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graca_machel_image_1670Conversation avec Graça Machel, activiste pour la défense des Droits humains, ancien ministre de la Culture et de l’Éducation au Mozambique du 1975 au 1989. Épouse de Samora Machel, le premier président de la République populaire du Mozambique en 1975, elle fut la seule femme au gouvernement. Pendant son mandat politique, Graça Machel remplace les programmes scolaires datant de l’époque coloniale et met également en place des cours du soir pour adultes. Son action contribue à l’augmentation du taux d’alphabétisation et du nombre d’enfants scolarisés au Monzabique. Le 19 octobre 1986, son mari Samora Machel meurt dans un accident aérien. Après la mort du président,Graça Machel se consacre à des causes humanitaires et se bat pour les droits des femmes et des enfants. En 1996, elle rédige un rapport pour l’UNESCO en traitant l’impact des conflits armés sur les enfants. Toujours en 1996, la communauté internationale découvre encore une fois le caractère de cette femme de 70 ans, brillante, mais discrète qui renonça à la candidature au secrétariat général de l’ONU en décriant le manque de volonté politique de l’organisation pour changer le monde. Graça Machel et Nelson Mandela se sont rencontrés dans les années 1990 alors qu’ils étaient tous les deux très, très seuls, avait-elle confié. Elle peinait à se remettre de la mort de son mari et père de ses deux enfants, Samora Machel, tué dans un accident d’avion en 1986, imputé au gouvernement d’apartheid sud-africain. En 1998, Graça Machel épouse en secondes noces le Nelson Mandela, dont elle partage la vie jusqu’à sa disparition en 2013. Elle est membre des Global Elders, une organisation non gouvernementale composée d’anciens dirigeants rassemblés en 2007 par Nelson Mandela afin de contribuer à résoudre les problèmes les plus importants de la planète. À présent, elle travaille avec des associations contre le sida et la pauvreté. Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) lui décerne la médaille Nansen en 1995 pour son action humanitaire en faveur des enfants réfugiés. Elle est également membre de l’Africa Progress Panel, une fondation basée à Genève et présidée par Kofi Annan. Le dialogue a eu lieu dans la ville italienne de Reggio Émilia pendant une rencontre organisée par la Mairie de la ville, le musée Casa Cervi dans le village de Gattatico et la fondation Reggio Children le 25 avril 2015.

Antonio Torrenzano. Syrie, Irak, Libye : ces pays ne sont plus qu’un champ de ruines. Le conflit syrien a déjà fait plus de 200.000 morts et des millions de personnes. Le chaos et la violence atteignent des niveaux littéralement stupéfiants dans ces Pays. Pourquoi la communauté internationale n’a-t-elle pas encore trouvé des solutions à ces conflits ?

Graça Machel. Comme je le dis toujours : nous pourrons atteindre à des solutions acceptables si la bonne volonté de tout le monde est là. La communauté internationale a désormais la capacité de faire d’énormes progrès pour l’Humanité. La seule chose qui manque est la bonne volonté !! Mais, suis-je heureuse ? Non ! Je voudrais une vision beaucoup plus clairvoyante et un discernement qui peut faire preuve de la complexité de l’Histoire contemporaine !

Antonio Torrenzano. Quelles sont vos suggestions en ce qui concerne le passage historique que le Continent africain est en train de vivre ?

Graça Machel. Je pense que dans dix ans, le Continent  africain présentera un visage absolument différent. Dans le continent, nous sommes en train de produire une évolution économique, politique, sociale de premier plan. En ce qui concerne les femmes : des femmes qualifiées seront aux plus hauts niveaux de la prise de décision. J’espère que la clairvoyance féminine peut apporter d’importantes nouveautés dans la politique, dans l’économie, dans les affaires, la science, la technologie. Il y a une nouvelle génération de leaders féminins qui est en train d’arriver.

Antonio Torrenzano. Vous avez été ministre de la Culture et de l’Éducation du premier gouvernement du Mozambique après l’indépendance. Pensez-vous que vos rêves pour le Mozambique et l’Afrique ont été réalisés ?

