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syrie_treve_12septembre2016Dans la nuit de dimanche à lundi 12 septembre, une trêve dans une large partie du territoire syrien devrait faire cesser la violence et toutes hostilités sur le terrain. Moins de sept mois après l’accord de cessation des hostilités (entré en vigueur le 27 février 2016, mais violé par tous les acteurs du conflit), une nouvelle trêve devrait permettre l’entrée de l’aide humanitaire de l’ONU dans les zones assiégées.

Cet accord, négocié depuis le mois de juillet par le secrétaire d’État américain John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov, se base sur plus de cinq documents restés confidentiels par une commune entente entre Washington et Moscou. Le régime syrien et ses alliés ont approuvé samedi 10 septembre le cessez-le-feu. L’opposition l’a accueilli avec circonspection. L’Iran a salué de manière favorable le compromis en appelant les autres acteurs la mise en place d’un «mécanisme de surveillance, en particulier du contrôle des frontières ». Le Hezbollah libanais a de même annoncé son soutien au cessez-le-feu. Même approche favorable en Turquie qui mène depuis la fin août une offensive dans le nord de la Syrie contre l’État islamique et les Kurdes. Cet accord ne s’applique pas toutefois aux zones contrôlées par DAECH et le Front Fatah al-Cham.

De son côté, l’opposition politique en exil a manifesté ses doutes après les nouveaux bombardements meurtriers de samedi 10 septembre et de dimanche. L’absence d’un mécanisme de contrôle de l’arrêt des combats laisse certains observateurs sceptiques sur l’efficacité de ce compromis dans la longue durée. Le conflit a déjà fait plus de 290.000 morts depuis 2011. La réalité habituelle en Syrie est inacceptable. L’économie syrienne a perdu 202,6 milliards de dollars entre le début du conflit en mars 2011 et fin 2014, soit près de quatre fois le PIB du pays. Le déficit budgétaire était de 35,7 % en 2013, de 40,5 % en 2014 et le ratio de couverture des importations par les exportations a dégringolé, passant de 82,7 % en 2010 à 29,7 % en 2014. De sa part, la devise ne cesse de flamber : il est passé de 50 LS pour un dollar avant le conflit à 340 LS à présent.

Parmi les milliers d’usines disparues, on peut citer celles des multinationales Nestlé et Total, cette dernière fabriquait des lubrifiants dans la région entre Damas et Homs. D’autres usines, notamment celles de la région industrielle d’Alep, l’ancienne capitale économique, ont été soit détruites, soit démantelées et réinstallées dans des pays comme la Turquie. Avant le conflit, le montant des réserves en divises était estimé à 21 milliards de dollars. Aujourd’hui, le même s’est effondré. L’État syrien a accru de façon remarquable sa dépendance financière vis-à-vis de ses principaux alliés: la Russie et l’Iran. En 2013, l’Iran a accordé à la Syrie 4,6 milliards de dollars, dont 3,6 milliards sous forme de facilités de paiement (uniquement consacrés aux importations de pétrole) et un milliard pour financer des importations diverses.

Qu’est-ce qu’il arrivera depuis mardi ? Une impasse de longue durée avec ces conditions sociales risque de faire perpétuer le conflit dont personne ne saurait plus prédire l’issue.

Antonio Torrenzano