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giovanni_puglisi_unesco_italie_imageConversation avec Giovanni Puglisi, écrivain, professeur de la chaire en littératures comparées et de la chair de critique littéraire et philologie. Giovanni Puglisi est le président de l’université IULM de Milan et le directeur de l’université “Kore” de la ville sicilienne d’Enna. Depuis l’année 2005, il est président de la Commission nationale italienne de l’UNESCO à Rome. Le professeur Giovanni Puglisi est également membre de la commission Fulbright pour les échanges scientifiques et culturels entre l’Italie et les États-Unis (The U.S. – Italy Fulbright Commission) et il gère en qualité de président le Comité scientifique de la “National Italian American Foundation” (NIAF) en Italie. Le dialogue a eu lieu à Reggio Émilia, près de l’université de Modène le 11 mai 2015 pendant un séminaire sur la «Culture italienne comme clé d’un possible et nouveau développement économique du Pays». Le séminaire a été organisé par la même université de la ville, la région Émilia Romagna, la Mairie de Reggio Émilia, la Commission italienne de l’UNESCO, la Fédération italienne pour le tourisme avec la collaboration de l’Institut en sciences touristiques Angelo Motti de Reggio Émilia dans le cadre des initiatives culturelles pour l’Exposition universelle 2015 de Milan.

Antonio Torrenzano. Le représentant des Nations Unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a lancé mardi 5 mai 2015 de nouvelles consultations à Genève pour une possible paix en Syrie. Les consultations devraient durer jusqu’au 30 juin à huis clos au Palais des Nations. Quarante groupes syriens et 20 acteurs régionaux et internationaux ont été invités. Le successeur de Kofi Annan et de Lakhdar Brahimi a affirmé avoir changé de méthode. Pas de grandes conférences, ni de grandes réunions multilatérales, mais des rencontres en tête à tête avec tous les protagonistes de la crise syrienne. Une approche qualifiée de «très large» et de «plus flexible», ouverte aux «acteurs politiques et militaires, aux femmes, aux victimes, aux chefs religieux et aux communautés», ainsi qu’aux représentants de la société civile et de la diaspora syrienne. Envisagez-vous un possible accord aussi sur la tutelle du patrimoine archéologique syrien ?

Giovanni Puglisi. Nous assistons depuis quelques mois à une purge culturelle, une éradication de la civilisation et du patrimoine archéologique en Syrie et en Irak de la part de l’organisation terroriste DAECH. Un pillage sans précédent dans lequel le patrimoine commun de l’Humanité subit des attaques hautement tragiques et outrageuses. La situation ne constitue pas une tragédie pour les seuls peuples syriens et iraquiens, mais pour l’ensemble de la communauté internationale. La vulnérabilité croissante du patrimoine par rapport à ce conflit doit nous faire agir très vite avec des actions immédiates pour protéger et préserver ce patrimoine. À présent, nous sommes témoins de la destruction intentionnelle de repères irremplaçables. J’espère que la protection du patrimoine pourra faire partie intégrante des efforts de consolidation de la paix en Syrie.

Antonio Torrenzano. Le patrimoine culturel en Syrie et en Irak, témoin de l’histoire millénaire d’un berceau de la civilisation mondiale, est systématiquement détruit. Ces destructions sont étroitement liées à des persécutions des minorités et traduisent aussi, dans leurs formes extrêmes, une volonté radicale d’effacer toute trace de diversité culturelle. La communauté diplomatique a qualifié de la barbarie culturelle les actes effroyables commis par les groupes extrémistes en Syrie. Votre collègue, la directrice générale Irina Bokova, a affirmé : « nous assistons aujourd’hui à un nettoyage culturel sans précédent ». Quelle est-elle votre analyse ?

Giovanni Puglisi. J’aimerais encore une fois le souligner : ces actes ne sont pas seulement une tragédie pour les Syriens et les Iraquiens, mais pour tous les peuples de la planète. Notre patrimoine mondial est en péril et il est impératif d’agir maintenant. Il ne s’agit pas seulement de valeurs communes, mais d’un héritage commun. C’est la culture qui pose les bases de la vie. Cette éradication culturelle vise à nier les identités des “autres”, effacer leur existence, éliminer la diversité culturelle et persécuter les minorités. Je crois que les attaques contre la culture sont des attaques contre les peuples, contre leurs identités, contre leurs valeurs et leur mode de vie, contre leur avenir et contre l’avenir de toute la communauté mondiale.

