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syrian_woman_refugees_crisis_imageDepuis 2011, la guerre est devenue le quotidien des Syriens. Une situation dramatique à laquelle s’est ajoutée l’expansion du groupe terroriste Daech dans la région. En cinq ans, il a fait plus de 300.000 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. En revanche, ils seraient 400.000 selon un rapport cité par le quotidien anglais “The Guardian”. Le bilan reste toutefois très difficile à établir.

Depuis cinq ans, la guerre en Syrie n’épargne personne. Mais, elle touche plus durement ceux qui sont le moins à même d’y faire face : les enfants. Les enfants sont en train de payer un prix fort, révèle l’Unicef. La situation des enfants en Syrie est de plus en plus alarmante. Environ 3,7 millions d’enfants – soit 1 sur 3 – risquent la mort, des blessures, des violences sexuelles, des enlèvements et des recrutements dans des groupes armés. En outre, les pourparlers de paix, menés par les Nations Unies, n’ont pas encore trouvé des solutions politiques à ce conflit qui se perpétue jusqu’aujourd’hui.

Depuis cinq ans enfin, la Syrie est devenue le théâtre de plusieurs conflits meurtriers d’origine régionale et mondiale. D’une part, le conflit a fait réapparaître des fractures entre Moscou et Washington; d’autre part, la guerre a montré comme l’Europe a sous-estimé ce cauchemar. Mais l’internationalisation de cette affaire passe également par un autre conflit : celui entre le peuple Kurde et la Turquie.

Qu’est-ce qu’il arrivera en Syrie après l’élection du nouveau président américain Donald Trump ? Le président américain élu, dans une interview exclusive au quotidien “The Wall Street Journal” a dit que sa priorité est Daech et non le président syrien Bachar al-Assad. «Maintenant nous soutenons des rebelles contre la Syrie – a dit encore Donald Trump – et nous n’avons aucune idée de qui sont ces gens». Le nouveau président a fait savoir même qu’il romprait radicalement avec le bellicisme des néo-conservateurs en déclarant sur ce dossier un rapprochement avec la Russie. Hier, l’administration syrienne avait précisé qu’elle travaillerait avec la nouvelle administration américaine moins hostile. La guerre est en tout cas loin d’être terminée.

Antonio Torrenzano

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syrie_violence_douleur_imageLe Conseil des droits de l’homme, réuni en séance exceptionnelle à Genève la semaine passée, a condamné par le Haut Commissaire Zeid Ra’ad Al Hussein la «crise honteuse» des droits de l’homme en Syrie et la souffrance du peuple syrien depuis presque six ans de guerre civile.

«Les violations supportées de la population à travers le pays, y compris le siège et le bombardement de l’est d’Alep, ne sont pas simplement des tragédies; ils constituent également des crimes de proportions historiques», a déclaré encore le Haut-Commissaire pendant la réunion.

Durant le sommet, le Haut-Commissaire a souligné que son bureau et la Commission d’enquête internationale indépendante sur la République syrienne ont documenté des violations du droit international humanitaire par toutes les parties prenantes à Alep. «Des groupes d’opposition armés continuent de tirer des mortiers et d’autres projectiles dans les quartiers civils de l’ouest d’Alep, mais les frappes aériennes aveugles sur la partie orientale de la ville par les forces gouvernementales et leurs alliés sont responsables de la grande majorité des victimes civiles», a-t-il précisé.

«Des dizaines de milliers de personnes ont été enlevées, exécutées, elles ont été sommairement détenues et torturées. Les familles brisées, déracinées et déplacées représentent maintenant plus de la moitié de la population syrienne», a précisé le Haut Commissaire Zeid Ra’ad Al Hussein. «L’incapacité collective de la communauté internationale à protéger les civils et mettre la parole fine à ce carnage, elle devrait hanter chacun de nous».

Antonio Torrenzano

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reunion_lausanne_john_kerry_imageLa réunion de Lausanne consacrée à la Syrie s’est achevé ce samedi soir sans des avancées concrètes. Pour la diplomatie russe, après cette rencontre, il faudra prolonger “les contacts au cours des prochains jours”.  Au contraire à Lausanne pour la diplomatie américaine, il y a eu “des idées nouvelles, des tensions, mais pas de rancoeur”.

La réunion s’est ouverte à 15h30 près de l’hôtel Beau Rivage et elle a été précédée par un tête-à-tête entre le secrétaire d’État américain John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov, qui ne s’étaient pas revus depuis le début de l’offensive russo-syrienne lancée il y a trois semaines sur la ville d’Alep Nord.

