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destruction_site_palmyre_imageL’organisation de l’État islamique a fait exploser une partie du temple de Bêl, considéré comme le monument le plus important de la cité antique de Palmyre, en Syrie. La nouvelle a été communiquée par l’Observatoire syrien des droits de l’homme. Le temple Bêl vient s’ajouter à une liste déjà longue. Le 23 août dernier, les djihadistes avaient déjà détruit le temple de Baalshamin, le sanctuaire le plus important du site de Palmyre après celui de Bêl, selon le Musée du Louvre.

La cité antique de Palmyre, située dans la province de Homs dans le centre du pays, est classée au patrimoine de l’Humanité et a été conquise en mai par Daech. Après avoir pris Palmyre, les hommes de Daech avaient miné la cité antique en juin et ils avaient exécuté plus de 200 personnes. Le 18 août dernier, les mêmes avaient également décapité Kaled al-Assaad, ancien directeur du site archéologique.

Sur le plan diplomatique, d’intenses échanges ont eu lieu pendant le mois d’août entre la Russie, les États-Unis et plusieurs pays du Moyen-Orient concernant la crise syrienne. Selon la presse internationale, de nouvelles ouvertures entre la Russie et les États-Unis sont en train de se développer. À propos de ce thème, le quotidien américain Thé New York Times, que cite en particulier la rencontre de mardi 11 août 2015 entre les ministres des affaires étrangères russe et saoudien à Moscou, après une rencontre tripartite du trois août au Qatar avec leur homologue américain John Kerry, écrit : « De tous les échanges et ouvertures diplomatiques qui ont eu lieu récemment, aucune n’est plus importante que le nouvel esprit de coopération entre la Russie et les États-Unis». Toujours selon le quotidien de New York, Moscou et Washington semblent «faire de nouveaux efforts concertés en vue […] d’une solution politique à la guerre civile syrienne et de meilleures stratégies pour combattre l’État islamique». Les analystes régionaux restent toutefois prudents en soulignant que des “dissensions fondamentales demeurent ”.

La seule certitude est que le conflit syrien a fait en quatre ans plus de 240.000 morts, dont 12.000 enfants, selon un nouveau bilan OSDH. Selon la même ONG, le nombre de morts dans les rangs des civils se monte à 71.781. L’OSDH rapporte également 3.225 décès dont on ignore l’identité et elle estime enfin que le bilan réel est certainement plus élevé que les 240.000 comptabilisés.

Antonio Torrenzano

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conseil_sécurité_onu_new_york_imageUn plan de paix pour la Syrie a été soutenu à l’unanimité par le conseil de sécurité de l’ONU lundi 17 août. C’est une annonce inédite, car c’est la première fois que les 14 membres du Conseil de sécurité des Nations unies se mettent d’accord sur le conflit syrien, y compris la Russie.

Le Conseil de l’ONU a « exhorté toutes les parties syriennes à continuer à participer aux consultations initiées par l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU ». La nouveauté est que ce texte a été soutenu par l’ensemble des pays membres du Conseil, dont la Russie. Seuleument le Venezuela a exprimé quelques réserves. Notamment, le Venezuela est proche du régime syrien. Ce texte appelle à une transition politique en Syrie. Il demande à mettre fin à la guerre en « lançant un processus politique mené par la Syrie vers une transition politique qui rejoint les aspirations légitimes du peuple syrien».

Le représentant permanent adjoint de la France à l’ONU, Alexis Lamek, a qualifié «d’historique» cette entente. « Pour la première fois en deux ans, le Conseil de sécurité s’unit et passe un message en soutien au processus politique en Syrie », a-t-il ajouté. Il a répété que le ministre français des affaires étrangères estimait que le président « Bachar Al Assad n’est pas le futur de la Syrie ». Le même jour, à Moscou, lors d’une rencontre avec son homologue iranien, Javad Zarif, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a jugé « inacceptable » de poser le départ de Bachar Al Assad comme condition préalable à une solution politique du conflit.

Cette initiative, basée sur le programme de Steffan de Mistura, devrait permettre la mise en place de quatre groupes de travail à partir du mois de septembre en ce qui concerne la protection, le contre-terrorisme, les questions politiques et légales et enfin la reconstruction du Pays. L’initiative devrait permettre la mise en place des possibles solutions de paix à un conflit qui ravage la Nation depuis 4 ans. Le conflit en Syrie a été déclenché par la répression sanglante de manifestations antigouvernementales pacifiques, qui ont dégénéré en révolte armée puis en guerre civile brutale qui a fait plus de 240.000 morts.

