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réunion_vienne_sur_la_syrie_imageLe Groupe international de soutien à la Syrie s’est réuni aujourd’hui à Vienne afin de rétablir un possible cessez-le-feu et permettre à l’aide humanitaire de parvenir aux zones assiégées du Pays. La réunion avait également pour but celui d’inciter les groupes d’opposition à reprendre les pourparlers de Genève. La réunion avait trois objectifs : un cessez-le-feu permanent, un Aide humanitaire garanti à la population en difficulté, la mise en place d’une transition politique.

La communauté diplomatique réunie à Vienne pour sauver les pourparlers de paix en Syrie n’a pas pu avancer des calendriers pour la reprise des négociations, mais elle espère établir un cessez-le-feu durable. Les chefs de principales diplomaties ont réaffirmé encore leur volonté de s’engager à poursuivre les discussions intersyriennes, interrompues au mois d’avril, mais ils ont reconnu qu’aucun rendez-vous n’était en vue.

Ils se sont même montrés moins fermes sur la date butoir du 1er août pour entreprendre une transition politique dans ce pays en guerre depuis 2011. “Une date exacte ? Je n’en dis rien pour le moment“, a commenté l’émissaire de l’ONU pour la Syrie Staffan de Mistura, à l’issue de la réunion. “Des pourparlers intersyriens seront crédibles quand la cessation des hostilités sera crédible et que des progrès crédibles auront été réalisés sur le plan humanitaire“, a-t-il ajouté. Pour le Secrétaire d’État américain, le calendrier de négociation qui prévoit la mise en place au 1er août d’un organe syrien de transition politique prévu par une résolution des Nations Unies est un “objectif” et pas “une date-butoir“, a-t-il dit.

Le conflit reste donc un enjeu complexe. La guerre voit sur le terrain de multiples protagonistes rivaux qui cherchent à rejoindre leurs intérêts politiques. Le tout dans un contexte de profondes divisions internationales et de la montée en puissance – encore une fois – des groupes jihadistes DAECH et Al-Nosra qui échappent à tout contrôle. Sergueï Lavrov a accusé certains membres du GISS de s’opposer à des frappes sur le Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda, qui n’est pas partie prenante à la trêve . “Cela signifie que Al Nosra est considéré comme un moyen de contenir le régime actuel. C’est un développement dangereux“, a-t-il averti. Depuis le début de la révolte contre le régime de Damas en mars 2011, la guerre a fait plus de 270.000 morts et catapulté sur les routes des millions de personnes au Moyen-Orient et en Europe.

Antonio Torrenzano

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palais_nations_nations_unies_genève_image_2016Les prochaines négociations de paix sur la Syrie devraient reprendre le 9 ou 10 avril 2016, l’a déclaré l’envoyé spécial pour la Syrie Staffan de Mistura à la fin de la première session de discussions indirectes entre le régime et l’opposition au Palais des Nations de l’ONU à Genève. Les nouveaux attentats de Bruxelles ont rappelé l’urgence de parvenir à une solution négociée en Syrie, avait déjà souligné Staffan de Mistura à Genève. La tragédie de Bruxelles souligne une nouvelle fois “que nous n’avons pas de temps à perdre“, a estimé l’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, pour qui “il faut éteindre le feu” dans ce pays.

Les discussions indirectes sont flexibles (…), mais la date cible est le 9 avril. Ou le 10. Peut-être le 11, selon les arrivées”, a déclaré le représentant de l’ONU lors d’une conférence de presse. Les représentants du régime de Damas avaient demandé une reprise du dialogue après les élections parlementaires que le gouvernement syrien organise le 13 avril 2016. Cinq membres de la délégation sont candidats à ce scrutin, dont l’annonce en février par le président Bachar al-Assad avait été perçue comme un revenir sur ses paroles de la part de la communauté internationale.