Graça Machel. J’ai donné mes plus jeunes années à une cause qui n’a pas entièrement rempli ses objectifs. Je voulais éradiquer l’analphabétisme dans mon Pays. Je voulais que chaque enfant dût aller à l’école. J’espérais qu’il y aurait eu plus de femmes à des postes de responsabilité. D’autre part, si je regarde le nombre de jeunes femmes qui sont maintenant à l’université, je pense : “Oui !! Nous avons fait assez bien”. Le Mozambique est l’un des pays qui a le niveau le plus élevé de femmes parlementaires. Je suis fier des progrès qui ont été accomplis. À présent, il faudra bien renforcer la société civile pour avoir un développement durable et croyable. Je voudrais encore que les femmes protégeassent encore mieux leurs intérêts et leurs droits.

Antonio Torrenzano. Les Sud-Africains ont une grande dette envers Graça Machel, a un jour déclaré votre ami le Nobel de la Paix Desmond Tutu. Elle a apporté de la joie à Nelson Mandela.

Graça Machel. Sa présence remplissait chaque moment de ma vie, chaque détail de mon existence. L’absence de Nelson Mandela sera toujours en nous.

Antonio Torrenzano

 

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syria_women_imageLa secrétaire générale adjointe de l’ONU aux affaires humanitaires, Valerie Amos, a déclaré pendant la dernière réunion du Conseil de sécurité que l’assistance humanitaire pour la Syrie ne répond pas encore aux besoins de la population déplacée.

«La résolution *2165 du Conseil de sécurité a aidé les Nations Unies à surmonter certains problèmes en permettant une livraison directe à des centaines de milliers de personnes », a expliqué Mme Amos devant les membres du Conseil. « Depuis l’adoption de la résolution et surtout grâce aux livraisons transfrontalières, nous avons pu atteindre pratiquement tous les endroits difficiles d’accès dans les quatre gouvernorats d’Alep, d’Idlib, de Dar’a et de Quneitra», a-t-elle ajouté.

La Secrétaire adjointe a toutefois considéré que « malgré les progrès réalisés, tout cela ne suffit pas encore. Nous sommes confrontés à des problèmes considérables pour appliquer les résolutions 2139 (adoptée en février 2014) et 2165 et nous n’arrivons pas à répondre aux besoins humanitaires de toutes les personnes que nous voulons atteindre en Syrie », a-t-elle affirmé.

Sur le terrain, la situation reste toujours désolante : 12,2 millions de Syriens ont besoin d’assistance humanitaire, dont plus de 5 millions d’enfants. Il y a 7,6 millions de personnes déplacées à l’intérieur de la Nation et plus de 3,2 millions d’individus ont fui le pays. À présent, il s’agit du plus grand nombre de personnes déplacées à cause d’un conflit dans le monde contemporain.

Antonio Torrenzano

 

* La résolution 2165 du Conseil de sécurité a été adoptée en juillet 2014.

 

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pape_françois_patriarche_bartholomée_rencontre_turquie_imageLe Pape François et le Patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée se sont engagés dimanche à « intensifier leurs efforts pour la promotion de la pleine unité entre tous les chrétiens et surtout entre catholiques et orthodoxes». Après la liturgie, dans l’église Saint-Georges à Istanbul, les deux ont signé ensemble une déclaration commune, comme ils l’avaient déjà fait lors de leur dernière rencontre, en mai dernier à Jérusalem. Dans le détail de leur appel, ils soutiennent « le dialogue théologique promu par la Commission mixte internationale, qui, instituée il y a exactement 35 ans par le Patriarche œcuménique Dimitrios et par le pape Jean-Paul II, traite actuellement les questions plus difficiles qui ont marqué l’histoire de [leurs] divisions et qui demandent une étude attentive et approfondie ».

L’Irak et la Syrie ont été dans les pensées du Pape et du Patriarche. Liés par un « œcuménisme de la souffrance », François et Bartholomée se sont unis dans le désir de paix et de stabilité en Irak, en Syrie et dans tout le Proche-Orient. Ils ont fait savoir leur «volonté de promouvoir la résolution des conflits par le dialogue et la réconciliation».