Antonio Torrenzano

 

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staffan_de_mistura_imageLa Syrie est composée de 23 millions d’habitants. Ceux qui sont directement concernés dans le conflit armé sont plus d’un million et demi d’individus, les autres 21 millions de personnes n’ont pas le droit de parler, mais ils subissent les violences. La population syrienne est en train de payer le prix fort du jeu des puissants. À ce terrible bouleversement de la géographie humaine, il s’ajoute une économie nationale désormais presque à zéro avec des services de base dans la globalité du pays qui sont en train de s’effondrer en plaçant les communautés locales dans une position d’extrême vulnérabilité. Selon le même dossier de la Commission européenne, plus de 60% des infrastructures hospitalières ont été détruites alors que plus d’un million de personnes nécessitent des soins médicaux.

Même situation sinistrée dans l’éducation et l’enseignement: 5.000 écoles ont été pulvérisées alors que 5,6 millions d’enfants sont affectés par le conflit et que trois millions d’entre eux sont privés d’établissements scolaires. Quand la guerre en Syrie finira-t-elle ? Les batailles se succèdent, les attentats tuent des multitudes de civils chaque semaine, les bombardements restent toujours au menu ainsi que les exécutions. Après presque quatre ans de conflit et de combats, la guerre en Syrie a déclenché «la plus grande crise humanitaire que le monde ait connue depuis la Seconde Guerre mondiale». La spirale de la violence ne connaît pas de répit et différentes régions du pays sont de plus en plus administrées par une mosaïque d’acteurs non étatiques surtout Daech et le Front Al-Nosra. Bref : la Syrie et la région entière sont à présent les plus instables dans le monde. De ce terrible cauchemar nous en avons parlé avec Staffan de Mistura, l’envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie.

Antonio Torrenzano. Selon les statistiques de votre organisation, depuis le début du conflit en Syrie environ 220.000 personnes ont été tuées, plus d’un million d’autres ont été blessés. 7,6 millions de personnes ont été déplacées et quatre millions d’autres ont cherché refuge dans les pays voisins. Vous vous êtes rendu récemment dans la région pour une série de réunions avec les différents interlocuteurs.Quelle est la situation sur le terrain ?

Staffan de Mistura. La région est inquiète. Il y a un sentiment d’urgence. Ce sentiment d’urgence est devenu encore plus clair maintenant, car il est à craindre que si Daech continue de progresser, profitant du conflit en Syrie et profitant de la situation en Iraq, nous pouvons soudainement avoir un vide. Et on ne peut pas accepter cela. Voilà pourquoi nous travaillons maintenant à une transition en douceur, contrôlée, mais claire et efficace : une transformation en un nouveau type d’environnement politique. Les gens en parlent dans la région et en Syrie; ce que nous devons faire est de rendre ceci concret. Et c’est ce que nous proposons désormais au Conseil de sécurité.

A.T. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a jugé mardi 30 juin 2015 honteux que les souffrances du peuple syrien continuent de s’aggraver. Plus de 220.000 Syriens sont morts. Près de la moitié de la population du pays a été contrainte de fuir.

Staffan de Mistura. C’est le plus grand danger pour la Syrie et le peuple syrien. Voilà pourquoi il est important de rappeler constamment la tragédie humanitaire – qui s’aggrave – et parce qu’il y a toujours un risque de lassitude. Mais nous ne pouvons pas laisser cela se produire. La Syrie, c’est non seulement la Syrie, mais c’est aussi la région, ses voisins. Regardez la Turquie, regardez la Jordanie, regardez le Liban, qui accueille un nombre de réfugiés qui correspondrait à l’équivalent de 100 millions de personnes arrivant soudain aux États-Unis. Cela devient l’occasion, peut-être, d’une nouvelle façon de résoudre les problèmes régionaux, et pas seulement en faisant des guerres par procuration.

A.T. Selon Ban Ki-moon, la communauté internationale et le Conseil de sécurité ne doivent pas se permettre de gaspiller davantage du temps pour mettre fin au cycle de la violence. Le coût humain d’un retard supplémentaire devrait être inacceptable pour tous : stratégiquement, politiquement et moralement a dit votre secrétaire général.