Si les gens arrivent le 13 ou le 14, ils seront les bienvenus, a dit Staffan de Mistura. Mais nous commencerons à parler à la date fixée qui, à mon avis, ne peut pas être plus tard que le 9 ou le 10 avril. Pendant une dizaine de jours, le diplomate a fait la navette entre les délégations du régime et de l’opposition dans l’espoir de trouver une issue politique à la guerre en Syrie, qui a déjà fait plus de 270.000 morts. La première séance n’a pas permis d’entrer concrètement dans les négociations compte tenu de l’insistance du régime à discuter de grands principes, comme la lutte contre le terrorisme ou l’intégrité territoriale du Pays. Douze points généraux ont été identifiés comme des points de convergence pour poursuivre les dialogues, mais pas d’avancée sur la transition politique.

Les 12 points portent sur le respect de l’intégrité territoriale, la non-interférence d’autres pays, la protection des différentes identités culturelles ou encore la représentation de 30% de femmes dans les institutions qui devront bénéficier d’une continuité. Les mêmes reprennent aussi l’objectif de la résolution du Conseil de sécurité, soit un gouvernement de transition dans les six mois, une nouvelle Constitution et des élections dans les 18 mois. Une armée nationale unifiée est prévue dans les 12 points de Staffan de Mistura autant que d’actions contre le terrorisme et le retour des réfugiés et des déplacés. En ce qui concerne le côté financier, des réparations devront être attribuées et une conférence de donateurs devra permettre le développement du pays.

Depuis un mois, malgré quelques incidents, la trêve est globalement respectée. Moscou concentre ses bombardements désormais uniquement sur les cibles de DAECH. Une situation qui a permis à l’armée syrienne d’entrer jeudi dans la ville de Palmyre contrôlée par les djihadistes.

Antonio Torrenzano

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staffan_demistura_genève_mars2016_imageAprès cinq années de conflit en Syrie, des « pourparlers de proximité » ont repris à Genève entre les représentants du gouvernement et de l’opposition politique. S’exprimant devant les journalistes lors d’une conférence de presse dans la ville suisse, le jour du cinquième anniversaire du conflit syrien, l’envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, avait déclaré que la reprise des pourparlers de paix inter-syriens était « un moment de vérité » et que la seule autre alternative possible aurait été un retour « à une guerre encore pire que celle que nous avions jusqu’à présent ». Plus de 270.000 personnes ont péri depuis le début de la guerre en Syrie, le 15 mars 2011.

Des représentants d’une partie des insurgés et du régime syrien mènent depuis une semaine un premier round de négociations indirectes à Genève avec l’émissaire des Nations Unies pour la Syrie. Les pourparlers se déroulent dans des salles séparées avec représentants du régime et de l’opposition. Cette première semaine a été l’occasion pour les deux camps de marquer leur territoire. Le régime a ouvert les hostilités. Avant même l’arrivée de ses représentants en Suisse, Damas a posé ses conditions : pas question d’envisager l’avenir de la Syrie sans Bachar el-Assad. Réponse presque immédiate de l’opposition : Bachar el-Assad quittera le pouvoir. Durant une semaine, l’émissaire de l’ONU a joué les équilibristes. Chaque délégation a été reçue trois fois, jamais en même temps puisque les deux parties refusent les discussions directes à présent. Ces nouveaux pourparlers sont en train de se concentrer sur les questions de gouvernance, y compris l’adoption d’une nouvelle Constitution en Syrie et la tenue d’élections. Le problème pour l’opposition reste toujours le même : l’avenir de la Syrie sans le président Assad.

L’orchestrateur de ces discussions a toujours déclaré que «la mère de toutes les questions» était de trouver un accord sur une transition politique conformément au processus de paix adopté par l’ONU. Les Syriens qui ont cherché refuge dans les pays voisins observent avec attention de l’évolution de ces négociations diplomatiques pour une solution politique et un possible retour dans leur pays.

Antonio Torrenzano

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deuxième_reunion_vienne_imageLa capitale autrichienne a accueilli aujourd’hui le deuxième sommet sur la crise syrienne en regroupant une vingtaine de pays. D’une part la Russie et l’Iran, alliés du régime de Damas; de l’autre les États-Unis, les pays du Golfe, l’UE. La réunion s’est déroulée après les attentats de Paris par un groupe de terroristes qui a dirigé son regard barbare sur six endroits de la capitale française.

