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Homs_Syria_Septembre_2015Les Syriens n’ont plus d’espoir. Ils sont toujours plus nombreux à vouloir quitter leur pays. Dans un entretien au nonce apostolique en Syrie, Mgr Mario Zenari évoque la tristesse de voir, chaque jour, la nation se vider de ses jeunes, femmes et enfants qui quittent le pays vers l’Europe.

Pour le sous-secrétaire de l’ONU aux affaires humanitaires Stephen O’Brien, la détérioration des conditions de vie des civils au cours du dernier mois en Syrie s’est encore une fois exacerbée. «La souffrance humaine en Syrie s’est aggravée au cours du dernier mois», a-t-il déclaré. Des attaques contre les hôpitaux et les écoles de Damas, Alep et Daraa ont également eu lieu «à une fréquence angoissante» au cours du dernier mois en détruisant encore un peu plus le système de santé et la structure éducative du pays.

«Aujourd’hui, la Syrie est l’un des endroits les plus dangereux au monde pour les enfants », a-t-il affirmé Stephen O’Brien en rappelant que 5,6 millions d’enfants syriens ont besoin d’une assistance humanitaire, dont 2 millions sont déscolarisés. «Nous sommes extrêmement préoccupés par des centaines de milliers d’enfants dans les zones contrôlées par Daech, forcés de suivre un programme scolaire conçu par le groupe terroriste ».

Les effets de la crise en Syrie ne sont plus seulement d’ampleur nationale ou régionale, mais ils sont bien globaux », a déclaré le secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires humanitaires en ajoutant que le conflit a provoqué l’un des exodes de réfugiés les plus terribles depuis la Seconde Guerre mondiale.

Antonio Torrenzano

 

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conseil_sécurité_onu_new_york_imageUn plan de paix pour la Syrie a été soutenu à l’unanimité par le conseil de sécurité de l’ONU lundi 17 août. C’est une annonce inédite, car c’est la première fois que les 14 membres du Conseil de sécurité des Nations unies se mettent d’accord sur le conflit syrien, y compris la Russie.

Le Conseil de l’ONU a « exhorté toutes les parties syriennes à continuer à participer aux consultations initiées par l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU ». La nouveauté est que ce texte a été soutenu par l’ensemble des pays membres du Conseil, dont la Russie. Seuleument le Venezuela a exprimé quelques réserves. Notamment, le Venezuela est proche du régime syrien. Ce texte appelle à une transition politique en Syrie. Il demande à mettre fin à la guerre en « lançant un processus politique mené par la Syrie vers une transition politique qui rejoint les aspirations légitimes du peuple syrien».

Le représentant permanent adjoint de la France à l’ONU, Alexis Lamek, a qualifié «d’historique» cette entente. « Pour la première fois en deux ans, le Conseil de sécurité s’unit et passe un message en soutien au processus politique en Syrie », a-t-il ajouté. Il a répété que le ministre français des affaires étrangères estimait que le président « Bachar Al Assad n’est pas le futur de la Syrie ». Le même jour, à Moscou, lors d’une rencontre avec son homologue iranien, Javad Zarif, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a jugé « inacceptable » de poser le départ de Bachar Al Assad comme condition préalable à une solution politique du conflit.

Cette initiative, basée sur le programme de Steffan de Mistura, devrait permettre la mise en place de quatre groupes de travail à partir du mois de septembre en ce qui concerne la protection, le contre-terrorisme, les questions politiques et légales et enfin la reconstruction du Pays. L’initiative devrait permettre la mise en place des possibles solutions de paix à un conflit qui ravage la Nation depuis 4 ans. Le conflit en Syrie a été déclenché par la répression sanglante de manifestations antigouvernementales pacifiques, qui ont dégénéré en révolte armée puis en guerre civile brutale qui a fait plus de 240.000 morts.

