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Le Conseil de sécurité des Nations Unies a pris la décision d’instituer une «équipe d’enquêteurs» afin de recueillir des éléments de preuve en Iraq d’actes susceptibles de constituer des crimes de guerre, «des crimes contre l’humanité et des crimes de génocide perpétrés par le groupe terroriste» de l’État islamique (Daech). Par la résolution 2379, le Conseil de sécurité des Nations Unies a en outre chargé le Conseiller spécial d’encourager «dans le monde entier» le lancement de poursuites pour les crimes de Daech et de travailler aux côtés des survivants, «pour que soient pleinement reconnus leurs intérêts».

L’Équipe d’enquêteurs devra agir dans le respect de la souveraineté de l’Iraq et de sa compétence concernant les infractions commises sur son territoire par DAECH, tandis que des juges d’instruction iraquiens devront être nommés pour travailler aux côtés d’experts internationaux «sur un pied d’égalité». Le Conseil de l’ONU a précisé même que les preuves devront être utilisées dans le cadre de procédures pénales «justes et indépendantes» menées par des tribunaux compétents à l’échelle nationale, «les autorités iraquiennes étant les premiers destinataires de ces preuves». L’Équipe devra être impartiale, indépendante et crédible et agir conformément à son mandat.

Le Conseil de sécurité a aussi souligné que tout autre État membre de l’ONU pourra demander à l’Équipe de recueillir des éléments de preuve sur des crimes similaires commis par DAECH sur son territoire. Le Conseiller spécial devra achever le premier rapport sur les activités de l’Équipe dans les 90 jours suivant la date à laquelle elle commencera ses activités.

Antonio Torrenzano

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Le conflit syrien est à l’origine de l’exode de millions de civils : 5 millions d’individus sont à présent réfugiés dans les pays voisins et un nombre consistant des personnes déplacées en Syrie même. Depuis 2011, plus de 5 millions d’individus ont quitté la Syrie sur un total de 23 millions d’habitants.

Depuis janvier 2017, l’agence onusienne pour les Réfugiés des Nations Unies a constaté qu’il  y a un mouvement de retour, mais le nombre d’individus rentrés à leur foyer n’a pas été encore appréciable. Plus de trois millions de Syriens restent réfugiés en Turquie, le pays voisin le plus affecté, selon le HCR. Moins de 10% d’entre eux ont été accueillis dans des camps, tandis qu’une majorité vit dans les villes, dont plus de 500.000 à Istanbul.

Le Liban, ce petit pays de 4.5 millions d’habitants a officiellement accueilli un million de personnes et probablement bien plus si l’on compte les réfugiés qui ne sont pas recensés. Le royaume jordanien qui partage une frontière avec le Pays en guerre accueille 657.000 personnes notamment dans le grand camp de Zaatari. La présence massive et durable des réfugiés a pesé sur les équilibres politiques de ces deux Pays. 233.000 se sont installés en Irak, plus de 120.000 en Égypte et près de 30.000 dans les pays d’Afrique du Nord. Les pays d’accueil restent démunis devant l’ampleur du problème.

En outre, les Nations Unies mettent en garde contre les conséquences à long terme de la crise, tout particulièrement sur les enfants. Un million d’enfants syriens ne sont pas scolarisés et ils sont ceux qui devront contribuer à reconstruire la Syrie pour la prochaine génération. Une situation qui risque de s’aggraver. Quelle pourra être alors leur perspective d’avenir ? Peuvent-ils encore envisager un retour dans leur foyer ? Les perspectives d’avenir restent obscures et dangereuses si la communauté internationale ne décide d’arrêter le conflit, et ensuite décidera d’un plan Marshall pour reconstruire le pays.

Antonio Torrenzano

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syrian_woman_refugees_crisis_imageDepuis 2011, la guerre est devenue le quotidien des Syriens. Une situation dramatique à laquelle s’est ajoutée l’expansion du groupe terroriste Daech dans la région. En cinq ans, il a fait plus de 300.000 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. En revanche, ils seraient 400.000 selon un rapport cité par le quotidien anglais “The Guardian”. Le bilan reste toutefois très difficile à établir.

