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Treize jours après la fin du pontificat de Benoît XVI, c’est un homme de 76 ans nommé François qui devient le 266e Pontife de l’Église de Rome et deuxième Pape du XXIe siècle. Un homme au service de l’Église universelle, loin des luttes de pouvoir.

Il incarne une Église qui sait aller à la rencontre des hommes, là où ils vivent pour annoncer l’évangile et sensible aux questions sociales. Pour Pape François, la foi n’est pas un bien que l’on possède; c’est une mission. Il y a quelques mois, il avait reconnu que l’Église avait des défauts, des péchés, mais – il ajoutait – on oublie trop souvent sa sainteté.

Les cardinaux électeurs du Conclave ont enfin montré que les critères n’étaient pas du tout semblables à ceux qui gouvernent ce monde présent. Un conclave très court : cinq tours de scrutin avec une surprise finale. La surprise générale ? Le premier Pape jésuite, le premier Pape à choisir le nom de François, le premier Pape de l’Amérique latine. Un continent qui compte plus de 40% des quelques 1,2 milliards de catholiques dans le monde.

Selon une récente enquête du Pew Research Center sur les religions dans le monde, l’Amérique latine, malgré une nette progression des églises protestantes (évangélistes et pentecôtistes) et une perte de vitesse du catholicisme, elle reste la partie du monde comptant plus de catholiques avec 432 millions de personnes. Environ, trois habitants sur quatre du Continent ils se disent catholiques. Le Brésil, avec ses quelque 134 millions de fidèles, reste le plus grand pays catholique du monde, mais ce nombre est en diminution depuis les années 1970 où ils représentaient 92% de la population contre 68% d’aujourd’hui à cause de la forte progression des croyants évangéliques. Juste après le Brésil viennent le Mexique (96 millions de catholiques, 85% de la population) et la Colombie (38 millions, 82% de la population). L’Argentine, pays du nouveau Pape, se classe 4e avec 31 millions de fidèles, c’est-à-dire un peu plus du 75% de la population. Suivent, parmi les principaux pays du continent, le Pérou (24 millions), le Venezuela (22,5 millions), le Chili.

Ses premiers gestes et ses premiers mots ont été déjà un programme : il se présente avant tout comme l’évêque de Rome qui salue le peuple de Rome. Un retour aux origines et à l’essence même du ministère pétrinien, mais surtout il prie avec simplicité et parvient à obtenir le silence d’une foule immense à perte de vue dans une soirée pluvieuse à place Saint-Pierre.

Antonio Torrenzano

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Au lendemain de l’élection du Pape François, jeudi une conférence de presse a été tenue au Vatican par Federico Lombardi pour définir l’agenda du nouveau Pape pour les prochains jours. Mais, également décrire les premiers gestes du Pontife.

Le Pontife s’appelle François et non François 1er. Un prochain Pape pourra choisir de s’appeler François II, mais à présent ce Pape s’appelle François, tout simplement. Comme c’est tout simplement que François, dont la croix pectorale n’est pas en or, a reçu debout mercredi l’hommage des cardinaux dans la chapelle Sixtine, à peine élu, et non assis sur un trône. Et que beaucoup plus tard dans la soirée, à ces mêmes cardinaux avec qui il dînait joyeusement, il déclarait : « Que Dieu vous pardonne pour ce que vous avez fait ».

Federico Lombardi a confirmé que le pape François, à peine élu, a préféré rentrer à la résidence Sainte-Marthe en minibus, en compagnie des autres cardinaux plutôt que de prendre la célèbre voiture avec la plaque SCV 1, la voiture du Pape, spécialement préparée pour lui. Et que jeudi matin après la prière privée qu’il a fait dans la basilique Saint-Marie-Majeure, le pape François « s’est arrêté à la Casa del Clero où il logeait avant le début du conclave », avant de gagner Sainte-Marthe à l’intérieur du Vatican. Là, le Pontife « a pris le reste de ses affaires puis, il a payé la note de sa chambre et il est retourné à Sainte-Marthe ».

Federico Lombardi a aussi confirmé que le PapeFrançois mercredi soir a téléphoné à Benoît XVI à Castel Gandolfo, après avoir dit ses premiers mots à la Loggia en remerciant le Pape émérite et demandé à tout le monde de prier pour lui. Sans aucun doute, ils se rencontreront bientôt. Quand ? Nous vous le ferons savoir, Federico Lombardi a repondu. Un voyage en Argentine, sa terre natale, n’est pas à exclure, autant qu’un voyage en Pologne ou en Allemagne sur les pas de ses prédécesseurs. Mais, c’est à lui d’en décider.