Antonio Torrenzano. La directrice générale de l’UNESCO a soumis une proposition au Conseil de sécurité des Nations Unies en ce qui concerne l’interdiction du commerce des biens culturels. Envisagez-vous d’autres réponses encore plus efficaces contre l’extrémisme ?

Giovanni Puglisi. Je trouve que la culture est essentielle au renouvellement de la société. La culture devra être notre réponse à l’extrémisme. Enfin, je suis d’accord avec Irina Bokova sur la nécessité de travailler avec la Cour pénale internationale de sorte que la destruction du patrimoine culturel soit reconnue comme un crime contre l’Humanité.

Antonio Torrenzano

 

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enrico_letta_fuori_orario_imageConversation avec Enrico Letta, député du parlement italien, il a été successivement ministre des Affaires européennes (1998-1999), ministre de l’Industrie et du commerce extérieur (1999-2001) dans les gouvernements de Massimo D’Alema et Giuliano Amato. Il est député au Parlement européen de 2004 à 2006. Enrico Letta retrouve le gouvernement, en 2006, comme secrétaire d’État à la présidence du Conseil des ministres, auprès de Romano Prodi. Il devient, en 2009, vice-secrétaire du Parti démocrate italien. Il est nommé président du Conseil en avril 2013 en formant un gouvernement de grande coalition. Il démissionne le 14 février 2014 après un vote de défiance de la direction du PD. Diplômé en droit international de l’Université de Pise et titulaire d’un doctorat en droit communautaire de l’École supérieure Sainte-Anne de Pise, Enrico Letta enseigne depuis un an à Sciences Po et participe aux activités du Centre d’études européennes. Il est un acteur de premier plan du monde contemporain et a contribué à de multiples titres depuis vingt ans à l’effort de construction européenne. En 2015, Enrico Letta succède à Ghassan Salamé en qualité de doyen en ce qui concerne la direction de l’École des affaires internationales de Sciences Po (Paris School of International Affairs – PSIA). Un nouveau défi pour cet acteur de premier plan du monde contemporain, qui a contribué à de multiples titres depuis vingt ans à l’effort de construction européenne. Enrico Letta est auteur de nombreux essais dont «Passaggio a Nord-Est. L’Unione europea tra geometrie variabili, cerchi concentrici e velocità differenziate », Bologna, Il Mulino, 1994; «Dialogo intorno all’Europa», con Lucio Caracciolo, Roma, éditions Laterza, 2002; « L’allargamento dell’Unione europea », Bologna, éditions Il Mulino, 2003; «Costruire una cattedrale. Perché l’Italia deve tornare a pensare in grande», Milano, éditions Mondadori, 2009. La conversation a eu lieu à Taneto di Gattatico (Reggio Emilia) le 7 mai 2015 pendant la présentation de son dernier essai «Andare insieme, andare lontano» publié aux éditions Mondadori de Milan en 2015. La soirée a été organisée par le club culturel Furori Orario et l’Institut technique d’État en sciences touristiques Angelo Motti de Reggio Émilia.

Antonio Torrenzano. La guerre en Syrie a déjà fait plus 220.000 morts. Combien des victimes devront nous recenser pour réveiller les consciences ?

Enrico Letta. Depuis quatre ans, le conflit syrien est en train de produire des violences inouïes et des cruautés intolérables à la population syrienne. Dans un monde qui doit faire face à des crises multiples et des défis sur tous les fronts, la violence extrémiste qui bouleverse de plus en plus ce Pays a des effets désastreux sur l’entière région. La Syrie est en train de subir des dégâts économiques et sociaux qui n’auraient pas été inimaginables avant 2011 de la part de toute la communauté internationale.

Antonio Torrenzano. La faim et l’indigence sont devenues à présent l’ennemi quotidien des masses populaires dans toute la Syrie. Le conflit en Syrie qui dure depuis quatre ans reste d’une extrême violence. Quelque 12,2 millions de personnes ont maintenant besoin d’aide humanitaire, et plus de 11 millions ont été forcés de fuir leurs maisons. La communauté internationale peut-elle approuver l’inaction ?