Staffan de Mistura. Le premier message est que nous voyons des possibilités de tunnels à travers les discussions régionales et internationales. Et nous devons produire de la lumière dans ces tunnels. Et la façon de le faire est de discuter avec les Syriens en particulier. Les Syriens n’ont jamais été totalement impliqués dans ce qui a été la plupart du temps un débat régional et international. Il y a un moment dans un conflit, même quand il semble qu’il n’y a pas de solution, où vous avez le sentiment, vous sentez, que les pays de la région et au niveau international sont à la recherche d’une formule, d’une formule logique. Vous devez vous préparer à cela. Et les Syriens ont toujours senti que leur avenir doit être discuté avec eux. Jusqu’à présent, cela s’est passé dans les conférences internationales, c’est donc le moment. Et nous avons testé cela avec nos réunions à Genève, où nous avons rencontré plus de 200 entités syriennes différentes. Ils ont beaucoup à dire et il y a beaucoup de points communs entre eux. Ils veulent l’unité de leur pays, ils veulent l’intégrité, le respect et la dignité de leur pays, ils veulent que leur territoire et les frontières soient respectés, ils veulent le respect des minorités, et ils ne veulent pas du terrorisme.

Dans ces conditions catastrophiques, pourquoi la communauté internationale ne trouve-t-elle pas encore des solutions à la paix ?

Staffan de Mistura. Je travaille à l’ONU depuis 42 ans, et je n’ai jamais vu autant de raisons cyniques faisant qu’un conflit comme celui-ci, qui aurait pu être résolu, continue depuis cinq ans, avec entre 220.000 et 240.000 morts, un million de blessés et quatre millions de réfugiés. Mais, en même temps, je me rends également compte que s’il y a une institution qui ne peut pas abandonner les Syriens, c’est l’ONU.

Antonio Torrenzano

 

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syrie_conflit_guerre_imageQuand la guerre en Syrie finira-t-elle ? Les batailles se succèdent, les attentats tuent des multitudes de civils chaque semaine, les bombardements restent toujours au menu ainsi que les exécutions. Après presque cinq ans de conflit et de combats, la guerre en Syrie a déclenché «la plus grande crise humanitaire que le monde ait connue depuis la Seconde Guerre mondiale», selon le dernier rapport de la section Aide humanitaire et protection civile de la Commission européenne.

Au moins 230.000 personnes ont été tuées depuis mars 2011 et plus de la moitié de la population syrienne a besoin d’assistance humanitaire. Autre record: 7,6 millions d’individus sont répertoriés comme déplacés. C’est-à-dire des personnes contraintes sous la pression des bombardements aveugles et d’autres violences à quitter leurs maisons, leurs villes ou leurs villages, pour se replier dans des endroits plus épargnés. À ces chiffres, qui augmentent en progression très rapide jour après jour, viennent s’ajouter les quatre millions de Syriens qui ont trouvé refuge dans les pays voisins. Plus d’un million au Liban, deux millions en Turquie et un million entre Jordanie, Irak, Égypte et Afrique du Nord. D’autres enfin, ils prennent le risque de la traversée en bateaux pour se rendre en Europe.

La Syrie est composée de 23 millions d’habitants. Ceux qui sont directement concernés dans le conflit armé sont plus d’un million et demi d’individus, les autres 21 millions de personnes n’ont pas le droit de parler, mais ils subissent les violences. La population syrienne est en train de payer le prix fort du jeu des puissants. À ce terrible bouleversement de la géographie humaine, il s’ajoute une économie nationale désormais presque à zéro avec des services de base dans la globalité du pays qui sont en train de s’effondrer en plaçant les communautés locales dans une position d’extrême vulnérabilité. Selon le même dossier de la Commission européenne, plus de 60% des infrastructures hospitalières ont été détruites alors que plus d’un million de personnes nécessitent des soins médicaux. Même situation sinistrée dans l’éducation et l’enseignement: 5.000 écoles ont été pulvérisées alors que 5,6 millions d’enfants sont affectés par le conflit et que trois millions d’entre eux sont privés d’établissements scolaires.

Dans ces conditions catastrophiques, pourquoi la communauté internationale ne trouve-t-elle pas encore des solutions à la paix ?

