaux.

Même situation sinistrée dans l’éducation et l’enseignement: 5.000 écoles ont été pulvérisées alors que 5,6 millions d’enfants sont affectés par le conflit et que trois millions d’entre eux sont privés d’établissements scolaires. Quand la guerre en Syrie finira-t-elle ? Les batailles se succèdent, les attentats tuent des multitudes de civils chaque semaine, les bombardements restent toujours au menu ainsi que les exécutions. Après presque quatre ans de conflit et de combats, la guerre en Syrie a déclenché «la plus grande crise humanitaire que le monde ait connue depuis la Seconde Guerre mondiale». La spirale de la violence ne connaît pas de répit et différentes régions du pays sont de plus en plus administrées par une mosaïque d’acteurs non étatiques surtout Daech et le Front Al-Nosra. Bref : la Syrie et la région entière sont à présent les plus instables dans le monde. De ce terrible cauchemar nous en avons parlé avec Staffan de Mistura, l’envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie.

Antonio Torrenzano. Selon les statistiques de votre organisation, depuis le début du conflit en Syrie environ 220.000 personnes ont été tuées, plus d’un million d’autres ont été blessés. 7,6 millions de personnes ont été déplacées et quatre millions d’autres ont cherché refuge dans les pays voisins. Vous vous êtes rendu récemment dans la région pour une série de réunions avec les différents interlocuteurs.Quelle est la situation sur le terrain ?

Staffan de Mistura. La région est inquiète. Il y a un sentiment d’urgence. Ce sentiment d’urgence est devenu encore plus clair maintenant, car il est à craindre que si Daech continue de progresser, profitant du conflit en Syrie et profitant de la situation en Iraq, nous pouvons soudainement avoir un vide. Et on ne peut pas accepter cela. Voilà pourquoi nous travaillons maintenant à une transition en douceur, contrôlée, mais claire et efficace : une transformation en un nouveau type d’environnement politique. Les gens en parlent dans la région et en Syrie; ce que nous devons faire est de rendre ceci concret. Et c’est ce que nous proposons désormais au Conseil de sécurité.

A.T. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a jugé mardi 30 juin 2015 honteux que les souffrances du peuple syrien continuent de s’aggraver. Plus de 220.000 Syriens sont morts. Près de la moitié de la population du pays a été contrainte de fuir.

Staffan de Mistura. C’est le plus grand danger pour la Syrie et le peuple syrien. Voilà pourquoi il est important de rappeler constamment la tragédie humanitaire – qui s’aggrave – et parce qu’il y a toujours un risque de lassitude. Mais nous ne pouvons pas laisser cela se produire. La Syrie, c’est non seulement la Syrie, mais c’est aussi la région, ses voisins. Regardez la Turquie, regardez la Jordanie, regardez le Liban, qui accueille un nombre de réfugiés qui correspondrait à l’équivalent de 100 millions de personnes arrivant soudain aux États-Unis. Cela devient l’occasion, peut-être, d’une nouvelle façon de résoudre les problèmes régionaux, et pas seulement en faisant des guerres par procuration.

A.T. Selon Ban Ki-moon, la communauté internationale et le Conseil de sécurité ne doivent pas se permettre de gaspiller davantage du temps pour mettre fin au cycle de la violence. Le coût humain d’un retard supplémentaire devrait être inacceptable pour tous : stratégiquement, politiquement et moralement a dit votre secrétaire général.

Staffan de Mistura. Le premier message est que nous voyons des possibilités de tunnels à travers les discussions régionales et internationales. Et nous devons produire de la lumière dans ces tunnels. Et la façon de le faire est de discuter avec les Syriens en particulier. Les Syriens n’ont jamais été totalement impliqués dans ce qui a été la plupart du temps un débat régional et international. Il y a un moment dans un conflit, même quand il semble qu’il n’y a pas de solution, où vous avez le sentiment, vous sentez, que les pays de la région et au niveau international sont à la recherche d’une formule, d’une formule logique. Vous devez vous préparer à cela. Et les Syriens ont toujours senti que leur avenir doit être discuté avec eux. Jusqu’à présent, cela s’est passé dans les conférences internationales, c’est donc le moment. Et nous avons testé cela avec nos réunions à Genève, où nous avons rencontré plus de 200 entités syriennes différentes. Ils ont beaucoup à dire et il y a beaucoup de points communs entre eux. Ils veulent l’unité de leur pays, ils veulent l’intégrité, le respect et la dignité de leur pays, ils veulent que leur territoire et les frontières soient respectés, ils veulent le respect des minorités, et ils ne veulent pas du terrorisme.

