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L’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a exhorté toute la communauté internationale à travailler pour la paix et faire avancer le règlement du conflit entre les différents acteurs régionaux par voie diplomatique. Devant le Conseil de sécurité de l’ONU, Staffan de Mistura a invité la communauté diplomatique à suivre de très près l’évolution de la situation à Idlib. Les conditions de vie dans cette région seraient plus graves que dans la Ghouta.

L’Envoyé spécial des Nations Unies a enfin encouragé toutes les diplomaties à relancer le processus de Genève par un dialogue international sérieux ainsi que le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie. À l’échelle militaire, le régime de Damas a presque gagné la guerre. DAECH conserve encore quelques petites poches de territoire dans l’Est syrien. Les djihadistes contrôlent moins de 3% du territoire syrien, contre près de 50% fin 2016, selon l’OSDH.

Sur le terrain, les Nations Unies mènent dans le pays l’une des plus vastes opérations humanitaires au monde. Devant le Conseil de sécurité à la fin du mois de mai, le chef de l’humanitaire de l’ONU Mark Lowcock a demandé que les agences techniques onusiennes puissent atteindre les personnes dans les zones les plus désespérées du pays. En Syrie, plus de 2 millions d’individus vivant dans les zones difficiles d’accès ont désespérément besoin d’aide, mais moins de 20% d’entre eux ont pu être aidés cette année, a souligné le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires des Nations Unies.

Antonio Torrenzano

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Depuis mars 2011, la Syrie est en proie à un conflit qui a forcé plus de la moitié de la population à fuir. Des millions de Syriens ont quitté leur pays et des millions d’autres sont déplacés à l’intérieur de la Nation. Cette crise, considérée comme la pire catastrophe des temps modernes avec plus de 13 millions de personnes ayant besoin d’assistance, est responsable de la souffrance d’un très grand nombre d’hommes, de femmes et d’enfants.

Selon Filippo Grandi, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés de l’ONU,« la Syrie est la crise humanitaire la plus importante de notre temps. Elle reste la cause de souffrances pour des millions de personnes et devrait provoquer un élan de soutien à travers le monde entier».

De sa part, Jan Egeland, conseiller des Nations Unies pour le conflit syrien, a affirmé que «l’idée que le conflit en Syrie est en déclin est complètement fausse». La première victime «reste la population syrienne, qui a grandement besoin d’une aide humanitaire», a-t-il souligné. «Je n’arrête pas de le dire, à présent, à la Russie, à l’Iran, à la Turquie, aux États-Unis, à quiconque peut avoir une influence. Nous ne pouvons pas avoir une guerre qui se multiplie sans fin ». La guerre a fait régresser la Syrie de 30 ans. En Syrie, la population est toujours la grande perdante.

Antonio Torrenzano

* Syrie : toutes les statistiques de l’UNHCR sur la situation des réfugiés. Données actualisées au 19 avril 2018, http://www.unhcr.org/fr/urgence-en-syrie.html

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La conférence internationale des donateurs pour la Syrie a permis de recueillir 4,4 milliards de dollars (3,3 milliards d’euros) pour aider cette année le Pays et les Pays voisins qui accueillent les réfugiés. L’aide humanitaire sera également dirigée au Liban, en Jordanie et en Irak; trois Pays qui ont accueilli près de six millions de réfugiés syriens. Mais l’objectif des Nations Unies, qui était de lever plus de six milliards de dollars (près de cinq milliards d’euros),soit au moins autant que pour l’année 2017, n’a pas été atteint après que les États-Unis n’ont pas fait de don. À Bruxelles, la Russie, alliée du régime de Damas, était seulement représentée par son ambassadeur auprès de l’Union européenne. Aucun représentant du gouvernement syrien n’a pris part à la réunion internationale.

À Bruxelles, l’Union européenne et les Nations Unies ont profité du sommet pour appeler la communauté diplomatique à envisager une reprise des discussions de paix. « Nous avons besoin que la Russie et l’Iran exercent une pression sur le régime de Damas afin qu’il accepte de s’asseoir à la table des négociations menées sous les auspices de l’ONU», a souligné Federica Mogherini. « Moscou et Téhéran ont tout intérêt à contribuer à une solution politique», a-t-elle affirmé.

