ActualitéBlogrollWeblogs

geneva_nations_unies_imageLe médiateur de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a entamé aujourd’hui à Genève un nouveau round des consultations séparées avec les protagonistes du conflit syrien dans une tentative de relancer les négociations et le processus de paix.

Ces consultations auxquelles participeront les représentants des parties invitées ainsi que des experts dureront environ de quatre à six semaines. Les discussions seront menées entre les différents acteurs et Staffan de Mistura, ou son adjoint. Ces débats avec chaque délégation seront utiles à voir si les intervenants seront prêts à passer (du stade) des consultations à des négociations basées sur le communiqué de Genève du 30 juin 2012. Le communiqué de Genève est un document signé par les grandes puissances le 30 juin 2012 comme plan de règlement politique du conflit, à l’issue de la première conférence internationale sur la question syrienne, appelée Genève-1.

Le 24 avril 2015, Staffan de Mistura avait indiqué qu’il se donnait jusqu’à la fin du mois de juin pour tester la volonté de paix entre les protagonistes du conflit. Il fera ensuite un rapport au Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon. L’Iran, qui n’avait pas participé aux deux conférences internationales sur la Syrie organisées par l’ONU en 2012 et 2014, a été invité. «L’Iran est un acteur régional. C’est pour cela qu’il a été invité», a déclaré le porte-parole du siège de l’ONU à Genève, Ahmad Fawzi. Ahmad Fawzi a souligné en outre que les pays invités décideraient eux-mêmes du niveau de leur participation aux consultations. La Coalition de l’opposition syrienne dans un communiqué a réaffirmé « son attachement à une solution politique et à la reprise des négociations où elles s’étaient arrêtées», indique le texte.

Toutes discussions doivent se baser « sur la formation d’un gouvernement transitoire doté des pleins pouvoirs». Le gouvernement syrien n’a pas confirmé officiellement sa participation. Mais, un haut responsable a indiqué qu’il sera représenté par l’ambassadeur de Syrie auprès de l’ONU à Genève, Hussam Eddin Ala.  L’ONU n’a toutefois pas publié la liste des parties qui ont accepté l’invitation de Staffan de Mistura. Ces consultations se feront en toute discrétion au Palais des Nations unies à Genève. «Le médiateur a demandé un black-out (silence médiatique) pour ces consultations», a expliqué Ahmad Fawzi.

Staffan de Mistura, qui est le troisième émissaire de l’Onu, avait auparavant tenté en vain une autre approche qui consistait à négocier des trêves locales sur le terrain, en commençant par Alep (nord) afin de faciliter des discussions politiques ultérieures. Toutes les tentatives jusqu’à présent pour résoudre ce conflit qui a fait au moins 220.000 morts en plus de quatre ans ont échoué. Le principal point de litige demeure le sort du président Bachar el-Assad.

Antonio Torrenzano

ActualitéBlogrollWeblogs

guerra-siriana-attivista-che-compra-coperte-ai-civiliLe conflit en Syrie qui dure depuis quatreans reste d’une extrême violence. Il a fait plus de 200.000 personnes tuées depuis le début de la crise en mars 2011. Quelque 12,2 millions de personnes ont maintenant besoin d’aide humanitaire, et plus de 11 millions ont été forcés de fuir leurs maisons. Des millions d’enfants syriens souffrent de traumatismes et de problèmes de santé, et plus de la moitié des services publics de la Syrie ont été détruits. La spirale de la violence ne connaît pas de répit.

L’Histoire retiendra que tout avait commencé au mois de mars 2011 quand un petit souffle de l’ancien vent du printemps arabe en provenant de la Tunisie et de l’Égypte fait entrer une partie des Syriens en rébellion contre le régime de Bachar El-Assad. La révolte était partie de Deera, chef-lieu de province à 150 km au sud de Damas, puis elle s’était propagée aux villes côtières de Baniyas et Lattaquié, à la banlieue de Damas, à Homs, à Hama et aux petites villes non lointaines de Rastan, Talbisseh, Maaret al-Nouman, Idleb, pour atteindre en juillet 2011 la province de Deir ez-Zor. Il y avait deux points communs entre les différentes zones qui défiaient le régime de Bachar al-Assad.

