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alep_ville_detruite_imageAprès quatre ans de conflit, la Syrie est en train de subir des dégâts économiques et sociaux qui n’auraient pas été inimaginables avant 2011. Les données statistiques disponibles sont minimales, mais une estimation reste possible. Le prix de la guerre aurait été de plus de 140 milliards de dollars jusqu’aujourd’hui, c’est-à-dire 170 % du PIB syrien. Certains économistes prévoient que même si la croissance économique syrienne devait être de 5% au moins chaque année, il lui faudrait plus de 30 ans pour se remettre de la guerre.

Avant le conflit en 2009, le produit intérieur brut se répartissait dans les proportions suivantes : agriculture 19 %, industrie 34 % et services 47 %. Depuis 2010, le PIB a été presque divisé par deux. La Syrie exportait avant la guerre près de 92 % de son pétrole vers l’Union européenne et sa production pétrolière d’avant-guerre était de 400.000 barils par jour. Aujourd’hui elle n’est que d’à peine 15.000 barils. La dévaluation de la monnaie continue : le dollar est passé de 47 à 150 livres syriennes. Le secteur du tourisme, par exemple, dont l’activité s’élevait à six milliards de dollars soit 10% du PIB avant le conflit, n’est plus qu’un souvenir à présent. Au mois d’octobre 2013, l’ONU avait estimé que l’économie syrienne avait perdu 103 milliards de dollars entre le début du conflit et la moitié de l’année 2013, dont 49 milliards pour la seule année 2012. Le chômage s’élevait jusqu’au premier trimestre de l’année 2013 à 2.3 millions de postes de travail (surtout de travailleurs) en raison de l’arrêt de nombreuses usines et la fuite d’hommes d’affaires hors du pays avec leurs capitaux. Le résultat aujourd’hui serait le suivant : le taux de chômage s’approche aujourd’hui au 58% et la moitié des 23 millions de Syriens vivent à présent sous le seuil de pauvreté dont 4,4 millions survivent dans une pauvreté extrême, toujours selon les Nations Unies.

Mais, le conflit en Syrie a également provoqué au sein des pays de la région des transformations économiques. Un document de travail de la Banque mondiale publié récemment a montré par exemple les effets économiques directs et indirects de ce conflit sur six pays de la Région du levant : la Turquie, la Syrie, le Liban, la Jordanie, l’Iraq et l’Égypte. Le conflit a fortement perturbé les échanges commerciaux parmi ces pays, alors qu’ils avaient été multipliés par sept entre le début et la fin des années 2000. Le même a apposé une limite aux travaux de renforcement des liens commerciaux intra régionaux qui étaient se manifestés à la suite de la signature d’un accord entre la Turquie, la Syrie, le Liban et la Jordanie en 2010. Les analyses de la Banque Mondiale montrent que la guerre a entraîné, jusqu’à présent, des pertes de production se chiffrant à près de 35 milliards de dollars (aux prix de 2007) pour les six pays concernés. En d’autres termes, le poids économique cumulé de ces économies, mesuré par leur produit intérieur brut, aurait été supérieur de 35 milliards de dollars si la guerre n’avait pas éclaté… Ce coût considéré dans son ensemble est tout simplement équivalent au PIB syrien de 2007.

Toutefois, ces pertes sont inégalement réparties. Les pays les plus touchés par la guerre, la Syrie et l’Iraq, paient le plus lourd tribut sur le plan des coûts économiques directs et du manque à gagner dû à l’absence d’une intégration économique plus poussée: en Syrie et en Iraq, le revenu moyen par habitant en termes constants est ainsi inférieur de respectivement 25 et 28% à ce qu’il aurait pu être sans le conflit. Les coûts directement imputables à la guerre sont considérables, puisqu’ils sont associés à une diminution du PIB par habitant de 14% en Syrie et de 16% en Iraq. Selon l’Economist intelligence unit, le PIB syrien a été de 29 milliards de dollars en 2014, bien loin des 60 milliards enregistrés en 2010. Les sanctions internationales adoptées depuis 2011 ont largement contribué à paralyser de manière principale le secteur bancaire et le secteur pétrolier autant que tous les autres. L’embargo commercial auquel la Syrie est soumise constitue le principal facteur à l’origine de ces coûts directs, suivis par la diminution des effectifs et des compétences de sa population active due aux pertes humaines et à l’exode des réfugiés, la destruction des infrastructures, et l’augmentation du coût de l’activité économique dans les zones touchées par le conflit.

