Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme a publié le 14 avril 2014 le rapport sur « la torture et les mauvais traitements en République arabe syrienne ». Le rapport dévoile la situation des lieux de détention en Syrie. Le Haut Commisaire Navi Pillay a affirmé que: «notre rapport confirme que la torture est couramment utilisée dans les centres de détention du gouvernement en Syrie, et que certains groupes d’opposition la pratiquent également. Mon bureau a également pris connaissance de graves accusations de torture et de mauvais traitements d’enfants ». Le mémorandum a été développé par des entretiens à 38 anciens détenus qui ont subi ces violences.
Les arrestations réalisées par le régime de Damas n’ont épargné personne. «Les survivants viennent de tous horizons, ce sont des hommes et femmes de tous âges, toutes religions et toutes origines ethniques », souligne l’étude de l’Haut Commisariat aux droits de l’Homme de l’ONU. Si certains sont visés pour leur activité par exemple des avocats, des médecins, parfois ce sont « des gens ordinaires qui se trouvent au mauvais endroit au mauvais moment ». Une femme de 26 ans, arrêtée en 2013 avec d’autres femmes, raconte dans son entretien « ils nous traitaient de prostituées et crachaient sur notre visage… J’ai été pendue à un mur pendant trois jours et régulièrement battue avec un câble électrique. Je m’évanouissais à cause de la douleur. Ils m’ont arraché les dents, et me jetaient de l’eau ». La jeune femme a aussi ajouté qu’elle a été violée par les militaires. Un jeune homme de 28 ans, détenu à deux reprises dans la ville de Damas, a été soumis à plusieurs formes de tortures : coups avec toutes sortes d’objets, chocs électriques. Le même raconte : « lorsque j’ai été soumis à la suspension inversée, j’ai crié si fort qu’un garde est venu et m’a frappé dans l’estomac ».
Le rapport communique encore que ces violences sont pratiquées dans dizaines de centres répartis sur tout le territoire. Mais aux méthodes, les plus effroyables du régime répondent aujourd’hui les crimes odieux et bestiaux commis par plusieurs factions de l’opposition, comme souligne le même dossier de l’Haut Commisariat aux droits de l’Homme. L’opposition politique perpètre les mêmes violences. Violences augmentées de manière importante depuis l’année 2013. La torture et les mauvais traitements sont devenus aussi une pratique ordinaire pour tous les groupes qui combattent le régime de Damas. L’étude confirme que la torture est couramment utilisée par « plusieurs groupes d’opposition, en particulier l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), Jabhat Al-Nosra, Ahrar Al-Cham,’Asifat Al-Chamal et Liwaa Al-Tawhid qui gèrent des centres de détention dans les zones qu’ils contrôlent». Quelle sortie de crise en Syrie ? La réponse est le nombre de réfugiés : ce nombre dépasse désormais les deux millions; plus de six millions de personnes au final ont été déracinées par le conflit. Selon la Banque Mondiale, la guerre a aussi engendré une inflation record qui dépasse 200% aujourd’hui. Les investissements, le tourisme et le commerce extérieur sont proches de zéro et la production pétrolière a chuté presque de 95%.
Antonio Torrenzano