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krak_de_chavaliers_imageDepuis le début de la guerre en Syrie en 2011, 290 sites de l’important patrimoine culturel syrien ont été détruits, endommagés ou pillés, selon le nouveau mémorandum inquiétant publié le 23 décembre 2014 par l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) de Genève. Le rapport, basé sur des images rassemblées par le programme opérationnel pour les applications satellitaires UNOSAT, attire l’attention sur les dégâts causés par les combats de rue, les bombardements aériens ou d’artillerie, les attentats à la bombe, les véhicules piégés et les pillages. Le résultat ? Une destruction à grande échelle du patrimoine et de la mémoire historique qui jour après jour est en train de disparaître.

Des monuments comme le Krak des chevaliers, les souks, la citadelle ou la mosquée des Omeyyades à Alep, une ville où le peuplement remonte à 7’000 ans, la vieille ville de Damas, la grande colonnade d’Apamée ont été plus ou moins gravement endommagés. À présent, l’UNITAR affirme que la destruction à grande échelle de ce patrimoine a touché 290 sites historiques. Vingt-quatre trésors artistiques ont été complètement détruits, 104 sites sont gravement endommagés, presque 85 endroits archéologiques moyennement endommagés et 77 probablement endommagés.

L’UNOSAT a basé son analyse sur une combinaison d’images satellite à très haute résolution disponibles dans le commerce, de rapports de l’UNESCO, de données fournies par des archéologues experts de la Syrie, ainsi que des informations publiées par les médias traditionnels et les médias sociaux. L’agence des Nations Unies a voulu, avec son rapport, attirer l’attention des décideurs et du public sur la grave détérioration de la plupart des zones archéologiques de la Syrie. Cette nouvelle recherche de l’UNITAR appelle à un effort accru toute la communauté internationale pour protéger et sauver le plus possible cet important héritage de l’humanité.

Antonio Torrenzano

 * Dans l’image, le château Krak de Chevaliers (patrimoine de l’Humanité de l’UNESCO). Pour en savoir plus : http://whc.unesco.org/fr/list/1229

** Pour en savoir plus sur les forteresses d’orient : http://www.orient-latin.com/fortresses/crac

*** Pour en savoir plus sur le rapport de l’UNITAR : www.unitar.org

 

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syrie_image_1214_refugiéesLes Nations Unies ont lancé cette semaine à Berlin un important appel humanitaire à toute la communauté internationale et aux Pays donateurs afin de repérer presque 8.4 milliards de dollars américains afin d’aider 18 millions de personnes en Syrie et dans la région en 2015. L’appel comprend deux lignes d’action principales : une assistance pour les 12 millions de personnes déplacées et de personnes touchées par le conflit à l’intérieur de la Syrie, ainsi qu’une réponse aux besoins des millions de réfugiés syriens dans les pays et les communautés qui les accueillent. L’appel 2015 de l’ONU intègre pour la première fois un volet important consacré au développement des besoins humanitaires vitaux de la plus grande crise de déplacement de population au monde.

La situation du conflit en Syrie s’aggrave jour après jour et par conséquent la situation humanitaire. Les réfugiés et les individus déplacés ont épuisé leurs économies et leurs ressources et les pays hôtes sont au bord de la rupture. Quoi pouvons-nous atteindre du 2015 ? « Nous avons besoin d’une nouvelle architecture de l’aide qui lie le soutien aux réfugiés avec ce qui est entrepris pour stabiliser les communautés qui les accueillent … » a déclaré Antonio Guterres, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés. La situation est toutefois préoccupante dans les mêmes pays de la région. « Les pays accueillants des réfugiés syriens se retrouvent confrontés à l’impact considérable que cela a entraîné sur leurs économies, leurs sociétés et leurs infrastructures, menaçant non seulement leur stabilité, mais aussi la stabilité de toute la région » a indiqué Gina Casar, Secrétaire générale adjointe et Administratrice associée du PNUD. « Une réponse humanitaire traditionnelle ne suffit plus. La tâche qui nous attend demande une réponse globale à la crise qui améliore la résilience de ces communautés et institutions gouvernementales».

