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Geir Pedersen, nouvel envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, a pris ses fonctions lundi 7 janvier 2019. Le diplomate norvégien âgé de soixante-trois ans avait été précédemment l’ambassadeur de Norvège en République populaire de Chine. Le nouvel envoyé s’est dit honoré d’assumer des fonctions au service du peuple syrien et de ses aspirations à la paix.

Geir Pedersen a été Représentant de la Norvège auprès de l’Autorité palestinienne (1998 à 2003),représentant personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Liban du Sud (2005-2007), Coordonnateur spécial pour le Liban (2007-2008) et représentant permanent de son pays auprès des Nations unies à New York de 2012 à 2017. La feuille de route de Geir Pedersen aura comme but, comme le même indique, d’oeuvrer en faveur d’une solution pacifique et de la mise en oeuvre de la résolution RCS2254 : plan de paix des Nations Unies pour la Syrie1. Le diplomate norvégien succède à Staffan de Mistura et il est le quatrième médiateur des Nations Unies depuis le début du conflit syrien en 2011. Le nouvel émissaire de l’ONU est arrivé, ce mardi, à Damas, pour sa première visite dans le pays depuis sa nomination à ce poste. Le voyage du médiateur onusien intervient alors que sur le terrain, l’UNICEF a annoncé qu’au moins 15 enfants ont perdu la vie en Syrie en raison du froid hivernal et du manque de traitements médicaux.

Mais, «outre les femmes et les enfants, de nombreuses personnes âgées sont à risque», a déclaré Andrej Mahecic, porte-parole du HCR, lors d’un point de presse à Genève. Selon le HCR, les récents combats dans l’est de la Syrie ont également produit des déplacements à grande échelle entre la population civile. Au cours des six derniers mois, des affrontements et des frappes aériennes dans le sud-est du gouvernorat de Deir-ez-Zor ont forcé environ 25.000 personnes à fuir. «Nous sommes inquiets du sort des civils qui continuent d’être bloqués dans les zones contrôlées par l’État islamique», a ajouté Andrej Mahecic. Les familles déplacées qui se rendent au camp d’Al Hol, dans le nord-est de la Syrie, ont indiqué au personnel du Haut Commisariat pour les Réfugiés que les civils qui tentent de fuir font face à de nombreuses difficultés et de dangereux obstacles pour quitter la zone de conflit.

Dans ces conditions, le Haut Commisariat est en train d’appeler toutes les acteurs du conflit, ainsi que toutes les personnes qui ont une influence sur les belligérants, à garantir la liberté de circulation et la sécurité du passage. La majorité des personnes récemment déplacées ont cherché refuge au camp d’Al Hol. Plus de 8.500 personnes se sont installées au camp d’Al Hol au cours des cinq dernières semaines. Par ailleurs, dans le gouvernorat de Hassakeh, le camp de fortune d’Al-Areesha, qui abritait environ 10.000 déplacés, a été touché par la crue des eaux d’un réservoir tout proche. Plus des deux tiers du camp sont sous l’eau. Les résidents s’installent dans les zones les plus élevées du camp.Au Liban voisin, la tempête Norma a affecté cette semaine les communautés libanaises et réfugiées.

Près de huit ans après le début de la guerre civile, la population syrienne reste partagée entre espoir et inquiétudes : les combats perdent en intensité dans certaines régions du pays, mais la guerre est loin d’être terminée.

Antonio Torrenzano

 

 

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Sept ans de guerre, plus de 365 000 morts, des millions de déplacés, de réfugiés dans d’autres Pays, mais pas encore le signe d’une paix durable à l’horizon en Syrie. Sur le terrain, le conflit est presque gagné par le gouvernement de Damas et ses alliés, mais les solutions politiques de stabilisation du pays et même de la région restent encore une abstraction, une simple image.