Dans ces conditions catastrophiques, pourquoi la communauté internationale ne trouve-t-elle pas encore des solutions à la paix ?

Staffan de Mistura. Je travaille à l’ONU depuis 42 ans, et je n’ai jamais vu autant de raisons cyniques faisant qu’un conflit comme celui-ci, qui aurait pu être résolu, continue depuis cinq ans, avec entre 220.000 et 240.000 morts, un million de blessés et quatre millions de réfugiés. Mais, en même temps, je me rends également compte que s’il y a une institution qui ne peut pas abandonner les Syriens, c’est l’ONU.

Antonio Torrenzano

 

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femme_minorité_yazidis_imageIl y a un an, dans la nuit du 6 au 7 août 2014, l’organisation terroriste État islamique envahissait la plaine de Ninive en provoquant l’exode de milliers d’Irakiens. Dans cette région depuis une année, Daech fait régner la terreur et il mène une campagne haineuse pour anéantir les chrétiens, les Yazidis et toutes les autres communautés religieuses non musulmanes. Selon nombreux mémorandums des Nations Unies et du Haut Commissariat aux droits de l’Homme, l’État islamique pourrait avoir commis des crimes internationaux abominables en Irak et en Syrie.

Le viol systématique des filles et des femmes de la minorité Yazidis – par exemple – est partie intégrante du fonctionnement de Daech depuis la prise de la région du mont Sinjar dans le nord de l’Irak il y a un an. L’offensive dans ces montagnes est aussi bien une conquête sexuelle qu’une avancée territoriale a expliqué un spécialiste américain de l’histoire de la communauté Yazidis. Le fait de focaliser sur cette minorité s’explique sans doute par la forme de leur religion, une croyance polythéiste. Bien souvent forcées de se convertir à l’islam, elles sont mariées de force, «vendues» ou «offertes» à des jihadistes ou des sympathisants de Daech.

Le même compte rendu de l’ONU, qui a été mis noir sur blanc par une équipe d’enquête envoyée dans la région à la fin de l’année dernière, affirme la même chose. Le mémorandum s’appuie sur des entretiens approfondis de plus de 100 personnes qui ont été les témoins d’attaques en Iraq ou qui ont survécu à ces attaques entre le mois de juin 2014 et février 2015. Nombreuses femmes et jeunes filles yézidies qui ont échappées à la mort, elles ont affirmé d’avoir été vendues comme des esclaves à des membres du groupe terroriste Daech. Des témoins ont entendu des filles, d’à peine six et neuf ans, appeler à l’aide alors qu’elles se faisaient violer dans une maison utilisée par les combattants du Daech. Des survivants ont communiqué encore à l’équipe des Nations Unies d’avoir été sauvées par les corps d’autres personnes tombées sur eux.

Mais, un traitement brutal a été infligé par l’État islamique également à d’autres groupes ethniques, dont les chiites, les chrétiens, les Kurdes, les mandéens, les Turkmènes. Le rapport documente des abus généralisés, dont des meurtres, tortures, viols, esclavage sexuel, conversions forcées, enrôlement des enfants. Tous ces abus, indiquent les dossiers de l’ONU, pourraient constituer des violations du droit international des droits de l’homme et du droit humanitaire.

Maltraitées, vendues et violées pour 90% d’entre elles, les femmes au nord de l’Irak subissent encore des violences quotidiennes. Des centaines, peut-être des milliers de femmes ont été mariées de force. D’autres ont été torturées et tuées. Pous sa part, Amnesty International explique que ces femmes sont souvent très jeunes : « la majorité de ces esclaves sexuelles sont des enfants, des filles âgées de 14, 15 ans ou encore plus jeune». Pour échapper à la barbarie, elles décident souvent de se donner la mort.

Les femmes capturées qui sont parvenues à parler aux défenseurs des droits affirment que les terroristes de l’EI violent leurs victimes quotidiennement. Une fille yézidie a expliqué avoir été emmenée en Syrie avec 350 d’autres filles où elles ont été exposées et vendues dans la rue à l’état d’esclaves. Le prix d’achat ? Entre 120 et 600 dollars. Ce qui nous est arrivé est le plus grand génocide depuis l’Holocauste des Juifs en Europe » a déclaré le docteur Mirza Dinnay. «Dans l’Holocauste, l’objectif était d’anéantir tout un peuple, les Juifs. L’État islamique a un plan similaire: exterminer tout un peuple, les Yazidis»

Antonio Torrenzano

 

 

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staffan_de_mistura_conseil_sécurité_imagePour la première fois devant le Conseil de sécurité des Nations Unies, Staffan de Mistura a présenté mercredi 29 juillet les résultats de plusieurs mois de consultations avec les principaux protagonistes de la crise syrienne. Staffan de Mistura a rendu compte de ses efforts de médiation et l’intention de poursuivre ses consultations pour soutenir les parties syriennes dans leur recherche d’une solution politique au conflit.