Ce nouveau plan régional pour les réfugiés devrait représenter un changement stratégique dans l’approche de l’aide humanitaire dans la région. Contrairement aux précédents, ces lignes d’action réunissent les opérations humanitaires d’urgence et le soutien aux communautés hôtes avec des interventions sur le long terme visant à favoriser la résilience et à réduire les coûts.

«Le conflit a détruit les vies de millions de Syriens qui se retrouvent pris entre deux feux et n’ont pas accès aux produits de première nécessité ni aux soins de santé. Beaucoup vivent dans la peur, les enfants ne peuvent pas aller à l’école, et les parents ne peuvent pas travailler», a déclaré Valerie Amos, Secrétaire générale adjointe des Nations Unies pour les affaires humanitaires et les secours d’urgence. « Ce programme, s’il était totalement financé, nous aiderait à fournir de la nourriture et des médicaments aux enfants, un abri aux familles pour se protéger du froid, et à soutenir ceux qui sont désespérés et traumatisés. Il est très difficile et dangereux de travailler en Syrie, mais la communauté humanitaire reste déterminée à aider les personnes les plus vulnérables prisonnières de cette crise », a-t-elle ajouté.

Enfin, selon Jan Egeland, Secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés, un des partenaires clés de l’appel, « nous avons failli pendant trop longtemps à notre devoir envers les Syriens face à la pire guerre de notre génération».

Antonio Torrenzano

 

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réfugiés_syriens_imageLe Programme alimentaire mondial (PAM) a lancé ce mercredi une campagne de collecte de fonds sur les réseaux sociaux et auprès du grand public afin de récolter plus de 64 millions de dollars nécessaires pour la distribution d’assistance alimentaire aux déplacés syriens.

La raison ? Les coffres de l’organisme onusien sont presque vides et le Programme alimentaire mondial a été obligé d’interrompre son assistance à destination des 1,7 millions de réfugiés syriens lundi 1 décembre. En effet, il manque 64 millions de dollars (52 millions d’euros) ce mois-ci pour délivrer des coupons alimentaires aux réfugiés répartis entre la Jordanie, le Liban, la Turquie, l’Irak et l’Égypte. « Même un dollar peut faire une différence. Nous disons aux gens que pour eux, ce n’est qu’un dollar, pour eux (les réfugiés), c’est une bouée de sauvetage », a déclaré la Directrice exécutive du PAM, Ertharin Cousin, dans un communiqué de presse.

Pour maintenir toutes ses activités d’assistance, le PAM dépense 35 millions par semaine dans la région. Le Koweït et les États-Unis ont respectivement versé des dons d’urgence de 500 millions et de 125 millions, mais ces sommes ont vite été dépensées. Pour ses activités en Syrie en 2014, le PAM avait demandé 1 milliard à la communauté internationale, mais n’a réussi à récolter que 47% de cette somme. Comment peut-on expliquer la circonstance ? Le contexte s’explique en partie par la multitude de crises humanitaires auxquelles la communauté internationale doit répondre à présent. C’est la première fois en effet que les agences techniques de l’ONU font simultanément face à cinq crises de niveau 3, qui est le niveau le plus élevé, c’est-à-dire en Syrie, dans la République centrafricaine, au Soudan du Sud, en Irak et dans la région africaine touchée par le virus Ebola.

La guerre syrienne n’aggrave pas seulement le sort de millions de déplacés, mais ses effets se propagent dans tous les pays limitrophes qui accueillent désormais presque trois millions d’individus. Depuis le début de la guerre civile en mars 2011, environ 800 millions de dollars ont été injectés par le Programme alimentaire mondial afin de soutenir l’économie régionale dans les pays limitrophes de la Syrie. Le Liban est par exemple l’un des pays les plus affectés par cette crise régionale. Le pays du cèdre accueille à présent le nombre le plus élevé de réfugiés au monde en rapport à sa population : c’est-à-dire 1,4 million de personnes selon les dernières statistiques du Haut Commissariat des Refugiés. Au Liban, un grand nombre de ces réfugiés vivent sur le plateau de la Bekaa, une zone montagneuse où les températures sont déjà descendues en dessous de zéro et l’hiver accroit une situation déjà précaire.