Pape François et le Patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée ont invité la communauté internationale à intensifier leur engagement «pour les communautés qui souffrent et leur permettent, y compris aux communautés chrétiennes, de rester sur leur terre natale ». Le Pape et le Patriarche ne peuvent pas se « résigner à un Moyen-Orient sans les chrétiens qui y ont professé le nom de Jésus pendant deux mille ans ». « Comme leaders chrétiens », les deux hommes ont exhorté « tous les leaders religieux à poursuivre et à renforcer le dialogue interreligieux et à accomplir tout effort pour construire une culture de paix et de solidarité entre les personnes et entre les peuples ». Le Pontife et le Patriarche Bartholomée reconnaissent « donc aussi l’importance de la promotion d’un dialogue constructif avec l’Islam, basé sur le respect mutuel et sur l’amitié ». En parlant de conflits, la déclaration commune n’a pas oublié d’évoquer l’Ukraine.

La première partie de la visite du Pape François en Turquie a été essentiellement consacrée aux rencontres protocolaires et officielles. Mais, si le Saint-Père est venu en Turquie il a été surtout pour rencontrer encore une fois le Patriarche Bartholomée, participer à ses côtés aux festivités de la fête de Saint-André et pour renouveler la pleine communion avec les Églises orthodoxes. Mais, cette « pleine communion» ne signifie « ni soumission l’un à l’autre, ni absorption, mais plutôt accueil de tous les dons que Dieu a donnés à chacun», a tenu à préciser le Pontife.

Antonio Torrenzano

 

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refugies_syrie_imagePourquoi la Syrie est-elle le problème le plus inextricable du Moyen-Orient ? Si la destruction du groupe de l’État islamique est un objectif à long terme, la communauté internationale manque à aujourd’hui d’objectifs clairs en ce qui concerne la Syrie. Le conflit syrien ne se limite plus à la présence du régime du président Bachar el-Assad au pouvoir. Renverser son régime ne suffira pas pour conjuguer les intérêts de la mosaïque d’identités ethniques et sectaires du pays. Il faudra examiner de manière bien plus approfondie l’avenir de la nation syrienne et envisager comment elle pourrait être gouvernée dans la paix. La situation, qui s’aggrave jour après jour, exigerait des efforts diplomatiques au plus haut rang international (ONU, Union européenne, Russie, États-Unis) et régional pour rechercher des solutions efficaces avec la participation de la république de l’Iran autant que du royaume de l’Arabie Saoudite.

Le Proche-Orient porte encore le poids d’un double héritage historique : 1) des siècles de domination ottomane; 2) une entrée brutale et instrumentalisée dans l’ère de la modernité eurocentrique par les puissances coloniales européennes. La fabrication de l’État-Nation, par exemple, a été toujours contraire au système communautaire d’organisation de la vie sociale ottomane. Une organisation sociale, l’ottomane, qui encourageait plus le sentiment d’appartenance à une communauté (la communauté chiite, la communauté alaouite, les Druzes, la communauté sunnite) qu’à l’abstrait concept de patrie.

Ce choc historique a remis en question le fonctionnement de l’ensemble de ces collectivités et les a poussées tout de suite dans une modernité après plusieurs siècles de léthargie politique. L’arabisme et le sens d’appartenance à la communauté arabe ont joué un rôle important seulement pendant les guerres d’indépendance, mais les nobles idéaux de Gamal Abdel Nasser se sont transformés trop tôt dans des dictatures opprimantes. Les révoltes du printemps arabe ont ouvert des pages qui produiront peut-être parmi 20 ou 30 ans un nouvel ordre ou un autre modèle politique, mais à présent la situation est au-delà de nulle part. La question de la construction des identités nationales reste encore au cœur de la pensée politique dans le monde arabe.

