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Le représentant des Nations Unies pour la Libye, Ghassan Salamé, a annoncé que la Conférence nationale libyenne sera reportée en raison du conflit qui est en train de se produire aux alentours de Tripoli parmi les milices du maréchal Khalifa Aftar et les forces de Fayez el-Sarraj. Les combats dans la Capitale libyenne auraient provoqué 56 morts et 266 blessés au cours des six derniers jours, a indiqué l’ONU qui continue de mobiliser ses équipes médicales pour venir en aide aux populations.

«Nous ne pouvons pas demander aux gens de participer à la conférence sur fond de coups de feu et de frappes aériennes», a déclaré Ghassam Salamé dans un communiqué dans lequel il a condamné l’attaque par l’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Haftar contre l’aéroport civil de Tripoli. Le Représentant spécial a précisé que l’ONU avait décidé de ne pas se précipiter et d’agir avec «prudence et responsabilité» face aux affrontements, «afin de ne pas gaspiller les opportunités historiques disponibles».

Ghassan Salamé a néanmoins souligné que la réunion, prévue pour la semaine prochaine, aura lieu «dans les meilleurs délais». De sa part, le secrétaire de l’ONU Antonio Guterres a précisé que les Nations Unies feront tout pour soutenir des efforts diplomatiques pour trouver une solution politique aux affrontements en cours. Depuis le 20 juin 2017, Ghassam Salamé est à la tête de la Mission des Nations Unies en Libye cherchant de débloquer une situation qui est pratiquement au point mort. En acceptant le poste, Ghassam Salamé avait conscience qu’il s’agissait d’une mission quasi impossible.

Aujourd’hui, le but de réunifier les institutions et redonner à la Libye un État solide est-il autant admissible ? Le plan d’action, appelé également «feuille de route», proposé par le représentant des Nations Unies pour la Libye est-il encore concevable ? Toute sortie de crise implique de satisfaire les besoins immédiats des Libyens : restaurer la sécurité des individus et des biens, démilitariser les milices, réduire les flux migratoires, reconstruire les institutions étatiques, relancer l’activité économique, retrouver un certain bien-être social et réduire la conflictualité des familles claniques libyennes en ce qui concerne leur ambition de gérer singulièrement le pouvoir.

À présent, le seul pacte qui demeure pour l’ONU par lequel démarrer un possible règlement de la crise serait l’Accord de Skhirat de 2015. Mais l’Accord de Skhirat a-t-il été un accord satisfaisant ? Les institutions qui en sont issues, ont-elles bien rempli leurs rôles ? Dans tous les cas, ni l’Accord politique de 2015 ni le plan d’action de 2017 de Ghassam Salamé ne permettront une sortie de crise. Même l’agenda du sommet de Paris du 29 mai 2018 est irréalisable parce que tous les acteurs libyens (Khalifa Haftar, Fayez el-Sarraj, Aguila Salah et Khaled al-Meshri) ont refusé de signer la déclaration finale avec le prétexte qu’il fallait se référer aux Assemblées avant de signer le pacte.

Pour le secrétaire des Nations Unies, la situation en Libye est «très dangereuse». Le même a également rappelé que seulement des solutions politiques pourront mettre fin aux affrontements en Libye. Il n’est ni irréaliste ni utopique de penser à un scénario alternatif de sortie de crise. Un canevas alternatif serait-il alors envisageable ? Une hypothèse alternative pourrait-elle être une nouvelle période de transition gérée par un exécutif provisoire constitué d’un triumvirat de trois représentants des trois régions historiques que sont la Cyrénaïque, la Tripolitaine et du Fezzan ?

Antonio Torrenzano

 

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L’attaque lancée par le maréchal Khalifa Haftar contre les autorités de Tripoli, gouvernement reconnu par la communauté internationale, n’est pas surprenante tant est l’obsession du maréchal de s’imposer comme le chef incontestable de la Libye. Galvanisé par ses anciens succès militaires, Khalifa Haftar, 74 ans, ne cache plus ses ambitions : être le nouveau Kadhafi.