Enrico Letta. Dans ce contexte, la population est en train de payer le prix le plus haut de la guerre civile. Une énorme catastrophe pour le peuple syrien, un numéro élevé de victimes de plus en plus tuées de manière horrible. Ce conflit viole en outre depuis longtemps tous les principes des droits de l’Homme. La société civile a l’angoissante sensation d’une complète paralysie politique en ce qui concerne ce dossier, mais les circonstances sont devenues inacceptables. Je crois que cette catastrophe ne peut plus être tolérée par la communauté internationale.

Antonio Torrenzano. Quel rôle les Nations unies peuvent-elles jouer pour une solution politique en Syrie ? Depuis le 4 mai 2015 à Genève, l’émissaire de l’ONU pour la Syrie Staffan de Mistura a lancé un nouveau round de consultations avec toutes les parties prenantes part au conflit

Enrico Letta. L’initiative diplomatique de l’ONU est essentielle pour joindre à une possible solution politique pour la fin de la guerre civile. Je connais en personne Staffan de Mistura et je crois qu’il est à présent parmi les meilleurs diplomates de l’organisation onusienne. J’espère que l’action diplomatique des Nations Unies puisse déterminer un vrai virage dans la gestion de cette guerre civile. De trouver toutes possibles solutions à la recherche de la paix. Je veux le souligner encore une fois : il s’agit de trouver très bientôt une solution politique à cet état de guerre qu’il a des répercussions économiques et contrecoups politiques sur toute la région du Moyen-Orient. Une réponse extraordinaire à une crise qui est devenue exceptionnellement grave.

Antonio Torrenzano

 

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syria_crisis_imageMaltraitées, vendues, violées, les violences vers les femmes sont commises de façon stratégique, généralisée, systématique en Syrie. Selon Zainab Bangura, représentante spéciale du secrétaire général des Nations Unies sur les violences sexuelles dans les conflits, cette violence est perpétrée avec un degré élevé de sophistication en résultant abominable.

Les femmes et les jeunes filles sont menacées de subir des violences dans les zones sous surveillance des acteurs armés, aux points de vérification, au passage des frontières et dans les centres de détention, a expliqué Mme Bangura lors d’une conférence de presse au siège de l’ONU. La Représentante spéciale a souligné en outre les nombreux cas de mariage forcé, temporaire et précoce. Elle a décrit ces pratiques comme un processus encouragé dans le cadre du djihad et utilisé comme mécanisme de « protection » par les familles qui n’ont pas d’autres moyens de fournir ou de garantir la sécurité des jeunes filles.

Elle a également noté la vente de femmes à des fins sexuelles. « Les filles sont littéralement déshabillées et examinées dans des bazars d’esclaves », a dit Mme Bangura, décrivant la façon dont elles sont « classées et expédiées nues à Dohouk, Mossoul ou d’autres endroits pour être distribuées à des dirigeants et combattants de l’EIIL ». Les combattants de l’État islamique ont réduit à l’esclavage sexuel des milliers de femmes qu’ils ont capturées comme butin de guerre.

« L’EIIL a institutionnalisé la violence sexuelle et la brutalisation des femmes comme un aspect central de son idéologie et de ses activités, l’utilisant comme une tactique terroriste pour réaliser ses objectifs stratégiques », a-t-elle expliqué, décrivant comment les femmes sont promises aux combattants et comment l’EIIL lève des fonds grâce à la traite et à la prostitution. La violence sexuelle est utilisée pour déplacer les populations, les punir, les humilier et démoraliser les dissidents, pour extraire des informations à des fins de renseignement et démanteler les structures sociales, familiales et communautaires afin de construire le Califat.

Déjà, Amnesty International dans son dernier rapport avait expliqué que ces femmes étaient souvent très jeunes : « la majorité de ces esclaves sexuelles sont des enfants, des filles âgées de 14, 15 ans ou encore plus jeune». Mais, le pire est que si chaque jeune fille essaye de se suicider ou de s’échapper, elle est torturée avec des câbles électriques. La Représentante spéciale a demandé enfin au Conseil de sécurité d’intégrer la protection et l’autonomisation des femmes dans sa réponse contre le terrorisme. Zainab Bangura s’est dite également inquiétée pour les enfants nés d’un viol, car ils ne peuvent pas être enregistrés. Selon le représentant spécial de l’ONU, tout cela risquerait de créer une génération d’enfants apatrides : un terrain fertile pour l’extrémisme à venir.