«L’hiver est déjà une période très difficile pour les réfugiés syriens et la suspension de l’aide alimentaire aura des conséquences dévastatrices» avait affirmé le Directeur du Haut Commissariat aux Réfugiés, Antonio Guterres. Enfin, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), le nombre de victimes de la guerre en Syrie a dépassé les 200.000 morts civils depuis le début de la guerre il y a déjà quatre ans. Selon la même ONG, le chiffre pourrait être encore plus important, car de nombreuses données ne peuvent pas être renseignées dans les zones contrôlées par l’EILL dans lesquelles il est impossible de travailler.

Antonio Torrenzano

 

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pape_françois_patriarche_bartholomée_rencontre_turquie_imageLe Pape François et le Patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée se sont engagés dimanche à « intensifier leurs efforts pour la promotion de la pleine unité entre tous les chrétiens et surtout entre catholiques et orthodoxes». Après la liturgie, dans l’église Saint-Georges à Istanbul, les deux ont signé ensemble une déclaration commune, comme ils l’avaient déjà fait lors de leur dernière rencontre, en mai dernier à Jérusalem. Dans le détail de leur appel, ils soutiennent « le dialogue théologique promu par la Commission mixte internationale, qui, instituée il y a exactement 35 ans par le Patriarche œcuménique Dimitrios et par le pape Jean-Paul II, traite actuellement les questions plus difficiles qui ont marqué l’histoire de [leurs] divisions et qui demandent une étude attentive et approfondie ».

L’Irak et la Syrie ont été dans les pensées du Pape et du Patriarche. Liés par un « œcuménisme de la souffrance », François et Bartholomée se sont unis dans le désir de paix et de stabilité en Irak, en Syrie et dans tout le Proche-Orient. Ils ont fait savoir leur «volonté de promouvoir la résolution des conflits par le dialogue et la réconciliation».

Pape François et le Patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée ont invité la communauté internationale à intensifier leur engagement «pour les communautés qui souffrent et leur permettent, y compris aux communautés chrétiennes, de rester sur leur terre natale ». Le Pape et le Patriarche ne peuvent pas se « résigner à un Moyen-Orient sans les chrétiens qui y ont professé le nom de Jésus pendant deux mille ans ». « Comme leaders chrétiens », les deux hommes ont exhorté « tous les leaders religieux à poursuivre et à renforcer le dialogue interreligieux et à accomplir tout effort pour construire une culture de paix et de solidarité entre les personnes et entre les peuples ». Le Pontife et le Patriarche Bartholomée reconnaissent « donc aussi l’importance de la promotion d’un dialogue constructif avec l’Islam, basé sur le respect mutuel et sur l’amitié ». En parlant de conflits, la déclaration commune n’a pas oublié d’évoquer l’Ukraine.

La première partie de la visite du Pape François en Turquie a été essentiellement consacrée aux rencontres protocolaires et officielles. Mais, si le Saint-Père est venu en Turquie il a été surtout pour rencontrer encore une fois le Patriarche Bartholomée, participer à ses côtés aux festivités de la fête de Saint-André et pour renouveler la pleine communion avec les Églises orthodoxes. Mais, cette « pleine communion» ne signifie « ni soumission l’un à l’autre, ni absorption, mais plutôt accueil de tous les dons que Dieu a donnés à chacun», a tenu à préciser le Pontife.

Antonio Torrenzano

 

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« Nous, le Pape François et le Patriarche œcuménique Bartholomée Ier, exprimons notre profonde gratitude à Dieu pour le don de cette nouvelle rencontre qu’il nous accorde, en présence des membres du Saint Synode, du clergé et des fidèles du Patriarcat œcuménique, de célébrer ensemble la fête de saint André, le premier appelé et le frère de l’Apôtre Pierre. Faire mémoire des Apôtres, qui proclamèrent la bonne nouvelle de l’Évangile au monde, renforce en nous le désir de continuer à cheminer ensemble dans le but de dépasser, avec amour et confiance, les obstacles qui nous divisent.