Le maréchal a lancé son blitz sur Tripoli (opération militaire baptisée Libérer Tripoli) profitant de la situation d’instabilité politique qui prévaut depuis plus d’un mois en Algérie. Le militaire de l’Est libyen a donné l’ordre à ses milices de marcher sur la capitale avec le but de déclencher un nouveau conflit et le dominer. Depuis 2015, deux autorités se disputent le pouvoir en Libye : le gouvernement d’union nationale de Fayez al-Sarraj, établi fin 2015 en vertu d’un accord international parrainé par l’ONU et basé à Tripoli; une autorité rivale installée dans l’est du pays et contrôlée par l’Armée nationale libyenne (ANL) de Khalifa Haftar.

«L’heure a sonné», a déclaré jeudi 6 avril 2019, le maréchal Khalifa Haftar dans un message sonore publié sur la page Facebook de l’ANL, en dictant à ses troupes de brûler le pavé sur Tripoli où elles ne devaient épargner que les civils, les institutions de l’État et les ressortissants étrangers. La même soirée, l’officier Ahmad al Mesmari, le porte-parole du maréchal Khalifa Haftar, confirmait la nouvelle que les forces de l’ANL étaient aux portes de la capitale.

De sa part, le président du Conseil du gouvernement reconnu Fayez al Serraj ordonnait aux troupes loyales au GNA de se «tenir prêtes à faire face à toute menace». Des affrontements ont opposé ce vendredi une coalition de groupes armés loyaux au gouvernement d’union nationale aux forces de l’armée nationale libyenne (ANL) de Khalifa Haftar à une cinquantaine de kilomètres de la capitale Tripoli. Selon une source de sécurité du GNA, les combats se déroulent dans les régions de Soug al-Khamis, al-Saeh et Soug al-Sabt, à moins de 50 km au sud de Tripoli, un territoire fondamentalement de fermes agricoles. Le bureau média de l’ANL a confirmé des combats près de Tripoli. « Les forces armées et les soldats de toutes les régions de Libye sont actuellement engagés dans des affrontements violents à la périphérie de Tripoli contre les milices armées », a-t-il indiqué sur la page Facebook.

En tout cas, il s’agit des premiers combats qui nous donnent des informations claires sur les deux forces militaires depuis l’installation du GNA à Tripoli fin mars 2016. À l’échelle militaire, on ne sait pas si l’offensive a l’ambitionne à encercler la ville de Tripoli ou à entrer vraiment dans la capitale. Du côté du gouvernement internationalement reconnu, Fathi Bach Agha, ministre de l’Intérieur, a multiplié ses déclarations depuis ce jeudi. Il est en train d’accuser, sans le nommer, un pays arabe pour avoir donné le feu vert à cette offensive de Khalifa Haftar. Il y a moins d’une semaine, Khalifa Haftar avait été en Arabie saoudite. Il avait rencontré le roi Salman et le prince héritier. Même le président du conseil gouvernement d’union nationale de Fayez al-Sarraj contre la France.

Washington, Paris, Londres, Rome et Abou Dhabi ont réagi dans un communiqué commun, demandant à «toutes les parties» libyennes de faire baisser «immédiatement les tensions». Le Kremlin a pour sa part mis en garde la communauté diplomatique contre la possible «reprise du bain de sang» en Libye. Moscou a appelé tous les acteurs politiques du pays à un règlement «pacifique et politique» du conflit. «Nous estimons indispensable de poursuivre tous les efforts possibles pour une résolution complète de la situation avec des moyens politiques et pacifiques», a déclaré le porte-parole Dimitri Peskov qui insiste sur le fait que Moscou ne participe «d’aucune manière» au soutien militaire des troupes du maréchal Khalifa Haftar, même s’il a été reçu à Moscou en 2017 par le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Cette escalade des tensions intervient 10 jours avant la tenue de la Conférence nationale libyenne sous l’égide des Nations Unies, du 14 au 16 avril, appelées à dresser une feuille de route pour sortir le pays du chaos.