Avant 2011, la province d’Idlib – 100 kilomètres sur 60, adossés à la frontière turque – comptait moins de 900 000 habitants. Aujourd’hui, ils sont près de 3 millions d’individus, regroupés de gré ou de force au fil des défaites, à demeurer dans la région. Dans cette terrible affaire, la reconquête d’Idlib, qui oppose forces syriennes et Russes, avec des milices iraniennes, aux djihadistes du Hayat Tahrir al-Cham, fait revivre toutes les réminiscences causées par les batailles d’Alep, de la Ghouta, de Raqqa, de Deraa.

Dans ces derniers jours, le spectacle de la peur des civils cernés dans l’enclave rebelle de la région d’Idlib était devenu une nouvelle fois d’illustration supplémentaire de l’échec de la diplomatie internationale dans ce conflit. « Un échec flagrant de la diplomatie et des organisations internationales, mais aussi des organisations régionales, comme la Ligue arabe. En Syrie – selon le professeur Ziad Majed – tout ce qui a été construit depuis la Seconde Guerre mondiale en matière de droits, de conventions, et de mécanismes de condamnation et de jugement sera désormais plus que jamais remis en question».

Une incapacité de la politique internationale qui peut être également analysée de manière chronologique par l’incapacité des Nations Unies à peser sur le cours des événements syrien. En août 2012, Kofi Annan est le premier à jeter l’éponge, six mois après sa désignation comme représentant spécial de l’ONU pour la Syrie. «La militarisation croissante sur le terrain et le manque d’unanimité au Conseil de sécurité – déclara l’ancien secrétaire – m’empêchent de travailler pour la paix et ils changent mon rôle». Le successeur, Lakhdar Brahimi, fin diplomate onusien, ancien constructeur de l’accord de Taëf qui mit fin à la guerre civile libanaise en 1989, fera le même. Après avoir organisé début 2014 les premières négociations directes entre gouvernement syrien et opposition politique à Genève, quelques mois plus tard Lakhdar Brahimi jettera l’éponge pour l’impossibilité de dialogue et la volonté à négocier parmi les deux acteurs.

En 2017, le troisième émissaire onusien Staffan de Mistura parviendra pour la première fois à faire accepter aux différentes parties une feuille de route, mais les pourparlers de Genève s’arrêtent sur la destinée du président Syrien Assad. Certes, la militarisation du conflit a empêché à la diplomatie internationale en Syrie de trouver de manière rapide de voies pour la paix. Milliers de combattants, de milliers de tonnes d’armes ont afflué de toutes parts sur le théâtre syrien devenu un conflit mondial. Aujourd’hui, dans ce contexte ultra morcelé, la Russie tente à son tour de traduire sa victoire militaire en succès diplomatique. Vladimir Poutin réussira-t-il dans son entreprise ?

Antonio Torrenzano

 

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Après près de trois ans de siège, 6.900 femmes, enfants et hommes ont finalement pu quitter les villes syriennes de Foah et de Kafraya, à la suite d’une entente entre les différents sujets du conflit. Les deux villes largement chiites, situées dans le gouvernorat d’Idlib, en majorité tenue par les rebelles, ont été assiégées par des groupes armés non étatiques depuis octobre 2015, et les individus piégés avaient désespérément besoin d’une aide vitale, notamment alimentaire et médicale.

Les Nations Unies n’ont pas été en mesure d’acheminer leur aide humanitaire à ces villes depuis septembre 2017. Les civils ont été escortés par le Croissant-Rouge arabe syrien jusqu’au passage d’Al-Eiss, dans le sud du gouvernorat d’Alep. De sa part, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés a communiqué que plus de 760.000 réfugiés syriens sont rentrés chez eux pendant le premier semestre de l’année en cours. L’Agence onusienne a indiqué en outre que parmi ces chiffres, 13.000 réfugiés sont revenus des pays voisins.

Environ 4 millions de Syriens s’étaient réfugiés chez les pays de la région (Jordanie, Liban, Turquie, Irak), pour échapper aux combats et aux violences. La Turquie accueille actuellement près de 3,6 millions de réfugiés; le Liban plus d’un million d’exilés poussés à l’exil par le conflit qui fait rage dans leur pays depuis 2011.