Antonio Torrenzano

* À lire : le dossier de la Commission européenne – Aide humanitaire et protection civile, http://ec.europa.eu/echo/files/aid/countries/factsheets/syria_fr.pdf#view=fit

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staffan_de_mistura_conseil_sécurité_imagePour la première fois devant le Conseil de sécurité des Nations Unies, Staffan de Mistura a présenté mercredi 29 juillet les résultats de plusieurs mois de consultations avec les principaux protagonistes de la crise syrienne. Staffan de Mistura a rendu compte de ses efforts de médiation et l’intention de poursuivre ses consultations pour soutenir les parties syriennes dans leur recherche d’une solution politique au conflit.

L’émissaire des Nations Unies en Syrie a proposé auprès du Conseil de sécurité à New York une nouvelle approche afin de trouver une possible solution diplomatique pour la paix en Syrie en associant des discussions thématiques entre Syriens sur de différents dossiers et un groupe de contact international. Devant les membres du Conseil, Staffan de Mistura a souligné «qu’il n’y avait pas encore de consensus sur une transition politique […], qu’il n’y a pas encore de consensus sur la manière d’appliquer le communiqué de Genève». Mais, la tragédie en Syrie s’aggrave jour après jour et «l’ONU est obligée de maintenir ce dossier sur la table et poursuivre ses efforts», a-t-il ajouté.

« C’est pourquoi je propose d’approfondir le format des consultations de Genève […]. J’ai l’intention d’inviter les Syriens à des discussions thématiques, parallèles ou simultanées, par l’intermédiaire de groupes de travail qui étudieraient divers aspects de la transition sous la férule d’un comité de direction» il a expliqué. L’émissaire de l’ONU, il a ensuite cité quatre dossiers principaux : «1) la sécurité pour tous ( c’est-à-dire mettre fin aux sièges, accès aux soins médicaux, libération des détenus); 2) les questions politiques, dont les élections; 3) l’aspect militaire (lutte contre le terrorisme et l’éventuel cessez-le-feu); 4) la reconstruction du Pays». Le nouveau plan de paix, a-t-il conclu, devra avoir le soutien du Conseil de sécurité et de la communauté internationale, et impliquer les acteurs régionaux. «Un tel mécanisme de soutien international pourra conduire à terme à la formation d’un groupe de contact».

Dans sa communication aux membres du Conseil de sécurité, Staffan de Mistura a souligné que le contexte a changé depuis les conférences de Genève avec l’émergence jihadiste du groupe État islamique. Cette émergence «a fait de l’antiterrorisme une priorité pour beaucoup de monde. La peur de voir flotter des drapeaux noirs de l’État islamique sur Damas a amené certains à reconsidérer leur position», a-t-il souligné. Il faut encore rappeler que les deux précédentes sessions de négociations à Genève entre le régime et l’opposition syrienne en 2014 s’étaient conclues par des échecs. Staffan de Mistura n’a pas donné de détails sur les participants à ce dialogue ni fixé le calendrier.

De sa part, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a appelé le Conseil à soutenir ces propositions et à «convaincre les parties syriennes de participer de manière constructive au processus» en soulignant que ce statu quo en Syrie est inacceptable. «Il faudra s’assurer que ces négociations préparatoires ne seront pas exploitées cyniquement pour continuer à tuer», a Ban Ki-moon toutefois averti. Le secrétaire général s’est déclaré enfin prêt à «convoquer une conférence internationale de haut niveau pour avaliser les recommandations ou l’accord» qui sortiront de ce processus. Le Conseil de sécurité reste fractionné entre les Occidentaux qui veulent le départ du président Bachar el-Assad et Moscou et Pékin qui protègent le régime de Damas. Depuis mars 2011, la guerre en Syrie a fait plus de 220.000 morts et chassé de chez elle la moitié de la population. Les batailles se succèdent ainsi que les attentats, les bombardements, les exécutions. Les populations civiles continuent de subir les violences. Pas facile, dans ces conditions, d’imaginer la fin de la guerre, de se projeter dans un scénario où les adversaires se retrouveront autour d’une même table.

Antonio Torrenzano

 

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un-syrien-porte-le-corps-d-un-enfant-apres-une-frappe-des-fo_imageLes consultations sur le conflit syrien à Genève se poursuivront pour tout le mois de juillet. Au début, les rencontres devaient durer six semaines avec la participation des représentants du régime de Damas, de la coalition de l’opposition en exil ainsi qu’une multitude d’ambassadeurs et représentants diplomatiques dont l’Iran. L’émissaire onusien Staffan de Mistura, nommé il y a presque un an, mène depuis le 5 mai 2015 des rencontres séparées avec les protagonistes du conflit syrien.