Antonio Torrenzano

 

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staffan_de_mistura_press_geneva_imageAprès quatre ans de conflit, la Syrie est en train de subir des dégâts économiques et sociaux qui n’auraient pas été inimaginables avant 2011. Les données statistiques disponibles sont minimales, mais une estimation reste possible. Le prix de la guerre aurait été de plus de 140 milliards de dollars jusqu’aujourd’hui, c’est-à-dire 170 % du PIB syrien. Certains économistes prévoient que même si la croissance économique syrienne devait être de 5% au moins chaque année, il lui faudrait plus de 30 ans pour se remettre de la guerre. La faim et l’indigence sont devenues à présent l’ennemi quotidien des masses populaires dans toute la Syrie. L’économiste Jihad Yazigi, responsable du site d’information économique The Syria Report, explique que «l’économie syrienne s’est radicalement transformée et elle a été en grande partie détruite».

La communauté internationale peut-elle approuver l’inaction ? La guerre a déjà fait plus 220.000 morts, combien des victimes devront se recenser pour réveiller les consciences ? Les divisions internationales semblent toutefois plus profondes que jamais. Sous l’égide de la Russie, des discussions se sont tenues à deux reprises à Moscou, mais sans des réponses éclatantes. Quant aux États-Unis et à la France ? Ils ne s’opposent pas à ce que l’Iran fasse partie des interlocuteurs de l’émissaire de l’ONU,mais ils continuent de lui interdire tout rôle supplémentaire, au motif que Téhéran aide massivement sur le terrain l’armée syrienne. Le conflit en Syrie qui dure depuis quatre ans reste d’une extrême violence. Il a fait plus de 200.000 personnes tuées depuis le début de la crise en mars 2011. Quelque 12,2 millions de personnes ont maintenant besoin d’aide humanitaire, et plus de 11 millions ont été forcés de fuir leurs maisons. Des millions d’enfants syriens souffrent de traumatismes et de problèmes de santé, et plus de la moitié des services publics de la Syrie ont été détruits. La spirale de la violence ne connaît pas de répit.

Pendant la conférence de presse, l’émissaire de l’ONU a expliqué ces nouvelles consultations de Genève qui verront défiler, séparément, les représentants de différents États, des groupes et des associations, des responsables religieux, des commandants militaires, des dirigeants de partis et tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont partie liée avec la guerre en cours.

Pourquoi la formule de ce nouveau round de consultations est-elle différente ?

Staffan de Mistura : «La formule est différente parce que ce n’est pas une conférence, ce n’est pas Genève 3, Genève 2 ou Genève 1. C’est quelque chose de différent et précédent à tout ça, mais nécessaire. L’Envoyé spécial parle avec chacune des personnes des entités qui peuvent avoir une influence. Donc, ne vous attendez pas à me voir passer d’une délégation à une autre. On verra chaque délégation séparément dans des jours différents et lors de semaines différentes. Et je vais tirer des conclusions sur ça et sur cette base, les transmettre ensemble au Secrétaire général de l’ONU ».

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a-t-il donné des instructions précises pour tenter de relancer la machine ?

Staffan de Mistura : «Notre projet est basé sur les instructions du Secrétaire général avec un dialogue avec chaque groupe ou délégation, sur la base du fait qu’il y a eu un Communiqué qui s’appelle Communiqué de Genève et donc comment les rendre effectif. Tout le reste est ouvert dans le dialogue. Et ce n’est pas une question seulement de priorités ou pas».

Antonio Torrenzano

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syrie_demistura_consultations_geneve_imageL’envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a entamé hier à Genève une série de consultations avec les parties prenantes au conflit syrien qui va durer pendant une période initiale de cinq à six semaines. Mais, il est possible que ces consultations continueront au-delà de ce premier calendrier.

«Nous devons redoubler d’efforts pour trouver une solution politique», a dit Staffan de Mistura lors d’une conférence de presse. « Malgré des négociations à Genève au début de 2014, il n’y a eu que des progrès limités concernant une solution politique et les efforts pour faire cesser les combats dans certaines zones », a-t-il dit.