Et sur la stupeur d’un Pontife Jésuite ? Federico Lombardi a tenu également à exprimer des sentiments plus personnels sur l’élection d’un Pape Jésuite, confirmant ce qu’il avait déjà dit dès mercredi soir, à savoir sa stupeur lorsqu’il a vu son confrère jésuite habillé en blanc. Il expliquait alors que « les Jésuites vivent leur spiritualité au service de l’Église comme un service subordonné à l’autorité plutôt que dans le gouvernement d’un diocèse ou de l’Église ». « Pour nous, l’idée d’un Pape jésuite est une chose très étrange, une chose à laquelle nous ne sommes pas habitués psychologiquement. Je l’ai vécue comme un appel fort au service de l’Église Universelle reçu par notre confrère ».

Antonio Torrenzano

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Le cardinal Jorge Maria Bergoglio, archevêque émérite de Buenos Aires et ancien primat d’Argentine, a été élu Pape après 5 tours de scrutin mercredi 13 mars 2013. Il a été élu par 115 cardinaux réunis en Conclave depuis mardi 12 mars dans la Chapelle Sixtine. Il a pris le nom de François.

Quelles seront-elles les priorités du futur Pape ? Saura-t-il continuer la lutte implacable contre la pédophilie et remettre de l’ordre dans une Curie encore désorientée par la trahison d’un majordome ? Pourra-t-il faire avancer les paris encore ouverts ? C’est-à-dire la normalisation des relations diplomatiques avec la Chine, la dénonce de l’injustice sociale et économique qui afflige un milliard d’individus de la planète et le sud du Monde ?

Saura-t-il avoir une énorme force prophétique dans une société occidentale désormais déchristianisée ? Saura-t-il aider des milliers de chrétiens dont la liberté religieuse est bafouée, dont la survie est menacée ? Les défis sont nombreux, certains semblent pharaoniques.

« L’Église peut être moderne en s’opposant à l’opinion commune. À l’Église incombe un rôle de contradiction prophétique et elle doit en avoir le courage».

Antonio Torrenzano

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Le 266e Pape dans l’histoire de l’Église Catholique est Jorge Mario Bergoglio, qui s’appellera François. Il est âgé de 77 ans. Le premier Pontife sud-américain, le premier jésuite à accéder à la charge pontificale. « Les cardinaux sont allés me chercher au bout du monde », a déclaré le Pape François, qui a ajouté «prier pour Benoît XVI ».

La formule «Habemus Papam» a été prononcée par le cardinal français Jean-Louis Taurant. Il est apparu sur la «Loggia des bénédictions» pour y prononcer sa première bénédiction «urbi et orbi» et «entreprendre un chemin de fraternité, d’amour et d’évangélisation » et a demandé à la foule une minute de silence : «Priez pour moi et donnez-moi votre bénédiction ».

L’après-midi de cet historique mercredi 13 mars a été très riche d’émotions : à 18h05, une fumée blanche s’échappe de la Chapelle Sixtine, signalant l’élection du nouveau Pape. Il est 18h10 et les cloches de la Basilique Saint-Pierre se mettent à sonner à toute volée comme les jours de fête, confirmant le choix du nouveau Pape. À 18h20 : le nouveau Pontife choisit son prénom, puis il se dirige vers la « Chambre des larmes » et ensuite il se recueille dans la Chapelle Pauline. Il est 19h12, le cardinal français Jean-Louis Taurant prononce la formule «Habemus papam». À 19h22 : le Pape François est apparu sur la «Loggia des bénédictions». Il est 19h34, pour le 266e Pape de l’Histoire de l’Église catholique commence la charge pontificale.

Antonio Torrenzano

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La première fumée de l’entrée en Conclave est noire. Celle qui s’est échappée à 19h.41 du 12 mars 2013 de la cheminée placée sur le toit de la Chapelle Sixtine. Le jésuite Federico Lombardi qui est accourt tout de suite après dans la Salle de presse a dit : «plus noire, c’était difficile …».