Depuis cinq ans, la guerre en Syrie n’épargne personne. Mais, elle touche plus durement ceux qui sont le moins à même d’y faire face : les enfants. Les enfants sont en train de payer un prix fort, révèle l’Unicef. La situation des enfants en Syrie est de plus en plus alarmante. Environ 3,7 millions d’enfants – soit 1 sur 3 – risquent la mort, des blessures, des violences sexuelles, des enlèvements et des recrutements dans des groupes armés. En outre, les pourparlers de paix, menés par les Nations Unies, n’ont pas encore trouvé des solutions politiques à ce conflit qui se perpétue jusqu’aujourd’hui.

Depuis cinq ans enfin, la Syrie est devenue le théâtre de plusieurs conflits meurtriers d’origine régionale et mondiale. D’une part, le conflit a fait réapparaître des fractures entre Moscou et Washington; d’autre part, la guerre a montré comme l’Europe a sous-estimé ce cauchemar. Mais l’internationalisation de cette affaire passe également par un autre conflit : celui entre le peuple Kurde et la Turquie.

Qu’est-ce qu’il arrivera en Syrie après l’élection du nouveau président américain Donald Trump ? Le président américain élu, dans une interview exclusive au quotidien “The Wall Street Journal” a dit que sa priorité est Daech et non le président syrien Bachar al-Assad. «Maintenant nous soutenons des rebelles contre la Syrie – a dit encore Donald Trump – et nous n’avons aucune idée de qui sont ces gens». Le nouveau président a fait savoir même qu’il romprait radicalement avec le bellicisme des néo-conservateurs en déclarant sur ce dossier un rapprochement avec la Russie. Hier, l’administration syrienne avait précisé qu’elle travaillerait avec la nouvelle administration américaine moins hostile. La guerre est en tout cas loin d’être terminée.

Antonio Torrenzano

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nadia-murad_milan_maggio2016_imageConversation avec Nadia Murad, 23 ans, enlevée en Irak par l’organisation de l’État islamique en août 2014 comme des milliers d’autres du peuple Yézidi. Nadia Murad appartient à la religion yézidie, une minorité religieuse chassée par DAECH de son pays. Comme les chrétiens, les yézidis sont une minorité religieuse d’Irak où ils sont plus de 500.000, essentiellement dans le nord du Pays. Selon Nadia Murad, ces crimes n’ont pas été commis de manière arbitraire, mais ils ont été perpétrés en suivant un plan organisé pour exterminer l’identité de son peuple. Esclave des djihadistes pendant trois mois, elle réussit à s’enfuir de Mossoul et arriver dans un camp de réfugiés au Kurdistan irakien. Aujourd’hui, elle a trouvé asile en Allemagne dans la ville de Stuttgart. Après avoir retrouvé sa liberté, Nadia Murad est en train de parcourir le monde entier pour sensibiliser la communauté internationale de la destinée que subissent les minorités d’Irak sous la domination des terroristes du DAECH. Le dialogue a eu lieu à Milan pendant le “Festival dei Diritti Umani”, organisé au mois de mai 2016 dans la ville italienne.

Antonio Torrenzano. La pratique de l’esclavage, du viol, de la négation de tous les Droits humains a été perpétrée par DAECH comme arme efficace afin de détruire les cultures minoritaires au Moyen-Orient et les vies de nombreuses femmes, fillettes, enfants.

Nadia Murad. Pour eux, nous ne sommes rien. Subir ça, c’est le prix à payer pour être une femme yézidie. C’est-à-dire une personne d’une minorité culturelle et religieuse en Irak qui n’existe pas. J’ai été prise près de mon village. Je me souviens que tous les hommes ont été séparés des femmes et des enfants. Ils ont tué les hommes un par un; dans le groupe il y avait aussi six de mes frères. Puis, il a été le tour des vieilles femmes : toutes ont été assassinées. Au contraire, toutes les jeunes filles du village ont été accompagnées par bus jusqu’à Mossoul. Là-bas, toutes les prisonnières ont été vendues.

Antonio Torrenzano. Après votre vente, qu’est-ce qu’il arrive ?