En premier lieu, il s’agissait des espaces périphériques sur le plan économique et politique négligés dans le cadre du passage de l’économie socialiste à l’économie de marché; des petites villes qui avaient grossi trop vite sans un opportun soutien économique et social de la part du pouvoir central de Damas. Depuis l’arrivée au pouvoir de Bachar al-Assad, la Syrie s’était ouverte aux investissements étrangers, mais tout cela avait créé peu d’emplois et engendré beaucoup de frustrations. Les libéralisations économiques creusent des écarts de revenu au sein de la société syrienne. Elles génèrent une croissance économique captée par une élite, mais n’engendrent pas de développement comme dans d’autres Pays émergents. Le deuxième point : cette révolte au début ne concernait dans sa considérable majorité que des territoires arabes sunnites. La révolte n’était pas comparable aux événements de Tunisie et d’Égypte. Elle était différente en raison de son caractère communautariste.

Les territoires de la révolte étaient exclusivement sunnites en opposition aux alaouites. L’animosité des sunnites à l’égard des alaouites avait grandi au cours des dernières décennies à cause du favoritisme de l’État vers cette dernière communauté. Les alaouites demeuraient privilégiés grâce à leur intégration dans les réseaux du pouvoir. Et aujourd’hui, que reste-t-il ? Il reste un Pays en ruine, une population confrontée à une situation humanitaire catastrophique. Selon les experts, la guerre civile a aussi engendré une inflation record qui dépasse 240% à présent. Les investissements, le tourisme et le commerce extérieur sont proches de zéro et la production pétrolière a chuté presque de 80%. Depuis cinq ans, loin d’être une simple crise nationale ou régionale, la guerre civile syrienne a rapidement pris un accent international en impliquant États-Unis, Chine, Russie, Iran, Liban, nombreuses agences internationales de l’ONU et de même multiples organisations terroristes d’Al-Qaida à l’État islamique.

Alors que la guerre en Syrie entre dans sa cinquième année, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a appelé jeudi la communauté internationale à ne pas abandonner les Syriens et à les aider trouver une solution politique pour mettre fin à ce conflit. « Les Syriens se sentent de plus en plus abandonnés par le monde alors qu’ils entrent dans la cinquième année d’une guerre qui déchire leur pays. Ils continuent, ainsi que leurs voisins, de souffrir sous les yeux d’une communauté internationale, toujours divisée et incapable de prendre des mesures collectives pour arrêter le massacre et la destruction », a dit le chef de l’ONU dans une déclaration à la presse.

L’Organisation des Nations Unies continue de fournir tous les jours une assistance au peuple syrien pour sauver des vies. À Alep, l’envoyé spécial Staffan de Mistura travaille sans relâche pour parvenir à une suspension de l’utilisation d’armes lourdes afin que les Nations Unies puissent fournir d’aide humanitaire à la population assiégée de la ville. Mais le chef de l’ONU a rappelé que l’aide humanitaire ne suffit pas à soulager les souffrances, ni à arrêter la guerre. Selon lui, il est impératif de mettre fin au conflit syrien « si nous voulons éteindre les feux de l’extrémisme violent et du sectarisme qui se répandent dans toute la région ».

Antonio Torrenzano

ActualitéBlogrollWeblogs

image_mikail_bogdanov_sergei_lavrov_photoEn Syrie, la paix pourra-t-elle être retrouvée à travers le travail diplomatique ? Depuis quelques semaines, la diplomatie russe est en train de travailler à cette nouvelle hypothèse. Le jour n’a pas encore été rendu public, mais les cartes d’invitation sont déjà parties. À compter du 26 janvier prochain, Moscou devrait accueillir des délégations de l’opposition et du régime syrien pour essayer de ressusciter un dialogue parmi plusieurs acteurs qui a été rompu après l’échec de la conférence internationale Genève 2 en février 2014. La gestion de ce face à face devrait être mené par le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, excellent connaisseur du Moyen-Orient et arabophone.

Selon l’agenda de Moscou, cette rencontre se déroulera en deux temps : le 26 janvier 2015, toutes les parties de l’opposition se réuniront entre elles; le 27 ou le 28 janvier 2015, elles entreront en contact avec une délégation du régime syrien qui devrait être dirigée par le ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem. Inversement à Genève 2, ces colloques, que Moscou souhaite « informels », se dérouleront en dehors de tout cadre multilatéral : ni les États-Unis, ni la France, ni aucun des autres pays « amis » de l’opposition ou alliés du régime syrien, ne seront conviés en marge de la rencontre.

