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refugies_ville_kobané_imageLe secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, est en train de suivre avec une grande préoccupation l’offensive actuelle de l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) contre la ville d’Aïn al-Arab (Kobané en langue kurde), au nord de la Syrie. L’offensive a déjà entraîné des déplacements massifs de civils en Turquie et de nombreux morts et blessés.

« À la lumière des violations flagrantes et généralisées des droits de l’homme et du droit humanitaire international qui ont été commises par le groupe terroriste dans les zones tombées sous son contrôle en Syrie et en Iraq au cours de sa campagne barbare, il demande instamment à tous ceux qui ont les moyens de le faire de prendre des mesures immédiates pour protéger la population civile assiégée d’Aïn al-Arab », a dit son porte-parole dans une déclaration à la presse.

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) s’est également dit mardi très alarmé par la situation à Kobani. « Il y a trois ou quatre jours, il y avait encore environ 10.000 civils qui ne s’étaient pas réfugiés en Turquie et bien que la plupart l’aient fait désormais, il est possible que certains soient encore restés là-bas », a dit le porte-parole du HCDH, Rupert Colville, lors d’une conférence de presse à Genève. Le même s’est dit très préoccupé pour la sécurité des civils qui sont restés à Kobané ou dans la zone frontalière près de la ville, ou encore dans les villages alentour.

Antonio Torrenzano

 

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kobané_femme_kurde_quittelaville_imageNous assistons avec tristesse à l’œuvre meurtrière d’Etat islamique, continue à répéter plusieurs fois Cafer Seven, un Kurde turc témoin des bombardements depuis le poste-frontière turc de Mursitpinar. Nos frères sont dans une situation très difficile, c’est très violent. C’est un massacre commis sous les yeux du monde entier, affirme un autre témoin des combats, Burhan Atmaca. Pourquoi le monde reste-t-il silencieux alors que les Kurdes sont massacrés ? Lui non plus n’espère rien de la Turquie : nous n’avons plus confiance dans la Turquie, nous allons devoir nous débrouiller tout seuls, déplore-t-il. Les réticences du gouvernement turc montrent l’hostilité de l’État turc envers les Kurdes.

Sans intervenir militairement, la Turquie surveille de près la situation. Des responsables kurdes ont dénoncé cette passivité, accusant Ankara de laisser faire les jihadistes, au moment dont la presse britannique rapportait que les 46 otages turcs libérés fin septembre par l’EI pourraient avoir fait l’objet d’un échange contre 180 jihadistes, dont plusieurs seraient originaires de pays européens.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), la ville de Kobané s’est «vidée à 90% de ses habitants» et les villages environnants sont désormais «quasiment déserts et contrôlés par l’EI. Terrorisés par l’avancée des djihadistes, des centaines de civils résidant dans les Quartiers Est ont fui vers la Turquie voisine», a-t-il précisé l’Observatoire. Selon l’OSDH, il ne resterait que quelques milliers de civils à Kobané, qui comptait 70.000 habitants avant la guerre et avait accueilli un nombre équivalent de réfugiés. S’ils conquièrent Kobané, les djihadistes de l’État islamique s’assureront le contrôle sans discontinuité d’une longue bande de territoire à la frontière syro-turque.

La coalition américano-arabe, qui a entrepris ses raids en Syrie le 23 septembre, n’a mené qu’un nombre limité de frappes dans le secteur, ne permettant pas d’arrêter l’avancée de l’EI. Les raids sont insuffisants pour battre les terroristes au sol, a déploré un responsable kurde, Idris Nahsen, réclamant des armes et des munitions. L’offensive de l’EI dans la région a déjà fait des centaines de morts dans les deux camps depuis le 16 septembre et poussé à la fuite quelque 300.000 habitants, dont 180.000 ont trouvé refuge en Turquie.

Antonio Torrenzano

 

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louis_sako_imagePar la publication d’une lettre ouverte ce dimanche à toute la communauté internationale, le Patriarche de Babylone des Chaldéens Louis Sako a fait le point sur la « terrible » situation humanitaire des chrétiens dans le nord de l’Irak. 70 000 déplacés chrétiens, ainsi que des membres d’autres minorités se sont réfugiés à Ankawa qui compte 25 000 chrétiens. «Les familles qui ont trouvé abris dans les églises ou les écoles sont dans des conditions plutôt bonnes, mais celles qui dorment dans la rue ou dans des parcs sont dans des conditions déplorables ». À Dohuk, le nombre de chrétiens a atteint plus de 60.000 personnes et la situation est « pire » autant qu’à Erbil. Il y a aussi des familles qui ont trouvé refuge à Kirkouk et Sulaymaniyah. Des autres sont même arrivées dans la capitale irakienne de Bagdad.

Dans sa lettre ouverte, Mgr Louis Raphaël Sako commence à faire le point sur la situation humanitaire de ses fidèles. Tandis que les militants de l’État islamique avancent, l’aide humanitaire vient à manquer. « La mort et la maladie frappent les enfants et les personnes âgées parmi les milliers de familles qui se sont réfugiés partout dans la région du Kurdistan ». Les besoins humanitaires sont de plus en plus croissants : maisons, nourriture, eau, médecine et argent. Manque une coordination humanitaire ? Selon le patriarche, « le manque de coordination internationale ralentit et limite la mise en œuvre d’une assistance efficace à ces milliers de gens qui attendent un soutien immédiat ». Les églises, dit-il, offrent tout ce qu’elles peuvent. Dans les villages chrétiens situés entre Mossoul et la région du Kurdistan, les églises sont «vides et désacralisées». Les familles ont fui avec leurs enfants en abandonnant tout le reste. «Le niveau du désastre est extrême ». Le patriarche chaldéen se dit encore désolé du fait qu’il n’y a en outre aucune «stratégie pour réduire la source de pouvoir et de ressources de ces terroristes islamiques». Aujourd’hui, rappelle-t-il, l’État islamique contrôle la ville pétrolière de Zumar, les champs pétroliers d’Ain Zalah et Batma, et en Syrie, d’Al-Raqqa et Deir ez-Zor. Ils ont en outre rejoint par des combattants extrémistes islamiques venant de plusieurs pays du monde.

Dans sa lettre ouverte publiée sur le site du patriarcat, Mgr Sako se dit désolé du fait que les Américains se contentent de protéger Erbil. Les discussions sur une partition de l’Irak sont «terrifiantes». Les Américains «ne vont pas attaquer les positions de l’état islamique à Mossoul et dans la plaine de Ninive», poursuit le patriarche. Ils «n’envisagent pas une solution rapide pour donner de l’espoir». Attendre que les forces de sécurités irakiennes combattent avec les Peshmergas contre les militants de l’état islamique est «déprimant». Le président de la région du Kurdistan a dit que les troupes kurdes combattent avec « un état terroriste, pas des groupes mineurs» ! Alors que le pays est à feu et à sang, les politiciens à Bagdad se battent pour le pouvoir.

Quel choix reste à ces réfugiés ? Où iront-ils, s’interroge Mgr Luis Sako ? Rester dans les écoles ou dans les camps de réfugiés en attendant que l’été s’achève et que l’hiver arrive ? Et après … pour faire quoi ? «Ce sont des questions qui doivent affliger de la peine dans les consciences de chacun et de chaque organisation, afin que quelque chose soit fait pour sauver ces personnes qui ont leur histoire sur cette terre depuis leurs origines».

Antonio Torrenzano