Les grandes puissances se sont entendues sur un calendrier de transition politique en Syrie en proie à des combats sanglants depuis quatre ans et demi. Ces événements ont accru la détermination à aller de l’avant durant ce deuxième round de négociations. Ni le régime syrien ni ses opposants n’étaient pour l’instant présents à Vienne. Avant le début des négociations, qui ont duré presque sept heures, les représentants des dix-sept pays et trois organisations internationales, réunies autour des chefs des diplomaties américaine et russe, avaient appelé tout le monde à surmonter leurs divergences pour renforcer la lutte contre le terrorisme. Les attaques terroristes de Paris ont été donc un coup d’accélérateur en ce qui concerne les négociations.

Cette deuxième réunion internationale a été précédée par la déclaration du secrétaire d’État américain John Kerry, qui avait sous-entendu l’idée d’un possible règlement politique. «Je ne peux pas vous dire […] que nous sommes au seuil d’un accord complet. Non. Il reste beaucoup de travail à faire», avait reconnu John Kerry qui a réagi aux attentats commis à Paris en déclarant : «Les actes odieux et abominables commis en France ne feront que renforcer notre détermination commune».

Le communiqué final publié après la réunion met entre parenthèses les sujets de tension pour insister sur les points d’accord. C’est-à-dire, le rencontre d’ici le 1er janvier parmi les représentants de l’opposition syrienne et du régime de Damas, formation d’un gouvernement de transition dans les six mois, organisation d’élections d’ici 18 mois : une feuille de route très précise. Le Groupe international de soutien à la Syrie « est tombé d’accord sur la nécessité de réunir le gouvernement syrien et des représentants de l’opposition pour des négociations formelles, sous les auspices de l’ONU, dès que possible, avec l’objectif du 1er janvier prochain».

«Nous avons toujours des divergences concernant ce qu’il doit advenir de Bachar al-Assad», a souligné le Secrétaire d’État américain John Kerry lors d’une conférence de presse aux côtés de son homologue russe Sergueï Lavrov et du représentant des Nations Unies pour la Syrie Staffan de Mistura. La Russie comme l’Iran s’opposent en effet aux États-Unis et à leurs alliés en ce qui concerne les groupes syriens qui devront être qualifiés ou non caractérisés comme de “terroristes” et ceux qui pourront être considérés comme appartenant à l’opposition.

La Jordanie sera chargée de «coordonner une liste commune de groupes terroristes» sous l’égide du Conseil de sécurité de l’ONU à partir des propositions des différents participants, a expliqué Serguei Lavrov. Le consensus a été en revanche sans réserve sur la nécessité de coordonner la lutte internationale contre le terrorisme et écraser Daech.

Antonio Torrenzano

 

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syrie_sommet_de_vienne_imageLes principaux acteurs diplomatiques internationaux du dossier syrien, dont les États-Unis, la Russie et les deux puissances régionales Iran et Arabie Saoudite se sont réunis aujourd’hui à Vienne afin de trouver la possibilité d’un règlement politique du conflit qui fait rage depuis plus de quatre ans. Contrairement à Genève 2, les Syriens du régime et de l’opposition ont été absents des discussions de Vienne.

Le carnet des deux jours de rencontre a été très chargé. John Kerry avait rencontré jeudi son homologue iranien Mohammad Javad Zarif pour un premier entretien, après le russe Sergueï Lavrov. Ensuite, les chefs des diplomaties américaine, russe, turque et saoudienne, se sont vus jeudi soir. Sergueï Lavrov, John Kerry, leurs homologues saoudiens Adel al-Jubeir et turc Feridun Sinirlioglu ont discuté à quatre, à la veille de la rencontre plénière. Pour le secrétaire d’État américain, la réunion de Vienne devait être «l’occasion la plus prometteuse de trouver une ouverture politique». Un premier round de discussions, c’était déjà déroulé la semaine dernière à Vienne entre les ministres des Affaires étrangères américain, russe, saoudien et turc.

