Hic Et Ibi
Les images qui ont marqué l’actualité en 2016.
Méditerranée meurtrière. En 2016, plus de 5.000 personnes ont trouvé la mort en traversant le basin pour rejoindre la rive européenne. Le bilan le plus meurtrier jamais enregistré, soulignent les Nations Unies. En moyenne, 14 personnes sont mortes chaque jour en Méditerranée en 2016. «C’est le nombre le plus élevé jamais enregistré», a toujours déploré l’ONU.
Bruxelles, 22 mars 2016. La capitale européenne est frappée par des attentats commis par trois kamikazes : deux à l’aéroport de Bruxelles-Zaventem et un à la station de métro Maelbeek. Les attentats ont fait 32 morts et 340 blessés.
Nice, 14 juillet 2016. Dans la soirée de la fête nationale, sur la promenade des Anglais, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, un Tunisien domicilié à Nice, conduit un poids lourd sur la promenade sur près de deux kilomètres en prenant pour cible une foule de civils. C’est un terrible carnage. L’attaque cause la mort de 86 personnes et 434 blessés. L’attentat est revendiqué le 16 juillet par l’organisation terroriste Daech.
Instanbul : nuit du 15 au 16 juillet. La soirée se lançait doucement à Istanbul. Il était 22h30, la jeunesse s’amassait en terrasse en quête d’un peu de fraîcheur. Mais, dans le ciel sans étoile, seul un intrigant ballet d’hélicoptères piquait la curiosité des habitants. C’était un nouveau coup d’État de l’armée. Des soldats turcs putschistes cherchent à renverser le président Recep Tayyip Erdogan. Mais, le putsch en Turquie a rapidement échoué, avec un bilan de 290 morts. Cette nuit d’horreur voit des civils tués par balle et des militaires lynchés par la foule. Le président de la Turquie en ressort plus fort que jamais.
8 novembre 2016. Le milliardaire Donald Trump devient le nouveau président des États-Unis. Les sondeurs et analystes estimaient sa victoire hautement improbable, et pourtant il l’a fait : à 70 ans, le milliardaire devient ainsi le 45e président USA.
Syrie. L’année 2016 a été l’an de la chute d’Alep. Après des années de conflit qui ont détruit une large partie de la ville, le conflit dans le centre urbain termine au mois de décembre. Une étape probablement décisive dans la guerre en Syrie, mais le combat n’est pas encore terminée. Presque cinq ans plus tard, plus de 300.000 personnes ont été tuées et plus de 1,5 million d’autres ont été blessés dans tout le Pays. La Syrie est devenue le théâtre de plusieurs conflits meurtriers d’origine régionale et mondiale. D’une part, le conflit a fait réapparaître des fractures entre Moscou et Washington; d’autre part, la guerre a montré comme l’Europe a sous-estimé ce cauchemar. Mais l’internationalisation de cette affaire passe également par un autre conflit : celui entre le peuple Kurde et la Turquie.
Antonio Torrenzano
Alep: un chapitre noir dans l’histoire de la politique internationale.
À l’occasion de sa dernière conférence de presse près du siège des Nations Unies à New York, le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon a qualifié le carnage en Syrie de «trou béant dans la conscience mondiale». La ville d’Alep «est désormais synonyme d’enfer», a déclaré encore le secrétaire devant la presse internationale.
«Comme je l’ai dit au Conseil de sécurité, nous avons collectivement laissé tomber le peuple syrien. La paix ne prévaudra que si elle est accompagnée de compassion, de justice et si les responsables des crimes abominables que nous avons observés rendent des comptes».
De sa part, le Conseiller spécial de Staffan de Mistura, Jan Egeland s’est dit convaincu que l’histoire d’Alep restera comme « un chapitre noir dans l’histoire des relations internationales ».
Antonio Torrenzano
Syrie : les difficultés d’une communauté internationale impuissante à réagir avec des solutions diplomatiques.
Le martyre d’Alep se poursuit, sous les yeux d’une communauté internationale impuissante à agir et réagir avec des solutions diplomatiques. Près de 250 000 civils vivent encore dans les quartiers rebelles, sans vivres, ni électricité. Les hôpitaux ne sont plus opérationnels. Ils sont des centaines à tenter de vivre dans l’enfer des bombardements et du siège. Pris pour cible par des raids, ou par des francs-tireurs, leurs cadavres jonchent les rues de ces quartiers entièrement dévastés.