Cette rencontre d’un format nouveau a regroupé Moscou, Washington, le Qatar, la Turquie, l’Arabie saoudite, l’Iran, l’Égypte, l’Irak et la Jordanie, ainsi que l’émissaire des Nations Unies Staffan de Mistura. Le but de ces nouveaux pourparlers était de trouver de nouvelles solutions politiques afin de faire cesser le conflit qui dure depuis 2011. Après plus de 4 heures de discussions, plusieurs ministres ont quitté l’hôtel Beau-Rivage sans faire des déclarations.

Antonio Torenzano

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johnkerry_sergueilavrov_image_reunionsyrieÀ Lausanne que pourra-t-il se produire de ces nouvelles réunions diplomatiques? La rencontre ne vise pas à un résultat immédiat, mais la rencontre essayera de trouver de nouvelles idées pour parvenir à une possible cessation des hostilités. Le processus est devenu difficile et jour après jour plus problématique.  La Syrie est un cauchemar politique depuis longtemps, mais la diplomatie internationale n’a pas encore déchiffré le néfaste danger du dossier :  une bombe à retardement pour toute la région du Moyen-Orient. Depuis 2014, le conflit en Syrie s’est complexifié et internationalisé, provoquant la mort de plus de 300.000 personnes et dévastant le pays. Plus de 13,5 millions de Syriens, dont six millions d’enfants, ont besoin d’aide humanitaire, selon les Nations Unies.

Washington, Moscou et les pays régionaux se retrouvent donc aujourd’hui en Suisse pour essayer une nouvelle fois une solution de trêve. Avec peu d’espoir, on peut imaginer que les deux grandes puissances feront des pressions politiques sur leurs alliés régionaux afin d’obtenir un nouveau cessez-le-feu. De manière particulière, les États-Unis ne veulent plus maîtriser la question syrienne en tête à tête avec Moscou en désirant à la table de discussion les acteurs étatiques régionaux qui ont plus d’influence sur le terrain. La Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar, qui soutiennent la rébellion, seront présents. Autre grand protagoniste du conflit, l’Iran, engagé militairement à côté de Damas, a annoncé vendredi soir sa participation.

“Je n’attends rien de spécial” de cette rencontre, avait lancé pour sa part vendredi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Sur le terrain, les Russes sont en avantage militaire à court terme, mais Moscou se retrouve dans impasse diplomatique de long terme et un désastre humanitaire. 

À Lausanne sera également présent Staffan de Mistura, l’envoyé spécial de l’ONU et les représentants de l’Égypte, de l’Irak et la Jordanie. Mais les pays européens,particulièrement la France et la Grande-Bretagne qui ont dernièrement adopté une ligne différente envers Moscou, n’ont pas été conviés.

Antonio Torrenzano

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serguei_lavrov_john_kerry_imageLa diplomatie internationale se réunit ce week-end à Lausanne et Londres pour de nouveaux dialogues sur la Syrie. Les deux réunions internationales: la première rencontre samedi à Lausanne et la seconde dimanche à Londres, elles devraient avoir le but de tenter d’imposer un énième cessez-le-feu. Dans la ville suisse, les deux ministres des Affaires étrangères, John Kerry et Sergueï Lavrov, devraient être encadrés par leurs homologues de Pays du golfe et de la Turquie.

L’émissaire des Nations Unies Staffan de Mistura participera à la réunion de Lausanne et il fera également partie des discussions avec John Kerry et Serguei Lavrov. Devant la presse, l’adjoint de Staffan de Mistura, Ramy Ezzeldin Ramzy, n’a pas souhaité dire les attentes de l’ONU sur la rencontre de samedi entre les ministres des Affaires étrangères américain, russe, turc, qatari et saoudien. Il a toutefois ajouté que Staffan de Mistura poursuivait d’intenses consultations pour tenter d’améliorer la situation humanitaire, mais aussi sur les questions politiques.

«À Lausanne, le principal sujet de conversation sera la brutalité continue du siège d’Alep et les frappes intentionnelles de l’armée russe et du régime syrien», a prévenu le porte-parole du département d’État américain. À Lausanne, les discussions devraient en outre porter sur la proposition formulée par l’émissaire des Nations unies, Staffan de Mistura, d’organiser l’évacuation des djihadistes de l’ex-Front al Nosra pour rétablir le cessez-le-feu. Leur nombre fait cependant débat, ce qui pourrait empêcher tout accord.