Lors de la rencontre à Jérusalem de mai dernier, au cours de laquelle nous avons rappelé l’accolade historique entre nos vénérables prédécesseurs, le Pape Paul VI et le Patriarche œcuménique Athenagoras, nous avons signé une déclaration conjointe. Aujourd’hui, en l’heureuse occasion d’une nouvelle rencontre fraternelle, nous voulons réaffirmer ensemble nos intentions et nos préoccupations communes.

Nous exprimons notre sincère et ferme intention, dans l’obéissance à la volonté de Notre Seigneur Jésus Christ, d’intensifier nos efforts pour la promotion de la pleine unité entre tous les chrétiens et surtout entre catholiques et orthodoxes. Nous voulons de plus, soutenir le dialogue théologique promu par la Commission mixte internationale, qui, instituée il y a exactement 35 ans par le Patriarche œcuménique Dimitrios et par le Pape Jean-Paul II, ici, au Phanar, traite actuellement les questions plus difficiles qui ont marqué l’histoire de nos divisions et qui demandent une étude attentive et approfondie. Dans ce but, nous assurons de notre prière fervente comme Pasteurs de l’Église, demandant aux fidèles de s’unir à nous dans l’invocation commune que « tous soient un… afin que le monde croie » (Jn 17, 21).

Nous exprimons notre préoccupation commune pour la situation en Irak, en Syrie et dans tout le Moyen-Orient. Nous sommes unis dans le désir de paix et de stabilité et dans la volonté de promouvoir la résolution des conflits par le dialogue et la réconciliation. Reconnaissant les efforts déjà faits pour offrir une assistance à la région, nous en appelons en même temps à tous ceux qui ont la responsabilité du destin des peuples afin qu’ils intensifient leur engagement pour les communautés qui souffrent et leur permettent, y compris aux communautés chrétiennes, de rester sur leur terre natale. Nous ne pouvons pas nous résigner à un Moyen-Orient sans les chrétiens qui y ont professé le nom de Jésus pendant deux mille ans.

Beaucoup de nos frères et de nos sœurs sont persécutés et ont été contraints par la violence à laisser leurs maisons. Il semble vraiment que la valeur de la vie humaine se soit perdue et que la personne humaine n’ait plus d’importance et puisse être sacrifiée à d’autres intérêts. Et tout cela, tragiquement, rencontre l’indifférence de beaucoup. Comme nous le rappelle saint Paul : « Un membre souffre-t-il ? Tous les membres souffrent avec lui. Un membre est-il à l’honneur ? Tous les membres se réjouissent avec lui » (1 Co 12, 26). C’est la loi de la vie chrétienne et en ce sens nous pouvons dire qu’il y a aussi un œcuménisme de la souffrance. Comme le sang des martyrs a été semence de force et de fécondité pour l’Église, ainsi le partage des souffrances quotidiennes peut être aussi un instrument efficace d’unité. La terrible situation des chrétiens et de tous ceux qui souffrent au Moyen-Orient demande non seulement une prière constante, mais aussi une réponse appropriée de la part de la communauté internationale.

Les grands défis que le monde a devant lui dans la situation actuelle demandent la solidarité de toutes les personnes de bonne volonté. Nous reconnaissons donc aussi l’importance de la promotion d’un dialogue constructif avec l’Islam, basé sur le respect mutuel et sur l’amitié. Inspirés par des valeurs communes et affermies par un authentique sentiment fraternel, musulmans et chrétiens sont appelés à travailler ensemble par amour de la justice, de la paix et du respect de la dignité et des droits de chaque personne, spécialement dans les régions où eux-mêmes, un temps, vécurent pendant des siècles dans une coexistence pacifique et maintenant souffrent ensemble tragiquement des horreurs de la guerre. De plus, comme leaders chrétiens, nous exhortons tous les leaders religieux à poursuivre et à renforcer le dialogue interreligieux et à accomplir tout effort pour construire une culture de paix et de solidarité entre les personnes et entre les peuples.