La rencontre d’aujourd’hui s’est déroulée dans un grand hôtel de la capitale autrichienne. La réunion a été élargie ce matin à une vingtaine de diplomaties occidentales et du Moyen-Orient, avec notamment la présence de représentants chinois, libanais et égyptiens, des ministres des Affaires étrangères français Laurent Fabius, britannique Philip Hammond, allemand Frank-Walter Steinmeier, ainsi que l’Italienne Federica Mogherini, qui dirige la diplomatie européenne. L’Iran, allié du régime de Damas, a participé aux discussions pour la première fois. L’Iran, qui avait été tenu à l’écart de toutes les réunions menées ces dernières années, notamment les conférences de Genève 1 et 2 en juin 2012 et janvier-février 2014, a participé pour la première fois à la réunion. La participation iranienne signe le retour de Téhéran dans la communauté internationale.«Nous avons enfin réussi à rassembler autour de la même table tout le monde sans exception», s’était félicité Sergueï Lavrov.

Barack Obama ne cesse de le répéter : seule une solution politique permettra la fin du conflit syrien. Pour Téhéran et Moscou, l’insistance des Occidentaux à voir partir Bachar el-Assad est une aberration. Les deux alliés de Damas, au contraire, affirment qu’il revient au peuple syrien de déterminer l’avenir de leur président. «Si l’on table sur un changement de régime et si l’on se focalise sur une personne en particulier, comme cela a été le cas en Irak et en Libye, on sait comment cela se termine… une grave crise dans ces deux pays», a déclaré Sergueï Lavrov.

Pour le Qatar, la Turquie et l’Arabie saoudite (qui constituent l’axe sunnite), le départ d’Assad est une condition non négociable. Ces trois pays sont les principaux pourvoyeurs d’armes des insurgés, dont ils ont souvent accompagné la radicalisation politique. En outre, la chute du chef du régime de Damas réjouirait le royaume saoudien dans la mesure où il affaiblirait l’Iran, son ennemi juré, qui utilise le régime Assad comme une passerelle vers le Hezbollah libanais. Les trois pays du Moyen-Orient, qui ont conscience que l’intervention militaire de Moscou peut changer la situation sur le terrain, ils sont en train de s’interroger sur le possible «plan de paix russe». Parce que si les Russes gagnent, les Iraniens gagnent et, tout cela, il serait inacceptable pour l’axe sunnite.

Le «plan de paix russe» aurait déjà exposé par Sergueï Lavrov pendant la première réunion de Vienne, le 23 octobre 2015. Une possible proposition en neuf points en comprenant notamment un cessez-le-feu entre les forces gouvernementales et l’Armée syrienne libre et une promesse de Moscou que Bachar el-Assad ne se représenterait pas à la prochaine élection présidentielle. L’engagement ne vaudrait toutefois pas pour les autres membres de la famille Assad. Aucun accord décisif sur l’avenir de la Syrie et du régime de Bachar al-Assad n’a été pris aujourd’hui. Tous les différents protagonistes ont des positions encore très divergentes en ce qui concerne l’avenir du Pays. Le cauchemar syrien reste encore un terrible cauchemar.

Antonio Torrenzano

 

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En visite à Genève, le vice-secrétaire général des Nations Unies, Jan Eliasson, a appelé jeudi 15 octobre les pays du Moyen-Orient, en particulier l’Iran et l’Arabie saoudite, à régler leurs différents points de vue par le dialogue. Une condition nécessaire, a-t-il estimé, à la résolution des conflits en Syrie et au Yémen. Le vice-secrétaire général était près du siège des Nations Unies à Genève pour prendre part à des consultations sur le futur Sommet humanitaire mondial, qui aura lieu en 2016 à Istanbul. Pendant la conférence de presse, Jan Eliasson est revenu sur la situation au Moyen-Orient et sur les discussions auxquelles il avait récemment pris part lors d’une série de visites en Arabie saoudite, dans les Émirats arabes unis, en Iran et en Turquie.