Les autres pays de la région ont subi des pertes au niveau du revenu moyen par habitant sans pour autant enregistrer des pertes de revenu global dues aux effets directs du conflit. L’afflux de réfugiés au Liban, en Jordanie et en Turquie a en effet dopé la consommation, l’investissement et l’offre de main-d’œuvre, et par conséquent la taille de leur économie. Mais, dans tous les cas, comme le revenu global a moins augmenté que la population, la guerre a eu un impact négatif sur le niveau de vie dans ces pays : au Liban, le revenu moyen par habitant est inférieur de 11% au niveau qu’il aurait pu atteindre s’il n’y avait pas eu de guerre, tandis que la baisse est limitée à 1,5% en Turquie, en Jordanie et en Égypte. Pour ces trois pays, le manque à gagner dû au gel des initiatives d’intégration commerciale est supérieur aux coûts directs de la guerre. En Syrie, la quasi-totalité des secteurs économiques a souffert, mais la propriété foncière a été particulièrement touchée du fait de la forte chute de la demande de terrains causée par l’exode d’un très grand nombre d’habitants. Au Liban et en Turquie, en revanche, les propriétaires terriens ou les détenteurs d’entreprise ont eu un avantage de la crise syrienne, car l’afflux de réfugiés syriens a contribué à augmenter la demande locale de biens et de services (faisant ainsi augmenter les prix) mais aussi l’offre de main-d’œuvre. Les effets directs du conflit dans la région ne constituent donc malheureusement qu’une partie des coûts économiques réels de la guerre civile en Syrie et de la progression de Groupe État Islamique. La guerre a mis fin au développement d’un commerce intra régional et aux plans de renforcement de l’intégration commerciale. Mais, l’économie syrienne a jusqu’à présent évité le pire, c’est-à-dire l’effondrement complet par l’action financière de la Russie et de l’Iran. L’Iran a ouvert depuis juillet 2013 une ligne de crédit de 3,8 milliards de dollars à faveur du régime de Damas. Moscou, en revanche, est en train de jouer un rôle de soutien industriel pour l’économie du pays.

La faim et l’indigence sont devenues l’ennemi quotidien des masses populaires dans toute la Syrie. L’économiste Jihad Yazigi, responsable du site d’information économique The Syria Report, explique que « l’économie syrienne s’est radicalement transformée et elle a été en grande partie détruite. De même, les grandes entreprises ont cessé de produire. De nombreux acteurs industriels et financiers ont quitté le pays ».

Antonio Torrenzano

*Document de travail de la Banque Mondiale n°1 sur l’impact économique du conflit syrien dans la région du Levant (Turquie, Syrie, Liban, Jordanie, Irak et Égypte). Site web http://documents.banquemondiale.org/curated/fr/2004/12/22316371/economic-effects-syrian-war-spread-islamic-state-levant

Document de travail de la Banque Mondiale n°2 sur les prospectives économiques de la région du Levant (Turquie, Syrie, Liban, Jordanie, Irak et Égypte). Les deux textes sont en langue anglaise. Site web http://documents.banquemondiale.org/curated/fr/2014/03/19705527/over-horizon-new-levant

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réfugiés_syrie_imageQuel est-il le bilan de la guerre civile après quatre de conflit en Syrie ? Selon le nouveau compte rendu publié samedi 7 février par l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), le nombre de morts serait de 210.000 décès, dont 10.664 enfants et 6.780 femmes.

Selon cette organisation, qui suit l’évolution du conflit par l’action de son réseau d’informateurs sur le terrain, elle aurait recensé également 38.325 morts parmi les rebelles syriens et 24.989 jihadistes étrangers. Les victimes au sein des forces du régime de Damas s’élèveraient à 45.385 soldats, 29.943 miliciens des forces de défense nationale, 640 membres du Hezbollah chiite libanais et 2.502 miliciens chiites venus d’autres pays. Le tableau serait “certainement plus élevé que le 210.000 comptabilisés, en raison du grand nombre de disparus dont on ignore le sort”, a souligné M. Abdel Rahmane, chef de l’organisme.