En visite en Libye, le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, s’est dit jeudi préoccupé par le risque de confrontation. «Je suis profondément préoccupé par les mouvements militaires en Libye et le risque de confrontation. Il n’y a pas de solution militaire. Seul le dialogue intra-libyen peut résoudre les problèmes », a dit Antonio Guterres sur son compte Twitter. « Je quitte la Libye avec une profonde inquiétude et un coeur lourd », a ensuite déclaré le secrétaire des Nations Unies à l’aéroport, « espérant toujours possible d’éviter une confrontation sanglante à Tripoli et ses environs». Réunis vendredi en France, les ministres des Affaires étrangères des sept pays les plus industrialisés (G7) ont exhorté «tous les acteurs à stopper immédiatement tous les mouvements militaires vers Tripoli, qui entrave les perspectives du processus politique mené par l’ONU».

Le maréchal Khalifa Haftar jusqu’où ira-t-il ? Si certains voient en lui un nouveau Muammar Kadhafi, il n’en a pas moins le soutien de l’entière communauté internationale, même si lui bénéficie de solides soutiens à l’étranger. L’homme fort de la Cyrénaïque s’imposera-t-il sur la chaotique scène politique libyenne ? Né en 1943, dans la ville d’Ajdabiya, dans l’est, le jeune Khalifa entre à l’Académie militaire royale à 20 ans. Il y fait la connaissance de Muammar Kadhafi. Ensemble, ils trament le coup d’État qui, dans la nuit du 31 août au 1er septembre 1969, met à la porte le roi Idris Ier et installe Kadhafi à la tête du pays.

En 1978, Kadhafi envoie Khalifa Haftar suivre une formation militaire à Moscou. Huit ans plus tard, l’ancien chef libyen lui confie la délicate conquête de la bande d’Aozou, aride langue de terre à l’extrême nord du Tchad. L’opération militaire est un échec. L’armée du président tchadien Hissène Habré,soutenue par les forces françaises, anéantit le corps militaire libyen. Le maréchal Haftar est capturé avec plusieurs centaines d’hommes. Humilié, Kadhafi l’abandonne à son sort. Son ancien compagnon d’armes restera au Tchad soutenu par la CIA américaine jusqu’à l’arrivée au pouvoir d’Idriss Déby, nouveau président tchadien soutenu par Mouammar Kadhafi.

Avec Idriss Déby, Khalifa Haftar est déclaré persona non grata. Les services secrets USA le rapatrient vers les États-Unis et l’installent dans une petite ville de la Virginie occidentale. Là-bas, Khalifa Haftar demeurera vingt ans. Haftar, l’homme des Américains ou l’homme de tous les services secrets ? Cette réputation lui colle à la peau lorsqu’il rentre en Libye en 2011 et soutient l’insurrection anti-Kadhafi. Il prend la direction des combats contre les troupes du Raïs, mais il se retrouve englué dans des luttes de pouvoir. L’Histoire aurait pu s’arrêter là, mais Khalifa Haftar est très habile et il connait très bien les alchimies précaires du chaos libyen.

Antonio Torrenzano

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Depuis huit ans, la Syrie bascule encore dans un conflit sanglant et une tragédie humaine aux dimensions colossales. Déclenché en 2011 par la répression de manifestations pacifiques par le régime de Bachar el-Assad, le conflit syrien s’est accentué au fil des années avec l’implication de pays étrangers et de groupes djihadistes. Le conflit syrien a également provoqué «la plus grande crise humanitaire que le monde ait connue depuis la Seconde Guerre mondiale», selon l’expression-choc des Nations Unies.

En huit ans, le conflit a fait plus de 380.000 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme. Le conflit a également fait 6,1 millions de déplacés à l’intérieur de Syrie et 5,6 millions de réfugiés dans les pays voisins surtout au Liban, en Jordanie, en Irak et en Turquie selon les données statistiques du HCR. Mais, il faudra de même recenser les centaines de milliers de Syriens qui ont afflué en Europe fuyant la guerre. À ce terrible bilan humain, il y a pareillement la désastreuse situation économique du pays. Dans un ancien rapport financier de 2017 sur la Syrie, la Banque Mondiale estimait que le coût des pertes dues à la guerre était 226 milliards de dollars (183 milliards d’euros), c’est-à-dire l’équivalent de quatre fois du produit intérieur brut (PIB) d’avant le conflit. Selon le même organisme économique international, le conflit aurait fait revenir trois décennies en arrière l’économie syrienne. Sur le terrain, la situation humanitaire demeure ordinairement complexe.