De sa part, l’émissaire de l’ONU Staffan de Mistura a noté qu’il faudra expliquer «à ceux qui pensent qu’avec des mouvements militaires on peut arriver à la paix, que ce sera une victoire à la Pyrrhus […] La conséquence sera le risque d’une guérilla permanente et d’une instabilité, l’impossibilité d’une reconstruction et la possibilité que DAECH en profite pour revenir […]. Il est dans l’intérêt du gouvernement syrien de trouver une solution politique», a-t-il enfin souligné. Par contre, la Haute Représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères a en conclusion lancé une mise en garde : « Nous devons être très clairs, l’argent de l’UE pour la reconstruction ne sera pas disponible tant qu’il n’y aura pas le début d’un processus de transition politique à Genève», où se sont déroulées les négociations de paix sous l’égide des Nations Unies.

Antonio Torrenzano

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Il y a sept ans, le 15 mars 2011, la Syrie basculait dans une guerre civile. Le conflit syrien a débuté pacifiquement par des manifestations libérales en 2011. Le 31 janvier 2011, des opposants syriens manifestent bras croisés place Arnous à Damas. Ils étaient silencieux et ils tenaient comme symbole des affiches sur lesquels étaient simplement inscrits « na’am al houryé » (oui à la liberté). Le lieu était lucidement choisi : une petite place à la fin de la grande avenue commerçante de Salhyeh, devant la statue d’Hafez el-Assad. Cet événement avait été organisé sur facebook en soutien aux Égyptiens qui étaient en proie à une violente répression de la part de leur propre gouvernement.

Pendant l’année 2010, les Syriens avaient pu suivre les évènements de Tunisie et d’Égypte en direct sur les chaînes Al Arabya et Al Jeziraa et le président Bashar el Assad savait qu’il n’était pas à l’abri d’une possible contagion révolutionnaire. Le Printemps arabe, qui a débuté en décembre 2010, il a été le déclencheur de plusieurs manifestations dans la région de l’Afrique du Nord et du Proche-Orient. En Syrie, le feu couvait et il a suffi d’une étincelle, en mars 2011, pour mettre le feu aux poudres : l’arrestation d’une douzaine d’adolescents à Deraa, torturés et emprisonnés durant trois semaines, pour avoir écrit sur le mur de leur école des slogans contre le régime. Le contexte de protestation entrepris par la population s’est transformé bientôt dans une guerre civile violente avant de devenir, aujourd’hui, un conflit entre des puissances régionales et internationales sur le territoire syrien. Du régime de Bachar el-Assad aux rebelles en passant par les djihadistes de l’État islamique, la Syrie est plus que jamais empêtrée dans une guerre dont elle ne semble pas voir le bout.

La guerre civile syrienne n’inclut pas uniquement des acteurs locaux ou régionaux, mais aussi des pays de l’Ouest et de l’Est ainsi que des milices qui proviennent de plus de 25 pays différents. La Turquie et l’Iran concourent directement au conflit, la Russie et les États-Unis sont militairement présents. Depuis longtemps, Washington et Moscou se livrent dans cette guerre de manière directe ou par leurs alliés interposés. Tous les acteurs cherchent à faire valoir leurs intérêts à travers la lutte qui sévit au Moyen-Orient. Toutes les parties au conflit sont par ailleurs armées et financées par des acteurs étrangers qui portent une énorme responsabilité dans l’escalade de cette « guerre par procuration ». La Syrie est devenue plus que jamais un échiquier sur lequel les différents acteurs nationaux, régionaux et internationaux déplacent leurs pions. Toutes les parties au conflit violent le droit international.