Les 115 cardinaux électeurs avaient rejoint en procession la Chapelle Sixtine depuis la Chapelle Pauline du Palais apostolique cet après-midi. Une fois installés à la place qui leur avait été attribuée dans la Chapelle, les cardinaux ont entonné le chant du Veni Creator. Ils ont lu ensuite la formule de prestation de serment quant au devoir de secret total sur le Conclave.

Lorsque le dernier cardinal a prêté serment, le maître des célébrations liturgiques pontificales, Mgr Marini, a prononcé alors la célèbre formule Extra Omnes, pour ceux qui ne participent pas au Conclave. Le collège cardinalice a alors entamé une méditation prêchée par le cardinal Prosper Grech, théologien de 87 ans, un cardinal qui ne participe pas au conclave puisqu’il a plus de 80 ans. Une fois que la méditation terminée, le prédicateur et le maître des cérémonies pontificales ont quitté eux aussi les lieux. Les portes ont ensuite été fermées “à clé”, marquant le début du Conclave.

Demain, mercredi 13 mars, deux scrutins seront prévus au matin et deux scrutins l’après-midi. Donc, les fumées sont attendues aux alentours de midi et de nouveau vers 19.00.

Antonio Torrenzano

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La messe « Pro eligendo romano Pontifice » ce matin a marqué le début solennel de l’entrée en Conclave, effective ce mardi après-midi.

Une messe solennelle pendant laquelle, à quelques heures de l’entrée proprement dite en Conclave, le nom de Benoît XVI a été prononcé par le Cardinal Sodano, doyen du Collège des cardinaux, provoquant aussitôt un tonnerre d’applaudissements, dans la basilique et sur la Place Saint-Pierre, où des milliers de fidèles s’étaient-ils rassemblés pour suivre la cérémonie sur les grands écrans.

Au début de la messe, sur fond de chants grégoriens, les cardinaux ont défilé solennellement en habit pourpre et coiffé de leur mitre dans l’allée centrale de la Basilique Saint-Pierre. Tous les cardinaux se sont ensuite assis en arc de cercle autour du baldaquin à colonnes torsadées du Bernin, qui se trouve au-dessus du tombeau de Saint Pierre.

Toujours ce mardi matin, les cardinaux ont emménagé dans les chambres préparées dans la Maison Sainte Marthe, où ils habiteront jusqu’à la fin du Conclave, et qui est entourée de mesures de sécurité strictes. C’est environ à 17 heures et trente que les Cardinaux électeurs s’enfermeront dans la Chapelle Sixtine pour un premier et hypothétique tour de scrutin. Le premier jour, il n’est pas obligatoire.

Antonio Torrenzano

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Le Conclave pour élire le successeur de Benoît XVI, le 266e Pape de l’Église catholique, commence le mardi 12 mars 2013. Le processus qui élira le prochain successeur de Benoît XVI est très codifié. Voici alors ce qu’il faut retenir pour ce qui concerne l’élection du nouveau Souverain Pontife.

C’est par une messe dans la basilique Saint-Pierre que s’ouvrira le prochain conclave mardi 12 mars. Le collège cardinalice au complet assistera à l’office présidé par son doyen le cardinal Angelo Sodano qui prononcera une homélie. Les cardinaux non-électeurs, les évêques, les prêtres, les diacres, les religieux ainsi que les fidèles laïcs présents à Rome, ils sont invités à participer à la célébration à côté des cardinaux électeurs.

La messe « Pro eligendo romano pontifice » manifeste la communion dans la prière de toute l’Église dans un moment aussi important pour elle. La feuille de route des rites à observer est contenue dans « l’Ordo rituum conclavis ». Puis dans l’après-midi, les 115 cardinaux électeurs en « habit de chœur » se rendent en procession de la Chapelle Pauline à la Chapelle Sixtine en chantant la litanie des Saints. À la fin du cortège, un diacre portant le livre des Évangiles, précédera le cardinal qui préside le conclave, le doyen et le vice-doyen du collège des cardinaux ayant dépassé l’âge fatidique de 80 ans. Une fois installés à la place qui leur aura été attribuée dans la Chapelle Sixtine, les cardinaux entonneront le chant du «Veni Creator ». Un chant dont le but est d’invoquer l’aide de l’Esprit Saint.