Antonio Torrenzano

 

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staffan_de_mistura_imageLa Syrie est composée de 23 millions d’habitants. Ceux qui sont directement concernés dans le conflit armé sont plus d’un million et demi d’individus, les autres 21 millions de personnes n’ont pas le droit de parler, mais ils subissent les violences. La population syrienne est en train de payer le prix fort du jeu des puissants. À ce terrible bouleversement de la géographie humaine, il s’ajoute une économie nationale désormais presque à zéro avec des services de base dans la globalité du pays qui sont en train de s’effondrer en plaçant les communautés locales dans une position d’extrême vulnérabilité. Selon le même dossier de la Commission européenne, plus de 60% des infrastructures hospitalières ont été détruites alors que plus d’un million de personnes nécessitent des soins médicaux.

Même situation sinistrée dans l’éducation et l’enseignement: 5.000 écoles ont été pulvérisées alors que 5,6 millions d’enfants sont affectés par le conflit et que trois millions d’entre eux sont privés d’établissements scolaires. Quand la guerre en Syrie finira-t-elle ? Les batailles se succèdent, les attentats tuent des multitudes de civils chaque semaine, les bombardements restent toujours au menu ainsi que les exécutions. Après presque quatre ans de conflit et de combats, la guerre en Syrie a déclenché «la plus grande crise humanitaire que le monde ait connue depuis la Seconde Guerre mondiale». La spirale de la violence ne connaît pas de répit et différentes régions du pays sont de plus en plus administrées par une mosaïque d’acteurs non étatiques surtout Daech et le Front Al-Nosra. Bref : la Syrie et la région entière sont à présent les plus instables dans le monde. De ce terrible cauchemar nous en avons parlé avec Staffan de Mistura, l’envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie.

Antonio Torrenzano. Selon les statistiques de votre organisation, depuis le début du conflit en Syrie environ 220.000 personnes ont été tuées, plus d’un million d’autres ont été blessés. 7,6 millions de personnes ont été déplacées et quatre millions d’autres ont cherché refuge dans les pays voisins. Vous vous êtes rendu récemment dans la région pour une série de réunions avec les différents interlocuteurs.Quelle est la situation sur le terrain ?

Staffan de Mistura. La région est inquiète. Il y a un sentiment d’urgence. Ce sentiment d’urgence est devenu encore plus clair maintenant, car il est à craindre que si Daech continue de progresser, profitant du conflit en Syrie et profitant de la situation en Iraq, nous pouvons soudainement avoir un vide. Et on ne peut pas accepter cela. Voilà pourquoi nous travaillons maintenant à une transition en douceur, contrôlée, mais claire et efficace : une transformation en un nouveau type d’environnement politique. Les gens en parlent dans la région et en Syrie; ce que nous devons faire est de rendre ceci concret. Et c’est ce que nous proposons désormais au Conseil de sécurité.

A.T. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a jugé mardi 30 juin 2015 honteux que les souffrances du peuple syrien continuent de s’aggraver. Plus de 220.000 Syriens sont morts. Près de la moitié de la population du pays a été contrainte de fuir.

Staffan de Mistura. C’est le plus grand danger pour la Syrie et le peuple syrien. Voilà pourquoi il est important de rappeler constamment la tragédie humanitaire – qui s’aggrave – et parce qu’il y a toujours un risque de lassitude. Mais nous ne pouvons pas laisser cela se produire. La Syrie, c’est non seulement la Syrie, mais c’est aussi la région, ses voisins. Regardez la Turquie, regardez la Jordanie, regardez le Liban, qui accueille un nombre de réfugiés qui correspondrait à l’équivalent de 100 millions de personnes arrivant soudain aux États-Unis. Cela devient l’occasion, peut-être, d’une nouvelle façon de résoudre les problèmes régionaux, et pas seulement en faisant des guerres par procuration.

A.T. Selon Ban Ki-moon, la communauté internationale et le Conseil de sécurité ne doivent pas se permettre de gaspiller davantage du temps pour mettre fin au cycle de la violence. Le coût humain d’un retard supplémentaire devrait être inacceptable pour tous : stratégiquement, politiquement et moralement a dit votre secrétaire général.