En ce qui concerne la Syrie : “la situation humanitaire est désastreuse et l’approche de l’hiver ne fera qu’empirer ce contexte”. Le vice-Secrétaire général a appelé à ce que, parallèlement aux actions militaires, un dialogue politique soit entamé avec pour objectif de former un gouvernement de transition qui entamera un processus de révision constitutionnelle. Jan Eliasson a précisé qu’un tel scénario ne sera envisageable qu’avec le soutien du Conseil de sécurité de l’ONU, en particulier des États-Unis et de la Russie et des pays de la région, notamment de l’Arabie saoudite, de l’Iran et de la Turquie. «Un tel dialogue n’a pas lieu à l’heure actuelle et je pense qu’il est important que les différentes parties de cette région réalisent à quel point il est important de parler et de discuter de leurs problèmes », a-t-il ajouté, en soulignant l’impact favorable qu’aurait ce dialogue sur le conflit en Syrie et dans la région.

Sur le terrain politique, les conditions restent donc tragiques. La coalition de l’opposition syrienne en exil a refusé de participer aux discussions préliminaires proposées par l’ONU pour préparer des négociations de paix, en raison notamment des frappes aériennes que la Russie mène en Syrie. Pas de négociations de paix en Syrie sans cessation des bombardements russes. De sa part, le gouvernement syrien a accepté le plan récemment proposé par le représentant de l’ONU en Syrie, qui prévoit des consultations et des discussions avec les parties syriennes dans quatre groupes de travail thématiques, comme a déclaré le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid al-Muallem. En juillet 2015, Staffan de Mistura avait présenté l’initiative au Conseil de sécurité des Nations Unies , qui prévoyaient des consultations et des discussions avec les parties syriennes dans quatre groupes de travail thématiques. « Les Groupes de travail fourniront aux Syriens une plateforme pour résoudre les thèmes en profondeur qui ne sont certainement pas nouveaux, mais qui manquent de discussions intrasyriennes durables», a toujours déclaré Staffan de Mistura. Le même a toujours répété que seulement un accord politique pourra mettre fin au conflit en Syrie sur la base du communiqué de Genève de 2012.

Antonio Torrenzano

 

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réunion_paris_2juin2015_image_1962La France a réuni mardi 2 juin à Paris ses partenaires au sein de la coalition internationale contre l’État islamique en Irak et en Syrie. Cette seconde réunion restreinte des ministres des Affaires étrangères de la coalition contre Daech avait l’objectif de méditer sur la stratégie de la coalition, à un moment où la situation sur le terrain est particulièrement fragile; la nécessité de parvenir à des solutions politiques durables pour résoudre la crise irakienne et le conflit syrien. La réunion a donc fait le point sur la situation sur le terrain en Syrie et en Irak et les possibles et nouvelles stratégies militaires à déplier alors que les djihadistes continuent à gagner du terrain.

La réunion était coprésidée par Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères et du Développement international, Haïder al-Abadi, premier ministre irakien, et John Kerry, secrétaire d’État des États-Unis, représenté à Paris par le secrétaire d’État adjoint, Antony Blinken. Vingt-quatre délégations ont pris part à cette réunion (Allemagne, Arabie saoudite, Australie, Bahreïn, Belgique, Canada, Danemark, Espagne, Égypte, Émirats arabes unis, États-Unis, France, Irak, Italie, Jordanie, Koweït, l’Organisation des Nations unies en qualité d’observateur, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Qatar, Royaume-Uni, Turquie et l’Union européenne).

Les participants ont rappelé également la protection des minorités persécutées et les conditions de leur retour, comme annoncé lors de la réunion sur ce sujet au conseil de sécurité des Nations unies que Laurent Fabius a présidé le 27 mars. Ils ont discuté aussi de la protection du patrimoine en danger alors que l’Assemblée générale des Nations unies vient d’adopter une résolution sur ce sujet. Irina Bokova, directrice générale de l’UNESCO et Antonio Guterres, Haut-commissaire pour les réfugiés, ils ont été invités à participer à ces échanges pendant la journée de travail. Les partenaires de la coalition réunis à Paris ont exprimé en outre leur intention de se rencontrer, en format plénier, au niveau des chefs d’État et de gouvernement, en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies au mois de septembre 2015.