John Kerry retrouvera son homologue russe Sergueï Lavrov pour «parler d’une approche multilatérale de résolution de la crise en Syrie», a toujours expliqué le porte-parole du département d’État américain. La réunion de Lausanne se tiendra sur une journée au Beau-Rivage, là où avaient déjà eu lieu en 2015 des négociations beaucoup plus longues sur le programme nucléaire iranien.

À Moscou, le président «Vladimir Poutine a exprimé l’espoir que la rencontre prévue le 15 octobre à Lausanne (…) soit productive afin de contribuer réellement au règlement» du conflit syrien. Sergueï Lavrov a précisé que les discussions se dérouleraient en présence de la Turquie, de l’Arabie saoudite et peut-être du Qatar, trois pays qui soutiennent l’opposition syrienne. Mais ni Moscou, ni Washington n’ont confirmé la présence de l’Iran, acteur fondamental de la crise syrienne et allié du président Bachar el-Assad.«Notre position à Lausanne sera très claire», a déclaré Serguei Lavrov en déplacement dans la capitale arménienne Erevan. «Nous voulons travailler de manière concrète et voir jusqu’à quel point nos partenaires sont prêts à respecter la résolution du Conseil de sécurité», a-t-il dit, selon des propos cités par les agences de presse russes. «Nous n’allons rien proposer d’autre», a-t-il ajouté.

Au lendemain de Lausanne, John Kerry retrouvera dimanche à Londres ses «partenaires internationaux», c’est-à-dire le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France. Lausanne marquera la première entrevue entre Kerry et Lavrov depuis le gel de leurs négociations, annoncé le 3 octobre par Washington après l’échec d’un cessez-le-feu qu’ils avaient initié et qui n’a duré qu’une semaine. Mais leur dialogue sur la Syrie n’a jamais vraiment été rompu, les deux hommes se téléphonaient encore ces derniers jours. Le département d’État a d’ailleurs souligné que si les discussions bilatérales étaient suspendues, elles n’étaient pas mortes et il n’a pas exclu un tête-à-tête à Lausanne.

Antonio Torrenzano

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conflit_syrien_refugiés_imageLa paix est répudiée en Syrie. Encore une fois, les civils en paient le prix fort. Le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) a annoncé mercredi qu’au moins 96 enfants ont été tués et 223 ont été blessés dans la partie est de la ville syrienne d’Alep. «Les enfants d’Alep sont pris au piège dans un cauchemar », a déclaré dans un communiqué le Directeur exécutif adjoint de l’UNICEF, Justin Forsyth. « Il n’y a pas assez de mots pour décrire la souffrance qu’ils vivent», a-t-il ajouté.

Le système de santé dans la partie est d’Alep est en ruine avec le départ d’environ 30 médecins. Il ne reste pratiquement aucun équipement ou médecine d’urgence pour soigner les blessés alors que la ville connait un nombre toujours croissant de cas de traumatismes. «Rien ne peut justifier de telles agressions sur les enfants et un tel mépris total de la vie humaine», a dit encore Justin Forsyth. « La souffrance, et le choc chez les enfants, sont certainement le pire que nous avons vu», a-t-il souligné.

À l’échelle diplomatique, la situation entre Washington et Moscou reste toujours dans l’impasse. L’administration américaine de Barack Obama semble alterner sa politique entre la tentation de trouver un accord de paix en Syrie et celle de ne pas laisser devenir la Russie un acteur important dans la région. Mais de manière générale, la politique américaine en Syrie est fragile depuis longtemps: l’administration Obama quasi à la fin de son mandat présidentiel n’a pas un projet politique pour l’avenir de ce Pays. Pour Washington, la Syrie est seulement une zone de passage stratégique pour le transit de l’énergie, notamment depuis la découverte en Méditerranée de ressources pétrolières et gazières. Le silence de l’Union européenne et sa quasi-absence du dossier font penser de l’Europe la même chose. Ce sont les hydrocarbures qui déterminent les positionnements géostratégiques des puissances occidentales et de leurs alliés. La question énergétique intervient en effet à plusieurs niveaux dans ce conflit. Enfin, les États-Unis doivent également faire face à un autre élément dans le dossier syrien : le rapprochement turco-russe. Ces nouvelles relations, jugées inattendues par de nombreux diplomates après l’attaque d’un bombardier russe par les forces d’Ankara en novembre 2015, compliquent le panorama en ce qui concerne les analyses américaines. Neutraliser la Russie, devenue un acteur de premier plan dans le conflit, reste alors un objectif prioritaire des États-Unis. À présent, l’objectif reste donc d’empêcher un vrai processus de négociation tant que le régime de Bachar Al Assad est encore au pouvoir.