Le cas de la Syrie est peut-être unique, mais les problèmes liés à la gouvernance d’un pays multiethnique ne sont pas nouveaux. Pourquoi la Syrie est-elle le problème le plus dangereux à présent au Proche-Orient ? La fin du conflit syrien n’est pas prévue pour demain, mais sans des solutions clairvoyantes ce combat risquera de changer l’équilibre des forces régionales et la géopolitique de la région même. Selon l’écrivaine et journaliste Hala Kodmani, la Syrie est en pleine contre-révolution par rapport aux idéaux de liberté et de justice exprimés au début de la protestation.

Hala Kodmani ajoute enfin: « Mon optimisme n’enlève rien à ma lucidité. Nous sommes arrivés à un désastre syrien : tous les pires scénarios se sont réalisés. Mais les raisons et le cheminement sont explicables. Nous avons en Syrie une juxtaposition de crises. C’est-à-dire que la révolution est encore là. Il y a une guerre civile qui s’est incrustée dessus, il y a un conflit régional, un affrontement confessionnel, une confrontation internationale, une guerre contre le terrorisme… tous ces faits se sont juxtaposés dans ce même lieu qu’est la Syrie».

Antonio Torrenzano

* À lire : le nouveau roman de Hala Kodmani, « La Syrie Promise », Beirut, éditions Sindbad-Actes Sud, 2014.

 

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musée_national_ de_bagdad_imageLa directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, a condamné dimanche la destruction barbare du patrimoine culturel en Irak, où les jihadistes sont en train de détruire des sites anciens sur les territoires qu’ils gouvernent. La directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, a effectué cette visite officielle en Iraq en soutien au peuple et au gouvernement iraquien. Pendant sa visite, la directrice générale a formulé sa profonde préoccupation sur la crise et son impact dévastateur sur la population et en particulier sur le riche patrimoine culturel et la diversité de la nation.

L’Irak possède «des milliers de temples, de bâtiments, de sites archéologiques, d’objets qui sont un trésor pour l’humanité entière», a déclaré Mme Bokova pendant sa visite à Bagdad. «Nous ne pouvons accepter que ce trésor, cet héritage de la civilisation, soit détruit de la façon la plus barbare qu’il soit», a-t-elle ajouté. «Nous devons agir, il n’y a pas de temps à perdre, parce que les extrémistes essayent d’effacer l’identité. Car ils savent que s’il n’y a plus d’identité, il n’y a plus d’Histoire. Nous pensons que tout cela n’est plus acceptable», a encore annoncé la directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation et la culture. À Bagdad, Irina Bokova s’est entretenue avec le président de l’Iraq, M. Fuad Masum, et le premier ministre, Haider Al-Abadi, ainsi que le vice-premier ministre, Saleh Al-Mutlaq. Après, elle s’est rendue au Musée national de la capitale.

Les jihadistes du groupe de l’État islamique administrent plusieurs territoires en Irak où ils sont en train de détruire des sites qu’ils considèrent comme idolâtres ou hérétiques. L’EI a notamment détruit des tombeaux, des églises et de précieux manuscrits dans la ville de Mossoul, deuxième communauté politique d’Irak qu’il a pris par la force début juin. La même organisation a vendu des antiquités pour se financer.

Antonio Torrenzano

 

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Irak_refugiés_imageLe Directeur du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) du siège de Genève, Rashid Khalikov et le Sous-Secrétaire général de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), Hesham Youssef, ont effectué une visite paritaire la semaine dernière en Irak.

L’objectif de leur visite a été d’évaluer les récents développements sur le terrain afin de sensibiliser la communauté internationale et les États membres de l’OCI sur la situation humanitaire catastrophique en Irak. Rashid Khalikov et Hesham Youssef ont visité des camps de déplacés dans les gouvernorats de Ninive et dans la région du Kurdistan. Ils se sont également rendus à la frontière entre l’Iraq et la Turquie pour observer ce qui a été fait pour aider les réfugiés syriens de Kobané.