Nous nous souvenons aussi de tous les peuples qui souffrent à cause de la guerre. En particulier, nous prions pour la paix en Ukraine, un pays d’antique tradition chrétienne, et nous lançons un appel aux parties engagées dans le conflit à rechercher le chemin du dialogue et du respect du droit international pour mettre fin au conflit et permettre à tous les Ukrainiens de vivre en harmonie. Nos pensées sont tournées vers tous les fidèles de nos Églises dans le monde, que nous saluons, les confiant au Christ notre Sauveur, afin qu’ils puissent être des témoins infatigables de l’amour de Dieu. Nous faisons monter notre prière fervente vers Dieu pour qu’il accorde le don de la paix, dans l’amour et dans l’unité, à toute la famille humaine. « Que le Seigneur de la paix vous donne lui-même la paix en tout temps et de toute manière. Que le Seigneur soit avec vous tous » (2 Th 3, 16).

Du Phanar, le 30 novembre 2014.

 

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refugies_syrie_imagePourquoi la Syrie est-elle le problème le plus inextricable du Moyen-Orient ? Si la destruction du groupe de l’État islamique est un objectif à long terme, la communauté internationale manque à aujourd’hui d’objectifs clairs en ce qui concerne la Syrie. Le conflit syrien ne se limite plus à la présence du régime du président Bachar el-Assad au pouvoir. Renverser son régime ne suffira pas pour conjuguer les intérêts de la mosaïque d’identités ethniques et sectaires du pays. Il faudra examiner de manière bien plus approfondie l’avenir de la nation syrienne et envisager comment elle pourrait être gouvernée dans la paix. La situation, qui s’aggrave jour après jour, exigerait des efforts diplomatiques au plus haut rang international (ONU, Union européenne, Russie, États-Unis) et régional pour rechercher des solutions efficaces avec la participation de la république de l’Iran autant que du royaume de l’Arabie Saoudite.

Le Proche-Orient porte encore le poids d’un double héritage historique : 1) des siècles de domination ottomane; 2) une entrée brutale et instrumentalisée dans l’ère de la modernité eurocentrique par les puissances coloniales européennes. La fabrication de l’État-Nation, par exemple, a été toujours contraire au système communautaire d’organisation de la vie sociale ottomane. Une organisation sociale, l’ottomane, qui encourageait plus le sentiment d’appartenance à une communauté (la communauté chiite, la communauté alaouite, les Druzes, la communauté sunnite) qu’à l’abstrait concept de patrie.

Ce choc historique a remis en question le fonctionnement de l’ensemble de ces collectivités et les a poussées tout de suite dans une modernité après plusieurs siècles de léthargie politique. L’arabisme et le sens d’appartenance à la communauté arabe ont joué un rôle important seulement pendant les guerres d’indépendance, mais les nobles idéaux de Gamal Abdel Nasser se sont transformés trop tôt dans des dictatures opprimantes. Les révoltes du printemps arabe ont ouvert des pages qui produiront peut-être parmi 20 ou 30 ans un nouvel ordre ou un autre modèle politique, mais à présent la situation est au-delà de nulle part. La question de la construction des identités nationales reste encore au cœur de la pensée politique dans le monde arabe.

Le cas de la Syrie est peut-être unique, mais les problèmes liés à la gouvernance d’un pays multiethnique ne sont pas nouveaux. Pourquoi la Syrie est-elle le problème le plus dangereux à présent au Proche-Orient ? La fin du conflit syrien n’est pas prévue pour demain, mais sans des solutions clairvoyantes ce combat risquera de changer l’équilibre des forces régionales et la géopolitique de la région même. Selon l’écrivaine et journaliste Hala Kodmani, la Syrie est en pleine contre-révolution par rapport aux idéaux de liberté et de justice exprimés au début de la protestation.

