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réfugiés_syriens_imageLe Programme alimentaire mondial (PAM) a lancé ce mercredi une campagne de collecte de fonds sur les réseaux sociaux et auprès du grand public afin de récolter plus de 64 millions de dollars nécessaires pour la distribution d’assistance alimentaire aux déplacés syriens.

La raison ? Les coffres de l’organisme onusien sont presque vides et le Programme alimentaire mondial a été obligé d’interrompre son assistance à destination des 1,7 millions de réfugiés syriens lundi 1 décembre. En effet, il manque 64 millions de dollars (52 millions d’euros) ce mois-ci pour délivrer des coupons alimentaires aux réfugiés répartis entre la Jordanie, le Liban, la Turquie, l’Irak et l’Égypte. « Même un dollar peut faire une différence. Nous disons aux gens que pour eux, ce n’est qu’un dollar, pour eux (les réfugiés), c’est une bouée de sauvetage », a déclaré la Directrice exécutive du PAM, Ertharin Cousin, dans un communiqué de presse.

Pour maintenir toutes ses activités d’assistance, le PAM dépense 35 millions par semaine dans la région. Le Koweït et les États-Unis ont respectivement versé des dons d’urgence de 500 millions et de 125 millions, mais ces sommes ont vite été dépensées. Pour ses activités en Syrie en 2014, le PAM avait demandé 1 milliard à la communauté internationale, mais n’a réussi à récolter que 47% de cette somme. Comment peut-on expliquer la circonstance ? Le contexte s’explique en partie par la multitude de crises humanitaires auxquelles la communauté internationale doit répondre à présent. C’est la première fois en effet que les agences techniques de l’ONU font simultanément face à cinq crises de niveau 3, qui est le niveau le plus élevé, c’est-à-dire en Syrie, dans la République centrafricaine, au Soudan du Sud, en Irak et dans la région africaine touchée par le virus Ebola.

La guerre syrienne n’aggrave pas seulement le sort de millions de déplacés, mais ses effets se propagent dans tous les pays limitrophes qui accueillent désormais presque trois millions d’individus. Depuis le début de la guerre civile en mars 2011, environ 800 millions de dollars ont été injectés par le Programme alimentaire mondial afin de soutenir l’économie régionale dans les pays limitrophes de la Syrie. Le Liban est par exemple l’un des pays les plus affectés par cette crise régionale. Le pays du cèdre accueille à présent le nombre le plus élevé de réfugiés au monde en rapport à sa population : c’est-à-dire 1,4 million de personnes selon les dernières statistiques du Haut Commissariat des Refugiés. Au Liban, un grand nombre de ces réfugiés vivent sur le plateau de la Bekaa, une zone montagneuse où les températures sont déjà descendues en dessous de zéro et l’hiver accroit une situation déjà précaire.

«L’hiver est déjà une période très difficile pour les réfugiés syriens et la suspension de l’aide alimentaire aura des conséquences dévastatrices» avait affirmé le Directeur du Haut Commissariat aux Réfugiés, Antonio Guterres. Enfin, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), le nombre de victimes de la guerre en Syrie a dépassé les 200.000 morts civils depuis le début de la guerre il y a déjà quatre ans. Selon la même ONG, le chiffre pourrait être encore plus important, car de nombreuses données ne peuvent pas être renseignées dans les zones contrôlées par l’EILL dans lesquelles il est impossible de travailler.

Antonio Torrenzano

 

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syria_women_imageLa secrétaire générale adjointe de l’ONU aux affaires humanitaires, Valerie Amos, a déclaré pendant la dernière réunion du Conseil de sécurité que l’assistance humanitaire pour la Syrie ne répond pas encore aux besoins de la population déplacée.