À l’échelle diplomatique, la Russie a proposé aux États-Unis de coopérer afin d’assurer le retour des réfugiés en Syrie, quelques jours après un sommet entre Vladimir Poutine et Donald Trump. « Des propositions concrètes sur l’organisation du travail visant à assurer le retour chez eux des réfugiés ont été envoyées à la partie américaine », a déclaré un haut responsable du ministère, le général Mikhaïl Mizintsev. Ces propositions « tiennent compte des accords obtenus par les présidents russe et américain au cours de leur rencontre à Helsinki […]. Les propositions russes sont actuellement en train d’être examinées par Washington», a-t-il précisé.

De sa part, le secrétaire d’État américain Michael Pompeo a indiqué vendredi 20 juillet que les deux dirigeants avaient commencé à discuter du rapatriement des millions de réfugiés syriens. « Il est important pour le monde que ces réfugiés peuvent regagner leur pays au bon moment, par un mécanisme basé sur le volontariat », a affirmé Michael Pompeo. «C’est dans cette optique que nous travaillons tous. C’est dans cette optique que travaille l’ONU […] et c’est ce dont le président Poutine et le président Trump ont parlé ».

Antonio Torrenzano

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Depuis deux semaines, le régime syrien conduit une imposante offensive contre les rebelles dans la province de Deraa, dans le sud du pays. Selon l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), plus de 300 000 individus auraient fui leurs foyers depuis le 19 juin et les mêmes auraient, pour la plupart, trouvé refuge près des frontières avec la Jordanie.

«La plupart vivent dans des conditions de précarité et d’insécurité […], dont environ 60 000 personnes qui demeurent au point de passage frontière avec la Jordanie à Nasib/Jaber», a précisé le Haut-Commissaire Filippo Grandi. À l’intérieur de la Syrie, la plupart des personnes déplacées sont contraintes de vivre en plein air ou dans des abris de fortune, « bien que les communautés locales de la région aient ouvert leurs portes pour accueillir un grand nombre de personnes déracinées  […]. Un grand nombre de femmes et d’enfants se trouvent parmi les personnes déracinées, ainsi que des personnes âgées, des blessés et des malades», a fait remarquer Filippo Grandi. Pour le Haut-Commissaire, « les hostilités dans la région frontalière syro-jordanienne constituent un risque vital et ne laissent pas d’autre choix que de rechercher la sécurité en Jordanie voisine ».

«La protection, la sécurité et la sûreté des civils ainsi que celles des travailleurs humanitaires sont cruciales », note le UNHCR qui ajoute qu’il s’agit d’un principe fondamental en vertu du droit international humanitaire qui doit être garanti par toutes les parties au conflit et par la communauté internationale. De sa part, le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres a apporté son complet appui aux déclarations faites par Filippo Grandi. António Guterres a appelé toutes les parties au conflit à faire cesser les hostilités afin de permettre aux agences humanitaires de se dédier au secours des blessées et des réfugiés. Même si la priorité absolue reste à tout instant la même : celle de trouver une solution politique au conflit syrien et d’épargner de nouvelles souffrances aux civils.

Antonio Torrenzano

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La conférence internationale des donateurs pour la Syrie a permis de recueillir 4,4 milliards de dollars (3,3 milliards d’euros) pour aider cette année le Pays et les Pays voisins qui accueillent les réfugiés. L’aide humanitaire sera également dirigée au Liban, en Jordanie et en Irak; trois Pays qui ont accueilli près de six millions de réfugiés syriens. Mais l’objectif des Nations Unies, qui était de lever plus de six milliards de dollars (près de cinq milliards d’euros),soit au moins autant que pour l’année 2017, n’a pas été atteint après que les États-Unis n’ont pas fait de don. À Bruxelles, la Russie, alliée du régime de Damas, était seulement représentée par son ambassadeur auprès de l’Union européenne. Aucun représentant du gouvernement syrien n’a pris part à la réunion internationale.

