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La guerre civile a eu son début en 2014 parmi les communautés chiites Houthis et les partisans d’Abd Rabbo Mansour Hadi, le président du pays, qui vit en exil en Arabie Saoudite. La guerre civile est une des conséquences du «Conflit du Saada» débuté au nord-ouest du pays en 2004 en raison du sentiment de marginalisation des tribus du Nord qui se sentaient délaissées par le pouvoir central après la réunification du pays en 1990.

Depuis mars 2015, le conflit au Yémen s’est internationalisé. Le 25 mars 2015, une coalition internationale, menée par l’Arabie saoudite, lançait des frappes aériennes contre le groupe armé des Houthis déclenchant un conflit armé de grande ampleur. Jusqu’à présent, l’Arabie saoudite a décidé de ne pas s’engager sur le terrain par ses propres troupes militaires. Les analystes occidentaux affirment que depuis 2015, l’Arabie saoudite mène une politique étrangère plus stratégique que dans son passé. Ses récentes initiatives visant à modifier le statu quo de plusieurs pays de la région sont sans doute les plus audacieuses qu’ait connues l’Arabie saoudite depuis la Seconde Guerre mondiale. Au Yémen, la Dynastie royale saoudite a été toujours hostile à la conduite charismatique exercée par certains imams zaydites jusqu’en 1962 et par les houthistes entre 2003 et 2015. Certains analystes occidentaux affirment encore que le projet politique contemporain de l’Arabie saoudite puisse être celui de reconfigurer le paysage politique du Yémen, défaire la révolution de 2011, annuler les gains territoriaux des houthistes et enfin réinstaurer une autorité amie.

Depuis trois ans et demi de conflit, la situation au Yémen est désastreuse. Selon les Nations Unies, le conflit a fait plus de 10 000 morts, en majorité des civils, et plus de 52 000 blessés. Même les conditions de vie au Yémen sont absolument catastrophiques. Selon l’ONU, il s’agit de la «pire crise humanitaire du monde». La violence, les maladies menacent des millions d’individus et d’enfants; la pauvreté prive d’avenir le pays. La détérioration dangereuse du conflit a vu une croissance du manque général de nourriture, la résurgence de l’épidémie de choléra qui en 2017 a déjà touché un million de personnes. Malgré l’acuité de cette crise humanitaire et la mobilisation des acteurs internationaux en vue d’un règlement pacifique du conflit, le Yémen reste impuissant à sauver sa population et son avenir.

Sur un pays de 27 millions d’habitants, 22,2 millions ont besoin d’une aide alimentaire, dont 8,4 millions sont dans une situation de famine imminente. Depuis 2017, il s’est ajouté une épidémie de choléra – conséquence directe de la dégradation des conditions de vie – qui a infecté plus de 1,1 million d’individus selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Le directeur régional de l’UNICEF au Moyen-Orient et pour l’Afrique du Nord, Geert Cappelaere, a dressé un tableau très sombre de la situation du pays. «Cette guerre civile est considérée à juste titre comme l’une des crises humanitaires les pires que le monde ait connues», a déclaré-t-il en face aux médias. « Il n’est pas exagéré de dire qu’aujourd’hui, presque chaque enfant yéménite a besoin d’aide. Les trois années de guerre et les décennies de sous-développement ont eu des effets tragiques». De sa part, La Directrice exécutive de l’UNICEF, Henrietta Fore, s’est dite « horrifiée» de la violence du conflit en signalant que des frappes meurtrières contre les enfants sont « absolument inacceptables» . « Je suis horrifié par le raid aérien contre des enfants innocents dont certains portaient des sacs à dos de l’UNICEF, dans un bus scolaire au Yémen», a  ajouté Henrietta Fore sur son compte Twitter.

Des atteintes aux droits humains et des crimes de guerre sont perpétrés dans tout le pays par toutes les parties au conflit, causant des souffrances insupportables et des violences sans précédent dans cette nation la plus pauvre de la région. Exactions et crimes de guerre, de la part de tous les belligérants, sont désormais devenus conformes à des normes de brutalité établie. La pauvreté croissante est visible partout. À présent, des millions de Yéménites sont confrontés « à une insécurité alimentaire aiguë et à une résurgence possible du choléra ou de la diarrhée aqueuse », a dit le diplomate onusien Mark Lowcock dans une déclaration publiée par le bureau de presse de l’ONU. Un enfant sur quatre n’est pas scolarisé en raison du conflit, « ce qui les prive d’occasions favorables et les expose plus que jamais aux risques de recrutement par des groupes armés et à d’autres violations de leurs droits », a souligné le diplomate onusien.

Les pillages et les assassinats sont des histoires quotidiennes et au cours des trois années qui ont suivi, le conflit au Yémen n’a pas montré des signes d’apaisement. Sur cette guerre à huis clos, une grande partie du monde ignore ce conflit.

Antonio Torrenzano