«La résolution *2165 du Conseil de sécurité a aidé les Nations Unies à surmonter certains problèmes en permettant une livraison directe à des centaines de milliers de personnes », a expliqué Mme Amos devant les membres du Conseil. « Depuis l’adoption de la résolution et surtout grâce aux livraisons transfrontalières, nous avons pu atteindre pratiquement tous les endroits difficiles d’accès dans les quatre gouvernorats d’Alep, d’Idlib, de Dar’a et de Quneitra», a-t-elle ajouté.

La Secrétaire adjointe a toutefois considéré que « malgré les progrès réalisés, tout cela ne suffit pas encore. Nous sommes confrontés à des problèmes considérables pour appliquer les résolutions 2139 (adoptée en février 2014) et 2165 et nous n’arrivons pas à répondre aux besoins humanitaires de toutes les personnes que nous voulons atteindre en Syrie », a-t-elle affirmé.

Sur le terrain, la situation reste toujours désolante : 12,2 millions de Syriens ont besoin d’assistance humanitaire, dont plus de 5 millions d’enfants. Il y a 7,6 millions de personnes déplacées à l’intérieur de la Nation et plus de 3,2 millions d’individus ont fui le pays. À présent, il s’agit du plus grand nombre de personnes déplacées à cause d’un conflit dans le monde contemporain.

Antonio Torrenzano

 

* La résolution 2165 du Conseil de sécurité a été adoptée en juillet 2014.

 

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refugies_syrie_imagePourquoi la Syrie est-elle le problème le plus inextricable du Moyen-Orient ? Si la destruction du groupe de l’État islamique est un objectif à long terme, la communauté internationale manque à aujourd’hui d’objectifs clairs en ce qui concerne la Syrie. Le conflit syrien ne se limite plus à la présence du régime du président Bachar el-Assad au pouvoir. Renverser son régime ne suffira pas pour conjuguer les intérêts de la mosaïque d’identités ethniques et sectaires du pays. Il faudra examiner de manière bien plus approfondie l’avenir de la nation syrienne et envisager comment elle pourrait être gouvernée dans la paix. La situation, qui s’aggrave jour après jour, exigerait des efforts diplomatiques au plus haut rang international (ONU, Union européenne, Russie, États-Unis) et régional pour rechercher des solutions efficaces avec la participation de la république de l’Iran autant que du royaume de l’Arabie Saoudite.

Le Proche-Orient porte encore le poids d’un double héritage historique : 1) des siècles de domination ottomane; 2) une entrée brutale et instrumentalisée dans l’ère de la modernité eurocentrique par les puissances coloniales européennes. La fabrication de l’État-Nation, par exemple, a été toujours contraire au système communautaire d’organisation de la vie sociale ottomane. Une organisation sociale, l’ottomane, qui encourageait plus le sentiment d’appartenance à une communauté (la communauté chiite, la communauté alaouite, les Druzes, la communauté sunnite) qu’à l’abstrait concept de patrie.

Ce choc historique a remis en question le fonctionnement de l’ensemble de ces collectivités et les a poussées tout de suite dans une modernité après plusieurs siècles de léthargie politique. L’arabisme et le sens d’appartenance à la communauté arabe ont joué un rôle important seulement pendant les guerres d’indépendance, mais les nobles idéaux de Gamal Abdel Nasser se sont transformés trop tôt dans des dictatures opprimantes. Les révoltes du printemps arabe ont ouvert des pages qui produiront peut-être parmi 20 ou 30 ans un nouvel ordre ou un autre modèle politique, mais à présent la situation est au-delà de nulle part. La question de la construction des identités nationales reste encore au cœur de la pensée politique dans le monde arabe.

Le cas de la Syrie est peut-être unique, mais les problèmes liés à la gouvernance d’un pays multiethnique ne sont pas nouveaux. Pourquoi la Syrie est-elle le problème le plus dangereux à présent au Proche-Orient ? La fin du conflit syrien n’est pas prévue pour demain, mais sans des solutions clairvoyantes ce combat risquera de changer l’équilibre des forces régionales et la géopolitique de la région même. Selon l’écrivaine et journaliste Hala Kodmani, la Syrie est en pleine contre-révolution par rapport aux idéaux de liberté et de justice exprimés au début de la protestation.