En même temps, le nombre de personnes déplacées à Alep ne cesse pas d’augmenter. À présent, les réfugiés sont plus de 400.000 individus, a déclaré le 1er décembre le représentant spécial des Nations Unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, au cours d’une conférence de presse à Genève. «Aujourd’hui à Alep, il y a 400.000 personnes déplacées. […] Il s’agit de gens qui se sont déplacés vers l’ouest d’Alep en raison des combats et qui cherchent un lieu sûr. Ils sont davantage à être arrivés au cours des derniers jours. Ce chiffre augmente. L’ONU réclame encore une trêve afin de pouvoir atteindre les civils et les évacuer », a dit l’envoyé de l’ONU. De son côté, le conseiller Staffan de Mistura, Jan Egeland, a communiqué qu’au mois de novembre, les agences humanitaires n’avaient pu atteindre que 8% des personnes dans les zones assiégées en Syrie. Jean Egeland a précisé que l’ONU a augmenté sa présence dans l’ouest de la ville. Toutefois, si aucune trêve n’était décidée rapidement, cette partie de la ville risquerait de devenir un « cimetière géant ». De sa part, la Russie a annoncé d’être disponible à ouvrir quatre couloirs humanitaires.
Sur le plan diplomatique, le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov et le secrétaire d’État américain John Kerry se sont rencontrés aujourd’hui à Rome pendant le deuxième sommet “Dialogues méditerranéens”, une initiative du ministère italien des affaires étrangères pour la stabilité et le développement des pays du basin méditerranéen. À Rome, les deux diplomates ont de même rencontré le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège. Le secrétaire John Kerry a été en outre reçu par le Pape François. Ces visites au Vatican se sont déroulées alors que l’inquiétude ne cesse de grandir au sujet de la situation en Syrie. Situation sur laquelle, depuis plusieurs mois, le pape François veut sensibiliser l’opinion internationale autant que Russes et Américains à trouver un accord diplomatique.
Antonio Torrenzano
Syrie : la situation alimentaire continue de se détériorer et les premiers sacrifiés sont les enfants.
Selon l’agence onusienne UNICEF, plus de 500.000 enfants vivraient dans presque 16 territoires assiégés en Syrie. Des zones géographiques coupées de l’aide humanitaire et d’autres services de base à cause du conflit. Dans la seule ville d’Alep, l’UNICEF estime que 100.000 enfants vivraient en état de siège.
«Pour des millions d’êtres humains en Syrie, la vie est devenue un cauchemar sans fin. En particulier, pour des centaines de milliers d’enfants vivants en état de siège. Les enfants sont tués et blessés, ont peur d’aller à l’école ou même de jouer, survivant avec peu de nourriture et peu de médicaments», a déclaré le Directeur exécutif de l’UNICEF, Anthony Lake. Les conditions, avec le début de l’hiver et la baisse des températures, pourraient devenir encore plus pénibles.
En ce qui concerne en outre la situation de l’économie agricole après cinq ans de guerre, le dernier rapport de la FAO et du PAM sur la production affirme que l’agriculture a atteint son plus bas niveau jamais enregistré. La superficie plantée en céréales au cours de la campagne agricole 2015-2016 est la plus petite jamais réalisée. Les agriculteurs ont semé quelque 900.000 hectares de blé au cours de l’année écoulée, contre 1,5 million d’hectares avant la crise. La production, quant à elle, affiche une baisse encore plus marquée, passant d’une moyenne de 3,4 millions de tonnes de blé récoltées avant la guerre à 1,5 million de tonnes cette année, soit une baisse de 55%.
«Aujourd’hui, nous constatons que près de 80% des ménages syriens sont aux prises avec une pénurie de nourriture ou d’argent permettant d’acheter de la nourriture. Et la situation ne fera que s’aggraver si nous ne soutenons pas les agriculteurs pour qu’ils puissent conserver leurs terres et leurs moyens d’existence», a déclaré le représentant du Bureau régional de la FAO pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord, Abdessalam Ould Ahmed. « L’agriculture était la principale source de revenus des ménages ruraux avant la crise et elle continue à produire dans une certaine mesure, mais elle est étirée au maximum et les agriculteurs ont largement épuisé leur capacité de faire face à la situation », a-t-il ajouté.
La poursuite des combats et l’insécurité généralisée continuent de limiter l’accès aux pâturages et aux sources d’eau alors que le fourrage et autres aliments pour les animaux sont devenus inaccessibles à de nombreux éleveurs. Les services vétérinaires du pays sont à court de vaccins et de médicaments, ce qui rend encore plus difficile pour les éleveurs le maintien de la bonne santé et de la productivité de leurs animaux.
La situation de millions d’individus continue donc de se détériorer. Plus de sept millions de personnes sont jugées dans une situation d’insécurité alimentaire avec l’aggravation que tous ceux-ci ont désormais épuisé toutes leurs économies et n’ont plus rien.