Sur le terrain, le nombre de morts et de réfugiés n’a cessé de croitre. La Syrie comptait en 2011 plus de 23 millions d’habitants avant le début du conflit. Aujourd’hui selon l’ONU, 3,73 millions de Syriens ont fui leur pays et sont officiellement comptabilisés comme réfugiés à l’étranger. Mais, le conflit en Syrie a aussi provoqué au sein des pays de la région des transformations économiques qui auraient été inimaginables avant 2011. Un document de travail de la Banque mondiale publié récemment a montré par exemple les effets économiques directs et indirects de ce conflit sur six pays de la région du Levant: la Turquie, la Syrie, le Liban, la Jordanie, l’Iraq et l’Égypte. Le conflit a fortement perturbé les échanges commerciaux parmi ces pays, alors qu’ils avaient été multipliés par sept entre le début et la fin des années 2000. Le même a apposé une limite aux travaux de renforcement des liens commerciaux intra régionaux qui étaient se manifestés à la suite de la signature d’un accord entre la Turquie, la Syrie, le Liban et la Jordanie en 2010.

La guerre de Syrie est loin d’être finie. Mais, encore une fois, cette poudrière au Proche-Orient risque d’avoir des conséquences qui pourraient être planétaires.

Antonio Torrenzano

 

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colloques_moscou_janvier-2015Les colloques entre une partie de l’opposition syrienne et les représentants diplomatiques du régime de Damas sont terminés hier à Moscou sans des résultats réels. Toutefois, déjà mercredi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avait rappelé à tout le monde que “personne n’a l’illusion que quelques jours de discussion vont résoudre tous les problèmes”.

Nous avons convenu avec nos amis russes que les discussions devaient continuer pour arriver à de (nouvelles) consultations dans le futur“, a déclaré le chef de la délégation du régime, l’ambassadeur syrien à l’ONU, Bachar Jaafari. Pendant la conférence de presse, Bachar Jaafari a reconnu qu’il n’y avait “pas de résultats parce qu’il s’agissait d’une première rencontre, d’une rencontre consultative“. Le diplomate syrien a toutefois critiqué l’attitude des opposants. “Nous n’avons pas entendu une seule position unifiée des délégations de l’opposition. Ce que certains pouvaient accepter était rejeté par les autres“, a-t-il affirmé.

Selon Soheir Sarmini, un membre du parti de la Jeunesse nationale syrienne, un mouvement toléré par Damas, “le but de la rencontre de Moscou était de briser la glace entre le gouvernement et l’opposition“. La priorité des débats pour l’opposition a été l’arrêt des bombardements, la libération de prisonniers politiques, un processus pour l’acheminement de l’aide humanitaire.

Un accord de principe très générique, appelé «Les principes de Moscou», a été signé parmi les sujets des colloques dans la capitale russe. Les participants ont donné leur accord de principe à une série de dix points très généraux établie par le modérateur des pourparlers, l’expert russe Vitaly Naoumkine. Le texte diplomatique souligne en particulier le respect de la souveraineté de la Syrie, son unité et son intégrité territoriale, la lutte contre le terrorisme international, la conclusion de la crise syrienne par des moyens politiques de manière homogène aux principes du communiqué de Genève I du 30 juin 2012.

Antonio Torrenzano

 

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refugies_syriens_imageMoscou accueille jusqu’au 29 janvier de représentants de l’opposition syrienne et des émissaires de la diplomatie du régime de Damas afin de renouer le dialogue après presque quatre ans de guerre. Plusieurs membres de différents groupes de l’opposition syrienne et les 6 membres de la délégation officielle menée par l’ambassadeur de Syrie à l’ONU se sont réunis dans une résidence de la diplomatie à Moscou depuis ce matin. Il s’agit des premières considérations entre des membres de l’opposition, notamment des représentants du Comité de coordination nationale pour les forces du changement démocratique (CCND), et des plénipotentiaires du régime depuis l’échec de Genève II en février 2014.

Toute l’opposition toutefois n’est pas représentée puisque la Coalition nationale de l’opposition il n’y a pas. Cette Coalition, basée à Istanbul a, pour sa part, exclu sa contribution en déclarant que les discussions auraient du avoir lieu sous l’égide de l’ONU dans un Pays neutre. Le nouveau président de la Coalition nationale de l’opposition syrienne, Khaled Khoja, avait exclu son apport par une conférence de presse lundi 26 janvier 2015. «Le dialogue avec le régime souhaité par Moscou est hors de question», a-t-il déclaré devant la presse à Istanbul.