Hala Kodmani ajoute enfin: « Mon optimisme n’enlève rien à ma lucidité. Nous sommes arrivés à un désastre syrien : tous les pires scénarios se sont réalisés. Mais les raisons et le cheminement sont explicables. Nous avons en Syrie une juxtaposition de crises. C’est-à-dire que la révolution est encore là. Il y a une guerre civile qui s’est incrustée dessus, il y a un conflit régional, un affrontement confessionnel, une confrontation internationale, une guerre contre le terrorisme… tous ces faits se sont juxtaposés dans ce même lieu qu’est la Syrie».

Antonio Torrenzano

* À lire : le nouveau roman de Hala Kodmani, « La Syrie Promise », Beirut, éditions Sindbad-Actes Sud, 2014.

 

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refugiés_chretiens_mossoul_iraq_imageLe Représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour l’Iraq Nickolay Mladenov a averti le 23 juillet les membres du Conseil de sécurité que l’organisation terroriste l’État islamique en Iraq et au Levant (EIIL) est une «menace complexe» à la paix et à la sécurité du Pays. Le représentant spécial de l’ONU a souligné que l’EIIL contrôle de fait à présent environ un tiers du territoire iraquien et que près d’un million de personnes déplacées se trouvent dans des zones qui échappent à l’autorité du gouvernement iraquien, tandis que des millions d’autres individus demeurent pris au piège dans des zones de combats.

Nickolay Mladenov a aussi appelé toutes les parties à établir des corridors humanitaires, notamment dans les communautés assiégées, pour faciliter l’acheminement de l’aide. Nickolay Mladenov a encore dénoncé les actions «criminelles et injustifiables» de l’EIIL qui, a-t-il dit, constitue une «menace complexe» pour la paix et la sécurité en Iraq et au-delà des frontières du pays. Il a appelé le Conseil de sécurité à exiger que l’EIIL cesse toutes les hostilités et atrocités et à s’assurer que les États membres coopèrent pour faire appliquer les sanctions.

La stratégie de l’EIIL consiste, a-t-il précisé, à établir une zone de domination permanente échappant à celui des autorités irakiennes par le biais de la terreur et de la violence. Cette organisation, a-t-il affirmé, elle est en train de radicaliser les populations, manipule les divisions existantes au sein de la société iraquienne pour exacerber les divisions sectaires, fomente les troubles sociaux et sape l’autorité du gouvernement et des élus iraquiens. Nickolay Mladenov s’est dit extrêmement préoccupé par le sort réservé, ces dernières semaines, aux chrétiens iraquiens dans la province de Ninewa. Mais aussi pour le sort des Chiites, des Turkomens, des Yazidis et des Shabaks qui sont également victimes d’enlèvements systématiques, de meurtres ou de la destruction de leurs maisons et autres biens. Nikolay Mladenov a également dressé un tableau de l’impact des violences sur les civils.

Depuis le début de l’année, 1,2 million de personnes ont perdu leur domicile dont plus de trois quarts d’entre eux se trouvent dans des zones qui échappent au contrôle de Bagdad ou qui sont très peu sécures. L’ONU a déjà recensé plus de 1,600 «sites de déplacements» dans le pays. Aussi, les capacités d’accueil des gouvernorats dans la région du Kurdistan ont été dépassées par l’arrivée de 300.000 personnes nouvellement déplacées et qui rejoignent les 225.000 réfugiés syriens qui se trouvaient déjà dans la région. De toute évidence, a estimé Nickolay Mladenov, après la chute de Mossoul, l’Iraq ne sera plus jamais comme la situation précédente.

Antonio Torrenzano

 

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Dans une longue lettre, le Patriarche de Babylone des Chaldéens Mgr Louis Raphaël Sako s’est adressé au secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon pour dénoncer et décrire la situation dramatique des chrétiens en Irak et d’autres minorités.

