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« À l’instant, je viens de parler avec le président iranien Rohani », par ces mots le président Américain Barack Obama a annoncé hier à tout le monde sa conversation téléphonique avec le président Iranien. Il s’agissait d’une annonce presque inattendue pour le monde, mais pas pour les experts de relations internationales.

 

Déjà de son élection au mois de juin, le président Hassan Rohani avait multiplié ses manifestations politiques et diplomatiques pour une nouvelle collaboration avec la communauté internationale et une ouverture de son Pays envers les autres États. Ouverture diplomatique réelle avec les États-Unis en collaborant de manière concrète sur le dossier de la production nucléaire et aussi affirmant à être disponible à une table de négociation sur cette délicate question. La rencontre annuelle aux Nations Unies pouvait être le premier moment utile pour ce dialogue avec les Américains. La rencontre à New York entre les deux chefs d’État il n’y a pas eu lieu, mais la conversation téléphonique a été un geste très important pour les relations entre les deux pays et pour la paix dans la région du Proche-Orient. Le président iranien s’est entretenu avec Barack Obama juste avant son départ en avion pour Téhéran. Le gouvernement iranien a ensuite confirmé le dialogue téléphonique, appel annoncé également sur son compte Twitter par le président Hassan Rohani.

 

Cette conversation téléphonique historique, durée plus d’une quinzaine de minutes, entre les présidents américain et iranien a fait naitre l’espoir d’un début de dialogue constructif entre Téhéran et Washington. Il n’ y avait pas eu d’échange à ce niveau entre les deux pays depuis 1979. C’est-à-dire, depuis la révolution islamique et la rupture des relations diplomatiques entre les États-Unis et l’Iran. La plupart des journaux iraniens ont largement salué aujourd’hui ce contact téléphonique évoquant la fin d’un tabou vieux de 35 ans. Barak Obama et Hassan Rohani ont notamment discuté des tentatives en cours pour parvenir à un accord sur le programme nucléaire iranien. Ces déclarations constructives ont été relevées par Washington, qui a toutefois exigé des actes concrets pour envisager une levée des sanctions qui ont eu un effet dévastateur sur l’économie iranienne.

 

Les deux présidents « ont insisté sur la volonté politique de résoudre rapidement la question nucléaire et de préparer la voie pour résoudre d’autres questions ainsi que de coopérer sur les affaires régionales », a annoncé le site Internet de la présidence à Téhéran. Selon le site, les deux présidents se sont aussi mis d’accord pour confier à leurs chefs de la diplomatie – le ministre iranien des affaires étrangères Mohammad Javad Zarif et le secrétaire d’État américain John Kerry – la mission de préparer «dès que possible» les conditions pour une «coopération nécessaire». Selon Bernard Hourcade spécialiste de l’Iran, directeur de recherche émérite au CNRS de Paris : « Des deux côtés, aux États-Unis comme en Iran, affirme-t-il, il y a une volonté politique forte de sortir de 34 ans d’impasse. Les Iraniens comme les Américains et tout le monde ont l’intérêt à ce que les choses se rééquilibrent au Moyen-Orient et que donc la longue crise iranienne trouve une fin. Il ne peut y avoir de stabilité dans le Moyen-Orient, souligne encore Bernard Hourcade, sans un Iran stable et fort avec lequel il y ait des relations normales. C’est le début d’un processus de normalisation, qui ne sera pas facile, mais qui est un signe très important pour la paix dans la région».

 

Pour Bernard Hourcade « la prochaine étape est la résolution de la crise nucléaire. Elle pourrait arriver presque tout de suite dans la mesure où tout le monde reconnaitra le droit de l’Iran à avoir de l’uranium civil, une industrie civile. Les suspicions de programme militaire peuvent être résolues si l’Iran signe et applique le protocole additionnel au Traité de non-prolifération. Et s’il permet des inspections inopinées, à tous moments, dans n’importe quelles installations en Iran et donne des garanties quasiment totales sur l’absence d’un programme clandestin ».

 

Antonio Torrenzano