Au sommet de Genève 2, la Coalition nationale syrienne s’était imposée comme unique représentante de l’opposition des colloques pour la paix. Cette fois, l’approche russe a été différente : à Moscou, il y aura cinq représentants c’est-à-dire deux kurdes, un chrétien et deux musulmans qui devront partager leurs sièges avec d’autres opposants. La diplomatie russe a invité des opposants de l’intérieur ou en exil, dont ceux du Courant de la Construction de l’État, du Front du Changement et de la Libération ou du Comité de coordination national pour un changement démocratique. Et Staffan de Mistura, le représentant de l’ONU pour la Syrie sera-t-il dans la Capitale russe ? « Il s’agit d’une initiative russe, nous n’avons pas été impliqués. Toute initiative qui visant à encourager le processus de paix nous semble la bienvenue», a commenté Juliette Touma, la porte-parole de l’envoyé spécial onusien.

Antonio Torrenzano

 * Dans l’image, le ministre russe des Affaires étrangères Sergei Lavrov, le vice-ministre Mikhail Bogdanov et le secrétaire général Nabil Elaraby de la Ligue arabe.

 

ActualitéBlogrollWeblogs

syrie_irak_violence_0698_imageEn Irak et Syrie, pouvons-nous accepter sans protester à la logique du conflit et du terrorisme? La paix pourra-t-elle être retrouvée à travers la négociation et l’action diplomatiques ? En 2014, le conflit en Syrie a connu son année la plus meurtrière. Selon les dernières statistiques publiées par l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), plus de 76.000 personnes sont décédées en 2014, contre plus de 73.000 en 2013 et près de 50.000 en 2012. Depuis le début du conflit syrien, en mars 2011, plus de 200 000 personnes sont mortes. Toujours l’OSDH rappelle que ce bilan n’inclut pas les milliers de personnes portées disparues dans les prisons du régime ou chez les djihadistes.

Mais les 12 mois déjà passés, ils ont aussi vu une aggravation constante des persécutions qui ont frappé divers groupes religieux et ethniques et une augmentation des réfugiés dans les pays voisins de la région. Le 15 décembre 2014, le Vice secrétaire général des Nations Unies, Jan Eliasson, déclarait à Beyrouth à l’issue d’une rencontre avec le Président du Parlement libanais, Nabih Berri : «j’étais ici il y a deux ans et le nombre de réfugiés était inférieur à 150.000. Maintenant, nous avons près de dix fois ce chiffre et cela pèse sur la société libanaise». Pendant la même période, des Iraniens sont allés en aide aux chrétiens d’Irak. Un député chrétien iranien, représentant des communautés assyriennes et chaldéennes au parlement a indiqué que l’aide humanitaire a prévu de la nourriture, des tentes, des vêtements et du matériel médical destinés à tous les déplacés sans distinction religieuse. Avant Noël, l’ambassadeur d’Iran à Amman avait rendu visite au vicaire patriarcal latin pour la Jordanie. À cette occasion, il a indiqué que Téhéran est disposé à assister les chrétiens d’Irak et de Syrie pour soulager leurs souffrances et leurs angoisses.

En 2014, la guerre en Irak contre l’État Islamique a coûté la vie à plus de 15.000 personnes en 2014 et plus de 22.000 individus ont également été blessés au cours de l’année passée. Selon ces chiffres compilés par les ministères de la Santé, de l’Intérieur et de la Défense, 15.538 personnes ont péri en 2014 c’est-à-dire deux fois plus qu’en 2013 (6.522 morts). Pour l’ONG Iraq Body Count, une association basée en Grande-Bretagne, au contraire, la guerre contre le groupe DAECH aurait tué 17.073 personnes. Quoi faire pour arrêter le plus tôt possible la violence qui a causé déjà trop de dégâts ?

Antonio Torrenzano

 

ActualitéBlogrollWeblogs

réfugiés_kurdes_kobané_imageL’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a rencontré le 06 et le 7 décembre en Turquie des opposants syriens dans le cadre de consultations régionales afin de développer une nouvelle ligne d’action pour mettre fin à quatre ans de guerre en Syrie.