Le Conseil de sécurité de l’ONU ne peut rester les bras croisés face aux atrocités commises contre les chrétiens irakiens à Mossoul, écrit Mgr Raphael Sako. «L’instabilité en Irak menace l’ensemble de la région du Moyen-Orient. Et cette instabilité est préoccupante en raison de la multiplication des attaques contre les chrétiens et les minorités». Nous, chrétiens, rappelle-t-il, sommes des citoyens épris de paix, notre communauté souffre de manière disproportionnée en raison des conflits sectaires, des attaques terroristes, des migrations, mais aussi maintenant de nettoyage ethnique, parce que les milices veulent anéantir la communauté chrétienne». Les Nations Unies doivent donc intervenir, «faire pression sur la communauté internationale pour faire respecter les droits de l’homme» pour «exhorter le gouvernement irakien à protéger les minorités ethniques et religieuses».

Mgr Sako demande par ailleurs à l’ONU «d’accélérer l’aide humanitaire, et de s’assurer qu’elle puisse atteindre les communautés et les groupes les plus vulnérables qui en ont un besoin urgent». Cette intervention devrait durer «plus d’un an», indique-t-il précisant que «les chrétiens déplacés ont besoin d’eau, de médicaments et de produits de première nécessité». Le Patriarche de Babylone des Chaldéens conclut sa lettre en exhortant également l’ONU à «élaborer un plan ou une stratégie pour protéger et préserver l’héritage chrétien, dévasté et incendié par les milices». Milices qui continuent de mettre à fer et à feu à d’anciens monastères et églises qui seront difficilement reconstruites .

Antonio Torrenzano

 

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06-19-2014UNHCR_IraqLes membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont exprimé lundi soir leur préoccupation concernant la situation dans la ville de Mossoul en Iraq où les minorités religieuses et ethniques sont menacées par le groupe armé l’État islamique en Iraq et au Levant (EIIL). Les membres du Conseil de sécurité ont également exprimé leur inquiétude concernant la situation précaire de tous ceux qui s’opposent idéologie extrémiste de l’EIIL, qui sont menacés d’enlèvement, de meurtre, de confiscation de leurs biens. À Mossoul les maisons de certains membres des minorités confessionnelles ont été marquées.

Dans un communiqué de presse, le Conseil de sécurité des Nations Unies regrette que « les communautés minoritaires qui ont vécu ensemble pendant des centaines d’années à Mossoul et dans la province de Ninive aient été directement attaquées et persécutées par l’EIIL et les groupes armés associés. Des dizaines de milliers de membres de ces minorités ethniques et religieuses ont été déplacés ou contraints de fuir, tandis que d’autres ont été enlevés et exécutés». Les 15 membres du Conseil de l’ONU condamnent dans les termes les plus forts la persécution systématique des individus issus des minorités et de ceux qui refusent d’accepter l’idéologie extrémiste de l’EIIL et les groupes armés associés en Iraq », ont-ils ajouté.

Le Conseil a rappelé que le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations constitue l’une des menaces les plus graves pour la paix et la sécurité à l’échelle internationale, et que tous les actes de terrorisme sont criminels et injustifiables, quelle que soit leur motivation. Ils ont également réaffirmé que le terrorisme ne peut pas et ne doit pas être associé à une religion, nationalité ou civilisation. Les attaques systématiques ou généralisées contre des populations civiles en raison de leur origine ethnique, leurs croyances religieuses ou opinions peuvent constituer un crime contre l’humanité, dont les auteurs doivent être tenus responsables.

Selon Mgr Casmoussa, archevêque émérite de Mossoul des Chaldéens, ce qui se passe actuellement à Mossoul « n’est pas un simple épisode qui est fâcheux pour les chrétiens». Il s’agit « de la survie de la petite communauté chrétienne, orthodoxe et catholique, et de toutes les minorités ». Pour l’archevêque émérite, les églises et les institutions religieuses sont prises « en otages ». Les chrétiens ne sont pas la seule minorité prise en otage. Les chiites subissent également les mêmes persécutions, comme d’autres minorités. Les Turkmènes, qui forment le troisième plus important groupe ethnique du pays, ils sont victimes de persécutions depuis de longues années et ils sont également devenus la cible des insurgés.