Il s’agissait des premières déclarations de Khaled Khoja depuis son élection au sein du mouvement. Khaled Khoja, premier turkmène élu à ce poste, a la réputation d’être plus indépendant des soutiens régionaux à la Coalition que son prédécesseur, M. Bahra, près des Saoudiens. M. Khoja a quitté la Syrie dans les années 1980, après deux passages en prison, il vit en exil en Turquie. Né à Damas en 1965, il est l’un des membres fondateurs du Conseil national syrien. La Coalition, souvent accusée d’être éloignée de la réalité du conflit, est traversée par des conflits internes alimentés notamment par ses différents appuis financiers et politiques : en premier lieu le Qatar et l’Arabie saoudite. Les deux pays sont des alliés historiques de l’opposition syrienne, mais des rivaux régionaux au Moyen-Orient.

Pour le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, les discussions qui sont en train de se dérouler à Moscou sont une possibilité pour renouer le dialogue. Il faut d’abord trouver un accord au sein de l’opposition : « Les rencontres entre les représentants des divers groupes d’opposition syriens à Moscou ne sont pas des négociations. L’objectif est de permettre aux opposants d’approfondir une plateforme afin qu’ils puissent avoir une approche commune en vue de négociations avec le gouvernement. Quant aux négociations avec le gouvernement, cela constituera l’étape suivante. Nous estimons qu’après deux jours de contact entre les opposants, les représentants du gouvernement de Syrie pourront les rencontrer, mais pour établir des contacts personnels ». La diplomatie russe en outre est en train de travailler de concert avec la diplomatie égyptienne. Diplomatie égyptienne qui a également réuni l’opposition syrienne au Caire la semaine dernière avant ces trois jours de colloques à Moscou.

«Nous sommes venus avec une liste de dix points. Pour éviter de faire la même erreur que l’opposition à Genève II, nous n’allons pas aborder tout de suite la question d’un gouvernement transitoire », a affirmé l’un des participants de l’opposition au dialogue. De sa part, le régime de Damas a affirmé : «ce qui se déroule à Moscou n’est pas une négociation sur une solution au conflit. Ce sont juste des préparatifs pour une conférence».

Après la session de discussions de la matinée, les Syriens rencontreront le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avant de reprendre leurs pourparlers. Des discussions entre l’opposition et les diplomatiques de Damas sont aussi prévues demain jeudi 29 janvier. L’opposition s’était déjà réunie lundi et mardi pour tenter d’établir une position commune. Après presque quatre ans de conflit qui a fait 200.000 tués et plus de 6 millions de réfugiés, la diplomatie russe réussira-t-elle à mettre un terme de conclusion à la guerre civile en Syrie ?

Antonio Torrenzano

 

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image_mikail_bogdanov_sergei_lavrov_photoEn Syrie, la paix pourra-t-elle être retrouvée à travers le travail diplomatique ? Depuis quelques semaines, la diplomatie russe est en train de travailler à cette nouvelle hypothèse. Le jour n’a pas encore été rendu public, mais les cartes d’invitation sont déjà parties. À compter du 26 janvier prochain, Moscou devrait accueillir des délégations de l’opposition et du régime syrien pour essayer de ressusciter un dialogue parmi plusieurs acteurs qui a été rompu après l’échec de la conférence internationale Genève 2 en février 2014. La gestion de ce face à face devrait être mené par le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, excellent connaisseur du Moyen-Orient et arabophone.

Selon l’agenda de Moscou, cette rencontre se déroulera en deux temps : le 26 janvier 2015, toutes les parties de l’opposition se réuniront entre elles; le 27 ou le 28 janvier 2015, elles entreront en contact avec une délégation du régime syrien qui devrait être dirigée par le ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem. Inversement à Genève 2, ces colloques, que Moscou souhaite « informels », se dérouleront en dehors de tout cadre multilatéral : ni les États-Unis, ni la France, ni aucun des autres pays « amis » de l’opposition ou alliés du régime syrien, ne seront conviés en marge de la rencontre.