Lors d’une visite à Istanbul, Staffan de Mistura a rencontré dimanche une délégation menée par le président de la Coalition nationale de Syrie, Hadi Al-Bahra. Un porte-parole de l’ONU a indiqué que les discussions ont porté sur la proposition de l’envoyé spécial des Nations Unies de « geler » le conflit à Alep et sur la façon dont cette dernière peut être mise en œuvre sur le terrain. Le projet de l’Envoyé spécial, qui a été présenté pour la première fois devant le Conseil de sécurité le 30 octobre 2014, prévoit faire cesser les combats et créer un couloir en permettant l’assistance humanitaire à la population d’Alep. Tout cela permettrait aussi de prouver qu’il est possible de passer d’une dynamique militaire à une dynamique politique et diplomatique. Pendant la visite, Staffan de Mistura a rencontré de manière séparée un haut responsable du Ministère turc des affaires étrangères. L’émissaire de l’ONU a jugé constructives ses discussions avec des groupes armés et de l’opposition pendant son voyage en Turquie. Pour sa part, Qaïs Cheikh, chef du Conseil de commandement de la révolution (CCR), une coalition d’une vingtaine de groupes laïques et islamistes, a indiqué à l’Agence France Presse que l’initiative de Staffan de Mistura «ne comportait pas tous les mécanismes et les garanties requis».

Dans les mêmes jours, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov a rencontré les dirigeants libanais à Beyrouth, dont le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, le premier ministre Tammam Salam, le président du parlement Nabih Berri, et l’ancien président Michel Suleiman. Le diplomate russe a déclaré que Moscou s’emploie à relancer des négociations entre le gouvernement syrien et l’opposition sans condition préalable. La diplomatie russe s’est aussi engagée à rencontrer une délégation d’opposants syriens tolérés par le président Bachar al-Assad afin d’examiner une hypothétique solution politique, le rôle des opposants de l’intérieur et l’initiative de l’émissaire de l’ONU Staffan de Mistura. Le conflit en Syrie, qui a démarré en mars 2011, a causé la mort de plus de 200.000 individus et blessé plus de 680.000 personnes. À présent, 10,8 millions de personnes ont besoin d’assistance.

Antonio Torrenzano

 

ActualitéBlogrollWeblogs

syria_women_imageLa secrétaire générale adjointe de l’ONU aux affaires humanitaires, Valerie Amos, a déclaré pendant la dernière réunion du Conseil de sécurité que l’assistance humanitaire pour la Syrie ne répond pas encore aux besoins de la population déplacée.

«La résolution *2165 du Conseil de sécurité a aidé les Nations Unies à surmonter certains problèmes en permettant une livraison directe à des centaines de milliers de personnes », a expliqué Mme Amos devant les membres du Conseil. « Depuis l’adoption de la résolution et surtout grâce aux livraisons transfrontalières, nous avons pu atteindre pratiquement tous les endroits difficiles d’accès dans les quatre gouvernorats d’Alep, d’Idlib, de Dar’a et de Quneitra», a-t-elle ajouté.

La Secrétaire adjointe a toutefois considéré que « malgré les progrès réalisés, tout cela ne suffit pas encore. Nous sommes confrontés à des problèmes considérables pour appliquer les résolutions 2139 (adoptée en février 2014) et 2165 et nous n’arrivons pas à répondre aux besoins humanitaires de toutes les personnes que nous voulons atteindre en Syrie », a-t-elle affirmé.

Sur le terrain, la situation reste toujours désolante : 12,2 millions de Syriens ont besoin d’assistance humanitaire, dont plus de 5 millions d’enfants. Il y a 7,6 millions de personnes déplacées à l’intérieur de la Nation et plus de 3,2 millions d’individus ont fui le pays. À présent, il s’agit du plus grand nombre de personnes déplacées à cause d’un conflit dans le monde contemporain.

Antonio Torrenzano

 

* La résolution 2165 du Conseil de sécurité a été adoptée en juillet 2014.