Nadia Murad. J’ai été vendue à un individu qui me traitait comme un objet, une moins que rien. Ma vie dans sa maison était infernale. On ne vivait même pas au jour le jour, on ne pensait qu’à la survie. Mon bourreau me répétait toujours:”tu es une infidèle”. De jour comme de nuit, lui et d’autres individus venaient nous violer. Un jour, j’ai décidé de m’enfuir, mais j’ai été rattrapée. Mon ravisseur m’a battue et il m’a fait violer par d’autres individus. Ils ont fait de moi ce qu’ils voulaient. Ils m’ont violé plusieurs fois par jour afin de détruire ma volonté et ma force de résister. Par ces viols systématiques, DAECH a voulu anéantir ma communauté, insulter l’honneur de mon peuple, nous rendre passifs.

AT. Vous êtes une rescapée. Après avoir raconté votre histoire devant le Conseil de sécurité des Nations Unies en décembre 2015, vous parcourez le monde entier pour témoigner l’Holocauste de votre Peule et vos terribles événements.

Nadia Murad. Il n’y a pas de vie avec Daech. Daech est l’ennemi de l’humanité, il est en train de détruire l’identité collective de l’Humanité. Pour eux, l’Histoire avant la religion musulmane n’existe pas.

Antonio Torrenzano

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Les nouveaux attentats de Bruxelles ont rappelé l’urgence de parvenir à une solution négociée en Syrie, a souligné mardi l’ONU à Genève, où se déroulent de fragiles pourparlers de paix. La tragédie de Bruxelles souligne une nouvelle fois “que nous n’avons pas de temps à perdre“, a estimé l’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, pour qui “il faut éteindre le feu” dans ce pays.

Les négociations de paix indirectes entre le gouvernement syrien et l’opposition politique qui ont débuté lundi à Genève sous l’égide des Nations Unies se poursuivent avec des divergences autour de la transition politique et le sort du président syrien Bachar al-Assad dont le départ est mis comme condition préalable par l’opposition pour relancer le processus de paix dans le pays.

La solution de la lutte contre le terrorisme (…) est de trouver une formule de transition politique en Syrie“, a souligné Staffan de Mistura qui supervise les discussions entre le régime de Damas et l’opposition. Le processus de Genève est aujourd’hui fondamental pour rétablir “l’équilibre politique mondial et éviter le chaos dont nous menacent les fanatiques“, a déclaré la porte-parole du Haut Comité des négociations (HCN), Bassma Kodmani. L’émissaire de l’ONU a demandé aux deux parties à “se montrer réaliste” et à entrer dans le vif des débats avant demain soir, quand les négociations feront pause d’une dizaine de jours.

Sur le terrain, des combats continuent à faire rage autour de la cité antique de Palmyre dans le centre de la Syrie, entre les forces de Damas et l’organisation Daech qui veut reprendre la ville. Les conversations, rendues possibles par une trêve entrée en vigueur le 27 février 2016 et jusqu’à présent respectée, visent à mettre un terme à un conflit qui a déjà fait plus de 270 000 morts et poussé des millions de personnes à l’exode.

Antonio Torrenzano

*Un remerciement particulier à Petr David Josek de l’agence Associated Press pour l’image.

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histoire_syrie_proche_orient_imageLes Nations Unies ont annoncé un nouveau cycle des rencontres entre les représentants du gouvernement de Damas et de l’opposition syrienne à Genève à partir du 25 janvier 2016. La tenue de ces discussions en Suisse fait suite à l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une feuille de route pour une solution politique du conflit qui est entré dans sa cinquième année.

Le 19 décembre 2015, le Conseil de sécurité des Nations Unies avait voté une résolution sur un processus de paix et sur une transition politique en Syrie en ouvrant la voie à un premier cessez-le-feu. La résolution du 19 décembre 2015 a été une entente inédite : pour la première fois, les membres du Conseil de sécurité ont adopté à l’unanimité, y compris la Russie, une décision qui établit une solution politique du conflit. Outre aux négociations opposition-régime et le cessez-le-feu, les textes prévoient un gouvernement de transition dans les six mois et des élections dans les 18 mois. Le médiateur de l’ONU Staffan de Mistura espère réunir encore une fois dans la ville genevoise les acteurs principaux de la guerre. Le médiateur des Nations Unies  dit  «compter dans ce processus sur la totale coopération des parties syriennes concernées» en estimant que «les développements sur le terrain ne doivent pas faire dérailler ce processus». Damas est prêt à participer au nouveau cycle de réunions, l’a annoncé à Pékin le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem en visite en Chine.