Dans un communiqué de presse publié lundi, ils appellent « tous les bailleurs de fonds à soutenir généreusement le peuple iraquien». «Ils ont besoin de notre soutien et ils en ont besoin maintenant», ont-ils déclaré. «L’approche de l’hiver et la détérioration des conditions climatiques qui se sont manifestées par des pluies fréquentes et des températures basses accroissent les difficultés auxquelles sont confrontés les déplacés. Les déplacés continuent de vivre dans les conditions terribles», ont souligné les deux représentants dans leur communiqué à la presse. Selon OCHA et l’OCI, les efforts destinés à préparer l’hiver sont à présent cruciaux et prioritaires.

Antonio Torrenzano

 

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combats_tripoli_libandunord_imageLes forces kurdes défendant la ville syrienne de Kobané ont repoussé un nouvel assaut des jihadistes du groupe de l’État islamique dans l’attente des premiers renforts de peshmergas irakiens qu’elles espèrent en début de semaine. Pour la quatrième nuit consécutive, les jihadistes ont essayé de prendre le quartier du nord de Kobané proche de la frontière avec la Turquie, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). L’EI se focalise sur ce lieu «afin d’assiéger les combattants des Unités de protection du peuple kurde (YPG) dans la ville, couper leur route d’approvisionnement et les empêcher d’évacuer leurs blessés vers la Turquie», toujours selon l’ONG. Les combats se sont par ailleurs poursuivis dans la nuit dans deux secteurs du nord-est de la ville, Souk el-Hal et Kani Arabane, ainsi que sur le front sud.

En Irak, la coalition internationale a renforcé la fréquence de ses frappes ces derniers jours en ayant conduit presque 22 frappes entre vendredi et samedi. La moitié d’entre elles ont été dirigées vers des positions de l’EI près du barrage de Mossoul (Irak du Nord), le plus grand du pays. La digue de Mossoul est d’une importance stratégique élevée parce qu’en le détruisant les jihadistes déclencheraient de gigantesques inondations à Mossoul et Bagdad, les deux villes les plus peuplées d’Irak. Aidées par le soutien aérien, les forces kurdes irakiennes ont pu reprendre samedi aux jihadistes la ville de Zoumar (60 km au nord-ouest de Mossoul) après des semaines de combats. Mais les jihadistes réussissent à progresser dans d’autres zones du pays irakien, avant tout dans le nord où ils assiègent de nouveau le mont Sinjar où sont prises au piège des centaines de familles yazidies.

Au Liban, depuis vendredi soir, l’armée libanaise est engagée dans des combats violents à Tripoli (Liban du Nord), contre des groupes islamistes. Samedi soir, l’armée libanaise avait annoncé avoir délogé les hommes armés des anciens souks de la ville, mais les mêmes se sont réfugiés dans un autre quartier de Tripoli : le secteur sunnite de Bab el-Tebbané où de violents combats sont en train de poursuivre dimanche matin. Le conflit en Syrie a renflammé les tensions au Liban où les sunnites soutiennent leurs coreligionnaires en Syrie qui combattent le régime tandis que les chiites, dont le Hezbollah, qui défendent le président Bachar el-Assad. Toujours dimanche matin, le Front al-Nosra, branche syrienne d’el-Qaëda, a menacé d’exécuter les soldats libanais qu’il retient en otage si l’armée libanaise ne cessait pas son offensive à Tripoli. Dans des communiqués repris par l’Agence nationale de l’information (ANI), l’armée libanaise précise qu’elle poursuivra la chasse aux jihadistes au Liban du Nord jusqu’à ce qu’ils soient éliminés.

Antonio Torrenzano

 

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fillette_camp_zaatri_jourdanie_imageLa secrétaire générale adjointe des Nations Unies aux affaires humanitaires, Valerie Amos, a encouragé la communauté internationale à renforcer le soutien aux efforts pour apporter d’assistance humanitaire aux personnes déplacées en Syrie et aux réfugiés syriens dans les pays voisins avant l’arrivée de l’hiver dans la région. Après d’une visite au camp de réfugiés de Suruc, qui héberge au moment présent 5.000 personnes, Valerie Amos a marqué sa consternation par rapport aux situations des individus qu’elle a rencontrés. « J’ai rencontré une femme qui avait d’abord dû fuir la ville de Homs vers Kobané et ensuite de Kobané vers Suruc. Elle était désespérée et craignait pour les perspectives d’avenir de ses enfants ».