 

ActualitéBlogrollWeblogs

refugies_syrie_imagePourquoi la Syrie est-elle le problème le plus inextricable du Moyen-Orient ? Si la destruction du groupe de l’État islamique est un objectif à long terme, la communauté internationale manque à aujourd’hui d’objectifs clairs en ce qui concerne la Syrie. Le conflit syrien ne se limite plus à la présence du régime du président Bachar el-Assad au pouvoir. Renverser son régime ne suffira pas pour conjuguer les intérêts de la mosaïque d’identités ethniques et sectaires du pays. Il faudra examiner de manière bien plus approfondie l’avenir de la nation syrienne et envisager comment elle pourrait être gouvernée dans la paix. La situation, qui s’aggrave jour après jour, exigerait des efforts diplomatiques au plus haut rang international (ONU, Union européenne, Russie, États-Unis) et régional pour rechercher des solutions efficaces avec la participation de la république de l’Iran autant que du royaume de l’Arabie Saoudite.

Le Proche-Orient porte encore le poids d’un double héritage historique : 1) des siècles de domination ottomane; 2) une entrée brutale et instrumentalisée dans l’ère de la modernité eurocentrique par les puissances coloniales européennes. La fabrication de l’État-Nation, par exemple, a été toujours contraire au système communautaire d’organisation de la vie sociale ottomane. Une organisation sociale, l’ottomane, qui encourageait plus le sentiment d’appartenance à une communauté (la communauté chiite, la communauté alaouite, les Druzes, la communauté sunnite) qu’à l’abstrait concept de patrie.

Ce choc historique a remis en question le fonctionnement de l’ensemble de ces collectivités et les a poussées tout de suite dans une modernité après plusieurs siècles de léthargie politique. L’arabisme et le sens d’appartenance à la communauté arabe ont joué un rôle important seulement pendant les guerres d’indépendance, mais les nobles idéaux de Gamal Abdel Nasser se sont transformés trop tôt dans des dictatures opprimantes. Les révoltes du printemps arabe ont ouvert des pages qui produiront peut-être parmi 20 ou 30 ans un nouvel ordre ou un autre modèle politique, mais à présent la situation est au-delà de nulle part. La question de la construction des identités nationales reste encore au cœur de la pensée politique dans le monde arabe.

Le cas de la Syrie est peut-être unique, mais les problèmes liés à la gouvernance d’un pays multiethnique ne sont pas nouveaux. Pourquoi la Syrie est-elle le problème le plus dangereux à présent au Proche-Orient ? La fin du conflit syrien n’est pas prévue pour demain, mais sans des solutions clairvoyantes ce combat risquera de changer l’équilibre des forces régionales et la géopolitique de la région même. Selon l’écrivaine et journaliste Hala Kodmani, la Syrie est en pleine contre-révolution par rapport aux idéaux de liberté et de justice exprimés au début de la protestation.

Hala Kodmani ajoute enfin: « Mon optimisme n’enlève rien à ma lucidité. Nous sommes arrivés à un désastre syrien : tous les pires scénarios se sont réalisés. Mais les raisons et le cheminement sont explicables. Nous avons en Syrie une juxtaposition de crises. C’est-à-dire que la révolution est encore là. Il y a une guerre civile qui s’est incrustée dessus, il y a un conflit régional, un affrontement confessionnel, une confrontation internationale, une guerre contre le terrorisme… tous ces faits se sont juxtaposés dans ce même lieu qu’est la Syrie».

Antonio Torrenzano

* À lire : le nouveau roman de Hala Kodmani, « La Syrie Promise », Beirut, éditions Sindbad-Actes Sud, 2014.

 

ActualitéBlogrollWeblogs

combats_tripoli_libandunord_imageLes forces kurdes défendant la ville syrienne de Kobané ont repoussé un nouvel assaut des jihadistes du groupe de l’État islamique dans l’attente des premiers renforts de peshmergas irakiens qu’elles espèrent en début de semaine. Pour la quatrième nuit consécutive, les jihadistes ont essayé de prendre le quartier du nord de Kobané proche de la frontière avec la Turquie, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). L’EI se focalise sur ce lieu «afin d’assiéger les combattants des Unités de protection du peuple kurde (YPG) dans la ville, couper leur route d’approvisionnement et les empêcher d’évacuer leurs blessés vers la Turquie», toujours selon l’ONG. Les combats se sont par ailleurs poursuivis dans la nuit dans deux secteurs du nord-est de la ville, Souk el-Hal et Kani Arabane, ainsi que sur le front sud.