Ces consultations permettront de faire le point sur le conflit qui est dans sa cinquième année et sur la voie à suivre pour mettre en œuvre le Communiqué de Genève, trois ans après son adoption. « Quand il s’agit de la Syrie, il n’y a jamais de moment parfait pour des discussions. Mais cela n’est pas une excuse pour attendre, alors que les victimes syriennes sont réduites à des statistiques », a-t-il ajouté.

Selon le dernier rapport du HCR et du Conseil norvégien pour les réfugiés présenté aujourd’hui à Genève en ce qui concerne les personnes déplacées dans leur pays : la Syrie est au premier rang. Le Pays compte le plus grand nombre de déplacés internes au monde, soit 7,6 millions, 20% du total. Selon le rapport, cinq pays, Syrie, Irak, le Soudan du Sud, la République démocratique du Congo (RDC) et le Nigeria concentrent le 60% des nouveaux déplacés. « Ce rapport doit servir de cri d’alarme. Il faut briser ce cycle infernal qui contraint des millions de personnes à fuir», a déclaré le secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés Jan Egeland.

Antonio Torrenzano

* Dans l’image, l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie Staffan de Mistura (à droite) et l’Ambassadeur Hussam Edin Aala arrivent au siège des Nations Unies à Genève pour des consultations. Un particulier remerciement à Violaine Martin de l’ONU pour l’image.

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staffan_demistura_pressconferenze_5mai2015_imageLe représentant des Nations Unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a lancé ce mardi 5 mai les nouvelles consultations de Genève pour une possible paix en Syrie. Les consultations devraient durer jusqu’au 30 juin à huis clos au Palais des Nations. Quarante groupes syriens et 20 acteurs régionaux et internationaux ont été invités. Le nouveau cycle de négociations dirige son regard vers le texte de l’accord politique souscrit en juin 2012 ( Genève 1). Le diplomate qui se dit «déterminé» se garde de tout pronostic quant à l’issue de ces nouvelles consultations qui ont démarré par une rencontre avec le représentant de Damas. « J’ai le devoir d’essayer », a déclaré à la presse le médiateur de l’ONU, avant de rencontrer la première délégation mardi après-midi. «L’ONU n’abandonnera jamais le peuple syrien, même si la situation est très difficile ou même sa mission impossible », a ajouté Staffan de Mistura.

Le successeur de Kofi Annan et de Lakhdar Brahimi a affirmé avoir changé de méthode. Pas de grandes conférences, ni de grandes réunions multilatérales, mais des rencontres en tête à tête avec tous les protagonistes de la crise syrienne. Une approche qualifiée de «très large» et de «plus flexible», ouverte aux «acteurs politiques et militaires, aux femmes, aux victimes, aux chefs religieux et aux communautés», ainsi qu’aux représentants de la société civile et de la diaspora syrienne.

«L’objectif est de voir ce qui a changé sur le terrain depuis l’adoption du communiqué de Genève il y a trois ans, le 30 juin 2012, et si un autre round est possible», a affirmé le médiateur de l’ONU. « À la fin de juin, j’évaluerai les progrès et déciderai des étapes suivantes », a-t-il précisé. La période initiale de ces consultations sur la mise en œuvre du communiqué de Genève est de cinq à six semaines, mais elle pourrait être étendue si nécessaire.

«J’espère comme tout le monde que cela pourra se transformer dans une conférence Genève 3, mais c’est prématuré. On commence avec cela et puis on verra», a affirmé le diplomate. S’il exclut toute possibilité d’entretien direct avec Al-Nosra et Daech, frappés par une résolution du Conseil de sécurité (résolution 2170), Staffan de Mistura semble laisser la porte entrouverte à des discussions indirectes. « Nous ne sommes pas en condition de discuter avec eux, mais je suppose que, parmi les gens qui vont venir à ces consultations, certains sont en contact avec ces groupes », a déclaré le diplomate lors de la conférence de presse qu’il a tenu ce mardi à l’ONU. Les représentants de l’Arabie saoudite devraient avoir un entretien jeudi avec Staffan de Mistura.