Staffan de Mistura. Le premier message est que nous voyons des possibilités de tunnels à travers les discussions régionales et internationales. Et nous devons produire de la lumière dans ces tunnels. Et la façon de le faire est de discuter avec les Syriens en particulier. Les Syriens n’ont jamais été totalement impliqués dans ce qui a été la plupart du temps un débat régional et international. Il y a un moment dans un conflit, même quand il semble qu’il n’y a pas de solution, où vous avez le sentiment, vous sentez, que les pays de la région et au niveau international sont à la recherche d’une formule, d’une formule logique. Vous devez vous préparer à cela. Et les Syriens ont toujours senti que leur avenir doit être discuté avec eux. Jusqu’à présent, cela s’est passé dans les conférences internationales, c’est donc le moment. Et nous avons testé cela avec nos réunions à Genève, où nous avons rencontré plus de 200 entités syriennes différentes. Ils ont beaucoup à dire et il y a beaucoup de points communs entre eux. Ils veulent l’unité de leur pays, ils veulent l’intégrité, le respect et la dignité de leur pays, ils veulent que leur territoire et les frontières soient respectés, ils veulent le respect des minorités, et ils ne veulent pas du terrorisme.

Dans ces conditions catastrophiques, pourquoi la communauté internationale ne trouve-t-elle pas encore des solutions à la paix ?

Staffan de Mistura. Je travaille à l’ONU depuis 42 ans, et je n’ai jamais vu autant de raisons cyniques faisant qu’un conflit comme celui-ci, qui aurait pu être résolu, continue depuis cinq ans, avec entre 220.000 et 240.000 morts, un million de blessés et quatre millions de réfugiés. Mais, en même temps, je me rends également compte que s’il y a une institution qui ne peut pas abandonner les Syriens, c’est l’ONU.

Antonio Torrenzano

 

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staffan_de_mistura_conseil_sécurité_imagePour la première fois devant le Conseil de sécurité des Nations Unies, Staffan de Mistura a présenté mercredi 29 juillet les résultats de plusieurs mois de consultations avec les principaux protagonistes de la crise syrienne. Staffan de Mistura a rendu compte de ses efforts de médiation et l’intention de poursuivre ses consultations pour soutenir les parties syriennes dans leur recherche d’une solution politique au conflit.

L’émissaire des Nations Unies en Syrie a proposé auprès du Conseil de sécurité à New York une nouvelle approche afin de trouver une possible solution diplomatique pour la paix en Syrie en associant des discussions thématiques entre Syriens sur de différents dossiers et un groupe de contact international. Devant les membres du Conseil, Staffan de Mistura a souligné «qu’il n’y avait pas encore de consensus sur une transition politique […], qu’il n’y a pas encore de consensus sur la manière d’appliquer le communiqué de Genève». Mais, la tragédie en Syrie s’aggrave jour après jour et «l’ONU est obligée de maintenir ce dossier sur la table et poursuivre ses efforts», a-t-il ajouté.

« C’est pourquoi je propose d’approfondir le format des consultations de Genève […]. J’ai l’intention d’inviter les Syriens à des discussions thématiques, parallèles ou simultanées, par l’intermédiaire de groupes de travail qui étudieraient divers aspects de la transition sous la férule d’un comité de direction» il a expliqué. L’émissaire de l’ONU, il a ensuite cité quatre dossiers principaux : «1) la sécurité pour tous ( c’est-à-dire mettre fin aux sièges, accès aux soins médicaux, libération des détenus); 2) les questions politiques, dont les élections; 3) l’aspect militaire (lutte contre le terrorisme et l’éventuel cessez-le-feu); 4) la reconstruction du Pays». Le nouveau plan de paix, a-t-il conclu, devra avoir le soutien du Conseil de sécurité et de la communauté internationale, et impliquer les acteurs régionaux. «Un tel mécanisme de soutien international pourra conduire à terme à la formation d’un groupe de contact».