Selon L’ONU, les discussions ont pour objectif de voir si les protagonistes sont prêts à passer du stade d’une consultation informelle à une négociation basée sur le communiqué de Genève du 30 juin 2012. Staffan de Mistura, il a souligné plusieurs fois qu’il existerait un consensus selon lequel il ne peut y avoir de solution militaire à la tragédie syrienne. Mais, au contraire, seulement une solution politique pourrait répondre aux aspirations du peuple syrien et mettre fin à cette terrible guerre de manière durable. À la fin du mois de juin, le médiateur des Nations unies pour la Syrie est parti à New York pour rendre compte de sa mission au secrétaire général Ban Ki-moon et, par la suite, au Conseil de sécurité.

La situation sur le terrain reste toutefois très grave. La Syrie est sur le point de se désintégrer sous les coups de plusieurs groupes armés extrémistes. Les rebelles ont formé dans les premiers jours de ce mois une nouvelle coalition dénommée Ansar al-Charia. Cette nouvelle coalition serait menée par le Front al-Nosra (branche d’el-Qaëda en Syrie) ensemble avec le groupe salafiste Ansar el-Cham. Ce groupe dirigé par al-Nosra a attaqué la ville d’Alep. Le même a remporté des victoires à Jisr al-Choughour, Idleb et Ariha. Ils semblent être quelques milliers de combattants et ont une réelle possibilité de prendre la ville. De sa part, l’armée syrienne est affaiblie et son allié iranien l’encourage à se replier sur le littoral. Si la ville d’Alep tombe, c’est la preuve que le régime est véritablement sur la défensive et qu’il ne peut plus espérer reconquérir des territoires. Si al-Nosra prend Alep, la ville pourra devenir sa capitale. Mais, ce groupe armé sera très vite confronté à un nouveau souci : l’État islamique. Daech ira essayer à son tour de prendre Alep et alors on pourrait assister à un combat entre les deux mouvements jihadistes.

En outre, beaucoup de Syriens ont déjà assimilé l’idée d’une partition du pays, notamment le clan des alaouites. Les alaouites ne veulent plus se battre pour défendre des villes aux quatre coins du pays. Le régime ne gouverne plus aujourd’hui que 30 % de l’ensemble du territoire en Syrie. Depuis les sévères revers subis dans le Nord, Idleb et Jisr el-Choughour, le pouvoir à Damas éprouve de nombreuses difficultés à surmonter cette crise militaire. Ces lourdes pertes ont amené l’armée du régime à prendre conscience de la nécessité de se réorganiser. En ce qui concerne en revanche le nombre de réfugiés, il dépasse désormais les 4 millions, avec un million de réfugiés de plus au cours des derniers mois, comme a annoncé jeudi le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Ces déplacés vivent dans des conditions d’extrême précarité et ils s’enfoncent de plus en plus dans une situation de pauvreté absolue.

Antonio Torrenzano

 

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réunion_paris_2juin2015_image_1962La France a réuni mardi 2 juin à Paris ses partenaires au sein de la coalition internationale contre l’État islamique en Irak et en Syrie. Cette seconde réunion restreinte des ministres des Affaires étrangères de la coalition contre Daech avait l’objectif de méditer sur la stratégie de la coalition, à un moment où la situation sur le terrain est particulièrement fragile; la nécessité de parvenir à des solutions politiques durables pour résoudre la crise irakienne et le conflit syrien. La réunion a donc fait le point sur la situation sur le terrain en Syrie et en Irak et les possibles et nouvelles stratégies militaires à déplier alors que les djihadistes continuent à gagner du terrain.

La réunion était coprésidée par Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères et du Développement international, Haïder al-Abadi, premier ministre irakien, et John Kerry, secrétaire d’État des États-Unis, représenté à Paris par le secrétaire d’État adjoint, Antony Blinken. Vingt-quatre délégations ont pris part à cette réunion (Allemagne, Arabie saoudite, Australie, Bahreïn, Belgique, Canada, Danemark, Espagne, Égypte, Émirats arabes unis, États-Unis, France, Irak, Italie, Jordanie, Koweït, l’Organisation des Nations unies en qualité d’observateur, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Qatar, Royaume-Uni, Turquie et l’Union européenne).