Pour la plupart des familles syriennes, le cauchemar des bombardements et des coups de feu incessants est terminé. Le gouvernement a repris le contrôle d’une bonne partie du pays, sauf pour ce qui est d’un dernier bastion de l’opposition autour d’Idlib. Ceux qui ont d’une manière ou d’une autre survécu aux obus et aux snipers doivent à présent survivre dans une paix incertaine. La ville d’Alep est par exemple un tas de ruines et il faudra au moins une génération pour la reconstruire. La ville qui détenait en son sein l’un des plus fabuleux bazars de la Route de la soie est maintenant exempte de couleurs. Une route réduite kilomètre après kilomètre en miettes de ciment gris.

Le chef de l’humanitaire des Nations Unies, Mark Lowcock, a prévenu le Conseil de sécurité de l’ONU que des millions de Syriens vivant sous des tentes ou dans des bâtiments dévastés par la guerre ils ont besoin d’assistance. Avec les munitions non explosées qui jonchent encore le sol, seules les rues principales sont sûres, en particulier dans les zones à l’est, qui ont le plus payé le tribut des bombardements. L’ONU considère que la situation est trop risquée pour un retour chez eux des réfugiés. Dans toute la Syrie, trois écoles sur dix et la moitié des centres de soins sont fermés. Huit ans après le début du conflit syrien, le secrétaire général Antonio Guterres a lancé un appel urgent à tous les acteurs du conflit.

Tout d’abord, respecter leurs engagements et l’accord de cessez-le-feu conclu sur Idlib. «Les opérations de lutte contre le terrorisme ne peuvent pas outrepasser la responsabilité de protéger les civils. Un cessez-le-feu à Idlib est une étape nécessaire pour ouvrir la voie à un cessez-le-feu à l’échelle nationale», a-t-il dit. Le secrétaire général a ensuite souligné que quelconque opération militaire envisagée, planifiée ou exécutée par un acteur doit pleinement respecter le droit international humanitaire et faire en sorte que les droits de l’homme soient protégés. «Des civils innocents, en majorité des femmes et des enfants, ont payé le prix fort dans ce conflit en raison du mépris flagrant du droit international humanitaire et des droits de l’homme», a-t-il déploré.

Le chef de l’ONU a également appelé à tous les acteurs de la guerre à garantir un accès humanitaire durable en Syrie alors que 11,7 millions de personnes ont besoin de protection et d’assistance. Le secrétaire des Nations Unies a enfin réitéré son soutien entier au nouvel envoyé spécial, Geir Pedersen, pour faciliter un processus de paix et politique dirigé et contrôlé par les Syriens afin de mettre en œuvre la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité et le communiqué de Genève de juin 2012.

Pour le chef de l’ONU, la communauté internationale a «l’obligation morale et l’impératif politique» d’encourager les Syriens à s’unir autour d’une vision commune pour leur avenir. Un avenir «qui protège les civils, allège les souffrances, prévient la poursuite de l’instabilité, s’attaque aux causes profondes du conflit et crée enfin une solution négociée crédible», a-t-il dit. En Syrie, toutefois, après huit ans de guerre, la situation reste une catastrophe très compliquée.