Dans sa communication aux membres du Conseil de sécurité, Staffan de Mistura a souligné que le contexte a changé depuis les conférences de Genève avec l’émergence jihadiste du groupe État islamique. Cette émergence «a fait de l’antiterrorisme une priorité pour beaucoup de monde. La peur de voir flotter des drapeaux noirs de l’État islamique sur Damas a amené certains à reconsidérer leur position», a-t-il souligné. Il faut encore rappeler que les deux précédentes sessions de négociations à Genève entre le régime et l’opposition syrienne en 2014 s’étaient conclues par des échecs. Staffan de Mistura n’a pas donné de détails sur les participants à ce dialogue ni fixé le calendrier.

De sa part, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a appelé le Conseil à soutenir ces propositions et à «convaincre les parties syriennes de participer de manière constructive au processus» en soulignant que ce statu quo en Syrie est inacceptable. «Il faudra s’assurer que ces négociations préparatoires ne seront pas exploitées cyniquement pour continuer à tuer», a Ban Ki-moon toutefois averti. Le secrétaire général s’est déclaré enfin prêt à «convoquer une conférence internationale de haut niveau pour avaliser les recommandations ou l’accord» qui sortiront de ce processus. Le Conseil de sécurité reste fractionné entre les Occidentaux qui veulent le départ du président Bachar el-Assad et Moscou et Pékin qui protègent le régime de Damas. Depuis mars 2011, la guerre en Syrie a fait plus de 220.000 morts et chassé de chez elle la moitié de la population. Les batailles se succèdent ainsi que les attentats, les bombardements, les exécutions. Les populations civiles continuent de subir les violences. Pas facile, dans ces conditions, d’imaginer la fin de la guerre, de se projeter dans un scénario où les adversaires se retrouveront autour d’une même table.

Antonio Torrenzano

 

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Deera_rebelle_syrien_imageL’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, s’est rendu jeudi à Damas, où il a rencontré de hauts responsables du gouvernement de Damas pour discuter des consultations destinées à trouver une solution politique à la crise qui ravage le pays. Selon la déclaration publiée par le porte-parole de l’ONU à Genève, Staffan de Mistura a discuté avec le ministre des Affaires étrangères, Walid Mouallem, et avec le vice-ministre des Affaires étrangères, Faisal Mekdad, des conclusions préliminaires de la récente série de consultations facilitées par l’ONU à Genève et du débat au Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation en Syrie prévu le 29 juillet à New York.

« La réunion a porté sur la façon de maintenir la dynamique destinée à trouver une solution politique au conflit syrien », a précisé le porte-parole à Genève, ajoutant que l’émissaire de l’ONU, ayant conclu sa tournée régionale, va en informer le Secrétaire général à New York. L’émissaire de l’ONU est en train de mener depuis mai 2015 une série de consultations informelles avec les parties du conflit syrien avec pour but la résolution du conflit. Fin juin, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, avait publié une déclaration à l’occasion du troisième anniversaire de l’adoption du communiqué de Genève par laquelle il avait jugé honteux que les souffrances du peuple syrien continuassent de s’aggraver.

Sur le terrain, une coalition de rebelles syriens a lancé jeudi 23 juillet une offensive contre la ville méridionale de Deraa, bastion de la révolte syrienne en 2011, contre les troupes du président Bachar Al-Assad selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Plus de 70% de la province de Deraa, frontalière de la Jordanie, est déjà contrôlée par les rebelles.Par cette bataille, les anti-Assad réunis au sein du Front Sud, une alliance de 35.000 hommes, armés par les États-Unis et les pays du Golfe, espèrent conquérir la totalité de la province pour faire ensuite leur jonction avec les rebelles embusqués dans la Ghouta, la banlieue de Damas.La bataille de Deraa pourrait devenir donc un test pour le régime Assad.

La Syrie est ravagée par un conflit complexe concernant le régime, les rebelles syriens, les Kurdes et les djihadistes qui tentent de s’arroger des pans de territoire. Plus de 230.000 personnes y ont péri depuis 2011, selon l’OSDH. Près de la moitié de la population du pays a été contrainte de fuir. Les civils font face à un barrage de bombes baril et d’autres violations atroces des droits humains tels que la torture et la détention prolongée de dizaines de milliers d’entre eux.