Les Nations Unies dans plusieurs moments ont affirmé que l’évolution du conflit syrien a été « pire qu’une boucherie » et l’ONU a déclaré explicitement qu’il y est question de crimes de guerre et de possibles crimes contre l’humanité. Le Haut-commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi, parle d’une «tragédie humaine aux dimensions colossales». Selon l’agence onusienne UNICEF, plus de 20.000 enfants sont décédés en sept ans de conflit et la tendance s’accélère. Le Fonds des Nations unies pour l’enfance relève une augmentation de 50% du nombre d’enfants tués en 2017 par rapport à l’année précédente. Les enfants représenteraient 20% des victimes civiles de cette guerre. Le conflit a également fait 6,1 millions de déplacés à l’intérieur de Syrie et 5,6 millions de réfugiés dans les pays voisins de la région dont le Liban, la Jordanie, l’Irak et la Turquie, selon les données du HCR. Au-delà de la très difficile situation humaine, le bilan économique de la guerre en Syrie est désastreux. Dans un rapport daté de juillet 2017, la Banque mondiale estime le coût des pertes dues à la guerre à 226 milliards de dollars, soit l’équivalent de quatre fois le produit intérieur brut (PIB) d’avant le conflit.

Après sept ans de terribles événements, il n’y a aucune perspective à l’horizon. Les solutions politiques semblent bien loin. Ni les pourparlers de Genève, soutenus par les pays occidentaux, ni les négociations de Sotchi, initiées par la Russie avec le soutien de la Turquie et de l’Iran, n’ont réussi à mettre la Syrie sur le chemin d’un règlement politique. Au contraire, la situation semble se compliquer davantage. Elle a déjà fait plus de 350 000 morts. Certains spécialistes pensent que c’est de l’issue de la guerre syrienne que dépendra la nature du nouvel ordre mondial en gestation. La crise syrienne pourrait provoquer un remodelage des alliances régionales et internationales, avec l’éloignement de la Turquie de l’Otan et le retour de la Russie en tant qu’acteur de premier plan en Méditerranée orientale.

Antonio Torrenzano

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La situation humanitaire en Syrie est toujours très critique. Les féroces combats dans la Ghouta orientale, dans la région rurale de Damas et à Afrine, au nord-ouest du pays, ont causé de nouveaux déplacements massifs. Dans ces derniers jours, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a réitéré ses appels à la protection et la sécurité des nouveaux déplacés et des centaines de milliers de civils qui sont toujours pris au piège au milieu des combats.

Dans la Ghouta orientale, plus de 45.000 Syriens ont fui leurs foyers ces derniers jours. Parallèlement, une autre situation d’urgence est en évolution dans le nord-ouest de la Syrie. Dans la région d’Afrine, environ 104.000 personnes sont déracinées de leurs foyers suite à la dernière recrudescence des combats. La majorité de ces personnes, 75.000 individus sont déplacées à Tal Rifaat, tandis que 29.000 autres ont trouvé refuge à Nubol, Zahraa et dans les villages environnants de la région rurale d’Alep au nord. Par ailleurs, quelque 10 000 personnes seraient bloquées à Az-Ziyara, tentant en vain de traverser des zones contrôlées par le gouvernement syrien. Selon le personnel de l’agence onusienne, les besoins dans ces territoires sont immenses et augmentent d’heure en heure.

Les enfants sont les plus touchés par les combats. Chaque fille, chaque garçon syrien sont aujourd’hui traumatisés à cause de la violence extrême dont il a souffert dans le conflit syrien, a déclaré le Représentant régional de l’UNICEF pour le Moyen Orient, Geert Cappelaere. Selon l’UNICEF, la Ghouta orientale est « l’enfer pour les enfants » qui vivent sous les bombes tous les jours et doivent se réfugier dans des caves, sans nourriture essentielle et sans soins médicaux, car les médicaments n’arrivent pas à être livrés. La malnutrition aiguë dans la Ghouta orientale s’est multipliée par dix au cours des six derniers mois, avec 40% des enfants qui pâtissent désormais de malnutrition sévère aiguë.

L’UNICEF signale que 50% enfants de plus ont été tués lors du conflit syrien en 2017 par rapport à 2016, et qu’au moins 1.500 enfants ont été tués ou gravement blessés depuis le début de cette année. « Des dizaines de milliers d’enfants sont devenus handicapés à cause de la guerre, des enfants paralysés, qui ont perdu des jambes, des bras » a déploré l’agence onusienne. Il n’y a aucune amélioration de la situation humanitaire en Syrie depuis l’adoption de la résolution du Conseil de sécurité samedi réclamant un cessez-le-feu immédiat, a déclaré à New York le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires, Mark Lowcock.