À Bruxelles, l’Union européenne et les Nations Unies ont profité du sommet pour appeler la communauté diplomatique à envisager une reprise des discussions de paix. « Nous avons besoin que la Russie et l’Iran exercent une pression sur le régime de Damas afin qu’il accepte de s’asseoir à la table des négociations menées sous les auspices de l’ONU», a souligné Federica Mogherini. « Moscou et Téhéran ont tout intérêt à contribuer à une solution politique», a-t-elle affirmé.

De sa part, l’émissaire de l’ONU Staffan de Mistura a noté qu’il faudra expliquer «à ceux qui pensent qu’avec des mouvements militaires on peut arriver à la paix, que ce sera une victoire à la Pyrrhus […] La conséquence sera le risque d’une guérilla permanente et d’une instabilité, l’impossibilité d’une reconstruction et la possibilité que DAECH en profite pour revenir […]. Il est dans l’intérêt du gouvernement syrien de trouver une solution politique», a-t-il enfin souligné. Par contre, la Haute Représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères a en conclusion lancé une mise en garde : « Nous devons être très clairs, l’argent de l’UE pour la reconstruction ne sera pas disponible tant qu’il n’y aura pas le début d’un processus de transition politique à Genève», où se sont déroulées les négociations de paix sous l’égide des Nations Unies.

Antonio Torrenzano

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Il y a sept ans, le 15 mars 2011, la Syrie basculait dans une guerre civile. Le conflit syrien a débuté pacifiquement par des manifestations libérales en 2011. Le 31 janvier 2011, des opposants syriens manifestent bras croisés place Arnous à Damas. Ils étaient silencieux et ils tenaient comme symbole des affiches sur lesquels étaient simplement inscrits « na’am al houryé » (oui à la liberté). Le lieu était lucidement choisi : une petite place à la fin de la grande avenue commerçante de Salhyeh, devant la statue d’Hafez el-Assad. Cet événement avait été organisé sur facebook en soutien aux Égyptiens qui étaient en proie à une violente répression de la part de leur propre gouvernement.

Pendant l’année 2010, les Syriens avaient pu suivre les évènements de Tunisie et d’Égypte en direct sur les chaînes Al Arabya et Al Jeziraa et le président Bashar el Assad savait qu’il n’était pas à l’abri d’une possible contagion révolutionnaire. Le Printemps arabe, qui a débuté en décembre 2010, il a été le déclencheur de plusieurs manifestations dans la région de l’Afrique du Nord et du Proche-Orient. En Syrie, le feu couvait et il a suffi d’une étincelle, en mars 2011, pour mettre le feu aux poudres : l’arrestation d’une douzaine d’adolescents à Deraa, torturés et emprisonnés durant trois semaines, pour avoir écrit sur le mur de leur école des slogans contre le régime. Le contexte de protestation entrepris par la population s’est transformé bientôt dans une guerre civile violente avant de devenir, aujourd’hui, un conflit entre des puissances régionales et internationales sur le territoire syrien. Du régime de Bachar el-Assad aux rebelles en passant par les djihadistes de l’État islamique, la Syrie est plus que jamais empêtrée dans une guerre dont elle ne semble pas voir le bout.

La guerre civile syrienne n’inclut pas uniquement des acteurs locaux ou régionaux, mais aussi des pays de l’Ouest et de l’Est ainsi que des milices qui proviennent de plus de 25 pays différents. La Turquie et l’Iran concourent directement au conflit, la Russie et les États-Unis sont militairement présents. Depuis longtemps, Washington et Moscou se livrent dans cette guerre de manière directe ou par leurs alliés interposés. Tous les acteurs cherchent à faire valoir leurs intérêts à travers la lutte qui sévit au Moyen-Orient. Toutes les parties au conflit sont par ailleurs armées et financées par des acteurs étrangers qui portent une énorme responsabilité dans l’escalade de cette « guerre par procuration ». La Syrie est devenue plus que jamais un échiquier sur lequel les différents acteurs nationaux, régionaux et internationaux déplacent leurs pions. Toutes les parties au conflit violent le droit international.