Pour le Premier ministre irakien: « la coalition internationale réputée de combattre Daech dans son pays et en Syrie est un échec ». « Beaucoup de mots, mais peu d’actions sur le terrain», a critiqué Haider al-Abadi à Paris, où il est venu rejoindre les partenaires de cette coalition. En dix mois d’opérations, les forces de la coalition ont procédé à 4.000 frappes aériennes sans pouvoir arrêter l’avancée des djihadistes. En effet malgré les frappes aériennes, l’État islamiste a continué à gagner du terrain dans ces dernières semaines avec les prises de Ramadi, à l’ouest de l’Irak et de la cité antique de Palmyre, en Syrie. De leur part, les partenaires de la Coalition ont pris acte de la détérioration continue de la situation en Syrie ainsi que de l’incapacité et de l’absence de volonté du régime d’Assad à lutter contre Daech. Ils ont rappelé leur souhait de préserver l’unité et la souveraineté de la Syrie et ont appelé au prompt lancement d’un véritable processus politique inclusif, sous les auspices des Nations Unies, en vue de mettre en œuvre les principes du communiqué de Genève – y compris la mise en place, par consentement mutuel, d’un organe de gouvernement transitoire doté de la plénitude du pouvoir exécutif.

Ils ont affirmé que seule une transition politique permettra d’établir les conditions nécessaires pour renverser la vague d’extrémisme et de radicalisme engendrée par les abus du régime et de lutter efficacement contre toutes les organisations terroristes en Syrie, y compris Daech. Toujours mardi à Paris, la coalition internationale a adopté une déclaration réaffirmant son soutien aux forces irakiennes. Dans le communiqué de presse, les acteurs de la coalition ont souligné que la lutte contre Daech en Syrie et en Irak demeure leur principale priorité, tout en constatant que Daech tente d’étendre son emprise à d’autres régions frappées par des crises politiques et des situations d’instabilité, comme en Libye. Les partenaires de la Coalition ont réaffirmé la nécessité pour la communauté internationale d’appuyer les processus visant à traiter les causes locales des crises politiques et de l’instabilité, et d’éradiquer ce groupe terroriste et son idéologie destructrice, où qu’ils se manifestent.

Selon le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, les opérations militaires de la coalition internationale anti-Daesh doivent être autorisées par le Conseil de sécurité de l’ONU et se dérouler avec l’accord des autorités syriennes. Dans une longue interview à la chaine de télévision américaine Bloomberg, le ministre des Affaires étrangères russe a notamment affirmé « évidemment, nous ne sommes pas contre les efforts de la coalition en vue d’affaiblir un dangereux groupe terroriste, mais la possibilité existait déjà de combattre ce groupe avant le début de ces opérations. Comme je l’ai déjà dit, nous préférons travailler en nous appuyant sur le droit international », a dit Sergueï Lavrov. En même temps, le diplomate russe a qualifié d’«erreur» la posture de Washington consistant à refuser de solliciter l’autorisation des autorités syriennes pour entamer des raids aériens sur les positions de Daesh en territoire syrien. En Irak, comme a souligné le ministre Lavrov, le gouvernement a bien été consulté et a donné son consentement aux bombardements.

Pour la diplomatie russe, le conflit syrien ne peut être résolu que par la voie diplomatique en sachant que : « les efforts de l’ONU et de l’envoyé spécial de l’organisation Staffan de Mistura visent l’inclusion de toutes les composantes de la société syrienne dans le processus de règlement politique, les acteurs internationaux doivent se demander qui représente le plus de danger : El-Assad ou Daesh ?», a estimé Sergueï Lavrov.