Les participants ont rappelé également la protection des minorités persécutées et les conditions de leur retour, comme annoncé lors de la réunion sur ce sujet au conseil de sécurité des Nations unies que Laurent Fabius a présidé le 27 mars. Ils ont discuté aussi de la protection du patrimoine en danger alors que l’Assemblée générale des Nations unies vient d’adopter une résolution sur ce sujet. Irina Bokova, directrice générale de l’UNESCO et Antonio Guterres, Haut-commissaire pour les réfugiés, ils ont été invités à participer à ces échanges pendant la journée de travail. Les partenaires de la coalition réunis à Paris ont exprimé en outre leur intention de se rencontrer, en format plénier, au niveau des chefs d’État et de gouvernement, en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies au mois de septembre 2015.

Pour le Premier ministre irakien: « la coalition internationale réputée de combattre Daech dans son pays et en Syrie est un échec ». « Beaucoup de mots, mais peu d’actions sur le terrain», a critiqué Haider al-Abadi à Paris, où il est venu rejoindre les partenaires de cette coalition. En dix mois d’opérations, les forces de la coalition ont procédé à 4.000 frappes aériennes sans pouvoir arrêter l’avancée des djihadistes. En effet malgré les frappes aériennes, l’État islamiste a continué à gagner du terrain dans ces dernières semaines avec les prises de Ramadi, à l’ouest de l’Irak et de la cité antique de Palmyre, en Syrie. De leur part, les partenaires de la Coalition ont pris acte de la détérioration continue de la situation en Syrie ainsi que de l’incapacité et de l’absence de volonté du régime d’Assad à lutter contre Daech. Ils ont rappelé leur souhait de préserver l’unité et la souveraineté de la Syrie et ont appelé au prompt lancement d’un véritable processus politique inclusif, sous les auspices des Nations Unies, en vue de mettre en œuvre les principes du communiqué de Genève – y compris la mise en place, par consentement mutuel, d’un organe de gouvernement transitoire doté de la plénitude du pouvoir exécutif.

Ils ont affirmé que seule une transition politique permettra d’établir les conditions nécessaires pour renverser la vague d’extrémisme et de radicalisme engendrée par les abus du régime et de lutter efficacement contre toutes les organisations terroristes en Syrie, y compris Daech. Toujours mardi à Paris, la coalition internationale a adopté une déclaration réaffirmant son soutien aux forces irakiennes. Dans le communiqué de presse, les acteurs de la coalition ont souligné que la lutte contre Daech en Syrie et en Irak demeure leur principale priorité, tout en constatant que Daech tente d’étendre son emprise à d’autres régions frappées par des crises politiques et des situations d’instabilité, comme en Libye. Les partenaires de la Coalition ont réaffirmé la nécessité pour la communauté internationale d’appuyer les processus visant à traiter les causes locales des crises politiques et de l’instabilité, et d’éradiquer ce groupe terroriste et son idéologie destructrice, où qu’ils se manifestent.

Selon le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, les opérations militaires de la coalition internationale anti-Daesh doivent être autorisées par le Conseil de sécurité de l’ONU et se dérouler avec l’accord des autorités syriennes. Dans une longue interview à la chaine de télévision américaine Bloomberg, le ministre des Affaires étrangères russe a notamment affirmé « évidemment, nous ne sommes pas contre les efforts de la coalition en vue d’affaiblir un dangereux groupe terroriste, mais la possibilité existait déjà de combattre ce groupe avant le début de ces opérations. Comme je l’ai déjà dit, nous préférons travailler en nous appuyant sur le droit international », a dit Sergueï Lavrov. En même temps, le diplomate russe a qualifié d’«erreur» la posture de Washington consistant à refuser de solliciter l’autorisation des autorités syriennes pour entamer des raids aériens sur les positions de Daesh en territoire syrien. En Irak, comme a souligné le ministre Lavrov, le gouvernement a bien été consulté et a donné son consentement aux bombardements.

Pour la diplomatie russe, le conflit syrien ne peut être résolu que par la voie diplomatique en sachant que : « les efforts de l’ONU et de l’envoyé spécial de l’organisation Staffan de Mistura visent l’inclusion de toutes les composantes de la société syrienne dans le processus de règlement politique, les acteurs internationaux doivent se demander qui représente le plus de danger : El-Assad ou Daesh ?», a estimé Sergueï Lavrov.