En Irak, la coalition internationale a renforcé la fréquence de ses frappes ces derniers jours en ayant conduit presque 22 frappes entre vendredi et samedi. La moitié d’entre elles ont été dirigées vers des positions de l’EI près du barrage de Mossoul (Irak du Nord), le plus grand du pays. La digue de Mossoul est d’une importance stratégique élevée parce qu’en le détruisant les jihadistes déclencheraient de gigantesques inondations à Mossoul et Bagdad, les deux villes les plus peuplées d’Irak. Aidées par le soutien aérien, les forces kurdes irakiennes ont pu reprendre samedi aux jihadistes la ville de Zoumar (60 km au nord-ouest de Mossoul) après des semaines de combats. Mais les jihadistes réussissent à progresser dans d’autres zones du pays irakien, avant tout dans le nord où ils assiègent de nouveau le mont Sinjar où sont prises au piège des centaines de familles yazidies.

Au Liban, depuis vendredi soir, l’armée libanaise est engagée dans des combats violents à Tripoli (Liban du Nord), contre des groupes islamistes. Samedi soir, l’armée libanaise avait annoncé avoir délogé les hommes armés des anciens souks de la ville, mais les mêmes se sont réfugiés dans un autre quartier de Tripoli : le secteur sunnite de Bab el-Tebbané où de violents combats sont en train de poursuivre dimanche matin. Le conflit en Syrie a renflammé les tensions au Liban où les sunnites soutiennent leurs coreligionnaires en Syrie qui combattent le régime tandis que les chiites, dont le Hezbollah, qui défendent le président Bachar el-Assad. Toujours dimanche matin, le Front al-Nosra, branche syrienne d’el-Qaëda, a menacé d’exécuter les soldats libanais qu’il retient en otage si l’armée libanaise ne cessait pas son offensive à Tripoli. Dans des communiqués repris par l’Agence nationale de l’information (ANI), l’armée libanaise précise qu’elle poursuivra la chasse aux jihadistes au Liban du Nord jusqu’à ce qu’ils soient éliminés.

Antonio Torrenzano

 

ActualitéBlogrollWeblogs

femmes_kurdes_imageDepuis le 16 septembre 2014, la ville de Kobané est assiégée par l’organisation terroriste de l’État islamique. Kobané est la troisième ville kurde de la Syrie à la frontière avec la Turquie. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) plus de 300.000 habitants ont fui la ville, dont plus de 200.000 personnes sont parties en Turquie et d’autres milliers en Irak.

Depuis un mois et demi, malgré les bombardements sur les positions-clés de l’État islamique (ex-Daech), celui-ci ne paraît d’aucune façon miné. Au contraire, les multiples pressions n’y font rien et le monde découvre avec inquiétude que ce mouvement reste encore corrosif sur le terrain. La coalition internationale découvre son efficacité réduite par ses frappes aériennes, tandis que la Turquie ne s’engage pas en proclamant sa non-ingérence. À terme, la Jordanie pourrait-elle aussi être menacée, tout comme le Liban l’est déjà. Le Front al-Nosra a cessé depuis septembre toute attaque contre l’EIIL et il faut craindre une réconciliation entre les deux mouvements. Sur le terrain, les populations syriennes sunnites continuent de soutenir al-Nosra contre les bombardements et les tribus de la province irakienne d’al-Anbar ne semblent pas prêtes à se retourner contre le califat. Dans ce panorama, la question syrienne demeure d’une gravité très élevée autant qu’en Irak où de nouvelles tragédies similaires à Kobané peuvent s’annoncer très bientôt.

