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dimitar_dilkoff_afp_femme_kurde_imageDepuis le 16 septembre 2014, la ville de Kobané est assiégée par l’organisation terroriste de l’État islamique. Kobané est la troisième ville kurde de la Syrie à la frontière avec la Turquie. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) plus de 300.000 habitants ont fui la ville, dont plus de 200.000 personnes sont parties en Turquie et d’autres milliers en Irak. L’État islamique se polarise sur ce lieu «afin d’assiéger les combattants des Unités de protection du peuple kurde (YPG) dans la ville, couper leur route d’approvisionnement et les empêcher d’évacuer leurs blessés vers la Turquie», comme affirme l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Retour sur les dates clés de la bataille entre les jihadistes et les combattants kurdes pour la domination de la ville de Kobané dans le nord de la Syrie :

16 septembre 2014 : les jihadistes de l’EIIL, qui ont proclamé un califat sur les vastes régions qu’ils contrôlent à cheval entre la Syrie et l’Irak, lancent une offensive contre la ville de Kobané, à la frontière avec la Turquie.

19 septembre 2014 : les jihadistes effectuent une percée fulgurante, prenant le contrôle d’une soixantaine de villages kurdes en deux jours, autour de Kobané. Les combattants kurdes battent en retraite, car le rapport de force leur est défavorable.

23 septembre 2014 : les États-Unis aidés de leurs alliés arabes engagent pour la première fois le combat contre les jihadistes de l’EIIL en Syrie en ouvrant un nouveau front dans la guerre contre ce groupe ultra radical.

5 octobre 2014 : Une femme mène un attentat suicide contre une position de l’EIIL à l’est de Kobané. Il s’agit du premier attentat suicide connu d’une combattante kurde contre ce groupe, lui-même familier de ce type d’attaque asymétrique.

6 octobre 2014 : les jihadistes entrent dans Kobané par l’est. Selon l’OSDH il y a une “guérilla urbaine”. En Turquie, début de manifestations violentes de milliers de jeunes kurdes pour dénoncer le refus d’Ankara d’intervenir militairement pour aider les combattants à Kobané (on compte au moins 34 morts au total).

7/8 octobre 2014 : des avions de la coalition dirigée par les États-Unis mènent plusieurs frappes pour aider les forces kurdes à freiner l’avancée des jihadistes dans la ville de Kobané. Des combats se poursuivent dans plusieurs quartiers entre combattants kurdes et jihadistes.

10 octobre 2014 : le chef du principal parti politique kurde de Syrie, le Parti de l’union démocratique (PYD), presse la Turquie de laisser passer des armes destinées aux forces qui défendent Kobané. Les jihadistes s’emparent du QG des forces kurdes dans Kobané, qui comprend le complexe militaire des Unités de protection du peuple (YPG, principale milice kurde syrienne), la base des Assayech (forces de sécurité kurde) et le siège du conseil local de la ville. L’ONU met en garde contre un “massacre” si la ville tombe aux mains des jihadistes.

13 octobre 2014 : les jihadistes atteignent pour la première fois le centre de Kobané. “Ils contrôlent désormais la moitié de la localité” (OSDH).

14 octobre 2014 : Les dernières frappes menées par les avions américains et saoudiens ont “freiné la progression de l’EIIL” dans Kobané (armée américaine). Le président François Hollande estime que la Turquie doit “absolument ouvrir” sa frontière avec la Syrie pour permettre d’aider les défenseurs kurdes de Kobané.

15 octobre 2014 : des combats se poursuivent dans Kobané, où les forces kurdes aidées de frappes de la coalition ont repris aux jihadistes deux positions dans le nord de la ville (OSDH).

– 20 octobre 2014 : la coalition internationale lance sur Kobané munitions, armes légères et d’autres approvisionnements.

– 24/25/26 octobre 2014 : les forces kurdes en défendant la ville syrienne de Kobané repoussent un nouvel assaut des jihadistes du groupe de l’État islamique dans l’attente des premiers renforts de peshmergas irakiens. Pour la quatrième nuit consécutive, les jihadistes avaient essayé de prendre le quartier du nord de Kobané proche de la frontière avec la Turquie.

Antonio Torrenzano

 

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kobané_femme_kurde_quittelaville_imageNous assistons avec tristesse à l’œuvre meurtrière d’Etat islamique, continue à répéter plusieurs fois Cafer Seven, un Kurde turc témoin des bombardements depuis le poste-frontière turc de Mursitpinar. Nos frères sont dans une situation très difficile, c’est très violent. C’est un massacre commis sous les yeux du monde entier, affirme un autre témoin des combats, Burhan Atmaca. Pourquoi le monde reste-t-il silencieux alors que les Kurdes sont massacrés ? Lui non plus n’espère rien de la Turquie : nous n’avons plus confiance dans la Turquie, nous allons devoir nous débrouiller tout seuls, déplore-t-il. Les réticences du gouvernement turc montrent l’hostilité de l’État turc envers les Kurdes.

Sans intervenir militairement, la Turquie surveille de près la situation. Des responsables kurdes ont dénoncé cette passivité, accusant Ankara de laisser faire les jihadistes, au moment dont la presse britannique rapportait que les 46 otages turcs libérés fin septembre par l’EI pourraient avoir fait l’objet d’un échange contre 180 jihadistes, dont plusieurs seraient originaires de pays européens.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), la ville de Kobané s’est «vidée à 90% de ses habitants» et les villages environnants sont désormais «quasiment déserts et contrôlés par l’EI. Terrorisés par l’avancée des djihadistes, des centaines de civils résidant dans les Quartiers Est ont fui vers la Turquie voisine», a-t-il précisé l’Observatoire. Selon l’OSDH, il ne resterait que quelques milliers de civils à Kobané, qui comptait 70.000 habitants avant la guerre et avait accueilli un nombre équivalent de réfugiés. S’ils conquièrent Kobané, les djihadistes de l’État islamique s’assureront le contrôle sans discontinuité d’une longue bande de territoire à la frontière syro-turque.

La coalition américano-arabe, qui a entrepris ses raids en Syrie le 23 septembre, n’a mené qu’un nombre limité de frappes dans le secteur, ne permettant pas d’arrêter l’avancée de l’EI. Les raids sont insuffisants pour battre les terroristes au sol, a déploré un responsable kurde, Idris Nahsen, réclamant des armes et des munitions. L’offensive de l’EI dans la région a déjà fait des centaines de morts dans les deux camps depuis le 16 septembre et poussé à la fuite quelque 300.000 habitants, dont 180.000 ont trouvé refuge en Turquie.

Antonio Torrenzano