De sa part il y a tout juste un an, Moscou a débuté sur le terrain syrien par ses opérations militaires en soutien au régime de Damas en dévoilant des armements jamais utilisés : bombardiers, systèmes de missiles multirôles, un nouveau GPS, collecte d’informations. Les bombardements sur le convoi humanitaire du 19 septembre et sur la ville d’Alep le 23 septembre ont encore plus éloigné la possible collaboration politique parmi les deux puissances mondiales. Les sièges des Nations Unies sont donc devenus les lieux d’un affrontement verbal quotidien entre Washington et Moscou. «Ce que fait la Russie, c’est de la barbarie», a martelé Samantha Power, ambassadrice des États-Unis auprès de l’ONU, en oubliant toutefois que son Pays fournit des armes, payées par les Saoudiens, à des groupes liés à al-Qaida. De leur côté, les autorités russes ont dénoncé la «passivité» face à DAECH et ont réclamé une enquête minutieuse sur l’attaque du convoi humanitaire détruit le 19 septembre 2016. Cette semaine, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a décidé de créer la commission d’enquête interne sur l’attaque au convoi des camions. Cette commission «sera chargée d’enquêter sur l’incident concernant une opération de secours conjointe de l’ONU et du Croissant-Rouge arabe syrien à destination d’Urum al-Kubra, en Syrie, le 19 septembre», a annoncé le porte-parole du Secrétaire général dans une déclaration à la presse.

Les discussions qui se déroulent à l’ONU autour d’Alep mettent en lumière les obstacles qui se dressent en Syrie, dans la lutte contre Daech, mais également contre l’ancien Front al-Nosra (al-Qaida). L’urgence de sortir de la guerre est pour l’instant non prioritaire. Les différents acteurs du conflit qui ravage la Syrie et menace toute la région veulent-ils vraiment la paix ?

Antonio Torrenzano

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Alep-Syrie_siège_violence_imageÀ Alep, le régime de Damas et les rebelles sont en train de se jouer la destinée finale du conflit.

Pour le régime de Damas, reprendre l’insurgée d’Alep représenterait une victoire de Bachar Al-Assad depuis cinq ans de guerre, comme pour la Russie, engagée en Syrie depuis septembre 2015. La victoire pourrait porter un coup irréversible aux rebelles soutenus par l’Occident, qui se trouveraient chassés de tout centre-ville majeur et marginalisés dans le Nord face aux forces djihadistes. En outre, la victoire pourrait servir à Damas et à Moscou comme moyen de pression dans les prochaines négociations internationales qui pourraient reprendre alors très bientôt. Sur le terrain, les forces syriennes du président Bachar Al-Assad sont appuyées par des forces iraniennes et des miliciens chiites étrangers, et dans les airs par l’aviation russe qui a pris le contrôle total depuis le mois de juillet de la dernière route d’approvisionnement des quartiers de l’est d’Alep aux mains des rebelles. Cette route, dite “Route du Castello”, unit la ville à des zones rurales tenues par les rebelles au nord et à la frontière turque. Entre 250.000 et 300.000 civils s’y trouvent aujourd’hui pris au piège, selon les Nations unies.

En revanche, pour les rebelles, qu’ils n’ont jamais réussi à prendre la commande définitive d’une seule région du pays en continuité avec les zones frontalières, contrôler Alep constituerait un saut qualitatif, une chance de continuer la guerre, sinon le jeu pour eux serait terminé ! Alep était la capitale économique et la deuxième grande métropole syrienne. Si Alep échappe aux rebelles, aucun autre territoire d’une telle importance, aucune autre ville syrienne ne pourraient désormais faire leur affaire ! Sortir du piège du siège pourrait donc constituer pour les rebelles une chance de continuer de manière différente la guerre. Même la Turquie veut la victoire des bandes armées à Alep, ce qui lui permettrait de justifier sa politique étrangère opaque et non transparente et pour d’autres intérêts stratégiques. En effet, il ne faut pas oublier qu’en raison de sa situation stratégique et de sa proximité avec l’Anatolie, la ville d’Alep a beaucoup compté sous domination ottomane. À l’époque, elle était déjà la deuxième grande métropole de l’Empire après Constantinople, le premier centre de commerce entre l’est et l’ouest, et si les ambassades occidentales étaient basées à Istanbul, la ville d’Alep a toujours été le siège des missions consulaires. Sans oublier non plus que le « Traité de Sèvres », conclu au mois d’août 1920 entre les alliés et l’Empire ottoman, rattachant Alep et sa région à la Syrie, fut refusé par Mustafa Kemal Ataturk qui l’annexa tout comme il annexa l’Anatolie et l’Arménie.