Entre le 8 août et le 6 octobre, au moins 250 frappes ont eu lieu en Irak et 90 en Syrie. Les frappes en réalité ont brisé du matériel, des bâtiments éloignés des centres urbains et des colonnes de véhicules qui étaient trop visibles. Désormais, les jihadistes se mélangent en permanence à la population. Les frappes ont eu pour cible des centres vitaux de l’EIIL: Raqqa, Deir ez-Zor en Syrie, ou encore Mossoul, Sindjar, Haditha et Falloujah en Irak, autant de sites sous contrôle jihadiste depuis plusieurs mois. Mais, presque le 30% des opérations de l’aviation américaine a concerné des quartiers d’Erbil, de Kirkouk, Amerli et Bagdad, villes encore épargnées par l’EILL. Au contraire, de violents accrochages ont eu lieu au sud de Kirkouk avec les peshmergas kurdes les 2 et 3 octobre. Dans cette ville, des bâtiments de la 12e armée irakienne ont été soufflés par une explosion le 6 octobre. La ville de Hît, au sud de Haditha, est passée sous contrôle de Daech dans le plus grand silence médiatique.

Il faut ajouter en outre que la plupart des cartes géographiques d’implantation de l’État islamique proposées dans les revues de politique internationale sont erronées. Pourquoi sont-elles erronées ? Parce qu’elles présentent souvent les territoires concernés sous trois appellations: «zones sous contrôle de l’EI»; «zones d’attaques récurrentes de l’EI» et «zones de soutien à l’EI». Ce n’est plus vrai. L’EILL contrôle de facto les deux derniers espaces. Les «zones de soutien» sont de facto les territoires de l’EILL. Cette organisation terroriste est totalement décentralisée, chaque bataillon a son autonomie d’action et multiplie les opérations périphériques, sans nécessairement une concertation avec l’unité centrale. À un Occident réduit à des tactiques aériennes uniformisées et prévisibles s’oppose un jihadisme multipolaire, réactif et flexible dans les différentes situations des lieux de guerre.

Antonio Torrenzano

 

ActualitéBlogrollWeblogs

Staffan_De_Mistura_imageL’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a exprimé jeudi 16 octobre à Beyrouth son inquiétude concernant la stabilité du Liban en raison du conflit qui perdure en Syrie.

« La communauté internationale est très préoccupée par la stabilité du Liban qui paie un lourd tribut à cause du conflit actuel en Syrie », a dit de Mistura lors d’une conférence de presse à l’issue d’une rencontre avec le premier ministre de l’État du Liban, Tamam Salam. L’envoyé spécial des Nations unies a également rencontré le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil. «Le conflit en Syrie n’est malheureusement pas encore réglé, et c’est pour cela que nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour faire avancer un processus politique. Nous le savons, aucune bataille ne peut être gagnée, il n’y a pas de victoire ou de défaite militaire en Syrie, seulement un processus politique», a-t-il déclaré à l’issue de la rencontre.

A’ Beyrouth, Staffan de Mistura a rencontré également le numéro deux du Hezbollah, Naïm Qassem. Une rencontre inédite entre l’émissaire de l’ONU et ce parti libanais depuis le début du conflit syrien il y a plus de trois ans. Cheikh Naïm Qassem a souhaité à De Mistura de réussir dans sa mission en estimant qu’il n’y a pas d’autre solution que politique», a indiqué le parti Hezbollah dans un communiqué. « Les puissances internationales et régionales ont perdu trois ans et demi, durant lesquels les Syriens ont été massacrés et contraints de quitter leurs maisons. Seule une solution politique peut sauver la Syrie, son peuple et tout le monde devra faire des concessions douloureuses pour y parvenir », a dit cheikh Qassem.

L’Envoyé de l’ONU a rappelé que la communauté internationale reste aux côtés du Liban. «Nous sommes pleinement conscients du prix que le Liban et les Libanais paient et ont payé pendant cette période », a-t-il dit. « Nous sommes persuadés qu’avec la communauté internationale le Liban sera une nouvelle fois en mesure de surmonter ce moment. La stabilité du Liban est importante pour la région et la communauté internationale. » Selon Staffan de Mistura, « cela veut dire qu’il faudrait que l’environnement politique libanais se stabilise car plus le Liban sera fort plus il lui sera facile d’affronter une période cruciale » en Syrie.

L’Envoyé de l’ONU a indiqué enfin qu’il se rendra à Téhéran en Iran, puis en Turquie et dans d’autres pays de la région. Pour le diplomate onusien « nous sommes encore dans la situation de comprendre ce qui a changé dans la région après que de nouveaux facteurs sont apparus dans la région, en particulier l’EIIL », a-t-il expliqué. Staffan de Mistura compte également se rendre à Moscou.

Antonio Torrenzano