Hala Kodmani ajoute enfin: « Mon optimisme n’enlève rien à ma lucidité. Nous sommes arrivés à un désastre syrien : tous les pires scénarios se sont réalisés. Mais les raisons et le cheminement sont explicables. Nous avons en Syrie une juxtaposition de crises. C’est-à-dire que la révolution est encore là. Il y a une guerre civile qui s’est incrustée dessus, il y a un conflit régional, un affrontement confessionnel, une confrontation internationale, une guerre contre le terrorisme… tous ces faits se sont juxtaposés dans ce même lieu qu’est la Syrie».

Antonio Torrenzano

* À lire : le nouveau roman de Hala Kodmani, « La Syrie Promise », Beirut, éditions Sindbad-Actes Sud, 2014.

 

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combats_tripoli_libandunord_imageLes forces kurdes défendant la ville syrienne de Kobané ont repoussé un nouvel assaut des jihadistes du groupe de l’État islamique dans l’attente des premiers renforts de peshmergas irakiens qu’elles espèrent en début de semaine. Pour la quatrième nuit consécutive, les jihadistes ont essayé de prendre le quartier du nord de Kobané proche de la frontière avec la Turquie, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). L’EI se focalise sur ce lieu «afin d’assiéger les combattants des Unités de protection du peuple kurde (YPG) dans la ville, couper leur route d’approvisionnement et les empêcher d’évacuer leurs blessés vers la Turquie», toujours selon l’ONG. Les combats se sont par ailleurs poursuivis dans la nuit dans deux secteurs du nord-est de la ville, Souk el-Hal et Kani Arabane, ainsi que sur le front sud.

En Irak, la coalition internationale a renforcé la fréquence de ses frappes ces derniers jours en ayant conduit presque 22 frappes entre vendredi et samedi. La moitié d’entre elles ont été dirigées vers des positions de l’EI près du barrage de Mossoul (Irak du Nord), le plus grand du pays. La digue de Mossoul est d’une importance stratégique élevée parce qu’en le détruisant les jihadistes déclencheraient de gigantesques inondations à Mossoul et Bagdad, les deux villes les plus peuplées d’Irak. Aidées par le soutien aérien, les forces kurdes irakiennes ont pu reprendre samedi aux jihadistes la ville de Zoumar (60 km au nord-ouest de Mossoul) après des semaines de combats. Mais les jihadistes réussissent à progresser dans d’autres zones du pays irakien, avant tout dans le nord où ils assiègent de nouveau le mont Sinjar où sont prises au piège des centaines de familles yazidies.

Au Liban, depuis vendredi soir, l’armée libanaise est engagée dans des combats violents à Tripoli (Liban du Nord), contre des groupes islamistes. Samedi soir, l’armée libanaise avait annoncé avoir délogé les hommes armés des anciens souks de la ville, mais les mêmes se sont réfugiés dans un autre quartier de Tripoli : le secteur sunnite de Bab el-Tebbané où de violents combats sont en train de poursuivre dimanche matin. Le conflit en Syrie a renflammé les tensions au Liban où les sunnites soutiennent leurs coreligionnaires en Syrie qui combattent le régime tandis que les chiites, dont le Hezbollah, qui défendent le président Bachar el-Assad. Toujours dimanche matin, le Front al-Nosra, branche syrienne d’el-Qaëda, a menacé d’exécuter les soldats libanais qu’il retient en otage si l’armée libanaise ne cessait pas son offensive à Tripoli. Dans des communiqués repris par l’Agence nationale de l’information (ANI), l’armée libanaise précise qu’elle poursuivra la chasse aux jihadistes au Liban du Nord jusqu’à ce qu’ils soient éliminés.

