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refugiés_minritésreligieuses_kurdistan_imageLa guerre civile qui déchire la Syrie et maintenant les régions Nord-ouest de l’Irak finira par secouer le Liban voisin et l’entraîner durablement dans le conflit. Il n’y aura pas d’équilibre à long terme en Irak si la Syrie reste encore un violent champ de bataille. Le grade réel de la détérioration des rapports intercommunautaires en Syrie et en Irak confirmerait cette hypothèse selon de nombreux analystes politiques.

Cette détérioration intercommunautaire a permis jusqu’aujourd’hui à L’État islamique de conquérir des territoires et avoir de plus en plus de nouveaux prosélytes. L’EILL constitue pour tout le Moyen-Orient et pour l’entière communauté internationale, une menace plus grande que ne pouvait l’être al-Qaida hier. Hier, les objectifs d’al-Qaida étaient de détruire le système occidental; aujourd’hui, les ambitions de l’État islamique sont différentes. L’organisation montre plusieurs intérêts territoriaux régionaux qui vont potentiellement au-delà de l’Irak et de la Syrie : vers la Jordanie, le Liban, vers les pays du Golfe, le même Qatar, c’est-à-dire vers les pétromonarchies. On peut déjà prévoir une déstabilisation régionale qui devrait toucher toute la région. L’EILL possède des armes sophistiquées fournies récemment par les États-Unis à l’Irak et dispose aussi, par l’action de rapine aux banques irakiennes, de moyens financiers importants. Sa principale force jusqu’à présent ? La faiblesse des antagonistes et la vision myope de la communauté occidentale.

Sur le terrain, la situation est désastreuse. À la suite des déplacements croissants de populations en Iraq depuis le début de ce mois, l’ONU a revu à la hausse ses données statistiques en portant à 1,45 million les personnes déplacées. La précédente estimation était presque de 1,2 million de déplacés. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a fait également état d’une hausse des enlèvements de femmes par des groupes armés, en particulier des femmes appartenant à des minorités. En Irak, l’ONU est désormais consciente de l’urgence à laquelle il faut faire face. Les réfugiés ont besoin d’eau, de se laver, d’être aussi un peu à l’ombre, surtout les enfants, les personnes âgées et les malades. Dans le pays irakien, cette saison est la plus chaude de l’année : il fait entre 47 et 48 degrés.

En Syrie, la situation reste angoissante. Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Navi Pillay, a justement parlé d’une « paralysie » de la communauté internationale face au conflit en Syrie. Conflit qui, entre mars 2011 et fin avril 2014, a fait plus de 191 000 morts. « Il est scandaleux qu’en dépit de leurs énormes souffrances, la situation difficile des blessés, des déplacés, des détenus et des familles de personnes tuées ou disparues n’attire plus guère l’attention », a dénoncé le Haut-Commissaire. « Le fait que non seulement cette situation puisse durer si longtemps, sans perspective de fin, mais qu’elle ait aujourd’hui des conséquences si horribles pour des centaines de milliers de personnes par-delà la frontière, dans le nord de l’Iraq, et que les violences s’étendent aussi au Liban, constitue un véritable réquisitoire contre l’époque dans laquelle nous vivons. Les assassins, les destructeurs et les tortionnaires en Syrie et en Iraq ont été encouragés par la paralysie internationale », a ajouté Mme Pillay.

Pour Karim Émile Bitar, directeur de recherche à l’Iris, spécialiste du Proche et Moyen-Orient et des questions sociales relatives au monde arabe, « la détérioration de la situation irakienne doit radicalement changer la vision pour la Syrie… Il est illusoire de penser que l’on peut régler l’une des deux crises en ignorant la seconde». Le Moyen-Orient risque d’être pour l’instant le domicile fixe de l’enfer sur notre planète avec des effets incontrôlables et sans doute déjà irréversibles.

Antonio Torrenzano

 

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refugiés_chretiens_mossoul_iraq_imageLe Représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour l’Iraq Nickolay Mladenov a averti le 23 juillet les membres du Conseil de sécurité que l’organisation terroriste l’État islamique en Iraq et au Levant (EIIL) est une «menace complexe» à la paix et à la sécurité du Pays. Le représentant spécial de l’ONU a souligné que l’EIIL contrôle de fait à présent environ un tiers du territoire iraquien et que près d’un million de personnes déplacées se trouvent dans des zones qui échappent à l’autorité du gouvernement iraquien, tandis que des millions d’autres individus demeurent pris au piège dans des zones de combats.