De nombreuses questions restent toutefois encore ouvertes et sans une réponse. La Syrie n’a jamais connu d’élections libres. En outre, comment tenir un scrutin politique sur le territoire de Daech et d’Al Nosra ? DAECH administre un territoire de plus de 200 000 km² à cheval sur la Syrie et l’Irak sur lequel vit une population estimée à une dizaine de millions d’individus. Il faudra d’abord restaurer le concept d’État et les pouvoirs centraux du Pays syrien, sinon Daech ou d’autres groupes continueront à prospérer. Le concept d’État, dans la région, est une notion très récente. Les pouvoirs tribaux en Syrie pensent au contraire en termes d’État-Territoires et pas d’État-nation. Remplacer un dictateur par un autre provoquera seulement d’autres chaos. En Tunisie, la société était prête à ce changement et tout cela a fonctionné, mais en Syrie la situation est distincte.

Les grandes puissances continuent de s’opposer sur la destinée à réserver dans une transition au président Bachar al-Assad. Les Pays occidentaux et l’opposition syrienne veulent son départ rapide du pouvoir, contrairement à Moscou et Téhéran. Bachar est soutenu par les Russes et les Iraniens qui ne le lâcheront jamais, contrairement à ce que certains annoncent régulièrement. Les Occidentaux ont au contraire une crédibilité fragile pour avoir été toujours trop faible à faire remarquer à la Turquie et à l’Arabie Saoudite, anciens mécènes financiers de l’État islamique, leurs responsabilités. Enfin, au Moyen-Orient il est en train de se dérouler une lutte sanglante et communautaire entre Kurdes, Arabes, sunnites, chiites, alaouites pour une nouvelle composition politique. Le monde musulman est traversé d’un conflit sanglant. Toutes ces convulsions dérivent d’un processus historique commencé depuis longtemps; mais, dans cette occasion dans la région pourrait se jouer un nouvel avenir géopolitique et géostratégique.

Antonio Torrenzano

 

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En visite à Genève, le vice-secrétaire général des Nations Unies, Jan Eliasson, a appelé jeudi 15 octobre les pays du Moyen-Orient, en particulier l’Iran et l’Arabie saoudite, à régler leurs différents points de vue par le dialogue. Une condition nécessaire, a-t-il estimé, à la résolution des conflits en Syrie et au Yémen. Le vice-secrétaire général était près du siège des Nations Unies à Genève pour prendre part à des consultations sur le futur Sommet humanitaire mondial, qui aura lieu en 2016 à Istanbul. Pendant la conférence de presse, Jan Eliasson est revenu sur la situation au Moyen-Orient et sur les discussions auxquelles il avait récemment pris part lors d’une série de visites en Arabie saoudite, dans les Émirats arabes unis, en Iran et en Turquie.

En ce qui concerne la Syrie : “la situation humanitaire est désastreuse et l’approche de l’hiver ne fera qu’empirer ce contexte”. Le vice-Secrétaire général a appelé à ce que, parallèlement aux actions militaires, un dialogue politique soit entamé avec pour objectif de former un gouvernement de transition qui entamera un processus de révision constitutionnelle. Jan Eliasson a précisé qu’un tel scénario ne sera envisageable qu’avec le soutien du Conseil de sécurité de l’ONU, en particulier des États-Unis et de la Russie et des pays de la région, notamment de l’Arabie saoudite, de l’Iran et de la Turquie. «Un tel dialogue n’a pas lieu à l’heure actuelle et je pense qu’il est important que les différentes parties de cette région réalisent à quel point il est important de parler et de discuter de leurs problèmes », a-t-il ajouté, en soulignant l’impact favorable qu’aurait ce dialogue sur le conflit en Syrie et dans la région.