Sur le terrain, de manière inexorable, la carte du Moyen-Orient est en train d’être redessinée par l’État islamique. Mais, tout cela risque-t-il d’être un véritable casse-tête pour la Coalition internationale ?

Antonio Torrenzano

 

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image_212324_syrie_daechDepuis quelques jours, Daech a multiplié ses conquêtes sur les territoires syrien et irakien. La conquête de Palmyre en Syrie souligne que le régime de Damas n’administre plus aucune frontière avec l’Irak et que la moitié de son territoire est désormais sous la surveillance des djihadistes. L’État islamique vice versa semble d’avancer avec un plan précis. En s’emparant par exemple de nouveaux territoires, Daech a augmenté son trésor de guerre en imposant de nouvelles taxes à la population et à Palmyre a mit la main sur plusieurs sites gaziers. Cette avancée est loin d’être insignifiante pour le groupe djihadiste. Palmyre est située au milieu de la Syrie, au carrefour des autoroutes menant à Deir-Eiz-Zor à l’Est, Damas et Homs à l’Ouest. Sans plus l’autorité de Palmyre, le régime de Damas aura énormément de mal à approvisionner ses forces armées encore postées dans la région. Pourquoi la communauté internationale ne comprend-elle pas la dynamique qui a été mise à l’œuvre par l’État islamique ? Quelle est alors la stratégie poursuivie par la communauté occidentale qui combat Daech ?

Au Moyen-Orient, L’Europe se casse encore la tête en termes d’État-nation. De sa part, les États-Unis concentrent leurs actions militaires seulement en termes de stocks quand ils affirment “nous avons détruit des installations djihadistes ou nous avons tué des combattants”. Les djihadistes, au contraire, répliquent par une nouvelle guerre de mouvement et au-delà de la logique de la construction d’un État-nation. L’EILL dispose au moins 30.000 combattants très bien armés et bien expérimentés. Les nouveaux Européens qui arrivent en Syrie servent à gonfler ses effectifs. Et le régime de Damas ? Le régime de Bachar el Assad avait presque 300.000 soldats sous son drapeau, il n’en reste que 50.000 qui composent les unités d’élite. Le régime a le soutien de la République iranienne et les soutiens financier et logistique des Russes. Mais, il ne gouverne plus la moitié de son territoire.

Enfin, il faut ajouter que dans le conflit syrien il y a un nouvel acteur militaire : une coalition de dijhadistes de Al-Nosra, de mercenaires, de groupes paramilitaires qui ont été réunis par la volonté des trois puissances régionales. Cette coalition est le fruit d’une collaboration inédite depuis le début de janvier 2015 parmi l’Arabie saoudite, le Quatar, la Turquie. Pourquoi une nouveauté ? Parce que cette collaboration souligne la réconciliation entre le Quatar et l’Arabie saoudite vers leur ennemi : l’Iran. Quelle sera donc la prochaine étape dans la stratégie de l’État islamique ? Damas ou Bagdad ?

Antonio Torrenzano

 

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image_1751_syrie_daech_conflit_irakL’État islamique s’est emparé entièrement de la ville antique de Palmyre dans le désert syrien. Le groupe extrémiste contrôle désormais la moitié du territoire syrien, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

L’OSDH a affirmé que des troupes du régime syrien s’étaient retirées de toutes leurs positions dans et à la périphérie de Palmyre, notamment de l’aéroport militaire, de la prison dans lesquels les jihadistes de l’EI se sont introduits dans la nuit de jeudi.

La cité de Palmyre est également un point stratégique. La ville est le passage obligé vers la capitale Damas. Pour Daech, le véritable objectif d’aujourd’hui reste de conquérir Damas et étendre son influence à tout le Moyen-Orient. L’État islamique est en train de jouer un défi important : mettre le cap vers Damas pour essayer de faire tomber le régime de Bachar el-Assad avant que tous les autres groupes qui sont financés par l’Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie puissent le faire avant que l’EILL. L’enjeu est régional et mondial en même temps avec plusieurs facteurs : géopolitiques et religieux. L’avancée de Daech risque en outre de faire terminer les consultations sur la Syrie en cours à Genève et menées par l’émissaire de l’ONU Staffan de Mistoura.