Antonio Torrenzano

 

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femmes_kurdes_imageDepuis le 16 septembre 2014, la ville de Kobané est assiégée par l’organisation terroriste de l’État islamique. Kobané est la troisième ville kurde de la Syrie à la frontière avec la Turquie. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) plus de 300.000 habitants ont fui la ville, dont plus de 200.000 personnes sont parties en Turquie et d’autres milliers en Irak.

Depuis un mois et demi, malgré les bombardements sur les positions-clés de l’État islamique (ex-Daech), celui-ci ne paraît d’aucune façon miné. Au contraire, les multiples pressions n’y font rien et le monde découvre avec inquiétude que ce mouvement reste encore corrosif sur le terrain. La coalition internationale découvre son efficacité réduite par ses frappes aériennes, tandis que la Turquie ne s’engage pas en proclamant sa non-ingérence. À terme, la Jordanie pourrait-elle aussi être menacée, tout comme le Liban l’est déjà. Le Front al-Nosra a cessé depuis septembre toute attaque contre l’EIIL et il faut craindre une réconciliation entre les deux mouvements. Sur le terrain, les populations syriennes sunnites continuent de soutenir al-Nosra contre les bombardements et les tribus de la province irakienne d’al-Anbar ne semblent pas prêtes à se retourner contre le califat. Dans ce panorama, la question syrienne demeure d’une gravité très élevée autant qu’en Irak où de nouvelles tragédies similaires à Kobané peuvent s’annoncer très bientôt.

Entre le 8 août et le 6 octobre, au moins 250 frappes ont eu lieu en Irak et 90 en Syrie. Les frappes en réalité ont brisé du matériel, des bâtiments éloignés des centres urbains et des colonnes de véhicules qui étaient trop visibles. Désormais, les jihadistes se mélangent en permanence à la population. Les frappes ont eu pour cible des centres vitaux de l’EIIL: Raqqa, Deir ez-Zor en Syrie, ou encore Mossoul, Sindjar, Haditha et Falloujah en Irak, autant de sites sous contrôle jihadiste depuis plusieurs mois. Mais, presque le 30% des opérations de l’aviation américaine a concerné des quartiers d’Erbil, de Kirkouk, Amerli et Bagdad, villes encore épargnées par l’EILL. Au contraire, de violents accrochages ont eu lieu au sud de Kirkouk avec les peshmergas kurdes les 2 et 3 octobre. Dans cette ville, des bâtiments de la 12e armée irakienne ont été soufflés par une explosion le 6 octobre. La ville de Hît, au sud de Haditha, est passée sous contrôle de Daech dans le plus grand silence médiatique.

Il faut ajouter en outre que la plupart des cartes géographiques d’implantation de l’État islamique proposées dans les revues de politique internationale sont erronées. Pourquoi sont-elles erronées ? Parce qu’elles présentent souvent les territoires concernés sous trois appellations: «zones sous contrôle de l’EI»; «zones d’attaques récurrentes de l’EI» et «zones de soutien à l’EI». Ce n’est plus vrai. L’EILL contrôle de facto les deux derniers espaces. Les «zones de soutien» sont de facto les territoires de l’EILL. Cette organisation terroriste est totalement décentralisée, chaque bataillon a son autonomie d’action et multiplie les opérations périphériques, sans nécessairement une concertation avec l’unité centrale. À un Occident réduit à des tactiques aériennes uniformisées et prévisibles s’oppose un jihadisme multipolaire, réactif et flexible dans les différentes situations des lieux de guerre.

Antonio Torrenzano

 

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refugies_ville_kobané_imageLe secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, est en train de suivre avec une grande préoccupation l’offensive actuelle de l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) contre la ville d’Aïn al-Arab (Kobané en langue kurde), au nord de la Syrie. L’offensive a déjà entraîné des déplacements massifs de civils en Turquie et de nombreux morts et blessés.