Sur le terrain politique, les conditions restent donc tragiques. La coalition de l’opposition syrienne en exil a refusé de participer aux discussions préliminaires proposées par l’ONU pour préparer des négociations de paix, en raison notamment des frappes aériennes que la Russie mène en Syrie. Pas de négociations de paix en Syrie sans cessation des bombardements russes. De sa part, le gouvernement syrien a accepté le plan récemment proposé par le représentant de l’ONU en Syrie, qui prévoit des consultations et des discussions avec les parties syriennes dans quatre groupes de travail thématiques, comme a déclaré le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid al-Muallem. En juillet 2015, Staffan de Mistura avait présenté l’initiative au Conseil de sécurité des Nations Unies , qui prévoyaient des consultations et des discussions avec les parties syriennes dans quatre groupes de travail thématiques. « Les Groupes de travail fourniront aux Syriens une plateforme pour résoudre les thèmes en profondeur qui ne sont certainement pas nouveaux, mais qui manquent de discussions intrasyriennes durables», a toujours déclaré Staffan de Mistura. Le même a toujours répété que seulement un accord politique pourra mettre fin au conflit en Syrie sur la base du communiqué de Genève de 2012.

Antonio Torrenzano

 

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staffan_de_mistura_imageLa Syrie est composée de 23 millions d’habitants. Ceux qui sont directement concernés dans le conflit armé sont plus d’un million et demi d’individus, les autres 21 millions de personnes n’ont pas le droit de parler, mais ils subissent les violences. La population syrienne est en train de payer le prix fort du jeu des puissants. À ce terrible bouleversement de la géographie humaine, il s’ajoute une économie nationale désormais presque à zéro avec des services de base dans la globalité du pays qui sont en train de s’effondrer en plaçant les communautés locales dans une position d’extrême vulnérabilité. Selon le même dossier de la Commission européenne, plus de 60% des infrastructures hospitalières ont été détruites alors que plus d’un million de personnes nécessitent des soins médicaux.

Même situation sinistrée dans l’éducation et l’enseignement: 5.000 écoles ont été pulvérisées alors que 5,6 millions d’enfants sont affectés par le conflit et que trois millions d’entre eux sont privés d’établissements scolaires. Quand la guerre en Syrie finira-t-elle ? Les batailles se succèdent, les attentats tuent des multitudes de civils chaque semaine, les bombardements restent toujours au menu ainsi que les exécutions. Après presque quatre ans de conflit et de combats, la guerre en Syrie a déclenché «la plus grande crise humanitaire que le monde ait connue depuis la Seconde Guerre mondiale». La spirale de la violence ne connaît pas de répit et différentes régions du pays sont de plus en plus administrées par une mosaïque d’acteurs non étatiques surtout Daech et le Front Al-Nosra. Bref : la Syrie et la région entière sont à présent les plus instables dans le monde. De ce terrible cauchemar nous en avons parlé avec Staffan de Mistura, l’envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie.

Antonio Torrenzano. Selon les statistiques de votre organisation, depuis le début du conflit en Syrie environ 220.000 personnes ont été tuées, plus d’un million d’autres ont été blessés. 7,6 millions de personnes ont été déplacées et quatre millions d’autres ont cherché refuge dans les pays voisins. Vous vous êtes rendu récemment dans la région pour une série de réunions avec les différents interlocuteurs.Quelle est la situation sur le terrain ?

Staffan de Mistura. La région est inquiète. Il y a un sentiment d’urgence. Ce sentiment d’urgence est devenu encore plus clair maintenant, car il est à craindre que si Daech continue de progresser, profitant du conflit en Syrie et profitant de la situation en Iraq, nous pouvons soudainement avoir un vide. Et on ne peut pas accepter cela. Voilà pourquoi nous travaillons maintenant à une transition en douceur, contrôlée, mais claire et efficace : une transformation en un nouveau type d’environnement politique. Les gens en parlent dans la région et en Syrie; ce que nous devons faire est de rendre ceci concret. Et c’est ce que nous proposons désormais au Conseil de sécurité.

A.T. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a jugé mardi 30 juin 2015 honteux que les souffrances du peuple syrien continuent de s’aggraver. Plus de 220.000 Syriens sont morts. Près de la moitié de la population du pays a été contrainte de fuir.

Staffan de Mistura. C’est le plus grand danger pour la Syrie et le peuple syrien. Voilà pourquoi il est important de rappeler constamment la tragédie humanitaire – qui s’aggrave – et parce qu’il y a toujours un risque de lassitude. Mais nous ne pouvons pas laisser cela se produire. La Syrie, c’est non seulement la Syrie, mais c’est aussi la région, ses voisins. Regardez la Turquie, regardez la Jordanie, regardez le Liban, qui accueille un nombre de réfugiés qui correspondrait à l’équivalent de 100 millions de personnes arrivant soudain aux États-Unis. Cela devient l’occasion, peut-être, d’une nouvelle façon de résoudre les problèmes régionaux, et pas seulement en faisant des guerres par procuration.