Ces réunions élargies incluent les Iraniens qui avaient été tenus à l’écart des négociations précédentes. Le temps accordé que Staffan de Mistura s’est donné pour mener ces nouvelles négociations couvre la période qui doit s’écouler jusqu’à la signature de l’accord définitif sur le nucléaire. «Une coïncidence», assure Staffan de Mistura, mais une coïncidence qui pourrait avoir «une influence positive», reconnaît-il. Le médiateur de l’ONU a remercié en outre la Suisse pour aider les Nations Unies à organiser et gérer ces consultations «assez compliquées du point de vue logistique». «La Suisse a démontré encore une fois sa capacité d’aider l’ONU dans une tâche difficile», a déclaré Staffan de Mistura.

Antonio Torrenzano

 

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geneva_nations_unies_imageLe médiateur de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a entamé aujourd’hui à Genève un nouveau round des consultations séparées avec les protagonistes du conflit syrien dans une tentative de relancer les négociations et le processus de paix.

Ces consultations auxquelles participeront les représentants des parties invitées ainsi que des experts dureront environ de quatre à six semaines. Les discussions seront menées entre les différents acteurs et Staffan de Mistura, ou son adjoint. Ces débats avec chaque délégation seront utiles à voir si les intervenants seront prêts à passer (du stade) des consultations à des négociations basées sur le communiqué de Genève du 30 juin 2012. Le communiqué de Genève est un document signé par les grandes puissances le 30 juin 2012 comme plan de règlement politique du conflit, à l’issue de la première conférence internationale sur la question syrienne, appelée Genève-1.

Le 24 avril 2015, Staffan de Mistura avait indiqué qu’il se donnait jusqu’à la fin du mois de juin pour tester la volonté de paix entre les protagonistes du conflit. Il fera ensuite un rapport au Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon. L’Iran, qui n’avait pas participé aux deux conférences internationales sur la Syrie organisées par l’ONU en 2012 et 2014, a été invité. «L’Iran est un acteur régional. C’est pour cela qu’il a été invité», a déclaré le porte-parole du siège de l’ONU à Genève, Ahmad Fawzi. Ahmad Fawzi a souligné en outre que les pays invités décideraient eux-mêmes du niveau de leur participation aux consultations. La Coalition de l’opposition syrienne dans un communiqué a réaffirmé « son attachement à une solution politique et à la reprise des négociations où elles s’étaient arrêtées», indique le texte.

Toutes discussions doivent se baser « sur la formation d’un gouvernement transitoire doté des pleins pouvoirs». Le gouvernement syrien n’a pas confirmé officiellement sa participation. Mais, un haut responsable a indiqué qu’il sera représenté par l’ambassadeur de Syrie auprès de l’ONU à Genève, Hussam Eddin Ala.  L’ONU n’a toutefois pas publié la liste des parties qui ont accepté l’invitation de Staffan de Mistura. Ces consultations se feront en toute discrétion au Palais des Nations unies à Genève. «Le médiateur a demandé un black-out (silence médiatique) pour ces consultations», a expliqué Ahmad Fawzi.

Staffan de Mistura, qui est le troisième émissaire de l’Onu, avait auparavant tenté en vain une autre approche qui consistait à négocier des trêves locales sur le terrain, en commençant par Alep (nord) afin de faciliter des discussions politiques ultérieures. Toutes les tentatives jusqu’à présent pour résoudre ce conflit qui a fait au moins 220.000 morts en plus de quatre ans ont échoué. Le principal point de litige demeure le sort du président Bachar el-Assad.

Antonio Torrenzano

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staffan_de_mistura_image_geneveUn nouveau round de consultations sur la Syrie se déroulera à partir de lundi prochain, 4 mai à Genève et doit durer de cinq à six semaines, selon un communiqué publié vendredi par l’Office des Nations Unies à Genève. L’envoyé spécial du secrétaire général des Nations Unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a invité « les parties, plus nombreuses que possible, tout d’abord les parties syriennes (gouvernement, opposition et société civile), ainsi que les parties intéressées régionales et internationales », à discuter de l’actuelle situation en Syrie et à proposer leurs points de vue sur l’application du Communiqué de Genève sur la question syrienne adopté il y a près de trois ans.