Antonio Torrenzano

 

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un-syrien-porte-le-corps-d-un-enfant-apres-une-frappe-des-fo_imageLes consultations sur le conflit syrien à Genève se poursuivront pour tout le mois de juillet. Au début, les rencontres devaient durer six semaines avec la participation des représentants du régime de Damas, de la coalition de l’opposition en exil ainsi qu’une multitude d’ambassadeurs et représentants diplomatiques dont l’Iran. L’émissaire onusien Staffan de Mistura, nommé il y a presque un an, mène depuis le 5 mai 2015 des rencontres séparées avec les protagonistes du conflit syrien.

Selon L’ONU, les discussions ont pour objectif de voir si les protagonistes sont prêts à passer du stade d’une consultation informelle à une négociation basée sur le communiqué de Genève du 30 juin 2012. Staffan de Mistura, il a souligné plusieurs fois qu’il existerait un consensus selon lequel il ne peut y avoir de solution militaire à la tragédie syrienne. Mais, au contraire, seulement une solution politique pourrait répondre aux aspirations du peuple syrien et mettre fin à cette terrible guerre de manière durable. À la fin du mois de juin, le médiateur des Nations unies pour la Syrie est parti à New York pour rendre compte de sa mission au secrétaire général Ban Ki-moon et, par la suite, au Conseil de sécurité.

La situation sur le terrain reste toutefois très grave. La Syrie est sur le point de se désintégrer sous les coups de plusieurs groupes armés extrémistes. Les rebelles ont formé dans les premiers jours de ce mois une nouvelle coalition dénommée Ansar al-Charia. Cette nouvelle coalition serait menée par le Front al-Nosra (branche d’el-Qaëda en Syrie) ensemble avec le groupe salafiste Ansar el-Cham. Ce groupe dirigé par al-Nosra a attaqué la ville d’Alep. Le même a remporté des victoires à Jisr al-Choughour, Idleb et Ariha. Ils semblent être quelques milliers de combattants et ont une réelle possibilité de prendre la ville. De sa part, l’armée syrienne est affaiblie et son allié iranien l’encourage à se replier sur le littoral. Si la ville d’Alep tombe, c’est la preuve que le régime est véritablement sur la défensive et qu’il ne peut plus espérer reconquérir des territoires. Si al-Nosra prend Alep, la ville pourra devenir sa capitale. Mais, ce groupe armé sera très vite confronté à un nouveau souci : l’État islamique. Daech ira essayer à son tour de prendre Alep et alors on pourrait assister à un combat entre les deux mouvements jihadistes.

En outre, beaucoup de Syriens ont déjà assimilé l’idée d’une partition du pays, notamment le clan des alaouites. Les alaouites ne veulent plus se battre pour défendre des villes aux quatre coins du pays. Le régime ne gouverne plus aujourd’hui que 30 % de l’ensemble du territoire en Syrie. Depuis les sévères revers subis dans le Nord, Idleb et Jisr el-Choughour, le pouvoir à Damas éprouve de nombreuses difficultés à surmonter cette crise militaire. Ces lourdes pertes ont amené l’armée du régime à prendre conscience de la nécessité de se réorganiser. En ce qui concerne en revanche le nombre de réfugiés, il dépasse désormais les 4 millions, avec un million de réfugiés de plus au cours des derniers mois, comme a annoncé jeudi le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Ces déplacés vivent dans des conditions d’extrême précarité et ils s’enfoncent de plus en plus dans une situation de pauvreté absolue.

Antonio Torrenzano

 

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staffandemistura_visite_damas_image

L’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a effectué à une visite de trois jours à Damas dans le cadre des consultations informelles entre l’organisation onusienne et les différents sujets du conflit qui ont débuté il y a plus d’un mois dans la ville helvétique. Dans sa visite, l’émissaire de l’ONU a rencontré le président du pays Bachar el-Assad et son ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem afin de recueillir leurs points de vue.