A.T. Selon Ban Ki-moon, la communauté internationale et le Conseil de sécurité ne doivent pas se permettre de gaspiller davantage du temps pour mettre fin au cycle de la violence. Le coût humain d’un retard supplémentaire devrait être inacceptable pour tous : stratégiquement, politiquement et moralement a dit votre secrétaire général.

Staffan de Mistura. Le premier message est que nous voyons des possibilités de tunnels à travers les discussions régionales et internationales. Et nous devons produire de la lumière dans ces tunnels. Et la façon de le faire est de discuter avec les Syriens en particulier. Les Syriens n’ont jamais été totalement impliqués dans ce qui a été la plupart du temps un débat régional et international. Il y a un moment dans un conflit, même quand il semble qu’il n’y a pas de solution, où vous avez le sentiment, vous sentez, que les pays de la région et au niveau international sont à la recherche d’une formule, d’une formule logique. Vous devez vous préparer à cela. Et les Syriens ont toujours senti que leur avenir doit être discuté avec eux. Jusqu’à présent, cela s’est passé dans les conférences internationales, c’est donc le moment. Et nous avons testé cela avec nos réunions à Genève, où nous avons rencontré plus de 200 entités syriennes différentes. Ils ont beaucoup à dire et il y a beaucoup de points communs entre eux. Ils veulent l’unité de leur pays, ils veulent l’intégrité, le respect et la dignité de leur pays, ils veulent que leur territoire et les frontières soient respectés, ils veulent le respect des minorités, et ils ne veulent pas du terrorisme.

Dans ces conditions catastrophiques, pourquoi la communauté internationale ne trouve-t-elle pas encore des solutions à la paix ?

Staffan de Mistura. Je travaille à l’ONU depuis 42 ans, et je n’ai jamais vu autant de raisons cyniques faisant qu’un conflit comme celui-ci, qui aurait pu être résolu, continue depuis cinq ans, avec entre 220.000 et 240.000 morts, un million de blessés et quatre millions de réfugiés. Mais, en même temps, je me rends également compte que s’il y a une institution qui ne peut pas abandonner les Syriens, c’est l’ONU.

Antonio Torrenzano

 

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femme_minorité_yazidis_imageIl y a un an, dans la nuit du 6 au 7 août 2014, l’organisation terroriste État islamique envahissait la plaine de Ninive en provoquant l’exode de milliers d’Irakiens. Dans cette région depuis une année, Daech fait régner la terreur et il mène une campagne haineuse pour anéantir les chrétiens, les Yazidis et toutes les autres communautés religieuses non musulmanes. Selon nombreux mémorandums des Nations Unies et du Haut Commissariat aux droits de l’Homme, l’État islamique pourrait avoir commis des crimes internationaux abominables en Irak et en Syrie.

Le viol systématique des filles et des femmes de la minorité Yazidis – par exemple – est partie intégrante du fonctionnement de Daech depuis la prise de la région du mont Sinjar dans le nord de l’Irak il y a un an. L’offensive dans ces montagnes est aussi bien une conquête sexuelle qu’une avancée territoriale a expliqué un spécialiste américain de l’histoire de la communauté Yazidis. Le fait de focaliser sur cette minorité s’explique sans doute par la forme de leur religion, une croyance polythéiste. Bien souvent forcées de se convertir à l’islam, elles sont mariées de force, «vendues» ou «offertes» à des jihadistes ou des sympathisants de Daech.

Le même compte rendu de l’ONU, qui a été mis noir sur blanc par une équipe d’enquête envoyée dans la région à la fin de l’année dernière, affirme la même chose. Le mémorandum s’appuie sur des entretiens approfondis de plus de 100 personnes qui ont été les témoins d’attaques en Iraq ou qui ont survécu à ces attaques entre le mois de juin 2014 et février 2015. Nombreuses femmes et jeunes filles yézidies qui ont échappées à la mort, elles ont affirmé d’avoir été vendues comme des esclaves à des membres du groupe terroriste Daech. Des témoins ont entendu des filles, d’à peine six et neuf ans, appeler à l’aide alors qu’elles se faisaient violer dans une maison utilisée par les combattants du Daech. Des survivants ont communiqué encore à l’équipe des Nations Unies d’avoir été sauvées par les corps d’autres personnes tombées sur eux.