Antonio Torrenzano

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Au Yémen, une catastrophe humanitaire est en train de déchirer la population. Sur un pays de 27 millions d’habitants, 14 millions d’individus ont besoin d’une aide alimentaire urgente et ils pourraient bientôt se retrouver au bord de la famine. Depuis 2017, la catastrophe est devenue encore plus pressante pour une épidémie de choléra, conséquence directe de la dégradation des conditions de vie, qui a infecté plus de 1,1 million d’individus selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

La guerre civile qui a eu son début en 2014 parmi les communautés chiites Houthis et les partisans d’Abd Rabbo Mansour Hadi, le président du pays, qui vit en exil en Arabie Saoudite, a été une de principales conséquences de cette ruine. À présent, le conflit a fait quelque 10 000 morts selon le dernier bilan des Nations Unies et plus de 1,8 million d’enfants font face à un risque sévère de famine. Aujourd’hui, l’impact de la guerre touche particulièrement les enfants et les femmes, qui meurent de faim et de maladie alors que des camions remplis de vivres sont bloqués dans le port d’Hodeïda depuis plusieurs jours. Selon l’UNICEF, 400 000 enfants souffrent de malnutrition aiguë sévère.

Pour le directeur de la région arabe au Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), Luay Shabaneh, «le manque de nourriture, les déplacements, la malnutrition, les épidémies et l’érosion des soins de santé ont lourdement affecté la santé et le bien-être de 1,1 million de femmes enceintes provoquant de nombreux cas de bébés prématurés ou ayant un faible poids». Un porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM) à Genève, Hervé Verhoosel, a rappelé mercredi passé que le Yémen est à présent la plus grande crise alimentaire dans le monde. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a lancé un appel à l’arrêt des combats au Yémen, parlant d’un “pays au bord du gouffre”.

Depuis trois ans et demi de conflit, la situation au Yémen est désastreuse. Les pillages et les assassinats sont des histoires quotidiennes dans le pays. Exactions et crimes de guerre, de la part de tous les belligérants, sont désormais devenus conformes à des normes de brutalité établie. La pauvreté croissante est visible partout et, au cours de ces dernières trois années, le conflit n’a montré aucun signe d’apaisement. Sur cette guerre à huis clos, la communauté diplomatique a révélé son échec autant qu’une grande partie du monde occidental qui méconnait cette disgrâce.

Antonio Torrenzano

À lire également : “Yémen : voyage aux racines de la guerre”, Carnet Hic et Nunc, août 2018, http://e-south.blog.lemonde.fr/2018/08/14/yemen-voyage-aux-racines-de-la-guerre/

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L’émissaire des Nations Unies pour la Syrie Staffan de Mistura quittera son poste à la fin novembre. Après quatre ans et quatre mois de tentatives infructueux pour mettre fin au conflit, Staffan de Mistura a choisi pour des «raisons purement personnelles» de quitter son poste. Une solution politique à l’inextricable conflit syrien reste dans ces conditions très faible.

Stafan de Mistura avait succédé en 2014 à Lakhdar Brahimi. Le diplomate italo-suédois âgé de 71 ans a été le troisième diplomate à avoir occupé ce poste pendant le conflit en Syrie qui dure depuis plus de sept ans. Ses prédécesseurs ont été l’ancien secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, et le diplomate Algérien Lakhdar Brahimi. Le représentant de l’ONU sera reçu une dernière fois à Damas la semaine prochaine; la rencontre devrait avoir pour objet le début des travaux du Comité chargé de rédiger une nouvelle Constitution syrienne. Ce Comité, dont la création avait été décidée en janvier 2018 lors d’une réunion à Sotchi, devrait travailler sur une réforme juridique des lois fondamentales qui détermineraient l’organisation et les fonctions du nouveau gouvernement syrien.

Les Nations Unies considèrent que dans ce processus subsiste un élément clé pour trouver une solution politique au conflit. À ce jour, et après trois révisions, une liste de 50 noms de personnalités a été publiée pour faire partie de ce comité constitutionnel «impartial, équilibré et inclusif », a souligné Staffan de Mistura dans un exposé devant membres du Conseil de sécurité de l’ONU. Les Nations Unies ont en outre veillé à ce que tous les religions, groupes claniques et ethnies soient représentés. Au titre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, l’ONU a également insisté pour que la liste compte un minimum de 30% de femmes.