Au sommet de Genève 2, la Coalition nationale syrienne s’était imposée comme unique représentante de l’opposition des colloques pour la paix. Cette fois, l’approche russe a été différente : à Moscou, il y aura cinq représentants c’est-à-dire deux kurdes, un chrétien et deux musulmans qui devront partager leurs sièges avec d’autres opposants. La diplomatie russe a invité des opposants de l’intérieur ou en exil, dont ceux du Courant de la Construction de l’État, du Front du Changement et de la Libération ou du Comité de coordination national pour un changement démocratique. Et Staffan de Mistura, le représentant de l’ONU pour la Syrie sera-t-il dans la Capitale russe ? « Il s’agit d’une initiative russe, nous n’avons pas été impliqués. Toute initiative qui visant à encourager le processus de paix nous semble la bienvenue», a commenté Juliette Touma, la porte-parole de l’envoyé spécial onusien.

Antonio Torrenzano

 * Dans l’image, le ministre russe des Affaires étrangères Sergei Lavrov, le vice-ministre Mikhail Bogdanov et le secrétaire général Nabil Elaraby de la Ligue arabe.

 

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syrie_irak_violence_0698_imageEn Irak et Syrie, pouvons-nous accepter sans protester à la logique du conflit et du terrorisme? La paix pourra-t-elle être retrouvée à travers la négociation et l’action diplomatiques ? En 2014, le conflit en Syrie a connu son année la plus meurtrière. Selon les dernières statistiques publiées par l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), plus de 76.000 personnes sont décédées en 2014, contre plus de 73.000 en 2013 et près de 50.000 en 2012. Depuis le début du conflit syrien, en mars 2011, plus de 200 000 personnes sont mortes. Toujours l’OSDH rappelle que ce bilan n’inclut pas les milliers de personnes portées disparues dans les prisons du régime ou chez les djihadistes.

Mais les 12 mois déjà passés, ils ont aussi vu une aggravation constante des persécutions qui ont frappé divers groupes religieux et ethniques et une augmentation des réfugiés dans les pays voisins de la région. Le 15 décembre 2014, le Vice secrétaire général des Nations Unies, Jan Eliasson, déclarait à Beyrouth à l’issue d’une rencontre avec le Président du Parlement libanais, Nabih Berri : «j’étais ici il y a deux ans et le nombre de réfugiés était inférieur à 150.000. Maintenant, nous avons près de dix fois ce chiffre et cela pèse sur la société libanaise». Pendant la même période, des Iraniens sont allés en aide aux chrétiens d’Irak. Un député chrétien iranien, représentant des communautés assyriennes et chaldéennes au parlement a indiqué que l’aide humanitaire a prévu de la nourriture, des tentes, des vêtements et du matériel médical destinés à tous les déplacés sans distinction religieuse. Avant Noël, l’ambassadeur d’Iran à Amman avait rendu visite au vicaire patriarcal latin pour la Jordanie. À cette occasion, il a indiqué que Téhéran est disposé à assister les chrétiens d’Irak et de Syrie pour soulager leurs souffrances et leurs angoisses.

En 2014, la guerre en Irak contre l’État Islamique a coûté la vie à plus de 15.000 personnes en 2014 et plus de 22.000 individus ont également été blessés au cours de l’année passée. Selon ces chiffres compilés par les ministères de la Santé, de l’Intérieur et de la Défense, 15.538 personnes ont péri en 2014 c’est-à-dire deux fois plus qu’en 2013 (6.522 morts). Pour l’ONG Iraq Body Count, une association basée en Grande-Bretagne, au contraire, la guerre contre le groupe DAECH aurait tué 17.073 personnes. Quoi faire pour arrêter le plus tôt possible la violence qui a causé déjà trop de dégâts ?

Antonio Torrenzano

 

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krak_de_chavaliers_imageDepuis le début de la guerre en Syrie en 2011, 290 sites de l’important patrimoine culturel syrien ont été détruits, endommagés ou pillés, selon le nouveau mémorandum inquiétant publié le 23 décembre 2014 par l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) de Genève. Le rapport, basé sur des images rassemblées par le programme opérationnel pour les applications satellitaires UNOSAT, attire l’attention sur les dégâts causés par les combats de rue, les bombardements aériens ou d’artillerie, les attentats à la bombe, les véhicules piégés et les pillages. Le résultat ? Une destruction à grande échelle du patrimoine et de la mémoire historique qui jour après jour est en train de disparaître.

Des monuments comme le Krak des chevaliers, les souks, la citadelle ou la mosquée des Omeyyades à Alep, une ville où le peuplement remonte à 7’000 ans, la vieille ville de Damas, la grande colonnade d’Apamée ont été plus ou moins gravement endommagés. À présent, l’UNITAR affirme que la destruction à grande échelle de ce patrimoine a touché 290 sites historiques. Vingt-quatre trésors artistiques ont été complètement détruits, 104 sites sont gravement endommagés, presque 85 endroits archéologiques moyennement endommagés et 77 probablement endommagés.