Les Nations Unies dans plusieurs moments ont affirmé que l’évolution du conflit syrien a été « pire qu’une boucherie » et l’ONU a déclaré explicitement qu’il y est question de crimes de guerre et de possibles crimes contre l’humanité. Le Haut-commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi, parle d’une «tragédie humaine aux dimensions colossales». Selon l’agence onusienne UNICEF, plus de 20.000 enfants sont décédés en sept ans de conflit et la tendance s’accélère. Le Fonds des Nations unies pour l’enfance relève une augmentation de 50% du nombre d’enfants tués en 2017 par rapport à l’année précédente. Les enfants représenteraient 20% des victimes civiles de cette guerre. Le conflit a également fait 6,1 millions de déplacés à l’intérieur de Syrie et 5,6 millions de réfugiés dans les pays voisins de la région dont le Liban, la Jordanie, l’Irak et la Turquie, selon les données du HCR. Au-delà de la très difficile situation humaine, le bilan économique de la guerre en Syrie est désastreux. Dans un rapport daté de juillet 2017, la Banque mondiale estime le coût des pertes dues à la guerre à 226 milliards de dollars, soit l’équivalent de quatre fois le produit intérieur brut (PIB) d’avant le conflit.

Après sept ans de terribles événements, il n’y a aucune perspective à l’horizon. Les solutions politiques semblent bien loin. Ni les pourparlers de Genève, soutenus par les pays occidentaux, ni les négociations de Sotchi, initiées par la Russie avec le soutien de la Turquie et de l’Iran, n’ont réussi à mettre la Syrie sur le chemin d’un règlement politique. Au contraire, la situation semble se compliquer davantage. Elle a déjà fait plus de 350 000 morts. Certains spécialistes pensent que c’est de l’issue de la guerre syrienne que dépendra la nature du nouvel ordre mondial en gestation. La crise syrienne pourrait provoquer un remodelage des alliances régionales et internationales, avec l’éloignement de la Turquie de l’Otan et le retour de la Russie en tant qu’acteur de premier plan en Méditerranée orientale.

Antonio Torrenzano

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La situation humanitaire en Syrie est toujours très critique. Les féroces combats dans la Ghouta orientale, dans la région rurale de Damas et à Afrine, au nord-ouest du pays, ont causé de nouveaux déplacements massifs. Dans ces derniers jours, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a réitéré ses appels à la protection et la sécurité des nouveaux déplacés et des centaines de milliers de civils qui sont toujours pris au piège au milieu des combats.

Dans la Ghouta orientale, plus de 45.000 Syriens ont fui leurs foyers ces derniers jours. Parallèlement, une autre situation d’urgence est en évolution dans le nord-ouest de la Syrie. Dans la région d’Afrine, environ 104.000 personnes sont déracinées de leurs foyers suite à la dernière recrudescence des combats. La majorité de ces personnes, 75.000 individus sont déplacées à Tal Rifaat, tandis que 29.000 autres ont trouvé refuge à Nubol, Zahraa et dans les villages environnants de la région rurale d’Alep au nord. Par ailleurs, quelque 10 000 personnes seraient bloquées à Az-Ziyara, tentant en vain de traverser des zones contrôlées par le gouvernement syrien. Selon le personnel de l’agence onusienne, les besoins dans ces territoires sont immenses et augmentent d’heure en heure.

Les enfants sont les plus touchés par les combats. Chaque fille, chaque garçon syrien sont aujourd’hui traumatisés à cause de la violence extrême dont il a souffert dans le conflit syrien, a déclaré le Représentant régional de l’UNICEF pour le Moyen Orient, Geert Cappelaere. Selon l’UNICEF, la Ghouta orientale est « l’enfer pour les enfants » qui vivent sous les bombes tous les jours et doivent se réfugier dans des caves, sans nourriture essentielle et sans soins médicaux, car les médicaments n’arrivent pas à être livrés. La malnutrition aiguë dans la Ghouta orientale s’est multipliée par dix au cours des six derniers mois, avec 40% des enfants qui pâtissent désormais de malnutrition sévère aiguë.