L’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, entreprendra donc la semaine prochaine de nouvelles consultations approfondies avec les parties du conflit syrien, a annoncé vendredi un porte-parole de l’Organisation des Nations unies. Ces réunions au siège de l’ONU à Genève se dérouleront pour une période initiale de cinq à six semaines, a précisé toujours le porte-parole dans une note aux correspondants de presse.

Ces rencontres, a-t-il ajouté, fourniront l’occasion aux parties de s’exprimer sur la «situation désastreuse » en Syrie et de faire le point sur la mise en œuvre du Communiqué de Genève, trois ans après son adoption. Selon le porte-parole, l’Envoyé spécial et son Envoyé spécial adjoint, Ramzy Ezzeldine, mèneront ces consultations « à huit clos et séparément ». Il n’y aura pas de déclarations publiques pendant et à la fin des consultations, selon le communiqué, ajoutant que l’envoyé spécial doit rendre compte des résultats des consultations au secrétaire général des Nations Unies après leur clôture.

Antonio Torrenzano

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graca_machel_image_1670Conversation avec Graça Machel, activiste pour la défense des Droits humains, ancien ministre de la Culture et de l’Éducation au Mozambique du 1975 au 1989. Épouse de Samora Machel, le premier président de la République populaire du Mozambique en 1975, elle fut la seule femme au gouvernement. Pendant son mandat politique, Graça Machel remplace les programmes scolaires datant de l’époque coloniale et met également en place des cours du soir pour adultes. Son action contribue à l’augmentation du taux d’alphabétisation et du nombre d’enfants scolarisés au Monzabique. Le 19 octobre 1986, son mari Samora Machel meurt dans un accident aérien. Après la mort du président,Graça Machel se consacre à des causes humanitaires et se bat pour les droits des femmes et des enfants. En 1996, elle rédige un rapport pour l’UNESCO en traitant l’impact des conflits armés sur les enfants. Toujours en 1996, la communauté internationale découvre encore une fois le caractère de cette femme de 70 ans, brillante, mais discrète qui renonça à la candidature au secrétariat général de l’ONU en décriant le manque de volonté politique de l’organisation pour changer le monde. Graça Machel et Nelson Mandela se sont rencontrés dans les années 1990 alors qu’ils étaient tous les deux très, très seuls, avait-elle confié. Elle peinait à se remettre de la mort de son mari et père de ses deux enfants, Samora Machel, tué dans un accident d’avion en 1986, imputé au gouvernement d’apartheid sud-africain. En 1998, Graça Machel épouse en secondes noces le Nelson Mandela, dont elle partage la vie jusqu’à sa disparition en 2013. Elle est membre des Global Elders, une organisation non gouvernementale composée d’anciens dirigeants rassemblés en 2007 par Nelson Mandela afin de contribuer à résoudre les problèmes les plus importants de la planète. À présent, elle travaille avec des associations contre le sida et la pauvreté. Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) lui décerne la médaille Nansen en 1995 pour son action humanitaire en faveur des enfants réfugiés. Elle est également membre de l’Africa Progress Panel, une fondation basée à Genève et présidée par Kofi Annan. Le dialogue a eu lieu dans la ville italienne de Reggio Émilia pendant une rencontre organisée par la Mairie de la ville, le musée Casa Cervi dans le village de Gattatico et la fondation Reggio Children le 25 avril 2015.

Antonio Torrenzano. Syrie, Irak, Libye : ces pays ne sont plus qu’un champ de ruines. Le conflit syrien a déjà fait plus de 200.000 morts et des millions de personnes. Le chaos et la violence atteignent des niveaux littéralement stupéfiants dans ces Pays. Pourquoi la communauté internationale n’a-t-elle pas encore trouvé des solutions à ces conflits ?

Graça Machel. Comme je le dis toujours : nous pourrons atteindre à des solutions acceptables si la bonne volonté de tout le monde est là. La communauté internationale a désormais la capacité de faire d’énormes progrès pour l’Humanité. La seule chose qui manque est la bonne volonté !! Mais, suis-je heureuse ? Non ! Je voudrais une vision beaucoup plus clairvoyante et un discernement qui peut faire preuve de la complexité de l’Histoire contemporaine !

Antonio Torrenzano. Quelles sont vos suggestions en ce qui concerne le passage historique que le Continent africain est en train de vivre ?