Sur le terrain, de manière inexorable, la carte du Moyen-Orient est en train d’être redessinée par l’État islamique. Mais, tout cela risque-t-il d’être un véritable casse-tête pour la Coalition internationale ?

Antonio Torrenzano

 

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bernardino_leon_onu_mission_libya_imageLes parties en conflit en Libye ont accepté de dialoguer la semaine prochaine à Genève en vue de tenter de mettre fin aux violences et à la crise politique qui mine leur pays, la nouvelle a été annoncée samedi par les Nations Unies. Après la chute de Mouammar Kadhafi en octobre 2011, la Libye s’était lentement enfoncée dans le chaos avec la montée en puissance des milices d’ex-rebelles qui gèrent aujourd’hui la vie du pays. La situation s’était aggravée ces derniers mois avec deux gouvernements et deux parlements parallèles, faisant craindre une guerre ouverte, alors que Tripoli et Benghazi (est) sont tombées sous la surveillance de milices. Une guerre totale pourrait se produire selon l’ONU en Libye si aucune mesure importante ne sera prise. Quatre ans après la chute du régime Kadhafi, le pays est en proie aux violences quotidiennes et aux luttes de pouvoir. Mardi 30 décembre, une voiture piégée a explosé à Toubrouk (dans l’est du pays) devant l’hôtel où siège le Parlement alors que les députés y étaient réunis. Une source médicale à l’hôpital a dit avoir reçu 19 personnes souffrant de légères blessures.

Les différentes composantes politiques libyennes ont accepté “de tenir un nouveau round de dialogue politique avec l’objectif de mettre fin à la crise politique et sécuritaire dans le pays”, a ainsi indiqué la mission de l’ONU en Libye (MISNUL). L’accord a été obtenu par le chef de la MISNUL, Bernardino Leon, après de larges consultations avec les différents groupes ces dernières semaines. De précédentes discussions avaient déjà eu lieu au mois de septembre et d’octobre 2014 dans la ville de Ghadames,au sud du pays libyen. À Ghadames, la réunion avait été facilitée par la Mission d’appui des Nations Unies en Libye qui est en train d’intervenir après des mois de violence entre groupes armés rivaux.

En Libye, plus de 400.000 personnes seraient déplacées. Le conflit civil a détruit aéroports, bâtiments publics et d’autres infrastructures vitales pour l’économie de la nation. Sur le plan politique, la situation est très confuse. Deux gouvernements et des parlements rivaux se disputent l’autorité sur le pays. Les uns sont proches de la puissante coalition des milices Libya Dawn et les autres reconnus par la communauté internationale. La perte de la capitale a poussé le gouvernement et le Parlement reconnus par la communauté internationale à s’installer à Tobrouk. D’après le plan de transition de la Libye, la Chambre élue des représentants a déjà remplacé l’ancien parlement intérimaire, le Congrès national général.

La réunion de janvier 2015 à Genève constitue “une dernière chance à embrasser pour ramener paix et stabilité dans le pays”, a déclaré la représentante de la diplomatie de l’Union européenne, Federica Mogherini.

Antonio Torrenzano

 

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refugies_syrie_imagePourquoi la Syrie est-elle le problème le plus inextricable du Moyen-Orient ? Si la destruction du groupe de l’État islamique est un objectif à long terme, la communauté internationale manque à aujourd’hui d’objectifs clairs en ce qui concerne la Syrie. Le conflit syrien ne se limite plus à la présence du régime du président Bachar el-Assad au pouvoir. Renverser son régime ne suffira pas pour conjuguer les intérêts de la mosaïque d’identités ethniques et sectaires du pays. Il faudra examiner de manière bien plus approfondie l’avenir de la nation syrienne et envisager comment elle pourrait être gouvernée dans la paix. La situation, qui s’aggrave jour après jour, exigerait des efforts diplomatiques au plus haut rang international (ONU, Union européenne, Russie, États-Unis) et régional pour rechercher des solutions efficaces avec la participation de la république de l’Iran autant que du royaume de l’Arabie Saoudite.