Antonio Torrenzano
J’ai eu foi dans l’Humanité : en Syrie, c’est fini.
Au cours de la dernière réunion du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée lundi à la situation en Syrie, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Stephen O’Brien, a encore une fois signalé l’incapacité de la communauté internationale à arrêter la guerre et «stopper l’anéantissement dans l’est de la ville d’Alep».
Selon Stephen O’Brien, les conditions humanitaires dans l’est d’Alep sont devenues «terrifiantes». À Alep, il est à peine possible de survivre. « J’appelle tous ceux qui ont de l’influence à œuvrer pour mettre fin à ces cycles insensés de violence et au massacre à Alep», a ajouté Stephen O’Brien. Le Secrétaire aux affaires humanitaires s’est également dit préoccupé par l’avenir des personnes vivant dans d’autres zones assiégées, particulièrement dans les quatre villes de Madaya, Zabadani, Foah et Kefraya. Un seul convoi a pu atteindre ces quatre villes dans les six derniers mois, a-t-il regretté.
De son côté, la représentante de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en Syrie, Elizabeth Hoff, a rappelé que la nation, avant le début de la guerre, disposait de l’un des systèmes de santé les plus performants du Moyen-Orient, avec un taux de vaccination de 95% et une industrie pharmaceutique prospère. «Presque six ans plus tard, plus de 300.000 personnes ont été tuées et plus de 1,5 million d’autres ont été blessés dans le conflit. Chaque mois, on compte 30.000 blessés de plus », a-t-elle enfin souligné. À présent, plus de la moitié des hôpitaux publics syriens sont fermés. Les autres centres fonctionnent que de manière fragmentaire.
Antonio Torrenzano
Qu’est-ce qu’il arrivera en Syrie après l’élection du président américain Donald Trump?
Depuis 2011, la guerre est devenue le quotidien des Syriens. Une situation dramatique à laquelle s’est ajoutée l’expansion du groupe terroriste Daech dans la région. En cinq ans, il a fait plus de 300.000 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. En revanche, ils seraient 400.000 selon un rapport cité par le quotidien anglais “The Guardian”. Le bilan reste toutefois très difficile à établir.
Depuis cinq ans, la guerre en Syrie n’épargne personne. Mais, elle touche plus durement ceux qui sont le moins à même d’y faire face : les enfants. Les enfants sont en train de payer un prix fort, révèle l’Unicef. La situation des enfants en Syrie est de plus en plus alarmante. Environ 3,7 millions d’enfants – soit 1 sur 3 – risquent la mort, des blessures, des violences sexuelles, des enlèvements et des recrutements dans des groupes armés. En outre, les pourparlers de paix, menés par les Nations Unies, n’ont pas encore trouvé des solutions politiques à ce conflit qui se perpétue jusqu’aujourd’hui.
Depuis cinq ans enfin, la Syrie est devenue le théâtre de plusieurs conflits meurtriers d’origine régionale et mondiale. D’une part, le conflit a fait réapparaître des fractures entre Moscou et Washington; d’autre part, la guerre a montré comme l’Europe a sous-estimé ce cauchemar. Mais l’internationalisation de cette affaire passe également par un autre conflit : celui entre le peuple Kurde et la Turquie.
Qu’est-ce qu’il arrivera en Syrie après l’élection du nouveau président américain Donald Trump ? Le président américain élu, dans une interview exclusive au quotidien “The Wall Street Journal” a dit que sa priorité est Daech et non le président syrien Bachar al-Assad. «Maintenant nous soutenons des rebelles contre la Syrie – a dit encore Donald Trump – et nous n’avons aucune idée de qui sont ces gens». Le nouveau président a fait savoir même qu’il romprait radicalement avec le bellicisme des néo-conservateurs en déclarant sur ce dossier un rapprochement avec la Russie. Hier, l’administration syrienne avait précisé qu’elle travaillerait avec la nouvelle administration américaine moins hostile. La guerre est en tout cas loin d’être terminée.
Antonio Torrenzano
Syrie : la violation des Droits de l’Homme dans le pays est une tragédie honteuse.
Le Conseil des droits de l’homme, réuni en séance exceptionnelle à Genève la semaine passée, a condamné par le Haut Commissaire Zeid Ra’ad Al Hussein la «crise honteuse» des droits de l’homme en Syrie et la souffrance du peuple syrien depuis presque six ans de guerre civile.
«Les violations supportées de la population à travers le pays, y compris le siège et le bombardement de l’est d’Alep, ne sont pas simplement des tragédies; ils constituent également des crimes de proportions historiques», a déclaré encore le Haut-Commissaire pendant la réunion.