Le conflit à Alep n’est pas éclaté pour une division religieuse entre les rebelles et les factions pro-régime de Damas, mais principalement sur des divisions sociales et sur un clivage historique entre populations urbaines et rurales. C’est pour cette raison que l’insurrection anti-Assad dans l’ouest d’Alep a été toujours inexistante. Le régime de Damas applique une stratégie de siège comparable à celle qu’ont connue pendant plus de deux ans et demi les habitants de Homs.

Le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, s’est dit samedi consterné par l’escalade militaire dans la ville d’Alep, en Syrie, qui fait face, selon lui, « aux bombardements les plus intenses depuis le début du conflit syrien ». Selon la presse, un véritable déluge de feu s’est abattu depuis deux jours sur les quartiers rebelles d’Alep que les forces du gouvernement syrien, soutenu par la Russie, tentent de reprendre. Mercredi, lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée à la situation en Syrie, Ban Ki-moon avait exhorté les membres du Conseil des Nations Unies à user de toute leur influence pour rétablir le cessez-le-feu dans ce pays, permettre le retour de l’aide humanitaire et remettre le processus politique sur les rails pour «sortir les Syriens de l’enfer dans lequel ils sont pris au piège».

La bataille d’Alep reste toutefois décisive pour les deux acteurs au sol. Rien à l’horizon ne suggère une autre conclusion. La tragédie syrienne nous déshonore, mais elle est un sérieux échec de la communauté internationale occidentale.

Antonio Torrenzano

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syrie_fin_treve_imageLe fragile cessez-le-feu, présenté comme la dernière possibilité pour arrêter cinq ans de violence en Syrie, a échoué lundi soir laissant de nouveau la place à des raids aériens à Alep et contre un convoi d’aide des Nations Unies. Quelles ont été les raisons de l’insuccès ?

En premier lieu, le compromis n’était pas clair et net dès le départ. Si l’armée syrienne s’était engagée à respecter le cessez-le-feu, les groupes de rebelles ne l’ont jamais accepté en critiquant notamment les mécanismes de vérification du processus. En deuxième lieu, le texte du cessez-le-feu n’a jamais été rendu public. Ni le Conseil de sécurité des Nations Unies ni la principale coalition de l’opposition et des rebelles (le Haut comité des négociations) n’avaient lu le texte intégral du pacte juridique.

Dans les premiers jours du cessez-le-feu, les activistes à travers le pays avaient communiqué une situation de calme relatif sur la majorité des fronts et une diminution des raids, mais c’était seulement un nombre plus faible que d’habitude. Les habitants d’Alep ont affirmé que le bruit des raids et des bombardements, qui était leur univers habituel, avait disparu lors des premiers jours de la trêve, mais les combats ont progressivement repris. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a confirmé les raids et les bombardements sur la ville et dans la province à l’ouest et au sud de la ville. Il faut encore rappeler que la ville d’Alep est divisée depuis juillet 2012 en quartiers aux mains des rebelles et ceux contrôlés par le régime.

À cela s’ajoute le non-progrès en ce qui concerne l’acheminement de l’Aide humanitaire, qui était un point fondamental du texte. Cette aide était attendue avec impatience par les habitants des zones assiégées. La fin de la trêve efface les timides espoirs suscités par l’accord russo-américain. Après la reprise des combats, les espoirs sont devenus minces : la reprise des négociations sous les auspices de l’ONU n’est plus à l’ordre du jour, tous les événements vont dans le sens d’une escalade de la violence. En Syrie, c’est désormais trop tard d’être aussi des pessimistes. Ce qu’il reste de ce conflit est le nombre de morts depuis mars 2011.

Antonio Torrenzano

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devastations_sans_fin_syrie_imageLa guerre en Syrie a fait plus de 300.000 morts depuis sa naissance au mois de mars 2011, a indiqué aujourd’hui l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) en publiant un nouveau dossier en ce qui concerne les violences et les décès causés par ce conflit dévastateur.