L’UNOSAT a basé son analyse sur une combinaison d’images satellite à très haute résolution disponibles dans le commerce, de rapports de l’UNESCO, de données fournies par des archéologues experts de la Syrie, ainsi que des informations publiées par les médias traditionnels et les médias sociaux. L’agence des Nations Unies a voulu, avec son rapport, attirer l’attention des décideurs et du public sur la grave détérioration de la plupart des zones archéologiques de la Syrie. Cette nouvelle recherche de l’UNITAR appelle à un effort accru toute la communauté internationale pour protéger et sauver le plus possible cet important héritage de l’humanité.

Antonio Torrenzano

 * Dans l’image, le château Krak de Chevaliers (patrimoine de l’Humanité de l’UNESCO). Pour en savoir plus : http://whc.unesco.org/fr/list/1229

** Pour en savoir plus sur les forteresses d’orient : http://www.orient-latin.com/fortresses/crac

*** Pour en savoir plus sur le rapport de l’UNITAR : www.unitar.org

 

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syrie_image_1214_refugiéesLes Nations Unies ont lancé cette semaine à Berlin un important appel humanitaire à toute la communauté internationale et aux Pays donateurs afin de repérer presque 8.4 milliards de dollars américains afin d’aider 18 millions de personnes en Syrie et dans la région en 2015. L’appel comprend deux lignes d’action principales : une assistance pour les 12 millions de personnes déplacées et de personnes touchées par le conflit à l’intérieur de la Syrie, ainsi qu’une réponse aux besoins des millions de réfugiés syriens dans les pays et les communautés qui les accueillent. L’appel 2015 de l’ONU intègre pour la première fois un volet important consacré au développement des besoins humanitaires vitaux de la plus grande crise de déplacement de population au monde.

La situation du conflit en Syrie s’aggrave jour après jour et par conséquent la situation humanitaire. Les réfugiés et les individus déplacés ont épuisé leurs économies et leurs ressources et les pays hôtes sont au bord de la rupture. Quoi pouvons-nous atteindre du 2015 ? « Nous avons besoin d’une nouvelle architecture de l’aide qui lie le soutien aux réfugiés avec ce qui est entrepris pour stabiliser les communautés qui les accueillent … » a déclaré Antonio Guterres, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés. La situation est toutefois préoccupante dans les mêmes pays de la région. « Les pays accueillants des réfugiés syriens se retrouvent confrontés à l’impact considérable que cela a entraîné sur leurs économies, leurs sociétés et leurs infrastructures, menaçant non seulement leur stabilité, mais aussi la stabilité de toute la région » a indiqué Gina Casar, Secrétaire générale adjointe et Administratrice associée du PNUD. « Une réponse humanitaire traditionnelle ne suffit plus. La tâche qui nous attend demande une réponse globale à la crise qui améliore la résilience de ces communautés et institutions gouvernementales».

Ce nouveau plan régional pour les réfugiés devrait représenter un changement stratégique dans l’approche de l’aide humanitaire dans la région. Contrairement aux précédents, ces lignes d’action réunissent les opérations humanitaires d’urgence et le soutien aux communautés hôtes avec des interventions sur le long terme visant à favoriser la résilience et à réduire les coûts.

«Le conflit a détruit les vies de millions de Syriens qui se retrouvent pris entre deux feux et n’ont pas accès aux produits de première nécessité ni aux soins de santé. Beaucoup vivent dans la peur, les enfants ne peuvent pas aller à l’école, et les parents ne peuvent pas travailler», a déclaré Valerie Amos, Secrétaire générale adjointe des Nations Unies pour les affaires humanitaires et les secours d’urgence. « Ce programme, s’il était totalement financé, nous aiderait à fournir de la nourriture et des médicaments aux enfants, un abri aux familles pour se protéger du froid, et à soutenir ceux qui sont désespérés et traumatisés. Il est très difficile et dangereux de travailler en Syrie, mais la communauté humanitaire reste déterminée à aider les personnes les plus vulnérables prisonnières de cette crise », a-t-elle ajouté.