« À la lumière des violations flagrantes et généralisées des droits de l’homme et du droit humanitaire international qui ont été commises par le groupe terroriste dans les zones tombées sous son contrôle en Syrie et en Iraq au cours de sa campagne barbare, il demande instamment à tous ceux qui ont les moyens de le faire de prendre des mesures immédiates pour protéger la population civile assiégée d’Aïn al-Arab », a dit son porte-parole dans une déclaration à la presse.

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) s’est également dit mardi très alarmé par la situation à Kobani. « Il y a trois ou quatre jours, il y avait encore environ 10.000 civils qui ne s’étaient pas réfugiés en Turquie et bien que la plupart l’aient fait désormais, il est possible que certains soient encore restés là-bas », a dit le porte-parole du HCDH, Rupert Colville, lors d’une conférence de presse à Genève. Le même s’est dit très préoccupé pour la sécurité des civils qui sont restés à Kobané ou dans la zone frontalière près de la ville, ou encore dans les villages alentour.

Antonio Torrenzano

 

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kobané_femme_kurde_quittelaville_imageNous assistons avec tristesse à l’œuvre meurtrière d’Etat islamique, continue à répéter plusieurs fois Cafer Seven, un Kurde turc témoin des bombardements depuis le poste-frontière turc de Mursitpinar. Nos frères sont dans une situation très difficile, c’est très violent. C’est un massacre commis sous les yeux du monde entier, affirme un autre témoin des combats, Burhan Atmaca. Pourquoi le monde reste-t-il silencieux alors que les Kurdes sont massacrés ? Lui non plus n’espère rien de la Turquie : nous n’avons plus confiance dans la Turquie, nous allons devoir nous débrouiller tout seuls, déplore-t-il. Les réticences du gouvernement turc montrent l’hostilité de l’État turc envers les Kurdes.

Sans intervenir militairement, la Turquie surveille de près la situation. Des responsables kurdes ont dénoncé cette passivité, accusant Ankara de laisser faire les jihadistes, au moment dont la presse britannique rapportait que les 46 otages turcs libérés fin septembre par l’EI pourraient avoir fait l’objet d’un échange contre 180 jihadistes, dont plusieurs seraient originaires de pays européens.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), la ville de Kobané s’est «vidée à 90% de ses habitants» et les villages environnants sont désormais «quasiment déserts et contrôlés par l’EI. Terrorisés par l’avancée des djihadistes, des centaines de civils résidant dans les Quartiers Est ont fui vers la Turquie voisine», a-t-il précisé l’Observatoire. Selon l’OSDH, il ne resterait que quelques milliers de civils à Kobané, qui comptait 70.000 habitants avant la guerre et avait accueilli un nombre équivalent de réfugiés. S’ils conquièrent Kobané, les djihadistes de l’État islamique s’assureront le contrôle sans discontinuité d’une longue bande de territoire à la frontière syro-turque.

La coalition américano-arabe, qui a entrepris ses raids en Syrie le 23 septembre, n’a mené qu’un nombre limité de frappes dans le secteur, ne permettant pas d’arrêter l’avancée de l’EI. Les raids sont insuffisants pour battre les terroristes au sol, a déploré un responsable kurde, Idris Nahsen, réclamant des armes et des munitions. L’offensive de l’EI dans la région a déjà fait des centaines de morts dans les deux camps depuis le 16 septembre et poussé à la fuite quelque 300.000 habitants, dont 180.000 ont trouvé refuge en Turquie.

Antonio Torrenzano

 

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réfugiés_kurdes_kobané_imageL’État islamique qui est actuellement bombardé par la coalition internationale à Raqa et Deir Ezzor dans le nord-est de la Syrie, et combattue par les peshmergas en Irak semble vouloir consolider ses positions autour de Kobané.