L’émissaire des Nations Unies en Syrie a proposé auprès du Conseil de sécurité à New York une nouvelle approche afin de trouver une possible solution diplomatique pour la paix en Syrie en associant des discussions thématiques entre Syriens sur de différents dossiers et un groupe de contact international. Devant les membres du Conseil, Staffan de Mistura a souligné «qu’il n’y avait pas encore de consensus sur une transition politique […], qu’il n’y a pas encore de consensus sur la manière d’appliquer le communiqué de Genève». Mais, la tragédie en Syrie s’aggrave jour après jour et «l’ONU est obligée de maintenir ce dossier sur la table et poursuivre ses efforts», a-t-il ajouté.

« C’est pourquoi je propose d’approfondir le format des consultations de Genève […]. J’ai l’intention d’inviter les Syriens à des discussions thématiques, parallèles ou simultanées, par l’intermédiaire de groupes de travail qui étudieraient divers aspects de la transition sous la férule d’un comité de direction» il a expliqué. L’émissaire de l’ONU, il a ensuite cité quatre dossiers principaux : «1) la sécurité pour tous ( c’est-à-dire mettre fin aux sièges, accès aux soins médicaux, libération des détenus); 2) les questions politiques, dont les élections; 3) l’aspect militaire (lutte contre le terrorisme et l’éventuel cessez-le-feu); 4) la reconstruction du Pays». Le nouveau plan de paix, a-t-il conclu, devra avoir le soutien du Conseil de sécurité et de la communauté internationale, et impliquer les acteurs régionaux. «Un tel mécanisme de soutien international pourra conduire à terme à la formation d’un groupe de contact».

Dans sa communication aux membres du Conseil de sécurité, Staffan de Mistura a souligné que le contexte a changé depuis les conférences de Genève avec l’émergence jihadiste du groupe État islamique. Cette émergence «a fait de l’antiterrorisme une priorité pour beaucoup de monde. La peur de voir flotter des drapeaux noirs de l’État islamique sur Damas a amené certains à reconsidérer leur position», a-t-il souligné. Il faut encore rappeler que les deux précédentes sessions de négociations à Genève entre le régime et l’opposition syrienne en 2014 s’étaient conclues par des échecs. Staffan de Mistura n’a pas donné de détails sur les participants à ce dialogue ni fixé le calendrier.

De sa part, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a appelé le Conseil à soutenir ces propositions et à «convaincre les parties syriennes de participer de manière constructive au processus» en soulignant que ce statu quo en Syrie est inacceptable. «Il faudra s’assurer que ces négociations préparatoires ne seront pas exploitées cyniquement pour continuer à tuer», a Ban Ki-moon toutefois averti. Le secrétaire général s’est déclaré enfin prêt à «convoquer une conférence internationale de haut niveau pour avaliser les recommandations ou l’accord» qui sortiront de ce processus. Le Conseil de sécurité reste fractionné entre les Occidentaux qui veulent le départ du président Bachar el-Assad et Moscou et Pékin qui protègent le régime de Damas. Depuis mars 2011, la guerre en Syrie a fait plus de 220.000 morts et chassé de chez elle la moitié de la population. Les batailles se succèdent ainsi que les attentats, les bombardements, les exécutions. Les populations civiles continuent de subir les violences. Pas facile, dans ces conditions, d’imaginer la fin de la guerre, de se projeter dans un scénario où les adversaires se retrouveront autour d’une même table.