Ce nouveau bilan a été annoncé au lendemain de l’entrée en vigueur de la nouvelle trêve négociée entre Russes et Américains pour essayer de mettre fin au conflit. Selon l’OSDH, le nombre de disparitions a atteint 301.781 parmi lesquels 86.692 civils dont 15.099 enfants à la date du 12 septembre. Les civils sont en train de payer un lourd tribut dans les violences de cette guerre.

Sur le terrain, les armes se sont tué lundi soir après l’entrée en vigueur du compromis par la Russie et les États-Unis, énième effort pour mettre un terme à plus de cinq ans de conflit. “C’est globalement calme sur tous les fronts, surtout dans les régions de Damas, d’Alep et d’Idleb, hormis quelques roquettes tirées dans le sud juste après le début de la trêve“, a dit à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien ds droits de l’Homme, en allusion aux principales zones de combats entre rebelles et régime. Cet accord ne s’applique pas toutefois aux zones contrôlées par DAECH et le Front Fatah al-Cham. Si la trêve tient, cette cessation des hostilités devrait déboucher sur une collaboration entre Moscou et Washington contre les deux groupes terroristes. Elle devra également permettre l’acheminement d’aides humanitaires aux zones assiégées, notamment dans la ville divisée d’Alep.

Antonio Torrenzano

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syrie_treve_12septembre2016Dans la nuit de dimanche à lundi 12 septembre, une trêve dans une large partie du territoire syrien devrait faire cesser la violence et toutes hostilités sur le terrain. Moins de sept mois après l’accord de cessation des hostilités (entré en vigueur le 27 février 2016, mais violé par tous les acteurs du conflit), une nouvelle trêve devrait permettre l’entrée de l’aide humanitaire de l’ONU dans les zones assiégées.

Cet accord, négocié depuis le mois de juillet par le secrétaire d’État américain John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov, se base sur plus de cinq documents restés confidentiels par une commune entente entre Washington et Moscou. Le régime syrien et ses alliés ont approuvé samedi 10 septembre le cessez-le-feu. L’opposition l’a accueilli avec circonspection. L’Iran a salué de manière favorable le compromis en appelant les autres acteurs la mise en place d’un «mécanisme de surveillance, en particulier du contrôle des frontières ». Le Hezbollah libanais a de même annoncé son soutien au cessez-le-feu. Même approche favorable en Turquie qui mène depuis la fin août une offensive dans le nord de la Syrie contre l’État islamique et les Kurdes. Cet accord ne s’applique pas toutefois aux zones contrôlées par DAECH et le Front Fatah al-Cham.

De son côté, l’opposition politique en exil a manifesté ses doutes après les nouveaux bombardements meurtriers de samedi 10 septembre et de dimanche. L’absence d’un mécanisme de contrôle de l’arrêt des combats laisse certains observateurs sceptiques sur l’efficacité de ce compromis dans la longue durée. Le conflit a déjà fait plus de 290.000 morts depuis 2011. La réalité habituelle en Syrie est inacceptable. L’économie syrienne a perdu 202,6 milliards de dollars entre le début du conflit en mars 2011 et fin 2014, soit près de quatre fois le PIB du pays. Le déficit budgétaire était de 35,7 % en 2013, de 40,5 % en 2014 et le ratio de couverture des importations par les exportations a dégringolé, passant de 82,7 % en 2010 à 29,7 % en 2014. De sa part, la devise ne cesse de flamber : il est passé de 50 LS pour un dollar avant le conflit à 340 LS à présent.

Parmi les milliers d’usines disparues, on peut citer celles des multinationales Nestlé et Total, cette dernière fabriquait des lubrifiants dans la région entre Damas et Homs. D’autres usines, notamment celles de la région industrielle d’Alep, l’ancienne capitale économique, ont été soit détruites, soit démantelées et réinstallées dans des pays comme la Turquie. Avant le conflit, le montant des réserves en divises était estimé à 21 milliards de dollars. Aujourd’hui, le même s’est effondré. L’État syrien a accru de façon remarquable sa dépendance financière vis-à-vis de ses principaux alliés: la Russie et l’Iran. En 2013, l’Iran a accordé à la Syrie 4,6 milliards de dollars, dont 3,6 milliards sous forme de facilités de paiement (uniquement consacrés aux importations de pétrole) et un milliard pour financer des importations diverses.

Qu’est-ce qu’il arrivera depuis mardi ? Une impasse de longue durée avec ces conditions sociales risque de faire perpétuer le conflit dont personne ne saurait plus prédire l’issue.

Antonio Torrenzano