Graça Machel. Je pense que dans dix ans, le Continent  africain présentera un visage absolument différent. Dans le continent, nous sommes en train de produire une évolution économique, politique, sociale de premier plan. En ce qui concerne les femmes : des femmes qualifiées seront aux plus hauts niveaux de la prise de décision. J’espère que la clairvoyance féminine peut apporter d’importantes nouveautés dans la politique, dans l’économie, dans les affaires, la science, la technologie. Il y a une nouvelle génération de leaders féminins qui est en train d’arriver.

Antonio Torrenzano. Vous avez été ministre de la Culture et de l’Éducation du premier gouvernement du Mozambique après l’indépendance. Pensez-vous que vos rêves pour le Mozambique et l’Afrique ont été réalisés ?

Graça Machel. J’ai donné mes plus jeunes années à une cause qui n’a pas entièrement rempli ses objectifs. Je voulais éradiquer l’analphabétisme dans mon Pays. Je voulais que chaque enfant dût aller à l’école. J’espérais qu’il y aurait eu plus de femmes à des postes de responsabilité. D’autre part, si je regarde le nombre de jeunes femmes qui sont maintenant à l’université, je pense : “Oui !! Nous avons fait assez bien”. Le Mozambique est l’un des pays qui a le niveau le plus élevé de femmes parlementaires. Je suis fier des progrès qui ont été accomplis. À présent, il faudra bien renforcer la société civile pour avoir un développement durable et croyable. Je voudrais encore que les femmes protégeassent encore mieux leurs intérêts et leurs droits.

Antonio Torrenzano. Les Sud-Africains ont une grande dette envers Graça Machel, a un jour déclaré votre ami le Nobel de la Paix Desmond Tutu. Elle a apporté de la joie à Nelson Mandela.

Graça Machel. Sa présence remplissait chaque moment de ma vie, chaque détail de mon existence. L’absence de Nelson Mandela sera toujours en nous.

Antonio Torrenzano

 

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syrie_champ_ruinesSera-t-il possible de trouver une nouvelle approche pour relancer le processus de Genève bloqué depuis février 2014 ? Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a donné pour instruction à Staffan de Mistura de reprendre les discussions sur la base du communiqué de Genève 1. De nouvelles consultations diplomatiques auront donc lieu le mois prochain à Genève, à partir du 4 mai 2015.

La semaine dernière, Ban Ki-moon avait communiqué le désir d’une relance du processus politique pour tenter de résoudre le conflit vieux de quatre ans. Les prédécesseurs de Staffan de Mistura, Kofi Annan et Lakhdar Brahimi, avaient tous les deux jeté l’éponge après avoir constaté leur échec dans la recherche d’une solution politique pour faire cesser les hostilités. La réunion Genève 2 avait pris fin sur une impasse il y a plus d’un an, en février 2014. Des contacts entrepris par Moscou depuis le début de l’année n’avaient rien donné non plus. À partir du 4 mai 2015, le médiateur diplomatique pour la Syrie Staffan de Mistura donnera donc le coup d’envoi à des «consultations séparées» avec les différentes parties du conflit syrien.

Ces nouvelles consultations se tiendront au Palais des Nations comme a annoncé le porte-parole des Nations Unies Ahmad Fawzi à Genève. Les invitations ont été lancées à tous les acteurs impliqués par la crise syrienne, a précisé le porte-parole de l’organisation onusienne. Ces consultations séparées commenceront par les Syriens, le gouvernement et l’opposition, a-t-il ajouté. Ahmad Fawzi, interrogé sur le fait de savoir si l’État islamique et le front Al-Nosra seront conviés aux discussions, a répondu: «non, il s’agit de groupes terroristes».

Les consultations dureront 4 à 6 semaines. Sur le terrain toutefois la guerre continue. Le pays n’est plus qu’un champ de ruines en le regardant par des photos satellitaires. La guerre civile a déjà fait plus de 200.000 morts et des millions de personnes pour se sauver ont quitté le pays prises en étau entre la fureur du groupe État islamique et celle du régime de Damas. Le chaos et la violence atteignent des niveaux littéralement stupéfiants et resteront dans l’Histoire comme les crimes les plus abominables de ce siècle.

Antonio Torrenzano