Antonio Torrenzano

 

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irina_bokova_unesco_imageConversation avec Irina Bokova, diplomate de la République de Bulgarie, directrice générale de l’UNESCO depuis le 15 novembre 2009. Elle a été réélue pour un second mandat en octobre 2013. Irina Bokova a été la première femme et la première personnalité de l’Europe de l’Est à se voir élue à la tête de cette Organisation. En sa qualité de Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova est activement engagée dans les efforts internationaux pour faire progresser l’égalité entre les genres, l’éducation de qualité pour tous, ainsi que dans les actions contre le financement du terrorisme en luttant contre le commerce illicite des biens culturels. Ardent promoteur du combat contre le racisme et l’antisémitisme, Mme Bokova a dirigé les activités de l’UNESCO dans le domaine de la mémoire et de la sensibilisation à l’Holocauste. Diplômée de l’Institut d’État des Relations internationales de Moscou, Irina Bokova a également suivi les cours de l’Université du Maryland (Washington) et de la John F. Kennedy School of Government (Université de Harvard). Elle rejoint dès 1977 le Ministère des Affaires étrangères de Bulgarie au Département des Nations Unies. Nommée Responsable des Affaires politiques et juridiques à la Mission permanente de la Bulgarie auprès de l’ONU à New York, elle est également Membre de la Délégation bulgare aux Conférences de l’ONU sur l’égalité des femmes à Copenhague (1980), Nairobi (1985) et Beijing (1995). Membre du Parlement bulgare (1990-1991 et 2001-2005), elle a plaidé pour l’adhésion de la Bulgarie à l’Union européenne et à l’OTAN, et elle a participé à l’élaboration de la nouvelle Constitution de la Bulgarie. Irina Bokova a été successivement ministre des Affaires étrangères et coordinatrice des relations de la Bulgarie avec l’Union européenne, puis ambassadrice de Bulgarie en France, à Monaco et auprès de l’UNESCO et représentante du Président de la République de Bulgarie à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Aux postes de secrétaire d’État pour l’intégration européenne et comme ministre des Affaires étrangères, Irina Bokova a toujours milité pour l’intégration européenne. Elle est en outre présidente et membre fondatrice de «l’European Policy Forum», une organisation non gouvernementale destinée à promouvoir l’identité européenne et à encourager le dialogue pour surmonter les divisions en Europe et soutenir les valeurs du dialogue, de la diversité, de la dignité humaine, ainsi que les droits de l’homme. Irina Bokova a reçu plusieurs distinctions d’État de différents pays et le titre docteur honoris causa de nombreuses universités prestigieuses. L’entretien a eu lieu à Rome pendant les visites auprès de la comunità di Sant’Egidio en 2014 et au mois de mars 2015.

Antonio Torrenzano.Vous avez été reçue en audience par le Pape François pendant laquelle vous avez discuté de la situation internationale contemporaine. Quelle est votre analyse sur la situation en Syrie et en Irak ?

Irina Bokova. Nous avons exprimé notre inquiétude devant l’augmentation de l’intolérance, de la violence, de l’extrémisme. Mon inquiétude est très élevée, de manière particulière par rapport à ce qui se passe en Syrie et en Irak, mais également en ce qui concerne la persécution des minorités et la destruction du patrimoine par les membres du groupe de l’État islamique. L’objectif des extrémistes est d’annuler toute trace historique qui peut témoigner l’importance du dialogue parmi les Cultures. La barbarie est en train de frapper des endroits qui sont des symboles de la Civilisation mondiale. Mosul, Nimrud et d’autres sites archéologiques sont des Capitales de l’Histoire et de la Mémoire des Peuples depuis trois mille ans. Nous ne devons pas rester paralysés. Nous ne devons pas survivre dans un état de choc, parce qu’il est ce qu’ils veulent les extrémistes. Les crimes contre le patrimoine culturel iraquien sont l’extrême négation de l’Homme et de son Humanité. Ce sont donc des crimes contre l’Humanité.

A.T. La communauté internationale comment pourra-t-elle protéger les cultures minoritaires ?

Irina Bokova. À l’UNESCO, nous nous battons chaque jour pour que des cultures qui sont menacées de disparaître, elles puissent exister. L’organisation de l’UNESCO se bat pour l’éviter. La diversité culturelle doit accompagner la mondialisation. C’est le devoir de notre organisation. C’est pour cette raison que nous encourageons les partenariats, les rapprochements entre peuples, parmi les États, entre les organisations et sociétés civiles. Cette mondialisation entraine un affaiblissement des identités qui est créatrice elle-même d’inquiétudes et donc de problèmes, de tensions, voire de conflits. Nous avons par exemple publié un rapport intitulé «Investir dans la diversité culturelle», dans lequel nous parlons d’analphabétisme culturel. Il faut que l’analphabétisme culturel cesse, car le manque de connaissance de l’autre encourage les peurs et les conflits.