Staffan de Mistura restitue son mandat d’émissaire pour le dossier syrien au moment où la destinée de la province d’Idlib, le dernier bastion aux mains des insurgés et des djihadistes, est suspendue à un fragile accord de cessez-le-feu dicté par Moscou avec le concours de la Turquie. Dans cette dernière étape, l’ONU n’aura été que spectatrice de cet arrangement politique, dont l’avenir dira s’il offre des solutions réelles.

Antonio Torrenzano

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Sept ans de guerre, plus de 365 000 morts, des millions de déplacés, de réfugiés dans d’autres Pays, mais pas encore le signe d’une paix durable à l’horizon en Syrie. Sur le terrain, le conflit est presque gagné par le gouvernement de Damas et ses alliés, mais les solutions politiques de stabilisation du pays et même de la région restent encore une abstraction, une simple image.

Avant 2011, la province d’Idlib – 100 kilomètres sur 60, adossés à la frontière turque – comptait moins de 900 000 habitants. Aujourd’hui, ils sont près de 3 millions d’individus, regroupés de gré ou de force au fil des défaites, à demeurer dans la région. Dans cette terrible affaire, la reconquête d’Idlib, qui oppose forces syriennes et Russes, avec des milices iraniennes, aux djihadistes du Hayat Tahrir al-Cham, fait revivre toutes les réminiscences causées par les batailles d’Alep, de la Ghouta, de Raqqa, de Deraa.

Dans ces derniers jours, le spectacle de la peur des civils cernés dans l’enclave rebelle de la région d’Idlib était devenu une nouvelle fois d’illustration supplémentaire de l’échec de la diplomatie internationale dans ce conflit. « Un échec flagrant de la diplomatie et des organisations internationales, mais aussi des organisations régionales, comme la Ligue arabe. En Syrie – selon le professeur Ziad Majed – tout ce qui a été construit depuis la Seconde Guerre mondiale en matière de droits, de conventions, et de mécanismes de condamnation et de jugement sera désormais plus que jamais remis en question».

Une incapacité de la politique internationale qui peut être également analysée de manière chronologique par l’incapacité des Nations Unies à peser sur le cours des événements syrien. En août 2012, Kofi Annan est le premier à jeter l’éponge, six mois après sa désignation comme représentant spécial de l’ONU pour la Syrie. «La militarisation croissante sur le terrain et le manque d’unanimité au Conseil de sécurité – déclara l’ancien secrétaire – m’empêchent de travailler pour la paix et ils changent mon rôle». Le successeur, Lakhdar Brahimi, fin diplomate onusien, ancien constructeur de l’accord de Taëf qui mit fin à la guerre civile libanaise en 1989, fera le même. Après avoir organisé début 2014 les premières négociations directes entre gouvernement syrien et opposition politique à Genève, quelques mois plus tard Lakhdar Brahimi jettera l’éponge pour l’impossibilité de dialogue et la volonté à négocier parmi les deux acteurs.

En 2017, le troisième émissaire onusien Staffan de Mistura parviendra pour la première fois à faire accepter aux différentes parties une feuille de route, mais les pourparlers de Genève s’arrêtent sur la destinée du président Syrien Assad. Certes, la militarisation du conflit a empêché à la diplomatie internationale en Syrie de trouver de manière rapide de voies pour la paix. Milliers de combattants, de milliers de tonnes d’armes ont afflué de toutes parts sur le théâtre syrien devenu un conflit mondial. Aujourd’hui, dans ce contexte ultra morcelé, la Russie tente à son tour de traduire sa victoire militaire en succès diplomatique. Vladimir Poutin réussira-t-il dans son entreprise ?

Antonio Torrenzano

 

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Le Kremlin a signé lundi un pacte avec le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan pour créer une «zone démilitarisée» à Idleb sous contrôle russo-turc permettant d’éviter une offensive militaire dans le dernier bastion rebelle. La province d’Idleb est contrôlée à 60% par le groupe djihadiste, Hayat Tahrir al-Cham, composé notamment de l’ex-branche d’Al-Qaïda en Syrie et considéré comme un groupe terroriste par Ankara et par Moscou.