Le régime de Damas est très affaibli et avec la baisse des prix du pétrole, l’Iran n’a plus beaucoup d’argent pour financer le régime syrien. Si Daech arrivait à Damas en premier et il faisait tomber la ville, ce serait une catastrophe pour l’Arabie Saoudite. Dans le monde arabe sunnite, la chute de Damas, on peut la comparer à la bataille d’Armageddon. Avec la prise de Damas, l’État islamique aurait une espèce d’aura extraordinaire qui renforcerait son attractivité dans la base sunnite dans toute la région. Une angoisse pour l’Arabie saoudite et de ses alliés sunnites.

Pour les observateurs, l’inquiétude reste de la même façon vive en ce qui concerne la préservation des ruines de la ville antique. L’État islamique pourrait détruire, comme lors du sac du musée de Mossoul ou le saccage de la cité antique d’Hatra en Irak, les vestiges de Palmyre inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Antonio Torrenzano

 

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staffan_de_mistura_press_geneva_imageAprès quatre ans de conflit, la Syrie est en train de subir des dégâts économiques et sociaux qui n’auraient pas été inimaginables avant 2011. Les données statistiques disponibles sont minimales, mais une estimation reste possible. Le prix de la guerre aurait été de plus de 140 milliards de dollars jusqu’aujourd’hui, c’est-à-dire 170 % du PIB syrien. Certains économistes prévoient que même si la croissance économique syrienne devait être de 5% au moins chaque année, il lui faudrait plus de 30 ans pour se remettre de la guerre. La faim et l’indigence sont devenues à présent l’ennemi quotidien des masses populaires dans toute la Syrie. L’économiste Jihad Yazigi, responsable du site d’information économique The Syria Report, explique que «l’économie syrienne s’est radicalement transformée et elle a été en grande partie détruite».

La communauté internationale peut-elle approuver l’inaction ? La guerre a déjà fait plus 220.000 morts, combien des victimes devront se recenser pour réveiller les consciences ? Les divisions internationales semblent toutefois plus profondes que jamais. Sous l’égide de la Russie, des discussions se sont tenues à deux reprises à Moscou, mais sans des réponses éclatantes. Quant aux États-Unis et à la France ? Ils ne s’opposent pas à ce que l’Iran fasse partie des interlocuteurs de l’émissaire de l’ONU,mais ils continuent de lui interdire tout rôle supplémentaire, au motif que Téhéran aide massivement sur le terrain l’armée syrienne. Le conflit en Syrie qui dure depuis quatre ans reste d’une extrême violence. Il a fait plus de 200.000 personnes tuées depuis le début de la crise en mars 2011. Quelque 12,2 millions de personnes ont maintenant besoin d’aide humanitaire, et plus de 11 millions ont été forcés de fuir leurs maisons. Des millions d’enfants syriens souffrent de traumatismes et de problèmes de santé, et plus de la moitié des services publics de la Syrie ont été détruits. La spirale de la violence ne connaît pas de répit.

Pendant la conférence de presse, l’émissaire de l’ONU a expliqué ces nouvelles consultations de Genève qui verront défiler, séparément, les représentants de différents États, des groupes et des associations, des responsables religieux, des commandants militaires, des dirigeants de partis et tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont partie liée avec la guerre en cours.

Pourquoi la formule de ce nouveau round de consultations est-elle différente ?

Staffan de Mistura : «La formule est différente parce que ce n’est pas une conférence, ce n’est pas Genève 3, Genève 2 ou Genève 1. C’est quelque chose de différent et précédent à tout ça, mais nécessaire. L’Envoyé spécial parle avec chacune des personnes des entités qui peuvent avoir une influence. Donc, ne vous attendez pas à me voir passer d’une délégation à une autre. On verra chaque délégation séparément dans des jours différents et lors de semaines différentes. Et je vais tirer des conclusions sur ça et sur cette base, les transmettre ensemble au Secrétaire général de l’ONU ».

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a-t-il donné des instructions précises pour tenter de relancer la machine ?

Staffan de Mistura : «Notre projet est basé sur les instructions du Secrétaire général avec un dialogue avec chaque groupe ou délégation, sur la base du fait qu’il y a eu un Communiqué qui s’appelle Communiqué de Genève et donc comment les rendre effectif. Tout le reste est ouvert dans le dialogue. Et ce n’est pas une question seulement de priorités ou pas».

Antonio Torrenzano