L’armée syrienne a hissé jeudi 12 juillet son drapeau national dans le secteur rebelle de la ville de Deraa, l’agglomération de la révolte contre Bachar Al-Assad en 2011. Les rebelles syriens ont remis au régime de Damas leurs armes lourdes dans le cadre de l’accord conclu le 6 juillet 2018 et parrainé par Moscou.
Les rebelles ont déposé les armes en acceptant le pacte offert par la Russie, qui a permis à ceux qui le souhaitent d’évacuer. La destruction systématique des quartiers rebelles à Alep-Est et dans la Ghouta orientale a eu un effet escompté : inutile de se battre en épargnant la population civile. Par l’action militaire de Russie et Iran en tête, le président Bachar el-Assad gouverne désormais plus de 68% du pays. La région méridionale de Deraa était très importante pour Damas, car elle confine avec la Jordanie et sa frontière et elle était une plaque tournante pour les échanges commerciaux de la Syrie.
Les rebelles ont perdu le conflit et le président Bachar el-Assad va rester au pouvoir. Le régime contrôle désormais la majorité du territoire et presque la totalité des frontières avec le Liban, la Jordanie et l’Irak. À présent à l’échelle diplomatique, le principal défi ne sera plus de discuter prioritairement du maintien ou non de Bachar el-Assad au pouvoir ou de faire de la lutte contre le terrorisme le principal pari de cette guerre. La priorité absolue de prochains pourparlers sera celle de trouver des solutions politiques définitives au conflit syrien.
Après Deraa, les négociations ne seront plus avec les rebelles, mais avec les puissances régionales et les Occidentaux impliqués dans cette guerre. Cet enjeu deviendra primordial pour le régime de Damas. La reprise des territoires de l’Est syrien – essentiel à la survivance économique du régime – contrôlé par les Kurdes et sous protection américaine, devra se faire en passant par des négociations diplomatiques. Le même processus concernera la province d’Idleb (la dernière aux mains des rebelles), et le nord-ouest du pays, où l’armée turque est déployée.
Surement, ce dossier a été l’un des principaux sujets de discussion du sommet entre Donald Trump et Vladimir Poutine à Helsinki le 16 juillet. Mais aux prochains pourparlers, autour de la table sous le parrainage russe, les puissances régionales et les Occidentaux devront accepter les conditions de Moscou pour un retour à la normalisation.
Antonio Torrenzano