Le Secrétaire général aux affaires humanitaires a déclaré en outre qu’il y a eu en 2017 une réduction de 40% de l’accès à travers des lignes de front vers des zones assiégées et difficiles d’accès par rapport à 2016.  « En moyenne, en 2017, nous avons apporté une aide à 165.000 personnes par mois, ce qui est un niveau totalement insuffisant », a-t-il dit. « Nous apportions une aide à 50 fois plus de personnes dans des zones difficiles d’accès et assiégées l’année passée par rapport à cette année-là […] Si la situation ne change pas, nous verrons davantage de personnes mourir de faim et de maladie que dans des bombardements […] Il n’y a pas de paroles pour exprimer notre frustration au sujet de l’échec collectif de la communauté internationale pour mettre fin à ce conflit. Mais cette frustration n’est rien comparée à la souffrance et à la destruction qui accablent sans relâche le peuple syrien».

Antonio Torrenzano

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Le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté samedi à l’unanimité de ses membres une résolution réclamant un cessez-le-feu immédiat dans l’ensemble de la Syrie. La Résolution 2401 (2018), rédigée par le Koweït et la Suède, demande à tous les acteurs du conflit de cesser les hostilités sur l’ensemble du territoire syrien pour une période minimum de 30 jours consécutifs. Dans leur résolution, les membres du Conseil ont tenu à souligner qu’affamer les civils, comme méthode de combat, est illégal par le droit international humanitaire.

Cette « pause humanitaire » exigée par les 15 membres du Conseil doit permettre « l’acheminement sûr, sans entrave et soutenu » de l’aide et des services humanitaires ainsi que l’évacuation médicale des malades et des blessés conformément au droit international en vigueur. Dans leur résolution, les membres du Conseil affirment que la cessation des hostilités en Syrie ne s’appliquera pas aux opérations militaires menées contre les groupes terroristes. Immédiatement après le début de la cessation des hostilités, tous les acteurs militaires du conflit devront permettre aux convois humanitaires de l’ONU d’accéder à toutes les zones où la population syrienne a besoin.

En Syrie, une véritable tragédie humanitaire s’intensifie d’heure en heure dans la Ghouta orientale, région située en banlieue de Damas. La Ghouta orientale, où 400 000 civils sont pris au piège, est contrôlée par les insurgés depuis cinq ans. Mais depuis dimanche dernier, les forces syriennes de Bachar Al-Assad mènent des offensives aériennes pour essayer d’expulser les rebelles. « La Ghouta orientale est un exemple vivant de catastrophe entièrement connue, prévisible et évitable qui se déroule sous nos yeux », a dénoncé le Secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires humanitaires, Mark Lowcock.

« Tout le monde sait que près de 400.000 personnes sont assiégées. Et qu’elles sont assiégées depuis plus de quatre ans. Tout le monde sait que dans la Ghouta orientale, des milliers et des milliers d’enfants sont confrontés à la malnutrition aiguë, une situation que nous n’avons pas connue ailleurs en Syrie depuis le début du conflit. Tout le monde sait en outre que plus de 700 personnes ont besoin d’une évacuation médicale urgente vers les hôpitaux situés à quelques kilomètres dans la ville de Damas », a rappelé le chef du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

Près de sept ans de violence incessante en Syrie ont entraîné le déplacement de la moitié de la population syrienne, soit 6,1 millions de déplacés internes et 5,5 millions de Syriens réfugiés dans la région. En décembre 2017, les agences des Nations Unies et 270 ONG partenaires ont publié un plan de 4,4 milliards de dollars conçu pour venir en aide à plus de 5 millions de réfugiés syriens et 3,9 millions de membres des communautés d’accueil dans les pays voisins.

Antonio Torrenzano

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Le Congrès du dialogue national syrien, convoqué à Sotchi par Moscou et soutenu par l’Iran et la Turquie avec le but de relancer un possible processus politique de paix, s’est déroulé hier dans la station balnéaire de la mer Noire. Après une journée de travail et des débats, les délégués présents se sont mis d’accord sur la création d’un comité qui devrait “rédiger une étude de réforme constitutionnelle“, selon le communiqué final de la réunion. “Le peuple syrien décide seul du futur de son pays par des voies démocratiques […] sans pression ou d’interférence extérieure“, ont-ils ajouté.