Le Proche-Orient porte encore le poids d’un double héritage historique : 1) des siècles de domination ottomane; 2) une entrée brutale et instrumentalisée dans l’ère de la modernité eurocentrique par les puissances coloniales européennes. La fabrication de l’État-Nation, par exemple, a été toujours contraire au système communautaire d’organisation de la vie sociale ottomane. Une organisation sociale, l’ottomane, qui encourageait plus le sentiment d’appartenance à une communauté (la communauté chiite, la communauté alaouite, les Druzes, la communauté sunnite) qu’à l’abstrait concept de patrie.

Ce choc historique a remis en question le fonctionnement de l’ensemble de ces collectivités et les a poussées tout de suite dans une modernité après plusieurs siècles de léthargie politique. L’arabisme et le sens d’appartenance à la communauté arabe ont joué un rôle important seulement pendant les guerres d’indépendance, mais les nobles idéaux de Gamal Abdel Nasser se sont transformés trop tôt dans des dictatures opprimantes. Les révoltes du printemps arabe ont ouvert des pages qui produiront peut-être parmi 20 ou 30 ans un nouvel ordre ou un autre modèle politique, mais à présent la situation est au-delà de nulle part. La question de la construction des identités nationales reste encore au cœur de la pensée politique dans le monde arabe.

Le cas de la Syrie est peut-être unique, mais les problèmes liés à la gouvernance d’un pays multiethnique ne sont pas nouveaux. Pourquoi la Syrie est-elle le problème le plus dangereux à présent au Proche-Orient ? La fin du conflit syrien n’est pas prévue pour demain, mais sans des solutions clairvoyantes ce combat risquera de changer l’équilibre des forces régionales et la géopolitique de la région même. Selon l’écrivaine et journaliste Hala Kodmani, la Syrie est en pleine contre-révolution par rapport aux idéaux de liberté et de justice exprimés au début de la protestation.

Hala Kodmani ajoute enfin: « Mon optimisme n’enlève rien à ma lucidité. Nous sommes arrivés à un désastre syrien : tous les pires scénarios se sont réalisés. Mais les raisons et le cheminement sont explicables. Nous avons en Syrie une juxtaposition de crises. C’est-à-dire que la révolution est encore là. Il y a une guerre civile qui s’est incrustée dessus, il y a un conflit régional, un affrontement confessionnel, une confrontation internationale, une guerre contre le terrorisme… tous ces faits se sont juxtaposés dans ce même lieu qu’est la Syrie».

Antonio Torrenzano

* À lire : le nouveau roman de Hala Kodmani, « La Syrie Promise », Beirut, éditions Sindbad-Actes Sud, 2014.

 

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refugies_ville_kobané_imageLe secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, est en train de suivre avec une grande préoccupation l’offensive actuelle de l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) contre la ville d’Aïn al-Arab (Kobané en langue kurde), au nord de la Syrie. L’offensive a déjà entraîné des déplacements massifs de civils en Turquie et de nombreux morts et blessés.

« À la lumière des violations flagrantes et généralisées des droits de l’homme et du droit humanitaire international qui ont été commises par le groupe terroriste dans les zones tombées sous son contrôle en Syrie et en Iraq au cours de sa campagne barbare, il demande instamment à tous ceux qui ont les moyens de le faire de prendre des mesures immédiates pour protéger la population civile assiégée d’Aïn al-Arab », a dit son porte-parole dans une déclaration à la presse.

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) s’est également dit mardi très alarmé par la situation à Kobani. « Il y a trois ou quatre jours, il y avait encore environ 10.000 civils qui ne s’étaient pas réfugiés en Turquie et bien que la plupart l’aient fait désormais, il est possible que certains soient encore restés là-bas », a dit le porte-parole du HCDH, Rupert Colville, lors d’une conférence de presse à Genève. Le même s’est dit très préoccupé pour la sécurité des civils qui sont restés à Kobané ou dans la zone frontalière près de la ville, ou encore dans les villages alentour.

Antonio Torrenzano