Lors de ces discussions, Staffan de Mistura a également souligné la nécessité pour les autorités syriennes de protéger les civils. Il a notamment insisté sur le fait que l’utilisation de bombes barils est inacceptable et sur l’obligation pour tout gouvernement, en vertu du droit international humanitaire, de protéger sa population civile en toutes circonstances. À Damas, l’envoyé spécial de l’ONU a également condamné les attaques menées contre des civils par les forces d’opposition armées, qui ont coïncidé avec sa visite dans le pays. Staffan de Mistura a aussi dénoncé les attaques perpétrées le lundi 15 juin 2015 à Alep qui ont causé des pertes civiles importantes, et les tirs de mortier qui ont frappé le mardi 16 juin 2015 le centre de Damas.

Au cours de ses entretiens avec Bachar el-Assad et Walid Mouallem, l’envoyé spécial a par ailleurs souligné la situation humanitaire catastrophique sur le terrain et a demandé l’obtention d’un meilleur accès aux zones assiégées et aux communautés touchées par le conflit. Pendant la visite en Syrie, Staffan de Mistura s’est également entretenu avec plus de 30 partis politiques, personnalités religieuses et organisations de la société civile du pays, afin d’entendre leurs points de vue. Les consultations sur le conflit syrien poursuivront jusqu’au mois de juillet 2015 dans la ville de la Confédération helvétique.

Antonio Torrenzano

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enrico_letta_fuori_orario_imageConversation avec Enrico Letta, député du parlement italien, il a été successivement ministre des Affaires européennes (1998-1999), ministre de l’Industrie et du commerce extérieur (1999-2001) dans les gouvernements de Massimo D’Alema et Giuliano Amato. Il est député au Parlement européen de 2004 à 2006. Enrico Letta retrouve le gouvernement, en 2006, comme secrétaire d’État à la présidence du Conseil des ministres, auprès de Romano Prodi. Il devient, en 2009, vice-secrétaire du Parti démocrate italien. Il est nommé président du Conseil en avril 2013 en formant un gouvernement de grande coalition. Il démissionne le 14 février 2014 après un vote de défiance de la direction du PD. Diplômé en droit international de l’Université de Pise et titulaire d’un doctorat en droit communautaire de l’École supérieure Sainte-Anne de Pise, Enrico Letta enseigne depuis un an à Sciences Po et participe aux activités du Centre d’études européennes. Il est un acteur de premier plan du monde contemporain et a contribué à de multiples titres depuis vingt ans à l’effort de construction européenne. En 2015, Enrico Letta succède à Ghassan Salamé en qualité de doyen en ce qui concerne la direction de l’École des affaires internationales de Sciences Po (Paris School of International Affairs – PSIA). Un nouveau défi pour cet acteur de premier plan du monde contemporain, qui a contribué à de multiples titres depuis vingt ans à l’effort de construction européenne. Enrico Letta est auteur de nombreux essais dont «Passaggio a Nord-Est. L’Unione europea tra geometrie variabili, cerchi concentrici e velocità differenziate », Bologna, Il Mulino, 1994; «Dialogo intorno all’Europa», con Lucio Caracciolo, Roma, éditions Laterza, 2002; « L’allargamento dell’Unione europea », Bologna, éditions Il Mulino, 2003; «Costruire una cattedrale. Perché l’Italia deve tornare a pensare in grande», Milano, éditions Mondadori, 2009. La conversation a eu lieu à Taneto di Gattatico (Reggio Emilia) le 7 mai 2015 pendant la présentation de son dernier essai «Andare insieme, andare lontano» publié aux éditions Mondadori de Milan en 2015. La soirée a été organisée par le club culturel Furori Orario et l’Institut technique d’État en sciences touristiques Angelo Motti de Reggio Émilia.

Antonio Torrenzano. La guerre en Syrie a déjà fait plus 220.000 morts. Combien des victimes devront nous recenser pour réveiller les consciences ?