Le Comité travaillera sous l’égide des Nations Unies et “devrait intégrer le gouvernement, l’opposition représentée lors des pourparlers de Genève, des experts syriens, la société civile, des indépendants, des chefs tribaux et des femmes“, a souligné l’émissaire de l’ONU Staffan de Mistura à la presse internationale.

Le Congrès du dialogue national syrien – convoqué par Moscou, principal allié de Bachar al-Assad, avec le soutien de Téhéran et Ankara – avait l’ambition de transformer les succès militaires du régime de Damas en une solution réaliste diplomatique. Moscou, qui avait lancé plus de 1.600 invitations pour Sotchi, a obtenu le refus des principaux groupes d’opposition, la désapprobation de la communauté Kurde furieuse de l’offensive de la Turquie contre leur territoire d’Afrine et le rejet de la communauté occidentale craignant un affaiblissement du processus de Genève organisé par les Nations Unies et un accord privilégiant le gouvernement de Damas.

Si deux ou trois “groupes politiques n’ont pas pu participer, je n’en fais pas une tragédie“, a relativisé Sergueï Lavrov à la fin de la réunion, saluant au contraire “un premier pas, un pas très important” en vue d’un règlement politique. En effet, la réunion -qui devait permettre à Moscou d’affermir son autorité dans la conduite du processus politique en Syrie – a été moins favorable pour le Kremlin. Déjà à l’ouverture du sommet, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a dû faire face aux protestations vives de certains délégués excédés par le soutien de Moscou à Bachar el-Assad. Certes, la présence de quelques personnalités issues de l’opposition la plus dure aurait pu contribuer à donner une plus ferme légitimité à cette réunion en renforçant également le poids de la médiation diplomatique russe.

À présent, le dialogue entre Syriens demeure toujours impossible. Paradoxalement, le succès incomplet et insuffisant de Sotchi est une bonne nouvelle pour les pourparlers de Genève. Genève reste, plus que jamais, le seul milieu juridique légitime pour mener de prochaines négociations. De facto, les Nations Unies se retrouvent au centre du jeu. Les débats seront encore nombreux, mais il faudra faire vite. Depuis longtemps, le conflit syrien provoque une très forte instabilité dans l’entière région du Proche-Orient.

Antonio Torrenzano

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Le secrétaire général de l’ONU enverra aux négociations de Sotchi son représentant pour la Syrie, Staffan de Mistura. Antonio Guterres a pris la décision après avoir consulté le même diplomate onusien et après avoir tenu compte du communiqué de la Russie selon lequel le résultat des pourparlers de Sotchi devrait être transmis à Genève comme contribution au processus de paix entre le régime de Damas et l’opposition syrienne.

Le secrétaire général des Nations Unies est certain que le congrès de Sotchi constituera une contribution importante au processus de négociations entre Syriens réenclenché sous les auspices de l’ONU à Genève”, a précisé le communiqué. De son côté, Staffan de Mistura a juste conclu le cycle de pourparlers à Vienne (le neuvième depuis l’engagement du processus onusien dit de Genève en 2015) où il a appelé à un courage politique tous les acteurs du conflit pour déboucher sur un règlement pacifique de la guerre. À Vienne, comme au cours des précédentes discussions, aucune rencontre directe de l’opposition et des représentants du régime n’a eu lieu et Damas a refusé toute concession.

Le Congrès du dialogue national syrien, qui se déroulera lundi et mardi à Sotchi, station balnéaire de la mer Noire, devrait avoir pour objectifs ceux de tracer une praticable feuille de route afin de trouver une solution politique au conflit. Moscou a toujours affirmé que le seul but du Congrès de Sotchi est d’alimenter efficacement le processus de Genève avec des résultats concrets. Cette initiative, soutenue par la Turquie et l’Iran, parrains de l’opposition et du régime, s’inscrirait également dans la continuité du processus d’Astana qui a abouti à présent à la création de zones de désescalade.