À présent, il y a 900.000 réfugiés syriens enregistrés en Turquie, et le nombre total pourrait être le double selon les estimations. « Près de 200.000 réfugiés syriens ont fui la ville de Aïn Al-Arab (ou Kobané) pour se rendre en Turquie au cours des dernières semaines et les autorités turques ont apporté une aide immédiate », a déclaré la Secrétaire générale adjointe dans un communiqué de presse. « Plus de trois millions de Syriens ont fui leur Pays et ils ont tenté de trouver un refuge dans les pays voisins dont 1,1 million au Liban ce qui représente un tiers de la population. 619.000 sont enregistrés en Jordanie, mais le nombre réel est beaucoup plus élevé», a-t-elle ajouté en soulignant que près de 10 millions de Syriens ont été déplacés soit à l’intérieur du pays, soit dans d’autres nations.

Enfin, selon le HCR et l’UNICEF, les enfants représenteraient la moitié de l’ensemble des réfugiés du conflit en Syrie. La plupart sont arrivés au Liban, en Jordanie, en Turquie, en Iraq et en Égypte. Les derniers chiffres montrent que plus de 768,000 enfants réfugiés syriens ont moins de onze ans. Les bouleversements physiques, la peur, le stress et les traumatismes qu’ont vécus tant d’enfants ne représentent qu’une partie de cette crise humaine. Les deux organisations ont aussi mis en avant les menaces de travail, de mariage précoce et le risque d’exploitation sexuelle et de traite pesant sur les enfants réfugiés. Les jeunes de Syrie sont en train de perdre leurs foyers, des membres de leurs familles et leur avenir.

Antonio Torrenzano

* Dans l’image du photoreporter Laban Mattei de l’UNHCR, une fillette hébergée au camp de réfugiés de Zaatri en Jordanie.

 

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femmes_kurdes_imageDepuis le 16 septembre 2014, la ville de Kobané est assiégée par l’organisation terroriste de l’État islamique. Kobané est la troisième ville kurde de la Syrie à la frontière avec la Turquie. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) plus de 300.000 habitants ont fui la ville, dont plus de 200.000 personnes sont parties en Turquie et d’autres milliers en Irak.

Depuis un mois et demi, malgré les bombardements sur les positions-clés de l’État islamique (ex-Daech), celui-ci ne paraît d’aucune façon miné. Au contraire, les multiples pressions n’y font rien et le monde découvre avec inquiétude que ce mouvement reste encore corrosif sur le terrain. La coalition internationale découvre son efficacité réduite par ses frappes aériennes, tandis que la Turquie ne s’engage pas en proclamant sa non-ingérence. À terme, la Jordanie pourrait-elle aussi être menacée, tout comme le Liban l’est déjà. Le Front al-Nosra a cessé depuis septembre toute attaque contre l’EIIL et il faut craindre une réconciliation entre les deux mouvements. Sur le terrain, les populations syriennes sunnites continuent de soutenir al-Nosra contre les bombardements et les tribus de la province irakienne d’al-Anbar ne semblent pas prêtes à se retourner contre le califat. Dans ce panorama, la question syrienne demeure d’une gravité très élevée autant qu’en Irak où de nouvelles tragédies similaires à Kobané peuvent s’annoncer très bientôt.

Entre le 8 août et le 6 octobre, au moins 250 frappes ont eu lieu en Irak et 90 en Syrie. Les frappes en réalité ont brisé du matériel, des bâtiments éloignés des centres urbains et des colonnes de véhicules qui étaient trop visibles. Désormais, les jihadistes se mélangent en permanence à la population. Les frappes ont eu pour cible des centres vitaux de l’EIIL: Raqqa, Deir ez-Zor en Syrie, ou encore Mossoul, Sindjar, Haditha et Falloujah en Irak, autant de sites sous contrôle jihadiste depuis plusieurs mois. Mais, presque le 30% des opérations de l’aviation américaine a concerné des quartiers d’Erbil, de Kirkouk, Amerli et Bagdad, villes encore épargnées par l’EILL. Au contraire, de violents accrochages ont eu lieu au sud de Kirkouk avec les peshmergas kurdes les 2 et 3 octobre. Dans cette ville, des bâtiments de la 12e armée irakienne ont été soufflés par une explosion le 6 octobre. La ville de Hît, au sud de Haditha, est passée sous contrôle de Daech dans le plus grand silence médiatique.