Enrico Letta. Depuis quatre ans, le conflit syrien est en train de produire des violences inouïes et des cruautés intolérables à la population syrienne. Dans un monde qui doit faire face à des crises multiples et des défis sur tous les fronts, la violence extrémiste qui bouleverse de plus en plus ce Pays a des effets désastreux sur l’entière région. La Syrie est en train de subir des dégâts économiques et sociaux qui n’auraient pas été inimaginables avant 2011 de la part de toute la communauté internationale.

Antonio Torrenzano. La faim et l’indigence sont devenues à présent l’ennemi quotidien des masses populaires dans toute la Syrie. Le conflit en Syrie qui dure depuis quatre ans reste d’une extrême violence. Quelque 12,2 millions de personnes ont maintenant besoin d’aide humanitaire, et plus de 11 millions ont été forcés de fuir leurs maisons. La communauté internationale peut-elle approuver l’inaction ?

Enrico Letta. Dans ce contexte, la population est en train de payer le prix le plus haut de la guerre civile. Une énorme catastrophe pour le peuple syrien, un numéro élevé de victimes de plus en plus tuées de manière horrible. Ce conflit viole en outre depuis longtemps tous les principes des droits de l’Homme. La société civile a l’angoissante sensation d’une complète paralysie politique en ce qui concerne ce dossier, mais les circonstances sont devenues inacceptables. Je crois que cette catastrophe ne peut plus être tolérée par la communauté internationale.

Antonio Torrenzano. Quel rôle les Nations unies peuvent-elles jouer pour une solution politique en Syrie ? Depuis le 4 mai 2015 à Genève, l’émissaire de l’ONU pour la Syrie Staffan de Mistura a lancé un nouveau round de consultations avec toutes les parties prenantes part au conflit

Enrico Letta. L’initiative diplomatique de l’ONU est essentielle pour joindre à une possible solution politique pour la fin de la guerre civile. Je connais en personne Staffan de Mistura et je crois qu’il est à présent parmi les meilleurs diplomates de l’organisation onusienne. J’espère que l’action diplomatique des Nations Unies puisse déterminer un vrai virage dans la gestion de cette guerre civile. De trouver toutes possibles solutions à la recherche de la paix. Je veux le souligner encore une fois : il s’agit de trouver très bientôt une solution politique à cet état de guerre qu’il a des répercussions économiques et contrecoups politiques sur toute la région du Moyen-Orient. Une réponse extraordinaire à une crise qui est devenue exceptionnellement grave.

Antonio Torrenzano

 

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staffan_de_mistura_press_geneva_imageAprès quatre ans de conflit, la Syrie est en train de subir des dégâts économiques et sociaux qui n’auraient pas été inimaginables avant 2011. Les données statistiques disponibles sont minimales, mais une estimation reste possible. Le prix de la guerre aurait été de plus de 140 milliards de dollars jusqu’aujourd’hui, c’est-à-dire 170 % du PIB syrien. Certains économistes prévoient que même si la croissance économique syrienne devait être de 5% au moins chaque année, il lui faudrait plus de 30 ans pour se remettre de la guerre. La faim et l’indigence sont devenues à présent l’ennemi quotidien des masses populaires dans toute la Syrie. L’économiste Jihad Yazigi, responsable du site d’information économique The Syria Report, explique que «l’économie syrienne s’est radicalement transformée et elle a été en grande partie détruite».