Le Pontife est élu par un Conclave qui réunit un collège électoral de 120 cardinaux au maximum qui ne doivent pas être plus âgés de 80 ans. Généralement l’un des cardinaux membres du Collège cardinalice est choisi comme nouveau Souverain Pontife. On parle de Conclave parce que les cardinaux sont enfermés « cum clave » à l’intérieur de la chapelle afin d’empêcher tout contact avec le monde extérieur.

Tous les cardinaux, une fois installés à leur place, liront la formule de prestation de serment quant au devoir de secret total sur le Conclave. Et le texte dit : « Nous tous et chacun de nous, cardinaux électeurs présents à cette élection du souverain pontife, promettons, faisons le vœu et jurons d’observer fidèlement et scrupuleusement toutes les prescriptions contenues dans la Constitution apostolique du souverain pontife Jean-Paul II, Universi dominici gregis, datée du 22 février 1996. De même, nous promettons, nous faisons le vœu et nous jurons que quiconque d’entre nous sera, par disposition divine, élu pontife romain, s’engagera à exercer fidèlement le munus Petrinum de pasteur de l’Église universelle et ne cessera d’affirmer et de défendre avec courage les droits spirituels et temporels, ainsi que la liberté du Saint-Siège. Nous promettons et nous jurons surtout de garder avec la plus grande fidélité et avec tous, clercs et laïcs, le secret sur tout ce qui concerne d’une manière quelconque l’élection du pontife romain et sur ce qui se fait dans le lieu de l’élection et qui concerne directement ou indirectement les scrutins ; de ne violer en aucune façon ce secret aussi bien pendant qu’après l’élection du nouveau pontife, à moins qu’une autorisation explicite en ait été accordée par le pape lui-même ; de n’aider ou de ne favoriser aucune ingérence, opposition ni aucune autre forme d’intervention par lesquelles des autorités séculières, de quelque ordre et de quelque degré que ce soit, ou n’importe quel groupe, ou des individus voudraient s’immiscer dans l’élection du pontife romain ».

Chaque cardinal électeur, selon l’ordre de préséance, prêtera à tour de rôle serment en posant sa main sur l’Évangile. Lorsque le dernier cardinal aura prêté serment, le maître des célébrations liturgiques pontificales prononcera alors la formule « extra omnes » pour que ceux qui ne participent pas au conclave quittent la Chapelle Sixtine. Une fois la lourde porte de bois close, une méditation sera prêchée par celui qui aura été choisi par les cardinaux électeurs. Le prédicateur et le maître des cérémonies pontificales quitteront alors eux aussi les lieux à l’issue de ce prêche. Un premier scrutin pourra alors débuter.

Les cardinaux doivent voter pour désigner le futur pape en inscrivant le nom de l’élu sur un bulletin de vote. Pour être élu, le candidat doit obtenir les deux tiers des voix. Tant que le score n’est pas atteint, les bulletins sont brûlés dans le poêle de la Chapelle Sixtine avec un fumigène noir. Une fois la majorité des deux tiers obtenue, le Cardinal Doyen interrogera l’élu par ces deux questions : « Acceptez-vous votre élection canonique comme souverain pontife ? » puis «De quel nom voulez-vous être appelé ?». Une fois que l’élu a accepté la charge, les bulletins de vote sont brûlés de telle manière à produire une fumée blanche. Le Conclave alors prend fin et le Cardinal protodiacre prononce depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre au Vatican la célèbre locution «Habemus Papam ».

Antonio Torrenzano

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Les cardinaux, électeurs et non-électeurs, se sont réuni ce lundi matin pour la dixième et dernière congrégation générale avant l’ouverture du Conclave demain.

Une fois encore les cardinaux ont pu entendre de différentes interventions de confrères qui avaient demandé le désir de parler la semaine dernière. Le débat et la confrontation ont été sur la situation de l’Église et les défis qui attendront le prochain Pontife successeur de Benoît XVI. Si l’on prend en compte toutes les précédentes réunions qui se sont déroulées de lundi à samedi dernier (le matin et l’après-midi), ce sont 161 les cardinaux qui se sont exprimés.

Federico Lombardi, le directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, pendant la conférence de presse a ainsi communiqué que le Cardinal Bertone est intervenu sur la situation du IOR, en qualité de président du Conseil de surveillance de l’institut pour les Œuvres de Religion.