Cette troisième ville du Kurdistan syrien se retrouve à présent au cœur d’une bataille stratégique. Perdre Kobané aurait de graves conséquences pour presque deux millions de Kurdes syriens qui vivent dans la région. D’ores et déjà 140.000 d’entre eux, majoritairement des femmes et des enfants, ont dû fuir la menace jihadiste en trouvant refuge en Turquie. S’ils prenaient la ville de Kobané, les djihadistes contrôleraient une longue bande territoriale continue au nord de la Syrie, le long de la frontière turque. La ville de Kobane est donc importante pour sa position géographique et stratégique. Si Kobané tombe, la continuité territoriale kurde risquerait d’être rompue.

Sur le terrain, le rapport de force est actuellement favorable à l’État islamique. En progressant vers Kobane, les jihadistes ont gardé toute leur force de pénétration. Avec leurs chars, blindés et artilleries, ils sont bien équipés autant qu’une armée régulière. En face d’eux, les troupes kurdes disposent d’un armement obsolète et quasiment inefficace contre leur ennemi. Les États-Unis, qui poursuivent également les frappes en Irak pour aider les troupes fédérales et kurdes à repousser les djihadistes, ont prévenu qu’il ne serait «ni facile, ni rapide» de venir à bout de ce groupe extrémiste sunnite qui occupe désormais de larges portions de territoires en Syrie et en Irak.

Durant les derniers jours, les Kurdes syriens avaient demandé à la coalition internationale de frapper les positions de l’organisation État islamique situées aux portes de Kobané. La réponse avait été négative parce que la coalition ne pouvait pas mener des bombardements à l’aveugle. Les raids aériens en effet nécessitent un travail de reconnaissance et de renseignement qui peut prendre beaucoup de temps : les combattants de l’État islamique ne se déplacent plus en larges groupes à ciel ouvert, mais se dispersent pour éviter d’être frappés depuis les airs, selon le pentagone. Selon des témoignages sur le terrain, les raids menés par la coalition ne sont pas encore efficaces.

Pour aider la ville de Kobané, des volontaires kurdes du monde entier sont en train d’y arriver. Abdullah Ocalan, le chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a lancé un appel à la mobilisation générale. Des volontaires, hommes et femmes, venus de Turquie, d’Europe, d’Asie, mais aussi des États-Unis ont répondu à l’appel et arrivent en grand nombre à Kobané pour combattre les jihadistes. L’assaut pour prendre Kobané, lancé le 16 septembre, il a entraîné un exode de la population, au moins 160.000 personnes ayant traversé la frontière pour se réfugier en Turquie. Près de 70 villages ont été pris par les djihadistes sur le chemin menant à Kobané. La Turquie, qui a renforcé son dispositif militaire au poste-frontière de Mursitpinar, a finalement déposé un projet de mandat autorisant l’intervention de son armée en Irak et en Syrie, aux côtés de la coalition internationale menée par Washington et à laquelle participent à différents niveaux une cinquantaine de pays. Le parlement turc débattra jeudi l’étude d’intervention.

Antonio Torrenzano

 

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réfugiés_frontière_syroturque_imageDepuis quelques mois, les États-Unis, plusieurs pays européens, mais aussi la Turquie, le Canada et l’Australie multiplient les consultations pour trouver les possibles solutions, y compris par des moyens militaires, au défi posé par l’État islamique.

Sur le terrain, l’État islamique continue son avancée. Depuis dimanche, les jihadistes assiégeaient une ville-clé kurde syrienne à la frontière turque : Aïn al-Arab, après avoir pris une soixantaine de villages à la suite d’une offensive fulgurante qui a poussé à la fuite des dizaines de milliers de Kurdes syriens vers la Turquie. La prise d’Aïn al-Arab, troisième agglomération kurde de Syrie, est cruciale pour l’EI car elle lui permettrait d’administrer une large portion de la frontière syro-turque sans discontinuité.