Le Comité des négociations syriennes (l’opposition au régime de Damas) a communiqué qu’elle ne participera pas à la prochaine réunion de Sotchi. L’opposition boycottera le Congrès sur la mer Noire parce que “le régime ne montre pas de volonté d’engager une négociation politique sérieuse”, a expliqué Nasr Hariri, le négociateur en chef du CNS. L’opposition aurait lié sa participation au sommet de Sotchi seulement après l’obtention d’avancées diplomatiques réelles pendant le cycle des pourparlers de Vienne.

Ces discussions diplomatiques interviennent alors que sur le théâtre militaire régional, il y a de nouvelles tensions dans la ville d’Afrin entre la Turquie et la communauté kurde, mais aussi dans la province d’Idlib ainsi que dans la Ghouta orientale près de Damas. La situation pourrait devenir encore plus glissante à l’échelle mondiale par le retour des États-Unis, grands absents du processus politique depuis l’élection de Donald Trump. Washington a annoncé de rester en Syrie, où il compte à présent 2.000 soldats, jusqu’à ce que l’État islamique soit totalement vaincu. Mais, à l’heure actuelle, cette décision serait également liée pour tenir tête à l’influence iranienne dans la région.

Selon le dernier bulletin du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires daté du 23 janvier 2018, près de 248 000 Syriens ont été déplacés par les violences autour et dans la région rurale d’Idlib, entre le 15 décembre et le 22 janvier dernier.

De son côté, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) a souligné, dans son bulletin humanitaire daté du 24 janvier 2018 que près 5 000 personnes des zones frontalières de Bulbul, Shankal, Admanli, Balal Koy, Ali Bakki, aux parties centrales du district d’Afrin auraient fui vers les villages voisins. Un autre groupe de 1.000 personnes se serait réfugié vers les quartiers de la ville d’Alep, à la suite des combats et d’opérations militaires dans le district d’Afrin dans le nord-ouest de la Syrie, près de la frontière avec la Turquie. Quelque 324.000 hommes, femmes et enfants, dont 126.000 déplacés, vivraient dans ce district.

Antonio Torrenzano

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Un mois après la huitième réunion infructueuse de paix à Genève, les deux délégations diplomatiques du régime de Damas et de l’opposition politique syrienne se sont retrouvées près du siège des Nations Unies à Vienne pour de nouvelles rencontres de paix. Ces nouvelles réunions s’ouvrent à quelques jours du Congrès intersyrien de Sotchi organisé par Moscou et Téhéran, alliés du régime de Damas, et d’Ankara, soutien des rebelles.

Le représentant de l’ONU Staffan de Mistura a rencontré aujourd’hui le porte-parole du régime de Damas Bashar Jaafari et ensuite le négociateur en chef du Comité des négociations syriennes Nasr Hariri. Pour tenter d’arracher des progrès, Staffan de Mistura a inscrit dans le carnet des rencontres le dossier constitutionnel, moins sensible que la question des élections qui déterminerait la destinée du président syrien Bachar al-Assad. Une démarche similaire devrait être affichée par la Russie à Sotchi, qui aimerait mettre l’accent sur l’étude d’une nouvelle Constitution syrienne, reléguant au second plan la question électorale.

Sur le terrain, l’offensive turque lancée il y a une semaine contre la milice kurde dans le nord-ouest de la Syrie compliquerait encore plus la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011 et les pourparlers de paix. Quelles conséquences pourront-t-elles produire l’offensive militaire turque sur la région d’Afrine ? Située dans la province d’Alep (nord), Afrine est une enclave kurde, bordée par la Turquie à l’ouest et au nord, et par des territoires tenus par des rebelles syriens, souvent soutenus par les Turcs, au sud et à l’est. Pour Ankara, l’objectif serait de chasser de sa frontière la puissante milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), considérée par la Turquie comme un groupe terroriste, mais soutenu par Washington dont elle est une partenaire clé dans la lutte contre les jihadistes du groupe de l’État islamique en Syrie.