Durant le sommet, le Haut-Commissaire a souligné que son bureau et la Commission d’enquête internationale indépendante sur la République syrienne ont documenté des violations du droit international humanitaire par toutes les parties prenantes à Alep. «Des groupes d’opposition armés continuent de tirer des mortiers et d’autres projectiles dans les quartiers civils de l’ouest d’Alep, mais les frappes aériennes aveugles sur la partie orientale de la ville par les forces gouvernementales et leurs alliés sont responsables de la grande majorité des victimes civiles», a-t-il précisé.
«Des dizaines de milliers de personnes ont été enlevées, exécutées, elles ont été sommairement détenues et torturées. Les familles brisées, déracinées et déplacées représentent maintenant plus de la moitié de la population syrienne», a précisé le Haut Commissaire Zeid Ra’ad Al Hussein. «L’incapacité collective de la communauté internationale à protéger les civils et mettre la parole fine à ce carnage, elle devrait hanter chacun de nous».
Antonio Torrenzano
Syrie : la réunion de Lausanne prend fin dans un climat de pessimisme.
La réunion de Lausanne consacrée à la Syrie s’est achevé ce samedi soir sans des avancées concrètes. Pour la diplomatie russe, après cette rencontre, il faudra prolonger “les contacts au cours des prochains jours”. Au contraire à Lausanne pour la diplomatie américaine, il y a eu “des idées nouvelles, des tensions, mais pas de rancoeur”.
La réunion s’est ouverte à 15h30 près de l’hôtel Beau Rivage et elle a été précédée par un tête-à-tête entre le secrétaire d’État américain John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov, qui ne s’étaient pas revus depuis le début de l’offensive russo-syrienne lancée il y a trois semaines sur la ville d’Alep Nord.
Cette rencontre d’un format nouveau a regroupé Moscou, Washington, le Qatar, la Turquie, l’Arabie saoudite, l’Iran, l’Égypte, l’Irak et la Jordanie, ainsi que l’émissaire des Nations Unies Staffan de Mistura. Le but de ces nouveaux pourparlers était de trouver de nouvelles solutions politiques afin de faire cesser le conflit qui dure depuis 2011. Après plus de 4 heures de discussions, plusieurs ministres ont quitté l’hôtel Beau-Rivage sans faire des déclarations.
Antonio Torenzano
Syrie : cauchemar diplomatique et une bombe à retardement pour tout le Moyen-Orient.
À Lausanne que pourra-t-il se produire de ces nouvelles réunions diplomatiques? La rencontre ne vise pas à un résultat immédiat, mais la rencontre essayera de trouver de nouvelles idées pour parvenir à une possible cessation des hostilités. Le processus est devenu difficile et jour après jour plus problématique. La Syrie est un cauchemar politique depuis longtemps, mais la diplomatie internationale n’a pas encore déchiffré le néfaste danger du dossier : une bombe à retardement pour toute la région du Moyen-Orient. Depuis 2014, le conflit en Syrie s’est complexifié et internationalisé, provoquant la mort de plus de 300.000 personnes et dévastant le pays. Plus de 13,5 millions de Syriens, dont six millions d’enfants, ont besoin d’aide humanitaire, selon les Nations Unies.
Washington, Moscou et les pays régionaux se retrouvent donc aujourd’hui en Suisse pour essayer une nouvelle fois une solution de trêve. Avec peu d’espoir, on peut imaginer que les deux grandes puissances feront des pressions politiques sur leurs alliés régionaux afin d’obtenir un nouveau cessez-le-feu. De manière particulière, les États-Unis ne veulent plus maîtriser la question syrienne en tête à tête avec Moscou en désirant à la table de discussion les acteurs étatiques régionaux qui ont plus d’influence sur le terrain. La Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar, qui soutiennent la rébellion, seront présents. Autre grand protagoniste du conflit, l’Iran, engagé militairement à côté de Damas, a annoncé vendredi soir sa participation.
“Je n’attends rien de spécial” de cette rencontre, avait lancé pour sa part vendredi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Sur le terrain, les Russes sont en avantage militaire à court terme, mais Moscou se retrouve dans impasse diplomatique de long terme et un désastre humanitaire.
À Lausanne sera également présent Staffan de Mistura, l’envoyé spécial de l’ONU et les représentants de l’Égypte, de l’Irak et la Jordanie. Mais les pays européens,particulièrement la France et la Grande-Bretagne qui ont dernièrement adopté une ligne différente envers Moscou, n’ont pas été conviés.
Antonio Torrenzano