Aujourd’hui, tout le personnel du Vatican chargé de l’organisation, de la logistique et de l’intendance pour le Conclave a prêté serment en fin d’après-midi dans la Chapelle Pauline sur le secret absolu à garder pour ce qui concerne le Conclave. Un rituel fixé par le Bureau des célébrations liturgiques pontificales et par l’article 46 de la Constitution apostolique « Universi dominici gregis » de 1996. Cette cérémonie se déroule en présence du Cardinal camerlingue et de deux protonotaires apostoliques.

Antonio Torrenzano

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Quelle sera la trace laissée dans l’histoire par ce pontificat de 8 années ? Benoît XVI a-t-il réussi son pari de “redonner le sens du sacré” à un monde dominé par le matérialisme ? Qu’en est-il de la postérité du Concile Vatican II et comment la nouvelle génération de chrétien voit-elle l’Église ? Autant de questions auxquelles cet article de *Béatrice Frotier tente d’apporter des éléments de réponses.

1. Benoît XVI l’imprévisible.

Le lecteur attentif de Benoît XVI est familier de ces traits acérés qui traversent ses écrits. Au détour d’une phrase, d’un paragraphe : une idée, une formulation. Toujours inédite ou déconcertante, souvent provocante. Fidèle à sa devise “coopérateurs de la vérité”, il n’hésitera pas à qualifier l’Église de « barque qui prend l’eau de toute part », Auschwitz de « symbole de l’enfer sur la terre ». À constater à regret que « la liberté et la tolérance sont très souvent séparées de la vérité », ou à attirer l’attention sur l’importance de « l’écologie du corps humain». On l’aura entendu implorer, au début de son pontificat, avec cette tranquille sérénité devenue sa marque de fabrique : « priez pour moi, afin que je ne me dérobe pas par peur devant les loups ». Puis, à l’heure du renoncement , dans un latin élégant et classique qu’il est un des rares à maîtriser encore parfaitement, il affirme : « bien conscient de la gravité de cet acte, en pleine liberté, je déclare renoncer au ministère d’Évêque de Rome, Successeur de saint Pierre».

Benoît XVI a-t-il eu conscience du séisme émotionnel et spirituel qu’il provoquait chez son auditoire de cardinaux, chez le peuple chrétien et bien au-delà encore ? Sans doute, mais qu’importe ? Benoît XVI agit « Après avoir examiné [s]a conscience devant Dieu », et lui seul. Après ce coup de tonnerre dans un ciel serein selon la formule désormais célèbre de Mgr Angelo Sodano, doyen du Sacré Collège, Benoît XVI reprend le cours de sa conversation et de sa réflexion. Là où il les avait laissées… abandonnant à d’autres le soin de supputer, analyser, évaluer, louer ou critiquer. Et où avait-il donc laissé la conversation ? Quels sont ces sujets qui tiennent tant à coeur de « il professore » comme le nomment avec affection les Italiens ?

2. Vatican II : ” Concile virtuel ” et ” Concile réel “.

Si un sujet lui tient à coeur, c’est sans conteste celui du Concile Vatican II. Ce sera le sujet de sa “causerie”, confiante et intime avec “ses” prêtres du diocèse de Rome, le jeudi 14 février . Et voilà qu’à nouveau ce Pape étonne, par sa franchise et sa clarté d’esprit. Il y a bien eu un “vrai Concile ” ou “Concile réel”. Certes. Mais 50 ans après, celui-ci reste quasi un inconnu. Alors même qu’un autre concile, ce ” concile virtuel ” fabriqué de toutes pièces par les médias a occupé le terrain, cristallisé les débats, monopolisé la réflexion. Et le Pape de s’expliquer tranquillement : « C’était presque un Concile en soi, et le monde a perçu le Concile à travers eux, à travers les médias ». « Et tandis que le Concile des Pères se réalisait à l’intérieur de la foi », « le Concile des journalistes s’est réalisé, naturellement, à l’intérieur des catégories des médias d’aujourd’hui, c’est-à-dire hors de la foi, avec une herméneutique politique. Pour les médias, le Concile était une lutte de pouvoir entre divers courants dans l’Église ».