La communauté internationale peut-elle approuver l’inaction ? La guerre a déjà fait plus 220.000 morts, combien des victimes devront se recenser pour réveiller les consciences ? Les divisions internationales semblent toutefois plus profondes que jamais. Sous l’égide de la Russie, des discussions se sont tenues à deux reprises à Moscou, mais sans des réponses éclatantes. Quant aux États-Unis et à la France ? Ils ne s’opposent pas à ce que l’Iran fasse partie des interlocuteurs de l’émissaire de l’ONU,mais ils continuent de lui interdire tout rôle supplémentaire, au motif que Téhéran aide massivement sur le terrain l’armée syrienne. Le conflit en Syrie qui dure depuis quatre ans reste d’une extrême violence. Il a fait plus de 200.000 personnes tuées depuis le début de la crise en mars 2011. Quelque 12,2 millions de personnes ont maintenant besoin d’aide humanitaire, et plus de 11 millions ont été forcés de fuir leurs maisons. Des millions d’enfants syriens souffrent de traumatismes et de problèmes de santé, et plus de la moitié des services publics de la Syrie ont été détruits. La spirale de la violence ne connaît pas de répit.

Pendant la conférence de presse, l’émissaire de l’ONU a expliqué ces nouvelles consultations de Genève qui verront défiler, séparément, les représentants de différents États, des groupes et des associations, des responsables religieux, des commandants militaires, des dirigeants de partis et tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont partie liée avec la guerre en cours.

Pourquoi la formule de ce nouveau round de consultations est-elle différente ?

Staffan de Mistura : «La formule est différente parce que ce n’est pas une conférence, ce n’est pas Genève 3, Genève 2 ou Genève 1. C’est quelque chose de différent et précédent à tout ça, mais nécessaire. L’Envoyé spécial parle avec chacune des personnes des entités qui peuvent avoir une influence. Donc, ne vous attendez pas à me voir passer d’une délégation à une autre. On verra chaque délégation séparément dans des jours différents et lors de semaines différentes. Et je vais tirer des conclusions sur ça et sur cette base, les transmettre ensemble au Secrétaire général de l’ONU ».

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a-t-il donné des instructions précises pour tenter de relancer la machine ?

Staffan de Mistura : «Notre projet est basé sur les instructions du Secrétaire général avec un dialogue avec chaque groupe ou délégation, sur la base du fait qu’il y a eu un Communiqué qui s’appelle Communiqué de Genève et donc comment les rendre effectif. Tout le reste est ouvert dans le dialogue. Et ce n’est pas une question seulement de priorités ou pas».

Antonio Torrenzano

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syrie_demistura_consultations_geneve_imageL’envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a entamé hier à Genève une série de consultations avec les parties prenantes au conflit syrien qui va durer pendant une période initiale de cinq à six semaines. Mais, il est possible que ces consultations continueront au-delà de ce premier calendrier.

«Nous devons redoubler d’efforts pour trouver une solution politique», a dit Staffan de Mistura lors d’une conférence de presse. « Malgré des négociations à Genève au début de 2014, il n’y a eu que des progrès limités concernant une solution politique et les efforts pour faire cesser les combats dans certaines zones », a-t-il dit.

Ces consultations permettront de faire le point sur le conflit qui est dans sa cinquième année et sur la voie à suivre pour mettre en œuvre le Communiqué de Genève, trois ans après son adoption. « Quand il s’agit de la Syrie, il n’y a jamais de moment parfait pour des discussions. Mais cela n’est pas une excuse pour attendre, alors que les victimes syriennes sont réduites à des statistiques », a-t-il ajouté.

Selon le dernier rapport du HCR et du Conseil norvégien pour les réfugiés présenté aujourd’hui à Genève en ce qui concerne les personnes déplacées dans leur pays : la Syrie est au premier rang. Le Pays compte le plus grand nombre de déplacés internes au monde, soit 7,6 millions, 20% du total. Selon le rapport, cinq pays, Syrie, Irak, le Soudan du Sud, la République démocratique du Congo (RDC) et le Nigeria concentrent le 60% des nouveaux déplacés. « Ce rapport doit servir de cri d’alarme. Il faut briser ce cycle infernal qui contraint des millions de personnes à fuir», a déclaré le secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés Jan Egeland.

Antonio Torrenzano

* Dans l’image, l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie Staffan de Mistura (à droite) et l’Ambassadeur Hussam Edin Aala arrivent au siège des Nations Unies à Genève pour des consultations. Un particulier remerciement à Violaine Martin de l’ONU pour l’image.