L’UNICEF signale que 50% enfants de plus ont été tués lors du conflit syrien en 2017 par rapport à 2016, et qu’au moins 1.500 enfants ont été tués ou gravement blessés depuis le début de cette année. « Des dizaines de milliers d’enfants sont devenus handicapés à cause de la guerre, des enfants paralysés, qui ont perdu des jambes, des bras » a déploré l’agence onusienne. Il n’y a aucune amélioration de la situation humanitaire en Syrie depuis l’adoption de la résolution du Conseil de sécurité samedi réclamant un cessez-le-feu immédiat, a déclaré à New York le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires, Mark Lowcock.

Le Secrétaire général aux affaires humanitaires a déclaré en outre qu’il y a eu en 2017 une réduction de 40% de l’accès à travers des lignes de front vers des zones assiégées et difficiles d’accès par rapport à 2016.  « En moyenne, en 2017, nous avons apporté une aide à 165.000 personnes par mois, ce qui est un niveau totalement insuffisant », a-t-il dit. « Nous apportions une aide à 50 fois plus de personnes dans des zones difficiles d’accès et assiégées l’année passée par rapport à cette année-là […] Si la situation ne change pas, nous verrons davantage de personnes mourir de faim et de maladie que dans des bombardements […] Il n’y a pas de paroles pour exprimer notre frustration au sujet de l’échec collectif de la communauté internationale pour mettre fin à ce conflit. Mais cette frustration n’est rien comparée à la souffrance et à la destruction qui accablent sans relâche le peuple syrien».

Antonio Torrenzano

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Le conflit syrien est à l’origine de l’exode de millions de civils : 5 millions d’individus sont à présent réfugiés dans les pays voisins et un nombre consistant des personnes déplacées en Syrie même. Depuis 2011, plus de 5 millions d’individus ont quitté la Syrie sur un total de 23 millions d’habitants.

Depuis janvier 2017, l’agence onusienne pour les Réfugiés des Nations Unies a constaté qu’il  y a un mouvement de retour, mais le nombre d’individus rentrés à leur foyer n’a pas été encore appréciable. Plus de trois millions de Syriens restent réfugiés en Turquie, le pays voisin le plus affecté, selon le HCR. Moins de 10% d’entre eux ont été accueillis dans des camps, tandis qu’une majorité vit dans les villes, dont plus de 500.000 à Istanbul.

Le Liban, ce petit pays de 4.5 millions d’habitants a officiellement accueilli un million de personnes et probablement bien plus si l’on compte les réfugiés qui ne sont pas recensés. Le royaume jordanien qui partage une frontière avec le Pays en guerre accueille 657.000 personnes notamment dans le grand camp de Zaatari. La présence massive et durable des réfugiés a pesé sur les équilibres politiques de ces deux Pays. 233.000 se sont installés en Irak, plus de 120.000 en Égypte et près de 30.000 dans les pays d’Afrique du Nord. Les pays d’accueil restent démunis devant l’ampleur du problème.

En outre, les Nations Unies mettent en garde contre les conséquences à long terme de la crise, tout particulièrement sur les enfants. Un million d’enfants syriens ne sont pas scolarisés et ils sont ceux qui devront contribuer à reconstruire la Syrie pour la prochaine génération. Une situation qui risque de s’aggraver. Quelle pourra être alors leur perspective d’avenir ? Peuvent-ils encore envisager un retour dans leur foyer ? Les perspectives d’avenir restent obscures et dangereuses si la communauté internationale ne décide d’arrêter le conflit, et ensuite décidera d’un plan Marshall pour reconstruire le pays.

Antonio Torrenzano

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Lors d’une visite au camp de réfugiés de Za’atari, au nord de la Jordanie, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a exhorté la communauté internationale à intensifier son appui aux réfugiés syriens et aux pays qui les accueillent. Une inaction de la communauté internationale pourrait mettre en péril la sécurité mondiale.