Fort de quelque 35.000 hommes recrutés dans plusieurs pays, notamment occidentaux, ce groupe ultra radical sunnite continue de s’emparer de régions en Syrie comme en Irak, malgré l’annonce prise au sommet de Paris par la communauté internationale de détruire cette organisation par une large coalition. Selon le chef de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, la ville d’Ain al-Arab est «totalement assiégée». Ils «ont encore progressé et se trouvent à certains endroits à une dizaine de kilomètres seulement d’Ain al-Arab». Ces affrontements ont fait déjà au moins 39 morts. «La grande majorité des jihadistes tués sont des non-Syriens, dont des Tchétchènes et des ressortissants du Golfe», selon M. Abdel Rahmane.

Devant l’intensité des violences et les craintes des exactions des jihadistes, les civils kurdes de la ville et de ses environs, qui comptaient quelque 450 000 habitants avant les violences, continuaient de fuir vers la Turquie, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Depuis vendredi, quelque 70.000 civils kurdes ont déjà trouvé refuge dans ce pays, selon le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR). Haut Commissariat qui a aussi évoqué l’arrivée de centaines de milliers de personnes supplémentaires. De sa part, le tout nouveau Haut-Commissaire aux Droits de l’Homme de l’ONU le Jordanien Zeid Ra’a al Hussein a mis en garde la communauté internationale d’un possible nettoyage ethnique.

Mais en Irak, les djihadistes de l’État islamique ne combattent pas seulement les personnes. Ils luttent également contre tout ce qui représente pour eux le mal. Comme les taliban afghans qui ont détruit nombre de représentations de Bouddha à travers le pays, l’EI s’attaque aux monuments qui ne cadrent pas avec sa doctrine. Les destructions d’édifices religieux se multiplient ainsi. Des bâtiments chrétiens sont visés par l’État islamique, comme à Mossoul, où l’archevêché des syriaques catholiques a été incendié. Des mosquées chiites et sunnites sont aussi dynamitées. L’EILL a même institutionnalisé ces destructions dans sa charte. L’article 13 stipule que les sculptures de Mossoul sont condamnées à disparaître, car elles ont été adorées avant l’Islam. Ces disparitions sont une perte immense pour le patrimoine archéologique irakien et pour toute l’Humanité.

Antonio Torrenzano

 

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conference_paris_irak_imageRéunis hier à Paris pour la conférence internationale sur la paix et la sécurité en Irak, une trentaine de pays se sont engagés à fournir une « aide militaire appropriée » à Bagdad afin de lutter contre l’État islamique. Convoquée par le président français François Hollande, qui s’était rendu à Bagdad la semaine dernière, la conférence de Paris a réuni les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et une vingtaine d’autres pays. Tous les participants à la conférence ont exprimé leur attachement à l’unité, à l’intégrité territoriale et à la souveraineté de l’Irak. Lors de cette réunion au Quai d’Orsay à Paris et qui aura duré près de 3 heures, les participants ont répété que l’EI est «une menace non seulement pour l’Irak, mais aussi pour toute la communauté internationale».

Le communiqué final n’apporte pas plus de précision sur la forme ou l’importance que prendra cette aide militaire. « Les participants à la conférence de Paris ont affirmé que l’EILL constitue une menace pour l’ensemble de la communauté internationale ». Les chefs d’État et de gouvernement, ils ont encore souligné « l’urgente nécessité de mettre un terme à la présence de l’EIIL dans les régions où il a pris position en Irak», poursuit le texte. Dans cet objectif, ils se sont engagés à soutenir, par les moyens nécessaires, « le nouveau gouvernement irakien dans sa lutte contre EILL, y compris par une aide militaire appropriée, correspondant aux besoins exprimés par les autorités irakiennes».

Les participants à la Conférence ont également rappelé leur détermination à mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies relatives à la lutte contre le terrorisme et ses sources de recrutement et de financement, notamment la résolution 2170. Pour combattre contre l’EILL, ils ont aussi évoqué la nécessité de prendre des mesures afin de prévenir la radicalisation en coordonnant l’action de tous les services de sécurité et en renforçant la surveillance des frontières. Ils ont également envisagé de travailler à un plan d’action pour s’opposer au financement du terrorisme.

Antonio Torrenzano