Après la montée en puissance de DAECH en 2014, les Kurdes sont devenus des acteurs importants de la lutte contre les jihadistes en Syrie. Les Forces démocratiques syriennes (FDS), coalition kurdo-arabe appuyée par Washington dont les YPG sont l’épine dorsale, ont chassé l’État islamique du nord et nord-est syrien. En octobre, elles ont pris aux jihadistes leur capitale Raqqa. Les FDS qualifient l’offensive turque un soutien clair à l’EI, accusant Ankara de détourner l’attention des Kurdes vers Afrine, les obligeant ainsi à négliger les jihadistes. L’opération militaire d’Ankara sur Afrine permettrait à la Turquie de consolider sa sphère d’influence dans le nord-ouest de la Syrie, et pour les groupes rebelles qui lui sont alliés de gagner de nouveaux territoires.

La même opération militaire turque pourrait toutefois pousser les milices de l’YPG dans les bras du régime de Damas et de Moscou. Dans les jours passés, des responsables kurdes auraient communiqué à la presse internationale que Moscou leur avait offert une protection contre la Turquie s’ils laissaient leurs territoires au régime syrien. Selon de nombreux analystes, Assad et la Russie pourraient rédiger un accord avec les milices kurdes en envoyant des troupes dans le théâtre d’opération d’Afrine au soutien de l’YPG. En échange, les Kurdes s’engageraient à faire des concessions à Damas sur leurs aspirations d’autonomie voire d’indépendance dans le nord de la Syrie.

Quels contrecoups pourront-ils produire l’offensive militaire turque sur le processus de paix ? Le processus diplomatique de l’ONU deviendrait encore plus compliqué en ce qui concerne la recherche d’une solution politico-diplomatique de paix. Les mêmes difficultés pourraient être ressenties au sommet de Sotchi, parrainé par la Russie et l’Iran, qui se déroulera la semaine prochaine. Cette impasse serait très utile à l’État islamique dans la région. DAECH, malgré la perte de ses principaux bastions, garderait encore une force non négligeable dans un triangle à la frontière syro-irakienne, avec des milliers de combattants.

Antonio Torrenzano

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Staffan de Mistura a invité le gouvernement de Damas et l’opposition Syrienne à participer à une nouvelle réunion sous l’égide des Nations Unies à Vienne, en Autriche, les jours 25 et 26 janvier 2018. La réunion, qui se déroulera dans le siège de l’organisation, s’inscrira dans le cadre du processus politique de Genève, a précisé M. de Mistura dans une déclaration à la presse.

L’Envoyé spécial a dit espérer que les deux délégations participeront à cette rencontre pour des échanges de vues avec lui et son équipe. Staffan de Mistura a souligné que « toute initiative politique des acteurs internationaux devrait être évaluée par sa capacité à contribuer et à soutenir le processus politique de Genève facilité par les Nations Unies et la complète mise en œuvre de la résolution 2254 (2015)».

En ce qui concerne la situation sur le terrain, une recrudescence de la violence dans la Ghouta orientale et dans le gouvernorat d’Idlib a accru l’insécurité des civils alors que les conditions de ces régions étaient déjà désespérées, a indiqué mardi passé le Programme alimentaire mondial. «Depuis la fin de l’année dernière, des frappes aériennes ont détruit des bâtiments civils, tuant des centaines de personnes dans les deux territoires et dans le cas d’Idlib, déplaçant environ 100 000 personnes», a déclaré la porte-parole du PAM, Bettina Luescher, lors d’une conférence de presse à Genève.

Les Nations Unies ont dénoncé encore une fois l’impact dévastateur de violences de la guerre sur les civils, en particulier dans les régions d’Idlib, de la Ghouta orientale. « Les civils dans les zones touchées ont un besoin urgent de protection et d’aide humanitaire, mais les combats limitent le déplacement des personnes et des fournitures. Au cours des dernières semaines, l’intensification des bombardements, des tirs de mortier et des combats a forcé des dizaines de milliers de personnes à fuir », a souligné l’équipe de l’ONU pour l’affaire syrienne.

«Au total, 417.000 personnes vivent actuellement en état de siège en Syrie, la plus grande partie dans la Ghouta orientale, où vivent près de 400 000 personnes», a enfin déclaré Bettina Luescher.

Antonio Torrenzano