Selon le Secrétaire général de l’ONU, cette crise prolongée aurait contribué à alimenter le terrorisme mondial et les Pays donateurs devraient donc avoir tout intérêt à accroître le niveau de l’aide humanitaire et à rechercher une solution politique à la tragédie que constitue ce conflit. «Après dix ans de service en qualité de Haut Commissaire pour les réfugiés, je vous laisse imaginer mon sentiment, mon émotion et ma tristesse devant ce terrible constat : le camp de Za’atari existe toujours, il est plein de réfugiés syriens et la tragédie en Syrie semble ne jamais devoir finir» a-t-il déclaré à la presse lors de sa visite dans le camp.

«Il est temps de dire que si le monde ne vient pas en aide aux réfugiés, il conforte dans leurs discours ceux [les groupes extrémistes] qui exploitent ces arguments pour recruter toujours plus d’individus dans le but de miner la sécurité mondiale» a-t-il déclaré. «La solidarité avec les réfugiés syriens n’est pas qu’un acte de générosité, c’est un acte éclairé dans notre intérêt propre».

À ses débuts en 2011, la guerre syrienne avait pris la forme d’une confrontation classique entre un gouvernement et des manifestants qui réclamaient davantage de démocratie et de liberté. Six ans plus tard, le conflit a déjà fait 310 000 morts, des centaines de milliers de blessés et douze millions de réfugiés et déplacés, devenant ainsi un des conflits les plus meurtriers du XXIe siècle.

«Je veux lancer un appel à la communauté internationale : il faut intensifier l’aide humanitaire aux réfugiés, montrer plus de solidarité à l’égard de pays tels que la Jordanie, le Liban et d’autres qui accueillent des réfugiés syriens et veiller à donner plus d’opportunités à ces derniers» a-t-il déclaré. «Il n’est pas temps de réduire notre solidarité, il est temps de développer la solidarité».

Antonio Torrenzano

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réfugiés_syriens_proche_orient_imageUn nouveau mémorandum publié par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a indiqué que le nombre d’expatriés syriens vivant dans les différents pays d’accueil de la région continue d’augmenter. La relation, intitulée “plan régional de gestion de la situation des réfugiés et de renforcement de la résilience”, a examiné l’évolution et les progrès réalisés cette année pour aider les réfugiés et les communautés d’accueil en Turquie, en Jordanie, en Iraq, au Liban et en Égypte.

«Alors que le conflit en Syrie est entré dans sa sixième année, les gouvernements et les communautés d’accueil continuent d’assumer un lourd fardeau économique, politique, social et sécuritaire», a déclaré le Haut Commissariat des Nations Unies dans son communiqué de presse annonçant les conclusions de la relation statistique. L’agence a ajouté que les institutions publiques subissent une «très forte pression » pour fournir des services de base à un nombre croissant de personnes vulnérables. Le Liban est le pays qui accueille le plus grand nombre de réfugiés par habitant, soit un quart de la population. À présent, il y a 1,5 million de réfugiés syriens sur le sol libanais. Le pays reste en outre très exposé aux tensions régionales plus que les autres Pays. «Le pays paie un lourd tribut économique», a souligné Philippe Lazzarini, coordonnateur spécial adjoint des Nations Unies pour le Liban.

Le rapport note que le HCR, avec le soutien des bailleurs de fonds, a fourni jusqu’à présent en 2016 un soutien financier à 100.000 ménages, de la nourriture à plus de 2 millions de personnes, des soins de santé à plus d’un million d’individus et une aide au logement à plus de 25.000 familles. Le compte rendu souligne toutefois que la situation devient jour après jour plus grave en ce qui concerne la pauvreté et l’accès aux services de base pour les réfugiés. Le rapport spécifie enfin un accroissement de la pauvreté et l’endettement de la population syrienne réfugiée, notamment au Liban, où 70% des réfugiés vivent en dessous du seuil de pauvreté (par rapport à 50% en 2014), et en Jordanie, où 90% des expatriés enregistrés dans les zones urbaines vivent en dessous du seuil national de pauvreté.

Antonio Torrenzano