L’analyse est percutante. Le constat clair, mais non point pessimiste : « la force réelle du Concile était présente » et « Il me semble que, 50 ans après le Concile, nous voyons comment ce Concile virtuel se brise, se perd, et le vrai Concile apparaît avec toute sa force spirituelle», conclut le Pape. En attendant, le discours de l’Église passe peu ou… pas du tout ! « Dans cette perspective, la liturgie comme acte de foi n’intéressait pas ». « l’Écriture ? Un livre, historique, à traiter historiquement et rien d’autre, et ainsi de suite ». Il suffit d’un dernier exemple : l’Opus Dei, simple institution de l’Église catholique, dédiée à la formation des laïcs chrétiens, cible régulière de tous les fantasmes « politico-complotistes ».

Cette distinction “concile virtuel”, “concile réel” paraît de fait particulièrement pertinente pour mieux comprendre les quiproquos constants entourant les réalités spirituelles. Réalités plutôt imperméables – par définition comme par nature – aux grilles de lecture politique et sociologique en vogue dans nombre de médias traditionnels. Et partant dans l’opinion publique ! Bref, dans le cas concret qui nous occupe, si « le vrai concile a eu du mal à se réaliser et à se concrétiser », parce que « le concile virtuel était plus fort que le Concile réel », rien n’est perdu selon Benoît XVI, bien au contraire. Au seuil même de son renoncement, il place l’Église du IIIème millénaire face à un immense défi : « et voilà notre tâche, particulièrement en cette Année de la foi, travailler pour que le vrai Concile, avec sa force de l’Esprit Saint, se réalise et que l’Église soit réellement renouvelée ».

 3. Benoît XVI ou le retour du sacré.

Redécouverte du sens du sacré : c’est sans doute le trait le plus saillant qui se détache d’un rapide survol de ces 8 années d’un pontificat auquel aucune souffrance n’aura été épargnée. Beauté de la liturgie, du chant sacré – on sait ce pape esthète et mélomane – insistance sur l’importance de l’adoration, de la méditation personnelle, redécouverte du sens de l’intimité personnelle avec le Christ. Convaincu d’une chose : une vie authentiquement chrétienne n’est possible « que si le véritable visage de Jésus nous est devenu familier » par « le dialogue intérieur », « la pénétration de cette Parole de manière à le rencontrer réellement, et naturellement dans le Mystère de l’Eucharistie».

Discours inaudible s’il en est, au beau milieu du brouhaha médiatique ambiant. Faut-il en conclure que ce pape vieillissant, à la santé fragile, à la voix douce et au geste encore timide, “renonce” sur un constat d’échec personnel ? C’est sans doute aller un peu vite en besogne… Par ce geste inouï et historique du Souverain Pontife qui renonce en « pleine conscience » au pouvoir suprême, pour continuer de servir par une vie de prière « cachée aux yeux du monde », Benoît XVI ouvre résolument une brèche de plus dans l’édifice des certitudes du matérialisme contemporain. Et par cette brèche s’engouffre ce “sacré” dont il appelle le retour de tous ces vœux : « La foi conduit à découvrir que la rencontre avec Dieu valorise, perfectionne et élève ce qu’il y a de vrai, de bon et de beau en l’homme».

4. Benoît XVI, et après ?

Après un XXème siècle traversé par des conflits inhumains, marqué par l’angoisse de l’absurde, que sera donc ce XXIème siècle ? Interrogé par Peter Seewald pour Focus, quelques semaines avant l’annonce de son renoncement, Benoît XVI déclare, non sans une certaine malice : « Je suis la fin de l’ancien et le début du nouveau ».

Les jeunes… une autre de ses priorités. Qui a assisté à cet étonnant phénomène spirituel des dernières Journées mondiales de la jeunesse à Madrid en août 2011 n’a pu qu’en demeurer saisi. Sous le froid glacial d’une pluie battante, deux millions de jeunes, unis dans un recueillement et un silence palpable au moment de l’élévation du Saint Sacrement, entourent un vieil homme à cheveux blancs. Moment sacré s’il en est. À l’heure où les supputations les plus diverses et les plus folles vont bon train, un paramètre essentiel semble avoir été oublié : cette « génération Benoît XVI » qui s’apprête tout juste à prendre la parole. Qui sait quel monde elle décidera de bâtir ?

Béatrice Frotier

 * Béatrice Frotier est professeure de lettres classiques en lycée public et passionnée de littérature et de communication, sous toutes ses formes. Ses sujets préférés ? Pour reprendre le mot du poète Térence : “rien de ce qui est humain ne m’est étranger” !