Dix jours après l’échec du sommet de Téhéran, où leurs divergences étaient apparues inconciliables, les deux chefs d’État, dont les pays sont des acteurs-clefs du conflit syrien, se sont entretenus pendant plus de quatre heures à huis clos dans la station balnéaire de Sotchi, sur la mer Noire.

«Nous avons décidé de créer le long de la ligne de contact à partir du 15 octobre de cette année une zone démilitarisée de 15-20 kilomètres de large», a déclaré le président Vladimir Poutin après la rencontre. Cette zone sera surveillée par les forces turques ainsi que par la police militaire russe, a-t-il précisé, tandis que toutes les armes lourdes devront en avoir été retirées d’ici au 10 octobre. Selon le président russe, cette négociation a été «une solution sérieuse» permettant «d’avancer dans la résolution du problème».

«Je suis convaincu qu’avec cette entente, nous avons évité qu’une grande crise humanitaire ne se produise pas à Idleb», a pour sa part déclaré Tayyip Erdogan lors de la conférence de presse qui est suivie la rencontre entre les deux chefs d’État. Même pour Ankara, les objectifs politiques recherchés par le compromis avec Moscou étaient multiples : parvenir à neutraliser le groupe Hayat Tahrir al-Cham tout en évitant le lancement d’une vaste offensive; éviter un nouvel afflux de réfugiés syriens provoqué par cette nouvelle offensive.

Téhéran a salué le pacte russo-turc de manière favorable. Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Bahram Ghassemi, a assuré que l’Iran était «déterminé à résoudre la question d’Idleb de façon à ce que la population ne souffre pas et qu’il n’y ait pas de victimes».

Antonio Torrenzano

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Selon une enquête des Nations Unies, plus de 7 000 enfants sont morts depuis le début du conflit en Syrie en mars 2011. Et il ne s’agit que des cas qui ont pu être vérifiés. D’autres données – pas encore vérifiées – affirment au contraire que les victimes seraient plus 20.000 parmi les enfants, a souligné Virginia Gamba, la Représentante du secrétaire général de l’ONU pour les enfants dans les conflits armés. En Syrie, un dispositif de surveillance relative aux enfants en situation de conflit a été créé en 2013.

Devant le Conseil de sécurité, Virginia Gamba a indiqué que les attaques contre les écoles et les centres médicaux ont été l’une des caractéristiques persistantes du conflit en Syrie. Depuis le début de l’année, plus de 60 écoles ont été assaillies et plus de 100 assauts ont été menés contre des hôpitaux et des centres médicaux. Une école sur trois serait hors d’usage. D’autres établissements scolaires durement endommagés, détruits ou utilisés comme abri pour des engins militaires. Les Nations Unies estiment que 2,1 millions d’enfants ne sont pas scolarisés en Syrie.

« Je suis profondément troublée par les histoires des enfants nés et élevés pendant le conflit, des enfants qui n’ont jamais vu la paix en Syrie », a déclaré Virginia Gamba. « Nous pouvons imaginer que ces enfants se trouvent dans une situation de détresse psychosociale sévère. Ils ne savent pas la signification de la parole Paix […]. La communauté internationale doit donner la priorité au financement et à la fourniture d’une éducation de qualité pour tous les enfants à tous les niveaux, de premières étapes du développement de l’enfant à la formation professionnelle pour les jeunes », a dit encore la représentante onusienne.

Pour Virginia Gamba, les enfants syriens doivent être traités comme des victimes des violations du droit international. Il est important, a indiqué la représentante des Nations Unies, que le Conseil de sécurité assure que les enfants ne soient plus l’objet de violations de leurs droits. Les parties au conflit doivent prendre des mesures immédiates, concrètes et effectives pour prévenir les pertes subies par les enfants pendant la conduite des hostilités.

Antonio Torrenzano

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L’armée syrienne a hissé jeudi 12 juillet son drapeau national dans le secteur rebelle de la ville de Deraa, l’agglomération de la révolte contre Bachar Al-Assad en 2011. Les rebelles syriens ont remis au régime de Damas leurs armes lourdes dans le cadre de l’accord conclu le 6 juillet 2018 et parrainé par Moscou.