Mais, un traitement brutal a été infligé par l’État islamique également à d’autres groupes ethniques, dont les chiites, les chrétiens, les Kurdes, les mandéens, les Turkmènes. Le rapport documente des abus généralisés, dont des meurtres, tortures, viols, esclavage sexuel, conversions forcées, enrôlement des enfants. Tous ces abus, indiquent les dossiers de l’ONU, pourraient constituer des violations du droit international des droits de l’homme et du droit humanitaire.

Maltraitées, vendues et violées pour 90% d’entre elles, les femmes au nord de l’Irak subissent encore des violences quotidiennes. Des centaines, peut-être des milliers de femmes ont été mariées de force. D’autres ont été torturées et tuées. Pous sa part, Amnesty International explique que ces femmes sont souvent très jeunes : « la majorité de ces esclaves sexuelles sont des enfants, des filles âgées de 14, 15 ans ou encore plus jeune». Pour échapper à la barbarie, elles décident souvent de se donner la mort.

Les femmes capturées qui sont parvenues à parler aux défenseurs des droits affirment que les terroristes de l’EI violent leurs victimes quotidiennement. Une fille yézidie a expliqué avoir été emmenée en Syrie avec 350 d’autres filles où elles ont été exposées et vendues dans la rue à l’état d’esclaves. Le prix d’achat ? Entre 120 et 600 dollars. Ce qui nous est arrivé est le plus grand génocide depuis l’Holocauste des Juifs en Europe » a déclaré le docteur Mirza Dinnay. «Dans l’Holocauste, l’objectif était d’anéantir tout un peuple, les Juifs. L’État islamique a un plan similaire: exterminer tout un peuple, les Yazidis»

Antonio Torrenzano

 

 

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image_1751_syrie_daech_conflit_irakL’État islamique s’est emparé entièrement de la ville antique de Palmyre dans le désert syrien. Le groupe extrémiste contrôle désormais la moitié du territoire syrien, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

L’OSDH a affirmé que des troupes du régime syrien s’étaient retirées de toutes leurs positions dans et à la périphérie de Palmyre, notamment de l’aéroport militaire, de la prison dans lesquels les jihadistes de l’EI se sont introduits dans la nuit de jeudi.

La cité de Palmyre est également un point stratégique. La ville est le passage obligé vers la capitale Damas. Pour Daech, le véritable objectif d’aujourd’hui reste de conquérir Damas et étendre son influence à tout le Moyen-Orient. L’État islamique est en train de jouer un défi important : mettre le cap vers Damas pour essayer de faire tomber le régime de Bachar el-Assad avant que tous les autres groupes qui sont financés par l’Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie puissent le faire avant que l’EILL. L’enjeu est régional et mondial en même temps avec plusieurs facteurs : géopolitiques et religieux. L’avancée de Daech risque en outre de faire terminer les consultations sur la Syrie en cours à Genève et menées par l’émissaire de l’ONU Staffan de Mistoura.

Le régime de Damas est très affaibli et avec la baisse des prix du pétrole, l’Iran n’a plus beaucoup d’argent pour financer le régime syrien. Si Daech arrivait à Damas en premier et il faisait tomber la ville, ce serait une catastrophe pour l’Arabie Saoudite. Dans le monde arabe sunnite, la chute de Damas, on peut la comparer à la bataille d’Armageddon. Avec la prise de Damas, l’État islamique aurait une espèce d’aura extraordinaire qui renforcerait son attractivité dans la base sunnite dans toute la région. Une angoisse pour l’Arabie saoudite et de ses alliés sunnites.

Pour les observateurs, l’inquiétude reste de la même façon vive en ce qui concerne la préservation des ruines de la ville antique. L’État islamique pourrait détruire, comme lors du sac du musée de Mossoul ou le saccage de la cité antique d’Hatra en Irak, les vestiges de Palmyre inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Antonio Torrenzano