Nickolay Mladenov a aussi appelé toutes les parties à établir des corridors humanitaires, notamment dans les communautés assiégées, pour faciliter l’acheminement de l’aide. Nickolay Mladenov a encore dénoncé les actions «criminelles et injustifiables» de l’EIIL qui, a-t-il dit, constitue une «menace complexe» pour la paix et la sécurité en Iraq et au-delà des frontières du pays. Il a appelé le Conseil de sécurité à exiger que l’EIIL cesse toutes les hostilités et atrocités et à s’assurer que les États membres coopèrent pour faire appliquer les sanctions.

La stratégie de l’EIIL consiste, a-t-il précisé, à établir une zone de domination permanente échappant à celui des autorités irakiennes par le biais de la terreur et de la violence. Cette organisation, a-t-il affirmé, elle est en train de radicaliser les populations, manipule les divisions existantes au sein de la société iraquienne pour exacerber les divisions sectaires, fomente les troubles sociaux et sape l’autorité du gouvernement et des élus iraquiens. Nickolay Mladenov s’est dit extrêmement préoccupé par le sort réservé, ces dernières semaines, aux chrétiens iraquiens dans la province de Ninewa. Mais aussi pour le sort des Chiites, des Turkomens, des Yazidis et des Shabaks qui sont également victimes d’enlèvements systématiques, de meurtres ou de la destruction de leurs maisons et autres biens. Nikolay Mladenov a également dressé un tableau de l’impact des violences sur les civils.

Depuis le début de l’année, 1,2 million de personnes ont perdu leur domicile dont plus de trois quarts d’entre eux se trouvent dans des zones qui échappent au contrôle de Bagdad ou qui sont très peu sécures. L’ONU a déjà recensé plus de 1,600 «sites de déplacements» dans le pays. Aussi, les capacités d’accueil des gouvernorats dans la région du Kurdistan ont été dépassées par l’arrivée de 300.000 personnes nouvellement déplacées et qui rejoignent les 225.000 réfugiés syriens qui se trouvaient déjà dans la région. De toute évidence, a estimé Nickolay Mladenov, après la chute de Mossoul, l’Iraq ne sera plus jamais comme la situation précédente.

Antonio Torrenzano

 

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Dans une longue lettre, le Patriarche de Babylone des Chaldéens Mgr Louis Raphaël Sako s’est adressé au secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon pour dénoncer et décrire la situation dramatique des chrétiens en Irak et d’autres minorités.

Le Conseil de sécurité de l’ONU ne peut rester les bras croisés face aux atrocités commises contre les chrétiens irakiens à Mossoul, écrit Mgr Raphael Sako. «L’instabilité en Irak menace l’ensemble de la région du Moyen-Orient. Et cette instabilité est préoccupante en raison de la multiplication des attaques contre les chrétiens et les minorités». Nous, chrétiens, rappelle-t-il, sommes des citoyens épris de paix, notre communauté souffre de manière disproportionnée en raison des conflits sectaires, des attaques terroristes, des migrations, mais aussi maintenant de nettoyage ethnique, parce que les milices veulent anéantir la communauté chrétienne». Les Nations Unies doivent donc intervenir, «faire pression sur la communauté internationale pour faire respecter les droits de l’homme» pour «exhorter le gouvernement irakien à protéger les minorités ethniques et religieuses».

Mgr Sako demande par ailleurs à l’ONU «d’accélérer l’aide humanitaire, et de s’assurer qu’elle puisse atteindre les communautés et les groupes les plus vulnérables qui en ont un besoin urgent». Cette intervention devrait durer «plus d’un an», indique-t-il précisant que «les chrétiens déplacés ont besoin d’eau, de médicaments et de produits de première nécessité». Le Patriarche de Babylone des Chaldéens conclut sa lettre en exhortant également l’ONU à «élaborer un plan ou une stratégie pour protéger et préserver l’héritage chrétien, dévasté et incendié par les milices». Milices qui continuent de mettre à fer et à feu à d’anciens monastères et églises qui seront difficilement reconstruites .

Antonio Torrenzano