Il faut ajouter en outre que la plupart des cartes géographiques d’implantation de l’État islamique proposées dans les revues de politique internationale sont erronées. Pourquoi sont-elles erronées ? Parce qu’elles présentent souvent les territoires concernés sous trois appellations: «zones sous contrôle de l’EI»; «zones d’attaques récurrentes de l’EI» et «zones de soutien à l’EI». Ce n’est plus vrai. L’EILL contrôle de facto les deux derniers espaces. Les «zones de soutien» sont de facto les territoires de l’EILL. Cette organisation terroriste est totalement décentralisée, chaque bataillon a son autonomie d’action et multiplie les opérations périphériques, sans nécessairement une concertation avec l’unité centrale. À un Occident réduit à des tactiques aériennes uniformisées et prévisibles s’oppose un jihadisme multipolaire, réactif et flexible dans les différentes situations des lieux de guerre.

Antonio Torrenzano

 

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Staffan_De_Mistura_imageL’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a exprimé jeudi 16 octobre à Beyrouth son inquiétude concernant la stabilité du Liban en raison du conflit qui perdure en Syrie.

« La communauté internationale est très préoccupée par la stabilité du Liban qui paie un lourd tribut à cause du conflit actuel en Syrie », a dit de Mistura lors d’une conférence de presse à l’issue d’une rencontre avec le premier ministre de l’État du Liban, Tamam Salam. L’envoyé spécial des Nations unies a également rencontré le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil. «Le conflit en Syrie n’est malheureusement pas encore réglé, et c’est pour cela que nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour faire avancer un processus politique. Nous le savons, aucune bataille ne peut être gagnée, il n’y a pas de victoire ou de défaite militaire en Syrie, seulement un processus politique», a-t-il déclaré à l’issue de la rencontre.

A’ Beyrouth, Staffan de Mistura a rencontré également le numéro deux du Hezbollah, Naïm Qassem. Une rencontre inédite entre l’émissaire de l’ONU et ce parti libanais depuis le début du conflit syrien il y a plus de trois ans. Cheikh Naïm Qassem a souhaité à De Mistura de réussir dans sa mission en estimant qu’il n’y a pas d’autre solution que politique», a indiqué le parti Hezbollah dans un communiqué. « Les puissances internationales et régionales ont perdu trois ans et demi, durant lesquels les Syriens ont été massacrés et contraints de quitter leurs maisons. Seule une solution politique peut sauver la Syrie, son peuple et tout le monde devra faire des concessions douloureuses pour y parvenir », a dit cheikh Qassem.

L’Envoyé de l’ONU a rappelé que la communauté internationale reste aux côtés du Liban. «Nous sommes pleinement conscients du prix que le Liban et les Libanais paient et ont payé pendant cette période », a-t-il dit. « Nous sommes persuadés qu’avec la communauté internationale le Liban sera une nouvelle fois en mesure de surmonter ce moment. La stabilité du Liban est importante pour la région et la communauté internationale. » Selon Staffan de Mistura, « cela veut dire qu’il faudrait que l’environnement politique libanais se stabilise car plus le Liban sera fort plus il lui sera facile d’affronter une période cruciale » en Syrie.

L’Envoyé de l’ONU a indiqué enfin qu’il se rendra à Téhéran en Iran, puis en Turquie et dans d’autres pays de la région. Pour le diplomate onusien « nous sommes encore dans la situation de comprendre ce qui a changé dans la région après que de nouveaux facteurs sont apparus dans la région, en particulier l’EIIL », a-t-il expliqué. Staffan de Mistura compte également se rendre à Moscou.

Antonio Torrenzano