Le 6 juillet, Aydin Maroof, responsable du bureau politique du Front turkmène, a communiqué aux médias locaux que 200 Turkmènes avaient été tués et que 200 000 autres avaient été déplacés dans les attaques de l’EIIL à Ninive et Kirkuk. Selon Human Rights Watch, l’EIIL a mené des raids sur Guba et Shireekhan, des villages proches de Mossoul où vivent des Turkmènes chiites, le 23 juin. Des maisons et des fermes ont été pillées, quatre lieux de prière chiites ont été détruits par des explosions et environ 950 familles turkmènes ont été contraintes de quitter la zone. D’autres lieux de prière fréquentés par des Turkmènes ont également été pris pour cible à Tal Afar, à 50 km à l’ouest de Mossoul. Selon Human Rights Watch aussi la communauté yézidie a été menacée par l’EIIL. Les yézidis appartiennent à une religion ancienne associée à la foi zoroastrienne. Au fil des ans, les yézidis irakiens, qui étaient environ 500 000, ont subi des persécutions et des attaques significatives, mais l’avancée de l’EIIL représente cette fois une menace très grave. Pour Letta Tayler, chercheuse à Human Rights Watch (HRW), en ce moment en Irak nous assistons à une accélération du déplacement de masse des minorités religieuses.

Antonio Torrenzano

 

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refugie_mossoul_iraq_imageEn Irak, les djihadistes de l’EILL continuent leurs exactions contre les chrétiens de Mossoul. Après leur avoir lancé un ultimatum, leur laissant le choix entre la conversion à l’Islam et l’exil, ils ont mis le feu à l’épiscopat syro-catholique de la ville, considéré comme la capitale du christianisme en Irak. Selon Mgr Casmoussa, archevêque émérite de Mossoul des Chaldéens, ce qui se passe actuellement à Mossoul « n’est pas un simple épisode qui est fâcheux pour les chrétiens ». Il s’agit « de la survie de la petite communauté chrétienne, orthodoxe et catholique, et de toutes les minorités ». Pour l’archevêque émérite, les églises et les institutions religieuses sont prises «en otages».

Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon a condamné la persécution systématique des populations minoritaires en Iraq par l’EILL. Dans une déclaration publiée ce dimanche par son porte-parole, le Secrétaire général se dit «particulièrement troublé par des rapports de menaces contre les chrétiens de Mossoul et d’autres régions contrôlées par le groupe djihadiste». Au cours des dernières semaines, les communautés minoritaires qui ont vécu ensemble pendant des milliers d’années à Mossoul et dans la province de Ninive ont été attaquées directement et persécutées par l’État islamique. Des dizaines de milliers de membres de ces groupes de minorités ethniques et religieuses ont été déplacés ou contraints de fuir et de chercher refuge, tandis que d’autres ont été exécutés et enlevés.

Ban Ki-moon a réaffirmé que toute attaque systématique contre la population civile, ou des segments de la population civile, en raison de leur origine ethnique, de leurs croyances religieuses ou de leur foi peut constituer un crime contre l’humanité, dont les auteurs devront être tenus responsables. L’Organisation des Nations Unies continuera d’intensifier ses efforts, en coopération avec le gouvernement iraquien et le gouvernement régional du Kurdistan, pour répondre aux besoins humanitaires urgents des personnes déplacées par le conflit actuel et à la menace terroriste face à des groupes minoritaires iraquiens, le pays, et la région.

La question des persécutions contre les chrétiens a été abordée également par le Cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour l’Unité des chrétiens, dans un entretien à l’Osservatore Romano, le quotidien du Saint-Siège. « Nous devons être plus courageux dans le fait de dénoncer les persécutions contre les chrétiens, parce qu’aujourd’hui nous assistons à plus de persécutions que durant les premiers siècles du christianisme ». Et dans cette nécessité de dénoncer ces persécutions, le Cardinal Koch voit la possibilité d’une plus grande convergence sur le plan œcuménique avec les autres églises chrétiennes. « On estime, explique le Cardinal Koch, que 80% des personnes persécutées sont chrétiennes, et je crois que nous sommes trop silencieux».

Antonio Torrenzano