Les rebelles ont déposé les armes en acceptant le pacte offert par la Russie, qui a permis à ceux qui le souhaitent d’évacuer. La destruction systématique des quartiers rebelles à Alep-Est et dans la Ghouta orientale a eu un effet escompté : inutile de se battre en épargnant la population civile. Par l’action militaire de Russie et Iran en tête, le président Bachar el-Assad gouverne désormais plus de 68% du pays. La région méridionale de Deraa était très importante pour Damas, car elle confine avec la Jordanie et sa frontière et elle était une plaque tournante pour les échanges commerciaux de la Syrie.

Les rebelles ont perdu le conflit et le président Bachar el-Assad va rester au pouvoir. Le régime contrôle désormais la majorité du territoire et presque la totalité des frontières avec le Liban, la Jordanie et l’Irak. À présent à l’échelle diplomatique, le principal défi ne sera plus de discuter prioritairement du maintien ou non de Bachar el-Assad au pouvoir ou de faire de la lutte contre le terrorisme le principal pari de cette guerre. La priorité absolue de prochains pourparlers sera celle de trouver des solutions politiques définitives au conflit syrien.

Après Deraa, les négociations ne seront plus avec les rebelles, mais avec les puissances régionales et les Occidentaux impliqués dans cette guerre. Cet enjeu deviendra primordial pour le régime de Damas. La reprise des territoires de l’Est syrien – essentiel à la survivance économique du régime – contrôlé par les Kurdes et sous protection américaine, devra se faire en passant par des négociations diplomatiques. Le même processus concernera la province d’Idleb (la dernière aux mains des rebelles), et le nord-ouest du pays, où l’armée turque est déployée.

Surement, ce dossier a été l’un des principaux sujets de discussion du sommet entre Donald Trump et Vladimir Poutine à Helsinki le 16 juillet. Mais aux prochains pourparlers, autour de la table sous le parrainage russe, les puissances régionales et les Occidentaux devront accepter les conditions de Moscou pour un retour à la normalisation.

Antonio Torrenzano

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Depuis deux semaines, le régime syrien conduit une imposante offensive contre les rebelles dans la province de Deraa, dans le sud du pays. Selon l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), plus de 300 000 individus auraient fui leurs foyers depuis le 19 juin et les mêmes auraient, pour la plupart, trouvé refuge près des frontières avec la Jordanie.

«La plupart vivent dans des conditions de précarité et d’insécurité […], dont environ 60 000 personnes qui demeurent au point de passage frontière avec la Jordanie à Nasib/Jaber», a précisé le Haut-Commissaire Filippo Grandi. À l’intérieur de la Syrie, la plupart des personnes déplacées sont contraintes de vivre en plein air ou dans des abris de fortune, « bien que les communautés locales de la région aient ouvert leurs portes pour accueillir un grand nombre de personnes déracinées  […]. Un grand nombre de femmes et d’enfants se trouvent parmi les personnes déracinées, ainsi que des personnes âgées, des blessés et des malades», a fait remarquer Filippo Grandi. Pour le Haut-Commissaire, « les hostilités dans la région frontalière syro-jordanienne constituent un risque vital et ne laissent pas d’autre choix que de rechercher la sécurité en Jordanie voisine ».

«La protection, la sécurité et la sûreté des civils ainsi que celles des travailleurs humanitaires sont cruciales », note le UNHCR qui ajoute qu’il s’agit d’un principe fondamental en vertu du droit international humanitaire qui doit être garanti par toutes les parties au conflit et par la communauté internationale. De sa part, le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres a apporté son complet appui aux déclarations faites par Filippo Grandi. António Guterres a appelé toutes les parties au conflit à faire cesser les hostilités afin de permettre aux agences humanitaires de se dédier au secours des blessées et des réfugiés. Même si la priorité absolue reste à tout instant la même : celle de trouver une solution politique au conflit syrien et d’épargner de nouvelles souffrances aux civils.

Antonio Torrenzano