A.T. Notre monde contemporain a-t-il besoin d’un nouvel humanisme ? Vous l’avez écrit dans votre récent essai socio-politique…

Irina Bokova. Depuis longtemps, pendant mes visites dans plusieurs Pays de la communauté internationale, j’ai observé que la pauvreté et la discrimination demeurent surtout à l’égard des femmes, des enfants ou des adolescents. Je me suis posé alors la question de savoir comment tout ça, c’était possible. Compte tenu des progrès de l’humanité, de la science, des nouvelles technologies, des communications, pourquoi existent encore ces graves situations ? Pourquoi mettons-nous plus l’accent sur l’économie, le profit en oubliant la dimension humaine? L’UNESCO essaye de donner une sorte de confiance en protégeant les cultures, les patrimoines, les langues et en aidant ceux qui sont en retard dans l’éducation, les sciences, l’information pour qu’il n’y ait pas mondialisation à deux vitesses. La mondialisation ne doit pas être perçue comme une menace dangereuse.

A.T. Vous êtes la première femme élue auprès de l’UNESCO. Est-ce qu’il a été un signal fort de la part de l’organisation internationale ? Pourquoi avec votre élection êtes-vous devenue un symbole ?

Irina Bokova. Je suis très fière d’être la première femme élue. Les femmes doivent occuper des postes de cette importance dans les instances internationales. J’en suis encore surprise parce que je ne me suis jamais vue ou perçue comme un symbole. En Asie, au Moyen-Orient ou en Afrique, j’ai découvert l’enthousiasme des jeunes étudiantes ou des jeunes femmes que j’ai rencontrées. Beaucoup d’elles m’ont toujours dit qui étaient très inspirées par ma personnalité et qu’elles-mêmes aspiraient aussi à atteindre plus tard de telles responsabilités. Si mon élection et ma présence à l’administration de l’UNESCO suscitent cet espoir et cette envie, je suis alors très satisfaite.

Antonio Torrenzano

 

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image_212324_syrie_daechDepuis quelques jours, Daech a multiplié ses conquêtes sur les territoires syrien et irakien. La conquête de Palmyre en Syrie souligne que le régime de Damas n’administre plus aucune frontière avec l’Irak et que la moitié de son territoire est désormais sous la surveillance des djihadistes. L’État islamique vice versa semble d’avancer avec un plan précis. En s’emparant par exemple de nouveaux territoires, Daech a augmenté son trésor de guerre en imposant de nouvelles taxes à la population et à Palmyre a mit la main sur plusieurs sites gaziers. Cette avancée est loin d’être insignifiante pour le groupe djihadiste. Palmyre est située au milieu de la Syrie, au carrefour des autoroutes menant à Deir-Eiz-Zor à l’Est, Damas et Homs à l’Ouest. Sans plus l’autorité de Palmyre, le régime de Damas aura énormément de mal à approvisionner ses forces armées encore postées dans la région. Pourquoi la communauté internationale ne comprend-elle pas la dynamique qui a été mise à l’œuvre par l’État islamique ? Quelle est alors la stratégie poursuivie par la communauté occidentale qui combat Daech ?

Au Moyen-Orient, L’Europe se casse encore la tête en termes d’État-nation. De sa part, les États-Unis concentrent leurs actions militaires seulement en termes de stocks quand ils affirment “nous avons détruit des installations djihadistes ou nous avons tué des combattants”. Les djihadistes, au contraire, répliquent par une nouvelle guerre de mouvement et au-delà de la logique de la construction d’un État-nation. L’EILL dispose au moins 30.000 combattants très bien armés et bien expérimentés. Les nouveaux Européens qui arrivent en Syrie servent à gonfler ses effectifs. Et le régime de Damas ? Le régime de Bachar el Assad avait presque 300.000 soldats sous son drapeau, il n’en reste que 50.000 qui composent les unités d’élite. Le régime a le soutien de la République iranienne et les soutiens financier et logistique des Russes. Mais, il ne gouverne plus la moitié de son territoire.

Enfin, il faut ajouter que dans le conflit syrien il y a un nouvel acteur militaire : une coalition de dijhadistes de Al-Nosra, de mercenaires, de groupes paramilitaires qui ont été réunis par la volonté des trois puissances régionales. Cette coalition est le fruit d’une collaboration inédite depuis le début de janvier 2015 parmi l’Arabie saoudite, le Quatar, la Turquie. Pourquoi une nouveauté ? Parce que cette collaboration souligne la réconciliation entre le Quatar et l’Arabie saoudite vers leur ennemi : l’Iran. Quelle sera donc la prochaine étape dans la stratégie de l’État islamique ? Damas ou Bagdad ?

Antonio Torrenzano