Enfin, selon Jan Egeland, Secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés, un des partenaires clés de l’appel, « nous avons failli pendant trop longtemps à notre devoir envers les Syriens face à la pire guerre de notre génération».

Antonio Torrenzano

 

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réfugiés_kurdes_kobané_imageL’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a rencontré le 06 et le 7 décembre en Turquie des opposants syriens dans le cadre de consultations régionales afin de développer une nouvelle ligne d’action pour mettre fin à quatre ans de guerre en Syrie.

Lors d’une visite à Istanbul, Staffan de Mistura a rencontré dimanche une délégation menée par le président de la Coalition nationale de Syrie, Hadi Al-Bahra. Un porte-parole de l’ONU a indiqué que les discussions ont porté sur la proposition de l’envoyé spécial des Nations Unies de « geler » le conflit à Alep et sur la façon dont cette dernière peut être mise en œuvre sur le terrain. Le projet de l’Envoyé spécial, qui a été présenté pour la première fois devant le Conseil de sécurité le 30 octobre 2014, prévoit faire cesser les combats et créer un couloir en permettant l’assistance humanitaire à la population d’Alep. Tout cela permettrait aussi de prouver qu’il est possible de passer d’une dynamique militaire à une dynamique politique et diplomatique. Pendant la visite, Staffan de Mistura a rencontré de manière séparée un haut responsable du Ministère turc des affaires étrangères. L’émissaire de l’ONU a jugé constructives ses discussions avec des groupes armés et de l’opposition pendant son voyage en Turquie. Pour sa part, Qaïs Cheikh, chef du Conseil de commandement de la révolution (CCR), une coalition d’une vingtaine de groupes laïques et islamistes, a indiqué à l’Agence France Presse que l’initiative de Staffan de Mistura «ne comportait pas tous les mécanismes et les garanties requis».

Dans les mêmes jours, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov a rencontré les dirigeants libanais à Beyrouth, dont le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, le premier ministre Tammam Salam, le président du parlement Nabih Berri, et l’ancien président Michel Suleiman. Le diplomate russe a déclaré que Moscou s’emploie à relancer des négociations entre le gouvernement syrien et l’opposition sans condition préalable. La diplomatie russe s’est aussi engagée à rencontrer une délégation d’opposants syriens tolérés par le président Bachar al-Assad afin d’examiner une hypothétique solution politique, le rôle des opposants de l’intérieur et l’initiative de l’émissaire de l’ONU Staffan de Mistura. Le conflit en Syrie, qui a démarré en mars 2011, a causé la mort de plus de 200.000 individus et blessé plus de 680.000 personnes. À présent, 10,8 millions de personnes ont besoin d’assistance.

Antonio Torrenzano

 

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statua_iaraq_imageL’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a exhorté toute la communauté internationale à la création de «zones de protection culturelle» tout autour de sites du patrimoine archéologique en Syrie et en Iraq. La directrice de l’UNESCO, Irina Bokova a conseillé de commencer par la grande mosquée omeyyade, un site situé dans la ville syrienne d’Alep, inscrite sur la liste du patrimoine mondial.

Irina Bokova a dénoncé encore la persécution des minorités, les attaques contre le patrimoine culturel et le trafic illicite de biens culturels, qui «s’inscrivent dans une stratégie de nettoyage culturel extrêmement réfléchie et d’une rare violence». «Le concept de nettoyage culturel décrit ce qui se passe sur le terrain », a ajouté le Conseiller spécial du Secrétaire général pour la prévention du génocide, Adama Dieng.

Pour la directrice générale de l’UNESCO, les réponses contre le mouvement de l’État islamique devront être diversifiées. Une solution purement militaire à cette crise serait trop simple. Il faudrait aussi renforcer l’éducation qui aiderait à protéger le patrimoine en forgeant une meilleure identité collective. L’Envoyé spécial du secrétaire général pour la Syrie, Staffan de Mistura, autant que le Représentant spécial du secrétaire général pour l’Iraq, Nickolay Mladenov, ont souligné la nécessité d’intégrer l’éducation et la culture aux mesures d’urgence, ainsi que l’aide humanitaire, en vue de protéger les droits de l’homme des populations civiles vulnérables. Le même secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a déclaré que «la protection du patrimoine culturel est un impératif de sécurité». Nikolay Mladenov a mis l’accent sur le fait que le patrimoine de la région appartient à l’humanité entière.

Antonio Torrenzano